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L’armée libanaise boute Daech hors du Liban

27 août 2017

L’armée libanaise victorieuse comme d’habitude. Daech s’est rendu. Reste le sort des soldats enlevés il y a trois ans. L’Etat islamique les avait filmés sous son drapeau et avait envoyé la vidéo pour montrer qu’ils étaient vivants. Il avait menacé de les tuer, et il a probablement mis sa menace à exécution. L’armée libanaise a accepté un cessez-le-feu pour négocier leur retour, ou au moins, celui de leurs dépouilles. Ce sera la fin du calvaire de leurs familles. Cette tragédie aurait été épargnée si les politiciens ne s’en étaient mêlés, sur la volonté de puissances étrangères.

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2 septembre 2017

L’armée libanaise a proclamé que son but dans la bataille était:

1- de libérer ses soldats otages ou d’avoir leurs dépouilles.
2-de faire sortir Daech du Liban.

Les deux buts ont été accomplis.

Quand le gouvernement libanais a commencé à négocier avec Daech pour avoir ses soldats otages, le gouvernement syrien a dit que cela se passait chez lui et qu’il n’y aurait pas de négociations sous la table sur son territoire. Le gouvernement libanais ne parle pas avec le gouvernement syrien, donc le Hezbollah a joué les médiateurs entre le gouvernement libanais et le gouvernement syrien pour qu’on puisse récupérer les otages. Et dans le package deal, les 500 djihadistes de Daech survivants (l’armée libanaise en avait tué 200 avant qu’ils se rendent), faisaient un déplacement vers des régions qui leur sont amies comme il s’en fait dans tous les accords qui se font en Syrie depuis plusieurs mois. Il n’y a là rien de si extraordinaire. Ils se sont déplacés, ils seront vaincus là-bas.

Quant à la puissance du Hezbollah, elle est véritable, mais sur le plan militaire seulement. Ma question est: pourquoi est-ce que les grandes puissances interdisent à l’armée libanaise d’avoir un matériel aussi performant que celui du Hezbollah de façon à désarmer le Hezbollah? Et comment les armes sont-elles parvenues au Hezbollah? Par l’opération du Saint-esprit? Ou par voie terrestre au vu de tous les espions, de tous les services de renseignement et des satellites espions? Les Américains n’ont-ils pas laissé passer les camions d’armes venus d’Iran pour le Hezbollah, y compris ceux qui sont venus depuis le début de la guerre occidentale des Américains et des Français contre Daech?

Et ma dernière question: pourquoi laisser les chiites et les sunnites à la fois avoir des armes aussi importantes? N’est-ce pas qu’il y a une volonté de garder les deux camps (les sunnites et les chiites) assez forts pour qu’ils se battent en permanence ? car si l’un des deux camps perdait sa force, il n’y aurait pas de guerre.

 

Lina Murr Nehmé

Comment Daech s’est installé au Liban

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(Publié initialement le 24 hoût 2017)

Pour ceux qui ne comprennent pas ce que vient faire Daech au Liban, il y a maintenant exactement 3 ans qu’il s’y trouve dans le cadre de son invasion mondiale, qui devait naturellement commencer par Cham (Liban-Syrie-Israël-territoires palestiniens-Jordanie) avant de se poursuivre dans les autres pays, notamment par voie maritime, par le biais des ports du littoral syrien, libanais ou israélien, notamment : Lattaquié, Tripoli, Beyrouth, Sidon, Haïfa, Jaffa, pour arriver, plus au sud, à Eilat et au canal de Suez. Pour la même raison, Nosra, qui s’est attribué Cham, tentait une invasion du Liban et de la Jordanie.
Les deux organisations, toutes deux issues d’Al-Qaïda, se combattaient en Syrie, mais au Liban, elles étaient alliées.

L’invasion aurait dû être stoppée à la frontière libanaise. Mais à l’époque, les pressions saoudiennes, qatari et autres (bakchich notamment), sur le gouvernement et sur le commandant en chef de l’armée, Kahwaji (qui espérait devenir président de la République), ont poussé ce dernier à laisser précipitamment partir en Syrie les Daech et les Nosra qui se trouvaient dans la localité d’Ersal et les prairies voisines (Jouroud Ersal), alors, pourtant, que l’armée libanaise était victorieuse. Les islamistes avaient des otages, soldats et gendarmes libanais, et dans sa précipitation, Kahwaji les a laissés partir en négligeant de leur faire d’abord rendre les otages.

Durant les jours suivants, Daech et Nosra ont exigé la libération de tous les prisonniers islamistes dans les geôles libanaises, en menaçant d’exécuter les otages si le gouvernement libanais n’obtempérait pas. Ce qu’ils firent quelques jours plus tard, en prenant soin d’envoyer des vidéos ou des photos horribles pour faire chanter le gouvernement libanais.
Le premier martyr a été un soldat libanais sunnite appelé Ali Sayyed. Daech l’avait égorgé de la façon la plus horrible et avait fait circuler la vidéo au Liban.
Furieux, des jeunes gens sont allés brûler les drapeaux de Daech et Nosra sur la place la plus fréquentée de Beyrouth par les jeunes. Ils ont diffusé les photos sur les réseaux sociaux, mais elles n’ont circulé qu’entre leurs amis.

Quelques jours plus tard intervint le ministre de la Justice Achraf Rifi, alors un des plus puissants sunnites du Liban. Son nom était proposé pour devenir Premier ministre, et son soutien était essentiellement formé par les islamistes qui terrorisent la ville libanaise de Tripoli. Pensant se faire remarquer par les Etats souteneurs de Daech (alors l’Arabie et le Qatar) qui pouvaient l’amener au pouvoir, il annonça, le 30 août 2014, que puisque les phrases de la chahada islamique étaient inscrites sur les drapeaux de Daech et Nosra, il réclamait la prison et les plus grandes peines pour châtier les jeunes gens qui les avaient brûlés.

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Article de Libération : “Le ice bucket challenge détourné contre l’Etat islamique”

Article paru dans le quotidien égyptien Ahram

Le pays étant révolté par les concessions faites aux terroristes et par l’horreur de la mort d’Ali Sayyed, la déclaration de Rifi fut un comble.

Il aurait dû y avoir des dizaines de manifestations, il n’y en eut aucune. Il y avait à la fois un climat de révolte et de peur. Peur parce que Daech était à moins de 100 kilomètres de Beyrouth, et parce qu’il semblait tout puissant : il avançait à toute vitesse, et annonçait qu’il allait prendre Beyrouth. Et révolte parce que le pouvoir ne donnait pas à l’armée libanaise l’ordre de poursuivre la bataille, alors qu’elle le pouvait.

Je cherchai toute la journée à organiser une manifestation, sans succès. Alors j’ai pris sur Internet une photo d’un drapeau de Daech, je l’ai agrandie, imprimée et agrafée sur un manche à balai. Un inconnu me regardait curieusement du balcon d’en face, j’ai tiré les rideaux du balcon et j’ai collé un drapeau libanais dessus. Et j’ai commencé à brûler le drapeau agrafé en me faisant photographier, jusqu’à ce que le drapeau finisse de se consumer.

Puis j’ai mis une des photos sur Facebook. Je croyais que tout le monde mettrait, comme moi, sa photo brûlant le drapeau de Daech sur Facebook. Mais au lieu de cela, les gens partagèrent ma photo, et cela flamba à toute vitesse.

Le lendemain, tout le pays en parlait, on en parlait dans le monde entier, mais pas dans les grands médias libanais, qui avaient peur. Les journalistes en privé partageaient ma photo ou écrivaient sur des pages Internet. Mais dans les grands journaux, silence complet. Sauf dans les journaux de l’étranger : “Al-Ahram”, qui mit mon nom mais n’avait pas osé mettre ma photo, “Libération” qui publia ma photo mais pas mon nom, etc.
Un groupe de jeunes, dont des musulmans, décida d’aller brûler le drapeau devant le palais de Justice, mais pour une raison ou une autre, le drapeau fut échangé, à la dernière minute, par un faux sur lequel il était écrit: “Pas de dieu pour le terrorisme”. Et ils le brûlèrent en faisant une conférence de presse que tout le monde fut heureux de répercuter.
Les Occidentaux, qui ne lisent pas l’arabe, n’ont pas remarqué la supercherie, grâce à l’hypocrisie des médias libanais qui se sont précipités sur cette affaire pour compenser leur lâcheté face à la mienne.
Les islamistes, qui lisent l’arabe, ne s’y sont pas trompés et n’ont répercuté que ma photo. Le tweet suivant a été envoyé 11h après que j’aie publié ma photo, par un compte qui se donne le nom de « Services de renseignements de l’ASL » (Armée syrienne libre), page par la suite fermée par Twitter. La légende est une menace en soi :

« L’écrivain chrétienne Lina Murr Nehmé défie les musulmans au Liban et brûle l’étendard de l’islam. » Les deux premiers commentaires sont classiques : l’un me traite de « vieille sorcière », et l’autre dit :

« Elle a peut-être envie que sa photo fasse la Une des journaux du monde pendant qu’elle sera en train d’être égorgée. »

À signaler que l’ASL, que l’Occident a toujours appelée modérée, est une organisation formée du rebut de l’armée syrienne, les islamistes, ceux qui ont torturé ou massacré au Liban, et qui ont par la suite utilisé les mêmes méthodes en Syrie. Nosra s’est nourrie des éléments de l’ASL, qui a périclité et a d’ailleurs ouvertement montré par la suite son but véritable : le djihad armé. Cela n’empêche pas l’Occident de l’appeler modérée. Il est vrai que le régime wahhabite saoudien aussi est appelé modéré, même après avoir décapité des dizaines de personnes pour avoir manifesté.

Les islamistes ont écrit des centaines de fois sur les réseaux sociaux qu’ils allaient m’égorger. Je suis encore vivante, et ce que j’annonçais à l’époque dans mes articles et dans mes posts, se réalise: Daech n’est pas tout-puissant, et c’est pourquoi le fait de brûler le drapeau n’a pas créé de guerre civile (au contraire, il a uni), il a sauvé les jeunes gens de la prison, il a empêché quiconque de menacer notre liberté d’expression au nom de la religion. À ce jour, il n’a pas amené ma mort.

Donc, la lâcheté ne paie pas.

Ces événements (le retrait des terroristes avec les soldats libanais otages, la mort d’Ali Sayyed, les menaces envers les jeunes gens qui avaient brûlé les drapeaux de Daech et Nosra) qui se passaient il y a trois ans jour pour jour, ont laissé place à un paysage totalement différent. Le général Aoun, à l’époque était empêché d’arriver au pouvoir parce qu’il possède le plus gros bloc parlementaire chrétien, et qu’avec ses députés, il aurait été, contrairement à ses prédécesseurs nommés par l’ennemi, assez fort pour donner à l’armée libanaise l’ordre de chasser Daech et Nosra et de libérer Ersal.

Ceux qui ont financé Daech clament haut et fort que c’est le Hezbollah qui dirige les opérations, les uns pour glorifier le Hezbollah, les autres pour avilir l’armée libanaise comme ils ont toujours fait.

En fait, le Hezbollah n’a pas attaqué Nosra à Ersal au Liban de sa propre initiative, mais seulement, quand il a su qu’une opération avait été décidée par l’armée libanaise sur ordre du gouvernement. Car c’est la première fois depuis l’occupation syrienne du ministère de la Défense (1990), que le commandant en chef de l’armée n’est pas choisi par les ennemis du Liban. C’est quand le commandement de l’armée a changé qu’il a été possible d’envisager une libération totale du Liban, et non quand le Hezbollah l’a voulu. En trois ans, ce dernier n’a jamais osé faire ce mouvement vers Ersal. Il est exclusivement chiite, et il a besoin du soutien des autres communautés, que représente l’armée libanaise. C’est elle qui commande au Liban sur le plan militaire, même si ce n’est pas elle qu’on voit. Et cela a toujours été le cas. Elle est la seule institution dans laquelle la majorité des Libanais de toutes confessions se sentent représentés. Elle ne se donne pas le nom de chrétienne ou musulmane, comme font les milices. Elle est nationale et multiconfessionnelle, mais de discipline et de comportement laïques.
Les milices confessionnelles passent, l’armée libanaise reste. C’est la seule armée qui n’a jamais été vaincue, même par les Israéliens. C’est aussi la seule qui n’a jamais pris les territoires d’autrui. Ce n’est pas parce qu’elle ne l’a pas pu : elle seule, en 1948, a occupé des territoires israéliens : la Galilée durant 6 mois. Puis elle s’en est retirée sans être chassée, mais en signant un armistice.

Je pense que si l’armée libanaise perdait son éthique, elle perdrait aussi des batailles. En 2007, c’est sa victoire qui a empêché que l’Etat islamique ne commence au Liban. A l’époque, les terroristes du Fatah-el-Islam avaient égorgé et éborgné 20 soldats libanais dont un officier, dans leur sommeil. Au lieu de rendre la pareille, l’armée libanaise (contre la volonté du gouvernement qui protégeait alors les islamistes) a mis le siège autour du camp de Nahr el Bared, QG du Fatah-el-Islam, et pendant une semaine, a utilisé ses véhicules militaires pour évacuer les civils de l’ennemi sous sa protection, non pour les prendre en otages, mais pour les libérer et leur éviter la mort. Cette opération de sauvetage des civils de l’ennemi a coûté à l’armée libanaise deux morts de plus.

A signaler que l’armée libanaise est la seule institution non-confessionnelle au Liban, totalement laïque, où il est interdit de prier ouvertement, où il est interdit d’avoir une barbe islamiste ou un signe religieux comme un crucifix, alors, pourtant, que c’est l’institution où, probablement, dans leur cœur, les hommes prient le plus. Mais chacun dans son cœur. C’est la seule institution qui n’a pas pu être brisée. La seule qui représente tous les Libanais, et qui est toujours la cible des ennemis du Liban, quelle que soit leur nationalité et quelle que soit leur confession.

Pour sauvegarder ces principes de liberté morale et d’humanité, il y a eu les sacrifices de chrétiens, chiites, sunnites, druzes, alaouites, chacun frappé par des milices de sa propre communauté, mais debout moralement, même quand ils tombaient. Car ils tombaient pour que vive le Liban de Fakhreddine, celui dans lequel ce n’est pas la terreur, le bakchich et le clientélisme, mais l’amour entre les confessions qui fait l’unité nationale.

Nous, Libanais, nous nous aimons au-delà des différences. Ceux qui ne rentrent pas dans cette définition, ne sont pas libanais. J’espère qu’ils le deviendront, car plus on est nombreux avec cet état d’esprit, plus on est heureux. Sinon, ce n’est pas à eux qu’appartient l’avenir.
Ceux qui, les voyant si puissants, se mettent à désespérer, devraient se rappeler le proverbe qui dit: “Il y a un jour pour toi, ô injuste.” Et: “Celui qui creuse une fosse pour son frère, tombera dedans.”

J’aurais le même message à transmettre à ceux qui désespèrent de mon autre pays, la France, qui ne peut être sauvée que par l’amour. Et qui le sera.

 

Lina Murr Nehmé

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Emmanuel Macron et le cauchemar qui vient

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Lors des élections de 2017 en France, Emmanuel Macron a obtenu les voix de 43,63% des inscrits. Il affirme néanmoins son désir d’être le Président de tous les Français, et donc de les unifier.

Il n’est pas facile d’unifier après avoir divisé. Après avoir diabolisé, à cause de leurs idées, des Français dont le seul crime est d’être pauvres et d’avoir faim.

Quand j’étais jeune, la classe ouvrière en France votait à gauche, et les intellectuels en disaient alors du bien et la plaignaient, alors qu’elle pensait et parlait exactement comme aujourd’hui. Qu’y a-t-il de changé? Maintenant qu’ils votent à l’extrême-droite, les ouvriers et les chômeurs seraient devenus mauvais? Tout au long de la campagne électorale, on nous a rabâché les oreilles en les traitant de fascistes, alors que ce n’étaient pas eux qui, parce qu’ils avaient perdu les élections, étaient descendus dans la rue pour tout casser ou incendier des policiers.

Et l’on nous parle d’espoir. En quoi est-il porteur d’espoir pour ses électeurs, Macron qui est l’auteur de la loi Travail? C’est précisément à cause de cette loi qu’une partie de ces mêmes électeurs a paralysé le pays durant des mois. Donc ils recommenceront bientôt. Cela ne donne pas d’espoir ni sur le plan économique, ni sur le plan sécuritaire.

Et en quoi est-il porteur d’espoir, celui qui est soutenu par toute l’oligarchie et les islamistes1 qui ont donné pour mot d’ordre de voter massivement pour lui?2 Ils ne l’auraient pas fait s’il n’y avait pas eu des bénéfices à attendre de son élection, et donc un marché conclu sous la table.

Et l’Arabie Saoudite est ravie. Croyez-vous que le choix de l’Arabie se porte jamais sur quelqu’un qui sert les intérêts de son pays, elle qui a financé le radicalisme et le terrorisme dans le monde à coups de centaines de millards de dollars, et qui est le personnage responsable de la montée des organisations al-Qaïda avec toutes ses branches, notamment la irakienne (Daech) et la branche syrienne (al-Nosra avec tous ses noms et avatars)?3

Non, je suis contente que cette campagne de cauchemar, pleine de haine de toutes parts, se soit terminée, mais je ne suis pas contente de ce qui risque probablement d’arriver, car, de tout cœur, je ne souhaite pas que M. Macron échoue, son échec ne pouvant qu’apporter beaucoup de souffrance.

Il y a deux semaines, on faisait la queue pour voter. Aujourd’hui, ils nous attendaient tous, nous avions fini en trois minutes.

Que vaut une élection où la moitié des gens ont voté contre quelqu’un et non pour, et où 12.101.661 d’électeurs (25,44% des électeurs inscrits) se sont abstenus ou ont voté blanc (4.069.582, soit 8,55% des électeurs inscrits) ? Que vaut une élection dont le résultat a été concocté par des révélations de scandales frappant certains candidats et pas les autres – lesquels ont pourtant, tous, les mêmes affaires à se reprocher, surtout dans le camp des soutiens de Macron?4

Que vaut une élection dont le résultat a été dû au fait que dans un débat, une des protagonistes s’est comportée stupidement parce qu’un succès auquel elle n’était pas habituée lui avait donné le vertige et parce que son interlocuteur passait son temps à traiter ses paroles de mensonges au lieu d’y répondre?

Tout cela est-il sain? On en verra les fruits à court ou moyen terme, et je ne souhaiterais pas pour mon pire ennemi le sort qui va vraisemblablement frapper M. Macron quand l’urgence ne sera plus d’écarter Mme Le Pen, mais bien de résoudre les problèmes économiques qu’il n’a pas su résoudre durant le quinquennat précédent. Et, plus encore, de résoudre les problèmes de l’islamisme et du terrorisme, qui sont plus graves, car ils sont existentiels.

1 Concernant ce qu’enseignent ces mêmes islamistes en France, on trouvera les informations, citations, références et fac-similés dans mon livre: « Tariq Ramadan, Tareq Oubrou, Dalil Boubakeur : ce qu’ils cachent », Salvator 2017.

2 Mohamed Louizi : Pourquoi je ne suis plus Frère Musulman, 2016. http://mlouizi.l.m.f.unblog.fr/files/2017/04/presidentielle-macron-otage-du-vote-islamiste-m_louizi.pdf

3 Lina Murr Nehmé, « Fatwas et Caricatures: la stratégie de l’islamisme », Salvator 2015.

4 Concernant l’honnêteté des politiciens qui soutiennent Macron et du favoritisme dont ils bénéficient de la part des médias (à quel prix?), le lecteur a l’embarras du choix. Mais il importe de signaler le cas de François Bayrou, qui a attaqué la corruption des autres, tout en fournissant des emplois fictifs. Lire l’article écrit par l’un des bénéficiaires de ces emplois, Nicolas Grégoire, dont le récit fut censuré durant toute la période électorale : il explique plus ou moins le retournement de Bayrou en faveur de Macron qu’il avait traîné dans la boue peu auparavant:
https://medium.com/@nicolasgregoire/pas-avant-le-deuxième-tour-593526d58a2a

Boubakeur aux deux visages

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Qui dit vrai ? Dalil Boubakeur en public ? Ou le Dalil Boubakeur de la rue Monge, qui se vante de dispenser aux futurs imams de France le même enseignement que les universités islamiques d’Al-Azhar et de Médine ?

Prenons une seule phrase de la dernière proclamation de Dalil Boubakeur : “Tous ceux qui croient en l’unicité d’Allah, qu’ils soient musulmans, juifs ou autres, font partie de la même communauté du Livre. Il s’ensuit que toute forme d’antisémitisme est contraire à l’enseignement du prophète Mohammed lui-même (paix et bénédictions soient sur lui). Plus largement, sur son exemple, l’islam implique les vertus de tolérance et de bienveillance, car seul Dieu est juge.” (Proclamation du 28 mars 2017)
Dans cette phrase il y a plusieurs mensonges :

1- Dans la langue française, le mot “Allah” n’est jamais utilisé que pour la divinité du Coran, celle dont Mahomet est le prophète. De façon sournoise, cette phrase exclut donc les non-musulmans.

2- “La même communauté du Livre”?
Ce n’est pas ce que dit le Coran, qui appelle les musulmans “Croyants”, alors que “Gens du Livre” désigne les chrétiens et les juifs.

3- “Ou autres.”
Quels autres? Tous ceux qui ne sont ni musulmans orthodoxes, ni juifs, ni chrétiens, ni zoroastriens, sont censés être génocidés, leurs femmes violées et vendues avec leurs enfants en esclavage, d’après les textes enseignés dans l’institut que préside Dalil Boubakeur. C’est pour appliquer ces textes que Daech a ouvert son marché aux esclaves et s’en est vanté en 2014…

4- “Reconnaissent l’unicité d’Allah”.
Loin de dire que les chrétiens et les juifs croient en un Dieu unique, le Coran prétend qu’ils sont des polythéistes ou idolâtres, et il dit ailleurs qu’ils sont des mécréants.

5- “Toute forme d’antisémitisme est contraire à l’enseignement du prophète Mohammed lui-même”.
Que fait Boubakeur des hadiths qu’on lit dans sa mosquée et qu’on étudie dans son institut et qui promettent un génocide des juifs avant la fin des temps?

6- “Sur son exemple, l’islam implique les vertus de tolérance et de bienveillance”.
Sur l’exemple de Mahomet, tel qu’on l’enseigne dans la mosquée de Dalil Boubakeur, c’est totalement faux. Citons le texte de la décapitation des 7 à 900 juifs de la tribu de Qorayza. Ou celui de l’attaque de Khaybar sans que ses habitants aient rien fait sinon rester dans leurs croyances.

7- “Car seul Dieu est juge”.
Mais ce n’est pas ce qu’enseignent les textes diffusés chez Boubakeur. Ces textes disent que les disciples de Mahomet aussi sont les juges des autres. D’où l’existence des “Comités de la Promotion de la Vertu et de la Prévention du Vice” en Arabie Saoudite, et d’un ministère ayant le même nom en Afghanistan sous les Talibans; c’est ce ministère qui a décrété la destruction des bouddhas de Bamian et a présidé à l’exécution de la sentence. Sans parler des comités semblables en Egypte (où le grand-père de Tariq Ramadan voulait “exécuter” un livre, celui du très grand penseur Taha Hussein, un savant dont toute l’Egypte était fière), ou encore, tout simplement, du jeune homme qui a estimé avoir le droit, en France, de briser le stock de vin d’un supermarché parce que c’était le ramadan et qu’il ne voulait pas voir d’alcool durant ce mois. C’est également au nom du fait qu’ils ont le droit de juger et d’exécuter la sentence, que les terroristes sont allés tuer les journalistes de Charlie Hebdo, puis les clients de l’Hyper casher, sans compter les terroristes du 11 septembre 2011, et ceux des autres attentats de Paris, de Bruxelles, de Munich, de Londres, etc.………

Les 7 mensonges signalés dans une seule phrase du document de Boubakeur donnent une idée du nombre de mensonges qu’il y a dans tout le document. Je renvoie le lecteur à mon livre “Tariq Ramadan, Tareq Oubrou, Dalil Boubakeur: ce qu’ils cachent”, qui cite les textes du Coran et de la Sunna et les références que je n’ai pas la place de fournir ici, mais que j’ai fournis dans ce livre.
Ces textes couverts et loués par Dalil Boubakeur commandent le meurtre de l’apostat et apprennent à mépriser la France et à la haïr, et commandent de tuer tous les juifs avant la fin du monde, de soumettre les chrétiens et de pratiquer la taqiya, ou dissimulation.
Après la publication de ce livre, j’attendais une réforme de l’enseignement réel de Dalil Boubakeur. Au lieu de cela, Dalil Boubakeur a appliqué la parole de Goebbels: “Plus le mensonge est gros, plus il passe.”
Mais cela ne marche plus de nos jours, où les médias ne peuvent plus être concentrés dans les mains de celui qui impose le mensonge.
Si vous avez dit vrai dans votre dernière proclamation, Dalil Boubakeur, osez m’intenter un procès en diffamation! Et si je dis la vérité, reconnaissez publiquement votre tort comme ont fait d’autres avant vous. Et aidez-nous à exiger une réforme supprimant les incitations au sexisme, au racisme, au génocide, au meurtre des musulmans apostats, des athées, des homosexuels, et au djihad armé contre ceux qui ne pensent pas comme vous. C’est alors que les personnes de valeur vous respecteront.
En tout cas, cessez de vous vanter d’avoir aligné l’enseignement dans votre institut sur celui d’Al-Azhar et de l’université islamique de Médine en Arabie, tout en prétendant que vous enseignez l’amour et la tolérance. C’est soit l’un, soit l’autre.

La méthode du bulldozer qui consiste à avancer sur les arguments en les écrasant, marche pour un temps. Mais la vérité a ceci de particulier qu’elle ne s’écrase pas et qu’elle ne meurt pas. Elle est forte de la force de la vie. Contrairement aux bulldozers, amas inertes de ferraille qui ne marchent qu’au pétrole, et qui s’arrêtent et se rouillent dès que l’or noir ou jaune ou vert, cesse de leur parvenir.

Lina Murr Nehmé, avril 2017

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Censorship in American media: it can go that far

Contrary to preconceptions, the American media are, in the area of foreign politics, heavily influenced by unscrupulous entities that are, sometimes, related to the government.

This subservience is not obvious: the journalists in the United States are impertinent in the area of domestic policy. So the average American does not know enough about foreign politics to be able to check the data provided to him… or to know what is hidden from him.

While I was in Lebanon in February 1989, I had ordered sets of prints of some of my paintings. I had to go from Jounieh to Cyprus by boat, in order to return to the USA, where I lived, near Boston. I could not know that I had taken the last boat, and that heavy bombardments would close this port a few hours after my departure.

Three weeks later, as I needed to have a few samples of the prints, I called my parents in Lebanon and asked if they had received my prints. My father said:

“We are working as fast as we can. But we are under unceasing heavy Syrian bombardments. You know we are at war, don’t you?”

“No. I did not know. Otherwise I would not have asked for my prints.”

“We are experiencing the worst bombardments we have ever known. But we are happy, because at long last, Lebanon has declared war on Syria.

It was huge: the war had lasted so many years, and the Syrian army was occupying part of Lebanon. The Lebanese army would fight against the Syrians at some places, yet, the Lebanese politicians had never dared talking of bombarding the Syrian army in Lebanon openly.

I called the Lebanese journalists I knew in America. They confirmed the existence of a blackout in the American medias, concerning Lebanon. One of them faxed me a sample of a letter to sign and send at the White House to George H.W. Bush, who was then president. In this letter, the sender demanded that the American media told the truth about the Syrians in Lebanon. I signed the letter and put it in an envelope which I stamped. I wrote on the envelope the name and address of George Bush, and I posted it, without hoping much of a result.

After a few days, the media stopped the blackout. I called the same journalist and I asked him what had happened. He said: “Fifty thousand of us sent letters to the White House. That’s why the media have stopped the blackout. Read the Boston Globe“.

On 2 April 1989, the Boston Globe wrote in its editorial page:

“Since March 14, the people of Beirut have suffered from artillery bombardments that have made their existence a nightmare. In one night, 5,000 rockets fired from Syrian positions in West Beirut landed on the Christian quarters of East Beirut. Enormous fuel-storage tanks have been set ablaze, and the fires have burned out of control. Power stations have been knocked out, and since Beirut depends on pumps for its water supplies, the cutoff of electricity has meant a city without lights and water.
“American newspapers and television networks have been hampered in reporting the tragedy of Beirut’s bombardment — the hundreds of casualties, the thousands of refugees fleeing south. The Bush administration has kept silent.”

Boston Globe 1989-Beirut Bombardment det-pt

Who could hamper all the American media from doing their job while the Bush administration was also keeping silent? And why?

The effects of this hampering are amazing. In the period from March 14 until the editorial cited above, the Boston Globe’s articles make it appear that nothing is happening in Lebanon except truces and some fighting between Christians and Muslims or Druzes. Below are the abstracts of all seven articles about Lebanon from March 14 to April 1, taken from the Boston Globe archives. Three of them are about truces, four of them describe the fighting as being between Christians and Muslim militiamen without Syrian involvement, one of them describes the Syrian army as not involved (but re-deploying just in case), zero describe Syria as being involved in the fighting, and only one (a third update of a former article) mentions that a certain General leading a “Christian Cabinet” says the fighting is against Syrian forces.

  • 40 Lebanese Die in Sectarian Clashes, Mar 15, 1989: At least 40 people were killed, mostly civilians, on March 15, 1989 in Beirut as Christian army units and Moslem militiamen fought an artillery duel which rained hundreds of shells on Beirut’s residential areas.
  • 40 LEBANESE DIE IN SECTARIAN CLASHES, Mar 15, 1989 (third update): Gen. Michel Aoun, who leads a Christian military Cabinet and commands 20,000 Christian troops, said yesterday: “It’s a war of liberation against Syrian occupation forces. The battle has begun.” Aoun’s headquarters were damaged in the shelling. In midafternoon, police said, Aoun’s forces shelled the border town [sic] of Chtaura [in the center of Lebanon], command headquarters for Syrian troops in east Lebanon’s Bekaa Valley, and cut the Damascus-Beirut highway. Gen. Sami Khatib, chosen by [Salim Hoss] to command the army’s 22,000 Moslem soldiers, has kept out of the Christian-Druze battle. His troops are poorly equipped and scattered throughout Lebanon’s Moslem territory, which generally covers West Beirut, the slums to the south of the capital, and south Lebanon and coastal areas.
  • Lebanese Observe Uneasy, Unofficial Truce, Mar 16, 1989: Rival Christian and Moslem forces, pausing after two days of fighting that killed 50 people and wounded others, observed an uneasy and undeclared truce amid warnings of renewed fighting.
  • Shelling Continues in Hills Near Beirut, Mar 19, 1989: Christian-led army troops and pro-Syrian Moslem militiamen battled with tanks and artillery in the hills overlooking Beirut. Reasons for the latest fighting are presented.
  • Artillery Duels, Air Strikes Rock Lebanon, Mar 21, 1989: Violence erupted between Christian and Moslem forces in Lebanon while Israeli planes bombed Palestinian positions in the Bekaa Valley.
  • Syria Troops Redeployed Near Beirut, Mar 23, 1989: Syria moved its troops in Beirut to new positions and called for the ousting of Christian leader Michel Aoun. The military reorganization is in case of war across divided Beirut between Aoun’s troops and Syrian Moslems.
  • Lebanese Truce Starts; Shelling Subsides, Mar 29, 1989: The Lebanese army has agreed to a cease fire to give the Arab League a chance to negotiate an end to Lebanon’s crisis.

Such a subservience is amazing in a country that claims to have the freest press in the world. In a free country, there is no need to send letters to the President in order to have journalists report so huge a tragedy. Money or other forms of pressure make the American media accept, in the area of international politics — the most important area — a self-censorship similar to the one that terror imposes in dictatorships.

https://www.unesco.org.uk/press_freedom

The White House was very well informed about the situation in Lebanon: that’s what ambassadors and secret services are for. The following telegram published by Wikileaks, was written on 14 March 1989 by John McCarthy, the American ambassador in Beirut. It speaks of the bombardment, and says that Nabih Berri, head of the Amal movement, wanted the ambassador to know that he was not the one who had bombarded the Lebanese MOD (Ministry of Defense). Berri implied that the Syrian army was the one to have bombarded the MOD: besides Berri’s Amal, there was no other armed force having a heavy artillery capable of doing such shelling:

US embassy Beirut 14 march 1989

Why did George H.W. Bush keep silent about the tragedy of Lebanon in March 1989, despite being kept informed on a daily basis by his diplomats and his intelligence services?

Perhaps because George Bush wanted to leave a free hand to the Syrian army and the militias financed by Saudi Arabia and Syria. He would later approve the Syrian invasion of Lebanon (13 October 1990). A few days earlier, he even prepared the American opinion at a White House Briefing for Representatives of the Arab-American Community, on 24 September 1990. In this briefing, he refused to grant Lebanon the same human rights as Kuwait, and punish Hafez Assad like Saddam Hussein since he had committed the same crime: invading a neighboring country. In fact, Assad was far more guilty. He had shed much more blood than Saddam, and had invaded Lebanon many years before Saddam had invaded Kuwait. George H.W. Bush went so far as to announce that Syria would have a role in ending the division of Lebanon, which meant that Syria would occupy the totality of Lebanon:

A woman: “One question about Lebanon, please.”
Bush: “Shoot.”
The woman: ” …Our government has taken every action against Iraq that we have been urging should be taken against Syria for its similar action in Lebanon. Syria is now apparently allied with our government and others against Iraq. This disturbs us greatly, unless our government has some plan to use its newfound leverage on Syria to cause Hafiz Assad to conform to the norms of civilized behavior that we are attempting to enforce against Saddam Hussein.
“This is the question: What is our plan to make Syria conform? And if there is no plan, doesn’t our alliance with Syria compromise our moral position in the worldwide effort against Iraq?”
Bush: “This thing is so complex over there that it’s pretty hard to give you a definitive answer. Out of this, though, there could well be a new world order. And part of that must be the peaceful resolution of the division of Lebanon. I’ve been there; I’ve worked there years ago. And I’m old enough … to remember Lebanon as the peaceful crossroad. It didn’t matter what was going on in the rest of the world; commerce survived, people got along one with the other, different religions and different ways of life all thriving there. We want to help… bring peace to the Lebanon. And Syria does have a key role. And I hope out of this that we can use this new world order, if you will, that might emerge if we all stay together [with Hafez Assad] to be catalysts for peace in the Lebanon”.

George H.W. Bush

It was the President of a democratic country speaking, openly, in front of microphones and television cameras, of a dictatorship putting an end to a democracy by a bloody invasion! This is to be compared with the way the Syrian regime is treated by the American authorities since it left Lebanon and accepted to acknowledge Lebanon’s existence as a free State, by exchanging ambassadors, for the first time in history.

This, knowing that Bachar Assad, unlike his father, had not committed any massacres before the beginning of the war in Syria. This war had been prepared for years, and financed by the same foreign powers as the war of Lebanon.

Some people say that what is happening to Bachar Assad is justice. I would say the opposite. The criminals who survived from the Hafez Assad regime, are today in the opposition that is backed by the West. The West backs these criminals today just as it backed them and Hafez in the past. Nothing has changed.

© Lina Murr Nehme
Beyrouth, 25 novembre 2014.

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L’EIL, héritier des Arabes: torture au palan et crucifixion

Les Libanais, les Syriens, les Palestiniens donnent au palan son nom italien, palanco (prononcé balanco), qui vient du latin palanca.

Le palan est une des machines utilisées, dans l’Antiquité, à soulever les gros blocs de pierre. Le dessin ci-dessous montre un palan soulevant un bloc de pierre, tel que l’a décrit Vitruve.

 Baalbek la Plenicienne-Murr Nehme-p46

On donne surtout ce nom au Liban à la machine à soulever les voitures. Cette machine, ou ce qui lui ressemble, est également utilisée comme instrument de torture, comme dans les deux photos ci-dessous.

  Balanco-2 fr

Balanco-3 fr

« La victime est accrochée par les pieds ou les mains (ou plus souvent un seul pied ou une seule main), à un des palans avec lesquels on soulève les voitures. Dans cette position, elle est fouettée ou balancée contre le mur. Un médecin est parfois présent pour avertir les bourreaux du degré de torture que la victime peut encore supporter. (Reconstitutions réalisées avec l’aide d’anciens otages libanais détenus en Syrie.)
« Il existe un supplice semblable au palanco, dit Elias Tanios, c’est celui de l’échelle. Le détenu est lié sur une échelle. Puis l’échelle est redressée, sa tête demeurant en bas. Dans cette position, le sang descend vers la tête, et au bout d’un certain temps, vous avez l’impression que vos yeux vont sortir de leurs orbites ».
(Lina Murr Nehmé, Les Otages Libanais dans les prisons syriennes, Aleph et Taw, Beyrouth 2008, p. 26.)

En fait, la torture au palan n’est pas une chose nouvelle. C’est une des plus anciennes méthodes de torture décrites dans les livres et les sculptures. Les Grecs et les Romains l’ont utilisée pour soulever les humains et les torturer. Le dessin ci-dessous montre des chrétiens que les Romains ont accrochés à un palan.

Palanco-first Christians

Un arbre peut jouer le même rôle, la souffrance de la victime sera la même. Ci-dessous, sculpture grecque représentant Marsyas, victime du dieu Apollon.

Lina Murr Nehme_Marsyas

Parfois, les bras sont liés ou cloués en étant étendus horizontalement, pour augmenter la souffrance de la victime. Alexandre de Macédoine a ainsi crucifié des milliers de jeunes Phéniciens à Tyr (Liban), parce qu’ils lui avaient résisté.

Les Romains appliquaient la crucifixion aux esclaves et en exemptaient les citoyens romains. Ce supplice, pratiqué en public, était si horrible que l’art chrétien a évité, durant des siècles, de représenter le Christ en croix. Ci-dessous, la plus ancienne représentation de la crucifixion connue: celle du manuscrit oriental de Rabboula.

Rabboula

Les Byzantins, au contraire, avaient aboli la crucifixion et d’autres pratiques féroces, après la conversion de l’empire romain au christianisme. Pendant ce temps, les Perses et les Arabes continuaient à infliger ces tortures.

Quand les Arabes ont occupé le Levant, ils ont torturé à l’aide du palan les chrétiens (libanais, palestiniens et syriens) qui ne payaient pas la jizya, ou impôt de capitation, à temps. De Beyrouth, l’imam Ouzaï s’était élevé contre ces pratiques et avait défendu les innocents. (ci-dessous, page de Si Beyrouth parlait, par Lina Murr Nehmé.)

Lina Murr Nehme-Si Beyrouth parlait-128

Les Turcs ont hérité des méthodes de torture arabes, dont le palanco et son dérivé, la crucifixion. Dans la page ci-dessus, on peut voir à ce sujet un fac-similé tiré d’un livre publié à la Renaissance.

Les régimes orientaux qui ont remplacé les Arabes et les Turcs en Syrie, au Liban, en Palestine, en Jordanie, en Irak et dans le reste du Moyen-Orient, ont hérité du palan comme moyen de supplice. En secret, ils emploient souvent aussi la crucifixion. Daesh (EIL) se vante d’appliquer les supplices coraniques, dont la crucifixion, qu’elle inflige en public (ci-dessous).

Daesh

Daesh est le régime qui pratique le plus la torture aujourd’hui au Moyen-Orient, dans les cachots comme dans la rue.
Et ce, pour deux raisons.

La première est que l’Etat islamique règne sur la plus grande surface de terre habitée au Moyen-Orient, et qu’il s’étend très vite. Ses victimes sont nécessairement plus nombreuses, puisque c’est un temps de guerre.

La seconde est que Daesh n’est pas aimé. Comme tous les régimes impopulaires, il ne peut s’imposer que par la terreur: meurtre et torture intensive.

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Comment “fonctionne” le lavage de cerveaux

Quand on déverse autour de lui des images et des slogans orientés, en quantité suffisante pour lui donner l’impression qu’il ne pense pas comme tout le monde, l’individu connaît un malaise d’autant plus grand qu’il craint un mépris, des accusations et des sarcasmes violents. Plus la pression montera, plus il aura tendance à parler, à penser comme les autres, pour fuir l’angoisse que lui inflige le sentiment d’être exclu.

S’il dure assez, ce matraquage de mots et d’images aboutit à une sorte de lavage de cerveau — qu’il serait plus juste d’appeler asservissement du cerveau, puisqu’il fait de l’homme un esclave qui pense comme on veut, mais sans avoir été librement convaincu. C’est cela qui, sous Staline, a rendu la “Sainte Russie” athée en l’espace d’une génération…

 

dessin weibo culture entreprise

 

En période de dictature intellectuelle, [les preuves] deviennent inefficaces, car un cerveau ne peut utiliser des arguments que si on le laisse libre de réfléchir et de s’engager dans la direction qu’ils lui indiquent. Si on l’assigne à demeure dans un fortin intellectuel, hors duquel on subit l’hostilité et le mépris, la peur de souffrir lui fera ignorer toute évidence risquant de l’en sortir.

En rendant si douloureuse la liberté intellectuelle, ce bombardement de mots et d’images détruisait, chez les gens, la capacité à réfléchir par eux-mêmes et à croire aux preuves et aux résultats: penser comme tout le monde était autrement plus réconfortant. Et la foi en ceux qui avaient des résultats concrets cédait peu à peu la place à la foi en ceux qui pouvaient attirer l’attention des foules. C’était de nouveau le règne des apparences et des impressions, et de ceux qui savaient les manipuler pour imposer leurs idées au grand nombre.

Lina Murr Nehmé

(La Renaissance en Question, t. 2, Le Retour des Idoles. Aleph et Taw, Beyrouth 2000, p. 38 et 40.)

Le texte ci-dessus, qui décrit les méthodes de manipulation des foules dans les villes italiennes de la Renaissance, est toujours valable aujourd’hui. En fait, je l’ai écrit parce que j’étais frappée de voir la similitude entre les méthodes d’hier et celles d’aujourd’hui.

Propagande-lavage-cerveau

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Open letter to M. Mikati, by Lina Murr Nehme

I published this open letter on 16 July 2012. The present tragedy in Tripoli and the declarations of Mikati make it necessary to publish it again. For the man who is leading now the battle against the Lebanese army in Tripoli is that same Shadi Mawlawi who was freed two years ago, in a way that was both unbelievable and unacceptable:

M. Prime Minister

A few weeks ago, Shadi Mawlawi was arrested in a building that belongs to Minister Safadi. Because of that, the Salafis inflicted their war on Tripoli, your city.

It is the judiciary’s business to say if the charges against Mawlawi are true or not. It is not mine. However, I have the right to refuse to believe that a man is innocent, when, with his consent, his friends free him from prison by putting his city at war, killing five persons, and wounding many others. A man who has nothing to do with crime, does not thank his friends because they killed innocent people for his sake. By doing that, he becomes their accomplice and bears the responsibility of their murders.

The judiciary freed him because of pressures laid by you, M. Mikati, and by M. Muhammad Safadi.

Both of you are very rich men. Each of you fears the loss of some of his wealth. Each of you prepares for the coming elections. I understand all that. But it is my duty to tell you the truth, however rich you are, however close the elections are. It is not honorable for a Lebanese Prime minister, to protect the murderers of innocent people, at the expense of security, of the Army, and of the citizens of Tripoli. Your duty is to punish these murderers and to impose law and order. This is the desire of the silent majority in Tripoli. And Tripoli is the second city of Lebanon. It deserves peace like Beirut, M. Prime Minister.

Lebanese Army Tripoli

You were not content with protecting murderers by laying pressure on the Judiciary in order to free Shadi Mawlawi. You weakened the State’s authority even more, by opposing the Lebanese Army to the Lebanese Security Forces in Tripoli. So Mawlawi could say that “the Lebanese State cannot afford not to please the Sunnis”, as if the honorable community to which he belongs was superior to the other Lebanese communities.

The ministers rushed to the Tribunal, each one offering Shadi Mawlawi the service of his car. Thus rush the taxi chauffeurs at the airport, when they see a traveler.

Safadi won the contest. Mawlawi used his ministerial car, which transported him to Tripoli.

Shadi Mawlawi free

Your car, M. Prime minister, was refused. But you had Mawlawi visit you at your home. We read in some newspapers that you offered him ten thousand dollars. However, your office denied it afterwards.
True or false, the matter would have caused you much harm, if it had become the talk of the town.

Then came the time of the annual commemoration of the massacre of Halba. The massacre of Halba cannot be explained in confessional terms, because both the murderers and the victims were of the same religion (Sunni). The Salafis, however, decided to organize another celebration in a nearby place.

The Army was sent to prevent people from bringing guns, in order to protect every person who would participate in one of the two celebrations.

As we all know, when the Army is sent to make a roadblock, it receives the order to fire on the tires of every car whose driver refuses to stop. And the Army is supposed to fire on the people that are inside if they go on their way or if they charge the soldiers.

In Kueikhat, a two car convoy passed. One of these cars contained a great number of guns in its trunk. And its driver did not stop when the soldiers ordered him to. The occupants of the car even fired at the soldiers, and wounded one of them. The soldiers fired back, and killed two Salafi ulamas. One of them was Sheik Ahmad Abdul-Wahid, who is well known for having smuggled arms in order to help the Fatah al-Islam (an al-Qaida Palestinian organization) against the Lebanese Army in the battle of Nahr al-Bared.

Sheikh Abdel Wahed

The photos of the wounded Lebanese soldier were not communicated to the press. Why? Because they would have proved that the Army did its duty, and that the soldiers were shot at before shooting?

Pressure laid by the rabble, and also by you, M. Prime Minister, led to the arrest of the soldiers and officers who obeyed orders.
The Army did not do anything to defend them. Why? Maybe for fear of some politicians who draw their strength and their financing from serving foreign powers. But the Lebanese military also are in need of security. Security when they obey orders. If these orders were bad, you should have punished those who gave them, not those who obeyed.

Thus you freed the man charged with crime, and threw in jail those who obeyed orders. After that, M. Mikati, you decided to free the Salafists who were arrested because of the Nahr al-Barid events. To justify the interest you and the Minister of the Interior had in freeing them — and not the others — it was said that they had been in jail for five years.

Mikati_Tripoli

We want the law to be implemented. We want people to be freed after having been arrested for a time, if they have not been judged. But why should you free the Salafist Moslems and not the Moslems who are not Salafist? Why should you free the Salafist Moslems and not the people belonging to other communities? Indeed, in the prison of Roumieh, there are men who have been waiting for seven years or more, and they still have not been judged. Among them, some have been arrested for stealing 100.000 Lebanese pounds only ($75) and not because they belong to a terrorist organization that has killed Lebanese civilians and soldiers.

A few days later, the First Military Investigation Magistrate, Riad Abou Ghida, freed the military officers who had been arrested after the death of Sheikh Ahmad Abdul-Wahid and his companion. Then the Salafists threatened to blow up Tripoli and the North. Then you intervened, you, M. Prime Minister who never cease to fear for your electoral popularity in Tripoli, and for your billions of dollars invested in the Saudi Arabian Kingdom. And the First Military Investigation Magistrate arrested again the military officers.
In no other country is such a tyrannical act allowed, M. Mikati. Its purpose is to ruin the Army morale so that it stops defending the country. So Lebanon becomes defenseless when time comes to transform it into… into what? Perhaps into that Salafist Islamic Republic claimed by those who demonstrated against the liberation of the military officers.

It would have been less harmful to the State’s reputation, not to have freed the military officers at all.

Now, the majority of all religions in Lebanon, is angry.  But will you listen to its voice, to the voice of conscience more than to the voice of the minority that burns tires and kills the innocent?

M. Mikati, do you rule over the Republic of Al Capone, which defends murderers and abandons the innocent majority?

Lina Murr Nehme

This open letter was published by Elnashra, on 16 July 2012. Safadi answered me, through the same media. He did not deny anything I had written, he only said that Shadi Mawlawi did not use his car to go to Tripoli. But I ask Safadi why he did not contradict the television reporters at that time, when they were saying, live, that Mawlawi used his car?

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Lettre ouverte à M. Mikati, par Lina Murr Nehmé

En juillet 2012, les événements accompagnant la libération de Chadi Mawlawi étaient tellement scandaleux que j’ai alors publié une lettre ouverte au Premier ministre de l’époque, Nagib Mikati.
La tragédie qui se déroule en ce moment à Tripoli, et les déclarations de Mikati me poussent à la publier de nouveau.
Car l’homme qui vient de diriger la bataille contre l’Armée libanaise à Tripoli est ce même Chadi Mawlawi qui avait été libéré deux ans plus tôt, de façon à la fois incroyable et inacceptable:

Monsieur le Premier Ministre

Il y a quelques semaines, Chadi Mawlawi fut arrêté dans un immeuble appartenant au ministre Safadi. Les salafistes, outrés, mirent votre ville, Tripoli, à feu et à sang.

Ce n’est pas à moi, c’est au corps judiciaire de dire si les accusations contre Mawlawi sont fondées. Cependant, j’ai le droit de refuser de croire qu’un homme est innocent quand il consent à ce que ses amis le libèrent de prison en plongeant sa ville dans la guerre, tuant cinq personnes, et en blessant beaucoup d’autres. Un homme qui n’a rien à voir avec le crime, ne remercie pas ses amis parce qu’ils ont tué des innocents pour le servir. Car cela fait de lui leur complice et lui fait porter la responsabilité de leurs meurtres.

Le corps judiciaire a libéré Chadi Mawlawi à cause de pressions venant de vous, M. Mikati, et de M. Muhammad Safadi. Vous êtes, tous deux, des hommes très riches. Chacun de vous craint de perdre une partie de sa fortune. Chacun de vous prépare  les élections. Je peux comprendre tout cela. Mais mon devoir est de vous dire la vérité, aussi riches que vous soyez, aussi proches que les élections soient. Il n’est pas à l’honneur d’un Premier ministre libanais de fortifier les assassins des innocents, aux dépens de la sécurité publique, de l’Armée libanaise, et des citoyens de Tripoli. Votre devoir est de punir ces meurtriers et d’imposer la loi et l’ordre, comme le désire la majorité silencieuse à Tripoli. Et Tripoli est la seconde ville du Liban. Elle mérite la paix comme Beyrouth, monsieur le Premier ministre.

Lebanese Army Tripoli

Et vous ne vous êtes pas contenté de protéger des assassins en faisant pression sur le corps judiciaire afin de libérer Chadi Mawlawi. Vous avez encore plus affaibli l’autorité de l’Etat en opposant, à Tripoli, l’Armée libanaise aux Forces de Sécurité libanaises. Mawlawi put donc dire que “L’Etat libanais ne peut se permettre de ne pas plaire aux sunnites”, comme si l’honorable communauté à laquelle il appartient était supérieure aux autres communautés libanaises.

Et les ministres de se précipiter à la porte du tribunal, et chacun d’eux d’offrir à Chadi Mawlawi les services de sa voiture. C’est ainsi que se précipitent les chauffeurs de taxi à l’aéroport, quand ils voient un voyageur.

Safadi gagna: c’est sa voiture ministérielle que Mawlawi élut pour se transporter à Tripoli.

Shadi Mawlawi free

Votre voiture, monsieur le Premier ministre, fut refusée. Mais vous avez reçu Mawlawi à votre domicile. Nous avons lu dans certains journaux que vous lui avez offert 10.000 dollars. Votre bureau a démenti l’information par la suite : vraie ou fausse, elle vous aurait fait beaucoup de tort, si elle avait circulé en ville.

Et vint le temps de la commémoration annuelle du massacre de Halba. Mais les salafistes décidèrent d’organiser une autre cérémonie dans un endroit non loin de là. L’armée fut donc envoyée pour empêcher les hommes d’apporter des fusils, afin de protéger toute personne voulant participer à une des deux cérémonies.

Nous savons tous que, quand l’Armée est envoyée dresser un barrage sur la route, elle reçoit l’ordre de tirer sur les pneus de tout véhicule dont le conducteur refuse d’arrêter son moteur. Et de tirer sur les occupants dudit véhicule, si, malgré les pneus crevés, ils continuent à circuler ou tirent sur les soldats.

Un convoi de deux voitures passa devant le barrage dressé par l’Armée à Koueikhate. Le coffre arrière d’une de ces automobiles contenait un grand nombre de fusils, et son conducteur ne s’arrêta pas quand les soldats lui en donnèrent l’ordre. Les occupants de la voiture tirèrent sur les soldats, et en blessèrent un. Les autres soldats ripostèrent et tuèrent les deux oulémas salafistes. L’un d’eux était le cheikh Ahmad Abdul-Wahed, célèbre parce qu’il avait fait passer en contrebande des armes pour le Fatah al-Islam (organisation palestinienne relevant d’al-Qaïda) alors en guerre contre l’Armée libanaise à Nahr al-Bared.

Sheikh Abdel Wahed

Les photos du soldat libanais blessé n’ont pas été communiquées à la presse. Pourquoi? Parce qu’elles auraient prouvé que l’armée a fait son devoir, et qu’on lui a tiré dessus avant qu’elle ne tire?

Des pressions ont alors été exercées par la populace dans la rue, et par vous aussi, monsieur le Premier ministre. Et les militaires qui avaient obéi aux ordres, furent arrêtés.

L’Armée ne fit rien pour les défendre. Pourquoi ? Peut-être par peur de certains politiciens dont la puissance et le financement viennent de pays étrangers. Mais les militaires libanais aussi ont besoin de sécurité. Sécurité quand ils obéissent aux ordres. Si ces ordres étaient mauvais, il fallait punir ceux qui les avaient donnés, pas ceux qui les avaient exécutés.

Ainsi, vous avez libéré l’homme inculpé pour crime, et jeté en prison ceux qui avaient obéi aux ordres. Après cela, monsieur Mikati, vous avez décidé de libérer les salafistes qui avaient été arrêtés après les événements de Nahr el-Bared.

Pour justifier l’intérêt que vous et le ministre de l’Intérieur portiez à ces prisonniers et non aux autres, on a dit qu’ils avaient été en prison durant cinq ans.

Mikati_Tripoli

Nous voulons que la loi soit appliquée. Nous voulons que les inculpés soient libérés après une certaine période, s’ils n’ont pas été jugés. Mais pourquoi voudriez-vous libérer les musulmans salafistes et non les musulmans qui ne sont pas salafistes ? Pourquoi libérer les musulmans salafistes et non les hommes appartenant aux autres communautés ? Dans cette même prison of Roumieh, il y a des hommes qui attendent depuis sept ans, et ils n’ont pas encore été jugés. Parmi eux, certains ont été arrêtés pour avoir volé 100.000 livres libanaises seulement (50 €) et non parce qu’ils appartiennent à une organisation terroriste qui a tué des civils et des militaires libanais.

Quelques jours plus tard, le Premier Juge d’Instruction militaire, Riad Abou Ghida, libéra les officiers qui avaient été arrêtés après la mort du cheikh Ahmad Abdul-Wahed et son compagnon. Alors les salafistes menacèrent de mettre de nouveau à feu et à sang Tripoli et le Nord. Alors vous êtes intervenu, vous, monsieur le Premier ministre qui ne cessez de craindre pour votre popularité électorale à Tripoli, et pour vos milliards de dollars investis en Arabie Saoudite. Et le Premier Juge d’Instruction militaire arrêta de nouveau les officiers.

Aucun pays ne peut tolérer un acte aussi tyrannique, monsieur Mikati. Son but est de ruiner le moral de l’Armée pour qu’elle cesse de protéger le pays. Ainsi, le Liban devient sans défense quand vient le temps de le transformer en… en quoi ? Peut-être en cette République islamique salafiste que réclament la plupart de ceux qui ont manifesté contre la libération des officiers.

Il aurait été moins nuisible pour la réputation de l’Etat, de ne pas libérer les officiers du tout.

Maintenant, la majorité au Liban, toutes religions confondues, est en colère. Mais écouterez-vous sa voix, la voix de la conscience, davantage que celle de la minorité qui brûle des pneus et tue des innocents?

Monsieur Mikati, régnez-vous sur la République d’Al Capone, qui défendait les assassins et abandonnait la majorité innocente?

 Lina Murr Nehmé

Cette lettre ouverte fut publiée par Elnashra, le 16 juillet 2012. Le ministre Safadi me répondit par le biais du même média. Il ne démentit rien de ce que j’avais écrit, excepté ceci: selon lui, Chadi Mawlawi n’aurait pas utilisé sa voiture pour aller à Tripoli.
Dans ce cas, pourquoi le ministre Safadi n’a-t-il pas contredit les reporters des télévisions qui avaient retransmis en direct la libération de Mawlawi, et avaient dit que Mawlawi avait utilisé sa voiture? C’est d’eux que je tiens le renseignement.

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Concernant les armes chimiques syriennes

Quand a éclaté la nouvelle de l’usage d’armes chimiques (gaz sarin) en Syrie, je me trouvais hors du Liban. J’étais trop bouleversée pour pouvoir travailler. Je passai donc toute la journée dans un des salons de l’hôtel, à regarder, en direct, le débat télévisé qui se déroulait au Parlement britannique.

Syrian chemical weapons attack video

Il m’a rappelé les vieux jours du traité de Taef (1989-1990). Alors aussi, j’étais hors du Liban, vivant non loin de Boston. Je regardais à la télévision les grandes nations qui condamnaient à mort une petite nation qui était la mienne.

En 2013, ironiquement, la victime de ces mêmes nations était la Syrie. J’écrivis ceci sur Facebook:

“Comment se fait-il que les armes chimiques ne soient mauvaises que si ce sont les autres qui les utilisent? Qui, en Amérique, a puni ceux qui ont utilisé le gaz moutarde durant la première guerre mondiale? Qui a puni les généraux et les politiciens responsables, au Vietnam, de l’usage intensif et à très grande échelle, du gaz moutarde et des bombes au napalm? Qui a puni  Truman parce qu’il a utilisé la bombe atomique contre le Japon après avoir appris que le Japon voulait se rendre? (Pour les preuves, voir mon prochain livre, “Qui prendra le Liban, la Syrie, la Palestine?”)
Personne n’ayant été puni, le gouvernement américain a endossé tous ces crimes (sans compter les autres), et est le plus grand utilisateur d’armes chimiques au monde, et le plus grand utilisateur d’armes de destruction massive au monde. Et il prétend punir un tout petit utilisateur de ces armes.”

Lina Murr Nehme-Syrian chemical-2

Puis j’ai écrit ceci:

“Assez d’hypocrisie! Assez de voir les plus grands criminels jugeant les petits! Assez! Assez!”

Lina Murr Nehme-Syrian chemical-1

Je n’ai pas changé d’avis depuis.

Même si le fait que j’aie brûlé le drapeau de Daesh (EIL) a fait de nous des ennemis directs, et même si je vais utiliser ma photo brûlant ce drapeau comme un symbole aussi longtemps que Daesh sera en position de force, je continue à penser que ceux qui bombardent Daesh sont bien plus criminels que Daesh.

Maintenant, tout le monde a oublié les terroristes de l’Armée Syrienne Libre qui coupaient les gorges de leurs frères, les soldats et les policiers syriens, devant la caméra, ou qui mangeaient le cœur de soldats syriens, comme fit Abou Sakkar. L’Armée Syrienne Libre n’est pas devenue innocente pour la seule raison que des terroristes plus féroces ont émergé sur la scène syrienne.

Si vous voulez défendre l’opposition syrienne, défendez Michel Kilo et ses semblables. Défendez feu le Patriarche Hazim. Ne défendez pas les terroristes de la soi-disant Armée Syrienne Libre. S’ils avaient été bons, s’ils avaient dit la vérité, ils n’auraient pas été aidés et défendus par Obama, l’Arabie Saoudite et le Qatar. Et leurs fruits n’auraient pas été Nusra et Daesh.

obama-terrorism

Dites-moi qui sont vos alliés, et je vous dirai qui vous êtes.

Lina Murr Nehmé

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