Archives par mot-clé : Syrie

Vidéo : La guerre syrienne est-elle une guerre civile?

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On accuse tellement les Syriens de ne pas pouvoir se supporter que j’ai voulu, moi aussi, poser la question et y répondre en une minute et demi.

Lina Murr Nehmé, 17 octobre 2019

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L’ETAT islamique n’est pas vaincu

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Carte-statue de Syrie en forme d’émirat de l’Etat islamique. Je ne veux pas vous faire peur, mais cette carte ne concerne pas la seule Syrie. Le gouvernement vient d’informer le public que l’Etat islamique n’est pas fini, chose que je répète depuis des lustres. Et pour vous faire la guerre, il utilisera tous les moyens, y compris l’infiltration de terroristes parmi les migrants, la fanatisation de ces migrants pour les pousser à violer la loi française, à naarguer le pouvoir par tous les moyens possibles. 

Ne savez-vous pas que la guerre psychologique devance la guerre militaire, et parfois, la remplace? Tel est l’espoir de Qaradawi: qu’il n’y ait pas d’invasion militaire pour le nouveau califat mondial auquel il rêve, mais que cette invasion se fasse seulement par les moyens pacifiques: par les cerveaux, par le droit du sol, par la démographie aux frais des Français et des Anglais qui paient même les mères étrangères à avoir des enfants chez eux. Ce flux d’argent leurre les gens du tiers-monde, comme autrefois les villes leurraient les gars de la campagne. Ils les dégoûtent des gens de leur propre pays qu’ils estiment attardé, et il les pousse à le trahir. 

Pourtant, un pays, ce n’est pas un hôtel. On peut le quitter pour aller servir un autre, en danger. Mais on ne peut pas le quitter pour gagner, à ne rien faire, l’argent payé par les impôts des pauvres des autres pays, sans se ruiner l’âme. Ne croyez pas que les musulmans soient violents dans leur majorité. Pas dans la proportion qu’il y a en France. C’est justement qu’ils ne sont pas venus par amour, mais par intérêt. C’est pourquoi ils sont vulnérables aux discours des islamistes.

Ce ne sont donc pas de bons sentiments que vous montrez en rendant l’immigration si rentable, messieurs les Président, ministres et législateurs. Voyez ce qu’elle vous coûte, et vous comprendrez pourquoi vous les dégoûtez tellement de leurs pays d’origine. En les tentant avec autant d’argent, vous les arrachez aux bras de leurs amis, de leurs fiancées, de leurs femmes et de leurs enfants parfois. Les femmes arrivent à 40 ans sans trouver de mari: le peu de jeunes mariables se sont mariés, et il n’y en a pas pour tout le monde. 

On a pensé au regroupement familial. Mais il n’a rien changé, car cette sinécure, ce Las Vegas comme ils le voient, poussent les hommes à amener leurs femmes supplémentaires ou à en prendre, puisque la polygamie est possible en France en vivant avec une femme, et en couchant avec les trois autres alternativement, le tout sans avoir besoin de travailler, touchant des milliers d’euros par mois rien qu’à faire des enfants qui ne seront pas éduqués en français, et qui seront malheureux en France.

Mais ne parlons plus du domaine financier. Parlons plutôt des morts qui vont tomber à cause de cette lâcheté et de cet orgueil de se dire: “Je suis bon”. Ces morts seront bien plus nombreux que ceux qui sont déjà tombés.

Pitié pour les vôtres, mais aussi, pitié pour eux. Eux aussi sont victimes. Ils sont victimes de leurs ouléma, et parfois, ils sont enrôlés de force. Pourquoi nourrir la guerre? Qui ouvre les frontières de son pays quand lui-même déclare qu’il est en guerre? La France s’est déclarée en guerre contre Daech; elle est même allée la bombarder. Et vous voudriez que Daesh se tienne tranquille, en attendant que vous le décimiez au Levant? Pas du tout! Il va venir chez vous! Certes, me direz-vous, Daech a frappé le premier. A ses yeux, non: vous avez frappé avec les caricatures. Vous devez comprendre leur mentalité. A partir du moment où ils s’estiment en guerre contre vous, et que vous n’avez pas envie d’avoir des morts, fermez les portes de la ville comme faisaient vos ancêtres au Moyen Age! Ne les ouvrez pas toutes grandes! Vous savez que quand j’ai appris que l’Europe allait abolir les frontières, et qu’on projetait le tunnel sous la Manche, j’ai dit à mon entourage: “Ils ouvrent la route du califat”. C’était dans les années 1990, et rien ne m’a démentie. 

Le monde est en feu: des mains criminelles allument les forêts du Liban et des régions chrétiennes de Syrie; et en France, le crime frappe. Un jour Saint-Sulpice, un jour Notre-Dame de Paris, un jour la préfecture, et entre temps, deux attentats quotidiens contre des symboles chrétiens. Corrigez-moi si je me trompe. Et au vu de tout ça, tout ce que le monde politique songe à faire, c’est d’être terrorisé à l’idée que les islamistes se disent victimes d’islamophobie! Ou que les femmes voilées pleurent, alors qu’en se voilant dans une Assemblée nationale, elles ont violé la loi?
Les lamentations des oulémas et des islamistes dans toute la France au sujet d’un tag sur une mosquée, ou d’un regard ou d’un mot concernant le voile, alors que des enfants sont rendus orphelins par des terroristes, sans qu’on ne daigne pleurer sur eux. 

La Turquie avance sur la Syrie, chose logique et que j’expliquais sur cette page il y a un an, et l’alliance des Kurdes avec le régime syrien (ou le renouvellement de l’alliance conclue au début de la guerre), a mis l’Occident en émoi. La France, fort heureusement, s’est rappelée son esprit chevaleresque, et elle a interdit les ventes d’armes à la Turquie. (Mais pas à l’Arabie.) Mais vous savez que ce qui arrive est une des choses qui peuvent faire flamber Daesh de nouveau. Je vous avais parlé des trois fronts: l’Afrique pour prendre l’Europe; l’Extrême-Orient pour reprendre l’Orient. Et les milliers laissés sur place ou en Turquie, pour être à nouveau recrutés.

Ce n’est pas pour rien que les Turcs, se rappelant un passé ottoman qu’on avait cru révolu, ont fait le salut militaire lors du match de foot contre l’Albanie. Ils se sentent en guerre, eux. Pourquoi pas nous? Scandale dans le monde du sport. Qu’allaient-ils faire dans le match contre cette France qui venait d’interdire la vente d’armes à leur pays? On haussa le volume des baffles pour empêcher leurs huées contre la France de s’entendre (et non de s’élever) durant la Marseillaise. 

Vous souvenez-vous de la forêt de Macbeth ? “Quand la forêt marchera…” il mourra. Il croyait qu’elle ne marcherait jamais: des arbres marchent-ils? Oui, des arbres marchent quand on a coupé leurs rameaux pour les porter devant soi comme tenue de camouflage. Et la forêt marcha et tua Macbeth.

Aujourd’hui, les tenues de camouflage sont des boucliers humains, des civils. Imaginez la scène de la forêt qui marche dans Macbeth, et vous verrez combien la situation ressemble à cette tragédie.

Lina Murr Nehmé, 16 octobre 2019

Photo: Régis Le Sommier

Enfants d’IDLIB

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En Syrie, à Idlib, où je photographiais une des villes mortes de Syrie. Autour de moi, des enfants kurdes musulmans ou chrétiens. C’était durant l’hiver de la fin 2010, quelques semaines avant le début de la guerre.

Que sont devenus ces enfants dans cette région devenue la plus explosive du monde? Région de très vieille chrétienté, où les ruines vous hantent et vous parlent de massacres de chrétiens perpétrés par les Arabes. Car il y a eu de tels massacres partout, y compris en Arabie. Aucune religion, aucun chef militaire ne conquiert si rapidement des étendues de terre si vastes, sans commettre des massacres à une très grande échelle, répandant la terreur. (Les textes arabes confirment.) Les Arabes étaient tous musulmans après ce qu’on appelle les guerres de la ridda (apostasie), et après qu’Omar ben al-Khattab ait chassé les chrétiens et les juifs de la Péninsule à Cham (Levant). Ce qui fait que les Arabes chrétiens et juifs sont devenus levantins et font partie de nos ancêtres, au même titre que tant d’autres peuples réfugiés. Puisque ces massacres étaient commis par des Arabes, cela veut bien dire qu’ils n’avaient pas la (les) religion(s) des Phéniciens de l’époque.

Oui, que sont devenus ces enfants? Sont-ils vivants? Ont-ils été tués? Sont-ils devenus des guerriers? 

Du moins, ils étaient heureux: ils vous cassaient les pieds si vous vouliez prendre une photo, mais ils étaient tellement sympathiques! A comparer aux enfants d’immigrés en France, rendus moralement rachitiques à force d’être nourris de haine par leurs prédicateurs.

Lina Murr Nehmé, 12 octobre 2019

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Enfants assassins et enfants d’assassins

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Ce que j’ai vraiment dit.

J’ai beaucoup hésité à publier mon
précédent article, où je citais le cas de trois enfants tueurs. J’ai
commencé par l’enfant de la photo, un Asiatique qui venait de tuer. Il
est originaire d’Extrême-Orient. Il n’a pas intérêt à être rapatrié en
Chine, il y serait exécuté immédiatement.

J’ai cité le cas d’un
autre enfant tueur, français celui-là: le neveu de Sabri Essid, le
demi-frère de Mohamed Merah, qui a tué un Palestinien devant la caméra.

J’ai également cité le cas des enfants tueurs du théâtre de Palmyre. Presque des adolescents.

J’ai rappelé que les victimes de ces enfants avaient elles-mêmes des
enfants, et qu’étant pauvres, elles ont laissé des veuves et des
orphelins mourant de faim. Mourant de faim, surtout à cause du blocus
imposé à la Syrie, par cet Occident qui tient tellement au confort de
ses citoyens, même quand ils sont allés tuer en Syrie.

Et j’ai
posé la question de savoir si l’enfant tueur avait plus de droits que
les enfants qu’il a rendus orphelins. Je parlais sur le plan strictement
matériel et alimentaire: si ces enfants sont rapatriés, ils
bénéficieront de confort. Pendant ce temps, les autres enfants, ceux
dont ils ont tué les pères, auront de plus en plus faim en raison du
blocus, et sans que les Etats qui veulent sauver leurs ressortissants
djihadistes, pensent à réparer le tort fait par ces derniers.

C’est une question qu’on ne peut pas comprendre en Occident, où il n’y a
pas eu d’enfants djihadistes tuant, avec conviction, des pères de
famille pauvres dont les enfants ont ensuite crevé de faim parce qu’ils
étaient devenus orphelins. C’est le cas de la plupart des victimes de
ces enfants.

Une personne a traité mes propos de vision “de
l’angle du ressentiment, voire de la vengeance dans ce qu’elle a
d’aveugle, de non raisonné, de barbare… Comment pouvez-vous oser, en
France, poser le problème d’un criminel, meurtrier ou assassin, mineur,
en fonction de la situation de ses victimes ou des enfants de ses
victimes?”

J’ai répondu que “si je devais avoir du ressentiment,
j’en aurais envers les Palestiniens et les Syriens, car ils ont détruit
mon pays et tué mes amis, ils ont ruiné ma vie, ils m’ont volé ma
jeunesse. Il n’y a pas, au monde, un peuple qui pour moi représente le
malheur de mon pays d’origine, autant que les Palestiniens et les
Syriens, et pourtant je défends des victimes palestiniennes ou
syriennes. Si je devais prendre les choses du point de vue du
ressentiment, je dirais: ‘Bien fait pour eux, voyez ce que leurs pères
ont fait aux enfants du Liban’. Mais je le fais sous l’angle purement
humain, en considérant des enfants palestiniens ou syriens comme égalant
des enfants français, et non comme leur étant inférieurs.
“Est-il
acceptable que des enfants meurent de faim parce que leur père a été tué
par un enfant occidental, et que ce dernier, lui, vive bien mieux
qu’eux? Ma question étant: un enfant est-il supérieur à l’autre selon sa
nationalité?
“Et si on pourvoit l’enfant tueur des mollesses de la
vie occidentale, est-il juste qu’on laisse ses victimes avoir faim? Si
vous appelez cela ressentiment, libre à vous. Moi, j’appelle cela
humanité.

Elle répond (sans avoir lu) que je verrais éventuellement bien les enfants des djihadistes, Français par filiation, exécutés.

Je réponds qu’elle me faisait “dire ce que je n’ai pas dit. Relisez mon
texte. Je parle de l’injustice de traitement entre enfants, je ne parle
pas d’exécuter les enfants tueurs. Je commence seulement le post en
parlant de l’enfant du sud-est asiatique qui est sur la photo et qui
serait tué s’il était rendu à son pays d’origine, le sud-est asiatique,
où on a moins de scrupules en la matière.”

Sa réponse: “… Il
faudrait peut-être construire des taudis plein de rats pour les mineurs
criminels auxquels on ne servira qu’un crouton de pain nageant dans
l’eau chaude… pour plus de justice ?”

Moi: “Personne, en
Occident, ne parle des enfants victimes, personne ne propose de leur
donner au moins le même niveau qu’aux enfants assassins; au contraire,
on inflige à leur camp des sanctions qui les affament. Si déjà un seul
politicien français disait: “Nous voulons rapatrier les enfants tueurs
en considérant qu’ils ont eu le cerveau lavé, et que la République, en
les adoptant, décide aussi de réparer leurs torts en donnant aux enfants
de leurs victimes au moins une vie décente,” au moins, alors, les
enfants seraient égaux. Mais ce n’est même pas le cas: les sanctions
continuent de plus belle, et madame, il y a des enfants syriens qui en
meurent chaque jour, et ce sont souvent des orphelins. Je n’ai jamais
parlé de tuer personne. Si quelqu’un venait me tuer, je ne le tuerais
pas pour sauver ma vie, alors vous voulez que dans ce post je parle de
tuer? Déduisez ce que vous voulez, j’ai écrit ce que j’ai écrit en
pensant aux victimes, et les premières des victimes ne sont pas les
tueurs (même si ceux-ci à mon avis sont des victimes aussi”

Elle:
“A l’évidence nous n’avons pas la même conception du droit français, ni
le même respect pour les lois républicaines de la France… que je
sépare totalement de la politique menée par la France.”

Mais à ma
connaissance, le droit français dit qu’en cas de meurtre, il doit y
avoir réparations envers la victime. Des ressortissants français ont tué
à l’étranger. Un crime est jugé dans le pays où il est commis, et des
réparations sont imposées au bénéfice des victimes. Est-ce que les
tribunaux français vont imposer des répérations aux victimes? A ma
connaissance, il n’en a jamais été question. La vérité est que c’est au
nom de la loi du plus fort que se fait le débat, et non au nom de la loi
tout court.

Je rappelle que Daech a été engendré par les
sanctions économiques inhumaines imposées à l’Irak. Or aujourd’hui, les
mêmes sanctions sont imposées à la Syrie. C’est ce que j’avais écrit
dans ce post qui semble avoir été si mal lu. En commentaire, j’ai
également écrit:

“Il faudrait apprendre les leçons du passé pour
ne pas créer des situations similaires. Or la politique qui a créé ces
tragédies se poursuit, tant en Orient, où on aide objectivement les
djihadistes, qu’en Occident, où on fournit une propagande
déshumanisante, misogyne, raciste, qui est interdite par la loi
française, sans que personne ne daigne appliquer la loi.”

Et dans un autre commentaire:

“Ces enfants ont subi un lavage de cerveaux. On sait ce que c’est pour avoir entendu parler des lavages de cerveaux des sectes: Moon, scientologie, etc. Les vicitmes de ce lavage de cerveaux ont pu être réhabilitées, mais parfois au prix d’un traitement très dur. Je ne rends pas ces enfants responsables. J’exige seulement qu’ils ne soient pas mieux traités que les enfants de leurs victimes. Ici je parle des enfants tueurs. Les enfants qui n’ont pas tué n’ont pas un problème psychologique aussi grave. Si on veut les réhabiliter, on doit aussi penser aux victimes.”

Lina Murr Nehmé, 20 mars 2019

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Les accords de TaëF

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En 1989, le traité de Taef fut imposé au Liban au mépris de la population
qui, dans son écrasante majorité, n’en voulait pas. Rappelez-vous, diplomates,
agents et médias: le réduit libanais qui était encore libre et soumis à l’Etat
libanais manifestait tous les jours contre ce traité imposé par l’Arabie. Il
manifestait parce que ce traité légalisait l’occupation d’une partie du Liban
par l’armée syrienne.

Les manifestations durèrent plus d’un an. Puis vint la guerre du Golfe. Obtenir l’accord de la Syrie de l’époque était une étape
cruciale. Pour obtenir la participation de Hafez el-Assad contre l’Irak, il
fallait une contrepartie alléchante. Ainsi, toute la communauté internationale,
y compris le Vatican, imposa au Liban l’occupation d’une partie de son pays par
les troupes syriennes.

Ce traité commença le 30 septembre, date anniversaire des Accords de Munich
de 1938. C’est en effet à cette date que l’Arabie Saoudite réunit les députés
libanais chez elle, à Taef, et non à la Mecque, car certains d’entre eux, étant
chrétiens, auraient souillé les lieux, selon elle. Après leur avoir confisqué
leur passeport, elle leur expliqua au cours des jours suivants qu’ils ne partiraient
qu’à condition de signer ce traité fait par elle, qui dépouillait les chrétiens
de tout pouvoir dans leur propre pays.

Toute la communauté internationale s’inclina, un peu comme dans l’Apocalypse, toute la terre s’incline et dit: “Qui est comme la Bête?”

Le traité était saoudien, puisque Hariri l’avait écrit et imposé en tant que sujet du roi d’Arabie. Et Hafez Assad avait imposé sa clause, car un tel traité ne pouvait exister sans son accord. Quant au parrainage du traité, il fut assuré par les Américains, car sans eux cet accord n’aurait pu être imposé au Liban. Rappelons que George Bush était l’ami personnel du roi d’Arabie.

La Syrie avait déjà tenté d’imposer un tel traité quelques années plus tôt, elle avait échoué. C’est Rafic Hariri, travaillant pour les Saoudiens avec l’aide américaine, qui l’imposa grâce à l’argent saoudien et aux pressions des Américains, devenus la seule superpuissance.

Pourquoi ce parallèle avec les Accords de Munich ? Parce que de la même manière, on permit à une puissance militaire agressive, la Syrie, d’envahir un territoire qu’elle réclamait, et que l’une des conséquences de ce traité fut la chute du régime irakien, et l’apparition de Daech.

Lina Murr Nehmé, 5 mars 2019

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DAECH est-il fini ?

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On vient d’annoncer que Daech ne contrôle plus qu’1% du territoire syro-irakien.

Cela n’est pas tout à fait exact. Car si Daech ne se bat plus que dans un petit réduit près de la frontière irakienne, cela ne veut pas dire qu’il soit fini, loin de là. Encore moins, que l’Etat islamique le soit. Car cet Etat, le califat, étant à vocation mondiale, peut avoir n’importe quelle organisation, n’importe quelle tribu à sa tête. Il peut être dirigé de n’importe quelle capitale. Même si Daech était fini, l’Etat islamique ne le serait pas. Il ne peut pas l’être tant que les passions actuelles dans le monde seront aussi violentes.

D’ailleurs, Daesh n’est pas du tout fini, il a juste fait un redéploiement. Il s’est retiré du Proche-Orient pour envoyer ses forces conquérir du terrain ailleurs, en Asie orientale et en Afrique. Partout, il fait des alliances avec les terroristes locaux, comme il avait autrefois fait en Irak et en Syrie. Il reconstitue ainsi ses forces, il remplace ses morts et ses déserteurs syriens et irakiens, par des Asiatiques et des Africains. Tant lui que les chefs d’Etat occidentaux ont intérêt à ne pas mettre ceci en lumière. Lui y a intérêt parce qu’il a besoin de travailler dans le secret avant de se dévoiler soudain dans sa puissance. Et eux y ont intérêt parce qu’ils ne veulent pas passer pour des perdants, ils perdraient les élections, après tout ce qu’ils ont fait payer au contribuable pour mener la guerre en Syrie et en Irak. Obnubilés par les approvisionnements en pétrole, ils laissent Daech gagner des territoires aux Philippines, au Myanmar, au Nigéria, au Tchad et ailleurs. Comme si ces pays, leurs citoyens et leur souffrance, n’avaient pas de valeur. Pour le califat, d’ailleurs, ils représentent des conquêtes plus importantes que les territoires que Daech a perdus en Irak et en Syrie. À partir de ces pays, il compte reprendre l’offensive mondiale une fois que les Américains se seront retirés du Proche-Orient. Ce qui arrivera tôt ou tard.

Cette carte montre la situation de Daech en Syrie fin 2018, c’est-à-dire il y a quelques semaines. Cela n’a pas beaucoup changé: plus que d’une présence sur le terrain, Daech dispose de régions amies en Syrie ou en Irak. Ce sont essentiellement celles dont l’EI a “nettoyé” la population, et où il a distribué du bakchich aux chefs, et des vivres aux habitants.

Ces régions amies se rabattront sur Nosra si le califat de Daech venait à disparaître. Ce n’est pas le cas, nous l’avons dit : Daech, existe encore. Vous pourrez dire que Daech est fini le jour où Nosra se donnera le nom de califat. Tant qu’elle ne l’aura pas fait, c’est que Daech sera encore le plus fort, et il ne peut y avoir deux califats au monde. Les médias occidentaux peuvent raconter ce qu’ils veulent. Les habitants, les terroristes, les islamistes savent ce qu’il en est réellement.

Il faut se rappeler qu’à terme, le but du fondateur d’al-Qaïda Oussama Ben Laden — tout comme celui d’Hassan al-Banna et de Saïd Ramadan (respectivement grand-père et père de Tariq Ramadan) — a toujours été l’établissement du califat pour une invasion mondiale. Le différend entre Ben Laden et Zarqawi, chef de la branche “al-Qaïda en Irak”, reposait sur un problème de “timing”. Ben Laden voulait ne proclamer le califat qu’une fois devenu très fort, alors que Zarqawi voulait le proclamer immédiatement. Finalement, Zarqawi est mort avant Ben Laden, et c’est le successeur de Zarqawi, Baghdadi, qui proclama le califat en donnant ce nom à “al-Qaïda-Irak”.

Auparavant, al-Qaïda-Irak avait obligé les organisations sunnites irakiennes à s’allier avec elle, et elle a donné à l’ensemble le nom d'”Etat islamique-Irak”. Puis elle s’est donné le nom de Daech, acronyme d'”Etat islamique en Irak et à Cham”. (“Cham”, c’est l’ensemble formé par le Liban, la Syrie, la Jordanie, Israël et la bande de Gaza.)

Daech a pris ce nom parce que la branche qu’elle avait envoyée fonder un Etat islamique à Cham, s’était révoltée contre Baghdadi. Cette organisation s’est révélée au public en se donnant deux noms: “al-Qaïda-Cham”, et “Jabhat Nusrat ech-Cham”, c’est-à-dire “Front d’aide aux gens de Cham”. Elle s’est donné plusieurs noms par la suite, mais le peuple continue à l’appeler “Nosra”.

Daech demeure la plus puissante des branches d’al-Qaïda, si l’on tient compte de ses conquêtes orientales et africaines — et Daech sait qu’en se dispersant ainsi, elle entraîne l’Occident à se battre sur un terrain sur lequel il ne peut pas le suivre. Ce qui le prouve, c’est l’effacement de Nosra, la rivale qui, au Levant, fait le nécessaire pour remplacer Daech. Son but est le califat et l’invasion mondiale. Car Nosra, comme Daech, demeure une branche d’al-Qaïda. Toutes deux ont porté le nom d'”al-Qaïda” durant des années, et ne se sont coupées de l’organisation mère que pour des raisons stratégiques.

Tant que le chef de Nosra ne se sera pas fait plébisciter calife comme avait fait celui de Daech avant lui, c’est que le califat de Daech est encore assez puissant pour ne pas pouvoir être supplanté.

Lina Murr Nehmé, 7 février 2019

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Les 130 djihadistes sont-ils français ?

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Dans cette vidéo diffusée par Daesh (voir en fin d’article), des djihadistes français brûlent leur passeport devant la caméra et appellent les musulmans de France à renier la nationalité française et à rejoindre l’Etat islamique en Syrie… pour combattre les Syriens, les Libanais, et plus tard, les Israéliens. Ils appellent à commettre des attentats en France. (C’était en 2014, un ou deux mois avant les attentats de Charlie Hebdo et de l’Hypercasher en janvier 2015, comme par hasard.)

L’un des djihadistes français a été reconnu comme ayant participé au massacre de 18 Syriens et d’un Américain (Analyse Euronews).

Parmi eux se trouve Quentin Le Brun, originaire de la région d’Albi :

“[Il] apparaît dans une vidéo de sept minutes diffusée par le forum djihadiste Al-Hayat en novembre 2014, en compagnie de deux autres Français, Kevin Chassin (mort dans un attentat-suicide à Mossoul en 2015) et Romain Garnier (prisonnier des forces kurdes depuis décembre 2017). Romain Garnier appelait les musulmans français à venir rejoindre l’Etat islamique ou bien à tuer les Français « par les armes, les voitures, le poison ».”

(Paris Match, 01/02/2019)

Malgré tout, la Syrie, et notamment les parties kurdes de ce pays, ont reçu des menaces diplomatiques très claires: ils ne doivent pas toucher aux citoyens français. C’est pourquoi ils n’y touchent pas en effet, mais évidemment, ils ne diront pas ce qui s’est passé dans les coulisses, qui les a poussés à préserver leurs assassins et à vouloir leur procurer les douceurs françaises.

Il est bien étrange d’interdire ainsi aux Kurdes et aux Syriens de juger ceux qui ont commis des crimes chez eux. D’après le droit international, un criminel est jugé d’après les lois du pays dans lequel il a tué. C’est pourquoi quand la France met la main sur un assassin syrien, elle le juge selon ses propres lois, elle ne l’extrade pas vers la Syrie. Si elle exige l’extradition de ces djihadistes, c’est au nom de la loi du plus fort. La France ayant déclaré que ces djihadistes étaient des citoyens français, ils lui sont à ce titre plus précieux que les citoyens syriens qu’ils ont assassinés.

Mais sont-ils français? Un djihadiste est citoyen de l’Etat islamique qui, comme son nom l’indique, est un Etat. Et la double nationalité ne peut être cumulée, puisque cet Etat, le califat, est l’ennemi de la France. Le gouvernement français l’a d’ailleurs signalé après les massacres en 2015: il y a “une guerre” entre la France et Daech, et ce n’est pas la France qui a déclaré cette guerre à Daech. Dans ce cas, comment concevoir que des citoyens français, ayant renié leur citoyenneté pour adopter celle de l’ennemi, puissent être considérés comme des citoyens français? Ils ont quitté la France pour aller en Irak ou en Syrie aider le califat à envahir le monde. L’idée était de faire flotter le drapeau noir sur l’Elysée, Matignon, Downing Street, Windsor et… surtout, Saint-Pierre de Rome. L’un de ces djihadistes occidentaux, Emwazi, dit “Jihadi John”, l’a dit dans la vidéo de l’assassinat des coptes.

Si le gouvernement français l’a oublié, il n’en est pas de même des djihadistes concernés. Ils savent qu’en cas d’amnésie, leurs compagnons, citoyens du califat, les tueraient.

Lina Murr Nehmé, 1er février 2019

https://www.youtube.com/watch?v=1M0kGJ_xhOg

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Retour des 130 djihadistes : Pourquoi ?

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Parlant du retour des djihadistes en France, il est bon de revoir cette vidéo faite par Euronews en 2014, au temps où ces messieurs cherchaient à aller en Syrie et non à fuir la Syrie.

Note: Nicolas Bon et son frère sont morts en commettant des attentats en Syrie pour tuer des Syriens, un peu comme des daeshiens non-français ont commis des attentats en France pour tuer des Français. Avec l’idée de tuer ensuite les Israéliens une fois que le barrage syrien et le barrage libanais auraient disparu. Et après Israël et la Jordanie, d’autres pays, et finalement la France. (Voyez ce qui se passe maintenant en Afrique, aux Philippines et en Birmanie.)

Ce sont ces messieurs que M. Emmanuel Macron refuse de laisser juger en Syrie selon les lois syriennes. Notez bien que ces “revenants” sont moins nombreux que les victimes de Daesh en France !

Maintenant ils reviennent en France… pourquoi?
Certes, on va les écrouer dès leur arrivée. Mais pour combien de temps? Combien de soi-disant condamnés à vie sont sortis de prison quelques années plus tard?

Lina Murr Nehmé, 31 janvier 2019

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Syrie : Le génocide des chrétiens passé sous silence

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On a parlé du génocide des yazidis et non de celui des chrétiens. Quant aux esclaves, il faut que Daech le signale pour qu’on sache que Daech ne prenait pas seulement des esclaves yazidis mais aussi des esclaves chrétiennes (cf. dans L’Islamisme et les femmes, le fac-similé de la liste publiée par Daech, au sujet du prix des femmes captives yazidis et chrétiennes) ! Et quand Afrin était assiégé, on n’a pas dit que des villages chrétiens étaient également en jeu. Des dizaines, des centaines de morts au Nigéria ne sont pas signalés non plus. Je ne parle évidemment pas des massacres de chrétiens au Liban, on dira que je suis concernée.

 

Lina Murr Nehmé, mai 2018

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Le site de Brad bombardé par les Turcs

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Pour illustrer mon livre Si Beyrouth parlait…, j’avais pris cette photo des ruines de la ville morte syrienne de Brad, trois mois avant le début de la guerre syrienne.

Tout récemment, l’aviation turque aurait endommagé ce site de première importance archéologique et religieuse, où se trouve également le tombeau de saint Maron, patron des maronites.

On parle peu des villes mortes de Syrie, dont certaines ont été endommagées par les bombardements. Ceux des Turcs aujourd’hui, et ceuxde leurs alliés depuis 2011. Ces alliés sont essentiellement des djihadistes, notamment l’ASL (Armée syrienne libre), rebuts de l’armée syrienne, et les premiers à avoir procédé à des égorgements devant caméra, et même, à avoir diffusé un acte de cannibalisme filmé.

L’ASL a constitué l’essentiel des effectifs d’al-Qaïda quand celle-ci est venue d’Irak en Syrie pour fonder la branche syrienne d’al-Qaïda appelée Nosra. Nosra est ainsi la fille de Daech.

L’ASL, Nosra, Daech et plusieurs autres organisations terroristes se sont battues entre elles ou contre l’armée syrienne (et souvent aussi contre les habitants) de la région des villes mortes, qui se situe en Syrie, à la frontière entre la Syrie et la Turquie.

On attend cependant la fin de la guerre pour savoir ce qu’il reste vraiment de ce précieux patrimoine archéologique datant des débuts du christianisme.

Lina Murr Nehmé, 26 mars 2018

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