Anjem Choudary et la démocratie

Anjem Choudary, imam britannique dont l’origine pakistanaise est indéfinissable tant son accent est bon, est : « La charia régnera au Royaume-Uni et en Europe, et dans le monde. »

Avec des variantes. Dans la vidéo tweetée ci-dessous, il déclare : « La démocratie sera très probablement remplacée par la charia islamique au Royaume-Uni, en Belgique et en France d’ici 15 à 20 ans. »

Je veux bien reconnaître qu’un nombre très grand de musulmans londoniens veulent la charia, mais tout de même, choisir Anjem Choudary comme exemple, et l’appeler « chercheur» en plus, c’est insulter tout musulman qui n’est pas un assassin, et il y en a beaucoup.

Anjem Choudary était à Londres l’acolyte de Omar Bakri (Fustok), le Syrien qui a plus ou moins « fait » le Londonistan, et après avoir quitté l’Angleterre, n’a plus pu y revenir. Alors Bakri s’est installé au Liban où il s’est mis à appeler, comme toujours, au califat.

Comme Bakri violait la loi, le gouvernement libanais a fait ce que le gouvernement britannique n’a pas fait : le mettre en prison.

Quant à Choudary, et après avoir été emprisonné en 2014 pour apologie de Daesh, il a été libéré six mois plus tard, avec interdiction de parler en public et dans les médias. En 2021, l’interdiction a été levée. C’est pourquoi on entend de nouveau sa voix.

Lina Murr Nehmé

Les vêtements terroristes

Manahel al-Otaibi, citoyenne saoudienne, s’est filmée dansant en fuseau et faisant de la gymnastique en blouse courte.

Vous vous dites que le ventre n’étant pas la partie la plus belle du corps d’une femme, et qu’elle ne portait aucun décolleté, ni rien de ce qu’on voit de nos jours en France. Et que l’Arabie Saoudite s’est émancipée en reniant certains hadiths, etc. Et que la police des mœurs a été abolie, cette sinistre institution qui fouettait les femmes si elles sortaient sans abaya. Comme si l’homme était incapable de se contrôler en voyant sur les réseaux sociaux une jolie fille dansant ou faisant du sport en tenue de sport, ou marchant dans la rue sans abaya. Plus encore : Manahel eut l’outrecuidance de passer à la télévision en déclarant qu’elle s’habillerait comme elle voulait et refusait l’abaya saoudienne noire et informe, et que c’était très important pour elle, surtout dans son pays.

Tout cela, apparemment, c’était une agression contre l’ego masculin, une provocation fournie au mâle humain à tort et à travers, et de façon inadmissible.

Et dites le mot – oui, oui, dites-le ! – de façon terroriste.

Vous ne croyez pas ? C’est que vous ignorez qu’il y a des mollahs dans ce pays, et qu’ils descendent du vieil Abdel-Wahhab qui fonda le wahhabisme, et dont le pacte avec l’ancêtre de MBS reposait sur le partage du pouvoir arabe entre eux, puis leurs descendants. Ibn Saoud prenait le pouvoir temporel, et Abdel-Wahhab, le pouvoir religieux. Une sorte de califat divisé en deux si vous voulez.

C’est pourquoi MBS ne peut pas vraiment faire des réformes, et l’acte de Manahel était du terrorisme.

S’étant rincés les yeux, donc, les mollahs se révoltèrent et poussèrent des cris d’orfraie. La jeune fille fut jetée en prison, confinée et isolée comme une bête contagieuse.

Ce qui n’empêcha pas ses geôliers – ou ses bourreaux, ou les deux – de lui faire des violences, jusqu’à lui briser un os.

On lui refusa les soins médicaux, et pour finir, on la jugea et on la condamna à 11 ans de prison pour terrorisme.

Personne n’en parlera. Tout comme personne n’a parlé des princesses saoudiennes séquestrées et condamnées par leur père à mourir de faim.

Car l’Arabie Saoudite achète des avions et des armes de toute sorte. Et elle a la main sur le robinet du pétrole.

Si elle a dit que ses prisonniers d’opinion sont coupables de terrorisme, c’est qu’ils sont coupables de terrorisme. Quand on contrôle les médias, quand on les paie, on peut lancer toutes les accusations, ça marchera toujours.

Lina Murr Nehmé

Un milliard pour vendre le Liban

Hier, Ursula Van der Leyen est venue informer les Libanais qu’elle donnerait un milliard d’euros sur quatre ans, pour que les migrants syriens soient empêchés d’aller en Europe. Ceci, sachant qu’en même temps, tout est fait par elle et les puissances occidentales, pour empêcher ces migrants de rentrer en Syrie.

Les migrants syriens coûtent au Liban 4,5 milliards par an, mais Najib Mikati, ex-Premier ministre dont le mandat est expiré en octobre 2022 – et qui donc, exerce le pouvoir de façon illégale – s’est aplati devant Ursula en disant : « Oui, Führer. Le Syrien qui voudra partir partira, et celui qui devra rester au Liban restera. »

Voilà le dernier coup de boutoir donné au Liban par les nations amies. En quelques décennies, elles ont détruit cette nation qui avait résisté 1400 ans à l’arabisme, au turquisme, à l’islamisme. Elles ont tout fait pour qu’elle perde son identité, soutenant la spoliation des chrétiens de leur pouvoir politique, soutenant les hommes de paille imposés par l’ennemi, et qui modifiaient la démographie libanaise par des naturalisations illégales, jusqu’à ce qu’il soit possible d’appeler le Liban « pays arabe » et « pays musulman ». Pour la première fois de l’histoire.

Maintenant vient la condamnation ultime qui consiste à imposer au Liban comme citoyens, 2,2 millions de migrants syriens musulmans sunnites et plus de 400.000 réfugiés palestiniens également sunnites, alors que les Libanais résidant sur le territoire sont 4 millions. Les autres, vous l’avez deviné, ont été chassés. Vous les voyez à Paris, à Londres, aux États-Unis, au Canada, en Amérique latine, en Afrique, dans les pays du Golfe, bref, partout ailleurs que dans leur pays.

Donc, voici un milliard d’euros pour changer à jamais la démographie libanaise et briser toute possibilité de redresser ce pays économiquement.

Un milliard ? Mais vous vous moquez de nous ! Selon la Banque Mondiale, la présence des Syriens coûte au Liban 4,5 milliards de dollars par an, dont un milliard directement, et 3,5 milliards indirectement. Si l’on fait le calcul, cela fait 63 milliards de dollars depuis 2011.

Étant donné que la dette publique libanaise s’élevait à 102,7 milliards de dollars fin septembre 2022, il est facile de comprendre pourquoi le Liban s’est trouvé en défaut de paiement et pourquoi son économie s’est effondrée comme celle du Venezuela. Chargez l’âne toujours plus, faites-lui porter quatre fois son poids, frappez-le, tirez à hue et à dia autant que vous le voudrez, il finira bien par mourir.

Quand le Cèdre s’écroulera, sa chute entraînera avec elle l’ensemble de l’édifice mondial. Car les paix de Munich ont un défaut, c’est que leurs conséquences reviennent comme un boomerang frapper ceux qui les ont concoctées.

Le Liban n’est pas tombé par faiblesse, mais par trahison. Sa chute progressive a apporté au monde l’islamisme de façon tout aussi progressive. La trahison, c’était le prix payé sous la table pour un pétrole bon marché, et pour chaque contrat mirifique d’armement. Mettez-vous à la place de ces puissances du pétrole qui, depuis 1400 ans, convoitent le Liban et n’ont pu le vaincre ni militairement, ni moralement, alors qu’elles l’ont toujours considéré comme le joyau du Moyen-Orient sinon du monde. Pourquoi se seraient-elles privées de conditionner leurs contrats d’armement à ces clauses secrètes qui leur ont procuré, concession après concession, la souveraineté de fait sur ce bout de terre toujours désiré et jamais obtenu ?

Le Liban est formé des restes combattants et résistants des nations détruites par les califats. Ensemble, ces restes formaient au Liban un barrage, un rempart, une tour de garde qui protégeait l’e monde l’Occident de l’islamisme, de ses armées et de son terrorisme. Le Liban recevait tous les coups en premier, et en absorbait l’essentiel. Et toujours, ce pays se relevait, même si une mauvaise information – ou une désinformation payée à prix d’or – donnait l’impression du contraire.

Le Liban a eu une longévité étonnante : il a résisté à des centaines de massacres, parfois de génocides, sans perdre son identité dans un océan d’islam, et sans cesser de recevoir les réfugiés par vagues, rendant le bien pour le mal aux citoyens des pays qui l’avaient combattu.

Le Liban peut absorber de vrais réfugiés, mais non des communautés qui, dans leurs pays d’origine, ont mené durant des décennies des guerres de djihad contre des minorités. Tel est le cas des réfugiés palestiniens et syriens qui se sont installés au Liban.

En Palestine, une guerre de djihad a été décrétée par le Grand Mufti depuis 1936. La guerre de 1947 était part de ce djihad, qui n’a jamais été révoqué, et que dirigeaient les sunnites palestiniens.

Quand ces derniers vinrent au Liban, ils ne tardèrent pas à reprendre le même genre de guerre, mais contre les chrétiens et contre les autorités libanaises. Même dans les années 1970, quand ils se disaient de gauche, ils utilisaient le cri du djihad – « Allahou Akbar ! » – quand ils combattaient les quartiers chrétiens ou l’armée libanaise.

Quant aux Syriens, ils vécurent, depuis 1963, dans un état permanent de guerre de djihad, menée par les islamistes sunnites sous la bannière des Frères Musulmans. Au plus fort de cette guerre, des centaines de personnes appartenant aux minorités, surtout alaouite, étaient assassinées, soit de façon individuelle, soit dans des attentats collectifs. Le régime baassiste répliqua par une énorme répression que la propagande des Frères Musulmans syriens utilisa par la suite dans ses appels à appliquer la charia et à exterminer les alaouites. Au début de la guerre syrienne, il y eut même sur al-Jazeera une émission positive sur ce sujet.

En 2011, lorsque la guerre éclata en Syrie, l’opposition n’était pas seulement islamiste : elle comprenait aussi d’importantes personnalités intellectuelles et laïques. Cependant, les djihadistes ne tardèrent pas à prendre les rênes, grâce à l’argent provenant du Golfe arabe et à la guerre de djihad qui faisait déjà rage en Syrie depuis des décennies, et ils se débarrassèrent des laïques. L’opposition syrienne devint alors islamiste, avec l’ASL, puis al-Nosra et Daesh comme porte-drapeaux.

Beaucoup de sunnites syriens sont patriotes et fidèles, mais ceux-là sont demeurés en Syrie. Ceux qui sont dans les camps de migrants au Liban appartiennent en majorité à l’opposition syrienne. Il existait en 2011 une opposition intellectuelle au régime en Syrie, mais grâce à l’argent du Golfe, les djihadistes ont rapidement pris le contrôle de la situation, écartant les intellectuels et les rendant inefficaces. L’opposition syrienne est aujourd’hui presque exclusivement islamiste, avec pour ténors al-Nosra (al-Qaïda) et Daesh, et dans une moindre mesure, l’ASL (Armée Syrienne Libre).

Ces organisations sont encore présentes sur le terrain. Elles commettent des attentats et recrutent. Et al-Qaïda et Daesh recrutent aussi au Liban, en offrant beaucoup d’argent aux plus pauvres. L’une d’elles – ou toute autre organisation djihadiste syrienne ou palestinienne disposant d’autant de prestige et d’argent – pourrait, le jour où elle recevrait l’argent et les armes, recruter une armée islamiste sunnite plus grande que l’armée libanaise, rien que dans les camps de migrants syriens. En effet, au moins 100 000 à 200 000 de ces migrants ont reçu un entraînement militaire en Syrie, soit en tant que conscrits, soit dans les organisations djihadistes. Et d’ailleurs, il est facile d’entraîner une nouvelle recrue, comme l’a prouvé la guerre syrienne.

Mais au lieu de regarder ce danger en face, la communauté internationale a simplement décrété la mort du Liban : les islamistes ne rentreront pas chez eux, et n’émigreront pas en Europe (alors que ce n’est pas le Liban qui a bombardé leur pays, mais les puissances occidentales). Et le Liban ne vend pas les migrants comme esclaves, comme il en a été en Libye.

Mais maintenant, apparemment, c’est fini. Comme disait l’Osservatore Romano au début de la guerre : « Si le Liban meurt, il mourra assassiné. »

Les conséquences en seront effrayantes. Car si l’islamisme frappe si fort l’Occident en s’engouffrant dans les brèches de la digue libanaise, que fera-t-il quand cette digue se rompra et que le flot se déchaînera dans toute sa vigueur ?

Lina Murr Nehmé

La Charia au lycée

Photo Uli Engers – Bild

Dans une école du centre de l’Allemagne, à Neuss, les lycéens musulmans exigent le respect des règles islamiques les plus strictes. Ils se sont même institués « police de la charia », rejetant la démocratie et faisant pression sur leurs camarades de classe, jusqu’à en pousser quelques-uns à se convertir à l’islam.

Cela a commencé il y a environ un an. Sous l’égide d’un meneur de 19 ans, plusieurs élèves ont pris l’habitude de se rassembler aux heures dites, pour faire la prière dans l’enceinte de l’école.

Des jeunes gens du groupe quittaient même les cours le vendredi pour assister à la prière dans une mosquée, sans tenir compte du fait que « les enseignants leur ont clairement dit qu’ils n’étaient pas autorisés à faire cela », affirme un lycéen.

Des enseignants musulmans ont alors expliqué aux élèves qu’ils pouvaient reporter leurs prières du vendredi, et que leur religion le leur permettait. Sans effet.

Peu de temps après, ces lycéens ont réclamé une salle de prière, et se sont mis à faire pression sur leurs camarades pour les obliger à suivre la charia et ses règles. Le nombre de filles voilées et en tenue islamique s’est mis à augmenter. Plusieurs lycéens ont obéi, apparemment par peur. Certains étudiants non musulmans se sont même convertis à l’islam.

Le groupe a ensuite appelé à la séparation des sexes à l’école durant certains événements comme la natation. « Pendant les cours, on pouvait voir la disposition des sièges dans les classes changer », a déclaré un lycéen. « Les élèves sont assis en classe séparément selon leur sexe, les garçons devant et les filles au fond. Lorsque les enseignants leur parlent, les élèves ne les regardent plus en face. » Lorsque la direction de cette école polyvalente de Neuss a tenté de sévir, les membres du groupe islamiste ont rejeté le système juridique allemand.

Le quotidien allemand Bild, qui rapporte cela, ajoute que selon le magazine Focus, les jeunes auraient parlé de lapidation comme punition pour les violations de la charia, et que le gouvernement du district de Düsseldorf contredit cette affirmation.

Les autorités ont évidemment intérêt à éviter les polémiques qui pourraient provoquer des problèmes et étendre la contagion à d’autres lycées. En fait, il est logique que des lycéens islamistes qui font pression pour obliger leurs collègues à respecter la charia en ce qui concerne la prière, la prière et sermon du vendredi à la mosquée, ainsi que le voile et la séparation des sexes – et qui imitent même Mahomet en ne regardant pas les gens dans les yeux –, parlent de l’application des châtiments de la charia aussi.

La lapidation peut être infligée aux adultères des deux sexes s’ils sont mariés, ainsi qu’aux homosexuels et aux musulmans qui rejettent l’islam ou une seule partie de la charia.

Affaire à suivre, et tout de même inquiétante.

Lina Murr Nehmé

Prière retransmise par la chaîne Bayerischer Rundfunk

Comme tu es laide !

En 1973, alors que j’avais 18 ans, un pilote français en visite au Liban nous disait : « Les plus belles femmes du monde sont les Libanaises et les juives ».

Les islamistes ne sont pas de cet avis.

En 2014, en effet, des militants de Daesh ont mis sur les réseaux sociaux la photo qui me montrait brûlant le drapeau de Daesh, et ils se sont mis à me lapider à coups d’injures pour défendre l’État islamique qu’ils appelaient gentiment « L’État ».

L’un d’eux écrivit sur la page Facebook d’Ersal, le 31 août 2014 : « Comme tu es laide ! » Un autre répondit : « J’espère que Daesh arrivera jusqu’à toi, ô Seigneur ! et qu’ils te prendront comme captive de guerre. Mais le problème est qu’ils vendent la captive de guerre pour 1000$. Mais toi, tu ne vaux qu’une piastre libanaise. »

Une piastre en 2014, c’était très très peu : une livre fait cent piastres, et il fallait alors 1500 livres pour faire un dollar. C’est que pour eux, le cerveau de la femme n’a pas de valeur. Pour eux, la femme ne sert que physiquement : à servir, faire des enfants et être une esclave sexuelle. Ces gens en sont encore à peser les femmes pour voir à quel prix ils vont les payer avant de les épouser. Daesh publia en novembre 2014 une liste de prix de vente de chaque « esclave chrétienne/yazidie » selon son âge. Je mets juste une photo de petites dimensions, car cela crève vraiment le cœur de lire ces instructions en détail.

Un autre internaute islamiste, qui ne pensait visiblement pas que j’étais répugnante à ce point, écrit sentencieusement : « Tu deviendras l’esclave des moudjahidine. »

Visiblement, en matière de beauté féminine, les islamistes n’ont pas changé de goûts en l’espace de dix ans. Une militante du Hamas qui a un certain âge lance en effet cette semaine : « Les femmes juives sont trop laides pour être violées, sauf peut-être avec un préservatif ».

Que je sache, le préservatif ne se met pas devant les yeux pour prémunir contre la laideur d’une femme. Mais peut-être cette dame insultait-elle ainsi parce qu’elle-même n’était pas spécialement belle ?

Ainsi le renard de la fable accusait-il les beaux raisins d’être du verjus parce qu’ils étaient trop hauts pour qu’il puisse les atteindre.

Lina Murr Nehmé