L’excision : plaisir ou douleur ?

Dans un entretien au journal Le Maghreb publié le 10 mars 2013, le député du parti Ennahda, Habib Ellouze, a déclaré: “Dans les régions [d’Afrique] où il fait chaud, les gens sont contraints d’exciser les filles à titre de thérapie, car, dans ces régions, les clitoris sont trop grands et gênent l’époux. On excise ce qu’il y a en plus, mais ce n’est pas vrai que l’excision supprime le plaisir chez les femmes, c’est l’Occident qui a exagéré le sujet. L’excision est une opération esthétique pour la femme.”

Suite à la polémique qui s’en est ensuivie, l’ouléma a accusé le journal Le Maghreb d’avoir déformé ses déclarations. Parlant de la journaliste qui l’avait interrogé, il a dit: “Elle m’a imputé des propos que je n’ai pas dits”. “Elle a insisté pour que je réponde à la question et je lui ai dit que c’est une tradition dans d’autres pays” que la Tunisie, a déclaré M. Ellouze à la tribune de l’ANC.

Mais le journal Le Maghreb a publié l’enregistrement de l’interview, montrant que c’est Ellouze qui mentait et non pas son interlocutrice. Il a bien parlé de clitoris trop grands qui gênaient le mari dans l’acte sexuel.

Ellouze n’est pas le seul à parler ainsi.

On lit sur le site du célèbre ouléma islamiste Mounajjed:
La circoncision [sic: l’excision] diminue la sensibilité excessive du clitoris qui pourrait être très long jusqu’à atteindre 3 cm quand il se dresse, ce qui est très gênant pour le mari, surtout pendant les rapports sexuels.”
Si l’excision diminue la sensibilité, c’est donc, nécessairement, qu’elle diminue le plaisir sexuel ou le supprime, voire le remplace par la douleur.
Tabari, un des auteurs médiévaux les plus respectés chez les sunnites (il est le premier en matière d’exégèse), écrit:

“Sarah dit : « Je l’exciserai, cela l’empêchera de rechercher les hommes. » Elle lui coupa donc le clitoris, et Agar dut traîner un vêtement de derrière pour cacher le sang. C’est pour cette raison que les femmes se font exciser, et traînent des vêtements de derrière.”

Là aussi, si elle l’excise pour l’empêcher de rechercher les hommes, c’est qu’elle va lui ôter le plaisir sexuel, sinon remplacer ce plaisir par de la douleur.

Quant à “l’opération esthétique”, elle me laisse perplexe. Habib Ellouze, député des Frères Musulmans en Tunisie, a-t-il jamais vu une excision, même en photo?

Lina Murr Nehmé, Dimanche 31 mars 2019. Début ajouté le 9 avril

De quelle colonisation de l’Algerie parlons-nous?

De quelle colonisation parlons-nous?

Le 15 février 2017, Emmanuel Macron crut bon d’appuyer sa candidature à la Présidence de la République française, en allant déclarer, en Algérie, que la colonisation française était un crime contre l’humanité.

Comme je venais, le même mois, de sortir “Tariq Ramadan, Tareq Oubrou, Dalil Boubakeur: ce qu’ils cachent”, j’étais encore plongée, et dans l’histoire de l’Algérie, et dans les crimes contre l’humanité qui y ont été commis. J’ai donc écrit cette lettre à M. Macron qui, ayant l’âge de mon fils, pouvait être excusé de ne pas connaître les réalités historiques.

Un ami l’a alors réalisée en vidéo (lien ci-dessous). Mais la campagne électorale est devenue si sale, et on a tellement parlé de la colonisation française dans un but électoral totalement éloigné de la réalité, que j’ai décidé de me retirer du débat, et de mettre la vidéo au tiroir. Temporairement. Car je savais que je ressortirais cette vidéo, convaincue que j’étais qu’on ne cesserait pas de parler de la colonisation, et qu’il faudrait clarifier ce terme (et ce qu’il cache) une fois les passions de la campagne électorale calmées, et avant que ne se déchaînent de nouvelles passions à l’occasion d’une autre campagne électorale.

D’autre part, l’Algérie a été soumise depuis l’indépendance à des pressions islamistes pour des raisons financières: l’Etat qui donne de l’argent, est aussi celui qui donne des ordres. J’avais parlé de cette islamisation et de ses résultats dans “Tariq Ramadan, Tareq Oubrou, Dalil Boubakeur: ce qu’ils cachent”. Ce que j’ignorais, c’est le degré de refus d’une grande partie des Algériens, notamment jeunes, face à la désinformation dont ils ont été victimes à l’école et dans les manuels scolaires.

C’est pour eux que je publie la vidéo aujourd’hui, pour eux qui osent reparler de leur passé pour faire éclater la vérité au grand jour. Il est temps de rappeler les crimes contre l’humanité au Maghreb et à l’Ifriqiya entre les VIIe et XVIIIe siècles. Ceux qui les ont commis se moquaient bien de la politique française qui se ferait, treize siècles plus tard, et ils se moquaient certainement de nous tous, mécréants, et des élections qui mettraient Emmanuel Macron et Marine Le Pen face à face en 2017.

Il s’agissait d’un génocide culturel total, auquel ont survécu ceux qui, retranchés dans leurs montagnes-forteresses, se sont accrochés à leurs traditions et à leur droit communal.

Les Berbères, dans leur doit coutumier, respectaient beaucoup la femme, par exemple. Ce n’est pas ce que nous avons vu pratiquer en Algérie depuis le départ des Français, de la part du gouvernement qui a tenté d’écraser la culture ancestrale berbère au profit de l’arabisme.

Je ressors donc cette vidéo. Nous la dédions aux Algériens qui, durant les années 1990, ont revécu une partie du cauchemar qu’ont connu leurs ancêtres, du VIIIe siècle au XVIIIe inclus.

Lina Murr Nehmé

Lien de la vidéo:

https://youtu.be/LEH459JKz1w

Texte de la lettre ouverte écrite à Emmanuel Macron en février 2017, que Boualem Sansal a trouvée “magnifique” et a recommandé de la publier par tous les moyens :

Je comprends, monsieur Macron, que vous alliez accabler la France à l’étranger. Quand on ne dispose pas d’assez de voix pour les prochaines élections, il faut bien mendier le vote de ceux qui veulent rester étrangers en France. C’est pourquoi vous avez calomnié la France en disant que sa colonisation de l’Algérie était un crime contre l’humanité.

On voit que vous ne savez pas de quoi vous parlez. Je ne puis raconter ici les faits, ma lettre serait trop longue et vous ne la liriez pas. Je vous renvoie donc à mon livre Tariq Ramadan, Tareq Oubrou, Dalil Boubakeur : ce qu’ils cachent[1]. Sachez seulement que dès le début de la colonisation française, c’est une guerre de djihad qui a été déclarée à Oran et non une résistance. Les djihadistes coupaient les têtes des Français et des Algériens qui ne se soumettaient pas à eux. Ils les accrochaient aux arçons des selles de leurs chevaux et ils caracolaient avec ces trophées sanglants qu’ils exposaient sur des piques à l’entrée de leur camp.

Vous me direz que ces djihadistes défendaient leur pays, tout comme vous avez dit que les djihadistes de Syrie défendaient le leur, alors que vous saviez qu’ils opprimaient les populations. Comme eux, les djihadistes algériens se vantaient d’être des Arabes et ils méprisaient la majorité algérienne qui était kabyle. Ils avaient livré l’Algérie au sultan du Maroc parce qu’il était arabe lui aussi. Et en son nom, ils avaient entrepris de transformer l’Algérie en État islamique.

Beaucoup d’Algériens subissaient ces djihadistes, et ils les combattaient quand ils le pouvaient. Ils refusaient qu’on leur impose l’identité arabe à la place de l’identité de leurs pères, la langue arabe à la place du berbère, et la charia à la place de leur droit coutumier qui respecte la femme. Et quels qu’aient été les torts de certains Français, l’actif est si important que les Algériens qui aimaient les Français ont toujours représenté une grande partie de la population, malgré toutes les pressions : propagande, bakchich, menaces… Sans cela, les Français auraient été vaincus depuis longtemps vu leur petit nombre et l’immensité de ce pays montagneux. Mais il y a un parti pris dans la manière dont les harkis et les pied-noir sont perçus. On dit du mal d’eux pour justifier le mal qu’on leur fait.

Le Maghreb avait autrefois une civilisation florissante, une civilisation multimillénaire. C’est la colonisation arabe qui l’a détruite. Les Arabes ont tué les hommes, violé les femmes, vandalisé les monuments, les peintures, les sculptures, les bibliothèques et les églises de Libye, d’Algérie, du Maroc, de Tunisie. Cela, ce n’est pas moi qui le dis, ce sont leurs chroniqueurs. Lisez leurs textes traduits dans mon livre. Ils nous montrent des monstres face auxquels les djihadistes modernes ressemblent à des enfants de chœur.

Ces colonisateurs arabes avaient imposé aux Maghrébins qui refusaient de changer de religion, une amende religieuse appelée jizya. Cette jizya était si forte qu’ils ne pouvaient la payer. Les Arabes leur avaient alors dit de payer en nature : 360 enfants par an et par région. Les années arabes sont lunaires : 355 jours. Chaque région devait donc payer plus d’un de ses enfants par jour pour prix de sa religion. Et vous imaginez les cris des mères auxquelles on arrachait leurs enfants, et les massacres qui s’ensuivaient, car les pères défendaient les enfants…

C’est cette méthode qui a changé la religion de l’Afrique du Nord et du Moyen-Orient. C’est cette méthode qui a moralement fait des Maghrébins des esclaves en les obligeant à abandonner leur foi pour adopter celle de leurs ennemis.

C’est cette méthode que la France n’a utilisée ni en Algérie, ni ailleurs. Il est vrai qu’elle a commis des crimes bien plus grands que vous devez absolument dénoncer : elle a financé en Algérie des hôpitaux, des écoles, des routes, des ponts, des installations pétrolières. C’est vrai, monsieur Macron, construire des hôpitaux est considéré comme un crime très grave, un crime contre l’humanité. Plus grave encore : la France avait respecté la religion des Algériens au point de financer des écoles coraniques en Algérie, et d’interdire aux missionnaires chrétiens de critiquer l’islam. C’est cela qui pour vous est un crime contre l’humanité, j’imagine.

Mais comment parler d’hôpitaux, de routes et d’écoles, quand la pensée des enfants et des adolescents maghrébins arrachés à leurs parents par les Arabes, hante et torture, quand leurs cris résonnent aux oreilles, lancinants et terribles ? La souffrance des centaines de milliers de petites filles maghrébines violées pour que l’islam puisse coloniser le Maghreb vous glace-t-elle le sang, monsieur Macron ? Que diriez-vous, que feriez-vous si on vous réclamait vos enfants pour en faire des esclaves parce que vous auriez refusé de devenir musulman ? Que feriez-vous si on faisait de votre fille une bonne gratuite le jour, et une prostituée gratuite la nuit ? Mais si vous disiez la vérité, vous ne gagneriez pas les voix de l’électorat qui, en France, se réclame des colonisateurs arabes… et vous n’auriez aucune chance de gagner les élections. C’est pourquoi je ne pense pas que vous réparerez vos torts envers notre pays. Vous y perdriez beaucoup trop de voix et vous seriez privé du plaisir de voir flotter, pour célébrer votre élection sur la place de la Bastille, les drapeaux algérien et turc. Avec, en bonus, ceux des djihadistes du Jaych el-Horr syrien, dont les hommes égorgeaient des policiers dans la rue dès le début de la guerre de Syrie, et plus tard, mangeaient des cœurs humains devant la caméra.


[1] Salvator, 2017.

Fascisme du deux poids, deux mesures

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Tags sur un mur de la mosquée de Toul. Les condamnations ont été unanimes. Les pierres et les provocations qui ont visé le prêtre et l’église de la paroisse toute proche n’ont en revanche déclenché aucune réprobation.

Il est devenu routinier de se focaliser sur un seul attentat, taisant des centaines d’autres. Il y a quelques années, en France, ces tags sur un mur d’enceinte de mosquée à Toul (voir photo ci-dessus), ont davantage scandalisé que la lapidation, à deux cents mètres de là, d’un prêtre et de son église (appelés “caillassage” alors que des parpaings avaient été lancés dans l’appartement du prêtre pendant qu’il s’y trouvait), et le drapeau noir islamique hissé sur cette église. Une semaine après les tags, on parla à peine de l’assassinat d’un jeune Français Noir et chrétien qui avait accouru au secours d’un autre Français qui défendait son amie insultée. (Lire les trois histoires dans mon livre L’Islamisme et les femmes.)

L’Islamisme et les femmes, Salvator, 2017.

Ce “deux poids deux mesures” se fait soit selon l’identité du tueur ou du délinquant, soit selon celle de la victime. Il y a quelque chose de maladif dans cette sélection. C’est comme si l’on voulait priver une personne de sa valeur humaine en fonction de sa religion, et interdire de la comptabiliser parmi les victimes, si elle est attaquée ou tuée.

C’est là que se trouve le véritable fascisme de nos jours, car cette partialité dans l’information imite strictement ce qu’on faisait en Allemagne hitlérienne.

Lina Murr Nehmé, 24 mars 2019

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Annonciation et “prières islamo-chrétiennes”

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Une partie du djihad consiste, après avoir dépouillé les chrétiens de
leurs pouvoirs, à les dépouiller aussi de leur histoire et de leur
religion. Cela s’est vu partout, et tout au long de l’histoire, quand on
dit, par exemple, que Jésus est un prophète musulman.

Je peux
croire en la bonne foi du musulman du peuple, qui ne connaît pas ses
textes — et en la bonne foi des chrétiens qui ne les connaissent pas non
plus. Je ne peux pas croire en celle des oulémas qui ont travaillé à la
transformation de la fête chrétienne de l’Annonciation, en fête
islamo-chrétienne. Car eux savent très bien ce qu’ils font.

Durant ces prières communes qu’ils ont organisées aujourd’hui dans un
grand nombre d’églises au Liban et ailleurs, pourquoi se sont-ils
empêchés de réciter les versets suivants au sujet de Jésus et Marie? Car
ils les récitent bien dans leurs mosquées, et ils montrent que pour
eux, le 25 mars n’est pas, comme disent les chrétiens, “l’anniversaire
du jour où Dieu est devenu un homme pour sauver les autres hommes en
portant leurs péchés et en priant et pardonnant sur la croix.”

Il y a dans cette omission quelque chose d’inquiétant. Car aujourd’hui,
ça va, les chrétiens sont en position de force au Liban: ce sont les
lieux de pèlerinage chrétiens qui sont les fréquentés, non ceux des
musulmans. Qu’arrivera-t-il, en revanche, quand les chrétiens seront au
creux de la vague comme durant les années 1990? A ce moment, il y a de
fortes chances pour qu’on continue à nous dire que l’Annonciation est
une fête commune, et qu’on ressorte alors les versets suivants qu’on
omet maintenant de signaler:

1- Les versets qui disent que Jésus n’est pas le Sauveur des hommes et qu’il n’est pas mort sur la croix:

« Ils ne l’avaient pas tué et ils ne l’avaient pas crucifié, mais il leur a seulement semblé qu’ils le faisaient. Et certainement, ceux qui pensent autrement restent dans le doute. Ils n’ont pas de science à ce sujet, mais suivent seulement des conjectures : ce qui est sûr, c’est qu’ils ne l’ont pas tué.» (Coran, 4.157-158)

2- Les versets qui disent que Jésus n’est pas la seconde personne de la Trinité, que Jésus n’est pas Dieu, et que les chrétiens sont des mécréants parce qu’ils y croient:

« Ils sont des mécréants, ceux qui disent : “Dieu est le Christ, fils de Marie !”… Ils sont des mécréants, ceux qui disent : “Dieu est le troisième de trois,” quand il n’y a, en matière de divinité, qu’un seul Dieu ! » (Coran, 5.72-73)

3- Les versets qui disent que l’annonciation de Jésus n’est pas l’annonciation de l’Incarnation de Dieu (selon les chrétiens), mais celle de la conception de l’annonciateur de Mahomet (selon les musulmans):

« Jésus, fils de Marie, a dit : “Ô fils d’Israël ! Je suis, en vérité, l’Apôtre [ou prophète] d’Allah, envoyé pour confirmer la partie de la Thora que vous avez déjà, et pour annoncer la bonne nouvelle d’un Apôtre qui viendra après moi et dont le nom sera : Ahmed”. Mais quand il vint à eux avec les preuves évidentes [les miracles], ils dirent : “Voilà une sorcellerie évidente.” » (Coran, 61.6.)

Messieurs les oulémas, c’est votre opinion, et nous la respectons: nous sommes au pays de la liberté d’opinion. Mais de grâce, respectez-nous en nous citant aussi les versets ci-dessus. Car ils montrent que nous ne parlons pas du tout de la même chose. Et que vous le savez.

Lina Murr Nehmé, 25 mars 2019

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Sarah Halimi : L’assassin et les textes

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Sarah Halimi, retraitée juive, a été assassinée en 2017 par son
voisin Kobili Traoré qui récitait le Coran et des «Allahou Akbar». Au
début, silence complet sur l’acte terroriste: l’assassin est prétendu
irresponsable au moment du crime.

Sarah Halimi était femme et
perçue comme étrangère par ses voisins musulmans, à cause de la
propagande qui se diffusait dans la mosquée voisine. 40 pages de mon
livre L’islamisme et les Femmes parlent de cette mosquée, de ses tenants, de son influence
sur le quartier, de Kobili Traoré, de ce qu’il avait appris dans cette
mosquée et dans les sermons et entretiens des tablighis qui la tenaient;
et enfin, décrivent le meurtre et expliquent le sens religieux des
paroles de Kobili Traoré au regard de l’enseignement qu’il avait reçu;
la croyance au djinn, à la roqya, opération violente d’expulsion du
djinn, etc., l’assassinat de Sarah Halimi ressemblant à une roqya. Et
enfin, comprendre ses paroles à la lumière des textes qu’il révérait,
notamment dans leurs passages concernant les juifs.

S’être donnée tant de mal, et apprendre, pour finir, que c’est pour
rien, et que Kobili Traoré pourrait être déclaré pénalement
irresponsable?

Non seulement c’est une injustice (car si Sarah
Halimi avait été une musulmane tuée par un juif au son de phrases du
Talmud, il n’y aurait pas eu ce silence), mais il y plus grave, bien
plus grave: le risque que cette déculpabilisation amène une répétition
de cette tragédie.

Car les candidats au meurtre religieux connaissent parfaitement les textes que j’ai épluchés dans L’islamisme et les Femmes, et que la justice française se refuse à prendre en considération.

En voyant la justice française, et ceux qui l’ont influencée, passer
outre ces textes pour faire de l’effet de la drogue une “circonstance
atténuante”, ils comprennent qu’il leur suffira de fumer du cannabis et
d’aller tuer des juives ou des chrétiennes pour qu’on puisse dire qu’ils
sont irresponsables.

Pour conclure, je cite Anne-Sophie Chazaud à
laquelle il “semblait pourtant que «assassin» venait de l’arabe
«Hashīshiyyīn», qui fume du haschisch… Et curieusement, d’habitude, la
prise de stupéfiants ou d’alcool, est précisément considérée comme une
circonstance aggravante du crime. Subitement, cela devient un quitus.
Elle est pas belle la vie ?” conclut-elle avec une ironie noire.

Non, elle n’est pas belle, la vie. Elle est de plus en plus horrible. On
va jusqu’à encourager la drogue en dépénalisant l’assassin de Sarah
Halimi sous prétexte qu’il était drogué.

Pourtant, la drogue n’abolit pas l’antisémitisme du meurtre de Sarah Halimi. (Cf le livre précité.) Les candidats au meurtre religieux savent parfaitement que l’assassinat de Sarah Halimi était antisémite. Et que la justice française n’a pu dire le contraire, sauf en passant outre l’existence de données sociologiques et religieuses de premier plan.

Lina Murr Nehmé, 21 mars 2019

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Enfants assassins et enfants d’assassins

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Ce que j’ai vraiment dit.

J’ai beaucoup hésité à publier mon
précédent article, où je citais le cas de trois enfants tueurs. J’ai
commencé par l’enfant de la photo, un Asiatique qui venait de tuer. Il
est originaire d’Extrême-Orient. Il n’a pas intérêt à être rapatrié en
Chine, il y serait exécuté immédiatement.

J’ai cité le cas d’un
autre enfant tueur, français celui-là: le neveu de Sabri Essid, le
demi-frère de Mohamed Merah, qui a tué un Palestinien devant la caméra.

J’ai également cité le cas des enfants tueurs du théâtre de Palmyre. Presque des adolescents.

J’ai rappelé que les victimes de ces enfants avaient elles-mêmes des
enfants, et qu’étant pauvres, elles ont laissé des veuves et des
orphelins mourant de faim. Mourant de faim, surtout à cause du blocus
imposé à la Syrie, par cet Occident qui tient tellement au confort de
ses citoyens, même quand ils sont allés tuer en Syrie.

Et j’ai
posé la question de savoir si l’enfant tueur avait plus de droits que
les enfants qu’il a rendus orphelins. Je parlais sur le plan strictement
matériel et alimentaire: si ces enfants sont rapatriés, ils
bénéficieront de confort. Pendant ce temps, les autres enfants, ceux
dont ils ont tué les pères, auront de plus en plus faim en raison du
blocus, et sans que les Etats qui veulent sauver leurs ressortissants
djihadistes, pensent à réparer le tort fait par ces derniers.

C’est une question qu’on ne peut pas comprendre en Occident, où il n’y a
pas eu d’enfants djihadistes tuant, avec conviction, des pères de
famille pauvres dont les enfants ont ensuite crevé de faim parce qu’ils
étaient devenus orphelins. C’est le cas de la plupart des victimes de
ces enfants.

Une personne a traité mes propos de vision “de
l’angle du ressentiment, voire de la vengeance dans ce qu’elle a
d’aveugle, de non raisonné, de barbare… Comment pouvez-vous oser, en
France, poser le problème d’un criminel, meurtrier ou assassin, mineur,
en fonction de la situation de ses victimes ou des enfants de ses
victimes?”

J’ai répondu que “si je devais avoir du ressentiment,
j’en aurais envers les Palestiniens et les Syriens, car ils ont détruit
mon pays et tué mes amis, ils ont ruiné ma vie, ils m’ont volé ma
jeunesse. Il n’y a pas, au monde, un peuple qui pour moi représente le
malheur de mon pays d’origine, autant que les Palestiniens et les
Syriens, et pourtant je défends des victimes palestiniennes ou
syriennes. Si je devais prendre les choses du point de vue du
ressentiment, je dirais: ‘Bien fait pour eux, voyez ce que leurs pères
ont fait aux enfants du Liban’. Mais je le fais sous l’angle purement
humain, en considérant des enfants palestiniens ou syriens comme égalant
des enfants français, et non comme leur étant inférieurs.
“Est-il
acceptable que des enfants meurent de faim parce que leur père a été tué
par un enfant occidental, et que ce dernier, lui, vive bien mieux
qu’eux? Ma question étant: un enfant est-il supérieur à l’autre selon sa
nationalité?
“Et si on pourvoit l’enfant tueur des mollesses de la
vie occidentale, est-il juste qu’on laisse ses victimes avoir faim? Si
vous appelez cela ressentiment, libre à vous. Moi, j’appelle cela
humanité.

Elle répond (sans avoir lu) que je verrais éventuellement bien les enfants des djihadistes, Français par filiation, exécutés.

Je réponds qu’elle me faisait “dire ce que je n’ai pas dit. Relisez mon
texte. Je parle de l’injustice de traitement entre enfants, je ne parle
pas d’exécuter les enfants tueurs. Je commence seulement le post en
parlant de l’enfant du sud-est asiatique qui est sur la photo et qui
serait tué s’il était rendu à son pays d’origine, le sud-est asiatique,
où on a moins de scrupules en la matière.”

Sa réponse: “… Il
faudrait peut-être construire des taudis plein de rats pour les mineurs
criminels auxquels on ne servira qu’un crouton de pain nageant dans
l’eau chaude… pour plus de justice ?”

Moi: “Personne, en
Occident, ne parle des enfants victimes, personne ne propose de leur
donner au moins le même niveau qu’aux enfants assassins; au contraire,
on inflige à leur camp des sanctions qui les affament. Si déjà un seul
politicien français disait: “Nous voulons rapatrier les enfants tueurs
en considérant qu’ils ont eu le cerveau lavé, et que la République, en
les adoptant, décide aussi de réparer leurs torts en donnant aux enfants
de leurs victimes au moins une vie décente,” au moins, alors, les
enfants seraient égaux. Mais ce n’est même pas le cas: les sanctions
continuent de plus belle, et madame, il y a des enfants syriens qui en
meurent chaque jour, et ce sont souvent des orphelins. Je n’ai jamais
parlé de tuer personne. Si quelqu’un venait me tuer, je ne le tuerais
pas pour sauver ma vie, alors vous voulez que dans ce post je parle de
tuer? Déduisez ce que vous voulez, j’ai écrit ce que j’ai écrit en
pensant aux victimes, et les premières des victimes ne sont pas les
tueurs (même si ceux-ci à mon avis sont des victimes aussi”

Elle:
“A l’évidence nous n’avons pas la même conception du droit français, ni
le même respect pour les lois républicaines de la France… que je
sépare totalement de la politique menée par la France.”

Mais à ma
connaissance, le droit français dit qu’en cas de meurtre, il doit y
avoir réparations envers la victime. Des ressortissants français ont tué
à l’étranger. Un crime est jugé dans le pays où il est commis, et des
réparations sont imposées au bénéfice des victimes. Est-ce que les
tribunaux français vont imposer des répérations aux victimes? A ma
connaissance, il n’en a jamais été question. La vérité est que c’est au
nom de la loi du plus fort que se fait le débat, et non au nom de la loi
tout court.

Je rappelle que Daech a été engendré par les
sanctions économiques inhumaines imposées à l’Irak. Or aujourd’hui, les
mêmes sanctions sont imposées à la Syrie. C’est ce que j’avais écrit
dans ce post qui semble avoir été si mal lu. En commentaire, j’ai
également écrit:

“Il faudrait apprendre les leçons du passé pour
ne pas créer des situations similaires. Or la politique qui a créé ces
tragédies se poursuit, tant en Orient, où on aide objectivement les
djihadistes, qu’en Occident, où on fournit une propagande
déshumanisante, misogyne, raciste, qui est interdite par la loi
française, sans que personne ne daigne appliquer la loi.”

Et dans un autre commentaire:

“Ces enfants ont subi un lavage de cerveaux. On sait ce que c’est pour avoir entendu parler des lavages de cerveaux des sectes: Moon, scientologie, etc. Les vicitmes de ce lavage de cerveaux ont pu être réhabilitées, mais parfois au prix d’un traitement très dur. Je ne rends pas ces enfants responsables. J’exige seulement qu’ils ne soient pas mieux traités que les enfants de leurs victimes. Ici je parle des enfants tueurs. Les enfants qui n’ont pas tué n’ont pas un problème psychologique aussi grave. Si on veut les réhabiliter, on doit aussi penser aux victimes.”

Lina Murr Nehmé, 20 mars 2019

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Pierre Liscia et Rachid Nekkaz

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Pierre Liscia, élu LR du XVIIIème arrondissement de Paris, qui se
plaint notamment de la situation à la Chapelle (trafic et consommation
de crack, insécurité), est copieusement insulté pour avoir dit à Rachid
Nekkaz qu’il était un “islamiste bon teint”. Depuis 2 jours, il est la
cible de réseaux “organisés” qui lui en veulent d’avoir dit ce qui
semble bel et bien correspondre à la réalité.

Rachid Nekkaz a renoncé, paraît-il, à la nationalité française, après avoir fait fortune
dans l’immobilier. Il affiche son soutien à Tariq Ramadan, s’est fait
connaître en payant les amendes des femmes en niqab sur le territoire
français, ce qui est une manière d’insulter la loi française et de se
rendre sympathique aux islamistes. Tout cela, faute de réussir
électoralement en France.

Fin novembre 2015, deux semaines après les attentats du Bataclan, il
avait instrumentalisé la fermeture de la mosquée de Gennevilliers,
cherchant à communiquer contre l’état d’urgence – “Hollande va-t-il
fermer les 2500 mosquées de France au nom de l’état d’urgence?” (sic).
Tant de mauvaise foi en si peu de mots, est-ce possible ? On ne
construit rien de bon en lâchant des phrases mensongères et en flattant
les bas instincts. Mais on sème une discorde sur laquelle les réseaux
islamistes savent tabler depuis longtemps, sous prétexte de ressentiment
social.

La violence et la quantité d’insultes reçues par Pierre Liscia est révélatrice et inquiétante: les “nik ta mere”, les photos de Hitler sur fond de tour Eiffel, les insultes en tout genre montrent hélas qu’une certaine jeunesse, qui se dit algérienne et patriote, n’arrive pas à trouver de modèles politiques et moraux autres que ceux qui étalent leur goût de l’argent et de la notoriété facile. Qu’a fait Rachid Nekkaz de valable pour ses compatriotes algériens ? Il ne leur reste que des arguments revanchards, le mépris de la loi et l’insulte. Comme dit Kamel Daoud, il serait bien triste de passer d’un cadavre à un clown.

Lina Murr Nehmé, 14 mars 2019

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A ceux qui nous font pleurer sur les malheurs des djihadistes

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A ceux qui nous font pleurer sur les malheurs des djihadistes en Syrie et non sur le sort de leurs victimes.

Journalistes, revoyez vos anciens reportages, ceux où vous aviez
glorifié ces djihadistes, où vous avez refusé de reconnaître que Daech
était un Etat combattant un autre Etat, la Syrie. Vous l’avez toujours
appelé “Organisation Etat islamique”. Ce faisant, vous avez encouragé le
djihadisme en Occident, en présentant les guerres d’invasion des
djihadistes comme des “guerres civiles”.

Et vous, politiciens, vous avez aidé Daech, non seulement en donnant
des mots d’ordres aux médias, mais aussi, militairement, en entraînant
Daech, puis Nosra et d’autres organisations djihadistes pour les
fortifier contre leurs victimes, ces minorités que vous prétendez
défendre lorsque cela vous donne un prestige moral.

Et qui
étaient leurs victimes? Qui soutenait et soutient Bachar el-Assad? Ne
sont-ce pas les minorités, toutes les minorités? En présentant les
guerres de Daech comme des guerres menées par des opprimés contre des
oppresseurs, des guerres civiles, vous avez aidé l’Etat islamique à
perpétrer son génocide des minorités. Vous avez ainsi présenté les
minorités (qui, toutes, défendaient le régime syrien ou se battent dans
le même camp), comme des fascistes, ce qui a préparé leur massacre. Cela
a commencé par les chiites irakiens, dont on n’a pas parlé, comme s’ils
n’existaient pas. Vous avez également tu le sort des sunnites irakiens
ou syriens qui résistaient. Et cela a continué avec le massacre des
mêmes dans les régions syriennes occupées par Daech.

Alors, le
monde occidental, qui avait ignoré le génocide des communautés
musulmanes non islamistes, s’est ému avec le génocide des yézidis. Des
yézidis et non des Kurdes, car des villages kurdes chrétiens ont été
tout aussi victimes que les yézidis, pour avoir résisté par les armes et
refusé de se convertir à l’islam. On n’en a pas parlé. Il a fallu que
Daech publie lui-même le cours des esclaves vendues sur les marchés
(voir le fac-similé et la traduction dans mon livre L’islamisme et les Femmes), pour que le public réalise que ces esclaves pouvaient être aussi bien chrétiennes que yézidies.

Et de nouveau, on nous fait pleurer sur les agresseurs et sur leur camp
; de nouveau, on nous les présente comme des combattants de la liberté.
Quand cette désinformation cessera-t-elle? Je le sais: comme pour le
Liban, une fois que le pays sera soumis à un sunnite choisi par l’Arabie
Saoudite, lorsque la constitution aura été modifiée par volonté
internationale, pour donner tous les pouvoirs présidentiels aux
sunnites.

Il se trouve qu’en Syrie, les sunnites sont la
majorité. Mais au Liban, quand la communauté internationale a imposé une
constitution, les sunnites étaient minoritaires.

En histoire, il faut toujours comparer des situations semblables pour y voir clair malgré la désinformation.

Lina Murr Nehmé, 14 mars 2019

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De la discrimination

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De la discrimination

Comment en finir avec la discrimination
médiatique et politique face aux attentats? Faudrait en arriver jusqu’à
interdire à la presse de dire l’identité des victimes et le lieu où
elles sont mortes? Dans ce cas utopique, il y aurait la justice, même au
niveau de la mort, et un civil égalerait un autre civil,
indépendamment de leur religion ou de leur nationalité.

Rappelez-vous l’affaire la plus médiatisée de 2017 en France: l’affaire
du jeune Théo, qui accusait la poilice de l’avoir violé. A-t-on demandé
la publication de la vidéo prise par la caméra de surveillance, avant de
ruer sur tout ce qui était Blanc et de tenter de tuer des policiers? A
l’occasion, des policiers avaient été incendiés, et l’un d’eux a presque
entièrement flambé durant un temps suffisant pour causer dans son corps
des dégâts irréversibles. Quelqu’un a-t-il parlé de cette tragédie
vraie? Non: un syndicat a parlé de “poulet grillé”. Quelqu’un
cherche-t-il à savoir ce qu’est devenu ce policier si gravement brûlé?
Pas à ma connaissance: les médias n’en parlent plus.

Et pendant
qu’on croyait aveuglément le mensonge de Théo sans demander à voir la
vidéo pour savoir si c’était la vérité ou une calomnie, on ignorait le
massacre de Sarah Halimi en refusant de prendre en compte les éléments
prouvant qu’elle avait été tuée parce qu’elle était juive. Ce qui m’a
obligée à faire ma propre enquête, et à consacrer 40 pages dans L’islamisme et les Femmes,
à prouver que l’assassinat était religieux et que sans la religion et
le sexe de Sarah Halimi, il n’aurait pas eu lieu, en tout cas pas de cas
pas de cette façon féroce.

Dans le même livre, j’ai montré un
autre exemple terrible de cette discrimination: comment des tags sur une
mosquée avaient mis la France sens dessus-dessous, alors que depuis un
mois, le curé de l’église voisine, et son église, subissaient des jets
de pierre quotidiens, le cruré recevant même des parpaings: cela
s’appelle de la lapidation.

Qu’est-ce qui est plus important?
Une personne humaine ou un mur? (Sans compter qu’en plus, l’église avait
été lapidée et endommagée, et qu’un lieu de culte est infiniment plus
important qu’un simple mur d’enceinte extérieure.)

La même
semaine que les tags, le massacre d’un Français d’origine africaine —
mais chrétien — a également fait moins de bruit que les tags sur le mur.
À cause de l’identité de ses assassins.

La révolte que j’éprouve
face au manque de sympathie que subissent les victimes qui n’ont pas la
bonne couleur, ou la bonne religion, ou la bonne nationalité, je
l’éprouve depuis près de 45 ans. Je croyais, à cette époque, que les
chrétiens du Liban (ou les musulmans quand ils étaient dans le même camp
qu’eux), seuls, étaient victimes. Mais je m’aperçois que la guerre
faite aux Libanais a essaimé dans le monde entier, même si, nulle part,
le traitement des victimes n’a été aussi flagrant que dans la guerre du
Liban. Je pourrais ainsi donner des centaines d’exemples de massacres,
tuant parfois 2000 civils (Damour), et tus par les médias occidentaux
parce que les victimes étaient chrétiennes et les assassins
palestiniens. J’en ai donné beaucoup d’exemples dans mes deux trois
livres sur ce sujet: “Le Liban assassiné”, “Du règne de la Pègre au
Réveil du Lion”, et “Les otages libanais dans les prisons syriennes”.

Un des seigneurs de la guerre du Liban, habitué à infliger ces discriminations aux chrétiens, vient de déclarer que l’assassin de Nouvelle-Zélande était un si grand criminel qu'”il n’y a pas eu dans l’histoire un criminel qui puisse représenter [ressembler à] ce criminel”.

Il a ainsi allègrement passé outre aux massacres de Daech et de ses alliés (Boko Haram, Shabab, etc.), de Nosra, de l’OLP, du Hamas, pour ne pas parler des assassinats commis par le sultan ottoman Mahomet II, à qui on attribue un million de victimes entre morts et prises d’esclaves. Et j’en passe.

Discrimination, quand tu nous tiens !

Lina Murr Nehmé, 17 mars 2019

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Plus on tue, mieux on est traité

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Cet enfant vient de tuer. Si lui ou un des siens était expatrié, il
serait probablement sous la juridiction d’un pays du sud-est asiatique,
qui n’aurait aucun scrupule à l’éliminer.

Mais il y a des
enfants ressortissants français, anglais ou belges (ou autres) qui ont
tué. Ils ont été entraînés à tuer. L’État islamique a diffusé des vidéos
terribles montrant le lavage de cerveaux dont ont été victimes ces
enfants. Rappelez-vous les enfants d’Hitler, qui voulait créer la race
supérieure en faisant élever à sa manière les enfants blonds aux yeux
bleus. Cela a, paraît-il, donné des monstres.

On se dispute en
France au sujet des enfants des djihadistes. Evidemment, quand on dit le
mot “enfant”, on pense à l’innocence et non au meurtre ou à la guerre.

Pourtant, qui a oublié la vidéo dans laquelle le neveu de Sabri Essid,
demi-frère de Mohamed Merah, tuait un Palestinien musulman agenouillé?
Seule compte l’opinion du téléspectateur occidental que les journalistes
font larmoyer à longueur de reportages? L’opinion de la famille de ce
Palestinien assassiné n’a aucune valeur concernant son fils qu’un enfant
franco-tunisien a tué? Même si c’est dans un centre de détention, cet
enfant tueur, s’il était encore en vie, coulerait, aux frais du
contribuable français, une vie bien plus douce que celle des enfants ou
des frères de sa victime, et qui sont des pauvres.

Et qui a
oublié la vjdéo des enfants assassins dans le théâtre de Palmyre? Il y
avait certainement des Occidentaux parmi eux. On a mis à leurs pieds, à
genoux dans un théâtre, une file de soldats syriens aux visages
ensanglantés, qui avaient été tellement torturés durant les jours et les
nuits préalables, que certains d’entre eux ne parvenaient pas à rester
debout ou à genoux.

Si l’un de ces enfants ou adolescents est un
ressortissant français, aura-t-il droit d’aller se couler la vie douce
en France dans une cellule de luxe avec nourriture à satiété, sachant
qu’en Syrie, les enfants des hommes qu’il a assassinés, meurent
littéralement de faim? Car, quand on vous fait larmoyer sur le sort des
djihadistes, on ne vous dit pas que les familles syriennes sont
nombreuses et pauvres, qu’une femme dont le mari est mort, n’a pas
nécessairement de quoi nourrir ses enfants. L’assassinat du père
signifie la faim pour sa femme et ses enfants. Les victimes des enfants
de Daech n’étaient pas des richards. C’étaient des pères de famille de
la classe plutôt pauvre. Leur disparition a laissé des orphelins sans
ressources qui, aujourd’hui, meurent parfois littéralement de faim parce
que les sanctions occidentales ont rendu exorbitant le prix des denrées
alimentaires.

Est-il juste que ces enfants meurent de faim, et
que les enfants djihadistes occidentaux qui ont égorgé leurs pères,
parfois devant caméra, se coulent la vie douce dans des prisons de luxe,
loin du blocus imposé par l’Occident à la Syrie? Est-il possible aux
assassins et à leurs enfants de gagner sur tous les plans, tuer en
France, tuer en Syrie, puis, une fois perdants, rentrer en France,
laissant les enfants de ceux qu’ils ont tué et dont ils ont ruiné le
pays, perdre sur tous les plans?

Non, non, ce monde est trop injuste. Il y a quelque part, quelque chose que je n’arrive pas à comprendre. On m’avait dit qu’un homme égale un homme, qu’un enfant égale un enfant. Mais je m’aperçois que plus on tue, mieux on est traité, et plus on est gagnant.

Lina Murr Nehmé, 20 mars 2019

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