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Le Liban, pays de la vie

En cette fête de l’indépendance, je regarde la photo d’une fille qui était belle avant de se mutiler en faisant exploser son corps pour tuer des civils ennemis. Je songe à ce qui reste des corps de jeunes gens qui se sont décapités eux-mêmes dans un but similaire, et j’ai le cœur serré.

Je regrette qu’ils n’aient pas compris la vérité.

J’ai toujours pensé que la divinité qui aurait créé l’homme, ne pouvait pas ordonner la haine et le meurtre, puisque cela détruisait son œuvre. C’est pour cela, me disais-je, que le Dieu de la Bible a dit : « Tu ne tueras pas. »

Le meurtre est un crime, il n’est pas un martyre.

En voyant tous ces peuples se venger de façon plus ou moins terrible, je pense que personne n’a souffert autant que nous autres, Libanais, et souffert, surtout, parce que notre souffrance n’était pas prise en compte, et pas même racontée. On a fait de nous des bourreaux de nos bourreaux. Il n’y a pas plus horrible que de passer pour un bourreau quand on est une victime.

Malgré tout cela, nous n’avons jamais utilisé le terrorisme contre qui que ce soit. Malgré tous les malheurs qui ont frappé le Liban au cours des âges, il n’est jamais devenu violent. Il n’a jamais agressé personne. Au contraire, il a toujours eu pitié de ses ennemis, venant à leur secours quand ils souffrent.

L’armée libanaise préfère même risquer la vie de ses membres plutôt que de tuer des civils ennemis. Elle ne se contente pas de leur donner des avertissements avant les bombardements : elle assure le transport de chacun d’eux, et ne commence la bataille que lorsqu’ils ont tous été évacués.

Et ce travail humanitaire lui coûte du sang. À Nahr al-Bared, par exemple, elle a mis une semaine à évacuer les civils ennemis. Beaucoup de soldats ont été blessés et deux d’entre eux tués en sauvant les civils de l’ennemi qui venait d’égorger et d’éborgner 20 de leurs compagnons dans leur sommeil.

Vive l’armée libanaise,

Vive le Liban.

Vive les valeurs du Liban, de son armée et de son peuple.

Avec l’espérance de la résurrection du pays dont la noblesse, la magnanimité et la moralité ne meurent jamais. Et surtout, Liban, ne change pas de symbole, ne change pas de drapeau, et ne change pas d’hymne national.

Lina Murr Nehmé

22 novembre 2023

Silence, on viole

Les Blancs au Soudan sont les descendants des Arabes venus d’Arabie, qui prenaient les Noirs en esclavage au VIIe siècle et ont donné leur nom de Soudan (Soud) au pays. Les voyageurs du XIXe siècle font des descriptions terribles du traitement que faisaient ces marchands d’esclaves, et les gravures d’époque ne font que les confirmer.

La lecture de ces textes produit une impression si dure qu’elle ne vous quitte pas de toute votre vie si, comme moi, vous avez passé des mois ou des années à les étudier, à les confronter avec d’autres textes anciens, et à les traduire.

A condition, bien sûr, de ne pas être un crocodile. Moi, en tout cas, ce travail ne m’a pas laissée indemne, et je ne comprends pas, mais vraiment pas, comment il est possible aux historiens de lire, d’étudier ces horreurs, sans en être écorchés pour la vie.

Car les historiens mainstream connaissent ces textes. Certains d’entre eux les citent. Froidement. Puis ils passent outre. Ils racontent ainsi que le fameux “baqt” (pactum?) imposé par les Arabes consistait, pour les Nubiens, à payer “en nature”, avec leurs enfants, la jizya qui leur donnait droit à continuer à pratiquer leur religion sans mourir, et qu’ils n’étaient pas assez riches pour payer avec de l’or.

Mais les Soudanais, les Nubiens et les Nord-Africains n’étaient ni les seuls, ni les premiers à subir ce genre de racket. Bien d’autres l’ont subi de la main des premiers djihadistes dont les djihadistes d’aujourd’hui se font la fierté d’imiter. Dès les premières années de l’islam. Les pays aujourd’hui appelés Azerbaidjan, Arménie, Daguestan, Afghanistan, Géorgie, Pakistan, Inde, etc., avaient résisté à l’islam, et s’étaient accrochés à leurs religions respectives. Mais ce genre de racket, plus des massacres de temps en temps, et tout finit par changer. Les ravisseurs djihadistes poussaient la cruauté jusqu’à exiger, par exemple, que les enfants livrés par ces nations aient “les sourcils noirs et les yeux noirs”, qu’ils soient beaux, et bien sûr, bien formés. Ce qui poussait certaines mères pour épargner le viol à leurs filles ou la honte à leurs fils, à les mutiler.

Le sous-continent indien (aujourd’hui l’Inde, le Pakistan, le Sri Lanka, le Bengladesh), a été particulièrement ensanglanté par ces méthodes. Il arrivait, si l’on en croit les chroniqueurs, que deux cents mille Indiens soient massacrés par les djihadistes pour avoir refusé de changer de religion. Après les batailles, ils prenaient les femmes et les enfants, leur arrachaient les vêtements et les envoyaient, nus jusqu’à la ceinture et sous les cuisses, marcher dans la neige des montagnes séparant le Pakistan et l’Afghanistan. Ils y mouraient de froid, en si grand nombre que ces montagnes furent appelées Hindou Kouch (mort des Hindous). Soit dit en passant, c’est là la raison pour laquelle ils ne tuaient pas les femmes et les enfants à la guerre: parce qu’ils étaient pour les djihadistes une marchandise qui rapportait.

Cette tragédie poursuit au #Soudan, et parfois en Afrique du Nord (#Libye, etc.) sous nos yeux, quand de pauvres Africains rêvant d’argent facile à Paris se retrouvent sous le fouet des esclavagistes en Libye ou en Algérie. N’oublions pas la Tchétchénie et le Levant sous Daesh, qu’une femme politicienne ose proposer d’acheter pour permettre au mari de coucher avec d’autres femmes sans être adultère selon la charia (Voir les textes que j’ai traduits sur l’esclavage d’après cette femme et la charia dans “L’Islamisme et les Femmes”.)

Oui, tuer, violer, vendre le Noir, le Jaune, le Brun ou le Blanc fait partie du #djihad, et se pratique aujourd’hui encore. Mais presque personne ne daigne en parler. Car si Daesh a repris ce racket humain au Levant pour un temps, on voit d’innombrables d’organisations djihadistes enlever des Noirs pour la vente. Les pays du Golfe ont toujours été de gros acheteurs, mais chut ! il ne faut, paraît-il, pas le dire.

Oui, tout se fait dans le silence pour ne pas gêner les acheteurs de contrats d’armes et les vendeurs de pétrole, d’or, de diamants et autres matières premières indispensables à fabriquer les batteries, les téléphones et les ordinateurs portables, et j’en passe.

De temps en temps, il y a un reportage; mais combien le voient? Combien s’en souviennent ? Qui agit? Pas les chefs d’Etat qui veulent être réélus, car le pétrole et les matières premières sont de l’autre côté de la balance.

Honte à l’humanité.

Écrit à Beyrouth par Lina Murr Nehmé, le 7 novembre 2023

Il paraît que l’offensive terrestre approche à Gaza…

Il paraît que l’offensive terrestre approche à Gaza, et j’avoue que je suis terrifiée pour tout ce qui peut arriver, non au Liban – qui en a vu d’autres – mais aux deux belligérants qui, tous deux, l’ont combattu et ruiné.

Les Israéliens, en effet, ne réalisent pas que leur situation est bien plus compliquée que lors de la précédente guerre de Kippour (1973). Ils étaient alors plus motivés, ils étaient plus unis, ils croyaient en eux-mêmes, et les Américains étaient une grande puissance capable de les aider avec un pont aérien. Elle avait l’argent et les armes. Ce n’est plus le cas.

Malgré cette aide, les Israéliens n’ont alors gagné que de justesse. Or cette seconde guerre de Kippour se passe sur leur territoire; et les Palestiniens sont tellement plus forts parce que djihadistes et épaulés par l’Iran et les milices qu’il a entraînées au Liban, en Irak et au Yémen; et les Américains sont au bord de la crise financière (qui, quand elle éclatera, sera mille fois pire que celle du Liban); et ils ont vidé leur arsenal en faveur de l’Ukraine et n’en ont plus guère; et les Israéliens sont au bord de la guerre civile.

Ils ont réussi le prodige d’unir les sunnites et les chiites contre eux. Songez que l’Iran et le Hezbollah défendent le Hamas qui soumet les Palestiniens à une dictature impitoyable et s’approprie les dons qui devraient leur revenir. Et qui, il y a quelques années seulement, trahissait le régime syrien et le Hezbollah et prenait le parti de Daesh contre eux !

Et une fois que le Hamas aura gagné grâce au Hezbollah, croyez-vous qu’il ne se retournera pas contre ce dernier et contre les alaouites syriens, et ultimement, contre l’Iran?

Bien sûr qu’il le fera. L’ouléma médiéval Ibn Taymiyya est le mentor des Frères Musulmans dont le Hamas est la principale branche palestinienne. Or Ibn Taymiyya a décrété le génocide des chiites et des alaouites, bien plus que des juifs.

Ce quelque chose qui fait notre humanité…

Il y a deux commandements de Moïse qui sont peu connus chez les chrétiens, et même chez les juifs. Les voici: “Aime ton prochain comme toi-même”, et “Aime l’étranger comme toi-même”.

Et c’est dommage, car ils sont la clé du bonheur. En effet, on est heureux quand l’autre nous traite aussi bien que lui-même. Et il est heureux si nous le traitons de même.

Je ne pense pas que cette loi universelle puisse avoir moins de valeur à l’échelle des nations, qu’à l’échelle individuelle.

Même durant la guerre.

Il est inévitable qu’une armée se défende quand elle a été attaquée. En 2007, l’armée libanaise a eu face à elle des terroristes islamistes palestiniens du genre du Hamas et des Brigades al-Qassam: le Fatah el-Islam, issu du Fatah el-Intifada, lui-même issu du Fatah d’Arafat.

Et la bataille a eu lieu à cause de l’égorgement, dans leur sommeil, de 20 soldats de l’armée libanaise.

Certes, l’armée libanaise a, dans cette bataille, utilisé ce qu’elle possédait en matière d’artillerie. Elle a frappé dur, et fort. Mais auparavant, elle avait mis une semaine à évacuer les civils de l’ennemi qui n’avaient pas pu – ou voulu – sortir. Toute la journée, durant une semaine, les camions de l’armée libanaise ont fait la navette pour évacuer les civils. Jusqu’aux femmes de Chaker el-Absi, chef du Fatah el-Islam, portées en piaillant par les soldats libanais qui refusaient de commencer la bataille tant qu’ils ne les avaient pas mises à l’abri.

L'armée libanaise évacuant les civilks du camp palestinien de Nahr el-Bared avant la bataille avec le Fatah el-Islam

Cette évacuation des civils de l’ennemi a coûté à l’armée libanaise deux martyrs et plusieurs blessés, ces opérations l’ayant mise durant une semaine en position de vulnérabilité, les islamistes tirant sur elle comme sur les civils palestiniens.

C’est parce qu’elle s’est faite après l’évacuation des civils que la bataille de Nahr el-Bared a été une victoire libanaise non seulement sur le plan militaire, comme sur le plan éthique et moral.

L’armée qui n’épargne pas les civils de l’ennemi est tôt ou tard condamnée par ses propres compatriotes et par sa conscience. Et une fois que le moral est perdu, la guerre est perdue, même quand elle a été gagnée sur le terrain.

On ne peut pas défendre le carnage. On ne peut pas le justifier au nom de ses propres intérêts, car en écrasant l’ennemi, en lui tuant beaucoup de civils qu’on aurait pu épargner parce qu’on veut avoir le moins de pertes possible, on en arrive à se haïr soi-même.

Ceci, quand on est humain. Et il y a toujours, dans un recoin de nos cœurs les plus endurcis, quelque part, quelque chose qui nous pousse à haïr le meurtre.

Lina Murr Nehmé

On ne sert pas la France en insultant le Liban

Le Hamas a appelé à une solidarité internationale et à un djihad le 13 octobre 2013. Le 13 donc, à Arras (nord-ouest de la France), un islamiste ingouche est entré dans son ancien lycée, et il a poignardé un professeur d’histoire, Dominique Bernard, et égorgé un professeur de sport, David Verhaeghe.

Le professeur Bernard est mort en tentant de protéger des lycéens. Le professeur Verhaeghe a été égorgé en tentant aussi de protéger des lycéens, mais il a heureusement survécu.

Suite à ces attentats, et à plusieurs alertes à la bombe qui ont abouti à l’évacuation du Louvre et de Versailles, un internaute a commis le commentaire ci-dessus concernant le Liban.

Je lui ai fait la réponse suivante:

“Monsieur, on ne sert pas la France en insultant le Liban. Et renseignez-vous avant de parler.

1-Il n’y a pas de tels attentats au Liban. Il y en avait sous l’occupation des Syriens et des Palestiniens, parce que ce sont eux qui les commettaient. Eux et ceux qu’ils payaient. Vous n’étiez pas renseignés, c’est vrai. Car depuis Giscard, la politique de la France au Levant est islamiste par crainte d’un nouveau choc pétrolier, et parce que lui et ses successeurs ont fait de la France un pays marchand d’armes. Et comme les Arabes ne donnent rien pour rien, ils achètent ces contrats avec des clauses sous la table, qui impliquent le soutien à leur politique au Moyen-Orient. En d’autres termes, le silence quand ceux qu’ils financent tuent. D’où la fable que la guerre au Liban était civile et religieuse.

En 1989, au nom de cette même politique arabe, la France a accepté de livrer le Liban à la Syrie en reconnaissant une constitution faite en Arabie Saoudite et achetée avec l’argent saoudien, à des députés élus par la génération précédente en 1972. Cette constitution était refusée par la majorité absolue au Liban, toutes communautés confondues, entre autres, parce qu’elle légalise l’occupation syrienne du Liban. Et prive les chrétiens de leur droit à gouverner en tant que majorité. (Car ils sont encore majoritaires, puisque la Constitution ne prive pas les Libanais non résidents de leur nationalité.) Elle les prive en fait de leur droit de participer au gouvernement du pays.

En quoi tout ceci ressemble à la situation en France?

2-Le Liban n’a pas fait entrer les 2 millions de migrants syriens volontairement, et il ne les a pas encouragés à venir. Ainsi, il ne leur donne pas la nationalité libanaise, il ne la donne pas à leurs enfants, il ne leur donne pas de protection inaliénable s’ils sont entrés petits dans son territoire, et il ne les favorise pas par des allocations. Comme il n’y a pas de droit du sol au Liban, les migrants syriens partiront comme ils sont venus, dès que le flux de cet argent européen et américain cessera.

Mais vous, pouvez-vous dire la même chose de ceux auxquels vous avez donné la nationalité française?

3-Les gouvernements américains et européens violent la souveraineté libanaise en payant les migrants syriens au Liban avec des dollars, alors qu’ils ne les paient pas s’ils rentrent en Syrie. N’est-ce pas injuste envers les autres Syriens, de payer ceux qui les ont quittés pour les empêcher de revenir les aider ? Vous trouvez bon que ces migrants soient dans des camps alors qu’ils ont chez eux des maisons en dur, des champs et des amis? Vous ne pensez pas que leur pays a besoin d’eux pour se reconstruire? Vous ne pensez pas que leur armée a besoin d’eux pour pouvoir résister au terrorisme islamique qui est présent en Syrie et qui, en cas de succès, ne manquera pas de frapper la France?

Si vous connaissiez l’Histoire, vous n’attaqueriez pas le Liban. Car il est formé des restes résistants de tous les pays chrétiens de la région. Ces pays qui vous ont donné votre religion, car ils étaient chrétiens bien avant la France. C’est bien parce qu’il est composé de ces ilots de fidélité que le Liban est encore debout. Si cela ne se voit pas, c’est que sous les coups, le Liban est mort. Mais historiquement, il ressuscite toujours très vite, et les signes montrent que ce sera bientôt.

D’ailleurs, oubliez la démographie: au Liban, on est fier d’être chrétien, et les musulmans nous respectent. Dans ce climat, beaucoup de musulmans au Liban se convertissent. Dans la Békaa, un seul prêtre en a baptisé plusieurs centaines.

Est-ce qu’on est fier d’être chrétien en France? Est-ce qu’on y est respecté par la majorité des musulmans?

Lina Murr Nehmé

Ce que Facebook tolère en France

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Il est hypocrite — et dangereux — de dissocier l’ensemble de la personnalité de quelqu’un, de ses écrits. C’est ainsi, pourtant, que les modérateurs de Facebook reçoivent l’ordre de supprimer un post ou un article comme soutenant une organisation terroriste.

Si c’est vrai, leur devoir est de dénoncer le délinquant à la police. Car personne ne peut mettre un post prouvant qu’il soutient une organisation terroriste, s’il ne soutient pas lui-même une organisation terroriste. Les écrits, les publications sur les réseaux sociaux, ne sont en effet pas séparables du reste des publications. Ce n’est pas l’article ou la photo qui soutient Daesh, c’est la personne qui les a mis. Inversement, si la personne combat Daesh, on ne peut pas prétendre qu’elle soutient Daesh sous prétexte qu’elle a utilisé une capture d’écran d’un communiqué ou d’un poster de Daesh. C’est de la diffamation, et cela meyt sa vie en danger.

Facebook a recruté des dizaines de milliers de modérateurs qu’il paie très peu. Mais apparemment, il les prend pour des supermen capables de lire et de comprendre une analyse de la stratégie de Daesh qui fait plus d’une page, en une minute et demie, et d’y déceler “les contenus qui vont être viralisés et qui vont avoir un impact important dans la haine et la diffusion de cette haine”.

Ce serait très beau si c’était vrai. En réalité, ils fichent des gens terroristes, tout en laissant courir les vrais terroristes comme l’étudiant pakistanais Ali Hassan Rajput (pseudonyme “C’est la Rana” qui rua à coups de couteau son professeur en décembre 2018, en criant: “Allahou Akbar!” Mais visiblement, Ali Hassan Rajput bénéficiait des faveurs des modérateurs de Facebook, car voici ce qu’on pouvait voir sur sa page, après qu’une fuite ait permis de connaître son pseudonyme:

Ali Hassan Rajput avait, si je me souviens bien, un peu plus de deux cents amis Facebook. Parmi eux, il devait bien y avoir des Pakistanais vivant en France, et qu’il pouvait rencontrer à la mosquée ou au Pôle universitaire Léonard de Vinci à Nanterre, où il faisait des études de management. Il avait en tout cas des contacts islamistes palestiniens dont il partageait souvent les posts. Lui et ses contacts s’encourageaient mutuellement à la haine des juifs, postant des photos d’Hitler, niant le génocide des juifs, ou au contraire, appelant à le recommencer. En partageant le photomontage ci-dessus, il écrit: “Tuer les juifs comme Hitler. Ils ne peuvent pas vivre comme des êtres humains parce qu’ils sont des cafards”.

Dans un autre poster, il assimile Israël à un rat parmi les nations (ici). Allusion à ce qu’on lui a enseigné, à savoir que les rats auraient été autrefois des juifs:

Ali Hassan Rajput appelait aussi au génocide des chrétiens. Il vit une vidéo vantant les massacres commis par les califes, et intitulée “Pourquoi les musulmans ont menacé les Arabes pour qu’ils se convertissent à l’islam”. Il la partagea le 21 novembre 2018, avec le commentaire suivant : “Les musulmans ont le droit d’élever la voix de la Vérité, de Prêcher et même de Tuer les non-croyants qui sont contre l’ ‘ISLAM’ et courent après la ‘Religion Chrétienne’.” (Capture d’écran ci-dessous)

Elever la voix et tuer les adeptes de la religion chrétienne? C’est Asia Bibi, ou encore, Geert Wilders, le politicien néerlandais qui a lancé un concours de caricatures de Mahomet. En postant un photomontage horrible (ici), il appela à “pendre le maloon (maudit) Geert Wilders”, et promit, si cela n’arrivait pas, “beaucoup de meurtres d’humains” dans toute l’Europe. Car, écrit-il, Geert Wilders a “provoqué les émotions des musulmans en ‘célébrant’ le concours de caricatures de notre Saint Prophète Hazrat [le seigneur] Mahomet, ce qui amènera beaucoup de meurtres d’humains dans toute l’Europe.
L’Italie, l’Espagne, la France, la Hollande, l’Amérique et Israël participent au crime, et se soutiennent mutuellement.”

Le concours de caricatures de Geert Wilders n’eut finalement pas lieu, car le député l’annula. En revanche, Rajput affirme que son ex-professeur d’anglais, John Dowling, avait fait une caricature de Mahomet et l’avait montrée en classe. Dans son Pakistan natal, chacun de ces deux crimes mérite la mort.

Il décida d’appliquer la loi pakistanaise en France, en exécutant lui-même son professeur, appliquant une partie de la menace qu’il avait écrite dans le post de Geert Wilders.

Le mercredi 5 décembre 2018, il acheta un couteau de cuisine dans un supermarché et alla attendre John Dowling au campus de l’université vers midi. Quand celui-ci sortit, il demanda à lui parler en privé. Ils échangèrent quelques mots, et soudain, Rajput se jeta sur le professeur et le larda de plus de vingt coups en criant: “Allahou Akbar!“.

Dans cette scène de furie, Ali Hassan Rajput dut perdre tout contact avec la réalité. Il fut maîtrisé et désarmé par des étudiants, dont le premier ne se souvient pas de ce qu’il a fait sur le moment, tant l’émotion était forte.

Mais il était trop tard: le professeur était mort. Ali Hassan Rajput se laissa menotter. Sa furie était partie: il était calme ne disait plus rien. Il pensait probablement qu’il aurait la même gloire que les tueurs des journalistes de Charlie Hebdo dans les milieux islamistes. La même gloire, surtout, que Mumtaz Qadri qui, au Pakistan, avait tué le gouverneur du Pendjab parce qu’il avait dit que la loi anti-blasphème était une “loi noire”. Ce crime avait fait de Qadri l’homme le plus admiré du pays, surtout depuis sa mort. Pour le libérer, Khadim Rizvi, que Rajput soutenait, avait mis le pays à feu et à sang.

Encore eût-il fallu que l’État français reconnaisse que le meurtre du Pôle Léonard de Vinci était identique à celui de Charlie-Hebdo, du moins sur le plan du mobile. Alors, oui, Khadim Rizvi aurait pu faire d’Ali Hassan Rajput une victime de l’Etat français.

Mais la procureure Catherine Denis refusa de croire à cette histoire de caricature de Mahomet. Elle déclara à la presse qu’Ali Hassan Rajput n’avait pas d’antécédents de radicalisation, et qu’il était en fait dépité parce qu’il avait été renvoyé de l’université. En d’autres termes, il mentait.

Le portable d’Ali Hassan Rajput fut confisqué, et sa page Facebook épluchée par la police judiciaire. Il y eut des fuites. Un journaliste fit part des préoccupations des policiers face au contenu de cette page. Un article donna l’alerte et publia le pseudonyme FB du tueur et de très nombreuses captures d’écran, le 8 décembre 2018. Cela me permit de trouver l’adresse FB d’Ali Hassan Rajput et de commencer à éplucher sa page, comme firent d’ailleurs beaucoup d’autres internautes.

Le lendemain, les mêmes captures ou photos, et d’autres plus violentes, furent publiées sur ce site et sur Twitter.

Nous avons été des milliers à avoir consulté ces trois pages, et à être allés consulter la page Facebook du tueur — restée ouverte durant quelques jours. Ainsi avons-nous tous vérifié la véracité des captures d’écran qu’elles avaient publiées. Ceci, ajouté au fait que la police judiciaire possède ses propres captures d’écran prises pour les besoins de l’enquête.

En ce qui me concerne, je suis même allée plus loin que la moyenne des internautes français, puisque je peux me débrouiller un peu en ourdou: j’ai visionné les vidéos et exploré les pages des correspondants d’Ali Hassan Rajput, qui m’ont beaucoup appris en matière d’islamisme, tant palestinien que pakistanais. Malheureusement, le sujet, qui aurait dû causer un scandale national, a peu intéressé le monde politico-médiatique de l’époque, comme il en a été de l’assassinat de Sarah Halimi, un an plus tôt, et probablement pour les mêmes raisons. Contrairement au tueur de cette dernière, cependant, Ali Hassan Rajput prouvait sa radicalisation par ses publications.

Dans un poster où il montre la secte barelvie comme un géant terrassant un lion, il écrit: “Les anges peuvent prêcher et défier leur pays, vivant sur la Vérité, là où le but sacré devient le JIHAD, “combat pour la stabilité de la paix [le dar es-silm]”, combattant contre des Démons comme Israël, l’Amérique, la France et les hypocrites de La Mecque qui sont parmi nous.”

Dans un autre poster, un jeune homme, portant un tee-shirt de l’organisation djihadiste barelvie Pakistan Sunni Tehreek, a égorgé Asia Bibi dont la gorge et les yeux ruissèlent de sang (ici).

Si Facebook avait dénoncé cet homme, on aurait pu sauver la vie de son professeur. Il avait justement partagé, le 22 novembre 2018, un appel à “la destruction totale du règne de l’homme blanc”, avec la photo de Mumtaz Qadri en colère. Celui-ci avait trahi le gouverneur du Pendjab dont il avait la garde, et il l’avait tué parce que celui-ci avait défendu Asia Bibi et parlé de modifier la loi anti-blasphème :


Pour en revenir au poster de Geert Wilders (ici), on remarque qu’à part sa bouche et sa pommette déformée par le tournevis, rien de l’ossature, de la plantation des cheveux et de la forme du crâne, des oreilles — bref, tous ces détails auxquels se reconnaît un visage — n’ont été modifiés. Si les algorithmes de Facebook qui reconnaissent un morceau de visage dans un portrait de groupe de 20 personnes — ne se sont pas mis en branle, et n’ont pas signalé le visage de Geert Wilders ainsi transpercé à l’époque où pleuvaient les menaces de mort sur ce politicien néerlandais… c’est qu’ils ont dû être mis en sourdine concernant la page d’Ali Hassan Rajput et de ses amis… vu le nombre d’autres posts violents qu’elle contenait: photos d’Hitler humiliant les juifs présentés comme un démon (ici), mépris du génocide des juifs (ici), appels au massacres, appels au djihad, etc.

En même temps, mon article mettant en garde contre ce genre de documents a été interdit par Facebook, alors même que circulaient, sur le même réseau parisien, les posts d’Ali Hassan Rajput appelant au crime.

Je ne puis conclure qu’une chose: Ali Hassan Rajput plaisait aux modérateurs marocains de Facebook, et moi qui mets en garde contre Daesh, je leur déplaisais.

A supposer qu’Ali Hassan Rajput ait inventé cette histoire de caricature de Mahomet montrée en classe, le problème reste le même. Car ce qui est grave n’est pas que cette caricature ait, ou n’ait pas été faite et montrée par le professeur d’anglais (la loi française ne le lui interdit pas en France), mais le fait qu’en France, on ait pu invoquer une caricature pour justifier un meurtre, et que la justice ait nié au lieu de relever un tel argument.

Pourquoi le gouvernement français, qui a épluché le compte d’Ali Hassan Rajput, n’a-t-il pas fait son devoir et demandé des comptes à Facebook au nom de la victime, John Dowling? C’était son devoir de le faire. Dans ce cas, Zuckerberg aurait été obligé de faire le nettoyage parmi ses modérateurs, pour voir lequel était le criminel qui avait bloqué les algorithmes quand il s’agissait d’appels au meurtre comme ceux d’Ali Hassan Rajput, ou censurait les lanceurs d’alerte. Car nous sommes en face de djihadistes cachés dans le noir, les uns pour lancer ces appels avec assez d’habileté pour pouvoir être défendus… les autres pour les laisser passer et bloquer ceux des lanceurs d’alerte. Et si Facebook, pour une fois, punissait un de ses modérateurs daéchiens, les autres apprendraient la leçon, et nous aurions moins de censure stupide du genre “fermer une page en une minute et demi”, dont se vante le DG de Facebook France, Laurent Solly:

Ce n’est pas sa faute, c’est la faute de son patron qui a décidé de mettre entre la main d’ignares, les données personnelles des gens, et de leur donner le droit de laisser parler des criminels, tout en faisant taire des lanceurs d’alerte. C’est évident qu’on trouvera davantage de pro-Daesh au Maroc qu’en Suisse, et que si on décide de payer les modérateurs au minimum, on va obligatoirement sous-traiter la modération des réseaux sociaux français, dans les pays où Daesh a réussi à se faire de la popularité.

Combien de fois on a trouvé sur Facebook des posts criminels? J’en ai cité plus haut concernant Ali Hassan Rajput, mais il y en a d’innombrables encore aujourd’hui, et la haine qu’ils suscitent explique qu’un Petitjean, jeune homme altruiste, soit devenu l’assassin d’un autre altruiste, l’abbé Hamel, parce que ce dernier était chrétien.

Est-il possible de se taire encore et de faire mourir, par notre silence, des personnes plus vulnérables que nous à cause de leur religion, de leur isolement, de leur âge ou de leurs manières?

La France est un État puissant. Puisqu’on a découvert dans le Facebook d’Ali Hassan Rajput des posts appelant à la haine, et facilement décelables par les intelligences artificielles, elle a la possibilité et le devoir de causer un scandale d’échelle internationale, obligeant Facebook à payer des réparations assez élevées pour être dissuasives. Des réparations dont une partie irait à la famille de la victime, et le reste, au contre-terrorisme.

Mark Zuckerberg possède, d’après Forbes, 62,3 milliards de dollars, tout cela gagné par le biais des publicités qu’il impose à ses utilisateurs, sans compter la vente d’informations à Google et à d’autres. Facebook n’est pas gratuit: nous payons son utilisation en subissant ses publicités, ou parfois, en les payant. Nous avons donc droit à ce que le patron de Facebook soit un peu moins pingre avec le paiement des modérateurs… et avec leur choix. Or ce qui arrive, c’est qu’il est en train de s’enrichir de façon démesurée, si l’on tient compte des salaires qu’il paie aux modérateurs. Comment peut-on faire modérer des Français par des gens d’un autre pays, qui ont appris parfois à penser exactement le contraire de ce qu’ils pensent?

Est-ce que Zuckerberg lui-même gagne à posséder une quantité d’argent qu’il n’aura jamais le temps de dépenser dans sa vie? Non, bien sûr. Alors pourquoi est-il tellement pingre avec les petits modérateurs qu’il paie un ou deux euros l’heure et recrute dans des pays où c’est possible, pour contrôler les données privées des gens? Et comme il ne fait pas surveiller ces modérateurs, il s’en trouve parmi eux des djihadistes qui aident certaines pages Facebook à transmettre le crime en les autorisant à publier des horreurs… tout en censurant les lanceurs d’alerte qui les empêcheraient de tuer? Pire: ils les traitent de soutiens d’organisations terroristes pour pouvoir justifier leur blocage.

Si la France exigeait de telles réparations à Zuckerberg chaque fois que le Facebook d’un tueur révèle des appels à la haine qui n’ont pas été supprimés et dénoncés à la police française, il consacrerait à la modération une somme proportionelle à celle qu’il tire des publicités et des ventes d’informations, et Facebook serait, comme il dit, “un endroit sûr”.

C’est pour cela que je me bats. Car franchement, je suis tellement mieux sans Facebook. Mais le travail que j’y faisais, mes analyses quasi quotidiennes auraient pu sauver des vies. C’est pourquoi on les a supprimées. Dans les pays totalitaires où Facebook recrute ses modérateurs, la censure ne frappe pas les vauriens.

Lina Murr Nehmé, le 23 février 2020.
Modifié le 12 mars.

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Joyeux Noël à la Ligue Islamique Mondiale

Le chef de la Ligue Islamique Mondiale, Mohammed al-Issa, est pris d’une telle frénésie d’amour pour les chrétiens de France, qu’il est presque venu fêter Noël sur la tombe de l’abbé Jacques Hamel, victime de l’islamisme. Et le diocèse de Rennes s’en vante!

Al-Issa a même reçu avec un air contemplatif se voulant béat, la flamme venue de la grotte de la Nativité à Bethléhem. Mgr Lebrun la lui a passée, et il a eu un petit sourire indulgent, assis et tenant la lanterne du boit des doigts.

Mohammed al-Issa

Franchement, Mohammed al-Issa, vous n’aviez pas besoin d’en faire autant: Bethlehem est bien plus près quand on y va directement, sans passer par Rennes.

Vous pouvez vous moquer des gens simples, monsieur al-Issa. Pas de moi. J’ai lu votre thèse de doctorat. D’après vous, il est possible de différer le djihad si les mécréants sont en position de force. Mais le djihad contre eux doit être fait un jour ou l’autre.

Avez-vous dit cela à l’évêque de Rennes quand il vous a tendu la flamme venue de Bethlehem, et que vous l’avez transportée ensemble avec les honneurs? Lui avez-vous dit que vous veniez un peu en explorateur, avec l’idée de revenir un jour en conquérant? Vous avez dû le penser si vous étiez conséquent avec vous-même, puisque vous n’avez jamais renié votre livre sur les possibilités de retarder une obligation de la charia. Retarder la prière, retarder le djihad, ou retarder… l’exécution du musulman apostat.

Vous n’avez pas non plus renié vos assassinats commis contre des mécréants quand vous étiez ministre saoudien de la Justice. Si vous n’acceptiez pas ces crimes contre la liberté d’opinion, comme vous le claironnez presque quotidiennement, monsieur al-Issa, pourquoi n’avez-pas démissionné de votre poste pour vous désolidariser des crimes qu’on vous faisait commettre? Vous n’avez pas démissionné, vos mains sont pleines de sang. Les prélats, les rabbins, pourtant, et le président de la Fondation de France, M. Ghaleb Bencheikh, vous ont serré la main droite, celle avec laquelle vous avez signé tant d’arrêts de mort.

Vous cherchez à nous convaincre que votre visite sur la tombe de l’abbé Jacques Hamel, et celle que vous vous proposez de faire à Auchwitz, ne sont pas de la pure hypocrisie. Mais les paroles ne servent à rien. Il nous faut des actes. Vos actes, en tant que ministre de la Justice, ce sont plus de 500 morts et des centaines de personnes fouettées. Vos actes, en tant que chef de la Ligue Islamique Mondiale, c’est le financement du terrorisme … “à titre de djihad”.

Vous ne pouvez démentir ces actes, qu’avec des actes contraires. Puisque vous êtes si fort auprès des dirigeants de votre pays, que vous puissiez leur faire payer le voyage et le séjour de “1200 muftis et savants de la Oumma venus des 139 pays”, pour signer votre “Charte de La Mecque”, c’est que vous pouvez obtenir que la Ligue Islamique mondiale finance un peu moins de mosquées à l’étranger et un peu plus d’églises et de synagogues en Arabie Saoudite. Il faudrait le faire, rien que pour ne pas ridiculiser votre Charte de La Mecque: vous y appelez à “œuvrer à équilibrer la vie commune entre toutes les composantes religieuses, ethniques et culturelles de la planète ; appeler les dirigeants du monde, les organisations internationales à ne pas faire de différence en ce qui concerne l’aide politique, économique ou humanitaire, tout comme ce qui a trait au secours, à la protection ou au développement, et ce pour quelque raison que ce soit, la religion, l’ethnie ou autre” (art. 21).

Il serait urgent, monsieur al-Issa, de commencer par convaincre votre propre pays d’appliquer cette charte. Qu’il cesse de financer des organisations terroristes et consacre l’argent ainsi économisé à réparer tout le tort qu’il a fait dans d’innombrables pays, soit en y finançant le terrorisme, soit en y finançant la littérature qui fabrique les terroristes. Supprimez les organisations terroristes de la Ligue Islamique Mondiale, notamment la International Islamic Relief Organization (IIHO). Ouvrez des églises et des mosquées en Arabie Saoudite. Ouvrez-en autant que vous avez ouvert de mosquées dans les pays chrétiens ou animistes. Vous pourrez les visiter, ce sera bien plus près de chez vous.

Et réhabilitez vos propres victimes. Allez sur leurs tombes au lieu d’aller sur celle des victimes des autres. Car ce sont les livres que vous distribuez qui ont transformé Petitjean, jeune homme bon et altruiste, en assassin, et il a tué l’abbé Hamel. Il a fait le djihad qu’il est, d’après votre livre, obligatoire à un musulman de faire contre les mécréants, même si, comme l’abbé Hamel, ils n’ont fait que du bien aux musulmans.

Charité bien ordonnée commence par soi-même. Lancez vos paroles aimables à vos compatriotes avant de venir les lancer aux Français et autres Européens. Si vous respectez vraiment la liberté d’expression, libérez Raif Badawi, que vous avez fait emprisonner et fouetter pour crime d’athéisme. Et demandez pardon aux familles des personnes que vous avez fait décapiter (500 au moins), le plus souvent pour cause de liberté morale. Et à toutes les victimes de votre fouet et de votre prison, si elles sont encore vivantes.

Tous ces châtiments, monsieur al-Issa, ont été infligés au nom de ce que vous avez écrit dans votre thèse de doctorat, selon laquelle il est possible de différer le djihad si les mécréants sont en position de force… Or c’est le cas des Français. Est-ce pour cela que vous cherchez à caresser leurs religieux dans le sens du poil, alors que vos compatriotes qui s’écartent de la voie d’Allah, vous les fouettez? Comment un évêque ou un rabbin peut-il trouver normal de vous serrer la main et de vous introduire dans des palais ou des lieux de culte français avant que vous ayez réparé le tort fait à vos victimes?

Vous pourriez me répondre que je devrais poser cette question aux homme de religion concernés. Et vous auriez raison: ce n’est pas votre faute s’ils vous croient.

Lina Murr Nehmé, le 16 décembre 2019

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Pourquoi Facebook bloque-t-il une alerte contre Daesh?

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Le 7 décembre 2018, quatre jours après l’assassinat du professeur Dowling par Ali Hassan Rajput à Courbevoie, j’ai mis un article où j’explique qu’un certain poster portant le logo de Daesh, est inquiétant, car il annonce l’attaque de l’Arc de Triomphe, plusieurs jours à l’avance.

Voici le texte de cet article:

“Le gouvernement nous répète depuis des années que les djihadistes représentent la menace la plus grave en France. Il nous parle souvent d’attentats déjoués. Mais ce ne sont pas eux qu’il craint, ce sont les Gilets jaunes, surtout s’ils s’allient avec l’ultradroite et l’ultragauche, et les jeunes de banlieue ! Donc s’il y a de la casse, ce ne sera pas la faute des djihadistes, mais celle des retraités français venus de la province manifester contre la hausse des prix de l’essence ! De qui se moque-t-on ? En même temps, l’État sait que de nombreux photos-montages circulent sur les réseaux sociaux depuis plus de dix jours, en tout cas avant l’attaque de l’arc de triomphe. Ils portent le sigle de Daech et annoncent l’attaque pour le dimanche. J’hésiterais à parler d’un faux, d’abord à cause de la date annoncée : Daech a souvent annoncé des choses vraies pour de fausses dates, de façon à réussir son coup tout en faisant souffrir le public victime. Voir à ce sujet mon article sur Elnashra, أكاذيب داعش. Je l’avais écrit pour dévoiler les mensonges accompagnant la sortie [de la vidéo] de l’incendie du pilote jordanien, qui était en fait mort plusieurs semaines plus tôt, alors que Daech négociait sa prétendue libération. Et d’autres mensonges, dont ceux des vidéos montrant de fausses décapitations d’otages occidentaux auxquels on avait promis la vie s’ils trahissaient les leurs devant caméras. A genoux, vêtus en orange, ils trahissaient bien les leurs, et le bourreau anglais Emwazi faisait semblant de les égorger. On ne voyait pas une goutte de sang, ce qui semait le doute. Mais après, on voyait un cadavre apparemment égorgé. A moins que ce ne soit une imitation. C’est un genre d’humour noir terrible à la Daech, genre chat et souris, baleine et petits poissons : s’amuser à torturer ceux qu’on veut tuer en leur faisant espérer la vie… pour faire durer le plaisir qu’on a à les faire souffrir et à faire souffrir les leurs. La guerre, dit Mahomet, « est une affaire de tromperie ».

“Ce poster aurait été publié au Canada. Mais le pays à partir duquel un poster a été mis en ligne importe peu. Car on peut envoyer quelque chose à partir de l’Asie, via un serveur canadien ou américain. Le pays de provenance restera inconnu. C’est le pays du serveur qui sera perçu comme le pays émetteur. En tout cas, Daech a eu tellement de pages et de sites fermés qu’il varie ses sites pour tromper l’ennemi. Dans ce poster, le sigle de l’État islamique, le professionnalisme du travail, le fait que le genre artistique porte la griffe des graphistes de Daech, comptent peu, car ils peuvent être imités. Même si ceux qui auraient pu le faire, par exemple les Russes, ne sont pas assez exigeants. En revanche, ce qui ne peut être imité, c’est le fait que, mis en ligne plusieurs jours à l’avance, il ait annoncé les événements de l’Arc de Triomphe en les attribuant aux Gilets jaunes. Et qu’il ait donné pour cela une fausse date qui lui permettait d’agir durant la manifestation du samedi passé, sans avoir attiré la méfiance.

“La police affirme avoir eu affaire à des équipes de casseurs organisés, entraînés, différentes de toutes celles [qu’elle] elle avait connues dans le passé. D’où le changement de sa stratégie. Demain, Causeur publie un article que j’ai écrit à ce sujet, pour expliquer le danger.

Et voici le poster qui accompagnait mon article :

Une heure plus tard ou le lendemain, mon article avait disparu, et je recevais un avertissement disant que je violais les règlements de Facebook :

Pourquoi avoir supprimé le post qui appelait à la vigilance, alors que Facebook, à la même époque, gardait les posters violents d’Ali Hassan Rajput qui appelaient à tuer? Qui pouvait vouloir que le public ne fasse pas la relation entre ce poster publié avant les événements de l’Arc de Triomphe, et la violence manifestée ce jour-là, après que les Gilets jaunes aient chanté la Marseillaise en protégant la tombe du soldat inconnu? Et surtout, qui pouvait ne pas vouloir que l’on sache que dans les milieux radicalisés, on se transmettait de tels posters appelant au meurtre?

Théoriquement, une fois qu’un algorithme a remarqué une photo ou une vidéo contenant un appel à la haine civile, au sexisme, au meurtre, ou à la défense d’une organisation terroriste, il envoie un avis à un modérateur, et celui-ci décide s’il faut, oui ou non, fermer un compte ou une page. Mais en quoi mon article mettant en garde contre ce genre de documents appelait-il à la haine civile, au sexisme, au meurtre, ou à la défense d’une organisation terroriste?

En même temps, à la même date du 7 décembre et sur le même réseau parisien, on pouvait lire tous les posts d’Ali Hassan Rajput appelant au crime.

En tout cas, le résultat a été efficace: j’ai accepté la censure de mon article, et je me suis autocensurée par la suite pour pouvoir durer. Je n’aurais pas cru qu’un an plus tard, une simple photo d’un communiqué pour illustrer une autre analyse tout aussi importante (montrant que Daesh menaçait l’Europe et la stratégie qu’elle suivait pour y arriver), me vaudrait le fermeture totale de mon compte.

Soi-disant, expliquent les gens de Facebook, je n’aurais pas tiré cette photo d’une page d’analyse. Mais en quoi cela les regarde-t-il? Qui est le modérateur marocain pour se permettre de censurer un chercheur comme moi, dont les analyses doivent être prouvées par des retours aux sources (sinon elles ne sont pas scientifique)?

Pour ceux qui ne l’auraient pas encore lu, voici l’article qui raconte l’histoire de l’article qui m’a valu la fermeture de la page et l’accusation de soutenir une organisation terroriste, peut être lu en suivant ce lien :

https://linamurrnehme.com/2019/censure-censure-censure/

Lina Murr Nehmé, 22 février 2020

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Le Noël musulman

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Les islamistes disent que c’est haram (un péché) de souhaiter aux chrétiens un joyeux Noël. C’est pour eux un péché d’avoir un arbre de Noël, et les islamistes se plaisent à détruire ces arbres décorés, parce qu’ils les identifient au christianisme. Ils en arrivent presque à traiter les musulmans qui décorent ces arbres comme des idolâtres, alors que personne n’adore l’arbre de Noël.

Dire “Joyeux Noël”, chanter Noël est haram. Mais il y a un moyen de lever l’interdiction: convertir le chant de Noël à l’islam. Cela rend le chant de Noël halal, puisque le but est le prosélytisme. Ecoutez donc!

https://youtu.be/U17tC5w8SD0

L’islamisation de la société se fait tout doucement, en transformant le vêtement, le paysage, la nourriture. En transformant les églises en mosquées. Puis en transformant les chants de Noël en chants à la gloire de Mahomet. Ce n’est pas dit dans la vidéo, car ce sera dit à la madrassa: d’après le Coran, Jésus est venu faire des miracles pour pouvoir annoncer Mahomet !

Coran 61.6 (Edition bilingue diffusée par l’Arabie Saoudite)

Donc chanter la naissance de Jésus, c’est chanter la venue du précurseur de Mahomet. Il faut juste changer un peu les paroles du chant de Noël pour l’adapter, Mahomet recevant les bénédictions d’abord, Jésus ensuite. En spécifiant que Jésus est le fils de Marie et non, comme disent les chrétiens, fils de Dieu. Qu’il s’appelle “Issa” et non “Jésus”.

L’enseignement est familier, mais le désert a disparu du décor des nouveaux prédicateurs, et le méchoui de leurs fêtes. Il n’y a plus qu’un décor typiquement anglo-saxon: feu de cheminée, fenêtres à carreaux, cookies, et voilà: c’est devenu Noël.

Ce Noël-là, le Londonistan l’autorise. Et ce chant de Noël-là, il serait politiquement incorrect de l’interdire. Sympathique antichambre de la madrassa, qui donnera envie aux enfants d’y aller.

À noter que cette scène viole deux interdits de Mahomet:

1- Il chante et emploie un instrument de musique. Or Mahomet dit de cela le plus grand mal dans le Hadith authentique.

2- Il regarde vers le ciel à la façon des chrétiens et des juifs en prière. D’après un hadith authentique, Mahomet interdit de regarder au ciel durant la prière! Or réciter la moitié de la formule de foi islamique, comme il fait tout au long de sa chanson, est ce qu’il y a de plus priant en islam.

Lina Murr Nehmé, 26 décembre 2019

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Quand les lanceurs d’alerte sont identifiés avec les terroristes

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Capture d’écran du post de Facebook où je copiais le texte de mon article Daesh en Algérie

Le 1er décembre 2019, j’ai publié sur Facebook mon article Daesh en Algérie, où j’analyse l’avancée de Daesh en Afrique, et rappelle à mes lecteurs les ambitions de Daesh en Europe.

Le lendemain, mon profil FB a disparu. On me propose de cliquer sur un lien si je “pense qu’il s’agit d’une erreur”, et je le fais. On me demande alors la photo d’une pièce d’identité, et je l’envoie.

Le week-end passe. Le lundi matin, je reçois un email de Facebook m’informant que mon compte est définitivement clos, parce que j’aurais, selon eux, “violé les règles de leur communauté”. Et ils expliquent: ils ne peuvent pas “tolérer des menaces crédibles”, “le soutien à des organisations violentes”, ou un “contenu extrêmement graphique” sur Facebook.

Un des administrateurs de la page déniche la série de notifications ci-dessous qui assure que l’article censuré est Daesh en Algérie. Il y a la photo du document de Daesh que, visiblement, leur ordinateur a repérée. Cette notification parle d’infractions “répétées” parce que nous avons partagé cet article à plusieurs reprises, les administrateurs et moi (en haut, sans nom parce que le profil avait été supprimé).

Le modérateur marocain m’accuse de soutenir Daesh, alors que mon analyse commence par les mots: “C’est vrai que Daesh ment comme pas deux”. Mauvaise foi, sottise, paresse ou méconnaissance de la langue française? Et comme le même article rappelle que Daesh veut attaquer l’Europe, il m’accuse de lancer des “menaces crédibles”!

Moi, menacer ceux que je cherche à prévenir? Quel ridicule!

Quant aux images “extrêmement graphiques”, cela doit être le nom donné à toutes les images émanant de Daesh, même quand il s’agit de photos de communiqués militaires. Les machines ne font pas la distinction.

Les machines, oui, mais les hommes ? A ma connaissance, ce sont les modérateurs qui ferment les pages, et non les machines. Et si c’est une machine, est-il plausible qu’elle juge la photo d’un communiqué “graphique”, mais non celles d’Asia Bibi égorgée par un terroriste, et de Geert Wilders le visage transpercé par un tournevis, publiées sur le même réseau français, dans la même ville de Paris, un an plus tôt, mais non bloquées par les modérateurs marocains de Facebook?

Après la fermeture de mon compte Facebook, j’ai partagé le lien de l’article Daesh en Algérie à partir de cette page.

Suite à cette republication du même article, le modérateur m’envoie un nouvel avertissement, toujours sans m’expliquer ce dont il est question ou me dire dans quelle colonne je serai informée:

Je ne touche à rien, puisqu’à ce moment, je ne sais pas encore au juste de quoi je suis accusée.

Un an plus tôt, un étudiant pakistanais, Ali Hassan Rajput, avait assassiné son professeur à Courbevoie, à coups de couteau et en criant: “Allahou Akbar!” Il affirma l’avoir tué pour une caricature de Mahomet. Mais la procureure de Nanterre prétendit que l’étudiant était stressé et qu’il n’avait nullement commis un crime semblable à celui contre Charlie Hebdo. Quelqu’un dut être choqué, et il informa des journalistes de l’adresse Facebook du tueur. Ils la publièrent, avec des captures d’écran prouvant que l’homme était totalement radicalisé. Nous avons dû être des centaines à éplucher ce compte. Et en le faisant, je réalisais combien le meurtre de ce professeur ressemblait à celui de Sarah Halimi par l’acharnement de la justice à alléger la responsabilité d’un tueur musulman issu de l’immigration, et à minimiser l’importance de son crime.

Les ordinateurs de Facebook ont des programmes de reconnaissance faciale ultra perfectionnés. Ils peuvent détecter un tout petit visage sur une photo floue. Un jour, un jeune inconnu a publié une photo de mon livre “Quand les Anglais livraient le Levant à l’Etat islamique” montrant le 1er et 4e de couverture avec la tranche. Facebook m’a aussitôt demandé si je voulais être taguée sur la photo. Leur moteur de recherche m’avait reconnue dans une minuscule photo déformée en diagonale et subissant un reflet! Ce même moteur de recherche ne peut pas ne pas avoir reconnu Asia Bibi égorgée. Ou le visage ensanglanté du député néerlandais Geert Wilders, “graphique”, mais non celles d’Asia Bibi égorgée (ici). Ou le visage du député neerlandais Geert Wilders transpercé par un énorme tournevis, Pourtant, le compte d’Ali Hassan Rajput a été toléré. Il est même resté ouvert durant deux ans, jusqu’à ce que la police le ferme. Et moi, parce que je combats Daesh, je suis traitée de terroriste pour avoir publié une analyse de la stratégie de Daesh!

La vérité, c’est que c’est apparemment ma guerre à l’islamisme et mon audience, qui dérangent. Quand j’ai voulu ouvrir un nouveau compte, je l’ai fait sous mon nom, avec ma date de naissance. Le compte n’a gêné Facebook que lorsque j’ai posté un article sur Sarah Halimi qui a eu une grande audience. En voici la capture d’écran: comme la page est gelée, il n’est presque pas vu et n’a pas de réactions. Mais sur le compte, il a eu des centaines de partages et des milliers de réactions.

Alors Facebook me remarque de nouveau, et le nouveau compte “Lina Murr Nehmé” est fermé. Sarah Halimi gêne encore!

Et quel est le prétexte invoqué par FB cette fois? FB déclare que j’usurpe l’identité de quelqu’un d’autre… Lina Murr Nehmé usurpe l’identité de Lina Murr Nehmé! FB qui autorise la même personne à avoir dix comptes sous le même nom, a fermé mon second compte en prétendant que j’usurpais ma propre identité! Ils ne m’ont pas demandé de prouver mon identité. Ils m’ont fermé mon compte en prétendant que je l’usurpais, et en exigeant une pièce d’identité pour accepter de répondre. (Ainsi ont-ils une copie de vos papiers.) Comme j’avais déjà envoyé mes papiers et que je savais que c’était moi qu’ils voulaient faire taire, je n’ai pas pris la peine cette fois de faire appel.

Voyant ce compte fermé, j’ai voulu avertir ceux qui avaient écrit à la page, que je n’étais plus sur FB. Mais la page a été bloquée sous mes yeux, et il a été impossible de joindre quiconque.

Avant de trouver la notification avec la photo du post incriminé, je citais les accusations de FB, mais je n’y croyais pas vraiment, tant elles me semblaient farfelues. Je le faisais en rigolant. Il a fallu que j’aie la certitude que FB m’accusait réellement de soutenir Daesh et de menacer l’Europe, pour que je commence à réfléchir aux conséquences.

Je ne suis qu’une voix. J’ai dédié le plus clair de ma vie — plus de quarante ans — à un travail ingrat qui ne m’a quasiment pas laissé de loisirs, me privant des sorties amicales naturelles pour une jeune femme, et usant mon corps, mes yeux et ma santé dans des veilles et des séances interminables de travail, parce que je voulais arrêter des massacres et en empêcher d’autres. Je marchais contre le vent et je plongeais les mains dans les ronces pour trouver quelques fruits. Et en résultat, on m’accuse de terrorisme pour pouvoir m’arracher un moyen de communication.

Certes, les accusations de Facebook ne détruisent pas ma crédibilité aux yeux de mes lecteurs qui me connaissent et rient de ces accusations. Mais Facebook n’est pas étanche. Celui qui peut ainsi accuser quelqu’un de terrorisme l’a peut-être condamné à l’enlèvement, à la prison ou à la mort.

Facebook est en effet accusé de vendre les informations privées. Pour se protéger sur ce plan par avance, Mark Zuckerberg vous a informés, en 2014, que toutes les données entrées dans Facebook appartiennent à Facebook et qu’il peut les utiliser sans vous payer de droits d’auteur, et sans limite dans le temps. Il a subi pour cela des procès en Europe, et il a légèrement modifié ses clauses. Mais il vend toujours vos informations à Google. Et à qui encore? Et que fait-il de celles qu’il collecte sur Whatsapp? Que vous l’utilisiez ou que vous ne l’utilisiez pas, cette application parle de vous. Les gens parlent de vous ou transmettent vos histoires, vos photos, vos vidéos. Et là, aucune censure. Whatsapp a été créé pour pouvoir fonctionner sans censure et collecter encore plus d’informations que Facebook.

Jusque-là, je n’y attachais pas d’importance, car je sais que nous sommes tous fichés, partout, qu’en Chine ou au Japon, on peut entendre les mots qu’un homme et une femme se disent sur l’oreiller en France ou en Italie. On n’a jamais vécu autant sous le règne de Big Brother.

Le serveur auquel vous vous connectez possède une copie de tout ce que vous y mettez. Surtout depuis que le président Hollande a instauré l’Etat d’urgence, en 2015. En un sens, cela nous a protégés, puisque cela a permis de déjouer quelques attentats. Mais en même temps, des gens comme Mickaël Harpon ont eu accès à nos données les plus privées. Et eux, personne ne les a déjoués. Car les vrais terroristes n’emploient pas Internet. Ils se donnent des rendez-vous et parlent oralement, sans avoir leurs téléphones portables près d’eux.

Mickaël Harpon était-il la seule cellule dormante dans les préfectures de police? Y en a-t-il d’autres qui attendent leur heure?

Sous l’occupation syrienne (1990-2005), et notamment sous le gouvernement de Rafic Hariri, la terreur régnait au Liban, et vraiment, j’attendais d’être en France pour faire les recherches que je voulais. Quand je posais des questions au sujet de l’espionnage par le biais de mon ordinateur ou de mon portable, on me disait: “C’est la police française.” Je répondais: “La police française? Ça me va. C’est des terroristes que j’ai peur.”

FB vend-il nos informations privées aux services secrets? Visiblement, puisque les Etats-Unis exigent maintenant l’adresse de votre compte Facebook avant de vous donner un visa.

Comme je ne fais rien de mal, je pensais n’avoir rien à craindre de l’espionnage des modérateurs de FB. Mais depuis que je sais que je suis accusée par eux de soutenir une organisation terroriste, je commence à me demander ce qui m’arrivera quand je serai dans l’aéroport de telle ou telle ville. Quand un modérateur FB vous a repéré et accusé de terrorisme, quand il a obtenu de vous la photo de votre passeport, sachez que vous pouvez être fiché dans des endroits auxquels vous ne penseriez pas. Surtout si le modérateur, pauvre et très mal payé, vit au Maroc, où la corruption gangrène la société, les employés, les fonctionnaires. On recrute des modérateurs au Maroc parce que c’est bon marché, sans s’inquiéter de leur compréhension du français, des Français, de leurs problèmes. Voici une publicité de recrutement pour un modérateur au Maroc pour la France:

De toute façon, les services secrets marocains, qui collaborent avec d’autres services secrets, ont accès à vos informations. Tout serveur peut servir à capter les données de ceux qui y sont connectés. Un officier des services de renseignement libanais a dit à un ami il y a quelques années: “Nous savons tout ce que vous écrivez sur Facebook, ou par email. Même si vous l’effacez, la copie reste chez nous.”

Il le disait en confidence. La même confidence a dû être dite tant et tant de fois, et dans tant d’autres pays.

Maintenant, donc, le fait d’être fichée “Daesh” dans les ordinateurs de FB signifie pour moi deux perspectives aussi désagréables l’une que l’autre:

1- Je peux être fichée terroriste dans n’importe quel service secret auquel l’agent modérateur de FB a accès, ou auquel FB vend ses informations, ou avec lesquel FB est obligé de collaborer.

2- Je peux intéresser les organisations terroristes elles-mêmes, qui sont à la recherche de sympathisants. Cela aussi pourrait me coûter la vie, car je ne collaborerai jamais.

En fait, je vous avoue que je n’ai envie ni d’être recrutée, ni d’être tuée. Et je sais que je ne suis pas la seule. Beaucoup d’entre vous ont eu leurs comptes fermés pour avoir subi la même accusation. Et n’importe lequel de ceux qui disent la vérité et partagent autre chose que des fleurs, des arbres ou des chats sur FB… pourra un jour se retrouver subissant le même traitement, sauf s’il se soumet à dame Anastasie avant publication. Les ciseaux de celle-ci sont prêts. Ils sont dans nos têtes.

Lina Murr Nehmé, 22 décembre 2019

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