Archives de catégorie : Printemps arabe

Le «lundi des clous»

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Communiqué distribué, et confirmé par le site des Forces Libanaises (8 décembre 2019)
https://www.lebanese-forces.com/2019/12/07/revolution-lebanon-government/
Au cas où la page des FL serait supprimée après le 8 décembre, une archive de constatatation est disponible en suivant ce lien : https://www.easyconstat.com/v?id=0068965JOGY5 

Un membre de ma famille a reçu ce matin le document ci-dessus, appelant à couper les routes qui mènent au palais présidentiel libanais, afin d’empêcher les députés de nommer un Premier ministre. Il me l’a envoyé sans savoir si c’était un canular ou non.

Le document cite un communiqué présenté comme émanant de « la révolution du Liban » et du « mouvement populaire ». Il appelle à fermer les routes menant à Baabda où doivent avoir lieu les consultations parlementaires, le 9 décembre 2019. Et pour empêcher les forces de l’ordre de rouvrir ces routes, il préconise des jets de clous, et insiste sur cela, soulignant l’expression qui est également mise en rouge (italiques) :

« … Désobéissance civile totale à l’aube du lundi, fermeture de toutes les routes attenantes ; répandre des clous sur toutes les routes secondaires et principales, en plus des routes traditionnelles.

« L’Acte des clous est une escalade qui rendra les forces de l’ordre incapables de rouvrir les routes.

« D’avance, nous en sommes désolés : notre ambition est un Liban meilleur. »

En lisant, j’ai, moi aussi, cru à un canular. Mais non ! C’est sérieux, du moins pour Samir Geagea. Vous trouvez sur son site un article portant ce titre : « La révolution fait tomber le gouvernement avant le lundi des clous ».

Captures d’écran prises le 7 décembre 2019. (Site web du parti des Forces Libanaises)
https://www.lebanese-forces.com/2019/12/07/revolution-lebanon-government/
Au cas où la page des FL serait supprimée après le 8 décembre, Au cas où la page des FL serait supprimée après le 8 décembre, une archive de constatatation est disponible en suivant ce lien : https://www.easyconstat.com/v?id=0068965JOGY5  

Pourtant, il ne faut pas beaucoup de monde pour fermer une route: quelques dizaines de personnes suffisent. Or le communiqué que j’ai reçu ce matin dit que c’est le peuple qui parle. Si c’est vraiment le peuple, il n’a qu’à descendre dans la rue, et les routes seront bouchées : il y a 4,4 millions de Libanais résidents.

Le « peuple » appréciera-t-il de traverser des routes parsemées de clous ?

En fait, le peuple n’aime pas les barrages du tout. Les miliciens en civil sont régulièrement obligés de refaire la tournée des routes pour les fermer avec des barricades improvisées. Et ils sont si peu nombreux qu’ils ne peuvent pas se permettre de laisser des sentinelles pour protéger l’existence du barrage. Ils laissent donc les obstacles se garder tout seuls, pendant qu’ils vont fermer d’autres routes. Mais les habitants du quartier ne collaborent pas à la fermeture de leurs routes. Les forces de l’ordre viennent rapidement les rouvrir.

Bien sûr que les gens n’ont pas envie de voir leurs routes fermées. Tous ont payé les impôts qui ont permis de les construire, et tous estiment avoir le droit de les utiliser. Ils ne voient pas pourquoi certains s’arrogeraient le droit de les priver de la liberté de déplacement que leur octroie la loi.

En désespoir de cause, les miliciens en civil ont appelé à parsemer de clous les routes, toutes les routes qui mènent à Baabda, mettant en danger les enfants qui vont à l’école et bloquant les ambulances des trois hôpitaux de Baabda (et d’autres hôpitaux aussi pour ceux qui viennent de Sayyad et vont à l’hôpital al-Hayat).

Carte Google sur laquelle sont signalés les trois hôpitaux de Baabda et leur position par rapport au palais présidentiel où ont lieu les consultations parlementaires.

Donc, lundi 9, grève des crises cardiaques. Grève des dialyses et des chimiothérapies, des radiothérapies, des accouchements. Grève des fractures du tibia. Interdit de laisser votre bébé naître ce jour-là, ou d’avoir un enfant qui tombe et se fend le cuir chevelu. Vous lui direz : « C’est ta faute ! Tu n’avais qu’à tomber jeudi ou vendredi. » Interdit d’avoir un accident du travail. Dites aux machines et aux couteaux de prendre rendez-vous avant de frapper, car lundi, c’est fermé, et il faudra attendre que les clous soient retirés et les routes rouvertes.

Maintenant, racontons d’où vient cette idée des clous.

Wadih al-Asmar est un informaticien travaillant au Qatar. Il y a quelques semaines, il a appris qu’à Beyrouth, des gardes du corps, dans un convoi officiel, avaient tiré en l’air pour disperser des manifestants qui s’étaient jetés devant leurs voitures. Ces manifestants voulaient en effet empêcher les députés de se réunir. Du Qatar, Wadih al-Asmar écrit sur Twitter :

« J’ai entendu dire que les voitures des députés, ne peuvent plus rouler s’il y a de l’huile, du mazout et des clous sur le sol. Surtout dans les montées et les descentes. Pensez-vous que ce que je dis soit vrai ? Bien sûr, nous ne voulons faire de mal à personne. On peut mettre une pancarte pour les avertir que la route est coupée. »

Tweet de Wadih al-Asmar appelant à jeter de l’huile ou du mazout et des clous sur la route pour empêcher le passage des voitures des députés

Wadih al-Asmar s’explique dans un commentaire : l’huile et les clous ne font pas glisser, ils bloquent seulement la voiture. Puis il se contredit en disant que quand on jette des œufs sur des automobiles, cela peut les faire déraper aussi: il raconte que lorsqu’il était à Paris, il avait jeté des œufs sur la voiture de l’ex-Président Lahoud. Elle avait ainsi dérapé, et failli entrer dans un mur au Trocadéro. D’après son récit, donc, il est dangereux de répandre des matières dérapantes sur la chaussée !

Un internaute fait remarquer à Wadih al-Asmar que ce qu’il préconise n’est pas une opération pacifique, mais un comportement terroriste: l’huile et les clous peuvent tuer des gens qui ne sont pas députés, et détruire des biens publics ou privés qui n’appartiennent pas aux officiels. D’autres demandent si c’est ainsi que Wadih al-Asmar fera du Liban un endroit meilleur (comme il l’a écrit sur son statut). Une internaute s’étonne qu’une telle idée vienne d’un militant des droits de l’homme.

Wadih al-Asmar est en effet le secrétaire général du Centre libanais pour les Droits de l’Homme. Et il est le président d’Euromed, qui regroupe plus de 80 organisations de droits de l’homme des deux côtés de la Méditerranée.

Cet homme courageux milite pour donner de la visibilité aux homosexuels dans le gentil Liban. Au Qatar, par contre, Wadih al-Asmar se tait face à la persécution des homosexuels. Il se tait même quand, en violation des accords avec la Fédération internationale de Football, le gouvernement qatari fait censurer dix articles de l’édition internationale du New York Times parce qu’ils traitent des LGBT.

Tweet de Minky Worden protestant parce que le Qatar a censuré une dizaine d’articles du New York Times parlant des LGBT
New York Times: articles LGBT censurés dans l’édition destinée au Qatar

Non, visiblement, la persécution des homosexuels ne dérange pas outre mesure Wadih al-Asmar quand c’est au Qatar que cela se passe. Durant des mois, il a épinglé en tête de sa page Twitter, cette pensée très profonde : « Se regarder dans la glace tous les matins sans avoir honte de mes actes, voilà ce [sic] guide mes pas. »

On ne peut qu’admirer une telle assurance.

Pour en revenir à l’huile et aux clous sur la chaussée, le conseil de Wadih al-Asmar n’est pas tombé dans l’oreille d’un sourd. Quelques jours plus tard, des miliciens en civil s’en emparent pour couper les routes et empêcher les forces de l’ordre de les rétablir aussitôt. Mais ils estiment que les clous ne tiennent pas assez bien debout sur le bitume. Ils les remplacent par des tessons de bouteilles, qu’ils jugent plus efficaces. L’armée les arrête et publie les photos de ce gentil matériel.

Matériel pris par l’armée libanaise à des miliciens en civil, voulant fermer durablement les routes en y répandant de l’huile et des tessons de bouteilles (novembre 2019)

Alors le militant des droits de l’homme au courage infini, Wadih el-Asmar, s’empresse d’ôter son tweet qui aurait innocenté ces jeunes gens en montrant qu’ils avaient été inspirés par un homme qui a l’oreille de la communauté internationale en matière de droits de l’homme, et qui affirme travailler à « faire du Liban un endroit meilleur ».

Mais un tel tweet ne disparaît pas. Il en existe des dizaines de captures d’écran, et le tweet de l’huile et des clous réapparaît bien vite sur Twitter. Michel Eléftériadès publie sa capture et rappelle à Wadih el-Asmar que la loi libanaise prévoit pour la personne qui appelle à commettre un crime, le châtiment même prévu pour ce crime, qu’il ait été commis ou non.

Plusieurs commentateurs avaient accusé Wadih el-Asmar d’avoir poussé au terrorisme. Ils ne croyaient pas si bien dire ! L’idée, en effet, vient d’al-Qaïda. C’est elle qui a appelé à répandre sur les routes de l’huile et des clous en « pays mécréants ».

Al-Qaïda, on le comprend, veut tuer les mécréants. Mais Wadih el-Asmar, qui veut-il tuer ? Il se dit militant des droits de l’homme. Mais de quels hommes ?

Lina Murr Nehmé, 8 décembre 2019

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Le slogan du printemps arabe au liban

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Au Liban, le slogan du printemps arabe: “Le peuple veut la chute du système”. Al-Jazeera, la télévision du Qatar, joue exactement le rôle qu’elle avait joué pour faire dégénérer des manifestations, en révolution. Elle a réussi en Tunisie, amenant les Frères Musulmans d’Ennahda. Elle a réussi en Egypte, amenant les Frères Musulmans de Morsi. Elle a partiellement réussi en Syrie, amenant l’ASL et al-Qaïda (Nosra et Daesh). 

Maintenant, tout le monde parle de la corruption du Liban. Je veux bien, j’ai été la première à la dénoncer et à la prouver dans mes livres. Mais cette corruption nous a été imposée par les grandes puissances pour qu’elles puissent plaire au roi d’Arabie. Il fallait que le Liban éclate pour qu’il n’y ait plus de chrétien gouvernant le plus beau pays du Moyen-Orient, la citadelle des résistants et des hommes libres. Ce calvaire décrété après la guerre de Kippour (1973), dure depuis 1975. Et vous parlez de corruption? 

Fac-similé tiré d’une page de mon livre Du règne de la Pègre au réveil du Lion, nommé ainsi à dessein, puisque la pègre a été placée au pouvoir au Liban, pour tuer le Liban. Et c’est pourquoi l’Occident a maintenant tous ces problèmes de terrorisme: parce que le rempart qui résistait au front, a été brisé et ne résiste plus.

Pour que vous compreniez cette photo, il faut que vous sachiez que dans cette église de style byzantin, les boiseries, au fond, étaient remplies d’icônes, qui ont été pillées et profanées. Le milicien musulman qui a ainsi profané cette église à l’est de Sidon, s’est accoutré des vêtements d’un prêtre de rite byzantin.

Lina Murr Nehmé, 18 octobre 2019

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Raif Badawi et le roi saoudien

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Raif Badawi est un jeune père de famille saoudien qui a cru que le “Printemps arabe” était pour son pays aussi. Sur son blog, il a critiqué les oulémas qui prétendaient faire de l’astronomie et autres sciences de façon contraire à ce que prouvaient les faits, et il a exigé pour les chrétiens le droit de construire des églises en Arabie Saoudite, comme les Saoudiens construisaient des mosquées en Occident. Il a demandé que ne soit pas construite une mosquée à deux pas des ruines du Wolrd Trade Center, à New York, et ce, par respect envers les victimes. Etc.

Se voyant menacé, il envoya sa femme Ensaf Haidar et leurs trois enfants au refuge éternel des persécutés, le Liban. Mais ce pays étant sous occupation saoudienne ouverte ou occulte depuis 1990, ils ne pouvaient y rester que de façon temporaire.

La famille se rendit donc au Canada où, malgré l’islamisation soutenue par certains courants politiques, elle serait plus en sécurité que dans l’Ancien Monde, et pourrait s’y exprimer plus librement.

Comme prévu, Raif fut arrêté et emprisonné pour ses “crimes” littéraires, et condamné à mort en tant qu’apostat. Mais il prononça la chahada, formule de foi islamique. Sa peine fut alors commuée en une peine de prison de 10 ans, plus 1000 coups de fouet en vingt séances publiques, plus le paiement d’une amende de 200.000 euros qu’il ne pourrait pas payer, car il n’était pas riche.

Au vu de cette manifestation de clémence inouïe, le président Hollande jugea que l’Arabie Saoudite méritait de participer à la manifestation pour la liberté d’expression et de protestation contre l’assassinat des journalistes de Charlie Hebdo par al-Qaïda.

Al-Qaïda, rappelons-le, a été créée dans les années
1980 avec l’argent saoudien et l’aide technologique des Américains,
ainsi que leur argent. L’Arabie Saoudite a fait de Ben Laden un héros.
Elle lui a ouvert ses mosquées pour qu’il y fasse de la prédication en
faveur du djihad et du terrorisme, et pour la promotion de son
organisation, Maktab el-Khadamat. En 1989, après la fin de la guerre
froide, Ben Laden et ses conseillers décidèrent de ne pas dissoudre leur
organisation, devenue inutile en Afghanistan depuis le retrait des
troupes soviétiques. Il décida de lui donner pour but le djihad mondial
contre les mécréants. Ce djihad jusqu’à l’extinction de la mécréance,
n’était pas une idée de Ben Laden. Il l’avait apprise à l’université
saoudienne justement. L’organisation issue du recyclage du Maktab
el-Khadamat, ayant pour but la guerre sainte pour l’islamisation du
monde entier, porta le nom d’al-Qaïda (la Base).

Elle recevait l’argent saoudien à flots.

Le roi saoudien Fahd

Le régime saoudien continua à filer le grand amour avec al-Qaïda et à déverser sur elle la publicité, l’aide diplomatique et les dons financiers et militaires à outrance, jusqu’à l’été 1990. La famille royale saoudienne ayant accepté de recevoir des troupes américaines sur le sol saoudien, Ben Laden lui écrivit pour lui proposer l’aide des combattants d’al-Qaïda contre l’Irak, régime estimé impie parce que laïque. Un hadith de Mahomet n’interdisait-il pas la présence des mécréants sur le sol de la Péninsule Arabique? C’est au nom de ce hadith que le régime saoudien interdisait toute prière non islamique sur le sol saoudien. Ben Laden l’avait appris à l’université d’ingénierie saoudienne.

Après avoir vainement envoyé plusieurs lettres pour
proposer les services d’al-Qaïda au roi saoudien, Oussama Ben Laden se
mit à critiquer la famille royale en public, disant que le sol sacré de
l’islam ne pouvait être souillé par des soldats chrétiens ou juifs.

On lui confisqua son passeport. Alors il s’enfuit au Soudan, le pays qui faisait la traite et le génocide des chrétiens, et qui hébergea al-Qaïda quelque temps.

Sans ce différend qui n’avait rien à voir avec l’idéologie, les Saoudiens seraient restés les grands amis d’al-Qaïda. Ils ont d’ailleurs financé, par la suite, ses filles et ses avatars: le Fatah el-Islam, Daesh, Nosra, Boko Haram, Shabab, et tant d’autres…

Ce régime saoudien qui avait fabriqué al-Qaïda sur les plans financier, humain et médiatique, et qui avait été sa mère nourricière, était toujours là. Le roi Abdallah était le frère du roi Fahd, et il avait été le vrai maître du pays quand ce dernier, malade, cessa de gouverner.

Le roi saoudien Abdallah

Certes, le régime saoudien avait renié al-Qaïda. Mais il continuait à déverser son argent sur les filles d’al-Qaïda, notamment le Fatah-el-Islam, Daesh, puis Nosra…

En janvier 2015, les Saoudiens se trouvaient donc représentés par les assassins des journalistes de Charlie Hebdo, les frères Kouachi. Car sans l’argent, la protection, la propagande saoudiennes durant dix ans, les Américains n’auraient pas pu soutenir et former le Maktab-el-Khadamat, qui devint al-Qaïda.

En même temps, les Saoudiens étaient représentés dans la manifestation organisée par le président François Hollande.

Or ce même régime avait, l’avant-veille, infligé à Raif Badawi une flagellation publique à la porte de la plus grande mosquée de la ville, après le sermon du vendredi, au cri d'”Allahou Akbar”! Question humiliation, on ne fait pas mieux.

Quels purent être les sentiments de Raif Badawi, qui aimait la France, en apprenant qu’elle avait fait défiler ses bourreaux aux premiers rangs dans une marche pour la liberté d’expression?

François Hollande n’a même pas demandé aux Saoudiens de différer la première flagellation de Raïf Badawi, à un moment où le monde entier en parlait. Il a ainsi infligé aux Français et à toutes les puissances occidentales, un des pires camouflets de leur histoire.

Or le régime qui a fondé la LIM (Ligue Islamique Mondiale) et qui y préside, n’a pas changé. C’est toujours celui qui a fouetté Raif Badawi après avoir financé al-Qaïda. Recevoir la LIM à Paris de cette façon quasi officielle, après avoir laissé répandre un programme annonçant des interventions de MM. Macron et Philippe (même s’il y a eu rétractation par la suite), n’est pas sans rappeler la présence saoudienne à la manifestation présidée par M. Hollande en janvier 2015. Après tout, cela ne fait pas si longtemps que les militantes qui avaient réclamé le droit de conduire des automobiles étaient emprisonnées et torturées, et que le journaliste Khashoggi était assassiné de façon scabreuse en pays étranger…

Lina Murr Nehmé, 13 septembre 2019

Lina Murr Nehmé, Fatwas et Caricatures, tête de chapitre

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Selon Al-Jazeera, les Gilets jaunes sont un nouveau Printemps arabe

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La chaîne al-Jazeera, de tendance frériste, prétend que les manifestations en France tirent leur origine des manifestations arabes, et seraient un “Printemps arabe” déménagé vers le nord.

Dans le communiqué ci-dessous, publié par Abbas Qabari, porte-parole des Frères Musulmans, la confrérie répète cela comme si c’était une vérité en se déclarant “favorables” au mouvement. Soit qu’ils aient envoyé des casseurs, soit qu’ils cherchent à le noyauter, à le récupérer comme ils ont fait avec d’autres mouvements.

Déjà, on remarque que durant la casse aux Champs-Elysées le 1er décembre, les immeubles purement musulmans et étrangers (ambassades, bureaux de compagnies d’aviation, etc.) ont été épargnés alors que les immeubles voisins étaient pillés, brûlés ou saccagés.

Pour la casse d’aujourd’hui, on attend les résultats.

Lina Murr Nehmé, 8 décembre 2018

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A Paris, un slogan du “Printemps arabe”

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Apparition, sur les murs de Paris, des slogans du “Printemps arabe” Traduction: “Le peuple veut la chute de régime. L’Etat a vite réagi au karcher, mais entre-temps, plusieurs personnes avaient eu le temps de prendre des photos et de les publier.

Un graffiti n’engage à rien: il suffit d’un seul pour en mettre. Mais un graffiti est une publicité, il se voit, il se lit, il se raconte, il se répète. Avant que les foules tunisiennes ne scandent ce slogan, il a bien fallu que quelqu’un l’invente et l’enseigne aux autres.

On nous a servi ce slogan au Liban, durant les manifestations réclamant le ramassage des ordures. Mais au Liban, ça n’a pas marché : on ne voulait pas de la chute du régime, c’est-à-dire du système démocratique. On avait entendu ce slogan en Tunisie, en Egypte, en Syrie, et partout, il avait été suivi des pires malheurs, le soi-disant “Printemps arabe”.

L’apparition de tels slogans n’est jamais à sous-estimer, car ce ne sont pas les Français qui les importent. Déjà, le slogan “Dégage” (qui est la mauvaise traduction de “Irhal“, qui veut dire “Pars”), a été importé en France, et certainement pas par les petits retraités français qui voyaient les foules tunisiennes, égyptiennes ou syriennes le scander sous les balcons de Ben Ali, de Moubarak et de Bachar Assad. Avant le Printemps arabe, les manifestants scandaient en France : “Démission”, ils ne disaient pas “Dégage”. Le mot “Dégage” ne peut pas s’appliquer à la France, où un Président ne s’incruste pas vingt ans comme Moubarak en Egypte. Il n’est pas besoin de lui dire de partir, il suffit qu’il démissionne.

Ces deux slogans sont extrêmements contagieux : ils ont commencé en Tunisie (1), puis en Egypte, puis en Libye, en Syrie, au Bahreïn, au Yémen. On a même tenté de nous servir le second au Liban, comme je l’ai dit.

Ce qui m’inquiète, c’est que la télévision satellitaire al-Jazeera, financée par le Qatar, s’y intéresse et bourre la tête des musulmans français et surtout non-français qui la regardent. Elle ose parler d’un “Printemps parisien”. Or c’est elle qui a fabriqué les “printemps arabes” en Tunisie, en Egypte, en Syrie. Elle s’est livrée à un battage, à un pilonnage médiatique qui frisait le lavage de cerveaux. Elle avait serré un tel étau autour de ses journalistes que les chefs, Ghassan Ben Jeddou et Michel Kik, ont démissionné. Alors il n’y a plus eu de frein à Al-Jazeera.

Addendum : En tout cas, certains sont ravis de cette photo.

 

Lina Murr Nehmé, 2 décembre 2018

 

(1) Pour les détails concernant l’origine des émeutes en Tunisie, voir le chapitre consacré à ce sujet dans L’Islamisme et les femmes.

Import-export : des armes contre des réfugiés

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On ne voit pas les choses comme ça quand on applaudit aux contrats de ventes d’armes. Ou quand Fabius disait: “Daech fait du bon travail”.

J’ai récemment rencontré un Syrien ayant fui de l’est de la Syrie en me disant: “Je suis chrétien, je ne peux pas rester là-bas.” En fait, vu son nom, il était un musulman converti.

Comment résoudra-t-on l’équation “vente d’armes à des puissances comme l’Arabie Saoudite = guerre contre les minorités = réfugiés ?

Au Liban, pays qui ne vend pas d’armes et n’a pas les moyens d’en acheter pour faire face à ses ennemis, la réalité est bien plus tragique: un habitant du pays sur trois est un réfugié syrien ou palestinien. Et ils sont “sunnites”, pour bien changer la démographie du pays. Car les réfugiés chrétiens, on ne nous les envoie généralement pas: l’Australie les veut bien; la Suède demande des syriaques. Et le Liban sert de dépotoir international. On nous a imposé les pires chefs de bandes comme ministres dans les années 1980, et maintenant, ils bloquent le pays pour empêcher les chrétiens électoralement forts d’arriver ou de faire représenter la communauté chrétienne au Conseil des ministres. Et ils se bagarrent pour des affaires de contrats concernant les ordures, au lieu d’entreprendre un projet de recyclage.

Lina Murr Nehmé, 15 octobre 2018

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“L’islamisme et les femmes” sur Judaïques FM

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Invitée par Maya Nahum dans le cadre de son émission « L’étoile et le jasmin », Lina Murr Nehmé aborde les principaux thèmes traités dans L’Islamisme et les femmes :

– Les quatre sœurs saoudiennes séquestrées et affamées, ignorées par le président Obama, malgré une médiatisation massive de l’affaire,

– L’alliance, dans les villes européennes, des associations religieuses avec les trafiquants de drogue, voulue à l’origine par les islamistes afghans,

– La montée en puissance des sermons qui lavent les cerveaux de jeunes musulmans, comme Kobili Traoré, l’assassin de Sarah Halimi, et la recrudescence des viols collectifs et autres violences faites aux femmes.

Télécharger le podcast de l’émission.

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Vidéo : Syria Charity et ses connexions djihadistes

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Le président Macron connaît-il les relations de Syria Charity avec l’Armée Syrienne Libre (ASL) ? Sait-il que l’ASL est une milice djihadiste ? En Syrie, l’ASL dégoûte la population par ses exactions. En France, sa communication est assurée par Syria Charity et par Free Syria, qui lui permettent de récolter des fonds en lui donnant des airs présentables.

Cette vidéo montre les connexions de Syria Charity et de Free Syria avec l’ASL. Regardez-la jusqu’au bout : elle est dure, mais moins que les attentats qui frappent en utilisant, parfois, l’argent français.

Lina Murr Nehmé, 28 avril 2018

ADDENDUM : Youtube a décidé de restreindre l’accès à la vidéo. Si vous ne pouvez pas vous connecter pour confirmer vore âge, cliquez sur le lien Vimeo en-dessous.

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L’EIL, héritier des Arabes: torture au palan et crucifixion

Les Libanais, les Syriens, les Palestiniens donnent au palan son nom italien, palanco (prononcé balanco), qui vient du latin palanca.

Le palan est une des machines utilisées, dans l’Antiquité, à soulever les gros blocs de pierre. Le dessin ci-dessous montre un palan soulevant un bloc de pierre, tel que l’a décrit Vitruve.

 Baalbek la Plenicienne-Murr Nehme-p46

On donne surtout ce nom au Liban à la machine à soulever les voitures. Cette machine, ou ce qui lui ressemble, est également utilisée comme instrument de torture, comme dans les deux photos ci-dessous.

  Balanco-2 fr

Balanco-3 fr

« La victime est accrochée par les pieds ou les mains (ou plus souvent un seul pied ou une seule main), à un des palans avec lesquels on soulève les voitures. Dans cette position, elle est fouettée ou balancée contre le mur. Un médecin est parfois présent pour avertir les bourreaux du degré de torture que la victime peut encore supporter. (Reconstitutions réalisées avec l’aide d’anciens otages libanais détenus en Syrie.)
« Il existe un supplice semblable au palanco, dit Elias Tanios, c’est celui de l’échelle. Le détenu est lié sur une échelle. Puis l’échelle est redressée, sa tête demeurant en bas. Dans cette position, le sang descend vers la tête, et au bout d’un certain temps, vous avez l’impression que vos yeux vont sortir de leurs orbites ».
(Lina Murr Nehmé, Les Otages Libanais dans les prisons syriennes, Aleph et Taw, Beyrouth 2008, p. 26.)

En fait, la torture au palan n’est pas une chose nouvelle. C’est une des plus anciennes méthodes de torture décrites dans les livres et les sculptures. Les Grecs et les Romains l’ont utilisée pour soulever les humains et les torturer. Le dessin ci-dessous montre des chrétiens que les Romains ont accrochés à un palan.

Palanco-first Christians

Un arbre peut jouer le même rôle, la souffrance de la victime sera la même. Ci-dessous, sculpture grecque représentant Marsyas, victime du dieu Apollon.

Lina Murr Nehme_Marsyas

Parfois, les bras sont liés ou cloués en étant étendus horizontalement, pour augmenter la souffrance de la victime. Alexandre de Macédoine a ainsi crucifié des milliers de jeunes Phéniciens à Tyr (Liban), parce qu’ils lui avaient résisté.

Les Romains appliquaient la crucifixion aux esclaves et en exemptaient les citoyens romains. Ce supplice, pratiqué en public, était si horrible que l’art chrétien a évité, durant des siècles, de représenter le Christ en croix. Ci-dessous, la plus ancienne représentation de la crucifixion connue: celle du manuscrit oriental de Rabboula.

Rabboula

Les Byzantins, au contraire, avaient aboli la crucifixion et d’autres pratiques féroces, après la conversion de l’empire romain au christianisme. Pendant ce temps, les Perses et les Arabes continuaient à infliger ces tortures.

Quand les Arabes ont occupé le Levant, ils ont torturé à l’aide du palan les chrétiens (libanais, palestiniens et syriens) qui ne payaient pas la jizya, ou impôt de capitation, à temps. De Beyrouth, l’imam Ouzaï s’était élevé contre ces pratiques et avait défendu les innocents. (ci-dessous, page de Si Beyrouth parlait, par Lina Murr Nehmé.)

Lina Murr Nehme-Si Beyrouth parlait-128

Les Turcs ont hérité des méthodes de torture arabes, dont le palanco et son dérivé, la crucifixion. Dans la page ci-dessus, on peut voir à ce sujet un fac-similé tiré d’un livre publié à la Renaissance.

Les régimes orientaux qui ont remplacé les Arabes et les Turcs en Syrie, au Liban, en Palestine, en Jordanie, en Irak et dans le reste du Moyen-Orient, ont hérité du palan comme moyen de supplice. En secret, ils emploient souvent aussi la crucifixion. Daesh (EIL) se vante d’appliquer les supplices coraniques, dont la crucifixion, qu’elle inflige en public (ci-dessous).

Daesh

Daesh est le régime qui pratique le plus la torture aujourd’hui au Moyen-Orient, dans les cachots comme dans la rue.
Et ce, pour deux raisons.

La première est que l’Etat islamique règne sur la plus grande surface de terre habitée au Moyen-Orient, et qu’il s’étend très vite. Ses victimes sont nécessairement plus nombreuses, puisque c’est un temps de guerre.

La seconde est que Daesh n’est pas aimé. Comme tous les régimes impopulaires, il ne peut s’imposer que par la terreur: meurtre et torture intensive.

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