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Comment “fonctionne” le lavage de cerveaux

Quand on déverse autour de lui des images et des slogans orientés, en quantité suffisante pour lui donner l’impression qu’il ne pense pas comme tout le monde, l’individu connaît un malaise d’autant plus grand qu’il craint un mépris, des accusations et des sarcasmes violents. Plus la pression montera, plus il aura tendance à parler, à penser comme les autres, pour fuir l’angoisse que lui inflige le sentiment d’être exclu.

S’il dure assez, ce matraquage de mots et d’images aboutit à une sorte de lavage de cerveau — qu’il serait plus juste d’appeler asservissement du cerveau, puisqu’il fait de l’homme un esclave qui pense comme on veut, mais sans avoir été librement convaincu. C’est cela qui, sous Staline, a rendu la “Sainte Russie” athée en l’espace d’une génération…

 

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En période de dictature intellectuelle, [les preuves] deviennent inefficaces, car un cerveau ne peut utiliser des arguments que si on le laisse libre de réfléchir et de s’engager dans la direction qu’ils lui indiquent. Si on l’assigne à demeure dans un fortin intellectuel, hors duquel on subit l’hostilité et le mépris, la peur de souffrir lui fera ignorer toute évidence risquant de l’en sortir.

En rendant si douloureuse la liberté intellectuelle, ce bombardement de mots et d’images détruisait, chez les gens, la capacité à réfléchir par eux-mêmes et à croire aux preuves et aux résultats: penser comme tout le monde était autrement plus réconfortant. Et la foi en ceux qui avaient des résultats concrets cédait peu à peu la place à la foi en ceux qui pouvaient attirer l’attention des foules. C’était de nouveau le règne des apparences et des impressions, et de ceux qui savaient les manipuler pour imposer leurs idées au grand nombre.

Lina Murr Nehmé

(La Renaissance en Question, t. 2, Le Retour des Idoles. Aleph et Taw, Beyrouth 2000, p. 38 et 40.)

Le texte ci-dessus, qui décrit les méthodes de manipulation des foules dans les villes italiennes de la Renaissance, est toujours valable aujourd’hui. En fait, je l’ai écrit parce que j’étais frappée de voir la similitude entre les méthodes d’hier et celles d’aujourd’hui.

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