Archives par mot-clé : Fatah

Liban : Cette menace islamiste en embuscade

Email Twitter Facebook Pinterest Google+ Linkedin

Mon article dans Marianne au sujet des armées en présence au Liban, et des armées qui pourraient se constituer. Ont été omises les petites milices du genre de celles de Geagea, désarmé après l’occupation syrienne, et dont la milice reconstituée n’a pas l’expérience des combats; celle de Joumblatt, qui ne s’est pas non plus battue depuis trente ans; celle de Berri, dont les meilleurs éléments sont allés au Hezbollah. Ces trois milices, qui faisaient la pluie et le beau temps dans certaines régions en 1985, sont pour le moment plus ou moins folkloriques, même si elles sont sont armées et capables de tuer.

——————–

Liban: cette menace islamiste en embuscade

L’euphorie des manifestations libanaises ne doit pas faire oublier ce qui est arrivé en Tunisie, en Egypte, en Libye et en Syrie, où des manifestations laïques et pacifiques ont eu pour résultat une forte poussée des islamistes sunnites. Ce scénario pourrait-il se reproduire au Liban?

Octobre 2019. Dans un pays au bord de la faillite, les catastrophes se succèdent. L’économie est gelée par des taux d’intérêt de 20%. Les banques ne prêtent plus, et les importateurs manquent de dollars, la Banque du Liban voulant défendre la livre libanaise en cas de spéculation.
La nuit du 13 au 14 octobre, d’immenses incendies brûlent une partie des forêts de la montagne libanaise. Durant deux jours, la fumée est si dense qu’elle couvre l’entrée de Beyrouth, de Sidon et du Chouf.

Le jeudi 16, le gouvernement annonce de nouvelles taxes, dans le cadre des mesures d’austérité exigées par l’Union Européenne pour accorder des prêts au Liban. Une des taxes est illégale: elle consiste à rendre payante l’utilisation de l’application Whatsapp.

Une foule en colère déferle dans les rues et exige la fin de la corruption. Le gouvernement renonce à la taxe sur Whatsapp, mais les manifestations se poursuivent, avec des nouveautés.

On entend ainsi scander le slogan du printemps arabe: «Le peuple veut la chute du système». Des hommes dressent sur les routes des barrages en incendiant des pneus, et s’installent pour jouer au tric-trac, au tennis ou au baby-foot, ou fumer le narguilé. La fermeture des routes paralyse le travail de la population active.

Le président Aoun avait annoncé des réformes et la lutte contre la corruption, et pour diverses raisons, il a déçu. Les manifestations ont permis l’ouverture du dossier de la corruption. Les ministres et députés du bloc d’Aoun ont levé le secret de leur compte bancaire, en demandant à leurs rivaux d’en faire autant. Ce que certains ont fait.
Les manifestations ne semblent pourtant pas devoir s’arrêter avant le renversement du pouvoir: mardi 12 novembre, les bureaux de poste ont été occupés dans plusieurs villes, et l’un d’eux a été incendié. Un sit-in a lieu au palais de justice. Le siège de la compagnie d’électricité a même été pris d’assaut, ses fonctionnaires bloqués. L’ambassade de France a été assiégée.

Dans tous les pays touchés par le «printemps arabe», le renversement du pouvoir se faisait au moment où l’armée passait aux insurgés. Au Liban, ce n’est pas aussi simple, car plusieurs armées sont présentes sur le terrain.
Côté national, l’armée libanaise, laïque, compte 56 000 hommes. Si son chef passait aux insurgés, ce serait un coup dur pour le pouvoir, mais ce ne serait pas décisif, à cause des forces islamistes présentes dans le pays. Ces forces sont:

Côté chiite, le Hezbollah, qui compte plus de 20 000 miliciens. Comme il est la seule force libanaise ayant le niveau d’une armée, il passe en Occident pour être le maître du Liban. Ce n’est pas vrai, puisque le Premier ministre, qui a les vrais pouvoirs, est pro-saoudien. Ce n’est pas non plus le Hezbollah, mais le chef du parti rival qui occupe le plus important poste chiite. Et l’Iran, asphyxié par les sanctions, n’envoie plus d’argent comme avant.
Contrairement à la version entretenue par Israël et les Etats-Unis, le Hezbollah n’est pas le seul parti islamiste à disposer de milices au Liban. Il est la force libanaise la plus importante. En revanche, les islamistes sunnites armés sont plus nombreux. On peut les classer en quatre groupes qui s’allieraient en cas de guerre:

1° Les islamistes sunnites libanais. Ils alignent 5 000 djihadistes dont une partie est en prison. En 2014, Daesh avait promis de prendre Beyrouth pour les libérer, et de fait, elle avait attaqué par la frontière montagneuse. Mais l’armée libanaise l’a refoulé.

2° Les islamistes sunnites palestiniens, qui totalisent plus de 10 000 combattants dont certains appartiennent à al-Qaïda, Daesh ou al-Nosra. Leur férocité, leurs relations internationales et leur qualité de combat ont été souvent démontrées, notamment lors de la guerre du Fatah-el-Islam contre l’armée libanaise en 2007. Cette organisation palestinienne qui attirait des recrues locales ou étrangères, était financée par de mystérieux donateurs, équipée en matériel sophistiqué, et extrêmement bien entraînée.

3° Le Fatah de Yasser Arafat dispose d’environ 10 000 guérilleros. Mais il doit être compté au nombre des islamistes, car il a toujours combattu avec eux contre les chrétiens et les chiites du Liban. D’ailleurs, c’est de lui qu’est issu le Fatah-el-Islam.

4° Les réfugiés syriens, dont au moins 200 000 sont réservistes. Leur nombre est inquiétant. Le 7 septembre 2015, le président Hollande déclara: «Il y a aujourd’hui un résident au Liban sur trois qui est un réfugié. J’irai au Liban pour aller dans un camp de réfugiés, pour voir où sont les réfugiés, pour que nous puissions justement aider à ce qu’ils puissent y rester.» Il évaluait ainsi à 2 millions les réfugiés syriens et palestiniens. Ces derniers étant environ 500 000, les Syriens étaient, d’après ses chiffres, 1,5 million au Liban. 

De source informée, ils sont aujourd’hui plus de 2 millions, faisant du pays, d’après le Premier ministre Saad Hariri, «un grand camp de réfugiés». Le Liban étant déjà surpeuplé, «la concurrence pour de maigres ressources constitue une source de tensions entre les réfugiés et les communautés libanaises», dit un document de l’UE et du gouvernement libanais.

Le Liban demande à la communauté internationale de cesser de leur fournir des aides financières s’ils restent au Liban, et de les leur donner s’ils s’installent dans des régions de Syrie où il n’y a pas de guerre. La plupart des réservistes ont en effet fui la mobilisation. Ils affirment qu’ils ne peuvent rentrer en Syrie, car un soldat y est si mal payé qu’ils ne pourraient plus nourrir leurs familles. Si cet obstacle financier était levé, la plupart d’entre eux rentreraient dans leur pays.

Mais dans ce cas, le président Assad disposerait de centaines de milliers de réservistes, sans compter des combattants potentiels, en âge de faire leur service militaire. Or la politique française, depuis le début du conflit, a visé à affaiblir le régime syrien. Et il en est de même de la politique américaine. L’argent des ONG a donc continué à parvenir aux réfugiés s’ils restaient au Liban, et non s’ils rentraient chez eux. Le général Aoun raconte dans son discours du 31 octobre que face aux plaintes du Liban, les délégués internationaux «nous répondaient systématiquement la même chose: des paroles fleuries sur le rôle humanitaire que joue le Liban, et un langage politique liant le retour des migrants à une solution politique. Une pression a été constamment exercée pour les maintenir là où ils sont, afin qu’ils puissent être utilisés comme moyen de pression quand il s’agira d’imposer les règlements politiques.» 

La fin de la guerre en Libye a libéré des terroristes d’al-Qaïda, qui sont allés combattre en Syrie. La fin de la guerre syrienne, qui semble imminente, va libérer des terroristes d’al-Qaïda au Levant (premier nom d’al-Nosra). Ils voudront faire le djihad dans le reste du Levant: le Liban, Israël et la Jordanie. Pour empêcher leur infiltration, les Américains avaient promis d’aider l’armée libanaise à acheter du matériel permettant de surveiller les frontières (lunettes de vision nocturne notamment). Ils viennent de geler cette aide.

Financés par les pays du Golfe, les terroristes d’al-Qaïda peuvent offrir des armes et des sommes intéressantes aux réservistes syriens installés au Liban. On ne peut prédire exactement le nombre d’hommes qu’ils pourraient alors recruter, mais le chiffre de 40 000 ne paraît pas exagéré.
L’armée et les milices libanaises sont majoritairement non-sunnites. En cas d’annihilation de l’armée libanaise, la balance des forces pencherait en faveur des islamistes sunnites, dont les armées sont plus nombreuses que celle du Hezbollah. Qu’arriverait-il si elles étaient rejointes par l’armée des djihadistes d’Idlib et par une partie des réservistes réfugiés syriens? 
Là est la grande inconnue.

Lina Murr Nehmé

https://www.marianne.net/…/liban-cette-menace-islamiste-en-…
Email Twitter Facebook Pinterest Google+ Linkedin

La propagande de l’OLP et du Hamas en France

Email Twitter Facebook Pinterest Google+ Linkedin

La puissance médiatique de l’OLP se sert de la souffrance réelle des Palestiniens, pour susciter un sentiment antijuif qui est d’autant moins mérité qu’un juif n’est pas nécessairement israélien, et que s’il l’est, il a de fortes chances d’être dans l’opposition.

Il est inadmissible que nous laissions faire ce genre de propagande. Je l’ai décrite, avec ses résultats — une guerre, cent mille morts — dans Le Liban assassiné, alors qu’elle s’exerçait contre les chrétiens cette fois, et non contre les juifs.

Mais j’ai montré que la guerre du Liban était la transposition, le déménagement de la guerre de Palestine qui durait depuis 1920, et que menait le même groupe qui s’était par la suite reconstitué, plus ou moins, sous le nom d'”OLP”. J’ai décrit le début de cette guerre dans mon autre livre Quand les Anglais livraient le Levant à l’Etat Islamique (Salvator, 2016), Car la hargne que nous avons subie au Liban, s’était auparavant auparavant exercée contre les juifs en Palestine, en 1920, en 1928, en 1929, provoquant ces mêmes massacres que par la suite, l’OLP a reproduits au Liban, sur une bien plus grande échelle, parce qu’elle y avait les mains libres: au lieu d’avoir une puissance mandataire pour protéger les minorités, elle avait, dans les coulisses, des puissances dirigées par des financiers, qui la favorisaient contre l’Etat du Liban multiconfessionnel, parce que telle était la volonté de l’Arabie Saoudite qui dictait les prix du pétrole.

En 1982, les Israéliens ont dévoilé ces crimes, et c’est à partir de ce moment qu’on a commencé à se retourner contre eux médiatiquement en Europe. Ils n’ont pas osé exiger que les criminels de l’OLP soient jugés pour crimes contre l’humanité, alors même que les criminels nazis continuaient à être poursuivis et jugés. Mitterrand avait exigé que les criminels de guerre partent “dans la dignité”, il a exigé une Force Multinationale pour protéger les civils palestiniens, et eux seuls, car quand, l’été suivant 1983, ce fut le tour des chrétiens d’être assassinés, il y eut un nettoyage ethnique total, un génocide dans toute la région dominée par Walid Joumblatt, qui tua tous les chrétiens, y compris ses partisans, dans une région majoritairement chrétienne. Et l’Occident traite avec Walid Joumblatt, le reçoit et l’honore. Il est pourtant coupable de crimes contre l’humanité d’après les critères occidentaux.

Dans un autre livre, L’Islamisme et les femmes, j’ai décrit comment, insidieusement, le conflit se transpose, en France, contre les juifs de France, utilisant les mêmes ressorts que dans la guerre du Liban, c’est-à-dire exploitant la souffrance réelle des Palestiniens, pour faire haïr une communauté entière. Cette fois, c’est de nouveau la communauté juive.

Tous les jours, des incidents montrent la mesure de la propagande palestinienne antijuive. J’ai démonté, dans mon livre “Le Liban assassiné”, les ressorts et les méthodes de cette propagande, comme elle s’est exercée contre les chrétiens. On les retrouve, tels quels, à Paris aujourd’hui.

Je dois finalement dire que les Palestiniens eux-mêmes rejettent ces crimes quand ils les connaissent, et quand ils sont humains — et beaucoup d’entre eux sont humains. Il y a deux ou trois ans, j’ai eu une bagarre verbale avec l’un d’entre eux, un ouvrier qui défendait tellement les chrétiens du Liban et disait tant de mal des Palestiniens que je devais le freiner.

Du reste, c’est le fait qu’un des Palestiniens qui avaient le plus souffert qui ait dit — dans un reportage diffusé sur une chaîne de télévision — qu’il était horrifié du mal que les Palestiniens nous avaient fait. C’est alors que j’ai cessé de haïr les Palestiniens en bloc, me disant: “S’il y a parmi eux un seul homme juste comme celui-ci, je dois les aimer, car il doit sûrement y en avoir d’autres aussi.”

 

Lina Murr Nehmé, 20 mai 2018

Email Twitter Facebook Pinterest Google+ Linkedin