Tous les articles par Lina Murr Nehme

Précisions sur le voile islamique en France

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Un article que j’ai écrit sur le voile et posté il y a deux jours a suscité des commentaires durs de part et d’autre. Le but de ce post était de dire que le voile ne posait pas de problème en soi. Personnellement, je ne considère pas du tout que le voile soit un signe de sujétion pour la femme, et je ne partage pas ce qui se dit à ce sujet. Je trouve même que le voile peut être très joli. Marguerite Yourcenar partage cet avis, puisqu’elle a fait dessiner un voile pour son costume d’académicienne.

Question religion, je ne vois pas pourquoi nous voudrions la liberté religieuse alors que nous la refuserions aux autres. Mais qu’il soit bien entendu que le costume est une affaire de culture, et que lorsqu’on vit dans un pays, on doit respecter sa culture. C’est bien parce que le voile (ou le non-voile) sont considérés comme une affaire de culture que le port du voile s’est fait de façon si hostile en France. Il s’est fait comme un signe d’opposition.

Mais quand on est dans un pays, on doit s’habiller comme les gens du pays, sinon on fait de la discrimination (ou on pousse à la discrimination). C’est bien ainsi que l’entendent les Saoudiens, qui obligent les Occidentales à se voiler. En ce moment les choses changent un peu, mais de façon très superficielle. C’est pour cacher la réalité sordide, et autrement plus grave, des assassinats déguisés en accidents, des arrestations pour raisons politiques ou religieuses, du génocide au Yémen, des exécutions.

Ainsi, sous les califes, les chrétiens et les juifs n’avaient pas le droit de s’habiller comme les musulmans: il fallait que la différence se voie pour qu’on puisse les mépriser. En France, où il n’est pas possible de dicter aux Français leur habillement, on s’habille de façon différente pour marquer une distinction, et continuer la discrimination. C’est pourquoi il y a une telle hostilité envers les Blancs ou les chrétiens ou les juifs dans les quartiers islamisés. L’assassinat de Sarah Halimi, comme je l’explique dans plusieurs chapitres de L’islamisme et les Femmes, est en fait dû à cette hostilité.

Le voile est une question de coutume. Mais en France, il est utilisé comme un signe d’opposition à la culture du pays, comme un signe d’appartenance à une autre nation. Justement parce qu’il s’oppose aux coutumes vestimentaires de ce pays. Certes, les Françaises se voilaient autrefois. Mais imaginez qu’une femme s’habille avec la grosse robe à rubans style 17e siècle. Il y aurait discrimination. Et si dans les écoles on imposait autrefois un costume, c’est bien pour qu’il n’y ait pas de risque de discrimination sur base vestimentaire. Car le vêtement, après tout, c’est la première chose qu’on remarque.

Les Français prennent le port du voile de façon violente parce que c’est devenu un réflexe: à cause de la violence des islamistes en France, ils finissent par associer le voile à la haine. Et parce qu’en France, on porte le plus souvent le voile comme un signe de discrimination positive, pour se reconnaître, pour ne pas s’assimiler, et pour se distinguer des Français, en France, avec une idée de supériorité qui est intolérable (et injustifiée).

Une preuve que ce n’est pas le voile en soi qui dérange en France, mais ce que les femmes (et les hommes qui les y obligent) mettent derrière, est le succès qu’a rencontré durant des années une femme voilée, Latifa Ibn Ziaten, mère de la première victime du terroriste Mohamed Merah. Certes, elle est moins populaire maintenant, mais ce n’est pas à cause de son voile, qu’elle porte en signe de deuil (elle ne se voilait pas avant la mort de son fils, étant gardienne de musée dans une ville de province). C’est parce que Albert Chennouf-Meyer, le père d’un autre martyr tué par Merah, Abel Chennouf, a révélé une histoire sordide qui est arrivée avant l’enterrement des martyrs. Son fils, parce que catholique, a été ôté de la chambre ardente où se trouvaient ses compagnons musulmans, à la demande de Latifa.

Sinon, avant cette révélation d’un fait qu’elle n’a pas nié, Latifa était aimée, respectée, acceptée avec son voile, parce qu’elle poussait les jeunes à aimer la France. C’est l’idée qu’elle ait exercé une discrimination envers un compagnon d’armes de son fils parce qu’il était chrétien, qui l’a fait baisser dans l’esprit des gens. C’est alors qu’ils ont commencé à critiquer son voile, qu’ils avaient très bien accepté durant trois ans.

Lina Murr Nehmé, 13 octobre 2018

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Sur la nudité de l’esclave

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Un lecteur m’a demandé sur quoi je me fondais pour dire que le costume de l’esclave était la nudité.

Je me fonde sur les textes historiques, les prescriptions religieuses et les images anciennes, y compris cartes postales. Vous trouverez dans mon livre Fatwas et Caricatures les références, images, textes qui le prouvent: la femme esclave devait soit avoir le même costume que l’homme, soit être nue jusqu’au nombril. Vous ne trouvez pas que ça suffit, comme nudité?

Il y a davantage de textes sur la capture et le traitement des esclaves dans L’islamisme et les Femmes, mais ils portent surtout sur le viol et l’esclavage en soi: le costume a été traité dans le livre précédent.

Certains profitaient de ce spectacle, comme les califes. L’un d’eux frappait sur la tête l’esclave qui osait se voiler, lui demandant de quel droit elle prétendait s’habiller comme une femme libre.

Les Saoudiens et Daech ne profitent pas de cette nudité, à cause des textes qu’ils révèrent, et que j’ai traduits. Mais cela existe bel et bien.

Notez que les esclaves sont examinées et palpées nues au marché. Et qu’une fois achetées on fait ce qu’on veut d’elles et on les revend. Cela, ce n’est pas de l’histoire ancienne, Daech et Boko Haram l’ont fait.

L’image ci-dessous est un tableau peint à la main, mais il reflète exactement les descriptions d’innombrables témoins oculaires.

Un des biens que la colonisation française a faits aux femmes du Maroc a été d’avoir aboli l’esclavage… et donc la nudité comme costume infamant pour la femme “possédée”, en arabe “melk el-yamin”.

Lina Murr Nehmé, 11 octobre 2018

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Le voile : propagande et différencialisme

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Le voile en soi ne pose problème, en France, que depuis qu’il a été utilisé contre les Français, et justement comme signe ostentatoire.

Signe ostentatoire, c’est-à-dire, en fait, instrument de propagande. Car le principe de la publicité, c’est l’exposition médiatique. Occuper l’espace public de cette façon, c’est faire de la publicité à des idées et exclure une partie des gens. Du moins quand on présente le voile comme un instrument religieux.

Je donne un exemple: en 1975, au début de la guerre au Liban, quelqu’un nous a distribué de grosses croix en bois, que nous avons tous mis fièrement. Nous étions dans un quartier chrétien, qu’est-ce que cela faisait? Mais il y avait avec nous un druze qui combattait avec nous (et nous voyions souvent sa famille), et peut-être deux ou trois musulmans aussi.

Quand je suis revenue à la maison avec ma croix énorme, mon père m’a grondée, disant que si je faisais cela, j’excluerais les musulmans qui se battaient pour la même cause que nous, et qu’on ne pouvait pas construire une patrie multiconfessionnelle sur la religion. Ceci, sachant que c’est mon père qui m’a appris ma religion, et que c’est à cause de lui que je suis profondément chrétienne.

Depuis, je n’ai plus jamais affiché une croix ou une médaille au cou. J’en ai toute une collection, mais je les cache sous mes vêtements. Non par peur des musulmans, comme font les dhimmis, mais par amour pour eux, pour qu’ils ne se sentent pas exclus et qu’il n’y ait pas du communautarisme.

C’est pourquoi le voile, en France, où il est exhibé comme un instrument de guerre, me choque tant. Et non le voile en tant que voile mais, je le répète, le voile en tant qu’instrument de différenciation, de rejet de la communauté d’accueil.

Je sais que beaucoup de Français ressentent cela de la même manière, mais je ne pense pas qu’ils aient raison de réagir de façon haineuse ou hargneuse. Car ce genre de réactions est une preuve de faiblesse. Dès qu’on réagit comme ceux qui nous combattent, on devient comme eux parce qu’on les imite.

Il faut réagir exactement à l’inverse: en aimant les méchants et non en les imitant. C’est cela, la force.

Lina Murr Nehmé, 10 octobre 2018

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Sur la liberté de pensée de ceux qui ont quitté l’islam

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Tout le monde a droit à la liberté de pensée, à la liberté d’expression, sauf les musulmans qui ont quitté l’islam. D’après le rapport Montaigne, ils sont 15% des enfants dont les parents sont musulmans. Et je vous garantis que ces gens-là aiment la France plus que les Français de souche. Car ils connaissent sa valeur.

Ce que souffrent ces gens, on ne peut l’imaginer. Ils sont exclus par leurs familles, harcelés, menacés de mort.

Et dans les paroisses bien pensantes, ça ne se fait pas de vouloir être chrétien de nos jours. L’islam est si prestigieux chez les catholiques bien-pensants! On leur a tellement assené de coups sur leur religion, que ce soit dans les médias, que ce soit avec l’omniprésence des sarcasmes de plusieurs célébrités de France-Culture (financée avec les deniers du contribuable), ou même au lycée (dans les livres au programme ou dans les moqueries des professeurs) qu’ils sont devenus des dhimmis. Pour ne pas faire partie de ceux sur lesquels on crache (songez que le Christ fut un jour l’un d’eux), ils veulent bien faire des rencontres avec les musulmans, mais non les entendre critiquer. Pourtant, la France garantit la liberté de conscience.

Lina Murr Nehmé, 3 octobre 2018

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Les massacreurs magnifiques

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“Le siècle magnifique” : un feuilleton qui présente l’histoire comme on aimerait la voir, avec le sultan massacreur montré comme un homme juste, qui prêche la morale de la justice, qui parle même d’égalité et de fraternité, qui couchait toujours seul, sauf parfois une de deux esclaves (et encore, pas en même temps), alors que le personnage historique en a eu des centaines au cours des ans.

Un harem avec des esclaves toutes appelées “sitt” ou “hanem” (“madame”, titre qu’on ne donnait alors qu’aux dames les plus importantes de la société). Et toutes sont vêtues de pied en cap avec des robes de luxe à traînes, au palais, dans le jardin, etc. Merveilleusement, ces traînes ne se salissent jamais. Et ces esclaves qui font le gros ménage dans un palais gigantesque, sont toujours sur leur trente-et-un. Elles reçoivent régulièrement des cadeaux, des pièces d’or, des soieries venues de Chine, extra coûteuses (avec quel argent ont-elles été payées) ?

En réalité, le costume était la nudité forcée. (Voir les explications dans Fatwas et caricatures). Mais dans ce film, c’est tout juste si ces esclaves montrent le haut, assez pour détourner l’attention du spectateur de leur visage. On n’entend jamais le mot de flagellation, c’est tabou ! Pourtant, c’était encore appliqué avant Atatürk. Et on ne voit quasiment jamais de décapitations. Comment se fait-il donc que tout ce monde baisse toujours la tête? Cela, on le sait, ne peut être obtenu que par une peur permanente due à la connaissance d’actes de violence. Ainsi, M. Macron ne pourrait pas voir tous les gardes de l’Elysée garder la tête baissée, car il n’a jamais procédé à une flagellation, ni à une décapitation pour un mot mal placé ou parce qu’une esclave s’est retrouvée enceinte. Et aussi, parce qu’il n’a jamais donné l’ordre que les gardes aient toujours la nuque baissée. Mais ces pauvres gardes n’attrapent-ils pas un disque ?

Et ni les dames libres ni les esclaves affranchies ne se montrent en niqab ou burqa, au contraire: elles affichent des décolletés.

Et le sultan recommande à son fils de bien traiter ses frères lors de son accession au pouvoir. Encore un gros mensonge: le sultan Mahomet II avait institué une loi stipulant que tout nouveau sultan doit tuer ses frères pour éviter les guerres de succession. Lui-même avait fait égorger son frère, un bébé d’un an et demi, dans son bain.

Le même feuilleton ne montre jamais comment sont venus tous ces esclaves. Il ne signale pas qu’Ibrahim pacha, l’assassin du père de Fakhreddine et de milliers de druzes libanais, était un janissaire recruté dans le cadre du devchirmé dont j’ai déjà parlé.

Et l’article ci-dessous prétend que c’est dans sa vérité que l’Empire ottoman est montré !

Concernant ce feuilleton, je suis totalement d’accord avec M. Erdogan, même si nos opinions divergent sur le plan du jugement de valeur.

C’est vrai: le sultan Suleiman ne passait pas son temps à sa table en train de fabriquer des bijoux pour ses femmes, ou à faire des entretiens amoureux avec Roxelane sur sa terrasse, ou à parler des amours des autres et des disputes entre ses exclaves. Il les passait plutôt à se battre, et ensuite, à massacrer les hommes des villes qui avaient été vaincues par les armes, à enlever leurs femmes et enfants pour en faire ces esclaves qui peuplaient le harem, et ces janissaires, dont Ibrahim pacha.

A propos, dans la version arabe, j’ai eu beaucoup de mal à comprendre que “Char Kan”, c’était “Charles Quint”.

Enfin, ce feuilleton fait de la publicité à la conquête islamique, il médit des chrétiens et présente leur défaite, notamment celle des Hongrois et des Autrichiens, comme un bienfait pour l’humanité.

Lina Murr Nehmé, 7 octobre 2018
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Lien de l’article AFP et extraits:

teleobs.nouvelobs.com/…/le-siecle-magnifique-la-serie-qui-d…

“Le siècle magnifique” : la série qui défrise le gouvernement turc
Où Soliman le Magnifique apparaît comme un buveur et un coureur de jupons.
Par TéléObs
Publié le 28 novembre 2012 à 15h45
“C’est l’une des séries les plus populaires de la télé turque mais elle n’a pas échappé aux foudres du Premier ministre. Réputé pour ses sorties tonitruantes, Recep Tayyip Erdogan s’en est pris cette fois à un feuilleton qui décrit les turpitudes de Soliman le Magnifique, le jugeant contraire à l’Histoire et aux bonnes moeurs musulmanes.
“L’objet de l’ire du chef du gouvernement s’appelle “Le siècle magnifique”. Depuis maintenant un an, cette série dépeint sans fard le règne du plus fameux sultan de l’empire ottoman (1520-1566), entre conquêtes militaires, intrigues de palais et rivalités de harem. Des millions de téléspectateurs s’en régalent chaque semaine, en Turquie comme dans les pays du Maghreb ou d’Europe de l’Est où elle a été vendue.
“Mais apparemment, cette chronique romancée et décadente, qui montre Soliman un verre d’alcool à la main ou en plein ébats avec ses promises, n’est pas du goût du chef du gouvernement turc, qui l’a fait savoir dimanche au détour d’une pique adressée à ceux qui critiquent sa politique étrangère. “Ils demandent pourquoi nous nous occupons de ce qui se passe en Irak, en Syrie ou à Gaza. Mais nous nous intéressons à tout ce qui est lié à nos ancêtres. Ils ne connaissent nos pères et nos ancêtres que par ‘Le siècle magnifique’ mais ce n’est pas le Soliman que nous connaissons”, s’est exclamé Recep Tayyip Erdogan
“ ‘Il a passé trente ans de sa vie à dos de cheval et non dans des palais comme on nous le montre à la télé’, a-t-il poursuivi. “Je maudis et condamne les réalisateurs de ces séries et les propriétaires de cette chaîne de télévision”, a menacé Erdogan avant d’ajouter : “ceux qui jouent avec les valeurs du peuple doivent recevoir une leçon”. Le chef du gouvernement n’est pas le premier à critiquer “Le siècle magnifique”. Dès ses premiers épisodes, la fiction a créé de nombreux remous, dans les milieux religieux mais également politiques – parfois très liés entre eux.
“La semaine dernière encore, un des vice-Premiers ministres du gouvernement islamo-conservateur est monté au créneau lors du débat parlementaire consacré au budget de l’audiovisuel. “Ceux qui veulent humilier nos ancêtres et nos valeurs sur les écrans de télévision doivent d’une manière ou d’une autre être punis”, s’est emporté Bülent Arinç. Dès le début de l’année, l’organisme de supervision de l’audiovisuel a adressé un avertissement à Star TV pour “atteinte à la vie privée du Sultan” sur la base de dizaines de milliers de plaintes de simples citoyens.
“Les producteurs de la série se sont défendus en soulignant que leur fiction décrivait “l’une des facettes d’un sultan et la grandeur qu’il incarne”. Et ils ont rappelé que le goût de Soliman pour le vin était historiquement avéré. Sans surprise, les critiques du Premier ministre ne sont pas passées inaperçues dans les rangs de l’opposition, qui y a vu un nouveau coup de canif contre l’héritage laïc du fondateur de la République turque, Mustafa Kemal Atatürk. “Nous ne savions pas que le Premier ministre comptait dans ses fonctions la supervision des émissions de télé”, a raillé le vice-président du principal parti d’opposition (CHP), Umut Oran. (AFP/TéléObs, 28 novembre 2012)


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Les Etats sont des remparts

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“Regarder comme un temps de paix, le temps où par la prise de toutes les places qui nous environnent, il s’aplanit un chemin pour venir à nous, c’est folie” disait Démosthène aux Athéniens (1) qui, selon lui, avaient été vendus par leurs politiciens pour de l’argent.

Que dirait-il aux Américains, aux Français, aux Anglais, qui cèdent (vendre n’est pas joli) des pays, des nations, des populations pour du pétrole qui pue, ou pour des contrats ?

Si les peuples de ces démocraties étaient informés des véritables enjeux, s’ils connaissaient le rapport entre les souffrances des populations dont ils voient les cadavres à la télévision, et ces marchés juteux, est-ce qu’ils accepteraient les plaisirs de la vie moderne… à ce prix ?

Ceci en sachant que la chute des pays, ce sont des remparts qui tombent. La chute de l’Irak a amené la montée de Daech. Qu’amènerait la chute de la Syrie ou du Liban aux mains des islamistes ?

 

Lina Murr Nehmé, 1er octobre 2018

(1) Démosthène, Philippiques, III, traduction par l’abbé d’Olivet, Lyon, Amable Leroy, 1812.

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Le silence autour de la tragédie du Bataclan

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En écrivant le livre qui a été publié il y a un an (1), j’ai travaillé sur les atrocités qui ont eu lieu au BATACLAN, le 13 novembre 2015, égorgements, éviscérations et autres.

Ces atrocités ont été très peu répercutées par la presse, parce que c’était gênant et que ce n’était pas politiquement correct. Il y a pourtant eu assez de témoignages cités tout de même, pour que je puisse reconstituer la vérité dans ce livre. Et le pire se trouve dans le rapport parlementaire. Quand j’ai donné le manuscrit à mon éditeur, j’ai cru qu’il me dirait comme tout le monde: “Ce n’est pas vrai”, et qu’il insisterait pour que j’enlève le passage, qui pourtant était très important.

Au contraire, il a abondé dans mon sens et il m’a dit que c’était arrivé au fils de quelqu’un qu’il connaissait. Ce jeune avait été tellement mutilé et éviscéré, qu’on n’a pas pu montrer le cadavre à son père. Quand j’ai demandé à l’interviewer, mon éditeur a refusé de nous mettre en relation, disant que le sujet était “extrêmement sensible” et qu’il en avait beaucoup souffert. Je comprends cela, et je n’ai pas insisté.

Oui pour respecter la douleur des familles. Non pour diminuer l’horreur de ce qui est arrivé, et donc, diminuer la peur de voir cela se répéter. Car vous remarquez bien que tout est oublié maintenant, au point que Médine ait pu, non seulement exiger de chanter là-bas (et ses désirs sont des ordres vu l’argent qu’il apporte) et passer pour une victime.

Je ne parle pas d’un repliement égoïste sur soi. Je l’ai toujours dit et je ne change pas de langage: seul l’amour peut résoudre les problèmes. Ils nous haïssent. Si nous les haïssons en retour, nous leur aurons donné une victoire double. Car ils cherchent à nous pousser à devenir comme eux, et notre salut ne se trouvera que dans un comportement totalement opposé au leur.

Je voudrais entendre un seul de ces politiciens dire cette vérité qui peut être impopulaire à cause de la surenchère. Je voudrais entendre un seul prêtre (ou disons, beaucoup de prêtres) dire qu’on ne peut pas aimer ses ennemis si on leur passe n’importe quoi, et que si nous sommes exigeants envers nous-mêmes, nous devons aussi être exigeants envers ceux qui n’ont pas la même religion, la même nationalité, la même couleur. Nous le devons par respect pour l’être humain qui est en eux et qui doit être notre égal.

La justice n’est pas censée châtier pour venger, mais simplement, parce que le crime est contagieux et que le devoir de la société est de protéger l’être humain contre ses propres instincts. La loi et ses châtiments sont des barrières qu’on dresse entre l’être humain (qui peut être nous-mêmes quand nous sommes dans la même situation) et le fleuve de la tentation.

Finissons avec ce verbiage moralisateur qu’on entend d’église en église. On n’aime pas celui que l’on méprise au point de refuser de le tenir pour responsable et de haïr ses victimes parce qu’elles souffrent. La tuerie du Bataclan a été connue et a donné de la jouissance, au moral sinon au physique, à un certain nombre de personnes en France, parce qu’on leur a appris que c’était quelque chose de saint. C’est là la racine de la tragédie. Car avant d’être la tragédie de ceux qui sont tués et éviscérés au couteau, elle est la tragédie de ceux qu’on a convaincus que s’ils faisaient cela, ils iraient coucher avec de belles femmes, à l’instant même où ils mourraient.

Et je rappelle que les victimes, ce ne sont pas seulement ceux qui sont morts au Bataclan (ou ailleurs), ce sont surtout leurs familles qui vivent avec le souvenir. Au lieu d’en vouloir à celles-ci parce qu’elles n’arrivent pas à oublier ou pardonner, il serait bon de ne pas les pousser dans leurs retranchements en les traitant de nazis, comme si le premier nazi n’était pas celui qui tue sur la base de la race, ou de la religion.

1 Le livre dont je parle est L’islamisme et les Femmes. Je n’ai pas voulu mettre son nom en tête de l’article pour ne pas me faire de publicité sur le dos des victimes.

Lina Murr Nehmé

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Ci-dessous extrait tiré d’un article du “Monde” dont on parle beaucoup en ce moment, sur le père d’une des victimes du Bataclan

“Ce vendredi soir-là, il regardait le match de football France-Allemagne chez lui, à Lille, lorsque ont résonné les premières détonations des attentats parisiens. Il sait alors que son aînée, Nathalie, régisseuse lumière, assiste à un concert au Bataclan avec des amis. Il appelle. Rien. Prend sa voiture, avale en trombe les 200 kilomètres d’autoroute qui le séparent de la capitale. Il n’apprendra que quarante-huit heures plus tard que sa fille est morte, mais ne pourra la voir qu’à travers la vitre de l’Institut médico-légal de Paris. Sans même pouvoir « lui faire un bisou ».
“Depuis, Patrick Jardin ne peut plus suivre un match sans appréhension, lui le passionné de foot, un temps arbitre de haut niveau amateur. Il ne quitte plus la région lilloise sans faire un détour par le cimetière. Ne passe plus par Paris sans se recueillir devant « la toute petite plaque » d’hommage aux victimes, installée dans le square situé en face du Bataclan. Même lorsqu’il évoque des souvenirs heureux, comme le récent mariage de son fils, c’est pour insister, avant tout, sur l’absence de Nathalie. Trois ans après les attentats, il paie d’ailleurs toujours le forfait téléphonique de la jeune femme, pour pouvoir l’appeler quand il ressent le besoin d’entendre sa voix sur le répondeur. Il est allé jusqu’à récupérer les photographies prises par les médecins légistes lors des constatations judiciaires. « Là. Vous voyez ? » Il lui arrive de les sortir de son téléphone, sans prévenir, puis de souligner avec son doigt ce qu’il pense être les stigmates d’un égorgement. « Je ne dis pas qu’elle a été égorgée, mais je ne pourrai jamais être sûr. On nous cache tellement de choses », avance-t-il. Est-ce qu’il les observe souvent, ces photos ? « Ça m’arrive », murmure-t-il.
“La quête du moindre détail sur la mort de sa fille est devenue son obsession. « Je passe ma vie à ça », confie-t-il d’une voix ferme. Refaire l’enquête, coûte que coûte, malgré les évidences. D’après le rapport d’autopsie, le corps de Nathalie était criblé d’éclats de balle. Un élément presque oublié par son père, qui retient surtout qu’elle a succombé à un « traumatisme thoracique », ce que les experts désignent par le terme « pneumothorax », un décollement du poumon. Un choc bien connu de la médecine militaire, qui a conduit Patrick Jardin à se persuader que Nathalie aurait pu être sauvée si les secours étaient intervenus plus tôt…
Mais n’allez pas lui coller « une étiquette de facho dans le dos », comme il dit. Il refuse d’être qualifié de « raciste ». Lui préfère se dire « gaulliste », « nationaliste » et « patriote », comme toute la mouvance d’ultradroite. D’ailleurs, s’il a voté Marine Le Pen à la présidentielle, c’était surtout « par dépit » et parce que « surtout pas Macron » : « Il va laisser entrer encore plus de migrants en France, il faut mettre le holà. » Etait-il déjà si radical, avant les attentats ? Il a bien « un petit antécédent », une histoire de foot dans laquelle il avait « traité quelqu’un de sale Nègre », qui lui a valu six matchs de suspension et trois mois de prison avec sursis. Il raconte aussi les vols de voitures et de pièces d’outillage à répétition, dans son ancienne concession automobile de Tourcoing (Nord), et l’impuissance du commissariat voisin à coincer les coupables. C’est de là, à l’entendre, que daterait son sentiment grandissant d’un Etat bien trop faible.”

(par Elise Vincent et Lucie Soullier)

Lina Murr Nehmé, 29 septembre 2018

Source : https://www.lemonde.fr/long-format/article/2018/09/28/apres-le-bataclan-un-pere-sur-le-chemin-de-la-haine_5361248_5345421.html

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L’Ecole de Droit de Beyrouth

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Beyrouth, durant les premiers siècles de l’occupation romaine, était une ville d’étudiants. Dans son École de Droit, les étudiants affluaient de tout l’Orient. Dans les rues de Beyrouth, les étudiants discutaient beaucoup de métaphysique en-dehors des cours. Un texte datant d’avant la destruction de cette école, montre que l’ambiance dans cette ville était très pro-chrétienne, puisqu’une affaire de paganisme (et donc de sacrifices d’innocents) fut arrêtée par un mouvement populaire. En même temps, un étudiant pouvait, avec des discussions, en faire changer un autre d’avis.

Cette école devait avoir déjà son renom avant l’occupation romaine. Sinon Beyrouth, qui avait le meilleur port du Levant et aurait plutôt eu vocation à être une ville commerçante, n’aurait pas été choisie par les Romains pour être dépositaire de leurs lois pour tout l’Orient. D’où son surnom de « mère des lois ».

L’importance de l’École de Droit de Beyrouth a considérablement augmenté quand l’empire romain s’est transporté en Orient. Peu à peu, elle est devenue la plus importante école de Droit du monde.

C’est en effet à cette École que l’empereur Justinien demanda de réformer les lois et édits de ses prédécesseurs, dont beaucoup n’étaient plus à jour.

Il demanda plus spécifiquement à dix de ses professeurs de faire ce tri et d’opérer la compilation. C’est donc à Beyrouth que fut écrit le Code Justinien, qui devait, après le premier millénaire, devenir la base de tous les codes de lois en Occident.

La plus grande partie de ce Code est fondé sur les travaux d’Ulpien de Tyr, donc un Phénicien.

À l’idée raciste de la supériorité romaine, Ulpien opposait celle des droits innés que possède tout homme à la naissance, et de l’égalité de tous les hommes devant la loi. C’était alors révolutionnaire si l’on se rappelle que la plupart des codes de lois — dont le grec — donnaient la supériorité à une race ou à une caste.

Ainsi, quand Ulpien parle de l’esclavage, il écrit que l’institution est contraire à la nature, et issue de l’asservissement de nations par d’autres :

« Quant au droit naturel, tous sont égaux. Par le droit naturel, tous les hommes naissent libres. »

C’est la plus ancienne formulation de droits humains que nous possédions, en l’état actuel de nos connaissances.

Ulpien a aussi une vision un peu spéciale du statut de juriste, qui ne semble pas lui avoir survécu. Selon lui, la justice ne doit pas seulement punir, elle doit aussi récompenser celui qui fait le bien, et contribuer ainsi à l’amélioration de la société.

Un rêve pieux, qui demeura un rêve : nous ne connaissons de la justice que son côté pénal. Mais au temps où cette École était encore en activité, elle devait enseigner ce côté de la loi. Nonnos, Égyptien d’expression grecque, écrit en effet :

« La discorde, qui ravage les États, ne cessera de troubler la paix que lorsque Berite [Beyrouth], protectrice des lois, jugera la terre et les mers, fortifiera les villes de l’indestructible boulevard des lois, enfin, lorsque cette ville régira toutes les cités du monde. »

Il est vrai que nous sommes dans un monde de loups, que les vestiges de l’École de Droit ont été rasés et jetés dans la mer, et beaucoup d’autres précieux vestiges aussi. Mais il est tout aussi vrai que nous sommes une nation captive, et que l’Histoire du Liban en a vu bien d’autres. À moyen terme, nous pourrions voir un bouleversement dans le sens de la vie, tel que nous en avons si souvent vu dans l’Histoire.

Attendons-le.

 

Lina Murr Nehmé

Codex of Justinian

Page de manuscrit médiéval du Code de Justinien (Librije, Zutphen).

www.livius.org/pictures/a/other-pictures/codex-of-justinian/

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Roqya: les victimes du “jihad contre les djinns”

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Quelquefois, les musulmans qui ont quitté l’islam sont soumis à des séances de roqya, et ils changent totalement. La roqya, pratique d’exorcisme animiste ou musulman dont j’ai parlé dans mon livre L’islamisme et les Femmes, frappe bien plus souvent qu’on ne le croit. Parfois elle tue. Parfois, elle envoie une personne dans le coma.

Car il s’agit d’une véritable séance de torture quand on estime que la personne est “touchée” par un “djinn mécréant”, et qu’il faut lui infliger une roqya pour le convertir. On fait le “djihad” contre lui en frappant le patient avec un bâton, en lui infligeant des chocs électriques, en lui plongeant la tête dans l’eau, en le forçant à boire de l’eau coranisée (de l’eau dans laquelle on a dissous des versets du Coran). Jusqu’à ce que ce djinn devienne musulman, c’est-à-dire, jusqu’à ce que le patient quitte sa nouvelle religion chrétienne, juive, athée, bouddhiste ou autre.

Et si le patient meurt ainsi sous les coups, ou noyé dans l’eau dans laquelle on le plonge, comme il en a été de Louisa à Roubaix ou de Brahim dans la mosquée Omar de la rue Jean-Pierre Timbaud, ou s’il est dans le coma à cause de la quantité d’eau qu’on lui a fait ingurgiter, alors, tant pis pour lui.

L’Islamisme et les femmes par Lina Murr Nehmé

Certaines familles musulmanes apprennent en effet à la mosquée qu’un des signes que quelqu’un est “touché d’un djinn” est qu’il n’a pas de plaisir à prier ou à lire le Coran, ou qu’il devient chrétien ou juif. On dit alors qu’il est “touché par un djinn mécréant”. Ils infligent alors une roqya à leur enfant. Pour cela, ils commencent par ôter de la maison tout ce qui peut représenter une autre religion, “surtout la croix”, considérée par les cheikhs comme un symbole satanique.

 

Lina Murr Nehmé, 24 septembre 2018

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Le général Aoun et l’histoire du Liban

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Photo : Denis ALLARD/AFP

Je ne suis pas d’accord avec tout ce que dit le général Aoun. Mais il est indiscutable que lorsqu’il met Daech et Nosra sur la balance, comme il a fait dans l’interview du Figaro (23/09/2018), il montre le vrai fond du problème.

Dans la même interview, il signale qu’il a changé le haut-commandement de l’armée libanaise. Le lecteur occidental peut ne pas réaliser ce que cela signifie : c’est en effet la première fois depuis l’occupation syrienne (1990) que le haut-commandement de l’armée libanaise n’est pas nommé par les puissances étrangères. Dans un entretien avec les enquêteurs internationaux dont l’enregistrement a été publié par la chaîne de télévision NTV, le ministre de la Défense Elias Murr, ignorant qu’il y aurait des fuites, s’était laissé aller jusqu’à dire au sujet de Michel Sleimane: “Vous croyez qu’ils l’ont choisi parce qu’il était le meilleur choix pour l’armée? Non, ils l’ont choisi parce qu’il était le pire.”

Après lui, Kahwaji, espérant devenir Président parce que maronite, et n’ayant pas la puissance populaire qui lui permettrait de le devenir par “ses propres muscles” comme on dit au Liban, a littéralement livré les soldats libanais à Daech en 2014, en acceptant de retirer l’armée libanaise d’Ersal et de laisser les terroristes partir “avec” les dizaines d’otages de l’armée libanaise et des forces de sécurité intérieure qu’ils détenaient.

D’où l’égorgement du soldat sunnite Ali Sayyed, dont l’horrible martyre, diffusé par vidéo, a poussé des jeunes à brûler le drapeau de Daech sur une place de Beyrouth. Suite à quoi le ministre islamiste Achraf Rifi a demandé pour eux “la prison et les peines les plus sévères”. Ce qui m’a poussée ce jour-là à brûler le drapeau de Daech par défi envers cette décision de Rifi: qu’il me mette en prison avec les jeunes ou qu’il les laisse tranquilles. L’opinion publique libanaise était tellement dégoûtée que mon geste était attendu et a provoqué une vague mondiale de brûlage du drapeau de Daech. Les musulmans m’ayant défendue (sauf les islamistes, bien sûr), je suis restée en vie, je ne suis pas allée en prison, les jeunes non plus, et c’est Achraf Rifi qui n’a plus eu d’existence politique à l’échelle nationale. Et il n’en aura qu’en cas d’invasion du Liban.

C’est en connaissant ce climat et en sachant comment les soldats libanais ont été trahis qu’il faut voir l’importance du changement du haut-commandement militaire au Liban. Car aussitôt Aoun arrivé au pouvoir et le commandant en chef changé, l’opération contre Daech a pu être faite et menée très rapidement à bout.

Le gouvernement libanais refusant de parler avec le gouvernement syrien, le Hezbollah avait été l’intermédiaire entre les deux afin d’obtenir le retour des otages… qui étaient morts: ce sont des cercueils qui sont revenus.

Voyant le Hezbollah s’attaquer à Nosra qui tenait Ersal et ses environs, l’armée libanaise stationnée sur place avertit son commandement qu’elle ne pouvait honnêtement pas rester laisser une milice libérer le pays et verser son sang pour lui. Pour la première fois depuis le début de l’occupation, le haut-commandement donna aux troupes stationnées là-bas, le droit de libérer le territoire. Ce fut l’opération Fajr el-Jouroud, où l’armée libanaise s’attaqua à un ennemi en position de force, au sommet de hauteurs occupées par l’ennemi le plus coriace, le plus cruel du monde, et qui ne pouvaient être atteintes qu’en grimpant sur une pente presque verticale par endroits.

J’ai donc tenu à mettre ce post pour signaler que les choses ne sont pas aussi simples que le présente à peu près tout le monde. Surtout quand un habitant du Liban sur trois est un réfugié sunnite, syrien ou palestinien, et que les grandes puissances cherchent depuis 1973 à faire éclater le Liban pour pouvoir résoudre le problème palestinien en leur donnant un Etat aux dépens du seul pays qui n’est pas “intéressant” pour l’Occident, je me demande bien pourquoi: moi, je trouve la formule libanaise très intéressante dans son essence et non dans le soi-disant “pacte” de 1943 qui est anticonstitutionnel. Qu’il se soit trouvé une majorité de musulmans au Liban pour défendre une femme seule qui a brûlé le drapeau de Daech alors que Daech se trouve à quelques dizaines de kilomètres seulement, et à faire que cette femme soit encore en vie trois ans plus tard, prouve le succès et la viabilité de l’entité libanaise. Et l’Occident peut se féliciter de ce que nous existons encore et que nous refusons de mourir en tant qu’entité multiconfessionnelle. Car c’est sur notre cadavre que passeront les islamistes sur leur route pour envahir l’Occident.

Rappel: Quand François Hollande est venu au Liban pour la première fois, il a dit qu’il venait pour visiter un camp de réfugiés syriens et voir comment faire pour que les réfugiés syriens y restent…

Face à ce genre de politique que subit le Liban depuis 1973 (cf. mes deux livres Le Liban assassiné et Du règne de la Pègre au réveil du Lion, nous sommes encore debout, nous ne haïssons personne, et nous ne voulons de mal à personne. C’est peut-être en cela que nous sommes debout.


Et un message à MM. Zemmour et autres. S’il vous plaît, cessez d’utiliser le mot “libanisation” dans le sens où vous l’entendez, car c’est faux. Il n’y a pas un endroit au Liban où il n’y ait pas des chrétiens et des musulmans qui vivent ensemble, qui s’aiment. Et on ne sait pas toujours qui est chrétien et qui est musulman.

Si les Libanais étaient le genre à être en guerre civile, ils n’auraient pas pu vivre un siècle sans émeutes et sans guerre ou massacres (entre 1861 et 1958). Et le Liban était le seul pays du Moyen-Orient à avoir cette stabilité.

Cela a changé à partir de 1958, non parce que les Libanais seraient soudain devenus des fous furieux, mais parce que l’or étranger a commencé (ou recommencé) à acheter les traîtres. Heureusement, il y a eu bien des révélations à ce sujet. Il y en a au sujet de toutes les guerres prétendues civiles au Liban. Ce sera le thème d’une partie de mon prochain livre.

Lina Murr Nehmé, 24 septembre 2018

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