Archives par mot-clé : Justice

L’Ecole de Droit de Beyrouth

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Beyrouth, durant les premiers siècles de l’occupation romaine, était une ville d’étudiants. Dans son École de Droit, les étudiants affluaient de tout l’Orient. Dans les rues de Beyrouth, les étudiants discutaient beaucoup de métaphysique en-dehors des cours. Un texte datant d’avant la destruction de cette école, montre que l’ambiance dans cette ville était très pro-chrétienne, puisqu’une affaire de paganisme (et donc de sacrifices d’innocents) fut arrêtée par un mouvement populaire. En même temps, un étudiant pouvait, avec des discussions, en faire changer un autre d’avis.

Cette école devait avoir déjà son renom avant l’occupation romaine. Sinon Beyrouth, qui avait le meilleur port du Levant et aurait plutôt eu vocation à être une ville commerçante, n’aurait pas été choisie par les Romains pour être dépositaire de leurs lois pour tout l’Orient. D’où son surnom de « mère des lois ».

L’importance de l’École de Droit de Beyrouth a considérablement augmenté quand l’empire romain s’est transporté en Orient. Peu à peu, elle est devenue la plus importante école de Droit du monde.

C’est en effet à cette École que l’empereur Justinien demanda de réformer les lois et édits de ses prédécesseurs, dont beaucoup n’étaient plus à jour.

Il demanda plus spécifiquement à dix de ses professeurs de faire ce tri et d’opérer la compilation. C’est donc à Beyrouth que fut écrit le Code Justinien, qui devait, après le premier millénaire, devenir la base de tous les codes de lois en Occident.

La plus grande partie de ce Code est fondé sur les travaux d’Ulpien de Tyr, donc un Phénicien.

À l’idée raciste de la supériorité romaine, Ulpien opposait celle des droits innés que possède tout homme à la naissance, et de l’égalité de tous les hommes devant la loi. C’était alors révolutionnaire si l’on se rappelle que la plupart des codes de lois — dont le grec — donnaient la supériorité à une race ou à une caste.

Ainsi, quand Ulpien parle de l’esclavage, il écrit que l’institution est contraire à la nature, et issue de l’asservissement de nations par d’autres :

« Quant au droit naturel, tous sont égaux. Par le droit naturel, tous les hommes naissent libres. »

C’est la plus ancienne formulation de droits humains que nous possédions, en l’état actuel de nos connaissances.

Ulpien a aussi une vision un peu spéciale du statut de juriste, qui ne semble pas lui avoir survécu. Selon lui, la justice ne doit pas seulement punir, elle doit aussi récompenser celui qui fait le bien, et contribuer ainsi à l’amélioration de la société.

Un rêve pieux, qui demeura un rêve : nous ne connaissons de la justice que son côté pénal. Mais au temps où cette École était encore en activité, elle devait enseigner ce côté de la loi. Nonnos, Égyptien d’expression grecque, écrit en effet :

« La discorde, qui ravage les États, ne cessera de troubler la paix que lorsque Berite [Beyrouth], protectrice des lois, jugera la terre et les mers, fortifiera les villes de l’indestructible boulevard des lois, enfin, lorsque cette ville régira toutes les cités du monde. »

Il est vrai que nous sommes dans un monde de loups, que les vestiges de l’École de Droit ont été rasés et jetés dans la mer, et beaucoup d’autres précieux vestiges aussi. Mais il est tout aussi vrai que nous sommes une nation captive, et que l’Histoire du Liban en a vu bien d’autres. À moyen terme, nous pourrions voir un bouleversement dans le sens de la vie, tel que nous en avons si souvent vu dans l’Histoire.

Attendons-le.

 

Lina Murr Nehmé

Codex of Justinian

Page de manuscrit médiéval du Code de Justinien (Librije, Zutphen).

www.livius.org/pictures/a/other-pictures/codex-of-justinian/

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Redoine Faïd, truand et star médiatique

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Le 20 mai 2010, le bandit Redoine Faïd et ses compagnons manquent un braquage et fuient sur l’autoroute A4, en Seine-et-Marne. Deux policiers municipaux sont chargés de se poster près d’un restaurant de Villiers-sur-Marne et de prévenir leurs collègues s’ils les voient passer. Ils n’ont donc pas dégainé leurs armes.

Ils sont des cibles découvertes. On leur tire dessus, on tue la policière Aurélie Fouquet, mère d’un petit enfant. Une fusillade nourrie. Un des policiers, blessé au thorax, tente d’atteindre les truands. Mais aucun cadavre ne sera retrouvé.

Ce qui rend la tragédie plus horrible est que le gangster est devenu une sorte de superstar, grâce à un livre dans lequel il raconte sa vie, et qui est devenu un best-seller. Bien sûr, la loi n’interdit pas à un éditeur de se faire du fric sur le dos d’une victime, une policière fauchée dans sa jeunesse, en donnant à son assassin une tribune.

Celui-ci raconte avec complaisance à longueur d’interviews comment il a organisé ses braquages en étudiant des films à succès et en suivant exactement les stratégies décrites dans ces films. Redoine Faïd a également organisé des fuites spectaculaires s’inspirant également du cinéma. La dernière en date: il a été tiré de prison le 5 juillet 2018 par un hélicoptère. Pour se moquer de la France, il a filmé sa fuite et a diffusé la vidéo.

Lina Murr Nehmé, 11 juillet 2018

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Eric Zemmour condamné

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Oumma.com jubile: Eric Zemmour, un juif, est condamné pour islamophobie en France et non en Palestine, par un tribunal français et non par le Hamas !

Je reproche à Zemmour son langage parfois un peu dur, voire blessant, notamment dans l’interview pour laquelle une organisation palestinienne, CAPJPO-EuroPalestine, l’a traîné en justice. Pourtant, je défie quiconque de prouver que ce Zemmour au langage dur, incite au meurtre comme le font les paroles mielleuses du doux Tareq Oubrou dans sa mosquée, ou du doux Dalil Boubakeur dans son école d’imams. Pour comprendre à quelles paroles je fais allusion, je recommande au lecteur de lire les passages cités ou traduits dans mon livre : Tariq Ramadan, Tareq Oubrou, Dalil Boubakeur: ce qu’ils cachent. Quant au doux Tariq Ramadan, je me garde de frapper un homme abattu. Mais le livre précité a été publié il y a un an, et ce qui a été dévoilé à son sujet ne change rien à ce que j’ai écrit.

J’ai récemment eu une discussion avec une personne de confession musulmane qui semblait pleine d’amour, et qui contestait l’existence de ces textes. C’est qu’elle ne les connaissait pas, contrairement à ceux qui fréquentent les mosquées radicales. Ce sont ces textes qui sont coupables de leur comportement violent.

 

L’interview pour laquelle Zemmour a été condamné pour “islamophobie” ou au moins pour “incitation à la haine” alors qu’il accusait des textes et non des personnes. Le problème est qu’il n’a pas dit d’exclure les musulmans, mais seulement ceux qui acceptent le djihad et d’autres prescriptions, ce qui, selon lui, revenait à refuser l’islam, puisque le djihad est un pilier de l’islam. (C’est strictement ce qu’on enseigne dans les mosquées de Paris et à l’école de formation d’imams qui dépend de la Grande Mosquée de Paris.) Et qu’on enseigne dans toutes les écoles d’imams de France, qui sont généralement moins modérées que celle de Paris.


À noter que cette conversation ubuesque a eu lieu juste après les attentats de Nice et l’égorgement du P. Hamel, qui étaient justifiés par les textes auxquels fait allusion Zemmour, et rien d’autre.
Pour connaître les textes enseignés en France, lire mes deux derniers livres, L’Islamisme et les femmes, et Tariq Ramadan, Tareq Oubrou, Dalil Boubakeur : ce qu’ils cachent, ce dernier étant interdit au Liban sur avis des oulémas. Mais au Liban, la justice civile est encore assez libre pour ne pas traîner en justice quelqu’un à cause d’une interview où il était attaqué par des gens qui n’avaient pas lu les textes qu’il cite.

Lina Murr Nehmé, mai 2018

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Georges Bensoussan attaqué injustement par Mohamed Sifaoui

Mohamed Sifaoui a traîné en justice l’historien Georges Bensoussan, parce qu’il ne lui permet pas, en tant que juif, de dire une chose que lui, musulman, écrit sous une autre forme.

Georges Bensoussan a dit en effet que les enfants maghrébins tétaient l’antisémitisme avec le lait de leur mère. On peut trouver la formule excessive, mais on ne peut pas dire qu’elle est mensongère. Rachid, chrétien né musulman maghrébin comme Sifaoui, dit la même chose, sous une forme particulièrement dure, comme le montre le passage ci-dessous, extrait de son livre Daech et l’Islam (Ministries Network, 2017).

Et si l’on veut savoir les raisons pour lesquelles la situation des minorités chrétiennes et juives est si terrible dans les quartiers en France, je recommande la lecture de mon livre L’islamisme et les Femmes : Meurtre de Sarah Halimi, Princesses Saoudiennes séquestrées, et autres scandales passés sous silence (Salvator, 2017).

 

Lina Murr Nehmé, 17 mars 2018