Elle pourrait au moins écrire le français sans faire de faute d’orthographe… et sur une affiche, encore !
Cette photo montre ce que les gens ne comprennent pas, à savoir que les femmes voilées et les hommes en djellaba sont des identitaires, autant et plus que les autres.
Fait encore partie de leur jeu identitaire, la manie de parler l’arabe ou d’apprendre l’arabe en France, et, bien sûr, la religion. Dans leur pays, ils ne sont pas aussi religieux. Mais la religion fait partie de “l’identitarisme”.
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Voilà où mène l’esprit des lumières chez certains oulémas de l’entourage des Frères Musulmans! Un homme enseigne à des filles voilées. Je suppose que les lumières, ici, vont jusqu’à ne pas exiger l’application de la charia qui stipule qu’un homme ne peut pas s’isoler avec une (ou des) femme(s) sans la présence de sa mère, de sa femme, de sa fille ou de sa petite-fille.
Tel n’a-t-il pas été le cas de Tariq Ramadan?
A signaler qu’un homme peut enseigner à des adolescentes visiblement pubères, mais l’inverse n’est pas vrai.
Je pense que la femme devrait choisir, mais en France, le voile est, depuis le début, un symbole politique et un symbole de haine. Même si certaines filles qui le portent ne sont pas haineuses. Cela ne rend pas le port du voile sain en France.
Il y a aussi obligation. J’ai
connu des femmes secrètement converties au christianisme, et qui se
voilaient parce que leur mari ou père l’exigeait et les battait si elles
laissaient voir une mèche de cheveux.
Pour toutes ces raisons, je
suis contre son port en France, si on aime vraiment les femmes, et si
on aime la France. Ici il faut se rappeler le proverbe libanais: “Mange
comme il te plaît, et habille-toi comme il plaît aux gens.”
N’oublions pas que le port du voile se fait aussi pour plaire à des
gens. En France, le choix ne peut, ne doit pas être de plaire à des
étrangers de préférence aux Français. Car c’est ainsi qu’a commencé
l’affaire du voile en 1989, soulevée par les Frères Musulmans, implantés
en Europe par Saïd, le père de Tariq Ramadan, avec l’argent du roi
Fayçal d’Arabie. Un autre étranger aussi y poussait: l’Indien
Hamidullah. D’autres étrangers travaillaient en catimini en visitant les
maisons, où ils pouvaient dire ce qui ne peut se dire à la mosquée: les
tablighis. Ces tablighis, qui ont converti le nord de Paris et la
Seine-Saint-Denis, et qui, d’après le professeur à l’université
islamique de Médine Abou Bakr Jaber Eldjazaïri, sont responsables de
l’islamisation de la France en général, ont exactement les mêmes idées
que les talibans: comme eux, ils sont issus de l’enseignement de l’école
Déobandi, en Inde.
Même si aujourd’hui, des gens nés en France
ou convertis, appellent à porter le voile, il n’en reste pas moins
qu’aux origines, c’était une mode étrangère. En France, on ne peut, il
n’est pas digne de chercher à plaire à l’étranger avant de chercher à
plaire à ses concitoyens.
Et on peut s’habiller pudiquement sans se voiler et sans porter ces horribles robes à boutons et épaulettes appelées “libass charii” (habit selon la charia). Les vêtements qui se portaient en France depuis quelques années étaient si féminins, si jolis. J’ai d’ailleurs adopté les vêtements mi-longs au temps où on portait encore la mini-jupe parce que je trouvais cela tellement plus féminin! (Photo prise en 1976)
Maintenant, on a l’impression que les femmes veulent découvrir leur corps en réaction contre le militantisme pro-voile. C’est exactement ce qu’il ne faut pas faire. il faut garder sa personnalité. Dans tout les cas, il ne faut pas que la femme pense avec les yeux et l’opinion de ces gens. Ni qu’elle se conforme à leur volonté, ni qu’elle veuille “prouver” qu’elle ne s’y conforme pas.
Drôle, cette phrase illustrée par une fille avec un gros rouge à
lèvres, des lèvres sortantes et grosses, des sourcils épilés, et des
yeux maquillés. En quoi change-t-on les règles si on se peint pour
suivre les règles de la mode ?
J’y vois au contraire le summum de la soumission: soumission aux règles concernant le maquillage, et soumission aux règles concernant le hijab. Et soumission aux règles de l’argent: elle fait de sa tête une pancarte publicitaire pour Nike. Sachant que dans sa langue, le mot نيك veut dire ce qu’il veut dire.
En 1994, en Algérie, les islamistes, désireux d’imposer à l’Algérie l’Etat islamique, avaient imposé aux étudiantes et aux lycéennes le port du voile.
Katia Bengana refusa et déclara ce qu’elle pensait. Traitée de dévergondée par certains camarades pour avoir refusé ce symbole de “pudeur”, elle fut plusieurs fois menacée de mort, et apparemment dénoncée, puisque, le 28 février 1994, alors qu’elle marchait dans la rue avec une amie, un homme armé fit signe à l’amie de partir, et tira sur Katia. Cela se passait en plein jour, dans une rue de sa ville natale de Meftah, à Blida.
Katia était une enfant: elle avait 17 ans seulement.
Une pensée pour sa mémoire: elle est morte il y a 25 ans, jour pour jour.
Lina Murr Nehmé, 27 février 2019
Voici la lettre posthume que lui écrivit son père, publiée dans Le Matin d’Algérie en 2010 :
Le 28 février 1994 – le 28 février 2010, voilà déjà 16 ans depuis ton assassinat par l’intégrisme religieux pour avoir refusé de porter le voile… Et depuis cette date, ta mère n’a pas cessé de te pleurer chaque jour que Dieu fait. Aujourd’hui ma chère Katia, je tiens à t’annoncer que ta mère est venue te rejoindre pour de bon dans sa dernière demeure en cette date du 23.01.2008 vers 23 heures environ.
Prends soin de ta mère, ma chère Katia. Fasse Dieu qu’elle ne manque de rien avec toi. Rassure-la que de notre côté tout va bien, et qu’elle n’a pas à se faire de soucis surtout pour Celia, la dernière de la famille. Car ici-bas, tu lui as beaucoup manqué, Katia. Elle a manqué de tout à cause de cette politique favorable à l’intégrisme religieux de la part de ceux qui sont censés nous protéger et nous rendre justice. Ta perte cruelle, son chagrin, son désespoir, ses souffrances, ton deuxième assassinat à travers cette réconciliation nationale ont fait que ta mère et moi-même n’avons pas pu tenir le coup. La non-prise en charge de notre situation dramatique par l’Etat, les difficultés matérielles et sociales suite à ta disparition ont fait que ta mère n’a pas pu résister à sa maladie qui n’a pas été prise en charge afin de la sauver d’une mort prématurée par manque de moyens et de désespoir.
Aussi, j’accuse le pouvoir algérien de nous avoir abandonnés à notre sort. J’accuse ceux qui ont relâché et pardonné à ces sanguinaires aux mains tachées de sang. J’accuse le pouvoir algérien pour ses sympathies avec les bourreaux de nos parents. J’accuse cette réconciliation pour la paix qui a glorifié et amnistié ces monstres assassins de plus de deux cent mille civils innocents et autres corporations confondues. J’accuse tous ceux qui ont voté pour ce référendum de la honte. J’accuse cette réconciliation qui a consacré l’impunité et qui a ignoré la justice. J’accuse tous ceux qui ont été indifférents à notre douleur. J’accuse tous ceux qui ont été favorables à cette mascarade de vente concomitante d’êtres humains, de civils et autres pour simplement plaire aux maîtres et par la même occasion obtenir quelques miettes en contrepartie de leur soumission et servitude. J’accuse cette réconciliation qui nous a assassinés une deuxième fois à travers cette idéologie arabo-baâthiste pour faire de nous des Arabes par la force et malgré nous. J’accuse tous ceux qui instrumentalisent la religion pour se maintenir au pouvoir en sacrifiant des civils et autres. J’accuse tous ceux qui utilisent la religion pour y accéder en assassinant des innocents. J’accuse tous ceux qui utilisent la religion pour nous détourner de nos racines, de nos coutumes, de nos traditions et de notre langue historique et ancestrale (…)
Ghaleb Bencheikh a dit : «Cette affaire du voilement des filles a été réglée au lendemain du recouvrement des indépendances de quasiment tous les pays musulmans, ça n’a jamais été un problème».
Que veut-il vraiment dire? En Algérie et au Maroc, on ne se voilait pas avant l’indépendance.
Comme je sais qu’ils considèrent faussement le Liban comme un pays arabe et musulman, il se trouve qu’en 1973 j’étais dans une école dans le quartier musulman de Beyrouth, et je peux donc parler de cela. J’étais l’exception qui confirmait la règle: les autres élèves venaient du quartier, et la moitié d’entre eux au moins étaient de confession musulmane (les autres étaient orthodoxes).
Voici notre photo de promo, prise en 1973. A cette époque, oui, le voile et la mini-jupe ne posaient pas de problèmes aux musulmanes, et c’était 30 ans après l’indépendance, n’en déplaise.
Dans cette école comme dans les six autres écoles où j’ai été avant mon bac 2e partie, nous nous levions quand le professeur entrait en classe. Au Liban, on ne me croit pas quand je raconte que des professeurs, en France, sont parfois frappés en classe ou à l’école, ou encore tabassés par des parents d’élèves.
Un article que j’ai écrit sur le voile et posté il y a deux jours a suscité des commentaires durs de part et d’autre. Le but de ce post était de dire que le voile ne posait pas de problème en soi. Personnellement, je ne considère pas du tout que le voile soit un signe de sujétion pour la femme, et je ne partage pas ce qui se dit à ce sujet. Je trouve même que le voile peut être très joli. Marguerite Yourcenar partage cet avis, puisqu’elle a fait dessiner un voile pour son costume d’académicienne.
Question religion, je ne vois pas pourquoi nous voudrions la liberté religieuse alors que nous la refuserions aux autres. Mais qu’il soit bien entendu que le costume est une affaire de culture, et que lorsqu’on vit dans un pays, on doit respecter sa culture. C’est bien parce que le voile (ou le non-voile) sont considérés comme une affaire de culture que le port du voile s’est fait de façon si hostile en France. Il s’est fait comme un signe d’opposition.
Mais quand on est dans un pays, on doit s’habiller comme les gens du pays, sinon on fait de la discrimination (ou on pousse à la discrimination). C’est bien ainsi que l’entendent les Saoudiens, qui obligent les Occidentales à se voiler. En ce moment les choses changent un peu, mais de façon très superficielle. C’est pour cacher la réalité sordide, et autrement plus grave, des assassinats déguisés en accidents, des arrestations pour raisons politiques ou religieuses, du génocide au Yémen, des exécutions.
Ainsi, sous les califes, les chrétiens et les juifs n’avaient pas le droit de s’habiller comme les musulmans: il fallait que la différence se voie pour qu’on puisse les mépriser. En France, où il n’est pas possible de dicter aux Français leur habillement, on s’habille de façon différente pour marquer une distinction, et continuer la discrimination. C’est pourquoi il y a une telle hostilité envers les Blancs ou les chrétiens ou les juifs dans les quartiers islamisés. L’assassinat de Sarah Halimi, comme je l’explique dans plusieurs chapitres de L’islamisme et les Femmes, est en fait dû à cette hostilité.
Le voile est une question de coutume. Mais en France, il est utilisé comme un signe d’opposition à la culture du pays, comme un signe d’appartenance à une autre nation. Justement parce qu’il s’oppose aux coutumes vestimentaires de ce pays. Certes, les Françaises se voilaient autrefois. Mais imaginez qu’une femme s’habille avec la grosse robe à rubans style 17e siècle. Il y aurait discrimination. Et si dans les écoles on imposait autrefois un costume, c’est bien pour qu’il n’y ait pas de risque de discrimination sur base vestimentaire. Car le vêtement, après tout, c’est la première chose qu’on remarque.
Les Français prennent le port du voile de façon violente parce que c’est devenu un réflexe: à cause de la violence des islamistes en France, ils finissent par associer le voile à la haine. Et parce qu’en France, on porte le plus souvent le voile comme un signe de discrimination positive, pour se reconnaître, pour ne pas s’assimiler, et pour se distinguer des Français, en France, avec une idée de supériorité qui est intolérable (et injustifiée).
Une preuve que ce n’est pas le voile en soi qui dérange en France, mais ce que les femmes (et les hommes qui les y obligent) mettent derrière, est le succès qu’a rencontré durant des années une femme voilée, Latifa Ibn Ziaten, mère de la première victime du terroriste Mohamed Merah. Certes, elle est moins populaire maintenant, mais ce n’est pas à cause de son voile, qu’elle porte en signe de deuil (elle ne se voilait pas avant la mort de son fils, étant gardienne de musée dans une ville de province). C’est parce que Albert Chennouf-Meyer, le père d’un autre martyr tué par Merah, Abel Chennouf, a révélé une histoire sordide qui est arrivée avant l’enterrement des martyrs. Son fils, parce que catholique, a été ôté de la chambre ardente où se trouvaient ses compagnons musulmans, à la demande de Latifa.
Sinon, avant cette révélation d’un fait qu’elle n’a pas nié, Latifa était aimée, respectée, acceptée avec son voile, parce qu’elle poussait les jeunes à aimer la France. C’est l’idée qu’elle ait exercé une discrimination envers un compagnon d’armes de son fils parce qu’il était chrétien, qui l’a fait baisser dans l’esprit des gens. C’est alors qu’ils ont commencé à critiquer son voile, qu’ils avaient très bien accepté durant trois ans.