Patrice quarteron sur les 130 djihadistes

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J’ai partagé hier une vidéo, dans laquelle Patrice Quarteron se laissait aller à la colère en apprenant que la France allait recevoir plus de cent djihadistes à la fois.

Un de mes amis s’est étonnée de ce que j’accepte ce langage “grossier”. Disons que je ne l’aurais pas exprimé exactement de la même façon, mais il est certain qu’à la pensée que des gens vont mourir, on dit ce qu’on peut pour essayer de toucher, de blesser, dans l’espoir de l’empêcher. 

J’avoue que j’ai dit un des mots employés par Patrice Quarteron une fois dans ma vie, en public, dans la rue, à des miliciens qui venaient de voler la camionnette d’une équipe d’ouvriers qui, sous les bombes (c’était pendant les Cent jours d’Achrafié), réparaient les dégâts causés par les bombardements, et faisaient volontairement des heures supplémentaires qui ne leur seraient pas payées. De petits jeunes de moins de vingt ans, qui s’étaient assis par terre à se lamenter en disant: 

— Nous travaillons sous les bombes, notre temps de travail se termine à 2 heures, il est 5 heures, et les heures supplémentaires ne nous seront pas payées, et nous allons être punis pour la perte du camion…

Que vouliez-vous que je fasse, frêle jeune fille de 23 ans en entendant ces paroles, après avoir vu voler l’engin, sinon d’abandonner le langage châtié que m’a appris ma mère, pour crier aux miliciens restés après que leur camarade eut pris la camionnette : “Quels hommes vous êtes ! Etre viril, ce n’est pas avoir un fusil, c’est avoir des c… !” Ils se sont mis à tirer en l’air pour me faire peur. Je leur ai crié: “Ô hommes!”, en leur faisant un geste obscène pour rappeler mes paroles que couvrait le bruit des balles. 

Les habitants de l’immeuble devant lequel nous nous trouvions sont descendus en entendant les coups de feu, et tous ceux qui se trouvaient dans la rue se sont engouffrés dans le hall du même immeuble pour se mettre à l’abri. Les jeunes ouvriers m’ont fait entrer de force. Je criai: “Laissez-moi!”, et je me dégageai, et repartis dans la rue crier: “Ô hommes!” en faisant un geste obscène. Et ils me tiraient dessus. Et les ouvriers revenaient me tirer en arrière. Finalement, le concierge de l’immeuble, gros et gras, m’a terrassée pour que je ne sorte pas. 

“On va te tuer!”, me dit-il. 

— J’ai 23 ans et je suis libre de faire ce que je veux de ma vie.

— 23 souliers sur ta tête.” 

Et il me donne un coup de pied. Ma sœur Nada vient à mon secours. La femme du concierge l’intercepte. Elle lui dit: 

— Ecoute, madame, je suis judoka. 

Alors la femme la gifle. 

Finalement, nous nous sommes retrouvées toutes deux dans la rue, et nous avons marché avec les fusils dans le dos. Ma sœur me disait: 

— Qu’as-tu gagné à faire ceci? Nous avons reçu une raclée, et on ne nous réparera pas l’électricité.

— Je ne pouvais pas faire autrement.

Ce furent les cent mètres les plus longs de ma vie. Vous dire mon soulagement quand nous nous sommes retrouvées près d’un poste de l’armée libanaise, serait impossible. Car certes, j’avais risqué ma vie parce que l’injustice me mettait en colère, mais en même temps, je ne voulais pas la perdre.

Arrivées à l’immeuble, nous avons trouvé mon père chez les voisins. Nous lui avons tout raconté, et il m’a fait la scène de ma vie. Puis il a téléphoné à un des chefs des milices, et il lui a dit: 

— Je te félicite, tes jeunes sont des hommes!

— Oui (content) ? Qu’ont-ils fait?

— Mes filles sont Yasser Arafat, pour qu’ils leur tirent dessus?” (Et il lui raconte l’histoire, et lui fait une scène à son tour.)

Depuis la scène que m’avait faite mon père, je pleurais toutes les larmes de mon corps. Tout le monde était assis en silence, tout le monde fumait, sauf moi et le chien. Ma sœur et les voisines, pour me changer les idées, m’entraînent au salon, qui donne sur la rue, et me donnent à boire de l’alcool.

Et que voyons-nous dans la rue? Les ouvriers avec leur patron, absent au moment du vol du camion. Ils marchaient dans la rue et regardaient autour d’eux en cherchant notre immeuble.

Nous sommes descendus les accueillir.

— Montez prendre un café, dit papa.

— C’est toi qui les a grondés? me dit le patron, sans répondre.

— Oui.

— Je te félicite d’avoir une fille pareille, dit-il à mon père. 

— Ils vont punir les jeunes gens? dis-je.

— Jamais de la vie. Je vais le leur faire rendre, et ils paieront même une amende.

— Montez prendre un café, reprend papa qui, du coup, était aussi content qu’il avait été en colère contre moi une heure auparavant.

— Non, dit le patron. L’électricité avant. Je veux te la réparer à cause de ta fille.

Tout le monde était content, les ouvriers souriaient, tranquillisés sur leur sort. L’électricité vite réparée, ils vinrent tous chez nous et prirent un café. Et le patron revint chez nous tous les jours de la semaine suivante, pour prendre un café et bavarder pendant son temps de repos. Peut-être qu’ensuite, il a eu à travailler ailleurs.

Patrice Quarteron s’adressait à des ministres et à un Président, comme moi, je m’adressais à des miliciens, cherchant le mot qui pourrait toucher, et avec l’idée de défendre des innocents. Me concernant, je pouvais mourir. Lui ne court pas ce risque car une célébrité de ce calibre doit logiquement avoir une protection. Mais le danger qu’il court est plus grand, sachant qu’il insulte ainsi des gens qui sont des as en matière de création de scandales à partir de rien pour faire tomber quelqu’un aux yeux de l’opinion publique. 

Un des commentateurs de mon petit texte accompagnant la vidéo a écrit que Patrice Quarteron était un champion. J’ai répondu :

Le hic, ce n’est pas d’être champion de boxe, c’est de savoir: 

1-s’excuser quand on a eu tort (ce qu’il fit après la fin de l’affaire Théo)

2-dire “J’aime la France” quand on est d’origine immigrée, surtout d’origine africaine, sachant qu’une propagande criminelle contre la France et contre les Blancs de peau, cherche à le pousser à la haine.

Je trouve que ces deux choses demandent plus de courage et de force que d’être champion de boxe. Voilà pourquoi j’ai partagé cette vidéo et écrit ce commentaire.

Lina Murr Nehmé, 1er février 2019

https://www.youtube.com/watch?v=BuiINODPPXA
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