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A-t-on le droit d’empêcher un journaliste d’informer ?

Ce n’est pas un secret : dans l’administration en France, c’est Macron qui commande. C’est donc en réalité lui qui a fait perquisitionner le domicile de la journaliste française Ariane Lavrilleux, avant de la mettre en garde à vue durant plus de 40h.

Elle affirme en effet avoir révélé des informations “Secret Défense” concernant les ventes d’armes françaises à l’Égypte, et l’emploi qu’en aurait fait le président égyptien Sissi, y compris pour organiser des surveillances et des frappes contre des trafiquants (des civils) à l’ouest du pays, et non contre les terroristes comme le stipulait l’accord conclu avec les Français.

Ces informations et les photos qui les illustrent ont été publiées par elle sur le site en ligne Disclose.

Quels que soient les résultats de l’enquête, il y a des faits qu’il n’est pas possible d’ignorer: les potentats arabes savent combien la concurrence entre les grandes puissances est serrée en ce qui concerne la vente d’armes. Quand ils signent un contrat, ils imposent au vendeur des clauses secrètes, non écrites, que le partenaire est obligé de respecter. Quant à eux, ils font ce qu’ils veulent, y compris quand les clauses ont écrites.

Si ce que Lavrilleux a révélé est faux, pourquoi la mettre en garde à vue ? Il aurait suffi de la contredire pour la discréditer.

Et si ce qu’elle a révélé est juste, pourquoi cherche-t-on à lui faire révéler ses sources, sinon pour effrayer les autres journalistes et leurs informateurs potentiels ?

Qu’on le veuille ou non, il ne peut y avoir deux poids, deux mesures en politique internationale. Ceci, si on veut que la France soit respectée.

Macron et ses prédécesseurs, et leurs médias d’État, nous ont seriné à longueur de discours des phrases sur le prestige de la France et l’admiration des autres pays pour elle. En réalité, quand vous allez comme un mendiant vendre des armes tout en acceptant de trahir ceux que vous devriez défendre, vous perdez tout respect aux yeux des Arabes. Si seulement vous pouviez entendre ce qui se dit dans les salons huppés, et lire tout ce qui a été publié depuis cent ans ! Au moins, on respectait la France par rapport à l’Angleterre au temps où cette dernière allait et venait finançant les pires despotes arabes pour gagner des avantages financiers et stratégiques.

Mais qu’est devenu le prestige de la France depuis que le Liban, pays ami s’il en est, a été livré pour calmer la colère du roi Fayçal d’Arabie qui, durant la guerre de Kippour en 1973, avait fait subir un choc pétrolier à l’Occident et menaçait de lui infliger des sanctions plus sévères encore ?

Le prestige de la France en a pris un coup plus important encore quand, en 1989-1990, le gouvernement libanais légitime et la population qui manifestait en masse pour le défendre, ont été lâchés pour que l’allié américain obtienne la collaboration du président syrien Hafez el-Assad dans la terrible guerre contre l’Irak.

La presse est un pouvoir plus puissant que le pouvoir politique, car il contrôle les esprits et dicte le vote. Plus un pouvoir est corrompu, et plus il a intérêt à ce que la presse soit, non un témoin, mais un serviteur bêlant qui reste sagement au bercail, et n’en sort que quand le maître le veut.

Lina Murr Nehmé

Import-export : des armes contre des réfugiés

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On ne voit pas les choses comme ça quand on applaudit aux contrats de ventes d’armes. Ou quand Fabius disait: “Daech fait du bon travail”.

J’ai récemment rencontré un Syrien ayant fui de l’est de la Syrie en me disant: “Je suis chrétien, je ne peux pas rester là-bas.” En fait, vu son nom, il était un musulman converti.

Comment résoudra-t-on l’équation “vente d’armes à des puissances comme l’Arabie Saoudite = guerre contre les minorités = réfugiés ?

Au Liban, pays qui ne vend pas d’armes et n’a pas les moyens d’en acheter pour faire face à ses ennemis, la réalité est bien plus tragique: un habitant du pays sur trois est un réfugié syrien ou palestinien. Et ils sont “sunnites”, pour bien changer la démographie du pays. Car les réfugiés chrétiens, on ne nous les envoie généralement pas: l’Australie les veut bien; la Suède demande des syriaques. Et le Liban sert de dépotoir international. On nous a imposé les pires chefs de bandes comme ministres dans les années 1980, et maintenant, ils bloquent le pays pour empêcher les chrétiens électoralement forts d’arriver ou de faire représenter la communauté chrétienne au Conseil des ministres. Et ils se bagarrent pour des affaires de contrats concernant les ordures, au lieu d’entreprendre un projet de recyclage.

Lina Murr Nehmé, 15 octobre 2018

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