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Discours de Joseph Aoun (18/11/2019)

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Le commandant en chef de l’armée libanaise en novembre 2019:

« Votre comportement a fait perdre la possibilité de pêcher en eau trouble, à ceux qui cherchent à faire cela. 

« Quand les manifestations ont commencé, une partie des manifestants étaient avec nous, les autres, contre nous. Après quelques jours, la situation s’est renversée. Ceux qui étaient avec nous sont devenus contre nous [car nous voulons les obliger à laisser les gens libres d’utiliser les routes publiques], et ceux qui étaient contre nous sont maintenant avec nous [car nous leur ouvrons les routes].

« Nous devons travailler selon notre conscience, et une fois analysée la situation. Ne vous laissez pas influencer par les rumeurs. [Gardez] votre professionnalisme, votre endurance, votre esprit de discipline. Laissez-moi être fier d’être le commandant de l’armée consciencieuse, à la haute moralité, et qui a le courage de remplir n’importe quelle mission dans l’honneur et l’esprit de sacrifice, quels qu’en soient les défis…

“Je désire que vous remerciiez vos familles: vos épouses, vos enfants, vos parents. Je sais combien cela leur en coûte [de vous entendre insultés]. Dites-leur de ne pas répondre, de ne pas écouter, de ne pas interroger. Qu’ils soient fiers de ce que leurs enfants remplissent cette mission qui sauve le Liban et garde la paix civile. 

“Regardez la carte des manifestations autour de nous. Ils ont utilisé les balles réelles de Hong-Kong à l’Ukraine, de l’Irak à la Bolivie, à l’Iran, et hier, à Paris. Vous, vous êtes en train de gagner l’admiration de tout le monde. Je vous le redis: ce n’est pas notre mission [d’ouvrir les routes], et nous ne sommes ni entraînés à cela, ni équipés. Et pourtant, nous remplissons cette mission avec professionnalisme et haute moralité. Les gens vous louent [car dans les autres pays] au cours d’une bataille, si quelqu’un va remplir une mission contre des terroristes ou des trafiquants de drogue, la décision est claire et il n’a pas besoin de réfléchir : ils tirent sur lui, il les tue immédiatement. Chez nous, on hésite à tirer, et c’est cela qui est normal. Ne vous en veuillez pas pour cela. Je vous le redis : ne vous laissez influencer par personne. Il faut étudier la situation. S’il le faut, on reste en arrière, étudiant la situation. Quand nous le jugeons bon, nous avançons de nouveau. Et c’est ce qui a lieu ici.

« Mais eux, ici, ne sont pas nos ennemis : c’est le peuple du Liban. Ceux qui manifestent ont un droit sur nous. Et ceux qui ne manifestent pas ont un droit sur nous. Et la liberté de se déplacer est un droit sacré d’après les conventions internationales. Nous ne nous sommes pris à personne de ceux qui manifestaient sur les places. Mais quand ils ferment les routes et ils veulent humilier les gens, qu’ils m’excusent: moi, je vais alors intervenir et ouvrir la route. C’est ce que disent les conventions internationales. Nous arrêtons ceux qui causent des séditions, ceux qui ne sont pas libanais, qui sont des agents, et ceux qui se révèlent avoir de la drogue. Et je continuerai à le faire. 

« Nous avons eu une tragédie douloureuse, la victime en a été Ala Abou Fakhr ; la justice procède à une enquête ; nous attendons d’apprendre où sont les responsabilités, et nous prendrons alors nos responsabilités. Mais voyez ce qui se passe autour de nous. Combien de morts y a-t-il chaque jour en Irak et dans d’autres pays ? Ceci, sachant que nous avons eu des blessés. 

« Ne tenez pas compte des rumeurs: ce que vous faites, il y a de quoi en être fier. Ce moment difficile passera, et on verra quelle a été la noblesse de votre comportement. L’histoire, dans le futur, prouvera que c’est vous qui avez sauvé le Liban. N’ayez pas honte de ce que vous faites [en ouvrant les routes et en refusant de prendre parti], au contraire: relevez la tête. Chaque fois que vous menez une mission, vous me rendez fier d’être le commandant d’une armée consciencieuse à la haute moralité, agissant avec noblesse, discipline et professionnalisme. Je vous demande d’être fidèles à votre serment… »

[Le serment du soldat comme de l’officier dans l’armée libanaise est: «Je jure par Dieu le très-grand, d’accomplir pleinement mon devoir, pour garder le drapeau de mon pays, et protéger ma patrie, le Liban.»]

« Des défis se dressent devant nous. Espérons qu’ils passeront ; mais il y en aura d’autres — espérons que non ; mais nous devons être prêts à tout. »

Le commandant en chef de l’armée libanaise s’adresse aux soldats après qu’ils aient été victimes d’attaques à coups de pierres, suite à la mort d’un des hommes de Joumblatt, venu bloquer la route, et qui a été tué par un autre militant de Joumblatt, officier de l’armée libanaise, qui voulait passer. 

Les tensions sont grandes sur ces routes depuis un mois où des miliciens en civil viennent les bloquer chaque jour, alors que des citoyens voudraient passer. 

A noter que Joumblatt a été accusé d’avoir organisé cet assassinat. Mais dans l’armée libanaise, la politique et la religion sont interdites, pour éviter les divisions. C’est pourquoi le commandant a supposé que c’est l’armée qui est coupable de l’assassinat d’Abou Fakhr. (Enregistrement réalisé à partir de vidéos amateur prises par les assistants.)

Traduction et commentaire: Lina Murr Nehmé, 18/11/2019.

قائد الجيش يعطي تعليماته

Le commandant en chef de l'armée libanaise en novembre 2019:« Votre comportement a fait perdre la possibilité de pêcher en eau trouble, à ceux qui cherchent à faire cela. « Quand les manifestations ont commencé, une partie des manifestants étaient avec nous, les autres, contre nous. Après quelques jours, la situation s'est renversée. Ceux qui étaient avec nous sont devenus contre nous [car nous voulons les obliger à laisser les gens libres d’utiliser les routes publiques], et ceux qui étaient contre nous sont maintenant avec nous [car nous leur ouvrons les routes].« Nous devons travailler selon notre conscience, et une fois analysée la situation. Ne vous laissez pas influencer par les rumeurs. [Gardez] votre professionnalisme, votre endurance, votre esprit de discipline. Laissez-moi être fier d'être le commandant de l'armée consciencieuse, à la haute moralité, et qui a le courage de remplir n’importe quelle mission dans l’honneur et l’esprit de sacrifice, quels qu’en soient les défis…"Je désire que vous remerciiez vos familles: vos épouses, vos enfants, vos parents. Je sais combien cela leur en coûte [de vous entendre insultés]. Dites-leur de ne pas répondre, de ne pas écouter, de ne pas interroger. Qu'ils soient fiers de ce que leurs enfants remplissent cette mission qui sauve le Liban et garde la paix civile. "Regardez la carte des manifestations autour de nous. Ils ont utilisé les balles réelles de Hong-Kong à l'Ukraine, de l'Irak à la Bolivie, à l'Iran, et hier, à Paris. Vous, vous êtes en train de gagner l'admiration de tout le monde. Je vous le redis: ce n'est pas notre mission [d’ouvrir les routes], et nous ne sommes ni entraînés à cela, ni équipés. Et pourtant, nous remplissons cette mission avec professionnalisme et haute moralité. Les gens vous louent [car dans les autres pays] au cours d'une bataille, si quelqu’un va remplir une mission contre des terroristes ou des trafiquants de drogue, la décision est claire et il n’a pas besoin de réfléchir : ils tirent sur lui, il les tue immédiatement. Chez nous, on hésite à tirer, et c’est cela qui est normal. Ne vous en veuillez pas pour cela. Je vous le redis : ne vous laissez influencer par personne. Il faut étudier la situation. S’il le faut, on reste en arrière, étudiant la situation. Quand nous le jugeons bon, nous avançons de nouveau. Et c’est ce qui a lieu ici.« Mais eux, ici, ne sont pas nos ennemis : c’est le peuple du Liban. Ceux qui manifestent ont un droit sur nous. Et ceux qui ne manifestent pas ont un droit sur nous. Et la liberté de se déplacer est un droit sacré d’après les conventions internationales. Nous ne nous sommes pris à personne de ceux qui manifestaient sur les places. Mais quand ils ferment les routes et ils veulent humilier les gens, qu’ils m’excusent: moi, je vais alors intervenir et ouvrir la route. C’est ce que disent les conventions internationales. Nous arrêtons ceux qui causent des séditions, ceux qui ne sont pas libanais, qui sont des agents, et ceux qui se révèlent avoir de la drogue. Et je continuerai à le faire. « Nous avons eu une tragédie douloureuse, la victime en a été Ala Abou Fakhr ; la justice procède à une enquête ; nous attendons d’apprendre où sont les responsabilités, et nous prendrons alors nos responsabilités. Mais voyez ce qui se passe autour de nous. Combien de morts y a-t-il chaque jour en Irak et dans d’autres pays ? Ceci, sachant que nous avons eu des blessés. « Ne tenez pas compte des rumeurs: ce que vous faites, il y a de quoi en être fier. Ce moment difficile passera, et on verra quelle a été la noblesse de votre comportement. L’histoire, dans le futur, prouvera que c’est vous qui avez sauvé le Liban. N’ayez pas honte de ce que vous faites [en ouvrant les routes et en refusant de prendre parti], au contraire: relevez la tête. Chaque fois que vous menez une mission, vous me rendez fier d’être le commandant d’une armée consciencieuse à la haute moralité, agissant avec noblesse, discipline et professionnalisme. Je vous demande d’être fidèles à votre serment… »[Le serment du soldat comme de l’officier dans l’armée libanaise est: «Je jure par Dieu le très-grand, d’accomplir pleinement mon devoir, pour garder le drapeau de mon pays, et protéger ma patrie, le Liban.»]« Des défis se dressent devant nous. Espérons qu’ils passeront ; mais il y en aura d’autres — espérons que non ; mais nous devons être prêts à tout. »Le commandant en chef de l'armée libanaise s'adresse aux soldats après qu'ils aient été victimes d'attaques à coups de pierres, suite à la mort d’un des hommes de Joumblatt, venu bloquer la route, et qui a été tué par un autre militant de Joumblatt, officier de l’armée libanaise, qui voulait passer. Les tensions sont grandes sur ces routes depuis un mois où des miliciens en civil viennent les bloquer chaque jour, alors que des citoyens voudraient passer. A noter que Joumblatt a été accusé d’avoir organisé cet assassinat. Mais dans l’armée libanaise, la politique et la religion sont interdites, pour éviter les divisions. C’est pourquoi le commandant a supposé que c’est l’armée qui est coupable de l’assassinat d’Abou Fakhr. (Enregistrement réalisé à partir de vidéos amateur prises par les assistants)Traduction et commentaire Lina Murr Nehmé

Geplaatst door Lina Murr Nehme op Maandag 18 november 2019
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