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Oriana Fallaci et Khomeiny

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Il est étrange de voir s’enthousiasmer pour les femmes qui enlèvent leur tchador et combattent le régime iranien islamique, les mêmes intellectuels qui s’étaient passionnés, en 1979, pour Khomeiny. Pourtant, celui-ci était bien pire que ses successeurs, et cela se voyait quand on parcourait ses discours. 

Il est bon de se souvenir de la femme qui a osé se dévoiler quand c’était dangereux, c’est-à-dire en présence de Khomeiny lui-même et dans son antre: Oriana Fallaci, qui l’a interviewé en 1979. Il y a eu entre eux le dialogue suivant: 

Oriana Fallaci: — S’il vous plaît, Imam, il y a encore beaucoup de choses que je veux vous demander. Par exemple, ce tchador qu’ils m’ont fait porter pour venir chez vous, et sur le port duquel vous insistez pour toutes les femmes. Dites-moi, pourquoi les obliges à se cacher, tout emballées dans ces vêtements inconfortables et absurdes, qui rendent difficile le travail et les déplacements? Et pourtant, même ici, les femmes ont démontré qu’elles étaient égales aux hommes. Elles se sont battues comme les hommes; et elles aussi ont été emprisonnées et torturées. Elles aussi ont aidé à faire la révolution [islamique].

Khomeiny: — Les femmes qui ont contribué à la révolution étaient et sont toujours des femmes en robe islamique, et non des femmes élégantes maquillées comme vous, qui vont découvertes en traînant derrière elles une queue d’hommes. Les coquettes qui se maquillent et vont dans la rue en montrant leur cou, leurs cheveux, leurs formes, ne se sont pas battues contre le chah. Celles-là n’ont jamais rien fait de bien. Elles ne savent être utiles, ni socialement, ni politiquement, ni professionnellement. Car en se découvrant, elles distraient les hommes et les contrarient. Ensuite, elles en distraient et en bouleversent aussi d’autres.

— Ce n’est pas vrai, Imam. En tout cas, je ne parle pas seulement d’un bout de tissu, mais de ce qu’il représente: la condition de ségrégation dans laquelle les femmes ont été replongées, après la révolution. Le fait, par exemple, qu’elles ne puissent ni étudier à l’université avec des hommes, ni travailler avec des hommes, ni aller à la plage ou à la piscine avec des hommes. Elles doivent se baigner à part, en portant tchador. Au fait, comment nagez-vous en tchador?

K:— Cela ne vous regarde pas.

— Je dois encore vous demander beaucoup de choses. À propos du tchador, par exemple, que j’ai été obligé de porter pour venir vous interviewer et que vous imposez aux femmes iraniennes … Je ne parle pas seulement de la robe, mais de ce qu’elle représente. Les femmes iraniennes sont victimes d’apartheid depuis la révolution. Elles ne peuvent pas étudier à l’université avec des hommes, elles ne peuvent pas travailler avec des hommes, elles ne peuvent pas nager dans la mer ou dans une piscine avec des hommes. Elles doivent tout faire séparément, en portant leur tchador. Au fait, comment pouvez-vous nager avec un tchador?

— Rien de tout cela ne vous regarde. Nos coutumes ne vous regardent pas. Si vous n’aimez pas la robe islamique, vous n’êtes pas obligée de la porter, car elle est destinée aux jeunes femmes et aux dames respectables.

— C’est très gentil de votre part, Imam. Puisque vous me le dites, je vais me débarrasser immédiatement de ce stupide chiffon médiéval. Là! C’est fait. 

(Interview publiée par le New York Times. Traduction Lina Murr Nehmé)

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Part of Oriana Fallacci’s interview with Ayatollah Khomeiny: 

FALLACI: Please, Imam, there are many things I still want to ask you. For example, this chador that they made me put on, to come to you, and which you insist all women must wear. Tell me, why do you force them to hide themselves, all bundled up under these uncomfortable and absurd garments, making it hard to work and move about? And yet, even here, women have demonstrated that they are equal to men. They fought just like the men, were imprisoned and tortured. They, too, helped to make the revolution.

KHOMEINI: The women who contributed to the revolution were, and are, women with the Islamic dress, not elegant women all made up like you, who go around all uncovered, dragging behind them a tail of men. The coquettes who put on makeup and go into the street showing off their necks, their hair, their shapes, did not fight against the Shah. They never did anything good, not those. They do not know how to be useful, neither socially, nor politically, nor professionally. And this is so because, by uncovering themselves, they distract men, and upset them. Then they distract and upset even other

FALLACI: That’s not true, Imam. In any case, I am not only talking about piece of clothing, but what it represents. That is, the condition of segregation into which women have been cast once again, after the revolution. The fact that they can’t study at university with men, or work with men, for example, or go to the beach or to a swimming pool with men. They have to take a dip apart, in their chadors. By the way, how do you swim in a chador?

KHOMEINI: This is none of your business. Our customs are none of your business. If you do not like Islamic dress you are not obliged to wear it. Because Islamic dress is for good and proper young women.

FALLACI: That’s very kind of you, Imam. And since you said so, I’m going to take off this stupid, medieval rag right now. There. Done. 

(New York Times)

Lina Murr Nehmé, 26 novembre 2019

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Des femmes Iraniennes dans les stades

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Les femmes iraniennes s’émancipent malgré la persécution. Songez seulement qu’il y a quelques années, elles étaient en tchador et jilbabs noirs. Et qu’en 1979, un nombre important d’entre elles exigeait cela.

Le pouvoir les a autorisées à aller dans les stades pour soutenir leurs sportifs préférés. Auparavant, les stades étaient réservés aux seuls hommes, y compris les mollahs. Car en islam, le sport est une activité religieuse: dans un hadith authentique, Mahomet commande de se garder en bon état pour faire le djihad.

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