Daesh a revendiqué l’attentat contre les coptes dans l’église Saint-Menas. Mais rien n’abattra ces chrétiens de vieille souche qui ont résisté à plus d’un millénaire de mauvais traitements. La force ne consiste pas à rester en vie à tout prix, elle consiste à garder la tête haute et à mépriser ce qui veut vous avilir moralement.
Al-Nosra est la fille de Daech et ambitionne de remplacer Daech. Mais est-ce possible ? En 2016, Lina Murr Nehmé faisait à ce sujet à Michel Kik des réponses qui demeurent actuelles et qui poussent à réfléchir.
Parmi les “miracles scientifiques” du Coran, il y a l’histoire du soleil… Et il y a la NASA. Et il y a les islamistes qui veulent faire peur aux femmes. Voici un montage alliant la voix d’un cheikh incroyablement furieux, et les images de la NASA. Les islamistes sont en conflit avec la NASA, mais non avec ses images…
L’armée libanaise victorieuse comme d’habitude. Daech s’est rendu. Reste le sort des soldats enlevés il y a trois ans. L’Etat islamique les avait filmés sous son drapeau et avait envoyé la vidéo pour montrer qu’ils étaient vivants. Il avait menacé de les tuer, et il a probablement mis sa menace à exécution. L’armée libanaise a accepté un cessez-le-feu pour négocier leur retour, ou au moins, celui de leurs dépouilles. Ce sera la fin du calvaire de leurs familles. Cette tragédie aurait été épargnée si les politiciens ne s’en étaient mêlés, sur la volonté de puissances étrangères.
2 septembre 2017
L’armée libanaise a proclamé que son but dans la bataille était:
1- de libérer ses soldats otages ou d’avoir leurs dépouilles.
2-de faire sortir Daech du Liban.
Les deux buts ont été accomplis.
Quand le gouvernement libanais a commencé à négocier avec Daech pour avoir ses soldats otages, le gouvernement syrien a dit que cela se passait chez lui et qu’il n’y aurait pas de négociations sous la table sur son territoire. Le gouvernement libanais ne parle pas avec le gouvernement syrien, donc le Hezbollah a joué les médiateurs entre le gouvernement libanais et le gouvernement syrien pour qu’on puisse récupérer les otages. Et dans le package deal, les 500 djihadistes de Daech survivants (l’armée libanaise en avait tué 200 avant qu’ils se rendent), faisaient un déplacement vers des régions qui leur sont amies comme il s’en fait dans tous les accords qui se font en Syrie depuis plusieurs mois. Il n’y a là rien de si extraordinaire. Ils se sont déplacés, ils seront vaincus là-bas.
Quant à la puissance du Hezbollah, elle est véritable, mais sur le plan militaire seulement. Ma question est: pourquoi est-ce que les grandes puissances interdisent à l’armée libanaise d’avoir un matériel aussi performant que celui du Hezbollah de façon à désarmer le Hezbollah? Et comment les armes sont-elles parvenues au Hezbollah? Par l’opération du Saint-esprit? Ou par voie terrestre au vu de tous les espions, de tous les services de renseignement et des satellites espions? Les Américains n’ont-ils pas laissé passer les camions d’armes venus d’Iran pour le Hezbollah, y compris ceux qui sont venus depuis le début de la guerre occidentale des Américains et des Français contre Daech?
Et ma dernière question: pourquoi laisser les chiites et les sunnites à la fois avoir des armes aussi importantes? N’est-ce pas qu’il y a une volonté de garder les deux camps (les sunnites et les chiites) assez forts pour qu’ils se battent en permanence ? car si l’un des deux camps perdait sa force, il n’y aurait pas de guerre.
Pour ceux qui ne comprennent pas ce que vient faire Daech au Liban, il y a maintenant exactement 3 ans qu’il s’y trouve dans le cadre de son invasion mondiale, qui devait naturellement commencer par Cham (Liban-Syrie-Israël-territoires palestiniens-Jordanie) avant de se poursuivre dans les autres pays, notamment par voie maritime, par le biais des ports du littoral syrien, libanais ou israélien, notamment : Lattaquié, Tripoli, Beyrouth, Sidon, Haïfa, Jaffa, pour arriver, plus au sud, à Eilat et au canal de Suez. Pour la même raison, Nosra, qui s’est attribué Cham, tentait une invasion du Liban et de la Jordanie.
Les deux organisations, toutes deux issues d’Al-Qaïda, se combattaient en Syrie, mais au Liban, elles étaient alliées.
L’invasion aurait dû être stoppée à la frontière libanaise. Mais à l’époque, les pressions saoudiennes, qatari et autres (bakchich notamment), sur le gouvernement et sur le commandant en chef de l’armée, Kahwaji (qui espérait devenir président de la République), ont poussé ce dernier à laisser précipitamment partir en Syrie les Daech et les Nosra qui se trouvaient dans la localité d’Ersal et les prairies voisines (Jouroud Ersal), alors, pourtant, que l’armée libanaise était victorieuse. Les islamistes avaient des otages, soldats et gendarmes libanais, et dans sa précipitation, Kahwaji les a laissés partir en négligeant de leur faire d’abord rendre les otages.
Durant les jours suivants, Daech et Nosra ont exigé la libération de tous les prisonniers islamistes dans les geôles libanaises, en menaçant d’exécuter les otages si le gouvernement libanais n’obtempérait pas. Ce qu’ils firent quelques jours plus tard, en prenant soin d’envoyer des vidéos ou des photos horribles pour faire chanter le gouvernement libanais.
Le premier martyr a été un soldat libanais sunnite appelé Ali Sayyed. Daech l’avait égorgé de la façon la plus horrible et avait fait circuler la vidéo au Liban.
Furieux, des jeunes gens sont allés brûler les drapeaux de Daech et Nosra sur la place la plus fréquentée de Beyrouth par les jeunes. Ils ont diffusé les photos sur les réseaux sociaux, mais elles n’ont circulé qu’entre leurs amis.
Quelques jours plus tard intervint le ministre de la Justice Achraf Rifi, alors un des plus puissants sunnites du Liban. Son nom était proposé pour devenir Premier ministre, et son soutien était essentiellement formé par les islamistes qui terrorisent la ville libanaise de Tripoli. Pensant se faire remarquer par les Etats souteneurs de Daech (alors l’Arabie et le Qatar) qui pouvaient l’amener au pouvoir, il annonça, le 30 août 2014, que puisque les phrases de la chahada islamique étaient inscrites sur les drapeaux de Daech et Nosra, il réclamait la prison et les plus grandes peines pour châtier les jeunes gens qui les avaient brûlés.
Le pays étant révolté par les concessions faites aux terroristes et par l’horreur de la mort d’Ali Sayyed, la déclaration de Rifi fut un comble.
Il aurait dû y avoir des dizaines de manifestations, il n’y en eut aucune. Il y avait à la fois un climat de révolte et de peur. Peur parce que Daech était à moins de 100 kilomètres de Beyrouth, et parce qu’il semblait tout puissant : il avançait à toute vitesse, et annonçait qu’il allait prendre Beyrouth. Et révolte parce que le pouvoir ne donnait pas à l’armée libanaise l’ordre de poursuivre la bataille, alors qu’elle le pouvait.
Je cherchai toute la journée à organiser une manifestation, sans succès. Alors j’ai pris sur Internet une photo d’un drapeau de Daech, je l’ai agrandie, imprimée et agrafée sur un manche à balai. Un inconnu me regardait curieusement du balcon d’en face, j’ai tiré les rideaux du balcon et j’ai collé un drapeau libanais dessus. Et j’ai commencé à brûler le drapeau agrafé en me faisant photographier, jusqu’à ce que le drapeau finisse de se consumer.
Puis j’ai mis une des photos sur Facebook. Je croyais que tout le monde mettrait, comme moi, sa photo brûlant le drapeau de Daech sur Facebook. Mais au lieu de cela, les gens partagèrent ma photo, et cela flamba à toute vitesse.
Le lendemain, tout le pays en parlait, on en parlait dans le monde entier, mais pas dans les grands médias libanais, qui avaient peur. Les journalistes en privé partageaient ma photo ou écrivaient sur des pages Internet. Mais dans les grands journaux, silence complet. Sauf dans les journaux de l’étranger : “Al-Ahram”, qui mit mon nom mais n’avait pas osé mettre ma photo, “Libération” qui publia ma photo mais pas mon nom, etc.
Un groupe de jeunes, dont des musulmans, décida d’aller brûler le drapeau devant le palais de Justice, mais pour une raison ou une autre, le drapeau fut échangé, à la dernière minute, par un faux sur lequel il était écrit: “Pas de dieu pour le terrorisme”. Et ils le brûlèrent en faisant une conférence de presse que tout le monde fut heureux de répercuter.
Les Occidentaux, qui ne lisent pas l’arabe, n’ont pas remarqué la supercherie, grâce à l’hypocrisie des médias libanais qui se sont précipités sur cette affaire pour compenser leur lâcheté face à la mienne.
Les islamistes, qui lisent l’arabe, ne s’y sont pas trompés et n’ont répercuté que ma photo. Le tweet suivant a été envoyé 11h après que j’aie publié ma photo, par un compte qui se donne le nom de « Services de renseignements de l’ASL » (Armée syrienne libre), page par la suite fermée par Twitter. La légende est une menace en soi :
« L’écrivain chrétienne Lina Murr Nehmé défie les musulmans au Liban et brûle l’étendard de l’islam. » Les deux premiers commentaires sont classiques : l’un me traite de « vieille sorcière », et l’autre dit :
« Elle a peut-être envie que sa photo fasse la Une des journaux du monde pendant qu’elle sera en train d’être égorgée. »
À signaler que l’ASL, que l’Occident a toujours appelée modérée, est une organisation formée du rebut de l’armée syrienne, les islamistes, ceux qui ont torturé ou massacré au Liban, et qui ont par la suite utilisé les mêmes méthodes en Syrie. Nosra s’est nourrie des éléments de l’ASL, qui a périclité et a d’ailleurs ouvertement montré par la suite son but véritable : le djihad armé. Cela n’empêche pas l’Occident de l’appeler modérée. Il est vrai que le régime wahhabite saoudien aussi est appelé modéré, même après avoir décapité des dizaines de personnes pour avoir manifesté.
Les islamistes ont écrit des centaines de fois sur les réseaux sociaux qu’ils allaient m’égorger. Je suis encore vivante, et ce que j’annonçais à l’époque dans mes articles et dans mes posts, se réalise: Daech n’est pas tout-puissant, et c’est pourquoi le fait de brûler le drapeau n’a pas créé de guerre civile (au contraire, il a uni), il a sauvé les jeunes gens de la prison, il a empêché quiconque de menacer notre liberté d’expression au nom de la religion. À ce jour, il n’a pas amené ma mort.
Donc, la lâcheté ne paie pas.
Ces événements (le retrait des terroristes avec les soldats libanais otages, la mort d’Ali Sayyed, les menaces envers les jeunes gens qui avaient brûlé les drapeaux de Daech et Nosra) qui se passaient il y a trois ans jour pour jour, ont laissé place à un paysage totalement différent. Le général Aoun, à l’époque était empêché d’arriver au pouvoir parce qu’il possède le plus gros bloc parlementaire chrétien, et qu’avec ses députés, il aurait été, contrairement à ses prédécesseurs nommés par l’ennemi, assez fort pour donner à l’armée libanaise l’ordre de chasser Daech et Nosra et de libérer Ersal.
Ceux qui ont financé Daech clament haut et fort que c’est le Hezbollah qui dirige les opérations, les uns pour glorifier le Hezbollah, les autres pour avilir l’armée libanaise comme ils ont toujours fait.
En fait, le Hezbollah n’a pas attaqué Nosra à Ersal au Liban de sa propre initiative, mais seulement, quand il a su qu’une opération avait été décidée par l’armée libanaise sur ordre du gouvernement. Car c’est la première fois depuis l’occupation syrienne du ministère de la Défense (1990), que le commandant en chef de l’armée n’est pas choisi par les ennemis du Liban. C’est quand le commandement de l’armée a changé qu’il a été possible d’envisager une libération totale du Liban, et non quand le Hezbollah l’a voulu. En trois ans, ce dernier n’a jamais osé faire ce mouvement vers Ersal. Il est exclusivement chiite, et il a besoin du soutien des autres communautés, que représente l’armée libanaise. C’est elle qui commande au Liban sur le plan militaire, même si ce n’est pas elle qu’on voit. Et cela a toujours été le cas. Elle est la seule institution dans laquelle la majorité des Libanais de toutes confessions se sentent représentés. Elle ne se donne pas le nom de chrétienne ou musulmane, comme font les milices. Elle est nationale et multiconfessionnelle, mais de discipline et de comportement laïques.
Les milices confessionnelles passent, l’armée libanaise reste. C’est la seule armée qui n’a jamais été vaincue, même par les Israéliens. C’est aussi la seule qui n’a jamais pris les territoires d’autrui. Ce n’est pas parce qu’elle ne l’a pas pu : elle seule, en 1948, a occupé des territoires israéliens : la Galilée durant 6 mois. Puis elle s’en est retirée sans être chassée, mais en signant un armistice.
Je pense que si l’armée libanaise perdait son éthique, elle perdrait aussi des batailles. En 2007, c’est sa victoire qui a empêché que l’Etat islamique ne commence au Liban. A l’époque, les terroristes du Fatah-el-Islam avaient égorgé et éborgné 20 soldats libanais dont un officier, dans leur sommeil. Au lieu de rendre la pareille, l’armée libanaise (contre la volonté du gouvernement qui protégeait alors les islamistes) a mis le siège autour du camp de Nahr el Bared, QG du Fatah-el-Islam, et pendant une semaine, a utilisé ses véhicules militaires pour évacuer les civils de l’ennemi sous sa protection, non pour les prendre en otages, mais pour les libérer et leur éviter la mort. Cette opération de sauvetage des civils de l’ennemi a coûté à l’armée libanaise deux morts de plus.
A signaler que l’armée libanaise est la seule institution non-confessionnelle au Liban, totalement laïque, où il est interdit de prier ouvertement, où il est interdit d’avoir une barbe islamiste ou un signe religieux comme un crucifix, alors, pourtant, que c’est l’institution où, probablement, dans leur cœur, les hommes prient le plus. Mais chacun dans son cœur. C’est la seule institution qui n’a pas pu être brisée. La seule qui représente tous les Libanais, et qui est toujours la cible des ennemis du Liban, quelle que soit leur nationalité et quelle que soit leur confession.
Pour sauvegarder ces principes de liberté morale et d’humanité, il y a eu les sacrifices de chrétiens, chiites, sunnites, druzes, alaouites, chacun frappé par des milices de sa propre communauté, mais debout moralement, même quand ils tombaient. Car ils tombaient pour que vive le Liban de Fakhreddine, celui dans lequel ce n’est pas la terreur, le bakchich et le clientélisme, mais l’amour entre les confessions qui fait l’unité nationale.
Nous, Libanais, nous nous aimons au-delà des différences. Ceux qui ne rentrent pas dans cette définition, ne sont pas libanais. J’espère qu’ils le deviendront, car plus on est nombreux avec cet état d’esprit, plus on est heureux. Sinon, ce n’est pas à eux qu’appartient l’avenir.
Ceux qui, les voyant si puissants, se mettent à désespérer, devraient se rappeler le proverbe qui dit: “Il y a un jour pour toi, ô injuste.” Et: “Celui qui creuse une fosse pour son frère, tombera dedans.”
J’aurais le même message à transmettre à ceux qui désespèrent de mon autre pays, la France, qui ne peut être sauvée que par l’amour. Et qui le sera.
Lors des élections de 2017 en France, Emmanuel Macron a obtenu les voix de 43,63% des inscrits. Il affirme néanmoins son désir d’être le Président de tous les Français, et donc de les unifier.
Il n’est pas facile d’unifier après avoir divisé. Après avoir diabolisé, à cause de leurs idées, des Français dont le seul crime est d’être pauvres et d’avoir faim.
Quand j’étais jeune, la classe ouvrière en France votait à gauche, et les intellectuels en disaient alors du bien et la plaignaient, alors qu’elle pensait et parlait exactement comme aujourd’hui. Qu’y a-t-il de changé? Maintenant qu’ils votent à l’extrême-droite, les ouvriers et les chômeurs seraient devenus mauvais? Tout au long de la campagne électorale, on nous a rabâché les oreilles en les traitant de fascistes, alors que ce n’étaient pas eux qui, parce qu’ils avaient perdu les élections, étaient descendus dans la rue pour tout casser ou incendier des policiers.
Et l’on nous parle d’espoir. En quoi est-il porteur d’espoir pour ses électeurs, Macron qui est l’auteur de la loi Travail? C’est précisément à cause de cette loi qu’une partie de ces mêmes électeurs a paralysé le pays durant des mois. Donc ils recommenceront bientôt. Cela ne donne pas d’espoir ni sur le plan économique, ni sur le plan sécuritaire.
Et en quoi est-il porteur d’espoir, celui qui est soutenu par toute l’oligarchie et les islamistes1 qui ont donné pour mot d’ordre de voter massivement pour lui?2 Ils ne l’auraient pas fait s’il n’y avait pas eu des bénéfices à attendre de son élection, et donc un marché conclu sous la table.
Et l’Arabie Saoudite est ravie. Croyez-vous que le choix de l’Arabie se porte jamais sur quelqu’un qui sert les intérêts de son pays, elle qui a financé le radicalisme et le terrorisme dans le monde à coups de centaines de millards de dollars, et qui est le personnage responsable de la montée des organisations al-Qaïda avec toutes ses branches, notamment la irakienne (Daech) et la branche syrienne (al-Nosra avec tous ses noms et avatars)?3
Non, je suis contente que cette campagne de cauchemar, pleine de haine de toutes parts, se soit terminée, mais je ne suis pas contente de ce qui risque probablement d’arriver, car, de tout cœur, je ne souhaite pas que M. Macron échoue, son échec ne pouvant qu’apporter beaucoup de souffrance.
Il y a deux semaines, on faisait la queue pour voter. Aujourd’hui, ils nous attendaient tous, nous avions fini en trois minutes.
Que vaut une élection où la moitié des gens ont voté contre quelqu’un et non pour, et où 12.101.661 d’électeurs (25,44% des électeurs inscrits) se sont abstenus ou ont voté blanc (4.069.582, soit 8,55% des électeurs inscrits) ? Que vaut une élection dont le résultat a été concocté par des révélations de scandales frappant certains candidats et pas les autres – lesquels ont pourtant, tous, les mêmes affaires à se reprocher, surtout dans le camp des soutiens de Macron?4
Que vaut une élection dont le résultat a été dû au fait que dans un débat, une des protagonistes s’est comportée stupidement parce qu’un succès auquel elle n’était pas habituée lui avait donné le vertige et parce que son interlocuteur passait son temps à traiter ses paroles de mensonges au lieu d’y répondre?
Tout cela est-il sain? On en verra les fruits à court ou moyen terme, et je ne souhaiterais pas pour mon pire ennemi le sort qui va vraisemblablement frapper M. Macron quand l’urgence ne sera plus d’écarter Mme Le Pen, mais bien de résoudre les problèmes économiques qu’il n’a pas su résoudre durant le quinquennat précédent. Et, plus encore, de résoudre les problèmes de l’islamisme et du terrorisme, qui sont plus graves, car ils sont existentiels.
1 Concernant ce qu’enseignent ces mêmes islamistes en France, on trouvera les informations, citations, références et fac-similés dans mon livre: « Tariq Ramadan, Tareq Oubrou, Dalil Boubakeur : ce qu’ils cachent », Salvator 2017.
3 Lina Murr Nehmé, « Fatwas et Caricatures: la stratégie de l’islamisme », Salvator 2015.
4 Concernant l’honnêteté des politiciens qui soutiennent Macron et du favoritisme dont ils bénéficient de la part des médias (à quel prix?), le lecteur a l’embarras du choix. Mais il importe de signaler le cas de François Bayrou, qui a attaqué la corruption des autres, tout en fournissant des emplois fictifs. Lire l’article écrit par l’un des bénéficiaires de ces emplois, Nicolas Grégoire, dont le récit fut censuré durant toute la période électorale : il explique plus ou moins le retournement de Bayrou en faveur de Macron qu’il avait traîné dans la boue peu auparavant: https://medium.com/@nicolasgregoire/pas-avant-le-deuxième-tour-593526d58a2a
Qui dit vrai ? Dalil Boubakeur en public ? Ou le Dalil Boubakeur de la rue Monge, qui se vante de dispenser aux futurs imams de France le même enseignement que les universités islamiques d’Al-Azhar et de Médine ?
Prenons une seule phrase de la dernière proclamation de Dalil Boubakeur : “Tous ceux qui croient en l’unicité d’Allah, qu’ils soient musulmans, juifs ou autres, font partie de la même communauté du Livre. Il s’ensuit que toute forme d’antisémitisme est contraire à l’enseignement du prophète Mohammed lui-même (paix et bénédictions soient sur lui). Plus largement, sur son exemple, l’islam implique les vertus de tolérance et de bienveillance, car seul Dieu est juge.” (Proclamation du 28 mars 2017)
Dans cette phrase il y a plusieurs mensonges :
1- Dans la langue française, le mot “Allah” n’est jamais utilisé que pour la divinité du Coran, celle dont Mahomet est le prophète. De façon sournoise, cette phrase exclut donc les non-musulmans.
2- “La même communauté du Livre”?
Ce n’est pas ce que dit le Coran, qui appelle les musulmans “Croyants”, alors que “Gens du Livre” désigne les chrétiens et les juifs.
3- “Ou autres.”
Quels autres? Tous ceux qui ne sont ni musulmans orthodoxes, ni juifs, ni chrétiens, ni zoroastriens, sont censés être génocidés, leurs femmes violées et vendues avec leurs enfants en esclavage, d’après les textes enseignés dans l’institut que préside Dalil Boubakeur. C’est pour appliquer ces textes que Daech a ouvert son marché aux esclaves et s’en est vanté en 2014…
4- “Reconnaissent l’unicité d’Allah”.
Loin de dire que les chrétiens et les juifs croient en un Dieu unique, le Coran prétend qu’ils sont des polythéistes ou idolâtres, et il dit ailleurs qu’ils sont des mécréants.
5- “Toute forme d’antisémitisme est contraire à l’enseignement du prophète Mohammed lui-même”.
Que fait Boubakeur des hadiths qu’on lit dans sa mosquée et qu’on étudie dans son institut et qui promettent un génocide des juifs avant la fin des temps?
6- “Sur son exemple, l’islam implique les vertus de tolérance et de bienveillance”.
Sur l’exemple de Mahomet, tel qu’on l’enseigne dans la mosquée de Dalil Boubakeur, c’est totalement faux. Citons le texte de la décapitation des 7 à 900 juifs de la tribu de Qorayza. Ou celui de l’attaque de Khaybar sans que ses habitants aient rien fait sinon rester dans leurs croyances.
7- “Car seul Dieu est juge”.
Mais ce n’est pas ce qu’enseignent les textes diffusés chez Boubakeur. Ces textes disent que les disciples de Mahomet aussi sont les juges des autres. D’où l’existence des “Comités de la Promotion de la Vertu et de la Prévention du Vice” en Arabie Saoudite, et d’un ministère ayant le même nom en Afghanistan sous les Talibans; c’est ce ministère qui a décrété la destruction des bouddhas de Bamian et a présidé à l’exécution de la sentence. Sans parler des comités semblables en Egypte (où le grand-père de Tariq Ramadan voulait “exécuter” un livre, celui du très grand penseur Taha Hussein, un savant dont toute l’Egypte était fière), ou encore, tout simplement, du jeune homme qui a estimé avoir le droit, en France, de briser le stock de vin d’un supermarché parce que c’était le ramadan et qu’il ne voulait pas voir d’alcool durant ce mois. C’est également au nom du fait qu’ils ont le droit de juger et d’exécuter la sentence, que les terroristes sont allés tuer les journalistes de Charlie Hebdo, puis les clients de l’Hyper casher, sans compter les terroristes du 11 septembre 2011, et ceux des autres attentats de Paris, de Bruxelles, de Munich, de Londres, etc.………
Les 7 mensonges signalés dans une seule phrase du document de Boubakeur donnent une idée du nombre de mensonges qu’il y a dans tout le document. Je renvoie le lecteur à mon livre “Tariq Ramadan, Tareq Oubrou, Dalil Boubakeur: ce qu’ils cachent”, qui cite les textes du Coran et de la Sunna et les références que je n’ai pas la place de fournir ici, mais que j’ai fournis dans ce livre.
Ces textes couverts et loués par Dalil Boubakeur commandent le meurtre de l’apostat et apprennent à mépriser la France et à la haïr, et commandent de tuer tous les juifs avant la fin du monde, de soumettre les chrétiens et de pratiquer la taqiya, ou dissimulation.
Après la publication de ce livre, j’attendais une réforme de l’enseignement réel de Dalil Boubakeur. Au lieu de cela, Dalil Boubakeur a appliqué la parole de Goebbels: “Plus le mensonge est gros, plus il passe.”
Mais cela ne marche plus de nos jours, où les médias ne peuvent plus être concentrés dans les mains de celui qui impose le mensonge.
Si vous avez dit vrai dans votre dernière proclamation, Dalil Boubakeur, osez m’intenter un procès en diffamation! Et si je dis la vérité, reconnaissez publiquement votre tort comme ont fait d’autres avant vous. Et aidez-nous à exiger une réforme supprimant les incitations au sexisme, au racisme, au génocide, au meurtre des musulmans apostats, des athées, des homosexuels, et au djihad armé contre ceux qui ne pensent pas comme vous. C’est alors que les personnes de valeur vous respecteront.
En tout cas, cessez de vous vanter d’avoir aligné l’enseignement dans votre institut sur celui d’Al-Azhar et de l’université islamique de Médine en Arabie, tout en prétendant que vous enseignez l’amour et la tolérance. C’est soit l’un, soit l’autre.
La méthode du bulldozer qui consiste à avancer sur les arguments en les écrasant, marche pour un temps. Mais la vérité a ceci de particulier qu’elle ne s’écrase pas et qu’elle ne meurt pas. Elle est forte de la force de la vie. Contrairement aux bulldozers, amas inertes de ferraille qui ne marchent qu’au pétrole, et qui s’arrêtent et se rouillent dès que l’or noir ou jaune ou vert, cesse de leur parvenir.
Contrary to preconceptions, the American media are, in the area of foreign politics, heavily influenced by unscrupulous entities that are, sometimes, related to the government.
This subservience is not obvious: the journalists in the United States are impertinent in the area of domestic policy. So the average American does not know enough about foreign politics to be able to check the data provided to him… or to know what is hidden from him.
While I was in Lebanon in February 1989, I had ordered sets of prints of some of my paintings. I had to go from Jounieh to Cyprus by boat, in order to return to the USA, where I lived, near Boston. I could not know that I had taken the last boat, and that heavy bombardments would close this port a few hours after my departure.
Three weeks later, as I needed to have a few samples of the prints, I called my parents in Lebanon and asked if they had received my prints. My father said:
“We are working as fast as we can. But we are under unceasing heavy Syrian bombardments. You know we are at war, don’t you?”
“No. I did not know. Otherwise I would not have asked for my prints.”
“We are experiencing the worst bombardments we have ever known. But we are happy, because at long last, Lebanon has declared war on Syria.“
It was huge: the war had lasted so many years, and the Syrian army was occupying part of Lebanon. The Lebanese army would fight against the Syrians at some places, yet, the Lebanese politicians had never dared talking of bombarding the Syrian army in Lebanon openly.
I called the Lebanese journalists I knew in America. They confirmed the existence of a blackout in the American medias, concerning Lebanon. One of them faxed me a sample of a letter to sign and send at the White House to George H.W. Bush, who was then president. In this letter, the sender demanded that the American media told the truth about the Syrians in Lebanon. I signed the letter and put it in an envelope which I stamped. I wrote on the envelope the name and address of George Bush, and I posted it, without hoping much of a result.
After a few days, the media stopped the blackout. I called the same journalist and I asked him what had happened. He said: “Fifty thousand of us sent letters to the White House. That’s why the media have stopped the blackout. Read the Boston Globe“.
On 2 April 1989, the Boston Globe wrote in its editorial page:
“Since March 14, the people of Beirut have suffered from artillery bombardments that have made their existence a nightmare. In one night, 5,000 rockets fired from Syrian positions in West Beirut landed on the Christian quarters of East Beirut. Enormous fuel-storage tanks have been set ablaze, and the fires have burned out of control. Power stations have been knocked out, and since Beirut depends on pumps for its water supplies, the cutoff of electricity has meant a city without lights and water.
“American newspapers and television networks have been hampered in reporting the tragedy of Beirut’s bombardment — the hundreds of casualties, the thousands of refugees fleeing south. The Bush administration has kept silent.”
Who could hamper all the American media from doing their job while the Bush administration was also keeping silent? And why?
The effects of this hampering are amazing. In the period from March 14 until the editorial cited above, the Boston Globe’s articles make it appear that nothing is happening in Lebanon except truces and some fighting between Christians and Muslims or Druzes. Below are the abstracts of all seven articles about Lebanon from March 14 to April 1, taken from the Boston Globe archives. Three of them are about truces, four of them describe the fighting as being between Christians and Muslim militiamen without Syrian involvement, one of them describes the Syrian army as not involved (but re-deploying just in case), zero describe Syria as being involved in the fighting, and only one (a third update of a former article) mentions that a certain General leading a “Christian Cabinet” says the fighting is against Syrian forces.
40 Lebanese Die in Sectarian Clashes, Mar 15, 1989: At least 40 people were killed, mostly civilians, on March 15, 1989 in Beirut as Christian army units and Moslem militiamen fought an artillery duel which rained hundreds of shells on Beirut’s residential areas.
40 LEBANESE DIE IN SECTARIAN CLASHES, Mar 15, 1989 (third update): Gen. Michel Aoun, who leads a Christian military Cabinet and commands 20,000 Christian troops, said yesterday: “It’s a war of liberation against Syrian occupation forces. The battle has begun.” Aoun’s headquarters were damaged in the shelling. In midafternoon, police said, Aoun’s forces shelled the border town [sic] of Chtaura [in the center of Lebanon], command headquarters for Syrian troops in east Lebanon’s Bekaa Valley, and cut the Damascus-Beirut highway. Gen. Sami Khatib, chosen by [Salim Hoss] to command the army’s 22,000 Moslem soldiers, has kept out of the Christian-Druze battle. His troops are poorly equipped and scattered throughout Lebanon’s Moslem territory, which generally covers West Beirut, the slums to the south of the capital, and south Lebanon and coastal areas.
Lebanese Observe Uneasy, Unofficial Truce, Mar 16, 1989: Rival Christian and Moslem forces, pausing after two days of fighting that killed 50 people and wounded others, observed an uneasy and undeclared truce amid warnings of renewed fighting.
Shelling Continues in Hills Near Beirut, Mar 19, 1989: Christian-led army troops and pro-Syrian Moslem militiamen battled with tanks and artillery in the hills overlooking Beirut. Reasons for the latest fighting are presented.
Artillery Duels, Air Strikes Rock Lebanon, Mar 21, 1989: Violence erupted between Christian and Moslem forces in Lebanon while Israeli planes bombed Palestinian positions in the Bekaa Valley.
Syria Troops Redeployed Near Beirut, Mar 23, 1989: Syria moved its troops in Beirut to new positions and called for the ousting of Christian leader Michel Aoun. The military reorganization is in case of war across divided Beirut between Aoun’s troops and Syrian Moslems.
Lebanese Truce Starts; Shelling Subsides, Mar 29, 1989: The Lebanese army has agreed to a cease fire to give the Arab League a chance to negotiate an end to Lebanon’s crisis.
Such a subservience is amazing in a country that claims to have the freest press in the world. In a free country, there is no need to send letters to the President in order to have journalists report so huge a tragedy. Money or other forms of pressure make the American media accept, in the area of international politics — the most important area — a self-censorship similar to the one that terror imposes in dictatorships.
The White House was very well informed about the situation in Lebanon: that’s what ambassadors and secret services are for. The following telegram published by Wikileaks, was written on 14 March 1989 by John McCarthy, the American ambassador in Beirut. It speaks of the bombardment, and says that Nabih Berri, head of the Amal movement, wanted the ambassador to know that he was not the one who had bombarded the Lebanese MOD (Ministry of Defense). Berri implied that the Syrian army was the one to have bombarded the MOD: besides Berri’s Amal, there was no other armed force having a heavy artillery capable of doing such shelling:
Why did George H.W. Bush keep silent about the tragedy of Lebanon in March 1989, despite being kept informed on a daily basis by his diplomats and his intelligence services?
Perhaps because George Bush wanted to leave a free hand to the Syrian army and the militias financed by Saudi Arabia and Syria. He would later approve the Syrian invasion of Lebanon (13 October 1990). A few days earlier, he even prepared the American opinion at a White House Briefing for Representatives of the Arab-American Community, on 24 September 1990. In this briefing, he refused to grant Lebanon the same human rights as Kuwait, and punish Hafez Assad like Saddam Hussein since he had committed the same crime: invading a neighboring country. In fact, Assad was far more guilty. He had shed much more blood than Saddam, and had invaded Lebanon many years before Saddam had invaded Kuwait. George H.W. Bush went so far as to announce that Syria would have a role in ending the division of Lebanon, which meant that Syria would occupy the totality of Lebanon:
A woman: “One question about Lebanon, please.” Bush: “Shoot.” The woman: ” …Our government has taken every action against Iraq that we have been urging should be taken against Syria for its similar action in Lebanon. Syria is now apparently allied with our government and others against Iraq. This disturbs us greatly, unless our government has some plan to use its newfound leverage on Syria to cause Hafiz Assad to conform to the norms of civilized behavior that we are attempting to enforce against Saddam Hussein. “This is the question: What is our plan to make Syria conform? And if there is no plan, doesn’t our alliance with Syria compromise our moral position in the worldwide effort against Iraq?” Bush: “This thing is so complex over there that it’s pretty hard to give you a definitive answer. Out of this, though, there could well be a new world order. And part of that must be the peaceful resolution of the division of Lebanon. I’ve been there; I’ve worked there years ago. And I’m old enough … to remember Lebanon as the peaceful crossroad. It didn’t matter what was going on in the rest of the world; commerce survived, people got along one with the other, different religions and different ways of life all thriving there. We want to help… bring peace to the Lebanon. And Syria does have a key role. And I hope out of this that we can use this new world order, if you will, that might emerge if we all stay together [with Hafez Assad] to be catalysts for peace in the Lebanon”.
It was the President of a democratic country speaking, openly, in front of microphones and television cameras, of a dictatorship putting an end to a democracy by a bloody invasion! This is to be compared with the way the Syrian regime is treated by the American authorities since it left Lebanon and accepted to acknowledge Lebanon’s existence as a free State, by exchanging ambassadors, for the first time in history.
This, knowing that Bachar Assad, unlike his father, had not committed any massacres before the beginning of the war in Syria. This war had been prepared for years, and financed by the same foreign powers as the war of Lebanon.
Some people say that what is happening to Bachar Assad is justice. I would say the opposite. The criminals who survived from the Hafez Assad regime, are today in the opposition that is backed by the West. The West backs these criminals today just as it backed them and Hafez in the past. Nothing has changed.
Les Libanais, les Syriens, les Palestiniens donnent au palan son nom italien, palanco (prononcé balanco), qui vient du latin palanca.
Le palan est une des machines utilisées, dans l’Antiquité, à soulever les gros blocs de pierre. Le dessin ci-dessous montre un palan soulevant un bloc de pierre, tel que l’a décrit Vitruve.
On donne surtout ce nom au Liban à la machine à soulever les voitures. Cette machine, ou ce qui lui ressemble, est également utilisée comme instrument de torture, comme dans les deux photos ci-dessous.
« La victime est accrochée par les pieds ou les mains (ou plus souvent un seul pied ou une seule main), à un des palans avec lesquels on soulève les voitures. Dans cette position, elle est fouettée ou balancée contre le mur. Un médecin est parfois présent pour avertir les bourreaux du degré de torture que la victime peut encore supporter. (Reconstitutions réalisées avec l’aide d’anciens otages libanais détenus en Syrie.) « Il existe un supplice semblable au palanco, dit Elias Tanios, c’est celui de l’échelle. Le détenu est lié sur une échelle. Puis l’échelle est redressée, sa tête demeurant en bas. Dans cette position, le sang descend vers la tête, et au bout d’un certain temps, vous avez l’impression que vos yeux vont sortir de leurs orbites ».
(Lina Murr Nehmé, Les Otages Libanais dans les prisons syriennes, Aleph et Taw, Beyrouth 2008, p. 26.)
En fait, la torture au palan n’est pas une chose nouvelle. C’est une des plus anciennes méthodes de torture décrites dans les livres et les sculptures. Les Grecs et les Romains l’ont utilisée pour soulever les humains et les torturer. Le dessin ci-dessous montre des chrétiens que les Romains ont accrochés à un palan.
Un arbre peut jouer le même rôle, la souffrance de la victime sera la même. Ci-dessous, sculpture grecque représentant Marsyas, victime du dieu Apollon.
Parfois, les bras sont liés ou cloués en étant étendus horizontalement, pour augmenter la souffrance de la victime. Alexandre de Macédoine a ainsi crucifié des milliers de jeunes Phéniciens à Tyr (Liban), parce qu’ils lui avaient résisté.
Les Romains appliquaient la crucifixion aux esclaves et en exemptaient les citoyens romains. Ce supplice, pratiqué en public, était si horrible que l’art chrétien a évité, durant des siècles, de représenter le Christ en croix. Ci-dessous, la plus ancienne représentation de la crucifixion connue: celle du manuscrit oriental de Rabboula.
Les Byzantins, au contraire, avaient aboli la crucifixion et d’autres pratiques féroces, après la conversion de l’empire romain au christianisme. Pendant ce temps, les Perses et les Arabes continuaient à infliger ces tortures.
Quand les Arabes ont occupé le Levant, ils ont torturé à l’aide du palan les chrétiens (libanais, palestiniens et syriens) qui ne payaient pas la jizya, ou impôt de capitation, à temps. De Beyrouth, l’imam Ouzaï s’était élevé contre ces pratiques et avait défendu les innocents. (ci-dessous, page de Si Beyrouth parlait, par Lina Murr Nehmé.)
Les Turcs ont hérité des méthodes de torture arabes, dont le palanco et son dérivé, la crucifixion. Dans la page ci-dessus, on peut voir à ce sujet un fac-similé tiré d’un livre publié à la Renaissance.
Les régimes orientaux qui ont remplacé les Arabes et les Turcs en Syrie, au Liban, en Palestine, en Jordanie, en Irak et dans le reste du Moyen-Orient, ont hérité du palan comme moyen de supplice. En secret, ils emploient souvent aussi la crucifixion. Daesh (EIL) se vante d’appliquer les supplices coraniques, dont la crucifixion, qu’elle inflige en public (ci-dessous).
Daesh est le régime qui pratique le plus la torture aujourd’hui au Moyen-Orient, dans les cachots comme dans la rue.
Et ce, pour deux raisons.
La première est que l’Etat islamique règne sur la plus grande surface de terre habitée au Moyen-Orient, et qu’il s’étend très vite. Ses victimes sont nécessairement plus nombreuses, puisque c’est un temps de guerre.
La seconde est que Daesh n’est pas aimé. Comme tous les régimes impopulaires, il ne peut s’imposer que par la terreur: meurtre et torture intensive.
Quand on déverse autour de lui des images et des slogans orientés, en quantité suffisante pour lui donner l’impression qu’il ne pense pas comme tout le monde, l’individu connaît un malaise d’autant plus grand qu’il craint un mépris, des accusations et des sarcasmes violents. Plus la pression montera, plus il aura tendance à parler, à penser comme les autres, pour fuir l’angoisse que lui inflige le sentiment d’être exclu.
S’il dure assez, ce matraquage de mots et d’images aboutit à une sorte de lavage de cerveau — qu’il serait plus juste d’appeler asservissement du cerveau, puisqu’il fait de l’homme un esclave qui pense comme on veut, mais sans avoir été librement convaincu. C’est cela qui, sous Staline, a rendu la “Sainte Russie” athée en l’espace d’une génération…
En période de dictature intellectuelle, [les preuves] deviennent inefficaces, car un cerveau ne peut utiliser des arguments que si on le laisse libre de réfléchir et de s’engager dans la direction qu’ils lui indiquent. Si on l’assigne à demeure dans un fortin intellectuel, hors duquel on subit l’hostilité et le mépris, la peur de souffrir lui fera ignorer toute évidence risquant de l’en sortir.
En rendant si douloureuse la liberté intellectuelle, ce bombardement de mots et d’images détruisait, chez les gens, la capacité à réfléchir par eux-mêmes et à croire aux preuves et aux résultats: penser comme tout le monde était autrement plus réconfortant. Et la foi en ceux qui avaient des résultats concrets cédait peu à peu la place à la foi en ceux qui pouvaient attirer l’attention des foules. C’était de nouveau le règne des apparences et des impressions, et de ceux qui savaient les manipuler pour imposer leurs idées au grand nombre.
Lina Murr Nehmé
(La Renaissance en Question, t. 2, Le Retour des Idoles. Aleph et Taw, Beyrouth 2000, p. 38 et 40.)
Le texte ci-dessus, qui décrit les méthodes de manipulation des foules dans les villes italiennes de la Renaissance, est toujours valable aujourd’hui. En fait, je l’ai écrit parce que j’étais frappée de voir la similitude entre les méthodes d’hier et celles d’aujourd’hui.