Il y a quelques jours, j’ai écrit que la contrepartie du rapprochement de Macron avec l’Eglise catholique rendrait possible un rapprochement avec les Frères Musulmans. Et que cela se ferait par un don concret, car les Frères Musulmans ont soutenu Macron aux élections, et ils ne donnent rien pour rien.
Le don a donc été annoncé: pour commencer, 50 millions.
Pour commencer, car je ne crois pas que Macron se limitera à “Syria Charity” ou aux 50 millions.
Vous me direz que “Syria Charity” est une association caritative et qu’il s’agit d’aumônes. Je vous répondrai:
1° D’après le Coran, les aumônes ne vont pas nécessairement aux pauvres. D’après la sourate 9, verset 60, deux des huit parties n’iront jamais aux pauvres, puisque l’une d’elles va au djihad, et une autre va à “ceux dont les cœurs sont à rallier”, c’est-à-dire qu’elle sert au bakchich: « Les aumônes sont pour les pauvres ; pour les indigents ; pour ceux qui prélèvent ces aumônes et les distribuent ; pour ceux dont les cœurs sont à rallier ; pour l’affranchissement des esclaves ; pour ceux qui sont endettés ; pour la voie d’Allah [le djihad] ; pour le passant. Tel est l’ordre d’Allah ! »
2° Une partie des aumônes sera effectivement donnée à des pauvres par Syria Charity. Mais comme l’a prouvé Mohamed Louizi, Syria Charity est une des associations caritatives des Frères Musulmans, et la charité des Frères Musulmans a pour but l’islamisation. C’est par ce biais qu’Hassan al-Banna a islamisé l’Egypte, achetant les pauvres par le biais d'”aumônes”. Ces aumônes ne sont pas gratuites, puisque les bénéficiaires doivent évidemment être de “bons croyants”: voiler leurs femmes, venir se faire éduquer par les Frères Musulmans, et leur livrer leurs enfants. Et, en cas d’appel au djihad, ils sont obligés d’aller se battre.
Ce fut notamment le cas en Syrie, quand les Frères Musulmans décrétèrent le djihad parce qu’en 1963, un alaouite était devenu Président de la République ! Les Frères, ces prétendus bienfaiteurs des pauvres, vouèrent tous les membres de la secte alaouite à l’extermination totale, décrétant la guerre du djihad contre elle.
En fac-similé, un des textes d’Ibn Taymiyya publiés, lus, récités, commentés, diffusés par ces mêmes Frères Musulmans syriens. En voici la traduction :
« Le cheikh de l’islam Ibn Taymiyya dit de combattre [les alaouites] avant de combattre les mécréants, disant : “Ils sont tous plus mécréants que les juifs. Qu’ils ne s’approchent pas des musulmans ! Il est interdit d’épouser leurs femmes. Il est interdit de manger les animaux abattus par eux. Ce sont des apostats pires que les apostats. Ce sont les gens les plus empressés à livrer les places-fortes des musulmans à l’ennemi des musulmans. Il n’y a aucun doute possible, que la plus grande obéissance et le plus grand devoir envers Allah, c’est de faire le djihad contre ces gens et de leur infliger les châtiments légaux (la mort).” »
Et ce n’est là qu’un extrait de la “fatwa contre les noçaïris” d’Ibn Taymiyya, qui est reconnue par tous les wahhabites: les régimes saoudien et qatari, les Frères Musulmans, les salafistes, al-Qaïda, et, bien sûr, l’UOIF et Syria Charity. Et s’ils prétendent le contraire pour des motifs de taqiya, je recommande au lecteur de se référer aux textes cités dans mon livre Tariq Ramadan, Tareq Oubrou, Dalil Boubakeur: ce qu’ils cachent. Il verra alors ce que pensent vraiment les Frères Musulmans… d’après leurs propres textes.
Ainsi, Macron donne l’argent du contribuable français à une association qui appartient à une organisation confessionnelle qui a pour but l’extermination totale d’une partie de ses concitoyens ! Car les fatwas d’Ibn Taymiyya visent, non seulement les alaouites, mais aussi les athées.
Macron sait-il que les Frères Musulmans syriens, tout en faisant des aumônes, ont entamé leur guerre contre les alaouites, les communistes et les laïques en tuant une, deux ou trois personnes en moyenne par jour ? Un commando pouvait ainsi faire irruption dans un amphithéâtre pendant un cours dans une Faculté de médecine, tirer en l’air pour faire fuir les étudiants, puis mitrailler le professeur et repartir en criant dans des porte-voix: “Allahou Akbar !”
Et si un ouléma disait dans un sermon qu’il était interdit de tuer ainsi, c’est dans sa mosquée que débarquaient les Frères Musulmans, et c’est lui, dans son sanctuaire, qu’ils fusillaient ou égorgeaient en le traitant d’ “apostat” ! Et nous ne parlons pas d’aujourd’hui, nous parlons des années 1960-1980 !
Les Frères Musulmans Syriens ont décrété dès 1963 l’extermination des alaouites et des laïques, et le djihad contre eux parce qu’ils gouvernaient des musulmans. Monsieur Macron ne pense-t-il pas que dans la tête de ces gens, cela s’applique à la France aussi? Que ces gentils qui quêtent pour Syria Charity en France — ou leurs frères, ou leurs cousins — pourraient un jour montrer les dents comme ils le font en Syrie ?
À ce moment, au lieu de prendre avec Macron — ou n’importe lequel de ses successeurs — un selfie dans son bureau, ils lui diront plutôt : “Ôte-toi de là que je m’y mette, sale mécréant” ?
Il ne faut pas oublier qu’avant Syria Charity, les Frères Musulmans avaient donné naissance au Hamas, à al-Qaïda, à Daech, à al-Nosra et à Boko Haram.
Dans cette vidéo visible sur youtube (lien ci-dessus), j’analyse la mainmise, par l’organisation terroriste appelée “l’Armée de l’Islam” (Jaych al-Islam), sur Ghouta, près de Damas. L’Armée de l’Islam est financée par l’Arabie Saoudite et d’autres puissances. Elle a été aidée par l’Angleterre et la France à titre de “rebelles modérés”. Pourtant, elle jette les homosexuels du haut des immeubles. Elle enlève des centaines de civils parce qu’ils sont alaouites et elle les garde au secret durant trois ans. Puis elle les ressort dans des cages, les habille de neuf, les pomponne et rase les hommes à l’islamiste. C’est pour les promener dans Ghouta et les filmer en annonçant qu’ils seront mis sur les toits et qu’en cas de bombardements, ils mourront les premiers. Fait évidemment attesté à la fois par les djihadistes qui ont publié une vidéo, et par les habitants qui étaient témoins. Ce sont les plaintes de cette organisation qui ont provoqué les bombardements américain, britannique et français en Syrie en avril 2018, avant même une enquête internationale pour prouver que s’il y a eu des gaz toxiques utilisés à Ghouta, c’est le gouvernement syrien qui en est coupable. La démarche était d’autant plus illogique que l’armée syrienne avait alors pris la presque totalité de Ghouta et que l’Occident l’avait menacée d’une guerre terrible si elle recourait à cette arme.
Le Jaych al-Islam, organisation djihadiste basée à Ghouta (Syrie), a été qualifié de “rebelles modérés” par le monde politique américain et britannique, et même français. Ses exactions sont trop nombreuses pour être citées ici. Entre autres, mettre en cage sur les toits durant les bombardements les civils de l’ennemi, otages depuis trois ans.
Le Jaych al-Islam, organisation djihadiste, s’est emparée de plusieurs parties des faubourgs de Damas, appelés Ghouta. Il a implémenté la charia dans ces régions, mais il est qualifié de “rebelles modérés” par le monde politique américain et britannique, et même français. Ses exactions sont pourtant nombreuses et terribles.
Entre autres, jeter des homosexuels du haut des toits. Ou mettre en cage sur les toits durant les bombardements les civils de l’ennemi, otages depuis trois ans. Ici, on les voit promenés dans des camions pour être distribués sur les toits des régions risquant d’être bombardées, c’est-à-dire celles d’où viennent les tirs sur Damas. La vidéo ci-dessous a été publiée par les terroristes eux-mêmes, comme un avertissement. On en voit ici les extraits publiés par plusieurs sources médiatiques après en avoir ôté les parties, trop choquantes et incompréhensibles à un non arabophone, où les hommes, les femmes et même un terroriste qui les accompagne, appellent Assad et les Russes à ne pas tuer ces otages en bombardant les points de rassemblement des terroristes à Ghouta.
Si le Jaych el-Islam est capable d’ainsi traiter des otages, pourquoi ne serait-il pas capable d’utiliser lui-même le gaz pour en tuer, afin d’attirer les représailles mondiales sur l’armée qui s’apprête à le chasser de son dernier repaire à Ghouta? Ses chefs avaient souvent annoncé leur désir d’envahir Damas et d’en faire la capitale d’un Etat islamique. Le Jaych el-Islam avait même envahi les faubourgs de Damas. C’est un peu comme si, à partir de Trappes ou de Sevran, des djihadistes tiraient sur Paris en annonçant leur volonté de prendre la capitale pour en faire une cité islamique régie par la charia.
On peut se demander pourquoi Trump, May et Macron ont préféré frapper avant qu’une enquête internationale ne permette de savoir si les gaz toxiques ont été déclenchés par le gouvernement syrien… ou par le Jaych el-Islam ou les restes d’autres organisations demeurant encore à Ghouta. Celui qui met des civils au sommet des toits dans des cages pour qu’ils soient tués en premier durant les bombardements, serait-il tellement tourmenté par sa conscience qu’il se refuse à les utiliser pour simuler l’attaque chimique qui attirerait sur son ennemi les représailles internationales? Quelle différence y a-t-il entre tuer des otages en les mettant sur le toit sous les bombes pour émouvoir la conscience internationale, et tuer des otages en les gazant, pour émouvoir cette même conscience internationale?
Est-il logique, est-il juste, est-il humain de nier une telle éventualité avant enquête, quand on sait que ces djihadistes, payés par l’Arabie Saoudite et d’autres puissances, ont un besoin pressant de cet argent, et ne peuvent donc pas se permettre de perdre la guerre ?
Pour illustrer mon livre Si Beyrouth parlait…, j’avais pris cette photo des ruines de la ville morte syrienne de Brad, trois mois avant le début de la guerre syrienne.
Tout récemment, l’aviation turque aurait endommagé ce site de première importance archéologique et religieuse, où se trouve également le tombeau de saint Maron, patron des maronites.
On parle peu des villes mortes de Syrie, dont certaines ont été endommagées par les bombardements. Ceux des Turcs aujourd’hui, et ceuxde leurs alliés depuis 2011. Ces alliés sont essentiellement des djihadistes, notamment l’ASL (Armée syrienne libre), rebuts de l’armée syrienne, et les premiers à avoir procédé à des égorgements devant caméra, et même, à avoir diffusé un acte de cannibalisme filmé.
L’ASL a constitué l’essentiel des effectifs d’al-Qaïda quand celle-ci est venue d’Irak en Syrie pour fonder la branche syrienne d’al-Qaïda appelée Nosra. Nosra est ainsi la fille de Daech.
L’ASL, Nosra, Daech et plusieurs autres organisations terroristes se sont battues entre elles ou contre l’armée syrienne (et souvent aussi contre les habitants) de la région des villes mortes, qui se situe en Syrie, à la frontière entre la Syrie et la Turquie.
On attend cependant la fin de la guerre pour savoir ce qu’il reste vraiment de ce précieux patrimoine archéologique datant des débuts du christianisme.
Le Jaych el-Islam est le principal groupe qui combat l’armée syrienne à partir de Ghouta. Fondé par un Frère Musulman, il a à son actif le viol, l’enlèvement ou le meurtre de milliers de Damascènes. Même si les médias officiels n’en parlent pas, il est facile de l’imaginer quand on écoute le discours (voir ci-dessous la vidéo de propagande avec traduction anglaise) du chef, s’adressant à une nouvelle promotion de “soldats de l’islam”.
Le nom “Jaych al-Islam” signifie en effet “l’Armée de l’islam”. C’est un groupe djihadiste qui affirme avoir pour but de reprendre le travail de conquête de Mahomet et des premiers califes.
Les médias, trompés par des sources d’information biaisées, prétendent que le Jaych el-Islam et les autres formations qui combattent à Ghouta sont des “rebelles syriens” représentatifs de la population. Ce n’est pas le cas. Le Jaych al-Islam a plusieurs fois annoncé la venue de groupes venant de diverses régions du pays. À ces groupes peuvent s’ajouter les djihadistes venus des pays arabes et de l’Occident, voire même du Pakistan, de l’Inde et de la Chine.
Enfin, on ignore en Occident que nombre de miliciens en Orient ne sont que des mercenaires, souvent poussés par la faim. Sur ce plan, le versement d’argent par l’Arabie Saoudite et d’autres puissances pour l’extension de l’islam en Syrie, est la seule raison de l’existence d’une grande partie de ces milices, qui se débanderaient si cet argent cessait d’arriver. Quant aux effectifs du Jaych el-Islam, ils sont monstrueux, compte tenu de la petite taille de Ghouta face à une métropole comme Damas. Voici ce qu’on lit dans le journal “Le Monde” au sujet des trois armées — toutes djihadistes — dont le sort se joue en ce moment à Ghouta :
“L’enclave de la Ghouta est tenue par plusieurs groupes rebelles et djihadistes. Le plus puissant est Jaych Al-Islam (l’Armée de l’islam). Il s’agit d’un groupe salafiste soutenu par l’Arabie saoudite, dont le siège dans la Ghouta se trouve à Douma, la localité la plus importante de l’enclave. On estime ses effectifs à 10 000 hommes, disposant de blindés, de pièces d’artillerie et de mortiers.
“Le deuxième groupe en termes de taille et d’influence est Faylaq Al-Rahman, soutenu par la Turquie et le Qatar. Il compterait 8 000 hommes dans la Ghouta orientale. Les zones placées sous son contrôle, au centre de l’enclave, sont les plus touchées par les bombardements du régime.
“Ahrar Al-Cham, un groupe originellement d’inspiration djihadiste, a également un ancrage dans la Ghouta orientale. Hayat Tahrir Al-Cham, un groupe lié à la nébuleuse Al-Qaida, maintient par ailleurs une présence dans le territoire rebelle. Jaych Al-Islam et Faylaq Al-Rahman ont échoué à obtenir du régime l’arrêt des combats et la reconnaissance d’une forme d’autonomie locale en échange de l’expulsion de Hayat Tharir Al-Cham de la Ghouta orientale.”
Façon pudique de dire que le Hayat Tahrir Cham est spécifiquement l’alliance de Nosra (al-Qaïda-Syrie) et d’autres groupes moins importants et que Nosra domine.
Vidéo de propagande diffusée par le Jaych el-Islam, principal groupe qui combat l’armée syrienne à partir de Ghouta.
Le pillage d’Afrin par les alliés d’al-Qaïda et de la Turquie: l’ASL (Armée Syrienne Libre). L’ASL, ce sont les déserteurs sunnites et islamistes qui refusaient le gouvernement alaouite. Ce sont eux qui, les premiers, ont diffusé des vidéos d’égorgements (de policiers syriens en l’occurrence) , et même, une vidéo dans laquelle un de leurs chefs pratiquait le cannibalisme, mangeant le cœur d’un soldat syrien en faisant crier “Allahou Akbar!” par ses hommes. Ce sont eux que l’Occident appelle “opposition modérée” et a financés et armés contre l’armée nationale qu’ils avaient désertée.
Quelques mois plus tard, ils obtenaient une fatwa leur ordonnant de faire le djihad, fatwa qu’ils exhibent toujours. Leur sincérité quand ils prétendaient avoir déserté par patriotisme, a été vite prouvée par le fait que la plupart d’entre eux ont déserté l’ASL parce qu’al-Qaïda, venue d’Irak fonder la branche syrienne al-Nosra, leur offrait davantage d’argent.
Les reporters occidentaux et orientaux ayant rapporté l’existence de ce pillage généralisé de la malheureuse ville syrienne tombée aux mains des Turcs, la direction de l’ASL s’est dépêchée de publier un communiqué interdisant le pillage……… mais le djihad n’implique-t-il pas le pillage des vaincus ? C’est la charia qui le stipule, ajoutant que les femmes et les enfants font partie du butin.
En l’occurrence, l’armée turque, qui donne tout de même les ordres, n’en est pas revenue au stade de barbarie de l’ancienne Turquie ottomane d’avant les Tanzimat, où le butin était la loi officielle, qu’on faisait sans se cacher — et qui est la loi de l’ASL, puisqu’elle a reçu une fatwa de faire le djihad, dans lequel le djihadiste sait que sa récompense sera soit le paradis, soit le butin.
Afrin, comme je l’ai expliqué précédemment, est une ville syrienne frontalière. En l’occupant, la Turquie en fait le clou qui empêche le raccordement des Kurdes de Turquie et de Syrie, la réalisation du Kurdistan, et qui auraient pu se réfugier en Syrie.
Contrairement à une légende répandue, les Kurdes, traditionnellement dans l’opposition, combattent avec le gouvernement syrien parce qu’ils ont, dès le début de la guerre de 2011, demandé et obtenu un nombre substantiel d’avantages, dont des promesses d’autonomie partielle. Les Kurdes d’Irak soutiennent leurs frères kurdes de Syrie, et le risque de voir les Kurdes raccorder le Kurdistan turc au Kurdistan syrien, était pour Erdogan un danger qui a justifié, à ses yeux, des massacres de Kurdes, non seulement près de la Syrie, mais dans d’autres régions de Turquie également. Et, plutôt que de perdre la partie kurde de Turquie, il a préféré envahir une ville syrienne.
(Photo publiée sur Twitter par la journaliste Jenan Moussa, célèbre pour ses reportages du côté des rebelles libyens et syriens.)
La guerre d’Erdogan contre les Kurdes, qu’il massacre dans son pays dans le silence mondial, semble se terminer avec la chute de l’enclave d’Afrin aux mains d’Erdogan. Cette chute empêche la jonction entre le Kurdistan turc et le Kurdistan syrien et permet à Erdogan d’isoler les Kurdes turcs et de les empêcher de fuir en Syrie, ou d’en recevoir de l’assistance.
Les médias parlent pudiquement des “alliés syriens d’Erdogan” pour minimiser l’impact de cette perte, par l’Etat syrien, d’une partie de son territoire. Comme nous sommes beaucoup moins diplomates qu’eux, nous allons nommer ces alliés: les plus forts d’entre eux ne sont pas du tout les milices financées par Erdogan, mais bien al-Qaïda, et dérivés, Daech et surtout, en l’occurrence, Nosra.
Les islamistes n’aiment aucun régime sunnite, et surtout pas celui d’Erdogan, qui se réclame officiellement d’Atatürk, tout en détruisant son héritage en ramenant celui du sultan ottoman. Mais face à une même victime, les bêtes de proie s’allient. Après, elles se disputeront. Nous devons donc nous attendre à ce qu’al-Qaïda provoque une seconde bataille pour arracher Afrin à Erdogan. Le choix, en somme, entre la peste et le choléra.
L’armée turque annonce qu’elle a totalement encerclé Afrin, c’est-à-dire qu’elle a opéré la jonction avec le Hayat Tahrir Cham (al-Qaïda) pour couper cette localité syrienne du nord d’Alep, de son gouvernement.
Afrin est une petite ville de moins de 40 000 habitants, mais le district d’Afrin, qui est concerné, en compte 172 095. Il est surtout peuplé de Kurdes (alliés, comme toutes les minorités en Syrie, avec l’actuel gouvernement syrien). J’ai été frappée de voir que dans la littérature de Daech (al-Qaïda), les PKK, Peshmergas et autres, sont autant salis que le gouvernement syrien, et les statistiques où Daesh se vante de ses massacres, citent le PKK, les Peshmergas et Assad ensemble. Ce n’est pas du tout cela qu’on voit en Occident, où les PKK et Peshmergas sont montrés comme les “bons”, et Assad, comme le “mauvais”. Ils se battent pourtant côte à côte et pour la même cause. Mais il est vrai que les Kurdes, n’étant pas au pouvoir, ne sont pas responsable du fait qu’en matière de pétrole, Assad n’a pas accepté de privilégier l’Arabie Saoudite à l’Iran. L’alliance des minorités. Ainsi, la tragédie des Kurdes est bel et bien racontée, mais non des autres Syriens, alors qu’elle est strictement identique.
Or pour les sociétés pétrolières d’Occident, qui influent sur les gouvernements et sur les médias d’Occident, c’est essentiel, car la différence de prix que peut représenter le transport, peut se chiffrer par millions de dollars. Or la guerre contre Assad a pour but d’obtenir pour le gaz du Golfe, par la force, le passage à travers la Syrie qui lui a été refusé par la diplomatie. Le chaos en Syrie, ne l’oublions pas, est financé surtout par ces pays dont le pétrole et le gaz est concerné.
Pour ceux qui ne comprennent pas ce que vient faire Daech au Liban, il y a maintenant exactement 3 ans qu’il s’y trouve dans le cadre de son invasion mondiale, qui devait naturellement commencer par Cham (Liban-Syrie-Israël-territoires palestiniens-Jordanie) avant de se poursuivre dans les autres pays, notamment par voie maritime, par le biais des ports du littoral syrien, libanais ou israélien, notamment : Lattaquié, Tripoli, Beyrouth, Sidon, Haïfa, Jaffa, pour arriver, plus au sud, à Eilat et au canal de Suez. Pour la même raison, Nosra, qui s’est attribué Cham, tentait une invasion du Liban et de la Jordanie.
Les deux organisations, toutes deux issues d’Al-Qaïda, se combattaient en Syrie, mais au Liban, elles étaient alliées.
L’invasion aurait dû être stoppée à la frontière libanaise. Mais à l’époque, les pressions saoudiennes, qatari et autres (bakchich notamment), sur le gouvernement et sur le commandant en chef de l’armée, Kahwaji (qui espérait devenir président de la République), ont poussé ce dernier à laisser précipitamment partir en Syrie les Daech et les Nosra qui se trouvaient dans la localité d’Ersal et les prairies voisines (Jouroud Ersal), alors, pourtant, que l’armée libanaise était victorieuse. Les islamistes avaient des otages, soldats et gendarmes libanais, et dans sa précipitation, Kahwaji les a laissés partir en négligeant de leur faire d’abord rendre les otages.
Durant les jours suivants, Daech et Nosra ont exigé la libération de tous les prisonniers islamistes dans les geôles libanaises, en menaçant d’exécuter les otages si le gouvernement libanais n’obtempérait pas. Ce qu’ils firent quelques jours plus tard, en prenant soin d’envoyer des vidéos ou des photos horribles pour faire chanter le gouvernement libanais.
Le premier martyr a été un soldat libanais sunnite appelé Ali Sayyed. Daech l’avait égorgé de la façon la plus horrible et avait fait circuler la vidéo au Liban.
Furieux, des jeunes gens sont allés brûler les drapeaux de Daech et Nosra sur la place la plus fréquentée de Beyrouth par les jeunes. Ils ont diffusé les photos sur les réseaux sociaux, mais elles n’ont circulé qu’entre leurs amis.
Quelques jours plus tard intervint le ministre de la Justice Achraf Rifi, alors un des plus puissants sunnites du Liban. Son nom était proposé pour devenir Premier ministre, et son soutien était essentiellement formé par les islamistes qui terrorisent la ville libanaise de Tripoli. Pensant se faire remarquer par les Etats souteneurs de Daech (alors l’Arabie et le Qatar) qui pouvaient l’amener au pouvoir, il annonça, le 30 août 2014, que puisque les phrases de la chahada islamique étaient inscrites sur les drapeaux de Daech et Nosra, il réclamait la prison et les plus grandes peines pour châtier les jeunes gens qui les avaient brûlés.
Le pays étant révolté par les concessions faites aux terroristes et par l’horreur de la mort d’Ali Sayyed, la déclaration de Rifi fut un comble.
Il aurait dû y avoir des dizaines de manifestations, il n’y en eut aucune. Il y avait à la fois un climat de révolte et de peur. Peur parce que Daech était à moins de 100 kilomètres de Beyrouth, et parce qu’il semblait tout puissant : il avançait à toute vitesse, et annonçait qu’il allait prendre Beyrouth. Et révolte parce que le pouvoir ne donnait pas à l’armée libanaise l’ordre de poursuivre la bataille, alors qu’elle le pouvait.
Je cherchai toute la journée à organiser une manifestation, sans succès. Alors j’ai pris sur Internet une photo d’un drapeau de Daech, je l’ai agrandie, imprimée et agrafée sur un manche à balai. Un inconnu me regardait curieusement du balcon d’en face, j’ai tiré les rideaux du balcon et j’ai collé un drapeau libanais dessus. Et j’ai commencé à brûler le drapeau agrafé en me faisant photographier, jusqu’à ce que le drapeau finisse de se consumer.
Puis j’ai mis une des photos sur Facebook. Je croyais que tout le monde mettrait, comme moi, sa photo brûlant le drapeau de Daech sur Facebook. Mais au lieu de cela, les gens partagèrent ma photo, et cela flamba à toute vitesse.
Le lendemain, tout le pays en parlait, on en parlait dans le monde entier, mais pas dans les grands médias libanais, qui avaient peur. Les journalistes en privé partageaient ma photo ou écrivaient sur des pages Internet. Mais dans les grands journaux, silence complet. Sauf dans les journaux de l’étranger : “Al-Ahram”, qui mit mon nom mais n’avait pas osé mettre ma photo, “Libération” qui publia ma photo mais pas mon nom, etc.
Un groupe de jeunes, dont des musulmans, décida d’aller brûler le drapeau devant le palais de Justice, mais pour une raison ou une autre, le drapeau fut échangé, à la dernière minute, par un faux sur lequel il était écrit: “Pas de dieu pour le terrorisme”. Et ils le brûlèrent en faisant une conférence de presse que tout le monde fut heureux de répercuter.
Les Occidentaux, qui ne lisent pas l’arabe, n’ont pas remarqué la supercherie, grâce à l’hypocrisie des médias libanais qui se sont précipités sur cette affaire pour compenser leur lâcheté face à la mienne.
Les islamistes, qui lisent l’arabe, ne s’y sont pas trompés et n’ont répercuté que ma photo. Le tweet suivant a été envoyé 11h après que j’aie publié ma photo, par un compte qui se donne le nom de « Services de renseignements de l’ASL » (Armée syrienne libre), page par la suite fermée par Twitter. La légende est une menace en soi :
« L’écrivain chrétienne Lina Murr Nehmé défie les musulmans au Liban et brûle l’étendard de l’islam. » Les deux premiers commentaires sont classiques : l’un me traite de « vieille sorcière », et l’autre dit :
« Elle a peut-être envie que sa photo fasse la Une des journaux du monde pendant qu’elle sera en train d’être égorgée. »
À signaler que l’ASL, que l’Occident a toujours appelée modérée, est une organisation formée du rebut de l’armée syrienne, les islamistes, ceux qui ont torturé ou massacré au Liban, et qui ont par la suite utilisé les mêmes méthodes en Syrie. Nosra s’est nourrie des éléments de l’ASL, qui a périclité et a d’ailleurs ouvertement montré par la suite son but véritable : le djihad armé. Cela n’empêche pas l’Occident de l’appeler modérée. Il est vrai que le régime wahhabite saoudien aussi est appelé modéré, même après avoir décapité des dizaines de personnes pour avoir manifesté.
Les islamistes ont écrit des centaines de fois sur les réseaux sociaux qu’ils allaient m’égorger. Je suis encore vivante, et ce que j’annonçais à l’époque dans mes articles et dans mes posts, se réalise: Daech n’est pas tout-puissant, et c’est pourquoi le fait de brûler le drapeau n’a pas créé de guerre civile (au contraire, il a uni), il a sauvé les jeunes gens de la prison, il a empêché quiconque de menacer notre liberté d’expression au nom de la religion. À ce jour, il n’a pas amené ma mort.
Donc, la lâcheté ne paie pas.
Ces événements (le retrait des terroristes avec les soldats libanais otages, la mort d’Ali Sayyed, les menaces envers les jeunes gens qui avaient brûlé les drapeaux de Daech et Nosra) qui se passaient il y a trois ans jour pour jour, ont laissé place à un paysage totalement différent. Le général Aoun, à l’époque était empêché d’arriver au pouvoir parce qu’il possède le plus gros bloc parlementaire chrétien, et qu’avec ses députés, il aurait été, contrairement à ses prédécesseurs nommés par l’ennemi, assez fort pour donner à l’armée libanaise l’ordre de chasser Daech et Nosra et de libérer Ersal.
Ceux qui ont financé Daech clament haut et fort que c’est le Hezbollah qui dirige les opérations, les uns pour glorifier le Hezbollah, les autres pour avilir l’armée libanaise comme ils ont toujours fait.
En fait, le Hezbollah n’a pas attaqué Nosra à Ersal au Liban de sa propre initiative, mais seulement, quand il a su qu’une opération avait été décidée par l’armée libanaise sur ordre du gouvernement. Car c’est la première fois depuis l’occupation syrienne du ministère de la Défense (1990), que le commandant en chef de l’armée n’est pas choisi par les ennemis du Liban. C’est quand le commandement de l’armée a changé qu’il a été possible d’envisager une libération totale du Liban, et non quand le Hezbollah l’a voulu. En trois ans, ce dernier n’a jamais osé faire ce mouvement vers Ersal. Il est exclusivement chiite, et il a besoin du soutien des autres communautés, que représente l’armée libanaise. C’est elle qui commande au Liban sur le plan militaire, même si ce n’est pas elle qu’on voit. Et cela a toujours été le cas. Elle est la seule institution dans laquelle la majorité des Libanais de toutes confessions se sentent représentés. Elle ne se donne pas le nom de chrétienne ou musulmane, comme font les milices. Elle est nationale et multiconfessionnelle, mais de discipline et de comportement laïques.
Les milices confessionnelles passent, l’armée libanaise reste. C’est la seule armée qui n’a jamais été vaincue, même par les Israéliens. C’est aussi la seule qui n’a jamais pris les territoires d’autrui. Ce n’est pas parce qu’elle ne l’a pas pu : elle seule, en 1948, a occupé des territoires israéliens : la Galilée durant 6 mois. Puis elle s’en est retirée sans être chassée, mais en signant un armistice.
Je pense que si l’armée libanaise perdait son éthique, elle perdrait aussi des batailles. En 2007, c’est sa victoire qui a empêché que l’Etat islamique ne commence au Liban. A l’époque, les terroristes du Fatah-el-Islam avaient égorgé et éborgné 20 soldats libanais dont un officier, dans leur sommeil. Au lieu de rendre la pareille, l’armée libanaise (contre la volonté du gouvernement qui protégeait alors les islamistes) a mis le siège autour du camp de Nahr el Bared, QG du Fatah-el-Islam, et pendant une semaine, a utilisé ses véhicules militaires pour évacuer les civils de l’ennemi sous sa protection, non pour les prendre en otages, mais pour les libérer et leur éviter la mort. Cette opération de sauvetage des civils de l’ennemi a coûté à l’armée libanaise deux morts de plus.
A signaler que l’armée libanaise est la seule institution non-confessionnelle au Liban, totalement laïque, où il est interdit de prier ouvertement, où il est interdit d’avoir une barbe islamiste ou un signe religieux comme un crucifix, alors, pourtant, que c’est l’institution où, probablement, dans leur cœur, les hommes prient le plus. Mais chacun dans son cœur. C’est la seule institution qui n’a pas pu être brisée. La seule qui représente tous les Libanais, et qui est toujours la cible des ennemis du Liban, quelle que soit leur nationalité et quelle que soit leur confession.
Pour sauvegarder ces principes de liberté morale et d’humanité, il y a eu les sacrifices de chrétiens, chiites, sunnites, druzes, alaouites, chacun frappé par des milices de sa propre communauté, mais debout moralement, même quand ils tombaient. Car ils tombaient pour que vive le Liban de Fakhreddine, celui dans lequel ce n’est pas la terreur, le bakchich et le clientélisme, mais l’amour entre les confessions qui fait l’unité nationale.
Nous, Libanais, nous nous aimons au-delà des différences. Ceux qui ne rentrent pas dans cette définition, ne sont pas libanais. J’espère qu’ils le deviendront, car plus on est nombreux avec cet état d’esprit, plus on est heureux. Sinon, ce n’est pas à eux qu’appartient l’avenir.
Ceux qui, les voyant si puissants, se mettent à désespérer, devraient se rappeler le proverbe qui dit: “Il y a un jour pour toi, ô injuste.” Et: “Celui qui creuse une fosse pour son frère, tombera dedans.”
J’aurais le même message à transmettre à ceux qui désespèrent de mon autre pays, la France, qui ne peut être sauvée que par l’amour. Et qui le sera.
Quand a éclaté la nouvelle de l’usage d’armes chimiques (gaz sarin) en Syrie, je me trouvais hors du Liban. J’étais trop bouleversée pour pouvoir travailler. Je passai donc toute la journée dans un des salons de l’hôtel, à regarder, en direct, le débat télévisé qui se déroulait au Parlement britannique.
Il m’a rappelé les vieux jours du traité de Taef (1989-1990). Alors aussi, j’étais hors du Liban, vivant non loin de Boston. Je regardais à la télévision les grandes nations qui condamnaient à mort une petite nation qui était la mienne.
En 2013, ironiquement, la victime de ces mêmes nations était la Syrie. J’écrivis ceci sur Facebook:
“Comment se fait-il que les armes chimiques ne soient mauvaises que si ce sont les autres qui les utilisent? Qui, en Amérique, a puni ceux qui ont utilisé le gaz moutarde durant la première guerre mondiale? Qui a puni les généraux et les politiciens responsables, au Vietnam, de l’usage intensif et à très grande échelle, du gaz moutarde et des bombes au napalm? Qui a puni Truman parce qu’il a utilisé la bombe atomique contre le Japon après avoir appris que le Japon voulait se rendre? (Pour les preuves, voir mon prochain livre, “Qui prendra le Liban, la Syrie, la Palestine?”)
Personne n’ayant été puni, le gouvernement américain a endossé tous ces crimes (sans compter les autres), et est le plus grand utilisateur d’armes chimiques au monde, et le plus grand utilisateur d’armes de destruction massive au monde. Et il prétend punir un tout petit utilisateur de ces armes.”
Puis j’ai écrit ceci:
“Assez d’hypocrisie! Assez de voir les plus grands criminels jugeant les petits! Assez! Assez!”
Je n’ai pas changé d’avis depuis.
Même si le fait que j’aie brûlé le drapeau de Daesh (EIL) a fait de nous des ennemis directs, et même si je vais utiliser ma photo brûlant ce drapeau comme un symbole aussi longtemps que Daesh sera en position de force, je continue à penser que ceux qui bombardent Daesh sont bien plus criminels que Daesh.
Maintenant, tout le monde a oublié les terroristes de l’Armée Syrienne Libre qui coupaient les gorges de leurs frères, les soldats et les policiers syriens, devant la caméra, ou qui mangeaient le cœur de soldats syriens, comme fit Abou Sakkar. L’Armée Syrienne Libre n’est pas devenue innocente pour la seule raison que des terroristes plus féroces ont émergé sur la scène syrienne.
Si vous voulez défendre l’opposition syrienne, défendez Michel Kilo et ses semblables. Défendez feu le Patriarche Hazim. Ne défendez pas les terroristes de la soi-disant Armée Syrienne Libre. S’ils avaient été bons, s’ils avaient dit la vérité, ils n’auraient pas été aidés et défendus par Obama, l’Arabie Saoudite et le Qatar. Et leurs fruits n’auraient pas été Nusra et Daesh.
Dites-moi qui sont vos alliés, et je vous dirai qui vous êtes.