Archives de catégorie : Daech

Les accords de TaëF

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En 1989, le traité de Taef fut imposé au Liban au mépris de la population qui, dans son écrasante majorité, n’en voulait pas. Rappelez-vous, diplomates, agents et médias: le réduit libanais qui était encore libre et soumis à l’Etat libanais manifestait tous les jours contre ce traité imposé par l’Arabie. Il manifestait parce que ce traité légalisait l’occupation d’une partie du Liban par l’armée syrienne.

Les manifestations durèrent plus d’un an. Puis vint la guerre du Golfe. Obtenir l’accord de la Syrie de l’époque était une étape cruciale. Pour obtenir la participation de Hafez el-Assad contre l’Irak, il fallait une contrepartie alléchante. Ainsi, toute la communauté internationale, y compris le Vatican, imposa au Liban l’occupation d’une partie de son pays par les troupes syriennes.

Ce traité commença le 30 septembre, date anniversaire des Accords de Munich de 1938. C’est en effet à cette date que l’Arabie Saoudite réunit les députés libanais chez elle, à Taef, et non à la Mecque, car certains d’entre eux, étant chrétiens, auraient souillé les lieux, selon elle. Après leur avoir confisqué leur passeport, elle leur expliqua au cours des jours suivants qu’ils ne partiraient qu’à condition de signer ce traité fait par elle, qui dépouillait les chrétiens de tout pouvoir dans leur propre pays.

Toute la communauté internationale s’inclina, un peu comme dans l’Apocalypse, toute la terre s’incline et dit: “Qui est comme la Bête?”

Le traité était saoudien, puisque Hariri l’avait écrit et imposé en tant que sujet du roi d’Arabie. Et Hafez Assad avait imposé sa clause, car un tel traité ne pouvait exister sans son accord. Quant au parrainage du traité, il fut assuré par les Américains, car sans eux cet accord n’aurait pu être imposé au Liban. Rappelons que George Bush était l’ami personnel du roi d’Arabie.

La Syrie avait déjà tenté d’imposer un tel traité quelques années plus tôt, elle avait échoué. C’est Rafic Hariri, travaillant pour les Saoudiens avec l’aide américaine, qui l’imposa grâce à l’argent saoudien et aux pressions des Américains, devenus la seule superpuissance.

Pourquoi ce parallèle avec les Accords de Munich ? Parce que de la même manière, on permit à une puissance militaire agressive, la Syrie, d’envahir un territoire qu’elle réclamait, et que l’une des conséquences de ce traité fut la chute du régime irakien, et l’apparition de Daech.

Lina Murr Nehmé, 5 mars 2019

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De l’ingratitude

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Ingratitude

Manifestations d’anciens auxiliaires de l’armée française en Afghanistan à Paris.

En décembre, on a beaucoup parlé de ces Afghans
auxiliaires de l’armée française (souvent, des interprètes), qui
demandaient à venir en France. Contrairement aux Afghans de Calais et de
La Chapelle-Pajol, ils sont menacés de mort à tout instant pour avoir
aidé la France contre les terroristes d’al-Qaïda et les Talibans, dont
on sait comment ils traitent une femme qui n’a pas mis le voile, ou un
homme qui s’est rasé le menton.

Il est tout de même scandaleux que l’on
passe tout ce temps à palabrer, et que l’on soit si frileux à leur
égard, alors qu’il suffirait de faire un transfert, et de leur donner la
place d’autres “migrants”, qu’on loge dans des hôtels. Or il a fallu
que l’affaire arrive jusqu’au Conseil d’Etat pour qu’un Afghan, déjà
blessé et recevant des menaces quotidiennes, obtienne un visa pour la
France.

Ce n’est pas le genre de la France, d’abandonner ses alliés.

Le pire est qu’en même temps, on n’a pas hésité à admettre sur le sol
français des centaines de milliers de migrants désignés par l’Union
Européenne, sachant que la plupart d’entre eux ne désirent pas vivre en
France, loin de là. Ils savent simplement qu’il y des allocations
familiales à gagner.

Ecoutez-les, ils vous le diront, s’ils se sentent en confiance. “Un Algérien en France, me disait l’un d’eux, c’est un puits de pétrole en Algérie.” Je lui ai demandé de m’expliquer ce que cela voulait dire. Et il m’a raconté tous les avantages financiers dont un Algérien bénéficiait en France, et la manne qu’il envoyait à sa famille. Heureusement, celui-là n’était pas ingrat à l’égard de la France. “Je ne comprends pas mes compatriotes, me dit-il, ils ne font que médire de la France. Si elle ne leur plaît pas, pourquoi ne retournent-ils pas au bled ?”

Lina Murr Nehmé, 2 mars 2019

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Décapitation de la statue du poète Aboulalaa al-Maarri

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Aboulalaa al-Maarri, poète syrien aveugle du Moyen Age, était athée. Il avait écrit un livre parodiant le Coran, et on l’avait estimé mécréant. Poète très célèbre, les enfants l’apprennent à l’école.

Le livre fut interdit par les autorités califales. Il
disparut durant des siècles, pour réapparaître sous la forme d’un
manuscrit poussiéreux dans un grenier. Il fut réédité, au grand dam des
islamistes.

Le gouvernement syrien lui avait élevé une statue dans sa ville de Maarrat en-Noaman, entre Hama et Alep.

Durant la guerre, Nosra (financée par l’Arabie Saoudite et entraînée par les Américains) envahit Maarra et y massacra les chrétiens. Faute de pouvoir couper la tête d’Aboulalaa vivant, elle trancha celle de sa statue.

NB : Nosra, émanant de Daech, a pris les combattants de l’ASL en leur payant davantage. Voyez cette vidéo (sans craindre l’avertissement de Facebook: il est dû au fait que l’ASL a dû se plaindre des scènes que j’ai tirées de ses vidéos).

www.youtube.com/watch?v=bR0Vc568je0&bpctr=1551019218

Lina Murr Nehmé, 24 février 2019

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Mort de Fabien Clain

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Fabien
Clain, un des deux frères qui avaient été des inspirateurs, des mentors
de Mohamed Merah, n’est pas devenu un des hommes de Daech en France par
hasard. Dès le début des années 2000, il travaillait pour al-Qaïda, et
après les attentats de septembre 2001, “al-Qaïda en Irak”,
l’organisation de Zarqawi, qui est par la suite devenue Daech. En fait,
il avait toujours travaillé pour les mêmes: les gens de Ben Laden et de
Zarqawi. Quand ces derniers ont changé de nom et se sont coupés
d’al-Qaïda, il est resté avec eux.

Son expérience djihadiste en
France depuis le début des années 2000, lui a permis d’organiser le
massacre du Bataclan, des cafés avoisinants, et le massacre avorté du
stade de France où était supposé mourir François Hollande.

Il
n’était pas le seul à s’être rangé du côté de Daech contre al-Qaïda: son
ami Sabri Essid, le demi-frère de Mohamed Merah, avait fait de même, et
il avait même fait assassiner un Palestinien en Syrie par un enfant
toulousain, en direct devant la caméra, qu’il avait fait diffuser à
temps pour qu’elle passe aux infos le jour de la commémoration de
l’assassinat, par Mohamed Merah, du soldat français Imad ben Ziaten.

Pour plus de détails concernant cette histoire et ses racines, lire le chap. 25 de mon livre Fatwas et caricatures (Salvator, 2015).

Lina Murr Nehmé, 23 février 2019

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DAECH est-il fini ?

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On vient d’annoncer que Daech ne contrôle plus qu’1% du territoire syro-irakien.

Cela n’est pas tout à fait exact. Car si Daech ne se bat plus que dans un petit réduit près de la frontière irakienne, cela ne veut pas dire qu’il soit fini, loin de là. Encore moins, que l’Etat islamique le soit. Car cet Etat, le califat, étant à vocation mondiale, peut avoir n’importe quelle organisation, n’importe quelle tribu à sa tête. Il peut être dirigé de n’importe quelle capitale. Même si Daech était fini, l’Etat islamique ne le serait pas. Il ne peut pas l’être tant que les passions actuelles dans le monde seront aussi violentes.

D’ailleurs, Daesh n’est pas du tout fini, il a juste fait un redéploiement. Il s’est retiré du Proche-Orient pour envoyer ses forces conquérir du terrain ailleurs, en Asie orientale et en Afrique. Partout, il fait des alliances avec les terroristes locaux, comme il avait autrefois fait en Irak et en Syrie. Il reconstitue ainsi ses forces, il remplace ses morts et ses déserteurs syriens et irakiens, par des Asiatiques et des Africains. Tant lui que les chefs d’Etat occidentaux ont intérêt à ne pas mettre ceci en lumière. Lui y a intérêt parce qu’il a besoin de travailler dans le secret avant de se dévoiler soudain dans sa puissance. Et eux y ont intérêt parce qu’ils ne veulent pas passer pour des perdants, ils perdraient les élections, après tout ce qu’ils ont fait payer au contribuable pour mener la guerre en Syrie et en Irak. Obnubilés par les approvisionnements en pétrole, ils laissent Daech gagner des territoires aux Philippines, au Myanmar, au Nigéria, au Tchad et ailleurs. Comme si ces pays, leurs citoyens et leur souffrance, n’avaient pas de valeur. Pour le califat, d’ailleurs, ils représentent des conquêtes plus importantes que les territoires que Daech a perdus en Irak et en Syrie. À partir de ces pays, il compte reprendre l’offensive mondiale une fois que les Américains se seront retirés du Proche-Orient. Ce qui arrivera tôt ou tard.

Cette carte montre la situation de Daech en Syrie fin 2018, c’est-à-dire il y a quelques semaines. Cela n’a pas beaucoup changé: plus que d’une présence sur le terrain, Daech dispose de régions amies en Syrie ou en Irak. Ce sont essentiellement celles dont l’EI a “nettoyé” la population, et où il a distribué du bakchich aux chefs, et des vivres aux habitants.

Ces régions amies se rabattront sur Nosra si le califat de Daech venait à disparaître. Ce n’est pas le cas, nous l’avons dit : Daech, existe encore. Vous pourrez dire que Daech est fini le jour où Nosra se donnera le nom de califat. Tant qu’elle ne l’aura pas fait, c’est que Daech sera encore le plus fort, et il ne peut y avoir deux califats au monde. Les médias occidentaux peuvent raconter ce qu’ils veulent. Les habitants, les terroristes, les islamistes savent ce qu’il en est réellement.

Il faut se rappeler qu’à terme, le but du fondateur d’al-Qaïda Oussama Ben Laden — tout comme celui d’Hassan al-Banna et de Saïd Ramadan (respectivement grand-père et père de Tariq Ramadan) — a toujours été l’établissement du califat pour une invasion mondiale. Le différend entre Ben Laden et Zarqawi, chef de la branche “al-Qaïda en Irak”, reposait sur un problème de “timing”. Ben Laden voulait ne proclamer le califat qu’une fois devenu très fort, alors que Zarqawi voulait le proclamer immédiatement. Finalement, Zarqawi est mort avant Ben Laden, et c’est le successeur de Zarqawi, Baghdadi, qui proclama le califat en donnant ce nom à “al-Qaïda-Irak”.

Auparavant, al-Qaïda-Irak avait obligé les organisations sunnites irakiennes à s’allier avec elle, et elle a donné à l’ensemble le nom d'”Etat islamique-Irak”. Puis elle s’est donné le nom de Daech, acronyme d'”Etat islamique en Irak et à Cham”. (“Cham”, c’est l’ensemble formé par le Liban, la Syrie, la Jordanie, Israël et la bande de Gaza.)

Daech a pris ce nom parce que la branche qu’elle avait envoyée fonder un Etat islamique à Cham, s’était révoltée contre Baghdadi. Cette organisation s’est révélée au public en se donnant deux noms: “al-Qaïda-Cham”, et “Jabhat Nusrat ech-Cham”, c’est-à-dire “Front d’aide aux gens de Cham”. Elle s’est donné plusieurs noms par la suite, mais le peuple continue à l’appeler “Nosra”.

Daech demeure la plus puissante des branches d’al-Qaïda, si l’on tient compte de ses conquêtes orientales et africaines — et Daech sait qu’en se dispersant ainsi, elle entraîne l’Occident à se battre sur un terrain sur lequel il ne peut pas le suivre. Ce qui le prouve, c’est l’effacement de Nosra, la rivale qui, au Levant, fait le nécessaire pour remplacer Daech. Son but est le califat et l’invasion mondiale. Car Nosra, comme Daech, demeure une branche d’al-Qaïda. Toutes deux ont porté le nom d'”al-Qaïda” durant des années, et ne se sont coupées de l’organisation mère que pour des raisons stratégiques.

Tant que le chef de Nosra ne se sera pas fait plébisciter calife comme avait fait celui de Daech avant lui, c’est que le califat de Daech est encore assez puissant pour ne pas pouvoir être supplanté.

Lina Murr Nehmé, 7 février 2019

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Les 130 djihadistes sont-ils français ?

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Dans cette vidéo diffusée par Daesh (voir en fin d’article), des djihadistes français brûlent leur passeport devant la caméra et appellent les musulmans de France à renier la nationalité française et à rejoindre l’Etat islamique en Syrie… pour combattre les Syriens, les Libanais, et plus tard, les Israéliens. Ils appellent à commettre des attentats en France. (C’était en 2014, un ou deux mois avant les attentats de Charlie Hebdo et de l’Hypercasher en janvier 2015, comme par hasard.)

L’un des djihadistes français a été reconnu comme ayant participé au massacre de 18 Syriens et d’un Américain (Analyse Euronews).

Parmi eux se trouve Quentin Le Brun, originaire de la région d’Albi :

“[Il] apparaît dans une vidéo de sept minutes diffusée par le forum djihadiste Al-Hayat en novembre 2014, en compagnie de deux autres Français, Kevin Chassin (mort dans un attentat-suicide à Mossoul en 2015) et Romain Garnier (prisonnier des forces kurdes depuis décembre 2017). Romain Garnier appelait les musulmans français à venir rejoindre l’Etat islamique ou bien à tuer les Français « par les armes, les voitures, le poison ».”

(Paris Match, 01/02/2019)

Malgré tout, la Syrie, et notamment les parties kurdes de ce pays, ont reçu des menaces diplomatiques très claires: ils ne doivent pas toucher aux citoyens français. C’est pourquoi ils n’y touchent pas en effet, mais évidemment, ils ne diront pas ce qui s’est passé dans les coulisses, qui les a poussés à préserver leurs assassins et à vouloir leur procurer les douceurs françaises.

Il est bien étrange d’interdire ainsi aux Kurdes et aux Syriens de juger ceux qui ont commis des crimes chez eux. D’après le droit international, un criminel est jugé d’après les lois du pays dans lequel il a tué. C’est pourquoi quand la France met la main sur un assassin syrien, elle le juge selon ses propres lois, elle ne l’extrade pas vers la Syrie. Si elle exige l’extradition de ces djihadistes, c’est au nom de la loi du plus fort. La France ayant déclaré que ces djihadistes étaient des citoyens français, ils lui sont à ce titre plus précieux que les citoyens syriens qu’ils ont assassinés.

Mais sont-ils français? Un djihadiste est citoyen de l’Etat islamique qui, comme son nom l’indique, est un Etat. Et la double nationalité ne peut être cumulée, puisque cet Etat, le califat, est l’ennemi de la France. Le gouvernement français l’a d’ailleurs signalé après les massacres en 2015: il y a “une guerre” entre la France et Daech, et ce n’est pas la France qui a déclaré cette guerre à Daech. Dans ce cas, comment concevoir que des citoyens français, ayant renié leur citoyenneté pour adopter celle de l’ennemi, puissent être considérés comme des citoyens français? Ils ont quitté la France pour aller en Irak ou en Syrie aider le califat à envahir le monde. L’idée était de faire flotter le drapeau noir sur l’Elysée, Matignon, Downing Street, Windsor et… surtout, Saint-Pierre de Rome. L’un de ces djihadistes occidentaux, Emwazi, dit “Jihadi John”, l’a dit dans la vidéo de l’assassinat des coptes.

Si le gouvernement français l’a oublié, il n’en est pas de même des djihadistes concernés. Ils savent qu’en cas d’amnésie, leurs compagnons, citoyens du califat, les tueraient.

Lina Murr Nehmé, 1er février 2019

https://www.youtube.com/watch?v=1M0kGJ_xhOg

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1917 : la “paix honorable” de Charles Ier d’Autriche

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La Grande Guerre. On aurait pu l’arrêter avant son terme, et éviter ainsi un million de morts. En 1917, l’Autriche eut un nouvel empereur, Charles, jeune homme révolutionnaire, qui estimait que sa couronne ne méritait pas ces massacres. Il proposa donc “une paix honorable”. Son offre convenait à la France, qui commença par s’y intéresser. Mais l’Italie s’y opposa, car une paix trop précoce lui aurait fait perdre la possibilité d’agrandir ses territoires aux dépens de l’Autriche, justement. Et l’Angleterre voulait le Levant.

 

Pour résultat, l’Autriche-Hongrie, la seule qui eût voulu la paix, la seule dont le monarque était populaire parce qu’il était humain, fut aussi la plus mal traitée. Démembrée, elle vit son souverain chassé malgré la volonté du peuple, au moins en Hongrie, et privé de ses biens personnels en dépit du droit. Il mourut en exil, d’une pneumonie, parce qu’il n’avait pas les moyens de chauffer correctement la maison froide et humide qu’un ami lui avait prêtée. On ne trouva rien de convenable parmi ses vêtements, et on lui fit porter une tenue qu’il avait autrefois donnée à l’un de ses serviteurs. Pendant ce temps, le kaiser allemand, qui avait provoqué la guerre, se prélassait dans le luxe d’un château.

Le peuple de Vienne pleura dans les rues en apprenant la mort de son empereur. Charles était le premier chef d’Etat d’Europe à avoir fondé un ministère pour résoudre les problèmes sociaux. Des pauvres étant morts de froid à Vienne, l’Empereur commanda d’utiliser ses propres voitures à transporter les vivres et le charbon pour empêcher d’autres de mourir. Il lutta contre la corruption, notamment celle de la presse, combattit le principe de la guerre sous-marine, qui faisait périt des civils en mer . Et contrairement à ce qu’on prétendit, il refusa aussi l’usage des gaz; mais c’étaient les Allemands qui commandaient. Charles, voyant qu’ils utilisaient ses ports pour mener la guerre sous-marine malgré son opposition, prit l’initiative de proposer la paix aux Alliés. Il était donc très populaire en France, où Anatole France, bien qu’il fût antimonarchiste, disait qu’il était “le seul homme honnête” dans cette guerre.

Le plus regrettable ne fut cependant pas la déchéance et la mort de l’homme d’État le plus populaire de son temps, mais les trois catastrophes engendrées par son échec, et dont le monde a payé très chèrement le prix.

La première de ces catastrophes fut la vocation d’Hitler, alors un des sujets de Charles. Son succès fut rendu possible par l’unification de l’Allemagne. Car les Alliés reconnurent à la Prusse ses annexions, sauf celle de l’Alsace-Lorraine. Injustice suprême, que de faire payer aux victimes les dettes de guerre des bourreaux. Mais si on les traitait comme les Alsaciens et les Lorrains, c’est-à-dire comme des victimes de la Prusse (ce qu’ils étaient), celle-ci ne pourrait pas payer la dette de guerre que voulaient lui imposer les Alliés. En unifiant l’Allemagne tout en démantelant l’Autriche, en imposant aux Allemands exsangues une dette de guerre qu’ils ne pourraient pas honorer, on a rendu la Deuxième Guerre mondiale inévitable.

La seconde catastrophe, ce fut la série de massacres commis par Lénine et Staline. Pour se maintenir au pouvoir, Lénine fut obligé de tuer des millions de civils. Si Charles avait réussi auprès des Alliés, la guerre se serait arrêtée au printemps 1917. Sa lutte avec les Allemands au sujet de la guerre sous-marine eut lieu le 20 janvier. Il passa les jours suivants — cela fait 102 ans exactement — à élaborer un projet de paix séparée, et à étudier la proposition qu’il ferait aux Alliés.

La troisième catastrophe est l’islamisme que l’Autriche-Hongrie, au centre de l’Europe, aurait réussi à canaliser: tant Belgrade que Vienne furent des capitales qui résistèrent à l’Etat islamique de leur temps et le vainquirent. Cela arriverait-il encore aujourd’hui ?

J’avoue avoir été très négative quand Charles Ier a été béatifié. J’ai pensé: “Ils nous cassent les pieds avec leur blabla sur la paix, et ils veulent nous béatifier des politiciens, maintenant.”

Pendant que je travaillais à mon livre sur la Première Guerre mondiale, Quand les Anglais livraient le Levant à l’Etat islamique, je suis tombée sur un personnage qu’on ne pouvait pas ne pas admirer. En rédigeant sa biographie, indispensable à la compréhension de la politique britannique au Levant, je me suis sentie toute petite devant un homme qui osa braver ses ennemis pour arrêter un massacre, et qui, ensuite, sut rester digne jusqu’au bout. Je me suis dit: “Est-ce que par hasard c’est celui qui a été béatifié?”

C’était lui. J’étais bien attrapée: être l’admiratrice d’un homme que j’avais qualifié de “politicien”. Mais il faut m’excuser: pour moi qui travaille sur les guerres et sur les morts, les discours lénifiants que le clergé nous sert sur la paix m’enquiquinent, à dire la vérité, car les paix qu’ils proposent sont celles des plus forts, celles des cimetières. Excepté celle de Charles d’Autriche. Mais avez-vous entendu parler de lui dans votre église paroissiale?

En Autriche, j’ai demandé à un employé de musée pourquoi je ne trouvais rien sur Charles Ier dans les églises autrichiennes, alors qu’il venait d’être béatifié. Il me dit: “Nous n’aimons pas mélanger la religion et la politique.” Je lui dis: “Pourquoi? Vous n’aimez pas que vos politiciens vous aiment?” Il s’est planté, ne sachant pas que répondre, car dans le cas de Charles, ce sont ses convictions religieuses qui ont motivé sa conduite.

Ce qui ne veut pas dire qu’un non-catholique ne l’aimera pas. Après tout, je suis descendante d’une farouche famille montagnarde orthodoxe ; mon arrière grand-père était pope, et mon grand-père apprenait à ses enfants (ma mère) dans les années 1930 à réciter : “Vive Staline, le défenseur du tsar Nicolas!”

D’ailleurs, une des premières personnes que j’aie affrontées après la parution de mon livre fut une dame autrichienne protestante qui m’a chanté les louanges de Charles. Il est vrai qu’un Autrichien ne peut pas être à la fois avec Hitler et avec Charles d’Autriche.

Le film le plus célèbre de l’histoire du cinéma, “The Sound of Music” (La Mélodie du Bonheur), basé sur une histoire vraie, est indirectement lié à Charles Ier. Il s’agit de l’Anschluss imposé par Hitler et accepté de bon cœur par la haute société autrichienne, sauf par les partisans de Charles Ier, dont faisait partie Georg von Trapp, le héros du film. Von Trapp, qui avait été officier de Charles Ier, refusa de hisser le drapeau nazi sur sa demeure à Salzbourg, refusa un poste d’officier dans la marine nazie, refusa de chanter avec sa famille devant Hitler. Il préféra même prendre sa famille en exil plutôt que de faire subir à ses enfants la propagande nazie.

Lina Murr Nehmé, 24 janvier 2019

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Politique illogique à l’égard des chiites

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Dans mon article d’hier, j’ai parlé de la bombe nucléaire pakistanaise qui existe depuis les années 1990, et dont les Américains n’ont pas tenu compte, puisqu’ils ont alors collaboré avec les Pakistanais pour aider al-Qaïda et les talibans. Le régime pakistanais utilisait une partie de cet argent américain à ses recherches nucléaires et à la construction de madrassas radicales déobandies, qui enseignaient la haine du mécréant, du chiite, du juif, du chrétien, le meurtre du blasphémateur, etc.
 
Un lecteur m’a reproché de n’avoir pas parlé d’Israël ni des chiites. Voici ce que je lui ai répondu :
 
“Revenez quelques années en arrière. Le Pakistan est devenu un Etat islamique deux ans avant l’Iran. Il a instauré la charia dès 1977, et il a représenté un danger pour l’Iran et pour Israël, non? Puis quand la révolution iranienne a eu lieu, n’est-ce pas qu’Israël a aidé Khomeiny en achetant son pétrole, et s’est justifié en disant que les Iraniens étaient les plus éloignés géographiquement par rapport à Israël? Les Israéliens n’ont-ils pas bombardé la centrale nucléaire irakienne le 7 juin 1981 ? N’ont-ils pas ensuite aidé l’Iran en lui vendant des armes pour qu’il ne s’effondre pas face à l’Irak? (L’affaire des Contras, appelée “affaire Iran-Contra” ou encore “Irangate”.)
 
A tort ou à raison, autrefois, Israël pratiquait l’alliance avec les minorités, ce qui était stratégiquement logique: les chiites représentent 10% des musulmans du monde; en les aidant, ils diminuaient la force des autres. En outre, ils pensaient, à raison, que les plus dangereux sont ceux qui tuent le plus.
 
Maintenant, ils pratiquent une politique illogique: en attaquant les chiites, ils augmentent la force des sunnites et laissent face à eux un bloc qui fait plus d’un milliard de personnes, alors qu’eux-mêmes ne sont que quelques millions. En notant qu’en 1982, les chiites libanais ont accueilli les Israéliens en leur jetant des fleurs et du riz.
 
Je veux bien critiquer les mollahs. Mais je voudrais aussi rappeler que ceux qui ont commis, en France, tous les attentats djihadistes depuis quelques années, n’étaient pas chiites, mais sunnites :
 
2012:
– Toulouse, meurtre de soldats français
– Montauban, meurtre d’un rabbin et de ses deux petits enfants, et d’une petite fille dans une école juive
 
2015:
– Charlie Hebdo,
– L’hypercasher,
– Dammartin-en-Goële
– Saint-Quentin-Fallavier
– Train Thalys le 21 août 2015
– Massacres du Bataclan et des autres cafés + la tentative de massacre au stade de France
 
2016:
– Double meurtre du 13 juin 2016 à Magnanville
– Attentat du 14 juillet 2016 à Nice, un camion écrase et tue des dizaines de personnes
– Attentat de l’église de Saint-Étienne-du-Rouvray et égorgement d’un prêtre qui avait aidé les musulmans à construire une mosquée sur un terrain d’Eglise.
 
2017 :
– Attaque contre des militaires au Carrousel du Louvre
– Attentat du 20 avril 2017 sur l’avenue des Champs-Élysées à Paris et mort d’un policier
– Assassinat de Sarah Halimi
– Attaque contre des militaires à Levallois-Perret
– Attaque par arme blanche à la gare Saint-Charles de Marseille, qui a tué deux jeunes filles au cri d'”Allahou Akbar”
 
2018
– Attaques du 23 mars 2018 à Carcassonne et Trèbes et égorgement du lieutenant-colonel Beltrame
– Attaque du 12 mai 2018 à Paris
– Assassinat du professeur d’anglais dans son université à Courbevoie
– Attaque du 11 décembre 2018 au marché à Strasbourg
 
2019
A suivre
 
Tous ces attentats, rien qu’en France, sont sunnites, et je ne cite pas les attentats en Amérique, en Afrique, en Angleterre, en Belgique, à Bali, en Allemagne, en Afrique du Nord, au Levant. Je ne cite pas non plus toutes les manifestations contre les caricatures de Mahomet qui ont tué et qui — à une ou deux exceptions près — étaient sunnites et non chiites. Elles ont tué plus de cent Nigérians, ce n’est pas rien !
 
J’ajoute qu’al-Qaïda, Daech, Nosra, Boko Haram, Shabab, les Talibans, les partis pakistanais que nous avons vu défiler contre Asia Bibi, sont tous sunnites.
 
Et que tous les attentats dont a souffert Israël depuis des décennies, sont sunnites. Seul le Hezbollah est chiite, et combien d’attentats a-t-il commis en Israël? Combien l’OLP et le Hamas en ont-ils commis?
 
Non, cette politique n’est pas logique, c’est une politique dictée par d’autres, car elle vise à affaiblir une minorité, la juive, en fortifiant la majorité sunnite, en éliminant les minorités armées qui peuvent se dresser face au projet de l’Etat islamique sunnite. Lisez les textes officiels saoudiens. Lisez mes livres. Je n’ai pas épargné l’Iran quand j’en parlais. Mais aussi, gardons les proportions et les chiffres en tête et cessons de raisonner en fonction de ce que dit le journal télévisé dicté par une certaine politique !
 
Je conclus que la manifestation palestinienne, à Paris, dont voici la photo, est sunnite et non chiite.”
Lina Murr Nehmé, 12 janvier 2019
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Iran et Pakistan : deux poids, deux mesures

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En 2002, les Américains ont déclenché contre l’Irak une guerre terrible en accusant Saddam Hussein de se livrer à des recherches nucléaires. L’Irak fut détruit, Daech en jaillit, et l’histoire de l’armement atomique de Saddam se révéla fausse.

Deux poids, deux mesures: les Américains savaient très bien que leurs alliés pakistanais, eux, avaient l’arme atomique. Ils avaient fait des essais nucléaires réussis quatre ans plus tôt: en 1998. Depuis, ils ont construit plusieurs missiles pouvant porter des ogives nucléaires.

La photo montre le missile balistique pakistanais sol-sol de moyenne portée Ghouri-1, pouvant être armé d’ogives nucléaires. Ce n’est qu’un des missiles balistiques pakistanais de ce genre. Il y en a plusieurs autres, de différentes portées.

Cet armement pourrait tomber aux mains d’al-Qaïda et des talibans, lesquels sont plus forts que jamais, ayant des avatars un peu partout dans le monde. Car au lieu de combattre le gouvernement pakistanais de Zia qui imposait la charia, torturait les Pakistanais et les mettait en prison pour un mot, les Américains ont travaillé avec lui, ils l’ont financé, ils l’ont fortifié, et pour finir, il a obtenu la bombe, et le monde a eu al-Qaïda et les talibans, payés avec l’argent américain et saoudien. L’argent récolté a servi à construire plus de madrassas radicales.

Et quand, le 11 septembre, al-Qaïda a frappé les Américains qui l’avaient financée, ce n’est pas le Pakistan qui a été attaqué parce qu’il avait la bombe et parce qu’il finançait al-Qaïda: c’est l’Irak qui combattait al-Qaïda, qui l’a été.

Des décennies de madrassas déobandies ou barelvies au Pakistan, et nous avons le résultat sous nos yeux: les émeutes meurtrières paralysant le pays après l’acquittement d’Asia Bibi, les appels au meurtre, et le gouvernement qui cède aux islamistes et accepte qu’Asia Bibi et sa famille ne quittent pas le Pakistan et que le jugement de la Cour Suprême puisse être un jour revu.

Deux millions de personnes de ce genre qui pourraient avoir la bombe, et on veut attaquer l’Iran qui ne l’a pas?

Le comble est que la technologie nucléaire iranienne est pakistanaise aussi: le père de la bombe pakistanaise, Abdel-Kadeer Khan, a déclaré en 2004, qu’il avait vendu à l’Iran et à la Libye les secrets de la technologie de la fabrication de l’arme nucléaire, notamment en matière d’enrichissement de l’uranium (sur ordre de son gouvernement bien sûr).

Attaquer et détruire l’Irak, puis parler d’attaquer l’Iran pour une bombe qui n’existe pas encore, et dont les secrets ont été vendus par le Pakistan, qui possède la bombe, et qui n’a jamais été attaqué, vous trouvez ça logique ? 

Lina Murr Nehmé, 11 janvier 2019

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Charlie Hebdo : a-t-on pris conscience du danger ?

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Après quelques livres parisiens, j’avais fait le choix de publier au Liban: c’était plus facile. Je faisais tout, y compris les photos, la maquette, la traduction, les contacts, et j’allais dormir à l’imprimerie pour vérifier l’encrage avant l’impression de chaque planche.

Mais après les massacres du 7 janvier 2015, je me suis dit qu’une guerre civile menaçait, et j’ai décidé d’écrire sur ce sujet pour expliquer aux Français ce qu’ils ne savaient pas des fatwas appelant au meurtre de l’insulteur de Mahomet, et de ce que peut penser un terroriste qui les applique et vient tuer en plein Paris. Car ces prescriptions et cette propagande programment un cerveau humain comme un robot.

Les djihadistes sont littéralement robotisés. Je sais que je risque d’être mal comprise, ça ne manque jamais quand je dis ces mots: “ce sont de pauvres types, la faute est à l’idéologie.” On abat, on expulse ou on emprisonne des hommes, mais l’idéologie reste intacte, parce que personne n’ose la nommer, et encore moins la combattre. Pourtant, qu’est-ce qui compte vraiment? L’idée? Ou l’être humain?

Malgré cela, j’hésitais à parler franchement de tout. De ma vie, je n’avais jamais signé de livre parlant hardiment d’islamisme, car après tout, je tiens à ma précieuse vie, contrairement aux islamistes, à qui on a appris à désirer la mort.

C’est mon éditeur, Yves Briend, qui m’a écrit en corrigeant le manuscrit: “Pourriez-vous introduire le califat ? Pourriez-vous introduire Tariq Ramadan ?” Deux sujets que j’avais contournés comme on contourne une montagne. Alors j’ai réalisé qu’à force de contourner les épines, on ne fabrique pas des perles, mais des huitres vides. On n’allait rien comprendre si je ne prenais pas l’animal à bras-le-corps. Si je voulais vraiment un résultat, il ne fallait pas être lâche. J’ai donc décidé d’ajouter des chapitres, qui sont les plus explosifs du livre.

Explosifs ? Vous avez dit explosifs ?

Pendant que nous parlions du manuscrit, Yves Briend me dit, pensif et le cou plié sur le papier :

“Et moi, on va me mettre une bombe.
— Si vous voulez, ne l’éditez pas, dis-je sèchement.
— Si, si, dit-il catégoriquement, on va le faire !”

On ne peut pas ne pas estimer un homme pareil, même si nos disputes étaient mémorables.

Trois mois plus tard, il me dit, irrité: “Vous avez montré des choses évidentes mais qu’on n’avait pas remarquées. C’est ça, la valeur de votre livre. Maintenant, je vois les émissions télévisées, je vois les rangées de livres dans les librairies, je lis les journaux et les magazines, ils disent la même chose que vous, et ils ne le disaient pas avant votre livre. Mais ils ne vous citent pas. C’est inacceptable!”

Dois-je être vexée parce que certains me pillent sans me citer ? Ou dois-je au contraire me réjouir d’avoir contribué à un mouvement de vérité et de hardiesse ? Mais qu’est-ce que le médecin cherche ? les bravos, ou l’efficacité ?

Avant “Fatwas et Caricatures”, on ne pouvait pas parler franchement de ces sujets sans se faire traiter de facho. Et beaucoup de gens, qui partageaient les analyses de ce livre en privé, avaient honte de leurs opinions en public.

Maintenant, on peut en traiter de façon humaine, rationnelle, scientifique, sans passion, mais aussi, sans fard: comme un médecin qui dit qu’un patient a le cancer. Il n’a rien contre le patient, mais il en a contre le cancer.

“Fatwas et Caricatures”, c’est le diagnostic du médecin qui aime trop le malade pour le tuer en lui disant qu’il va bien alors qu’il est cancéreux.

Oui, il y a un problème. Et je m’adresse à tous ceux, parmi les politiciens, journalistes, lecteurs ou curés qui ne m’adressent plus la parole depuis qu’il ont feuilleté (et non lu) ce livre. Il vous dérange parce qu’il introduit le scalpel de l’analyse là où les commentateurs maquillent sciemment les faits ou se répandent en flagorneries.

L’amour ne consiste pas à flatter un cancéreux. Il consiste à lui dire la vérité qui frappe comme un bistouri et qui dérange tellement qu’il a envie de se débarrasser de la tumeur en l’ôtant de son corps. Sachant que cela fait mal et qu’il lui faut du courage pour accepter cette douleur.

 

Lina Murr Nehmé, 6 janvier 2019

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