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En 2006, dans un camp palestinien au Nord-Liban, le Nahr-el-Bared, l’organisation Fatah-el-Islam fit scission du groupe Fatah-el-Intifada, qui avait lui-même fait scission du Fatah de Yasser Arafat en 1983.
Le Fatah-el-Islam était une organisation palestinienne de type al-Qaïda ou Daesh, et comme elles, elle recrutait des djihadistes de partout et grandissait à toute vitesse. Son but déclaré était de libérer Jérusalem par l’islam, et en vue de faire le djihad contre Israël et le Liban, elle avait constitué un noyau d’État islamique, et appelait son chef émir, c’et-à-dire “commandeur”.
Les Américains et les Saoudiens étaient revenus à la même stratégie employée au temps d’Oussama Ben Laden : financer et aider des moudjahidine islamistes, dans le but de faire une guerre par proxy. En l’occurrence, ils voulaient les utiliser contre le Hezbollah. Ils aidaient et finançaient le Fatah-el-Islam, par l’intermédiaire de certains membres du gouvernement de Siniora. C’est du moins ce que dit un des ministres de ce gouvernement au journaliste Seymour Hersh.
L’argent venant à manquer, le Fatah-el-Islam braqua une banque et se servit. Les services de Sécurité intérieure, alors dirigés par le général Achraf Rifi, firent une descente dans un appartement d’une rue cossue de Tripoli, et arrêtèrent des membres du Fatah-el-Islam.
L’armée libanaise n’en fut pas informée, et elle ne prit pas de mesures spéciales. Le 20 mai, le Fatah-el-Islam égorgea dans leur sommeil vingt soldats libanais, dont un officier; certains d’entre eux furent éborgnés.
Le Premier ministre Siniora, qui soutenait le Fatah el-Islam, ne voulait pas que l’armée libanaise attaque le camp de Nahr el-Bared. Mais l’armée alla camper autour de ce camp, et mit une semaine à en évacuer les civils, même ceux de l’ennemi. Elle eut deux morts et plusieurs blessés. Les Palestiniens eurent encore plus de morts dans l’opération, car les terroristes tiraient sur eux davantage que sur les Libanais.
La bataille fut très longue et très difficile avec, chaque jour, des révélations d’épouvante. Trois mois plus tard, le 3 septembre, les soldats rentrèrent après avoir perdu cent soixante-huit compagnons dans la bataille. Et Israël put se réjouir, parce que si l’armée libanaise n’avait pas gagné cette bataille, le Fatah-el-Islam aurait rapidement été dans tout le Liban, et combattant à la frontière d’Israël.
Après tant d’angoisse, les soldats libanais reçurent de la population de ville en ville, et même sur l’autoroute, un accueil tel… qu’ils mirent plus de dix heures à traverser les 84 km qui séparent Tripoli de Beyrouth.
Lina Murr Nehmé, 3 septembre 2019