Au Pakistan, et même dans le Kerala indien, le “djihad amoureux” est un djihad redoutable qui consiste à courtiser des hindoues ou des chrétiennes; parfois, à les enlever et à les forcer à se convertir à l’islam. Ainsi on s’assure qu’elles et leur postérité seront musulmanes. C’est une des méthodes de conversion forcée: ce n’est pas la seule. On a vu, avec l’affaire Asia Bibi, une autre de ces méthodes. Celle qui consiste à appeler tout le village à venir battre un prétendu blasphémateur, jusqu’à ce qu’il accepte de se convertir. Asia Bibi ne s’étant pas convertie, elle a eu les ennuis que l’on sait. Beaucoup d’autres chrétiens, et surtout d’hindous, ont cédé, et c’est pourquoi le nombre des minorités au Pakistan a diminué d’une façon effrayante, que certains Pakistanais comparent à un génocide.
Je ne l’ai jamais vue. Je ne la connais qu’à travers ses écrits ou ses débats télévisés. Souvent, je ne suis pas d’accord avec une phrase, un paragraphe, ou tout un article, ou la moitié d’un débat. Mais je ne peux pas ne pas la respecter. Scarlett Haddad est “la” femme qui, au début des années 1980, osait aller partout, même en pleins massacres de chrétiens du Chouf, et pénétrer dans les maisons remplies de cadavres pour rapporter les tragédies que d’autres taisaient. Elle a soulevé toutes les polémiques, interviewé tout le monde et osé toutes les questions. Avec sa plume caustique, elle aurait pu devenir très riche et beaucoup plus célèbre, si elle avait utilisé les relations que lui procurait son travail, et si elle avait accepté des chèques secrets comme tant d’autres de ses collègues ont fait.
(Si le mouvement de protestation n’a pour résultat que de démasquer les journalistes qui se sont vendus, cela aura valu la peine. Avant même de parler des politiciens, car ce ne sont pas les politiciens véreux qui s’imposent, ce sont les journalistes véreux qui les imposent par leurs mensonges et leur matraquage médiatique.)
J’ai cité certains reportages faits par Scarlett dans les années 1980, et je ne pensais pas écrire un jour à son sujet; je n’ai jamais cherché à faire sa connaissance. Mais cela fait plusieurs jours que je reçois, à son sujet, des messages du genre de ce qui est écrit sur cette capture d’écran. En gros, elle est accusée d’avoir dit: “Voyons combien de grossesses viendront de ces manifestations”. (Voir le petit carré rouge) Evidemment, quand on voit la vidéo de l’émission, ce n’est pas ce qu’elle a dit. Mais je copie son récit du 24 octobre:
“Hier j’étais trop blessée pour répondre et je voulais fermer ma participation aux réseaux sociaux. Mais je crois que je dois à mes amis et même aux autres une explication! Ceux qui me connaissent savent que si je me bats pour mes convictions, je n’ai en même temps aucune rancoeur personnelle ni aucune méchanceté. C’est un don que Dieu a bien voulu me donner. “Dans les faits? c’était l’émission Agenda de Abdo Helou; et Nathalie Issa Abdo fait beaucoup de blagues, lit des anecdotes. L’idée est que le matin il faut alléger l’atmosphère et mettre les gens de bonne humeur. Il diffusait les images un peu drôles de la manif et les commentait. Il a dit: “Dieu sait combien de fiançailles et de mariages il y aura après ces manifs!” J’ai ajouté: “et de grossesses !” une association d’idées très banale. Mais quand on ne dit pas les deux premières, c’est comme si je laissais entendre ce que vous avez tous cru. À tous ceux et celles qui se sont sentis insultés je présente mes excuses sincères et la dame que je ne connais pas qui a exploité et détourne la blague même de mauvais goût, je lui dis je suis désolée mais tant qu’on m’invitera sur les chaînes de télé je continuerai à parler (je vous promets toutefois d’essayer de faire moins de blagues??)”
L’histoire est conforme aux faits, et vérifiable. Mais malgré les excuses, le déluge s’est poursuivi. Scarlett Haddad a écrit ce matin :
“Je voulais garder le silence, mais je me sens trop injustement traitée. Peut être que je n’ai jamais été du bon côté, mais j’ai toujours agi avec coeur et conviction! Mon Liban a toujours été celui de la tolérance et de l’acceptation de l’autre. Je ne l’ai jamais voulu sous le joug de la pensée unique depuis l’époque des milices à nos jours. J’ai pu me tromper je me trompe tjs encore mais je revendique ce droit à être différente. Dans ma vie, le journalisme a été ma plus grande passion et j’ai tjs essaye de faire mon travail avec sincérité et honnêteté. Je n’ai jamais essayé de changer la politique du journal, essayant simplement d’avoir une petite place pour refléter d’autres versions des faits. C’est pour cela que certains veulent aujourdhui ma peau, m’envoient des menaces et font pression sur la rédaction de l’Orient-le Jour? Qu’on ne me parle pas de cette malheureuse blague qui a fait le tour du monde! Pourquoi ceux qui ont lancé la campagne ne diffusent ils pas la vidéo? Parce qu’ils craignent que leur campagne haineuse se retrouve sans objet!”
Pourtant, ces choses se disent de façon beaucoup plus brutale dans les salons, et même sur les places où ont lieu les manifestations. Ce n’est donc pas pour ce qu’elle a dit que Scarlett Haddad est attaquée, mais parce que c’est elle. Les prises de position, ça se paie, et je gage que si je suivais les noms de tous ses insulteurs, je tomberais sur des pages très politisées. Si les braves gens avaient su qui elle est et comme elle les a défendus durant des décennies, ils n’auraient pas suivi la meute qui a lancé les premières attaques. Et surtout, ils seraient allés vérifier avant d’accuser.
Quant au fait de dire que ces manifestations apporteront des grossesses, qui peut le nier, vu l’ambiance de bal, les danses et la promiscuité? Pourquoi prendre cela personnellement? “Ma fille serait une prostituée? m’a dit une amie en colère. — Personne n’a dit cela de ta fille. Si on parle de grossesses, cela ne veut pas dire que toutes les filles seront enceintes. Mais vu les vidéos qui ont été prises là-bas, il y en aura probablement quelques-unes.”
Les fermetures d’églises continuent en Algérie, car la charia interdit la construction ou l’ouverture d’églises nouvelles. On ferme les églises non réglementaires, qui sont protestantes. Les catholiques, en effet, ne convertissent pas. Si un musulman vient chez eux demander le baptême, ils le font attendre des mois ou des années. Ceci, quand ils ne refusent pas franchement, conformément à la directive du pape François, qui veut qu’on n’évangélise pas, toutes les religions étant égales. Le gouvernement algérien se donne donc une façade gentille, tranquille, en ne persécutant que les protestants. Heureusement, il y a un important mouvement de solidarité avec eux en Algérie même.
Précision : Je ne parle pas des petits prêtres, mais des chefs de l’Eglise catholique. J’ai lu des déclarations de l’évêque d’Alger. Ensuite, j’en ai l’expérience au Liban, où nombres de musulmans cherchent le baptême et ne l’obtiennent pas. J’ai même une amie musulmane convertie de cœur qui n’a pas pu obtenir l’autorisation du baptême de la part de l’évêque. Le prêtre avait accepté, mais l’évêque, sans la connaître, a refusé. Pourtant, n’importe qui peut baptiser. Je ne fais pas dans la caricature, non.
Comme ils font le dialogue islamo-chrétien, ils craignent de déplaire.
Le métropolite Aoudé, le patriarche Rai, le recteur de l’Université Saint-Joseph Salim Daccache, et le président de l’Université Américaine de Beyrouth Fadlo Khuri, ont tous les quatre et dans cet ordre, appelé à se joindre au mouvement populaire et (ou) à dissoudre le gouvernement parce que “le peuple souffre”, “a faim”, et “n’en peut plus”.
Je transmets ici ce que m’ont dit des gens de familles pauvres. Ils voudraient que vous alliez jusqu’au bout de votre amour pour le peuple et de votre désir de diminuer ses souffrances, en donnant votre contribution.
Car le peuple affamé se plaint avant tout de la cherté de vos établissements scolaires, universitaires et hospitaliers. Il se plaint de ne pouvoir les payer s’il est malade, et de ne pouvoir assurer à ses enfants la scolarité dans vos établissements payants. Ainsi, un couple modeste doit débourser 4500 dollars de scolarité pour un enfant dans le petit-jardin.
Et, comme vous le savez, il arrive que des parents ayant payé ces scolarités, n’arrivent pas à payer le petit déjeuner de leur enfant, qui va à l’école le ventre vide, alors que ce n’est pas un temps de jeûne; et il y a parfois des évanouissements. Et les étudiants n’ont pas le droit de présenter les examens quand ils n’ont pas payé la scolarité. Ainsi, ils échouent d’office.
Voilà les principales dépenses du peuple pauvre. Voilà pourquoi il se plaint des impôts nouveaux. Parce qu’ils lui rendront plus difficile le paiement de vos scolarités en augmentation constante, et de vos frais d’hôpitaux.
Donnez-lui la gratuité, s’il vous plaît! Donnez-lui la gratuité, par égard pour sa souffrance! Ou alors, diminuez de moitié les scolarités de vos écoles et de vos universités, et le prix de vos nuits d’hôpital, des opérations et des soins, des examens du sang, de la lymphe et autres, des échographies, des mammographies et autres radios aux rayons X, des IRM, des images scans! Recevez les pauvres dans vos écoles, vos hôpitaux, vos universités gratuitement! Suivez l’exemple de ceux qui ont transformé le centre-ville de Beyrouth en gigantesque café gratuit où les rafraîchissements, les repas chauds, la sono, la musique, les spots lumineux, l’internet wi-fi haut débit, le narguilé, les danseuses et les strip-teaseuses, le remboursement des frais de déplacement, les tentes, la retransmission en direct effectuée par trois chaînes de télévision, 24h/24, tout cela est offert gracieusement aux milliers de manifestants, aux frais de la princesse (visiblement étrangère, puisque son identité est gardée si secrète)!
Soyez gentils: si chacun de vous donne ainsi la gratuité des services de ses institutions, le peuple aura beaucoup à manger. Comptez seulement quel apport alimentaire représenterait pour une seule famille le fait de ne plus payer 4500 dollars de scolarité pour un enfant au petit-jardin! Je ne parle pas de la scolarité de trois ou quatre enfants!L
P.S.: Vous me direz peut-être que vous avez besoin de payer des salaires et que je dois être réaliste. Je vous répondrai que vous devez vous-mêmes être réalistes. Un pays livré au chaos, c’est comme un établissement scolaire ou hospitalier privé de direction: il périclite. Et c’est alors que les gens auront vraiment faim! Déjà, ils ont faim parce que les miliciens en civil ont fermé les routes et les empêchent de se rendre au travail. Ceux d’entre eux qui sont payés à l’heure ou à la journée n’ont pas eu, depuis neuf jours, de quoi nourrir leurs enfants.
Dans le “camp laïc”, certains se sont fait une place en créant des polémiques, attaquant leur collègues sans vergogne parce qu’ils voyaient en eux des concurrents. C’est le cas de Nasser Ramdane Ferradj, “musulman laïc et progressiste”. A l’entendre, il serait le seul à être musulman, le seul à être vraiment laïc, et le seul authentique progressiste de tout l’univers. Nasser le Bien Guidé est d’ailleurs sans doute le seul membre de son “collectif” invisible, confidentiel et top secret.
De quel droit lui, et d’autres plus célèbres, se disent légitimes, et plus encore SEULS légitimes pour causer République, laïcité, islam ? Ces personnalités, pour reprendre une expression qu’ils chérissent, “jouent le jeu” des islamistes, et sont leur allié objectif, tout en lâcheté et en outrecuidance. En distribuant bons et mauvais points, ils font perdre du temps aux citoyens laïques qui s’inquiètent, se posent des questions, s’informent, et cherchent à comprendre.
Si on fait le bilan de leur action, on les trouve bien plus occupés à attaquer de la manière la plus basse ceux qui mènent théoriquement le même combat qu’eux. Oui, ils ont des résultats: les Français attachés à la laïcité sont fichés, étiquetés selon leur provenance politique ou leurs opinions sur le temps qu’il fait. Alors, jusqu’à quand, cette hypocrisie?
On a beau prévenir, les informations ont beaucoup de mal à passer. On apprend dans cet article que “les Frères musulmans ne prônent pas l’action violente”… et qu’il n’y a pas, avec eux, de “risque terroriste”. Et puis quoi, encore? Le déclenchement d’émeutes, les menaces et les condamnations à mort, c’est de l’action culturelle ? du divertissement ? Le recrutement de combattants et leur acheminement vers la Palestine, l’Afghanistan… du tourisme? La préparation mentale des futurs djihadistes, l’appel à la violence contre des écrivains (voir Farag Foda en Egypte, dont la tragédie est rapportée dans “Tariq Ramadan, Tariq Oubrou, Dalil Boubakeur…”, et tant d’autres depuis), qu’est-ce, sinon de l’action violente ? Ces journalistes ont-ils lu les écrits de Sayyid Qutb ? Savent-ils qui fut le mentor de Ben Laden alors qu’il faisait des études d’ingénieur en Arabie saoudite?
“A l’image des Frères Musulmans, l’UDMF est qualifiée de danger par les services de renseignements . Non pas en terme de risque terroriste. Les Frères Musulmans ne prônent pas l’action violente. Mais ils sont assimilés à un « faux nez » des islamistes cherchant à influencer la société avec un objectif principal : faire sauter la digue de la laïcité.”