Archives mensuelles : March 2019
10 millions de réfugiés algériens ?
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Dominique Handelsman écrit : “Sur la 5, Kamel Daoud traite le Pen de charognarde parce qu’elle a dit qu’elle souhaite qu’on suspende l’attribution de visas d’Algérie vers la France, arguant que Sifaoui a dit qu’il pourrait y avoir jusqu’à 10 millions de réfugiés.”
Je voudrais poser la question suivante à Kamel Daoud, que j’estime par ailleurs : vu la situation actuelle, serait-il humain, bon et utile que la France reçoive 10 millions de réfugiés algériens (sous réserve, évidemment, que ce chiffre avancé par Mohamed Sifaoui soit réaliste) ? Serait-ce bon pour ces Algériens ?
Nous avons connu cela au Liban, quand, réfugiés palestiniens plus réfugiés syriens, nous nous sommes retrouvés avec une population aux deux tiers libanaise seulement.
Personnellement, chaque fois que
j’ai eu le choix, j’ai préféré me rendre là où il y avait la guerre,
que de fuir. C’est pourquoi, et alors que ma famille était domiciliée à
l’étranger, je me suis trouvée au Liban la plupart des périodes où il y
avait la guerre, et j’ai affronté le feu des miliciens les mains nues,
j’ai affronté Daech en brûlant son drapeau à cent kilomètres d’elle,
j’ai même affronté l’armée libanaise en refusant de me retirer au cours
d’une manifestation, au risque de me faire écraser par la troupe qui
marchait sur nous.
Je comprendrais que cent, ou que mille Algériens fuient. Mais je ne comprendrais pas que 10 millions d’Algériens fuient leur pays au lieu de le servir, alors qu’ils pourraient briser n’importe quel régime, rien qu’en descendant tous ensemble dans la rue.
Lina Murr Nehmé, 12 mars 2019
Daech : Etat ou organisation ?
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Un lecteur m’écrit avoir lu que l’Etat islamique n’était pas un véritable Etat, mais une organisation, un proto-État. Depuis des années, en effet, les journaux et les politiques ont colporté l’expression “organisation Etat islamique”. Comment l’histoire, avec le recul des années, pourra-t-elle appréhender cet objet politique ? Voici quelques éléments de réponse.
Cette affirmation selon laquelle Daech ne
serait pas un Etat est une contre-vérité. Les autorités qui produisent
cet élément de langage savent parfaitement que Daech, “Etat islamique en
Irak”, puis “Etat islamique en Irak et à Cham (Liban, Syrie, Israël,
Jordanie)”, avant de s’appeler “Etat islamique” tout court, a tout d’un
Etat. Contentons-nous d’une définition classique et reconnue de l’Etat:
un être artificiel puissant, un Léviathan, capable d’assurer la paix et
la sécurité des individus qui lui ont prêté allégeance ou qu’il a
soumis (Hobbes).
Rappelons simplement que Daech :
– perçoit des impôts
– édicte et fait respecter ses lois
– entretient des tribunaux et des juges (photo)
– gère une administration et toute une infrastructure (routes,
hôpitaux, importations et exportations, production et raffinage de
pétrole)
– bat sa monnaie
– dispose de journaux et de chaînes de télévision
– rémunère ses fonctionnaires, ses écoles, sa police, son armée
– produit une idéologie structurée fondée sur un droit dont elle se réclame.
Si, dans ces conditions, Daech n’est pas un Etat, alors qu’est-ce qu’un
Etat ? (sachant qu’en reconnaissant à Daech ce statut d’Etat ne revient
pas à le louer.)
Pourquoi nier une telle évidence ?
Si
les puissances occidentales ont répandu ce mensonge, c’est que cela leur
permet de soutenir Daech contre l’Etat syrien, et de faire passer le
conflit qui a ravagé la Syrie pour une guerre civile, alors qu’il s’agit
d’une guerre d’invasion. Cette invasion, ces puissances occidentales
l’ont observée sans intervenir, quand elles ne l’ont pas aidée
financièrement, matériellement, diplomatiquement. Elles ont ainsi laissé
tranquillement Daech l’Irakien traverser le désert, passer la frontière
et commencer les massacres en Syrie.
Il en est de même de
Nosra, issue de Daech, implantée en Syrie par la volonté et avec
l’argent de Daech. A ce titre — et même si elle s’est coupée de son
organisation mère dans le but de s’enrichir et de fonder un jour son
propre califat — Nosra, elle aussi, est un envahisseur étranger, envoyé
par Daech pour préparer en Syrie un terrain favorable à une annexion par
Daech.
L’article que l’on me cite dit que Daech ne peut pas
battre monnaie. C’est faux: il bat monnaie. Délivre-t-il des papiers
d’identité ? Bien sûr: pourquoi ces jeunes djihadistes brûlent-ils leurs
papiers français, sinon parce qu’on leur a donné ceux du califat ? Eux
ne disent pas “Etat islamique”, ils disent tout simplement “l’État”.
Quant aux frontières internationalement reconnues, elles sont tacites: quand les grandes puissances interviennent contre la Syrie si elle dépasse une certaine ligne dans sa guerre contre Daech, il est évident qu’il s’agit de faire respecter une frontière dont on a convenu par un travail diplomatique, un peu comme les limites décidées lors des discussions entre Roosevelt et Staline à Yalta, ou comme la partition du Liban décidée en 1973-1974 (le plan Kissinger), qui a fini par échouer, parce que le peuple libanais ne s’est pas laissé faire.
Lina Murr Nehmé, 11 mars 2019
“Nul n’est prophète en son pays” !
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“Nul n’est prophète en son pays” !
Au Liban, le Dar el-Fatwa a
poliment informé le ministère qu’il devait interdire la diffusion de
mon livre “Tariq Ramadan, Tareq Oubrou, Dalil Boubakeur: ce qu’ils
cachent” dans le pays.
Cette institution rédige des fatwas, elle
interdit des livres: elle est dans son rôle. C’est elle qui a refusé de
recevoir une candidate à la Présidence de la République française sans
hijab. Et ce, alors que le voile n’est pas obligatoire au Liban. Il est
vrai que mes derniers livres parlent du voile, et de sujets sensibles.
Impossible d’expliquer le vrai discours de Tariq Ramadan, Tareq Oubrou,
Dalil Boubakeur, sans revenir aux textes qu’ils citent.
Si on
comprend que ces trois personnages soient protégés par leurs collègues
oulémas qui censurent mon livre, on comprend moins facilement pourquoi
cette protection s’exerce en France, en Belgique, et dans une moindre
mesure, en Suisse. En effet, on vient de me faire remarquer que les
bibliothèques universitaires francophones (françaises, belges et
suisses) mettaient moins de mes livres à disposition du public que les
universités américaines ou allemandes. Ainsi, il est plus facile à un
lecteur habitant à Munich, Chicago ou à un étudiant de Harvard ou
Stanford de me lire, qu’à un lecteur français, suisse, belge ou libanais
!
Et cela est valable pour d’autres auteurs qui parlent un autre
langage que celui d’Olivier Roy, Vincent Geisser, Alain Gresh ou
François Burgat, qui continuent d’être consultés et interrogés sur leurs
protégés.
Comme on ne peut pas censurer franchement, on ignore,
ce qui est aussi efficace. Et si cette censure existe, c’est bon signe:
c’est que le travail que l’on fait est efficace. Ce qui est inquiétant,
c’est que cette censure touche des livres qui aident des pays victimes
du prosélytisme et de l’islamisation agressive à y voir clair. Car toute
bibliothèque universitaire ou municipale, en France, possède les livres
de Tariq Ramadan, de Tareq Oubrou, de Dalil Boubakeur, ou de Ghaleb
Bencheikh, pour ne citer qu’eux. Sans parler des bibliothèques
musulmanes dans nombre de mosquées, à commencer par la Mosquée de Paris.
Et bientôt, qui sait, Mehdi Meklat aura le prix Goncourt. En face,
quels sont les livres qui fourniront aux étudiants de quoi se prémunir
contre leur discours ?
Je me souviens de cet étudiant que j’avais
plusieurs fois entendu, à la Bibliothèque Nationale de France,
endoctriner une étudiante voilée qui le regardait avec des yeux
passionnés. “Vous allez faire le djihad?”, lui demandait-elle entre deux
bouchées de sandwich. C’était en 2009, l’année où j’avais posé à Tariq
Ramadan la colle dont j’ai parlé dans “Fatwas et Caricatures” au sujet
du mariage d’Aïcha, et de l’esclavage. Qui sait si cet étudiant, et
peut-être cette étudiante, ne sont pas allés faire le djihad en Irak ou
en Syrie depuis, et ne sont pas, aujourd’hui, des “revenants”?
En
1982, aux Beaux-arts de Paris, quand l’action des islamistes en France
était encore assez faible. Je passais mon UV de tapisserie artistique,
et face à moi, à travers la trame, un garçon et une fille réalisaient
leur tapisserie; le garçon harcelait la fille en lui vantant sa religion
et la beauté du chant du muezzin. Sans doute avait-il lu ou entendu les
écrits du père de Tariq Ramadan, Saïd, ou ceux de Hamidullah, qui
sévissait à l’époque, pour qui toute musique est interdite à l’exception
de l’appel du muezzin. Et je devais ainsi subir tout au long de la
journée le fredonnement: “Allahou Akbar, Mohamed est l’Apôtre d’Allah!”
Ce matraquage par le haut (lobbying auprès des politiques) et par le bas (propagande et prosélytisme) produit des convertis, des professeurs islamistes et des djihadistes. On l’a payé, des années plus tard, avec les attentats sur le sol français. Le laxisme et la censure actuels se paieront plus cher encore dans un futur proche, car ce genre de mouvement ne croît pas en ligne droite, mais de façon parabolique. Les livres des éditeurs salafistes sont bien en vue à la Fnac; après l’avoir fait remarquer à un vendeur, un de mes lecteurs s’est fait répondre: “Après tout, ce ne sont que des livres !”
Ibn Taymiyya, El-Djazaïri, Qaradaoui et
leurs admirateurs. Puis, les islamistes honteux, qui entretiennent la
confusion sur les idées et les textes, et se font passer pour modérés
dans les colonnes des journaux et sur les plateaux de télévision. S’ils
l’étaient vraiment, ne devraient-ils pas commencer par dénoncer ces
auteurs qui mènent à la radicalisation, demander leur interdiction ? Et
on continue à les prendre au sérieux.
Est-ce normal ? Vous me
direz que la France n’est pas tout à fait dans son état normal. Comment
peut-on décrier un phénomène, et faire semblant d’ignorer les textes mis
en application ? Dans ces conditions, les livres d’histoire qui ne
sacrifient pas aux bons sentiments et au romantisme (“histoire”,
rappelons-le, signifie “enquête”), ou qui n’enrobent pas les pires
commandements d’une “spiritualité” imaginaire ne peuvent pas être bien
accueillis.
Les concepts flatteurs, les bons sentiments,
l’optimisme béat ne sont pas de circonstance. Pour que l’histoire arme
la pensée, il faut qu’elle aille à la rencontre des faits et des textes
qui planifient les actes à venir.
Tous mes livres contiennent des
centaines de traductions inédites, des documents reproduits en
fac-similé, et présentent des faits difficiles ou scientifiques dans un
style lisible, pour être accessibles à des lecteurs ordinaires. Ce sont
des livres sans jargon. Ce ne sont pas non plus des livres de
demi-savants, bourrés d’erreurs et de contresens, sous prétexte de faire
de la vulgarisation. Les propagandistes comme Tariq Ramadan ont des
mécènes richissimes, et ont des complices haut placés. Je n’ai payé
personne. Mais si des gens ordinaires lisent mes livres et en parlent,
la cause défendue par ces livres avancera. Même si ceux qui s’en servent
et les utilisent pour leur propre production n’ont pas l’honnêteté de
les citer.
Lina Murr Nehmé, 10 mars 2019
“Hijab sportif” : le comble de l’hypocrisie
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Dans les années 1970, mon père nous racontait que les femmes dans
les milieux intégristes en Syrie étaient tellement conditionnées pour se
voiler le visage ou la tête, qu’il en avait vu une, nue mais le visage
voilé. Ayant eu le choix entre cacher sa tête et son sexe à l’entrée
d’un homme, elle avait préféré relever sa jupe et cacher sa tête.
De même, Zahra Lari, la patineuse émirati, montre son fesses dans tous leurs détails… et cache ses cheveux! Je me demande en quoi mouler ses cuisses et ses fesses de noir serait pudique, et montrer ses cheveux, non.
Nike, qui a fait des études de marché sur la perception du voile en
Occident avant de lancer cette pub, sait que son hijab se vendra s’il
est présenté comme un signe de différenciation communautaire et non un
signe de pudeur.
Car les hijabs de Nike, de Décathlon, ou des
burkinis, ne sont pas halal, le but du voile étant de camoufler et non
de souligner ou d’embellir.
Sauf, bien sûr, si le voile est utilisé comme un signe politique ou communautariste…
Lina Murr Nehmé, 7 mars 2019
Les accords de TaëF
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En 1989, le traité de Taef fut imposé au Liban au mépris de la population
qui, dans son écrasante majorité, n’en voulait pas. Rappelez-vous, diplomates,
agents et médias: le réduit libanais qui était encore libre et soumis à l’Etat
libanais manifestait tous les jours contre ce traité imposé par l’Arabie. Il
manifestait parce que ce traité légalisait l’occupation d’une partie du Liban
par l’armée syrienne.
Les manifestations durèrent plus d’un an. Puis vint la guerre du Golfe. Obtenir l’accord de la Syrie de l’époque était une étape
cruciale. Pour obtenir la participation de Hafez el-Assad contre l’Irak, il
fallait une contrepartie alléchante. Ainsi, toute la communauté internationale,
y compris le Vatican, imposa au Liban l’occupation d’une partie de son pays par
les troupes syriennes.
Ce traité commença le 30 septembre, date anniversaire des Accords de Munich
de 1938. C’est en effet à cette date que l’Arabie Saoudite réunit les députés
libanais chez elle, à Taef, et non à la Mecque, car certains d’entre eux, étant
chrétiens, auraient souillé les lieux, selon elle. Après leur avoir confisqué
leur passeport, elle leur expliqua au cours des jours suivants qu’ils ne partiraient
qu’à condition de signer ce traité fait par elle, qui dépouillait les chrétiens
de tout pouvoir dans leur propre pays.
Toute la communauté internationale s’inclina, un peu comme dans l’Apocalypse, toute la terre s’incline et dit: “Qui est comme la Bête?”
Le traité était saoudien, puisque Hariri l’avait écrit et imposé en tant que sujet du roi d’Arabie. Et Hafez Assad avait imposé sa clause, car un tel traité ne pouvait exister sans son accord. Quant au parrainage du traité, il fut assuré par les Américains, car sans eux cet accord n’aurait pu être imposé au Liban. Rappelons que George Bush était l’ami personnel du roi d’Arabie.
La Syrie avait déjà tenté d’imposer un tel traité quelques années plus tôt, elle avait échoué. C’est Rafic Hariri, travaillant pour les Saoudiens avec l’aide américaine, qui l’imposa grâce à l’argent saoudien et aux pressions des Américains, devenus la seule superpuissance.
Pourquoi ce parallèle avec les Accords de Munich ? Parce que de la même manière, on permit à une puissance militaire agressive, la Syrie, d’envahir un territoire qu’elle réclamait, et que l’une des conséquences de ce traité fut la chute du régime irakien, et l’apparition de Daech.
Lina Murr Nehmé, 5 mars 2019
Une rébellion en forme de soumission
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Drôle, cette phrase illustrée par une fille avec un gros rouge à
lèvres, des lèvres sortantes et grosses, des sourcils épilés, et des
yeux maquillés. En quoi change-t-on les règles si on se peint pour
suivre les règles de la mode ?
J’y vois au contraire le summum de la soumission: soumission aux règles concernant le maquillage, et soumission aux règles concernant le hijab. Et soumission aux règles de l’argent: elle fait de sa tête une pancarte publicitaire pour Nike. Sachant que dans sa langue, le mot نيك veut dire ce qu’il veut dire.
Lina Murr Nehmé, 4 mars 2019
Un cœur à 650000 euros
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Le nord de Paris est sale, sale! Allez voir autour des monuments
historiques, les papiers de sandwich, la saleté, les déchets. Il y a des
endroits où on n’ose pas vraiment aller, mais on y va contraint et
forcé. Et quand vous venez en voiture ou en autobus à la porte de
Clignancourt, vous devez vous attendre à voir une cour des miracles,
quelques centaines de mères plus loin. Soit vous passez près de la
station de Stalingrad, que les sans-papiers venus de Calais ont
transformée en campement pendant si
longtemps, en débordant sur les rues avoisinantes. Soit vous passez
directement à La Chapelle-Pajol, où les hommes islamistes ne pensent pas
à offrir des cœurs aux femmes le jour de la Saint-Valentin.
C’est pourtant en cet endroit de Clignancourt que la Mairie de Paris,
qui a le sens de l’ironie, a dressé un cœur géant, qu’elle a fait payer
au contribuable 650.000 euros.
Et ce, alors que le pays se débat
dans les crises les plus douloureuses. Pendant qu’il y a des
manifestations parfois causées par la faim, les dépenses du pouvoir
défraient la chronique, qu’il s’agisse d’un service de vaisselle de
l’Elysée payé par le contribuable, ou de modifications artistiquement
terribles de l’Elysée, payées elles aussi par le contribuable, ou même,
d’une piscine enlaidissant un monument historique dans un paysage
imprenable — également payée par le contribuable.
Et comment le
pouvoir résoud-il la crise? En distribuant des sucettes, en donnant
l’ordre de frapper les manifestants à la tête, et en leur donnant des
coups bas dans les médias.
Normaux, ces coups bas: avez-vous
remarqué que la popularité de Macron et celle des Gilets Jaunes sont
étroitement liées, comme les deux côtés d’une planche de balançoire?
Quand la popularité des Gilets Jaunes décroît, celle de Macron croît. Il
faut donc que le phénomène existe et s’amplifie, ce Président n’étant
parvenu au pouvoir qu’en faisant démolir les autres par les médias, ses
amis (on a vu les dizaines de Unes qu’il a eues).
Maintenant, il ne peut régner qu’en faisant démolir les manifestants. Au physique comme au moral.
Pendant ce temps, le soi-disant cœur de Paris made in Portugal, veille,
se moquant des femmes de La Chapelle-Pajol en leur disant: “Bonne fête
de la saint-Valentin!”
Au fond, qui était saint Valentin ? C’était un évêque, qui avait refusé d’obéir à l’empereur. Il avait marié les amoureux qui le demandaient. Alors que l’empereur voulait empêcher ces mariages pour que les hommes aillent à la guerre.
Lina Murr Nehmé, 2 mars 2019
De l’ingratitude
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Ingratitude
En décembre, on a beaucoup parlé de ces Afghans
auxiliaires de l’armée française (souvent, des interprètes), qui
demandaient à venir en France. Contrairement aux Afghans de Calais et de
La Chapelle-Pajol, ils sont menacés de mort à tout instant pour avoir
aidé la France contre les terroristes d’al-Qaïda et les Talibans, dont
on sait comment ils traitent une femme qui n’a pas mis le voile, ou un
homme qui s’est rasé le menton.
Il est tout de même scandaleux que l’on
passe tout ce temps à palabrer, et que l’on soit si frileux à leur
égard, alors qu’il suffirait de faire un transfert, et de leur donner la
place d’autres “migrants”, qu’on loge dans des hôtels. Or il a fallu
que l’affaire arrive jusqu’au Conseil d’Etat pour qu’un Afghan, déjà
blessé et recevant des menaces quotidiennes, obtienne un visa pour la
France.
Ce n’est pas le genre de la France, d’abandonner ses alliés.
Le pire est qu’en même temps, on n’a pas hésité à admettre sur le sol
français des centaines de milliers de migrants désignés par l’Union
Européenne, sachant que la plupart d’entre eux ne désirent pas vivre en
France, loin de là. Ils savent simplement qu’il y des allocations
familiales à gagner.
Ecoutez-les, ils vous le diront, s’ils se sentent en confiance. “Un Algérien en France, me disait l’un d’eux, c’est un puits de pétrole en Algérie.” Je lui ai demandé de m’expliquer ce que cela voulait dire. Et il m’a raconté tous les avantages financiers dont un Algérien bénéficiait en France, et la manne qu’il envoyait à sa famille. Heureusement, celui-là n’était pas ingrat à l’égard de la France. “Je ne comprends pas mes compatriotes, me dit-il, ils ne font que médire de la France. Si elle ne leur plaît pas, pourquoi ne retournent-ils pas au bled ?”
Lina Murr Nehmé, 2 mars 2019