Le voile de la servante et celui de la maîtresse

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Les islamistes et leurs défenseurs citent le voile des religieuses pour justifier celui des musulmanes en France. Je crois qu’ils auraient intérêt à s’informer d’abord au sujet du sens de chacun de ces voiles.

Quand on regarde la peinture ou la sculpture médiévales, on s’aperçoit que les religieuses catholiques étaient vêtues comme les servantes du Moyen Age: jupe longue, manches longues, coiffe ou voile pour s’abriter du soleil. Les femmes du peuple aussi s’habillaient de cette façon très simple. Le joli costume folklorique était plus compliqué, et donc beaucoup plus coûteux, à une époque où la filature, le tissage et la couture se faisaient entièrement à la main. Pour l’économiser, on ne le portait que le dimanche et aux fêtes, et il se transmettait de mère en fille. Seules les riches possédaient plusieurs tenues et des coiffes en étoffe fine, très chère.

Au XVIIIe siècle, les Sœurs de la Charité étaient littéramment vêtues comme les servantes et les paysannes, les couleurs en moins, un grand tablier blanc en plus.

On retrouve la même coiffe et la même robe paysanne, avec des variantes — forme de la coiffe, couleurs… — dans plusieurs tableaux de peinture, notamment chez Millet.

Bécassine, personnage de bande dessinée, porte une coiffe plus ou moins similaire.

Coiffe de commodité: contrairement aux femmes riches, celles du peuple passaient leur journée au soleil, et c’était un petit chapeau-foulard en coton bon marché, que les femmes cousaient elles-mêmes. Il était lavable et, s’attachant avec des rubans, il ne s’envolait pas au vent.

Plus tard, la coiffe des Sœurs de la Charité est devenue un chapeau amidonné dont les larges pans leur assuraient une plus grande visibilité. On pourait les reconnaître à travers champs, et ceux qui avaient besoin de services médicaux, ou connaissaient des personnes démunies, pouvaient aller les avertir avant qu’elles n’aillent au village voisin. Cette cornette était tellement identifiée aux soins rendus aux malades et aux orphelins, qu’à ses débuts, Picasso a représenté la charité sous la forme d’une religieuse portant un bébé, et servant un malade au chevet duquel se trouve un médecin qui prend son pouls.

Pablo Picasso, “Science et Charité”. Barcelone, 1897 Huile sur toile 197 x 249,5 cm Musée Picasso, Barcelone Donation Pablo Picasso, 1970 110.046 © Gassul Fotografia S.L./Succession Picasso 2018

Avec l’exode rural et l’avènement de la voiture et du téléphone, ces immenses coiffes n’ont plus été utiles. Elles étaient même très gênantes pour les religieuses se déplaçant en voiture. Elles ont été remplacées par un voile simple, qui leur procure aujourd’hui où les femmes ne se voilent plus, la visibilité que la cornette leur procurait au temps où toutes les paysannes portaient une coiffe.

C’est justement cette visibilité qu’on reproche au voile. Et c’est vrai qu’en France où les coiffes de paysannes ont disparu, on remarque une religieuse voilée. Beaucoup sont donc en civil. Quant aux religieuses soignantes, leur voile a la même utilité que la coiffe des infirmières durant la Grande Guerre: il distingue la femme qui le porte pour indiquer qu’elle est là pour servir, de la femme que l’on ne peut pas déranger.

Le voile islamique, lui, ne désigne pas la servante, mais la maîtresse : en islam, c’est la prisonnière de guerre chrétienne ou juive esclave qui est nue. Quand cette prisonnière se voile la tête (le voile était le costume des chrétiennes et des juives avant d’être celui des musulmanes), le calife Omar la frappait sur la tête, en lui disant: “Tu prétends ressembler aux croyantes, mauvaise femme?”


Les maîtres musulmans ont ainsi le droit de voir la prisonnière de guerre chrétienne ou juive marcher en montrant une partie de ses seins, ou leur totalité. Quand il fait très froid, cela peut être un supplice pour la prisonnière transformée en esclave. Ainsi, les prisonnières de guerre hindoues étaient traînées dans la neige, la poitrine dévêtue, et mouraient en si grands nombres, que les montagnes de ce passage entre le Pakistan et l’Afghanistan, ont été appelées “Hindou Kouch” (Massacre des Hindous).

Quant à la musulmane, sa supériorité sur la non-musulmane (et sur la musulmane non pratiquante) est considérée plus ou moins raciale, puisque le Coran dit : “Les pires des animaux sont les mécréants, car ils ne croient pas”. Si une musulmane ne se voile pas parce qu’elle ne croit pas à la Sunna, elle est considérée comme une mécréante, et à ce titre, comme étant pire que les animaux.

Des citations venant des textes sacrés de l’islam sont servies à la musulmane pour la convaincre de se voiler en lui prouvant que le voile est le signe de sa supériorité sur les autres femmes. Ainsi, on ne voit pas la naissance de ses seins, encore moins leur totalité. Elle est si précieuse par rapport aux autres, que ses cheveux eux-mêmes ne sont pas visibles pour les hommes. Sauf pour le seigneur et maître, le mari… et bien sûr, le père, le frère, le fils ou le petit-fils parmi lesquels se trouve son tuteur. Eh! oui, le tuteur peut être le petit-fils, et le tuteur a le droit de battre la femme qui ne se voile pas ou qui sort sans la permission de ce tuteur, même si elle est sa grand-mère

C’est en tenant le voile islamique pour un signe de supériorité, et la nudité des seins, pour un signe d’infériorité, que le calife Omar frappait à la tête, avec son bâton, les femmes chrétiennes ou juives prisonnières qui osaient se mettre un voile sur la tête. En tant que calife, il voulait qu’on les distingue comme des inférieures, par le fait que n’importe qui pouvait voir leur visage et leur corps.

Ceci vous explique l’hostilité avec laquelle vous regardent, en France, certaines femmes qu’on a convaincues de se voiler en usant de tels arguments… alors que dans les pays musulmans, elles ne vous regardent pas avec hostilité, parce que le voile n’y est pas un signe distinctif.

Ceci explique également pourquoi les musulmanes non voilées sont battues dans les quartiers. Le Coran explique que le voile, pour les musulmanes, a pour but de les faire reconnaître comme musulmanes, et d’empêcher qu’elles soient “offensées”. En d’autres termes, la femme non-musulmane peut être offensée de façon naturelle, acceptable. Ainsi, il n’est pas commandé de ne pas offenser les femmes, mais seulement, de ne pas offenser les femmes voilées.

Dans la vidéo ci-dessous, j’ai mis des passages de discours de Tariq Ramadan qui parle par sous-entendus, de façon à ne pas être compris des non initiés, ceux qui n’ont jamais lu ou entendu ces informations:


Lina Murr Nehmé

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