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Mennel Ibtissem, Lallab et le “féminisme islamique”

 

Depuis quelques années, les islamistes ont compris qu’ils obtiendraient davantage de résultats avec de jolies femmes télégéniques plutôt qu’avec des barbus peu appétissants ou des Malika Dif, reléguées à l’arrière-plan pour chaperonner les converties fragiles psychologiquement.

“Lallab” est une association qui représente l’islamisme “new look”, notamment par le biais de profils comme celui d’Attika Trabelsi, une femme jeune, éduquée, moderne, prête pour le combat féministe “dans la voie d’Allah”.

Dans les années 1980, l’expression “féminisme islamique” a été décriée par les oulémas, qui refusaient que l’on accole l’adjectif “islamique” à un concept occidental.

Mais aujourd’hui, Lallab impose cette expression avec un triple objectif :

1. Dire aux non-musulmans que : Oui, l’islam est compatible avec la modernité occidentale et même en avance sur l’Occident. Ils en veulent pour preuve les arguments avancés par une islamiste marocaine instruite, Asma Lamrabet, dont les thèses sur le statut mirobolant de la femme en islam ont inspiré à Nicolas Sarkozy sa fameuse question sur le genre de coups qu’il fallait infliger aux femmes. Asma Lamrabet, en effet, défend cela, à condition que les coups ne soient pas trop méchants.

2. Convaincre les musulmanes que l’Occident n’a rien inventé pour elles : vous voulez agir pour les droits des femmes ? Nous avons justement un produit tout prêt : le “Féminisme islamique” !

3. Dans ce cas, l’islam authentique n’a fait que libérer la femme, et l’Occident les opprime en les privant de leur “dignité” et de leur “pudeur”. Alors la seule libération valable serait, toujours d’après les théoricien(nes) de Lallab, dans le respect des règles de l’islam. Le voile respectant les règles de l’islam, le voile serait une libération de la femme, ajoutent ces dames.

Cette position paraît d’emblée hypocrite et met en perspective la manière dont l’islamisme se joue de l’Occident. Lorsque Nadia Hamour, femme politique musulmane, a soulevé un tollé quand elle a appelé à utiliser le bonnet phrygien pour voile, cette fourberie est apparue au grand jour. Pourquoi ce tollé ? Il y a bien des musulmanes qui se voilent avec un turban. Allez voir les musulmanes libanaises à Paris. Voyez aussi l’humouriste maghrébine Samia Orosemane. Ou encore, cheikha Moza, la femme du précédent émir du Qatar. Elles sont élégantes en turban.
Le problème, je vais le dire. C’est que, contrairement à ce qui se passe dans les pays d’Orient, le voile est prêché, utilisé ou imposé en France ou en Occident pour imposer la défiance à l’égard du non-Musulman, et plus encore, de la non-Musulmane, à un public auquel on répète inlassablement que son seul pays est la oumma islamique mondiale. Le bonnet phrygien peut couvrir les cheveux d’une musulmane pieuse, il ne serait alors pas un signe de démarcation, puisque c’est la coiffure de Marianne.

Dans ce schéma de pensée, on conspue les musulmanes qui refusent de se joindre au concert. D’où les attaques que subissent parfois ces musulmanes.

C’est cette supercherie que dénonce Céline Pina, car ce n’est pas une libération qu’elle a constaté sur le terrain chez les femmes voilées. Comme en témoigne l’histoire d’une femme qu’elle avait interpellée et qui lui avait avoué qu’elle se voilait malgré elle, pour se protéger, et surtout, pour protéger ses enfants.

Céline Pina a quitté une position prometteuse, une carrière au sein d’un Parti politique, par respect pour ses principes. C’est parce qu’elle avait touché de près l’oppression des femmes — et pas seulement des femmes — dans les banlieues. C’est un courage dont elle sort grandie.

C’est cela qu’il faut répondre à ceux qui l’attaquent: cette histoire d’une femme voilée qui fait si mal à entendre, et qu’elle m’a racontée dans l’interview qu’elle a consenti à me donner pour mon livre, “L’Islamisme et les Femmes”.

Lina Murr Nehmé