
Aujourd’hui, “Identité plurielle” a encore frappé.
 
 Cette fois, elle a pris pour cible le journaliste Bruno Renoul qui, dans La Voix du Nord,a commis le crime d’informer le public de la comparaison que  faisait la présidente d'”Identité plurielle” entre l’enfermement des  juifs dans le camp de la mort de Dachau et l’enfermement des femmes  musulmanes dans leurs maisons parce qu’elles ne sont pas en burkini.  
“Identité plurielle” lui a reproché, avec beaucoup d’agressivité, de n’avoir pas perdu son temps à interviewer Zakia pour voir ce qu’elle pensait (et qui était pourtant clair comme de l’eau de roche: voir les fac-similés que j’ai mis hier).
En d’autres termes, un journaliste ne devrait plus faire son travail en informant, mais se transformer en psychanaliste et amener la femme sur un divan pour savoir les sens cachés qu’elle pourrait, dans son subconscient, avoir donné à des mots évidents comme “réouvrir Dachau”
Avec cela, “Identité Plurielle” prétend que Zakia Meziane n’a pas fait référence à la shoah.
 Sans doute parce que le mot “shoah” n’a pas été prononcé. Zakia a  seulement parlé de Dachau. Nous pourrions donc supposer que dans son  esprit,  Dachau serait un joli parc d’agrément avec des pièces d’eau  limpide, des statues, où l’on irait se promener dans une brise  délicieuse faisant voler les cheveux (pardon, les foulards) à l’ombre  des arbres avec les enfants pour fuir la canicule.
 
 Ce jeu  d’associations est terrible, non parce qu’il dévalorise la réalité des  souffrances endurées par les victimes de Dachau. Non parce qu’il les  ridiculise en les comparant à l’enfermement de la femme en burkini chez  elle. Mais parce que c’est une manière indirecte de traiter les Français  de nazis parce qu’ils refusent aux femmes le droit de porter le  burkini. Et que cela, c’est porteur de guerre civile. Cette guerre de  mots quotidienne aboutit à désespérer les forces de l’ordre au point que  certaines semaines, il y a un suicide de policier par jour. C’est une  stratégie essayée au Liban et ailleurs: attaquer sans cesse, se  prétendre opprimé et harceler avec des mots qui irritent parce qu’ils  sont sans commune mesure avec la réalité, pour neutraliser ces forces et  pouvoir laisser les civils face à face. Et c’est là que commence  vraiment le drame. Et l’hécatombe.
 
 Qui est nazi? Les Français  qui accueillent Zakia Meziane et ses amis et les font profiter des mêmes  avantages financiers, hospitaliers, éducatifs qu’eux? Ou les maris et  les imams qui les obligent à se voiler et les enferment chez elles? Si  Zakia Meziane et “Identité plurielle” étaient vraiment féministes, elles  s’en prendraient à leurs propres hommes, et voulez-vous que je vous  dise mon idée? Au lieu de foncer sur les piscines en burkini pour  satisfaire les ordres de mâles qui veulent être les seuls à voir leurs  bras, et qui les lancent comme des meutes, pourquoi ne font-elles pas  des raids contre ces mêmes hommes? 
 
Je ne suis pas contre les  hommes a priori, pas contre du tout. Mais je suis contre ceux qui  battent leurs femmes et les obligent à faire la guéguerre contre les  Français au lieu de les remercier de leur hospitalité. Qui, quels que  soient les défauts de quelques Français, n’empêchent pas qu’en tant que  collectivité, ils traitent les étrangers à égalité avec eux-même. 
 
  Et au lieu de les remercier de cet égalitarisme en actes, on a le front  de les accuser de racisme! Allez voir dans les pays d’où viennent les  familles de ces dames, si un étranger qui n’est pas riche, est aussi  bien traité qu’un citoyen, quand il s’agit de la médication ou des  allocations. Et si les Français sont racistes comme vous le dites,  mesdames, il y a du masochisme de votre part à vous infliger la peine de  rester en France. Après tout, quand vous ou vos parents ont débarqué en  France, le burkini n’existait pas, et vous viviez toutes très bien  sans. Pourquoi avez-vous décidé soudain de vous faire souffrir en vous  donnant une envie qui n’existait pas quand vous avez débarqué en France?  Si vous êtes convaincues que la France ne vous plaira pas si vous ne  lui imposez pas votre burkini, pourquoi souffrir en France? Rentrez  plutôt sous les cieux plus burkinesques de votre pays d’origine ou de  celui de vos parents (où le burkini sera probablement interdit, mais où  vous n’oserez pas ouvrir la bouche, car ce sont des dictatures).
  
 Ceci dit, j’aimerais m’attarder sur le nom “Identité plurielle”, qui est inquiétant en soi. 
 
 Inquiétant car il n’existe pas d’identité plurielle, sauf chez les schizophrènes. 
 
  Si ces dames se sentaient françaises, elles ne s’habilleraient pas de  façon à choquer les Français. Car, quand on estime appartenir à un  peuple, on cherche à lui plaire, à ne pas le heurter. C’est le  comportement humain. Au Liban, le dicton dit: “Mange comme il te plaît,  et habille-toi comme il plaît aux gens.” Car, par principe, le vêtement  est pour les autres et non pour soi. Quand on sait que quelque chose  déplaît, le réflexe est de le changer pour ne pas déranger. Vous savez  que le burkini déplaît. Vous ne voulez pas le changer. Donc vous  cherchez à déplaire. Donc vous ne vous sentez pas appartenir à cette  communauté, la communauté française. D’ailleurs, les attaques que  certaines d’entre vous font pour violer le règlement, le prouvent. On ne  cherche pas à déplaire à un peuple si on se sent de ce peuple. Vous ne  vous sentez pas françaises, c’est faux. Sauf si, pour vous, l’identité  française se limite au plaisir que vous éprouvez à regarder les beaux  paysages français, à profiter des facilités, supermarchés et transports  en commun, à encaisser les allocations, à faire instruire vos enfants  gratuitement, et à vous faire payer pour faire des enfants. 
 
 Ce  n’est pas cela, être français. Etre français, c’est avant tout, aimer  les Français, car pour appartenir à une communauté, il faut se sentir  solidaire d’elle et vouloir son bien. Car on estime gagner quand cette  communauté vit bien et est heureuse. 
 
 Sinon, on est un étranger. 
 
  Les princesses saoudiennes changent de tenue quand elles sont en  France. Les princes orientaux enlèvement la keffieh quand ils sont en  France. Mais vous voudriez nous faire croire qu’eux, des étrangers, se  mettent au pas français en matière vestimentaire pour ne pas heurter les  Français, alors que vous, vous seriez françaises et vous vous moqueriez  de gêner, de peiner, voire de faire souffrir des Français? 
 
  Car à la longue, vous savez que cela fait souffrir. Vous savez que cela  divise. Vous savez que cela donne des arguments aux extrémistes. Ce  n’est pas par hasard que vous avez choisi cette affiche: trois femmes  bleu, blanc, rouge, voilées et narguant on ne sait qui. Ce n’est pas en  narguant, en se moquant, en étant ingrat, qu’on construit un pays, et si  vous aviez vraiment eu une identité française, vous vous seriez senties  concernées par ces piqûres. Bien des musulmans en sont gênés: ceux-là  sont français, oui. Mais vous??? 
 
 Si l’habillement français ne  vous plaît pas, et si vous n’aimez pas assez la France pour vouloir y  préserver la paix civile en y huilant les rouages sociaux au lieu de les  faire grincer, la France ne vous oblige pas à subir des appartements  surchauffés que Zakia compare à Dachau. 
 
 Car il n’y a pas que  la schizophrénie qui puisse expliquer le comportement d'”Identité  Plurielle” et de sa présidente Zakia Meziane. 
 
 Il y a aussi la paranoïa. 
 
  Les paranoïaques aussi utiliseraient l’image de “réouvrir Dachau” pour  parler de l’enfermement des femmes parce qu’elles ne portent pas le  burkini, soi-disant, parce qu’elles veulent être pudiques. 
 
 Parce que, franchement, vous trouvez le burkini pudique? 
 
 Mesdames, gardez votre Dachau pour ceux qui vous oppriment. Et ce ne sont pas les Français. Ce sont vos imams et vos maris. 
Lina Murr Nehmé, 9 juillet 2019
