Archives par mot-clé : Tariq Ramadan

Extrait du serment des Frères Musulmans

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C’est aujourd’hui l’anniversaire de la fondation, par Daech, du nouveau califat. Al-Qaïda étant un sous-produit des Frères Musujlmans, et Daech étant une branche d’al-Qaïda, il ne serait pas mauvais de méditer en ce jour sur cette partie du serment qu’Hassan el-Banna, grand-père de Tariq et Hani Ramadan, faisait prononcer à ses hommes lorsqu’il leur faisait subir leur initiation:

“5) Je crois que le musulman a le devoir de faire revivre l’Islam par la renaissance de ses différents peuples, par le retour de sa législation propre [la charia], et que la bannière de l’Islam doit couvrir le genre humain et que chaque musulman a pour mission d’éduquer le monde selon les principes de l’Islam. Et je promets de combattre pour accomplir cette mission tant que je vivrai et de sacrifier pour cela tout ce que je possède.

6) Je crois que tous les musulmans ne forment qu’une seule nation unie par la foi islamique et que l’Islam ordonne à ses fils de faire le bien à tous ; je m’engage à déployer mon effort pour renforcer le lien de fraternité entre tous les musulmans, et pour abolir l’indifférence qui existent entre leurs communautés et leurs confréries.

7) Je crois que le secret du retard des musulmans réside dans leur éloignement de la religion, que la base de la réforme consistera à faire retour aux enseignements de l’Islam et à ses jugements, que cei est possible, si les musulmans oeuvrent dans ce sens, et que la doctrine des Frères Musulmans réalise cet objectif.”

Cet extrait du serment qu’Hassan el-Banna faisait prononcer à ses hommes lorsqu’il leur faisait subir leur initiation, permet de comprendre la stratégie de l’UOIF (MF) et de Tareq Oubrou, qui n’ont jamais renié le fondateur.

Et de Tariq et Hani Ramadan qui le louent.

Que ces deux frères aient ou non subi une initiation importe peu, puisque leur père Saïd en a subi une, lui. Il a prononcé ces paroles, et il a éduqué ses fils en fonction de son serment. Et c’est lui qui a introduit les Frères Musulmans en Europe.

Le résultat permet de mesurer l’importance de son activité, notamment souterraine.

Lina Murr Nehmé, 29 juin 2019

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Phrase célèbre d’Hassan el-Banna, reprise avec son portrait. (AZ quotes.)

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Tariq Ramadan: le viol, les femmes et le Prophète (Causeur)

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Tariq Ramadan : dans Fatwas et caricatures, la stratégie de l’islamisme, un chapitre entier (“Tariq Ramadan : mentir pour séduire”) est consacré à ce représentant des thèses de Hassan el-Banna, son grand-père. Voir aussi notre livre : Tariq Ramadan, Tareq Oubrou, Dalil Boubakeur : ce qu’ils cachent (Salvator, 2017)

Tariq Ramadan a été fortement affaibli par l’impact de ses affaires privées. En même temps, on a laissé son enseignement intact. N’importe lequel de ses bons élèves, pour peu qu’il ait un soutien financier et soit prudent dans sa vie personnelle, pourra le remplacer en enseignant la même chose.


Quiconque travaille en profondeur sur les livres de Tariq Ramadan, sait qu’on ne peut pas comprendre son message sans tenir compte de ce que disent les livres sacrés dont il parle, et auxquels il se réfère sans cesse. L’histoire que je vais raconter date de février 2009. Elle montre comment Tariq Ramadan, rien qu’en manipulant des mots, parvient à dire à chacun ce qu’il veut entendre, et à empêcher la discussion quand elle l’embarrasse.

Tariq Ramadan, le défilement permanent

Fatwas et caricatures, la stratégie de l’islamisme, Salvator, 2015

En marge d’une conférence que Tariq Ramadan donnait avec l’islamologue Dominique Urvoy à l’Institut du Monde arabe (IMA) à Paris, je demandai la parole et dis :

— J’ai lu vos livres, Monsieur Ramadan. Vous dites qu’il faut suivre le Coran et la Sunna.

— C’est vrai.

— Eh bien, le Coran dit : « Couchez1 avec autant de femmes que vous voudrez, deux, trois, quatre, et si vous craignez de ne pas être équitables, alors, avec une seule ou avec ce que possèdent vos mains droites », c’est-à-dire les esclaves. Et d’après le hadith, Mahomet a couché avec une petite fille, Aïcha, qui avait neuf ans.

— Votre question, Madame ?, dit le modérateur.

— Ma question est : faut-il faire ces choses ?

Tariq Ramadan se trouvait en France : il ne pouvait pas dire qu’il fallait épouser plusieurs femmes, coucher avec des petites filles, transformer les prisonnières de guerre en esclaves et les violer.

Il ne dit donc pas qu’il ne fallait pas faire ces actions. Il fit une réponse hors sujet :

— C’est vrai qu’il y avait des esclaves, mais autrefois, il y avait de l’esclavage partout. Mais les mœurs ont changé. Aujourd’hui, l’esclavage n’existe plus.

Tariq Ramadan s’abolit de l’esclavage

Tariq Ramadan ne disait pas la vérité. L’esclavage existait à cette époque, et l’homme qui le pratiquait de la façon la plus horrible était le dictateur soudanais Hassan Tourabi. Bien avant Boko Haram et Daech, Tourabi avait utilisé l’esclavagisme comme arme durant la guerre de religion qu’il avait menée contre les chrétiens et les animistes du Soudan.

Je démentis Tariq Ramadan, mais la foule s’insurgea contre moi, ce qui lui permit de passer la question sous silence et de ne pas dire s’il fallait faire ce que disaient ces textes : pratiquer la polygamie, avoir des esclaves et coucher avec elles sans leur consentement.

Par ce silence, il contredisait à l’avance tout ce qu’il dirait, cinq ans plus tard, pour condamner Daech et l’esclavage sexuel.

« Le Prophète a, paraît-il, épousé une jeune femme (sic) de 9 ans »

Tariq Ramadan traita de la même manière la seconde partie de ma question. Quelques années plus tôt, il avait reconnu par écrit, dans un de ses livres, qu’Aïcha avait six ans quand elle avait épousé Mahomet. Cette fois, il prétendit que « le Prophète a, paraît-il, épousé une jeune femme (sic) de 9 ans ». Puis il dit que les musulmans sunnites s’appuyaient sur le hadith, « le Sahih Bokhari et le Sahih Moslem », précisa-t-il. Et que cet épisode ne pouvait pas être pris au sérieux car il venait de la Sira (biographie) de Mahomet. C’était faux : le récit le plus connu de ce mariage vient bien d’un hadith authentique du Sahih Bokhari. Cette pirouette permit à Tariq Ramadan d’éviter de répondre à la question de savoir s’il fallait coucher ou non avec des petites filles de cet âge.

Six ans plus tard, Tariq Ramadan n’a pas contesté le récit de l’intervention que j’ai faite dans un de mes livres (Fatwas et caricatures, la stratégie de l’islamisme, Salvator, 2015). En revanche, le compte-rendu de l’IMA que j’y citais a rapidement disparu. Mais j’en ai une copie, et son existence est attestée par un huissier.

Les « textes clairs » du Coran

En réalité, Tariq Ramadan n’a pas véritablement trompé son lecteur. Disciple du Frère musulman Qaradawi et du mentor de Qaradawi, Hassan al-Banna, il a annoncé la couleur dès le début. Ainsi, il affirme que son grand-père Hassan al-Banna est un réformateur. Or Hassan al-Banna défend les châtiments corporels comme la lapidation, la flagellation, l’amputation. Ce que Tariq Ramadan appelle « réforme » est donc le concept frériste de retour aux textes et d’application littérale de ces textes. Aussi, sa demande de moratoire – annoncée sur son site internet et reformulée devant Nicolas Sarkozy lors de leur débat télévisé – n’a aucun sens, puisqu’elle contredit des « textes clairs » du Hadith.

Tariq Ramadan, en effet, dit qu’il est interdit aux humains de contredire une donnée contenue dans « des textes clairs » du Coran ou de l’un des deux recueils de hadiths authentiques (Bokhari et Moslem). Une fois qu’il a posé ce postulat, il est évident qu’il ne pourra pas interdire à son public de pratiquer l’esclavagisme, la polygamie, la pédophilie et le viol des captives, puisque tout cela se trouve énoncé dans « des textes clairs », tel celui que j’avais cité pendant notre échange.

Les viols de la place Tahrir

L’Islamisme et les femmes, Salvator, 2017

En 2017, j’ai travaillé sur les viols de la place Tahrir du Caire lors de la révolution égyptienne. J’ai lu et entendu dire dans des vidéos que le viol était endémique en Égypte. Certains disaient carrément que les Égyptiens étaient un peuple de violeurs. Mais ceux qui se souviennent de l’Égypte d’autrefois savent que c’est faux. Alors pourquoi cette épidémie de viols sur la place Tahrir, allant jusqu’à une centaine de viols déclarés en un seul jour ?

Une partie de la raison est assez simple : pendant des années, les Egyptiens ont subi la diffusion massive de vidéos de sermons ou d’appels encourageant à rétablir l’esclavagisme pour résoudre les problèmes financiers du pays, ou pour permettre à l’homme de satisfaire ses instincts sexuels sur des femmes qui n’étaient pas les siennes « sans pécher » et sans « aller en enfer ».4 Considérer les femmes des autres religions comme des esclaves, ou les musulmanes non voilées et non cloîtrées comme des dévergondées qui peuvent être violées, entraîne l’homme à estimer qu’il a le droit de leur infliger le « viol punitif » voire à les tuer.

Ce que doit entendre Décathlon

Dans ces conditions, croit-on que ce soit innocemment que ceux qui s’opposent au hijab de running de Décathlon ont été victimes d’un tel tollé ? Savez-vous ce qui arrive aux femmes non voilées dans certains quartiers ?

Par une coïncidence tragique, l’actualité nous présente l’affaire du hijab de running, puis la plainte portée par Tariq Ramadan contre des femmes qui disent avoir été violées par lui, la veille du 25e anniversaire de l’assassinat de Katia Bengana. Cette jeune fille de 17 ans a été tuée par des islamistes en Algérie, le 28 février 1994, parce qu’elle refusait de porter le voile.

Katia Bengana, assassinée par un islamiste algérien, est devenue un symbole de résistance aux islamistes

Ce qu’on ne raconte pas en France, c’est qu’en Algérie toujours, « des imams sont la cible d’agressions quotidiennes de la part d’éléments salafistes cherchant à prendre le contrôle de ces lieux de culte dans plusieurs wilayas du pays »5 : des éléments qui veillent et rêvent de reprendre la main à la manière de Mohamed Morsi.

Lina Murr Nehmé

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Charlie Hebdo : a-t-on pris conscience du danger ?

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Après quelques livres parisiens, j’avais fait le choix de publier au Liban: c’était plus facile. Je faisais tout, y compris les photos, la maquette, la traduction, les contacts, et j’allais dormir à l’imprimerie pour vérifier l’encrage avant l’impression de chaque planche.

Mais après les massacres du 7 janvier 2015, je me suis dit qu’une guerre civile menaçait, et j’ai décidé d’écrire sur ce sujet pour expliquer aux Français ce qu’ils ne savaient pas des fatwas appelant au meurtre de l’insulteur de Mahomet, et de ce que peut penser un terroriste qui les applique et vient tuer en plein Paris. Car ces prescriptions et cette propagande programment un cerveau humain comme un robot.

Les djihadistes sont littéralement robotisés. Je sais que je risque d’être mal comprise, ça ne manque jamais quand je dis ces mots: “ce sont de pauvres types, la faute est à l’idéologie.” On abat, on expulse ou on emprisonne des hommes, mais l’idéologie reste intacte, parce que personne n’ose la nommer, et encore moins la combattre. Pourtant, qu’est-ce qui compte vraiment? L’idée? Ou l’être humain?

Malgré cela, j’hésitais à parler franchement de tout. De ma vie, je n’avais jamais signé de livre parlant hardiment d’islamisme, car après tout, je tiens à ma précieuse vie, contrairement aux islamistes, à qui on a appris à désirer la mort.

C’est mon éditeur, Yves Briend, qui m’a écrit en corrigeant le manuscrit: “Pourriez-vous introduire le califat ? Pourriez-vous introduire Tariq Ramadan ?” Deux sujets que j’avais contournés comme on contourne une montagne. Alors j’ai réalisé qu’à force de contourner les épines, on ne fabrique pas des perles, mais des huitres vides. On n’allait rien comprendre si je ne prenais pas l’animal à bras-le-corps. Si je voulais vraiment un résultat, il ne fallait pas être lâche. J’ai donc décidé d’ajouter des chapitres, qui sont les plus explosifs du livre.

Explosifs ? Vous avez dit explosifs ?

Pendant que nous parlions du manuscrit, Yves Briend me dit, pensif et le cou plié sur le papier :

“Et moi, on va me mettre une bombe.
— Si vous voulez, ne l’éditez pas, dis-je sèchement.
— Si, si, dit-il catégoriquement, on va le faire !”

On ne peut pas ne pas estimer un homme pareil, même si nos disputes étaient mémorables.

Trois mois plus tard, il me dit, irrité: “Vous avez montré des choses évidentes mais qu’on n’avait pas remarquées. C’est ça, la valeur de votre livre. Maintenant, je vois les émissions télévisées, je vois les rangées de livres dans les librairies, je lis les journaux et les magazines, ils disent la même chose que vous, et ils ne le disaient pas avant votre livre. Mais ils ne vous citent pas. C’est inacceptable!”

Dois-je être vexée parce que certains me pillent sans me citer ? Ou dois-je au contraire me réjouir d’avoir contribué à un mouvement de vérité et de hardiesse ? Mais qu’est-ce que le médecin cherche ? les bravos, ou l’efficacité ?

Avant “Fatwas et Caricatures”, on ne pouvait pas parler franchement de ces sujets sans se faire traiter de facho. Et beaucoup de gens, qui partageaient les analyses de ce livre en privé, avaient honte de leurs opinions en public.

Maintenant, on peut en traiter de façon humaine, rationnelle, scientifique, sans passion, mais aussi, sans fard: comme un médecin qui dit qu’un patient a le cancer. Il n’a rien contre le patient, mais il en a contre le cancer.

“Fatwas et Caricatures”, c’est le diagnostic du médecin qui aime trop le malade pour le tuer en lui disant qu’il va bien alors qu’il est cancéreux.

Oui, il y a un problème. Et je m’adresse à tous ceux, parmi les politiciens, journalistes, lecteurs ou curés qui ne m’adressent plus la parole depuis qu’il ont feuilleté (et non lu) ce livre. Il vous dérange parce qu’il introduit le scalpel de l’analyse là où les commentateurs maquillent sciemment les faits ou se répandent en flagorneries.

L’amour ne consiste pas à flatter un cancéreux. Il consiste à lui dire la vérité qui frappe comme un bistouri et qui dérange tellement qu’il a envie de se débarrasser de la tumeur en l’ôtant de son corps. Sachant que cela fait mal et qu’il lui faut du courage pour accepter cette douleur.

 

Lina Murr Nehmé, 6 janvier 2019

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Débat avec Tariq Ramadan à l’IMA (2009) : précisions

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Quelqu’un a écrit sur ma page que Tariq Ramadan m’aurait répondu dans la vidéo où il a parlé des accusations dont il a été victime.

J’ai attentivement écouté la vidéo, il ne me mentionne jamais, il parle en fait de Caroline Fourest et il la nomme plusieurs fois, disant qu’elle et d’autres tirent des citations de leur contexte.

Il ne peut pas parler de moi, car la conversation de l’Institut du monde arabe en 2009 que j’ai rapportée dans Fatwas et caricatures est aussi complète que ma mémoire me permet de la transcrire d’après des notes prises ce soir-là une fois rentrée dans ma chambre. C’est d’ailleurs corroboré par le compte-rendu qui en a été fait sur le site de l’Institut du Monde arabe. J’ai cité ce compte-rendu dans le même livre. Mais qui a voulu faire disparaître les traces de ce débat? Après la parution de Fatwas et caricatures, en effet, la page consacrée à cette conférence de Tariq Ramadan et qui résume mon intervention et confirme mon récit, a disparu du site de l’IMA.

 

Mais ce n’est pas grave : j’en avais fait noter l’adresse par un site juridique spécialisé dans ce genre de démarches, et je peux donc prouver son existence à n’importe quel moment.

Tariq Ramadan n’a pas intérêt à me mentionner et à rappeler cette conversation que je raconte sur trois pages, et qui a été enregistrée et diffusée sur France Culture à cette époque. L’enregistrement devrait exister encore, à moins que quelque âme charitable ne l’ait subtilisé des archives comme il en a été de la page de l’IMA qui rapporte ce débat. En tout cas, la conférence a eu des centaines de témoins, et je rencontre de temps en temps des gens qui étaient là-bas, ou qui ont entendu parler de ce que j’ai dit… même si personne, sur le moment, ne m’a défendue (sauf mes arguments).

Tariq Ramadan ne peut rien par voie judiciaire, ni contre moi ni contre mes arguments, car il a bien dit ce que je cite. Et je le cite assez souvent pour qu’il n’y ait pas de risque de dénaturer sa personnalité dans l’image que je donne de lui dans deux de mes livres: Fatwas et caricatures et Tariq Ramadan, Tareq Oubrou, Dalil Boubakeur: ce qu’ils cachent.

C’est pourquoi il n’a jamais osé se mesurer à moi, sauf une fois: quand il me prenait pour une illustre inconnue, une femme dans la foule, qu’il pouvait faire taire en laissant crier sa claque. (Claque dans le sens ancien du terme, c’est-à-dire troupe payée pour applaudir les uns et huer les autres au théâtre ou dans une conférence.) Il ne savait pas qu’il avait affaire à une historienne qui, un jour, publierait cela dans un livre où elle fait ce portrait. Et le compléterait dans un autre livre, prouvant le mensonge de l’homme.

A tout hasard, je révèle une information encore inédite, c’est que la femme qui m’a pris le micro, et qui a mis les mains sur mes épaules et m’a crié dans l’oreille pour me faire taire, ressemblait à Houria Bouteldja. J’ai longtemps pensé que c’était elle, mais je ne voulais pas risquer d’être injuste en le disant, pour le cas où ce ne serait pas elle. C’est pourquoi j’ai tu ce détail.

Elle, en tout cas, pourrait expliquer pourquoi la page racontant mon intervention a disparu du site de l’IMA.

Voici la capture d’écran faite en 2015, au temps où l’IMA ignorait que ce texte serait cité dans un livre. Ainsi, ce texte, cette page ont été sur Internet durant près de sept ans, et ont soudain disparu à la sortie de Fatwas et caricatures !

Quel grand compliment pour mon livre !

Lina Murr Nehmé, 23 août 2018

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Ne confondons pas les Arabes avec leurs victimes

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« Pourquoi le Français est français, l’Allemand est allemand, et l’Algérien est arabe ? Cela me dérange », a dit l’écrivain algérien Kamel Daoud (El-Watan, 20/02/2017).

 

L’identité arabe est celle de la Péninsule Arabique, ce n’est pas celle du Levant, dont les habitants ne comprenaient pas l’arabe quand les Arabes l’ont envahi.

 

Le vocabulaire libanais comprend beaucoup de mots qui viennent d’un grand nombre de langues, le tiers étant araméen. Et la grammaire de notre langue n’est pas arabe, mais araméenne.

 

Les Arabes sont une civilisation millénaire ; les Berbères, les Phéniciens, les Egyptiens et les Mésopotamiens ont des civilisations multimillénaires. Qui a pris aux autres ?

Nous avons aussi reçu des Perses, des Grecs, des Romains, des Arméniens, des Américains, des Russes : voyez notre architecture, notre peinture, notre musique.

Qu’y a-t-il d’« arabe » dans tout cela ?

 

La musique est interdite par l’islam. C’est pourquoi Tariq Ramadan interdit la musique, sauf la musique religieuse islamique. Par contre, la musique phénicienne, qui utilisait les mêmes instruments, était célèbre à Rome dans l’Antiquité.

 

Les Arabes qui sont venus au Liban et en Syrie, en Egypte et en Perse, en Irak et en Algérie, ne jouaient pas de musique, puisque c’est interdit dans le Hadith. Ils ont repris les musiques locales.

 

Tous les peuples des pays appelés abusivement “arabes” sont des peuples victimes des Arabes. Sauf les Saoudiens. Mais eux aussi sont victimes du génocide-nettoyage ethnique subi par leurs ancêtres.

 

Aussi, ne confondons pas les Arabes avec leurs victimes : on n’appelle pas les Français “Romains” parce qu’ils ont été envahis par Rome. Les Français sont-ils allemands parce qu’ils ont été occupés par les Allemands ? Sont-ils romains parce qu’ils ont été occupés par les Romains ? De même, ne nous appelez pas “Arabes” parce que nous avons été pillés, massacrés, violés par les Arabes.

Lina Murr Nehmé, février 2018

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Mennel Ibtissem, Lallab et le “féminisme islamique”

 

Depuis quelques années, les islamistes ont compris qu’ils obtiendraient davantage de résultats avec de jolies femmes télégéniques plutôt qu’avec des barbus peu appétissants ou des Malika Dif, reléguées à l’arrière-plan pour chaperonner les converties fragiles psychologiquement.

“Lallab” est une association qui représente l’islamisme “new look”, notamment par le biais de profils comme celui d’Attika Trabelsi, une femme jeune, éduquée, moderne, prête pour le combat féministe “dans la voie d’Allah”.

Dans les années 1980, l’expression “féminisme islamique” a été décriée par les oulémas, qui refusaient que l’on accole l’adjectif “islamique” à un concept occidental.

Mais aujourd’hui, Lallab impose cette expression avec un triple objectif :

1. Dire aux non-musulmans que : Oui, l’islam est compatible avec la modernité occidentale et même en avance sur l’Occident. Ils en veulent pour preuve les arguments avancés par une islamiste marocaine instruite, Asma Lamrabet, dont les thèses sur le statut mirobolant de la femme en islam ont inspiré à Nicolas Sarkozy sa fameuse question sur le genre de coups qu’il fallait infliger aux femmes. Asma Lamrabet, en effet, défend cela, à condition que les coups ne soient pas trop méchants.

2. Convaincre les musulmanes que l’Occident n’a rien inventé pour elles : vous voulez agir pour les droits des femmes ? Nous avons justement un produit tout prêt : le “Féminisme islamique” !

3. Dans ce cas, l’islam authentique n’a fait que libérer la femme, et l’Occident les opprime en les privant de leur “dignité” et de leur “pudeur”. Alors la seule libération valable serait, toujours d’après les théoricien(nes) de Lallab, dans le respect des règles de l’islam. Le voile respectant les règles de l’islam, le voile serait une libération de la femme, ajoutent ces dames.

Cette position paraît d’emblée hypocrite et met en perspective la manière dont l’islamisme se joue de l’Occident. Lorsque Nadia Hamour, femme politique musulmane, a soulevé un tollé quand elle a appelé à utiliser le bonnet phrygien pour voile, cette fourberie est apparue au grand jour. Pourquoi ce tollé ? Il y a bien des musulmanes qui se voilent avec un turban. Allez voir les musulmanes libanaises à Paris. Voyez aussi l’humouriste maghrébine Samia Orosemane. Ou encore, cheikha Moza, la femme du précédent émir du Qatar. Elles sont élégantes en turban.
Le problème, je vais le dire. C’est que, contrairement à ce qui se passe dans les pays d’Orient, le voile est prêché, utilisé ou imposé en France ou en Occident pour imposer la défiance à l’égard du non-Musulman, et plus encore, de la non-Musulmane, à un public auquel on répète inlassablement que son seul pays est la oumma islamique mondiale. Le bonnet phrygien peut couvrir les cheveux d’une musulmane pieuse, il ne serait alors pas un signe de démarcation, puisque c’est la coiffure de Marianne.

Dans ce schéma de pensée, on conspue les musulmanes qui refusent de se joindre au concert. D’où les attaques que subissent parfois ces musulmanes.

C’est cette supercherie que dénonce Céline Pina, car ce n’est pas une libération qu’elle a constaté sur le terrain chez les femmes voilées. Comme en témoigne l’histoire d’une femme qu’elle avait interpellée et qui lui avait avoué qu’elle se voilait malgré elle, pour se protéger, et surtout, pour protéger ses enfants.

Céline Pina a quitté une position prometteuse, une carrière au sein d’un Parti politique, par respect pour ses principes. C’est parce qu’elle avait touché de près l’oppression des femmes — et pas seulement des femmes — dans les banlieues. C’est un courage dont elle sort grandie.

C’est cela qu’il faut répondre à ceux qui l’attaquent: cette histoire d’une femme voilée qui fait si mal à entendre, et qu’elle m’a racontée dans l’interview qu’elle a consenti à me donner pour mon livre, “L’Islamisme et les Femmes”.

Lina Murr Nehmé