Manifestations au Liban : que faire ?

Email Twitter Facebook Pinterest Google+ Linkedin

Des milliers de manifestants avec casseurs se sont rués contre le palais du Premier ministre et celui du Président de la République en criant le slogan du Printemps Arabe: “Le peuple veut la chute du système”. 

Mais mystérieusement, ils ont soigneusement calculé leur trajectoire. Je traduis donc ce petit post que j’ai vu sur la page d’un ami: 

“Insurgés! Le Liban vous interroge. Vous dites que vous en avez contre tous les politiciens, et que vous voulez bien dire ‘tous’. Alors expliquez-nous comment se fait-il qu’aucune manifestation ne se soit dirigée contre Aïn Tiné (Nabih Berri), Mokhtara (Joumblatt), Meerab (Samir Geagea), Bnecheéi (Sleiman Frangié)?

C’est vrai, il serait intéressant d’avoir la réponse à cette question. Déjà, hier, Joumblatt avait attiré mon attention en disant à Saad Hariri: “Démissionnons ensemble”. Mais Joumblatt sait qu’il reviendrait au pouvoir, et que si Hariri se retirait, c’en serait fini de sa carrière. Car Joumblatt est mieux introduit auprès du roi d’Arabie, que Saad Hariri! C’est lui qui, il y a quelques années, a dit au roi de ne pas nommer Hariri, mais Salam. (Il l’a raconté dans une conférence de presse.)

MBS est furax. MBS n’aime pas Saad Hariri. Il ne veut pas de lui comme gouverneur du Liban. Il se sent le dindon de la farce. Il a ruiné Saad Hariri, mais celui-ci s’est entendu avec le général Aoun pour amener celui-ci au pouvoir. Or MBS avait jeté son dévolu sur Sleiman Frangié et empêchait depuis plus d’un an l’élection d’Aoun. Car c’est lui que voulaient la majorité des chrétiens, qui avaient voté à 55% pour lui. Mais il n’était pas question qu’un chrétien ayant un poids électoral, occupe le siège présidentiel, puisqu’il avait été décidé que les chrétiens seraient des dhimmis. L’alliance d’Aoun avec Hariri a mis MBS hors de lui. 

Il a donc obligé Hariri à démissionner. Mais encore une fois, Aoun l’a rendu furieux… en sauvant Hariri. Il a ainsi usé de la seule prérogative dont l’Arabie Saoudite n’ait pas dépouillé le Président chrétien: le pouvoir d’accepter la démission du Premier ministre. Aoun a refusé la démission d’Hariri, prisonnier avec sa famille en Arabie, et il a demandé à Macron d’aider à le libérer. Macron est intervenu auprès d’MBS et a obtenu la libération d’Hariri. Aoun a ainsi rapproché la majorité des sunnites de la majorité des chrétiens. 

Mais bien sûr, l’Arabie Saoudite ne veut pas d’union au Liban! Elle veut diviser pour démanteler, car sans cela, les chrétiens resteraient toujours forts, même s’ils n’étaient plus que cent. 

Maintenant, MBS avait sa troisième possibilité de se débarrasser d’Hariri, et aussi d’Aoun. La hausse des taxes exigée par la communauté internationale, le pillage durant des décennies ayant mis le Liban au bord de la faillite — aurait, certes, dû frapper d’abord les plus riches. 

Mais si les insurgés exigent cette justice — et ils ont raison —, ils devraient avoir la justice de frapper les plus corrompus, ceux qui ont participé au plus grand nombre de Cabinets de la corruption d’après Taëf. 

Le champion est Nabih Berri, président du Parlement. Il était pauvre, et il est riche. Les pauvres ont bien manifesté contre lui à Tyr en criant: “Berri voleur, Berri voleur”. Comment se fait-il qu’aucun d’eux n’ait songé à marcher sur son palais truffé d’objets précieux? Il n’y a pas eu un des 17 Cabinets de la corruption d’après Taëf, auquel Berri n’ait pas participé. 

Après lui vient Joumblatt, qui a avoué avoir volé l’argent des réfugiés, et qui a fait tuer, parfois à la hache, 3000 chrétiens, et qui a également tué des centaines de druzes. Il ne s’est trouvé ni chrétiens, ni druzes pour l’attaquer ! 

Après lui vient Frangié, auquel on pardonne beaucoup parce que lui-même a pardonné à Geagea, le tueur de son père, et parce qu’il a protégé ses propres ennemis chrétiens, sous l’occupation. Il n’empêche qu’il a participé à la plupart des Cabinets de la corruption. Lui non plus n’a trouvé personne pour marcher contre lui?

Et comment se fait-il que Geagea qui tuait des centaines de chrétiens en leur coulant du béton sur les pieds et en les jetant dans la mer (lire le récit de celle qui fut alors sa secrétaire, Régina Sneifer), qui a fait fortune en rackettant les passants et les camions sur le barrage de Barbara, qui a vendu le sol libanais pour y mettre la dioxine de Seveso dont aucun pays ne voulait, et qui l’a mise dans des barils qui fuyaient; qui a divisé les chrétiens et a combattu pour la Syrie contre eux en 1990 (cf. ses lettres que j’ai publiées dans mon livre “Du règne de la Pègre au réveil du Lion”), comment se fait-il qu’il ne trouve personne pour manifester contre lui, alors qu’il a été condamné à mort pour l’assassinat de Tony Frangié, de Rachid Karamé, de Dany Chamoun, et qu’il a essayé d’en tuer beaucoup d’autres, dont Gébran Tuéni, qui a témoigné à ce sujet, et a probablement dû sa mort à ce fait? 

Expliquez-nous, bonnes gens, la sélectivité de votre fureur. J’aimerais bien savoir. Car dès leur éclatement, ces émeutes m’ont fait penser à celles provoquées par Geagea et Joumblatt pour faire tomber le gouvernement d’Omar Karamé et amener Rafic Hariri au pouvoir. Tragique ironie des faits, que le même scénario qui a mené le père au pouvoir, resserve aujourd’hui contre le fils. 

Quant à Aoun, ayant été exilé entre 1990 et 2005, il n’a pas participé à ces gouvernements de la corruption, y compris à celui de 2005, parce qu’ils n’ont pas voulu lui donner un nombre de ministres proportionnel à son poids électoral. Sa participation a été plus tardive, et il n’avait pas le ministère des Finances. 

Donc, manifestants, si je comprends bien, vous attaquez ceux qui sont le moins responsables, parce que ceux qui sont le plus responsables vous font peur ou (et) vous paient? Rappelons-nous cette dépêche de Wikileaks montrant Samir Geagea mendiant de l’argent à l’Arabie Saoudite pour avoir de quoi entretenir ses miliciens et combattre le général Aoun. Cette dépêche avait fait grand scandale il y a très peu d’années, rappelez-vous. Tout cela a été oublié, et aucun de vous ne va attaquer Meerab? Admirables, votre justice et votre irréprochabilité!

Addendum :

Ce qui confirme ma comparaison avec 1992 et les manifestations de Geagea et de Joumblatt pour faire tomber Omar Karamé et amener Rafic Hariri, ce sont les appels justement de Joumblatt et de Geagea à manifester “contre ce régime corrompu” (!)

Quant à Sleiman Frangié, il a été le seul ministre à avoir refusé l’argent de Rafic Hariri pour vendre le centre de Beyrouth et en exproprier les propriétaires au profit de la société privée d’Hariri, Solidere. Mais Sleiman a récemment été candidat à la Présidence, avec l’accord de l’Arabie. 

Quant à Joumblatt, qui appelle à une démission générale, combien de dizaines de fois a-t-il dit une chose avant de faire un revirement à 180°? S’il est capable de faire nommer par le roi d’Arabie le Premier ministre du Liban et de venir s’en vanter dans une conférence de presse au Liban, et que les gens du 14 suivent la consigne et entérinent le choix du roi d’Arabie en nommant Salam, comment espérer qu’un tel homme ne revienne pas au pouvoir ? Le pouvoir le grise, l’argent le grise, il ne peut vivre sans eux. Même le sang le grise. Plusieurs de ceux qui l’ont fréquenté racontent qu’il dit parfois en posant son arme: “Il n’y a que deux choses qui comptent: ça et le dollar”. Joumblatt sait que s’il perdait sa puissance politique, il perdrait aussi la vie. Quant à ses retournements, est-ce qu’on ne le comparait pas à une machine à laver qui ne fait que tourner? Qui leur interdira de se représenter ? Les grandes puissances? Ce sont elles qui nous les ont imposés. Le peuple? On l’a mis dans une telle situation de misère qu’il en soit réduit à accepter leur argent qu’ils lui ont volé.

Que faire ? Il faut exiger que les grandes fortunes soient taxées, que les sources de revenus des gens comme Joumblatt et Berri, qui ont participé au plus grand nombre de Cabinets, soient examinées, que les voleurs de l’occupation cessent d’être protégés en n’étant pas attaqués par une foule qui parle de justice mais ne les attaque pas. Et je propose, surtout, le civisme. Une révolution réussit quand elle a pour but l’amour, comme c’était le cas en 1989. Elle ne réussit pas quand elle a la haine pour moteur. Examinez toutes les révolutions suscitées par la haine, et vous verrez combien le peuple qui les a faites a souffert ensuite de la main de ceux qu’il a portés au pouvoir. Non. une révolution doit se faire lucidement, en réfléchissant et non en se laissant porter par les sentiments. Car les sentiments, une chaîne de télévision peut vous les susciter. Cela ne veut pas dire que ce sont vos vrais sentiments. La seule chose qui vienne vraiment de vous, c’est votre acte réfléchi, et votre décision de le suivre. Certes, le peuple a faim, mais il aura davantage faim s’ils cassent le pays et si le même scénario qu’en Tunisie, en Egypte et en Syrie se poursuit et s’ils subissent une dictature comme là-bas.

Les manifestants piétinent l’image de Berri à Nabatiéh. Mais ils n’osent pas l’attaquer chez lui, à Aïn Tiné.
Les forces de l’ordre payées par Berri, pour que ses miliciens ne soient pas inquiétés.

Lina Murr Nehmé, 19 octobre 2019

Email Twitter Facebook Pinterest Google+ Linkedin

Le slogan du printemps arabe au liban

Email Twitter Facebook Pinterest Google+ Linkedin

Au Liban, le slogan du printemps arabe: “Le peuple veut la chute du système”. Al-Jazeera, la télévision du Qatar, joue exactement le rôle qu’elle avait joué pour faire dégénérer des manifestations, en révolution. Elle a réussi en Tunisie, amenant les Frères Musulmans d’Ennahda. Elle a réussi en Egypte, amenant les Frères Musulmans de Morsi. Elle a partiellement réussi en Syrie, amenant l’ASL et al-Qaïda (Nosra et Daesh). 

Maintenant, tout le monde parle de la corruption du Liban. Je veux bien, j’ai été la première à la dénoncer et à la prouver dans mes livres. Mais cette corruption nous a été imposée par les grandes puissances pour qu’elles puissent plaire au roi d’Arabie. Il fallait que le Liban éclate pour qu’il n’y ait plus de chrétien gouvernant le plus beau pays du Moyen-Orient, la citadelle des résistants et des hommes libres. Ce calvaire décrété après la guerre de Kippour (1973), dure depuis 1975. Et vous parlez de corruption? 

Fac-similé tiré d’une page de mon livre Du règne de la Pègre au réveil du Lion, nommé ainsi à dessein, puisque la pègre a été placée au pouvoir au Liban, pour tuer le Liban. Et c’est pourquoi l’Occident a maintenant tous ces problèmes de terrorisme: parce que le rempart qui résistait au front, a été brisé et ne résiste plus.

Pour que vous compreniez cette photo, il faut que vous sachiez que dans cette église de style byzantin, les boiseries, au fond, étaient remplies d’icônes, qui ont été pillées et profanées. Le milicien musulman qui a ainsi profané cette église à l’est de Sidon, s’est accoutré des vêtements d’un prêtre de rite byzantin.

Lina Murr Nehmé, 18 octobre 2019

Email Twitter Facebook Pinterest Google+ Linkedin

Vidéo : La guerre syrienne est-elle une guerre civile?

Email Twitter Facebook Pinterest Google+ Linkedin

On accuse tellement les Syriens de ne pas pouvoir se supporter que j’ai voulu, moi aussi, poser la question et y répondre en une minute et demi.

Lina Murr Nehmé, 17 octobre 2019

Email Twitter Facebook Pinterest Google+ Linkedin

L’ETAT islamique n’est pas vaincu

Email Twitter Facebook Pinterest Google+ Linkedin

Carte-statue de Syrie en forme d’émirat de l’Etat islamique. Je ne veux pas vous faire peur, mais cette carte ne concerne pas la seule Syrie. Le gouvernement vient d’informer le public que l’Etat islamique n’est pas fini, chose que je répète depuis des lustres. Et pour vous faire la guerre, il utilisera tous les moyens, y compris l’infiltration de terroristes parmi les migrants, la fanatisation de ces migrants pour les pousser à violer la loi française, à naarguer le pouvoir par tous les moyens possibles. 

Ne savez-vous pas que la guerre psychologique devance la guerre militaire, et parfois, la remplace? Tel est l’espoir de Qaradawi: qu’il n’y ait pas d’invasion militaire pour le nouveau califat mondial auquel il rêve, mais que cette invasion se fasse seulement par les moyens pacifiques: par les cerveaux, par le droit du sol, par la démographie aux frais des Français et des Anglais qui paient même les mères étrangères à avoir des enfants chez eux. Ce flux d’argent leurre les gens du tiers-monde, comme autrefois les villes leurraient les gars de la campagne. Ils les dégoûtent des gens de leur propre pays qu’ils estiment attardé, et il les pousse à le trahir. 

Pourtant, un pays, ce n’est pas un hôtel. On peut le quitter pour aller servir un autre, en danger. Mais on ne peut pas le quitter pour gagner, à ne rien faire, l’argent payé par les impôts des pauvres des autres pays, sans se ruiner l’âme. Ne croyez pas que les musulmans soient violents dans leur majorité. Pas dans la proportion qu’il y a en France. C’est justement qu’ils ne sont pas venus par amour, mais par intérêt. C’est pourquoi ils sont vulnérables aux discours des islamistes.

Ce ne sont donc pas de bons sentiments que vous montrez en rendant l’immigration si rentable, messieurs les Président, ministres et législateurs. Voyez ce qu’elle vous coûte, et vous comprendrez pourquoi vous les dégoûtez tellement de leurs pays d’origine. En les tentant avec autant d’argent, vous les arrachez aux bras de leurs amis, de leurs fiancées, de leurs femmes et de leurs enfants parfois. Les femmes arrivent à 40 ans sans trouver de mari: le peu de jeunes mariables se sont mariés, et il n’y en a pas pour tout le monde. 

On a pensé au regroupement familial. Mais il n’a rien changé, car cette sinécure, ce Las Vegas comme ils le voient, poussent les hommes à amener leurs femmes supplémentaires ou à en prendre, puisque la polygamie est possible en France en vivant avec une femme, et en couchant avec les trois autres alternativement, le tout sans avoir besoin de travailler, touchant des milliers d’euros par mois rien qu’à faire des enfants qui ne seront pas éduqués en français, et qui seront malheureux en France.

Mais ne parlons plus du domaine financier. Parlons plutôt des morts qui vont tomber à cause de cette lâcheté et de cet orgueil de se dire: “Je suis bon”. Ces morts seront bien plus nombreux que ceux qui sont déjà tombés.

Pitié pour les vôtres, mais aussi, pitié pour eux. Eux aussi sont victimes. Ils sont victimes de leurs ouléma, et parfois, ils sont enrôlés de force. Pourquoi nourrir la guerre? Qui ouvre les frontières de son pays quand lui-même déclare qu’il est en guerre? La France s’est déclarée en guerre contre Daech; elle est même allée la bombarder. Et vous voudriez que Daesh se tienne tranquille, en attendant que vous le décimiez au Levant? Pas du tout! Il va venir chez vous! Certes, me direz-vous, Daech a frappé le premier. A ses yeux, non: vous avez frappé avec les caricatures. Vous devez comprendre leur mentalité. A partir du moment où ils s’estiment en guerre contre vous, et que vous n’avez pas envie d’avoir des morts, fermez les portes de la ville comme faisaient vos ancêtres au Moyen Age! Ne les ouvrez pas toutes grandes! Vous savez que quand j’ai appris que l’Europe allait abolir les frontières, et qu’on projetait le tunnel sous la Manche, j’ai dit à mon entourage: “Ils ouvrent la route du califat”. C’était dans les années 1990, et rien ne m’a démentie. 

Le monde est en feu: des mains criminelles allument les forêts du Liban et des régions chrétiennes de Syrie; et en France, le crime frappe. Un jour Saint-Sulpice, un jour Notre-Dame de Paris, un jour la préfecture, et entre temps, deux attentats quotidiens contre des symboles chrétiens. Corrigez-moi si je me trompe. Et au vu de tout ça, tout ce que le monde politique songe à faire, c’est d’être terrorisé à l’idée que les islamistes se disent victimes d’islamophobie! Ou que les femmes voilées pleurent, alors qu’en se voilant dans une Assemblée nationale, elles ont violé la loi?
Les lamentations des oulémas et des islamistes dans toute la France au sujet d’un tag sur une mosquée, ou d’un regard ou d’un mot concernant le voile, alors que des enfants sont rendus orphelins par des terroristes, sans qu’on ne daigne pleurer sur eux. 

La Turquie avance sur la Syrie, chose logique et que j’expliquais sur cette page il y a un an, et l’alliance des Kurdes avec le régime syrien (ou le renouvellement de l’alliance conclue au début de la guerre), a mis l’Occident en émoi. La France, fort heureusement, s’est rappelée son esprit chevaleresque, et elle a interdit les ventes d’armes à la Turquie. (Mais pas à l’Arabie.) Mais vous savez que ce qui arrive est une des choses qui peuvent faire flamber Daesh de nouveau. Je vous avais parlé des trois fronts: l’Afrique pour prendre l’Europe; l’Extrême-Orient pour reprendre l’Orient. Et les milliers laissés sur place ou en Turquie, pour être à nouveau recrutés.

Ce n’est pas pour rien que les Turcs, se rappelant un passé ottoman qu’on avait cru révolu, ont fait le salut militaire lors du match de foot contre l’Albanie. Ils se sentent en guerre, eux. Pourquoi pas nous? Scandale dans le monde du sport. Qu’allaient-ils faire dans le match contre cette France qui venait d’interdire la vente d’armes à leur pays? On haussa le volume des baffles pour empêcher leurs huées contre la France de s’entendre (et non de s’élever) durant la Marseillaise. 

Vous souvenez-vous de la forêt de Macbeth ? “Quand la forêt marchera…” il mourra. Il croyait qu’elle ne marcherait jamais: des arbres marchent-ils? Oui, des arbres marchent quand on a coupé leurs rameaux pour les porter devant soi comme tenue de camouflage. Et la forêt marcha et tua Macbeth.

Aujourd’hui, les tenues de camouflage sont des boucliers humains, des civils. Imaginez la scène de la forêt qui marche dans Macbeth, et vous verrez combien la situation ressemble à cette tragédie.

Lina Murr Nehmé, 16 octobre 2019

Photo: Régis Le Sommier

Tunisie : Ellouze soutient Qaïs Saïd

Email Twitter Facebook Pinterest Google+ Linkedin

Parmi les grands soutiens de l’excision, l’ex-député Habib Ellouze, nous l’avons vu. Pour lui, c’est une “opération esthétique” (1). Et parmi les grands soutiens de Qays Saïd, Habib Ellouze aussi. Et voici ce qu’il dit de lui:

“Qais Said est le dernier espoir du mouvement révolutionnaire islamique. Et sa victoire sera le laminage des ennemis de l’Islam”. 

Ellouze, bien entendu, parle de son islam à lui, avec excision “opération esthétique” et le reste. Le nouveau Président tunisien veut l’application de la charia, et donc, faire de la douce Tunisie, un Etat islamiste comme le Pakistan en 1977, l’Iran en 1979. Il est d’ailleurs le chouchou des médias occidentaux, comme l’était alors Khomeiny.

Lina Murr Nehmé, 16 octobre 2019

Email Twitter Facebook Pinterest Google+ Linkedin

Frustration causée par les frères musulmans

Email Twitter Facebook Pinterest Google+ Linkedin

Les préceptes imposés par les Frères Musulmans tuent la personnalité à la longue et créent une frustration, une souffrance terribles. Ne fût-ce que, par exemple, celui qui dit que le sperme ne rend pas l’homme impur — ni la femme, mais que c’est le contact de la femme, ou même de sa main qui est impur et rend impur. 

Ou celui qui dit que si la femme a eu ses règles une heure avant le coucher du soleil, tout son jeûne de la journée est perdu, et qu’elle devra jeûner une journée entière en dehors du ramadan, quand tout le monde sera à manger devant elle. 

Ou celui qui dit que deux témoignages de femmes égalent celui d’un homme. 

Celui qui dit qu’il faut tuer le musulman qui ne fait pas ses prières cinq fois par jour ou qui refuse la notion de djihad, ou n’importe quel verset du Coran. 

Celui qui dit que l’homme ou la femme qui ne prennent pas plaisir à la lecture du Coran ou aux prières, ou ont mal à la tête, ont un djinn et doivent être battus pour chasser ce djinn. Et c’est là qu’on a des morts d’innocents parfois camouflés en simples violences conjugales ou familiales.

La souffrance, la frustration que créent tous ces préceptes finissent par créer un climat tendu, comme un cocktail Molotov qu’un choc suffit à faire exploser.

Pour ne pas subir eux-mêmes cette explosion populaire causée par leurs propres préceptes meurtriers, les Frères Musulmans canalisent la haine des gens en la dirigeant vers l’ennemi. Les Frères Musulmans dans toutes leurs associations — y compris le CTMF — poussent les musulmans à être solidaires les uns des autres, et à haïr les autres humains. Ils leur montrent des faits réels, qui dénotent du racisme, et ils extrapolent. Et ils leur en montrent aussi d’autres, imaginaires.

Mais quels humains? 

Ils insistent sur l’importance du Hadith authentique. Lequel définit le musulman comme étant “celui qui ne nuit pas au musulman”. Comprenez: le bon musulman n’est pas exploité par ses cheikhs et ses oulémas, il n’est pas l’esclave des textes. Il doit donc s’en prendre “aux autres”. 

En tout cas, le résultat de toute cette pression nourrie quotidiennement, sert leurs desseins. Pousser le musulman à haïr le chrétien, le juif, l’athée ou autre — bref, le non-musulman, en leur attribuant tous les malheurs, la pauvreté des musulmans — tout en leur martelant “Vous êtes Français, je suis Français, il ne faut pas partir, la France est à nous”, c’est une stratégie de guerre. La rancune et la haine mettent les gens crédules sous pression, pression qui s’évacue de façon violente comme dans les crimes ou tentatives de crimes auxquels nous avons assisté avec le cri d'”Allahou Akbar”. 

L’administration ne veut pas voir que tout cela est une guerre psychologique qui précède la guerre déclarée. Il est vrai que M. Macron a reçu une fatwa de l’UOIF obligeant les musulmans à voter pour lui. (Car étant donné que le vote est interdit d’après Qaradawi et les Frères Musulmans, une consigne de vote est une fatwa une jurisprudence qui désigne aux musulmans ce qui, d’après leur religion, doit être la conduite à suivre.)

Lina Murr Nehmé, 14 octobre 2019

Email Twitter Facebook Pinterest Google+ Linkedin

Tunisie : Qaïs Saïd président

Email Twitter Facebook Pinterest Google+ Linkedin

Qays Saïd serait, d’après les sondages, le nouveau Président de la Tunisie. Il est soutenu le parti Tahrir, qui est plus extrémiste que les Frères Musulmans, dont il est issu. En fait le Tahrir a été fondé par un Frère Musulman qui a quitté la confrérie parce qu’il voulait le califat immédiatement — et non, comme le voulait Hassan el-Banna, commencer par le bas pour aboutir au califat. 

Comme son but est le califat, ce parti était interdit, non en France et en Angleterre (où il était autorisé), mais dans quasiment tous les pays dits arabes. C’est un parti très virulent, très violent mais très petit, impopulaire partout, parce que les majorités orientales ne veulent pas de l’application de la charia chez eux. Il a pourtant réussi à gagner. Par quelles magouilles? Il a reçu l’appui des Frères Musulmans. Mais eux non plus ne sont pas majoritaires en Tunisie. Il n’y a qu’en Europe que les Frères sont tellement choyés et qu’ils disposent des plateaux de télévision — Oubrou, Bajrafil, etc. — alors que des Français en sont exclus parce qu’ils les contredisent. Je ne parle évidemment pas de Zemmour seul, mais de bien des musulmans comme Mohamed Louizi, qui aurait eu une bien plus grande publicité s’il était resté avec eux. Je ne parle pas non plus de moi. Quand je publie Tariq Ramadan, Tareq Oubrou, Dalil Boubakeur: ce qu’ils cachent pour démasquer ces gens, et que je vois que rien ne change, malgré les documents que j’ai publiés, j’ai peur pour ce pays.

Dans ce livre, je montre, entre autres, que le Frère Qaradawi, très aimé de la confrérie, pousse les musulmans à immigrer en France, à y prendre la nationalité “pour que les choses changent” par le poids démographique, car, dit-il aussi, Rome sera conquise, mais cette fois, pas par la violence, mais par le nombre: immigration, manifestations de sans-papiers, légalisation, droit du sol, enfants français, naturalisation des parents, etc. Vous connaissez le processus. Je ne vois pas pourquoi Kamel Daoud et Mohamed Sifaoui ont été tellement choqués de cette allusion à la guerre. Pourquoi Qaradawi les pousse-t-il à immigrer en France “pour que les choses bougent” et que la charia s’y installe? N’est-ce pas pour une guerre qui aurait lieu un jour? Est-ce que les gens aiment l’idée de la charia appliquée à eux-mêmes? Non. Surtout les Algériens qui, m’a dit mon ami Boualem Sansal, sont de gros consommateurs de vin. Donc, chacun d’eux recevrait 80 coups de fouet chaque fois qu’il sentirait l’alcool. Et après plusieurs récidives, il serait tué. Vous croyez qu’ils en ont envie? Et en Tunisie, le pays qui adorait Bourguiba — l’homme qui dévoilait les femmes et qui interdisait la polygamie — croyez-vous qu’on soit content de voir régner la charia? La victoire de Qays Saïd (photo de droite), c’est l’instauration de la charia à plus ou moins court terme. 

Le comble est qu’il a un cancer. S’il mourait en fonction, le pire serait à craindre.

Lina Murr Nehmé, 13 octobre 2019

Email Twitter Facebook Pinterest Google+ Linkedin

Enfants d’IDLIB

Email Twitter Facebook Pinterest Google+ Linkedin

En Syrie, à Idlib, où je photographiais une des villes mortes de Syrie. Autour de moi, des enfants kurdes musulmans ou chrétiens. C’était durant l’hiver de la fin 2010, quelques semaines avant le début de la guerre.

Que sont devenus ces enfants dans cette région devenue la plus explosive du monde? Région de très vieille chrétienté, où les ruines vous hantent et vous parlent de massacres de chrétiens perpétrés par les Arabes. Car il y a eu de tels massacres partout, y compris en Arabie. Aucune religion, aucun chef militaire ne conquiert si rapidement des étendues de terre si vastes, sans commettre des massacres à une très grande échelle, répandant la terreur. (Les textes arabes confirment.) Les Arabes étaient tous musulmans après ce qu’on appelle les guerres de la ridda (apostasie), et après qu’Omar ben al-Khattab ait chassé les chrétiens et les juifs de la Péninsule à Cham (Levant). Ce qui fait que les Arabes chrétiens et juifs sont devenus levantins et font partie de nos ancêtres, au même titre que tant d’autres peuples réfugiés. Puisque ces massacres étaient commis par des Arabes, cela veut bien dire qu’ils n’avaient pas la (les) religion(s) des Phéniciens de l’époque.

Oui, que sont devenus ces enfants? Sont-ils vivants? Ont-ils été tués? Sont-ils devenus des guerriers? 

Du moins, ils étaient heureux: ils vous cassaient les pieds si vous vouliez prendre une photo, mais ils étaient tellement sympathiques! A comparer aux enfants d’immigrés en France, rendus moralement rachitiques à force d’être nourris de haine par leurs prédicateurs.

Lina Murr Nehmé, 12 octobre 2019

Email Twitter Facebook Pinterest Google+ Linkedin

noce au liban, en 1954

Email Twitter Facebook Pinterest Google+ Linkedin

Une noce dans un village libanais en 1954. Il s’agit du mariage de mes parents, le 10 octobre. 

À cette époque, comme dans ma jeunesse, chaque femme faisait venir la couturière et lui expliquait comment elle voulait les manches, la forme du col, les épaules, la longueur de la robe. J’ai connu cela. J’ai même fait des robes, car nous apprenions la couture à l’école, et nous avions un examen de couture, filles et garçons. C’était au programme. Pour mon BEPC, ainsi, nous avions à couper et coudre une bavette de bébé. 

Nos robes étaient toutes originales, toutes seyantes. Et beaucoup plus seyantes qu’aujourd’hui, où elles semblent parfois faites, soit pour attirer les hommes physiquement en dénudant tellement le corps qu’il en voie tout (très antiféministe, cela), soit pour les repousser en l’habillant comme un sac de pommes de terre. Il est vrai que les modes occidentales et le prêt-à-porter qu’on achète depuis qu’on ne coud plus, sont, comme le jilbab et le tchador, des inventions d’hommes. Chacun impose à la femme le costume qu’il veut, en la flattant pour la persuader de l’accepter. L

P.S.: Le vieil homme est le grand-oncle de ma mère, qui lui donne le bras jusqu’au moment où elle verra son futur, soit à la porte du domaine de l’église. Alors elle entre à l’église au bras de ce dernier, après qu’il y ait eu une “bagarre” de village, chacune des familles tirant son rejeton pour que le conjoint ne puisse pas dire que c’est lui qui est allé au mariage le premier. C’est le grand-oncle qui lui donne le bras parce que son père était furieux de ce qu’elle ait vu son futur le jour même, et qu’ils soient allés dans une église catholique, alors que son propre père était pope. D’où les larmes de ma mère après que mon grand-père lui ait fait une scène et ait dit; “Je ne lui donnerai pas le bras pour la prendre à l’église.” Alors le grand-oncle l’a grondé et a dit: “Tu ne lui donnes pas le bras? Eh! bien, c’est moi qui vais le lui donner.”

Lina Murr Nehmé, 11 octobre 2019

Email Twitter Facebook Pinterest Google+ Linkedin

Les tunisiens de France votent pour ennahdha

Email Twitter Facebook Pinterest Google+ Linkedin

Une Tunisienne ex-musulmane m’a envoyé ce message avec cette photo de “gilets noirs” à Charléty: 

“J’ai vu ces gilets noirs à Charletty. Ce sont des sans-papiers qui réclament des papiers. Certains d’entre eux étaient en seroual djellaba. J’ai dit aux Européens qui étaient debout: “J’aurais aimé que ces Noirs islamistes qui réclament des papiers et qui ont la tache noire au centre du front sachent que les musulmans ont réduit en esclavage au moins 17 millions de Noirs?” 

La majorité des Tunisiens en France et en Europe, ont voté Ennahda. Je leur dis: “Vous ne connaissez pas votre histoire véritable. L’histoire falsifiée plante en vous la haine.”

Lina Murr Nehmé, 11 octobre 2019

Email Twitter Facebook Pinterest Google+ Linkedin