Archives par mot-clé : Gilets jaunes

Pourquoi Facebook bloque-t-il une alerte contre Daesh?

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Le 7 décembre 2018, quatre jours après l’assassinat du professeur Dowling par Ali Hassan Rajput à Courbevoie, j’ai mis un article où j’explique qu’un certain poster portant le logo de Daesh, est inquiétant, car il annonce l’attaque de l’Arc de Triomphe, plusieurs jours à l’avance.

Voici le texte de cet article:

“Le gouvernement nous répète depuis des années que les djihadistes représentent la menace la plus grave en France. Il nous parle souvent d’attentats déjoués. Mais ce ne sont pas eux qu’il craint, ce sont les Gilets jaunes, surtout s’ils s’allient avec l’ultradroite et l’ultragauche, et les jeunes de banlieue ! Donc s’il y a de la casse, ce ne sera pas la faute des djihadistes, mais celle des retraités français venus de la province manifester contre la hausse des prix de l’essence ! De qui se moque-t-on ? En même temps, l’État sait que de nombreux photos-montages circulent sur les réseaux sociaux depuis plus de dix jours, en tout cas avant l’attaque de l’arc de triomphe. Ils portent le sigle de Daech et annoncent l’attaque pour le dimanche. J’hésiterais à parler d’un faux, d’abord à cause de la date annoncée : Daech a souvent annoncé des choses vraies pour de fausses dates, de façon à réussir son coup tout en faisant souffrir le public victime. Voir à ce sujet mon article sur Elnashra, أكاذيب داعش. Je l’avais écrit pour dévoiler les mensonges accompagnant la sortie [de la vidéo] de l’incendie du pilote jordanien, qui était en fait mort plusieurs semaines plus tôt, alors que Daech négociait sa prétendue libération. Et d’autres mensonges, dont ceux des vidéos montrant de fausses décapitations d’otages occidentaux auxquels on avait promis la vie s’ils trahissaient les leurs devant caméras. A genoux, vêtus en orange, ils trahissaient bien les leurs, et le bourreau anglais Emwazi faisait semblant de les égorger. On ne voyait pas une goutte de sang, ce qui semait le doute. Mais après, on voyait un cadavre apparemment égorgé. A moins que ce ne soit une imitation. C’est un genre d’humour noir terrible à la Daech, genre chat et souris, baleine et petits poissons : s’amuser à torturer ceux qu’on veut tuer en leur faisant espérer la vie… pour faire durer le plaisir qu’on a à les faire souffrir et à faire souffrir les leurs. La guerre, dit Mahomet, « est une affaire de tromperie ».

“Ce poster aurait été publié au Canada. Mais le pays à partir duquel un poster a été mis en ligne importe peu. Car on peut envoyer quelque chose à partir de l’Asie, via un serveur canadien ou américain. Le pays de provenance restera inconnu. C’est le pays du serveur qui sera perçu comme le pays émetteur. En tout cas, Daech a eu tellement de pages et de sites fermés qu’il varie ses sites pour tromper l’ennemi. Dans ce poster, le sigle de l’État islamique, le professionnalisme du travail, le fait que le genre artistique porte la griffe des graphistes de Daech, comptent peu, car ils peuvent être imités. Même si ceux qui auraient pu le faire, par exemple les Russes, ne sont pas assez exigeants. En revanche, ce qui ne peut être imité, c’est le fait que, mis en ligne plusieurs jours à l’avance, il ait annoncé les événements de l’Arc de Triomphe en les attribuant aux Gilets jaunes. Et qu’il ait donné pour cela une fausse date qui lui permettait d’agir durant la manifestation du samedi passé, sans avoir attiré la méfiance.

“La police affirme avoir eu affaire à des équipes de casseurs organisés, entraînés, différentes de toutes celles [qu’elle] elle avait connues dans le passé. D’où le changement de sa stratégie. Demain, Causeur publie un article que j’ai écrit à ce sujet, pour expliquer le danger.

Et voici le poster qui accompagnait mon article :

Une heure plus tard ou le lendemain, mon article avait disparu, et je recevais un avertissement disant que je violais les règlements de Facebook :

Pourquoi avoir supprimé le post qui appelait à la vigilance, alors que Facebook, à la même époque, gardait les posters violents d’Ali Hassan Rajput qui appelaient à tuer? Qui pouvait vouloir que le public ne fasse pas la relation entre ce poster publié avant les événements de l’Arc de Triomphe, et la violence manifestée ce jour-là, après que les Gilets jaunes aient chanté la Marseillaise en protégant la tombe du soldat inconnu? Et surtout, qui pouvait ne pas vouloir que l’on sache que dans les milieux radicalisés, on se transmettait de tels posters appelant au meurtre?

Théoriquement, une fois qu’un algorithme a remarqué une photo ou une vidéo contenant un appel à la haine civile, au sexisme, au meurtre, ou à la défense d’une organisation terroriste, il envoie un avis à un modérateur, et celui-ci décide s’il faut, oui ou non, fermer un compte ou une page. Mais en quoi mon article mettant en garde contre ce genre de documents appelait-il à la haine civile, au sexisme, au meurtre, ou à la défense d’une organisation terroriste?

En même temps, à la même date du 7 décembre et sur le même réseau parisien, on pouvait lire tous les posts d’Ali Hassan Rajput appelant au crime.

En tout cas, le résultat a été efficace: j’ai accepté la censure de mon article, et je me suis autocensurée par la suite pour pouvoir durer. Je n’aurais pas cru qu’un an plus tard, une simple photo d’un communiqué pour illustrer une autre analyse tout aussi importante (montrant que Daesh menaçait l’Europe et la stratégie qu’elle suivait pour y arriver), me vaudrait le fermeture totale de mon compte.

Soi-disant, expliquent les gens de Facebook, je n’aurais pas tiré cette photo d’une page d’analyse. Mais en quoi cela les regarde-t-il? Qui est le modérateur marocain pour se permettre de censurer un chercheur comme moi, dont les analyses doivent être prouvées par des retours aux sources (sinon elles ne sont pas scientifique)?

Pour ceux qui ne l’auraient pas encore lu, voici l’article qui raconte l’histoire de l’article qui m’a valu la fermeture de la page et l’accusation de soutenir une organisation terroriste, peut être lu en suivant ce lien :

Lina Murr Nehmé, 22 février 2020

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Black blocs et islamistes avec Macron

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Manifs de “gilets jaunes” à Paris : pourquoi n’y a-t-il jamais de membres des black blocs arrêtés en grand nombre, alors que des dizaines voire des centaines de manifestants ordinaires ont été placés en garde à vue, voire emprisonnés?

Pourquoi ces black blocs ne se déplacent-ils jamais aux manifs islamistes (par exemple, à celle du 10 novembre) ? Pourtant, ils devraient s’y sentir bien, au milieu de contestataires du “système” et des victimes de la France “coloniale”. Avez-vous vu des slogans anti-Macron lors de ce défilé du CCIF ? Non, amitié oblige. Tout au plus, des slogans contre J.-M. Blanquer.

Puisque les islamistes et les black blocs sont du côté de Macron, pourquoi ne défilent-ils pas ensemble ? Tariq Ramadan ne pose-t-il pas en pourfendeur du système capitaliste, pour plaire à ses amis de LFI et de la presse de gauche ?

Est-on classé comme complotiste si l’on émet l’idée que les manifs islamistes rendent service au projet de société de Macron ? Ne sont-ils pas chouchoutés par LREM, B. Griveau en tête ? Est-on propagateur de fake news si on finit par penser que ces black blocs de pacotille n’ont pour raison d’être que le pourrissement des contestations contre la “majorité présidentielle”?

Des questions que je me pose, et auxquelles j’aimerais bien avoir une réponse. Je remarque seulement que la casse sert de repoussoir, de faire-valoir à Macron, et qu’électoralement, cette stratégie paie.

Lina Murr Nehmé, 16 novembre 2019

Manifestation des “Gilets jaunes”: surtout des casseurs. Paris, 16/11/2019
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Selon Al-Jazeera, les Gilets jaunes sont un nouveau Printemps arabe

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La chaîne al-Jazeera, de tendance frériste, prétend que les manifestations en France tirent leur origine des manifestations arabes, et seraient un “Printemps arabe” déménagé vers le nord.

Dans le communiqué ci-dessous, publié par Abbas Qabari, porte-parole des Frères Musulmans, la confrérie répète cela comme si c’était une vérité en se déclarant “favorables” au mouvement. Soit qu’ils aient envoyé des casseurs, soit qu’ils cherchent à le noyauter, à le récupérer comme ils ont fait avec d’autres mouvements.

Déjà, on remarque que durant la casse aux Champs-Elysées le 1er décembre, les immeubles purement musulmans et étrangers (ambassades, bureaux de compagnies d’aviation, etc.) ont été épargnés alors que les immeubles voisins étaient pillés, brûlés ou saccagés.

Pour la casse d’aujourd’hui, on attend les résultats.

Lina Murr Nehmé, 8 décembre 2018

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A Paris, un slogan du “Printemps arabe”

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Apparition, sur les murs de Paris, des slogans du “Printemps arabe” Traduction: “Le peuple veut la chute de régime. L’Etat a vite réagi au karcher, mais entre-temps, plusieurs personnes avaient eu le temps de prendre des photos et de les publier.

Un graffiti n’engage à rien: il suffit d’un seul pour en mettre. Mais un graffiti est une publicité, il se voit, il se lit, il se raconte, il se répète. Avant que les foules tunisiennes ne scandent ce slogan, il a bien fallu que quelqu’un l’invente et l’enseigne aux autres.

On nous a servi ce slogan au Liban, durant les manifestations réclamant le ramassage des ordures. Mais au Liban, ça n’a pas marché : on ne voulait pas de la chute du régime, c’est-à-dire du système démocratique. On avait entendu ce slogan en Tunisie, en Egypte, en Syrie, et partout, il avait été suivi des pires malheurs, le soi-disant “Printemps arabe”.

L’apparition de tels slogans n’est jamais à sous-estimer, car ce ne sont pas les Français qui les importent. Déjà, le slogan “Dégage” (qui est la mauvaise traduction de “Irhal“, qui veut dire “Pars”), a été importé en France, et certainement pas par les petits retraités français qui voyaient les foules tunisiennes, égyptiennes ou syriennes le scander sous les balcons de Ben Ali, de Moubarak et de Bachar Assad. Avant le Printemps arabe, les manifestants scandaient en France : “Démission”, ils ne disaient pas “Dégage”. Le mot “Dégage” ne peut pas s’appliquer à la France, où un Président ne s’incruste pas vingt ans comme Moubarak en Egypte. Il n’est pas besoin de lui dire de partir, il suffit qu’il démissionne.

Ces deux slogans sont extrêmements contagieux : ils ont commencé en Tunisie (1), puis en Egypte, puis en Libye, en Syrie, au Bahreïn, au Yémen. On a même tenté de nous servir le second au Liban, comme je l’ai dit.

Ce qui m’inquiète, c’est que la télévision satellitaire al-Jazeera, financée par le Qatar, s’y intéresse et bourre la tête des musulmans français et surtout non-français qui la regardent. Elle ose parler d’un “Printemps parisien”. Or c’est elle qui a fabriqué les “printemps arabes” en Tunisie, en Egypte, en Syrie. Elle s’est livrée à un battage, à un pilonnage médiatique qui frisait le lavage de cerveaux. Elle avait serré un tel étau autour de ses journalistes que les chefs, Ghassan Ben Jeddou et Michel Kik, ont démissionné. Alors il n’y a plus eu de frein à Al-Jazeera.

Addendum : En tout cas, certains sont ravis de cette photo.

 

Lina Murr Nehmé, 2 décembre 2018

 

(1) Pour les détails concernant l’origine des émeutes en Tunisie, voir le chapitre consacré à ce sujet dans L’Islamisme et les femmes.