“Aujourd’hui, les définitions positives de la nation restent très contestables. Michael Walzer propose l’une des plus acceptables : “une communauté historique, liée à un lieu symbolique, instituant et révisant un mode de vie, en vue d’une autodétermination politique et culturelle”.”
(Gil Delannoi, La Nation contre le nationalisme, PUF, 2018, p. 27, citation relevée par Jérôme Maucourant).
Parlez de la France comme d’une nation liée à une même histoire et à une même culture, et on vous traitera de “nazi”, même si votre peau est d’un noir d’ébène. Faites le même discours en employant le mot arabe “oumma”, et on ne vous traitera pas de nazi.
Or “oumma” veut littéralement dire “nation”. L’appartenance à la oumma est un concept national à l’échelle mondiale qui est spécifiquement basé sur une culture commune, la culture islamique charriée à travers une langue commune, l’arabe. Et sur une histoire commune: celle que racontent les hadiths, la Sira, Tabari et Baladhori. Et aussi, celle des califats successifs, qui sont à la oumma ce que sont les rois à la France.
Le concept de “oumma” n’est pas géographique, mais uniquement historique et culturel (religieux). Les islamistes affirment qu’on appartient de facto à la oumma quelle que soit sa nationalité, à condition qu’on partage une même culture religieuse et une même histoire. Ils disent aussi que si on appartient à la “oumma“, il est impossible d’appartenir à une autre nation. Selon eux, le patriotisme est un crime (passible de mort).
D’après le concept islamique de oumma, tel qu’il est présenté dans le monde entier y compris en France, il est caduc, pour un Maghrébin né en France, de se dire français sur la base de sa naissance. Car l’appartenance nationale est culturelle ou historique et non géographique.
Il y a donc quelque chose de faux dans le jeu de ceux qui exigent qu’on les considère comme des Français quand il s’agit d’implémenter des éléments de charia (loi de la oumma) comme le voile en France, et non quand il s’agit d’accepter la culture et la façon de s’habiller françaises, puisqu’en arabe, “nation” est obligatoirement la communauté historique et culturelle qui inclut le vêtement, la nourriture halal, la séparation des sexes, le meurtre de l’apostat, etc.
Est-ce que par le plus grand des hasards il n’y aurait pas une toute goutte de racisme dans ce “deux poids deux mesures” ?
Lina Murr Nehmé, 19 septembre 2018
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