Ce que j’ai vraiment dit.
J’ai beaucoup hésité à publier mon précédent article, où je citais le cas de trois enfants tueurs. J’ai commencé par l’enfant de la photo, un Asiatique qui venait de tuer. Il est originaire d’Extrême-Orient. Il n’a pas intérêt à être rapatrié en Chine, il y serait exécuté immédiatement.
J’ai cité le cas d’un autre enfant tueur, français celui-là: le neveu de Sabri Essid, le demi-frère de Mohamed Merah, qui a tué un Palestinien devant la caméra.
J’ai également cité le cas des enfants tueurs du théâtre de Palmyre. Presque des adolescents.
J’ai rappelé que les victimes de ces enfants avaient elles-mêmes des enfants, et qu’étant pauvres, elles ont laissé des veuves et des orphelins mourant de faim. Mourant de faim, surtout à cause du blocus imposé à la Syrie, par cet Occident qui tient tellement au confort de ses citoyens, même quand ils sont allés tuer en Syrie.
Et j’ai posé la question de savoir si l’enfant tueur avait plus de droits que les enfants qu’il a rendus orphelins. Je parlais sur le plan strictement matériel et alimentaire: si ces enfants sont rapatriés, ils bénéficieront de confort. Pendant ce temps, les autres enfants, ceux dont ils ont tué les pères, auront de plus en plus faim en raison du blocus, et sans que les Etats qui veulent sauver leurs ressortissants djihadistes, pensent à réparer le tort fait par ces derniers.
C’est une question qu’on ne peut pas comprendre en Occident, où il n’y a pas eu d’enfants djihadistes tuant, avec conviction, des pères de famille pauvres dont les enfants ont ensuite crevé de faim parce qu’ils étaient devenus orphelins. C’est le cas de la plupart des victimes de ces enfants.
Une personne a traité mes propos de vision “de l’angle du ressentiment, voire de la vengeance dans ce qu’elle a d’aveugle, de non raisonné, de barbare… Comment pouvez-vous oser, en France, poser le problème d’un criminel, meurtrier ou assassin, mineur, en fonction de la situation de ses victimes ou des enfants de ses victimes?”
J’ai répondu que “si je devais avoir du ressentiment,
j’en aurais envers les Palestiniens et les Syriens, car ils ont détruit
mon pays et tué mes amis, ils ont ruiné ma vie, ils m’ont volé ma
jeunesse. Il n’y a pas, au monde, un peuple qui pour moi représente le
malheur de mon pays d’origine, autant que les Palestiniens et les
Syriens, et pourtant je défends des victimes palestiniennes ou
syriennes. Si je devais prendre les choses du point de vue du
ressentiment, je dirais: ‘Bien fait pour eux, voyez ce que leurs pères
ont fait aux enfants du Liban’. Mais je le fais sous l’angle purement
humain, en considérant des enfants palestiniens ou syriens comme égalant
des enfants français, et non comme leur étant inférieurs.
“Est-il
acceptable que des enfants meurent de faim parce que leur père a été tué
par un enfant occidental, et que ce dernier, lui, vive bien mieux
qu’eux? Ma question étant: un enfant est-il supérieur à l’autre selon sa
nationalité?
“Et si on pourvoit l’enfant tueur des mollesses de la
vie occidentale, est-il juste qu’on laisse ses victimes avoir faim? Si
vous appelez cela ressentiment, libre à vous. Moi, j’appelle cela
humanité.
Elle répond (sans avoir lu) que je verrais éventuellement bien les enfants des djihadistes, Français par filiation, exécutés.
Je réponds qu’elle me faisait “dire ce que je n’ai pas dit. Relisez mon texte. Je parle de l’injustice de traitement entre enfants, je ne parle pas d’exécuter les enfants tueurs. Je commence seulement le post en parlant de l’enfant du sud-est asiatique qui est sur la photo et qui serait tué s’il était rendu à son pays d’origine, le sud-est asiatique, où on a moins de scrupules en la matière.”
Sa réponse: “… Il faudrait peut-être construire des taudis plein de rats pour les mineurs criminels auxquels on ne servira qu’un crouton de pain nageant dans l’eau chaude… pour plus de justice ?”
Moi: “Personne, en Occident, ne parle des enfants victimes, personne ne propose de leur donner au moins le même niveau qu’aux enfants assassins; au contraire, on inflige à leur camp des sanctions qui les affament. Si déjà un seul politicien français disait: “Nous voulons rapatrier les enfants tueurs en considérant qu’ils ont eu le cerveau lavé, et que la République, en les adoptant, décide aussi de réparer leurs torts en donnant aux enfants de leurs victimes au moins une vie décente,” au moins, alors, les enfants seraient égaux. Mais ce n’est même pas le cas: les sanctions continuent de plus belle, et madame, il y a des enfants syriens qui en meurent chaque jour, et ce sont souvent des orphelins. Je n’ai jamais parlé de tuer personne. Si quelqu’un venait me tuer, je ne le tuerais pas pour sauver ma vie, alors vous voulez que dans ce post je parle de tuer? Déduisez ce que vous voulez, j’ai écrit ce que j’ai écrit en pensant aux victimes, et les premières des victimes ne sont pas les tueurs (même si ceux-ci à mon avis sont des victimes aussi”
Elle: “A l’évidence nous n’avons pas la même conception du droit français, ni le même respect pour les lois républicaines de la France… que je sépare totalement de la politique menée par la France.”
Mais à ma connaissance, le droit français dit qu’en cas de meurtre, il doit y avoir réparations envers la victime. Des ressortissants français ont tué à l’étranger. Un crime est jugé dans le pays où il est commis, et des réparations sont imposées au bénéfice des victimes. Est-ce que les tribunaux français vont imposer des répérations aux victimes? A ma connaissance, il n’en a jamais été question. La vérité est que c’est au nom de la loi du plus fort que se fait le débat, et non au nom de la loi tout court.
Je rappelle que Daech a été engendré par les sanctions économiques inhumaines imposées à l’Irak. Or aujourd’hui, les mêmes sanctions sont imposées à la Syrie. C’est ce que j’avais écrit dans ce post qui semble avoir été si mal lu. En commentaire, j’ai également écrit:
“Il faudrait apprendre les leçons du passé pour ne pas créer des situations similaires. Or la politique qui a créé ces tragédies se poursuit, tant en Orient, où on aide objectivement les djihadistes, qu’en Occident, où on fournit une propagande déshumanisante, misogyne, raciste, qui est interdite par la loi française, sans que personne ne daigne appliquer la loi.”
Et dans un autre commentaire:
“Ces enfants ont subi un lavage de cerveaux. On sait ce que c’est pour avoir entendu parler des lavages de cerveaux des sectes: Moon, scientologie, etc. Les vicitmes de ce lavage de cerveaux ont pu être réhabilitées, mais parfois au prix d’un traitement très dur. Je ne rends pas ces enfants responsables. J’exige seulement qu’ils ne soient pas mieux traités que les enfants de leurs victimes. Ici je parle des enfants tueurs. Les enfants qui n’ont pas tué n’ont pas un problème psychologique aussi grave. Si on veut les réhabiliter, on doit aussi penser aux victimes.”
Lina Murr Nehmé, 20 mars 2019
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