Ces élections européennes n’auront d’européennes que le nom. En fait, elles seront une sorte de référendum pour ou contre Macron. Les résultats des sondages diffèrent, il me semble, en fonction du commanditaire. Car comment expliquer que certains sondages indiquent des intentions de vote favorisant Mme Le Pen, alors que d’après d’autres sondages, ces intentions favoriseraient la liste d’En marche?
La stratégie de M. Macron a été, dès le début, de laminer la droite classique pour avoir Le Pen comme repoussoir. Les accusations et les moqueries qui ont tué politiquement M. Hamon et M. Fillon, les vainqueurs des partielles de 2016, s’acharnent maintenant contre M. Bellamy. J’ai entendu toutes sortes de dépréciations à son sujet (il est trop bon pour ce parti, etc.) En réalité, et contrairement à la phrase malheureuse d’un journaliste “François-Xavier Bellamy, le mal-aimé”, je ne crois pas du tout qu’il soit mal aimé. Sauf des médias qui, dans leur majorité, et vu leurs propriétaires et leurs amitiés avec Macron, ont fabriqué le personnage politique de ce dernier.
Je ne suis pas en mesure de juger de la valeur de M. Bellamy tant que je ne l’ai pas éprouvé en matière d’islamisme et de politique étrangère. Car ce sont les deux points faibles de tous les Présidents depuis le choc pétrolier de 1973. Et je ne pense pas qu’un Président (y compris Mmes Le Pen) ait vraiment la volonté d’échapper à la malédiction du pétrole et aux pressions qui s’exerceraient sur lui en faveur de l’islamisme… sachant quelle crise économique cela produirait, et avec quelle démagogie ses adversaires l’exploiteraient.
Mais jusqu’à présent, Bellamy rappelle ces canards qui plongent dans l’eau et en sortent avec les plumes sèches. On peut lui reprocher la corruption de son parti, mais on peut espérer qu’en le fortifiant, on lui donnera les moyens d’opérer des réformes. Déjà, le parti des Républicains est-il aussi corrompu que celui d’En Marche, vu le nombre de scandales qui ont défrayé la chronique depuis 2017, allant du silence autour des meurtres islamistes de Sarah Halimi et du professeur d’anglais de Courbevoie, aux scandales de la campagne électorale, frappant et tuant médiatiquement ses adversaires et épargnant ses amis, aux spectacles décadents, au feuilleton Benalla, aux dépenses égoïstes de Macron — pourtant richissime — aux frais de la collectivité au temps où les retraités racontaient leurs difficultés de fin de mois.
La stratégie de Macron est d’éliminer la droite classique et de donner l’impression que tout ce qui n’est pas de gauche ou LREM, en France, serait “fasciste”. Cela lui a déjà réussi, lui procurant les votes de droite qui ne voulaient pas passer à l’extrême-droite.
Si vous êtes contents de Macron, votez Macron. Si vous n’êtes pas contents de Macron, votez Bellamy pour contrecarrer la stratégie de Macron, qui est d’annihiler la droite classique, afin de ne pas laisser aux modérés d’autre choix que de voter pour lui.
Lina Murr Nehmé, 25 mai 2019
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