L’attentat terroriste du vendredi dernier au Crocus City Hall à Moscou, a finalement tué 133 personnes et blessé des dizaines d’autres.
Daesh l’a revendiqué en publiant un communiqué sur ses sites. Malgré cela, beaucoup doutent que cet attentat ait été commis par des islamistes, car il a eu lieu durant le mois sacré du ramadan, et durant le jour sacré du vendredi. Et aussi, parce qu’il y a eu paiement.
C’est ignorer que le ramadan est le mois du djihad – lequel, pour les islamistes, est armé. Il y a donc chaque année des appels au djihad lancés au début de ce mois par des oulémas dans les mosquées. Cette année, ils ont été encore plus audibles que d’habitude, puisque des organisations comme le Hamas ont vu les leurs répercutés un peu partout dans le monde.
Quant au vendredi, c’est précisément le jour où les imams poussent les foules à faire le djihad, puisque c’est le seul où ils ont l’occasion de leur parler. C’est pourquoi tant de guerres, tant d’émeutes ont commencé le vendredi après-midi.
Quant à l’argent, il est normal aussi que les tueurs de Moscou en aient reçu. Selon un hadith authentique, le djihadiste a pour récompense le paradis s’il meurt, et une part de butin s’il revient. La récompense est tellement légale que, pour la lui assurer au cas où il n’y a pas de butin, le Coran commande de prélever sur les aumônes le financement du djihad et des cadeaux « pour ceux dont les cœurs sont à rallier ». Il aurait été illogique que les djihadistes de Moscou ne soient pas payés.
On a gardé l’image du djihadiste quittant la France ou la Belgique pour aller s’installer en Syrie par pur amour d’Allah. C’est faux. Daesh lui donnait une somme fixe qui aurait, d’après Haaretz, été de 800 dollars fixes, plus 100 par femme, et 50 par enfant. S’il avait une famille de 4 femmes et plusieurs enfants, il gagnait donc, sans travailler, plus que le smic en France. Et quand il allait s’amuser à faire la chasse à l’homme, il gagnait du butin en plus. Butin qui comprenait, non seulement les richesses, les animaux et les terres des vaincus, mais aussi leurs femmes et enfants qu’il pouvait utiliser comme serviteurs gratuits le jour et prostituées la nuit. Ou en tirer de l’argent en les vendant.
Ce recrutement prodigieux dura tant que Daesh put payer ses armes, ses bakchichs et ses djihadistes avec le pétrole de Mossoul et les riches donations venant du Golfe. Quand il ne put plus le faire, la plupart de ces djihadistes se débandèrent. Les autres furent emprisonnés ou devinrent des cellules dormantes.
L’effondrement de Daesh en Irak et au Levant n’a pas signifié sa fin, car l’organisation terroriste existe encore sur place où, dans le souterrain ou dans les prisons, elle possède encore 40 à 45.000 membres. Et elle recrute encore. Le jour où elle s’estimera assez forte, elle forcera les portes des prisons, et reprendra la conquête en s’emparant de ressources pour financer son djihad et payer de nouvelles recrues. En plus des mobilisations forcées, puisqu’elle oblige chaque ville à lui fournir un certain pourcentage de djihadistes.
En attendant, Daesh considère la Russie comme sa principale ennemie parmi les puissances étrangères au Levant. Sans les bombardements russes, en effet, appuyés par l’action du Hezbollah libanais, et du Hachd ech-Chaabi sur le terrain, Daesh aurait conquis tout l’Orient et serait en Europe aujourd’hui. Les batailles persistent, puisque la Russie se trouve encore en Syrie, où elle possède sa plus grande base hors de Russie.
Une attaque en Russie était donc à prévoir depuis des années. Et elle ne pouvait venir que d’Ukraine, puisque c’est là que sont allés les Frères Musulmans et tous les islamistes chassés par Poutine.
En Ukraine, ils sont bien reçus. C’est donc en Ukraine que sont venus s’installer une partie des djihadistes de Daesh chassés du Levant. Une très petite fraction combat même dans les rangs des milices ukrainiennes contre les Russes, mais ce sont souvent des groupes d’origine russe, tchéchéniens notamment. Pour le reste, Daesh ne se bat pas en Ukraine, selon la consigne donnée par le calife début 2022, quand a commencé la guerre : laisser les deux camps mécréants s’affaiblir mutuellement, afin de pouvoir en profiter par la suite.
Dès lors que la guerre d’Ukraine se termine par une victoire écrasante de la Russie, il était logique que Daesh entre en scène contre la Russie. Et ses méthodes ont toujours consisté à briser le moral de l’adversaire qu’elle affaiblit en lui infligeant des attentats aussi spectaculaires que possible, pour ne passer à l’attaque que beaucoup plus tard.
Il est faux de dire, comme le font certains, que ces attentats ont été organisés en collaboration avec les Ukrainiens et des services secrets britanniques ou américains. D’abord parce que les organisations terroristes de ce niveau veulent être les seules à commander, et obligent les autres à être des vassales. Sinon, elles les combattent. A fortiori refuseront-elles de travailler avec des services aussi corrompus que ceux d’Ukraine, ou encore, la CIA ou le M16 qui font parfois fuiter des informations. Un attentat de cette envergure demande des semaines de préparation dans le secret le plus total, et pour cela, l’organisation terroriste, par principe, travaille seule.
Lina Murr Nehmé