Lampedusa est l’île italienne la plus proche de l’Afrique. En fait, elle est plus proche de l’Afrique que de l’Italie. Pas étonnant donc qu’elle soit la première terre d’Europe à être submergée par ces flux de migrants venus du sud.
6000 migrants africains en un jour. Et cela ne fait que commencer. Les ONGs qui les encouragent ont l’auto-satisfaction d’avoir été des “gens bien”. Ils devraient plutôt réaliser à quel point il est inhumain de les condamner à la vie de loques dans les rues de Paris ou le métro de Rome : haves, sans emploi, sans amour, se droguant en pensant probablement à la fiancée qu’ils ont laissée en Afrique, et à la maman trop encombrée de ses travaux pour pouvoir cultiver la terre suffisamment, et au désert qui avance inexorablement parce que la terre n’est pas cultivée. Et le père? Souvent, il a pris le bateau, lui aussi. La majorité d’entre eux sont des hommes.
Ils sont criminels, ces politiciens, ces soi-disant philanthropes qui les encouragent à abandonner leurs familles et à venir dans l’espoir d’un enrichissement et d’une vie de plaisirs qu’ils croient trouver, ignorant la vérité. Allez les voir dealer, se frotter aux filles ou se battre à la porte de la Chapelle, et dites-moi si c’est ça, une vie pour un Africain qui, il y a peu, vivait avec sa famille dans son village, une vie honorable, digne et sans mendicité. Est-ce que les déchets des rues d’ici valent la noblesse de ta savane ?
Pour finir, je rappelle le danger dont je parle depuis des années, et qui m’avait d’ailleurs valu la fermeture de ma page Facebook. C’est le désir de Daesh d’envahir l’Europe. Par l’Afrique précisément. Lampedusa est à 300 km de la Tunisie. C’est bien moins que Paris-Marseille. Je ne vais pas recenser ici le nombre de fois où ils l’ont annoncé, mais j’en citerai un: le montage qu’ils ont fait, montrant la basilique Saint-Pierre dépouillée de ses statues et coiffée du drapeau de l’Etat islamique.
Le 7 décembre 2018, quatre jours après l’assassinat du professeur Dowling par Ali Hassan Rajput à Courbevoie, j’ai mis un article où j’explique qu’un certain poster portant le logo de Daesh, est inquiétant, car il annonce l’attaque de l’Arc de Triomphe, plusieurs jours à l’avance.
Voici le texte de cet article:
“Le gouvernement nous répète depuis des années que les djihadistes représentent la menace la plus grave en France. Il nous parle souvent d’attentats déjoués. Mais ce ne sont pas eux qu’il craint, ce sont les Gilets jaunes, surtout s’ils s’allient avec l’ultradroite et l’ultragauche, et les jeunes de banlieue ! Donc s’il y a de la casse, ce ne sera pas la faute des djihadistes, mais celle des retraités français venus de la province manifester contre la hausse des prix de l’essence ! De qui se moque-t-on ? En même temps, l’État sait que de nombreux photos-montages circulent sur les réseaux sociaux depuis plus de dix jours, en tout cas avant l’attaque de l’arc de triomphe. Ils portent le sigle de Daech et annoncent l’attaque pour le dimanche. J’hésiterais à parler d’un faux, d’abord à cause de la date annoncée : Daech a souvent annoncé des choses vraies pour de fausses dates, de façon à réussir son coup tout en faisant souffrir le public victime. Voir à ce sujet mon article sur Elnashra, أكاذيب داعش. Je l’avais écrit pour dévoiler les mensonges accompagnant la sortie [de la vidéo] de l’incendie du pilote jordanien, qui était en fait mort plusieurs semaines plus tôt, alors que Daech négociait sa prétendue libération. Et d’autres mensonges, dont ceux des vidéos montrant de fausses décapitations d’otages occidentaux auxquels on avait promis la vie s’ils trahissaient les leurs devant caméras. A genoux, vêtus en orange, ils trahissaient bien les leurs, et le bourreau anglais Emwazi faisait semblant de les égorger. On ne voyait pas une goutte de sang, ce qui semait le doute. Mais après, on voyait un cadavre apparemment égorgé. A moins que ce ne soit une imitation. C’est un genre d’humour noir terrible à la Daech, genre chat et souris, baleine et petits poissons : s’amuser à torturer ceux qu’on veut tuer en leur faisant espérer la vie… pour faire durer le plaisir qu’on a à les faire souffrir et à faire souffrir les leurs. La guerre, dit Mahomet, « est une affaire de tromperie ».
“Ce poster aurait été publié au Canada. Mais le pays à partir duquel un poster a été mis en ligne importe peu. Car on peut envoyer quelque chose à partir de l’Asie, via un serveur canadien ou américain. Le pays de provenance restera inconnu. C’est le pays du serveur qui sera perçu comme le pays émetteur. En tout cas, Daech a eu tellement de pages et de sites fermés qu’il varie ses sites pour tromper l’ennemi. Dans ce poster, le sigle de l’État islamique, le professionnalisme du travail, le fait que le genre artistique porte la griffe des graphistes de Daech, comptent peu, car ils peuvent être imités. Même si ceux qui auraient pu le faire, par exemple les Russes, ne sont pas assez exigeants. En revanche, ce qui ne peut être imité, c’est le fait que, mis en ligne plusieurs jours à l’avance, il ait annoncé les événements de l’Arc de Triomphe en les attribuant aux Gilets jaunes. Et qu’il ait donné pour cela une fausse date qui lui permettait d’agir durant la manifestation du samedi passé, sans avoir attiré la méfiance.
“La police affirme avoir eu affaire à des équipes de casseurs organisés, entraînés, différentes de toutes celles [qu’elle] elle avait connues dans le passé. D’où le changement de sa stratégie. Demain, Causeur publie un article que j’ai écrit à ce sujet, pour expliquer le danger.“
Et voici le poster qui accompagnait mon article :
Une heure plus tard ou le lendemain, mon article avait disparu, et je recevais un avertissement disant que je violais les règlements de Facebook :
Pourquoi avoir supprimé le post qui appelait à la vigilance, alors que Facebook, à la même époque, gardait les posters violents d’Ali Hassan Rajput qui appelaient à tuer? Qui pouvait vouloir que le public ne fasse pas la relation entre ce poster publié avant les événements de l’Arc de Triomphe, et la violence manifestée ce jour-là, après que les Gilets jaunes aient chanté la Marseillaise en protégant la tombe du soldat inconnu? Et surtout, qui pouvait ne pas vouloir que l’on sache que dans les milieux radicalisés, on se transmettait de tels posters appelant au meurtre?
Théoriquement, une fois qu’un algorithme a remarqué une photo ou une vidéo contenant un appel à la haine civile, au sexisme, au meurtre, ou à la défense d’une organisation terroriste, il envoie un avis à un modérateur, et celui-ci décide s’il faut, oui ou non, fermer un compte ou une page. Mais en quoi mon article mettant en garde contre ce genre de documents appelait-il à la haine civile, au sexisme, au meurtre, ou à la défense d’une organisation terroriste?
En même temps, à la même date du 7 décembre et sur le même réseau parisien, on pouvait lire tous les posts d’Ali Hassan Rajput appelant au crime.
En tout cas, le résultat a été efficace: j’ai accepté la censure de mon article, et je me suis autocensurée par la suite pour pouvoir durer. Je n’aurais pas cru qu’un an plus tard, une simple photo d’un communiqué pour illustrer une autre analyse tout aussi importante (montrant que Daesh menaçait l’Europe et la stratégie qu’elle suivait pour y arriver), me vaudrait le fermeture totale de mon compte.
Soi-disant, expliquent les gens de Facebook, je n’aurais pas tiré cette photo d’une page d’analyse. Mais en quoi cela les regarde-t-il? Qui est le modérateur marocain pour se permettre de censurer un chercheur comme moi, dont les analyses doivent être prouvées par des retours aux sources (sinon elles ne sont pas scientifique)?
Pour ceux qui ne l’auraient pas encore lu, voici l’article qui raconte l’histoire de l’article qui m’a valu la fermeture de la page et l’accusation de soutenir une organisation terroriste, peut être lu en suivant ce lien :
Capture d’écran du post de Facebook où je copiais le texte de mon article Daesh en Algérie
Le 1er décembre 2019, j’ai publié sur Facebook mon article Daesh en Algérie, où j’analyse l’avancée de Daesh en Afrique, et rappelle à mes lecteurs les ambitions de Daesh en Europe.
Le lendemain, mon profil FB a disparu. On me propose de cliquer sur un lien si je “pense qu’il s’agit d’une erreur”, et je le fais. On me demande alors la photo d’une pièce d’identité, et je l’envoie.
Le week-end passe. Le lundi matin, je reçois un email de Facebook m’informant que mon compte est définitivement clos, parce que j’aurais, selon eux, “violé les règles de leur communauté”. Et ils expliquent: ils ne peuvent pas “tolérer des menaces crédibles”, “le soutien à des organisations violentes”, ou un “contenu extrêmement graphique” sur Facebook.
Un des administrateurs de la page déniche la série de notifications ci-dessous qui assure que l’article censuré est Daesh en Algérie. Il y a la photo du document de Daesh que, visiblement, leur ordinateur a repérée. Cette notification parle d’infractions “répétées” parce que nous avons partagé cet article à plusieurs reprises, les administrateurs et moi (en haut, sans nom parce que le profil avait été supprimé).
Le modérateur marocain m’accuse de soutenir Daesh, alors que mon analyse commence par les mots: “C’est vrai que Daesh ment comme pas deux”. Mauvaise foi, sottise, paresse ou méconnaissance de la langue française? Et comme le même article rappelle que Daesh veut attaquer l’Europe, il m’accuse de lancer des “menaces crédibles”!
Moi, menacer ceux que je cherche à prévenir? Quel ridicule!
Quant aux images “extrêmement graphiques”, cela doit être le nom donné à toutes les images émanant de Daesh, même quand il s’agit de photos de communiqués militaires. Les machines ne font pas la distinction.
Les machines, oui, mais les hommes ? A ma connaissance, ce sont les modérateurs qui ferment les pages, et non les machines. Et si c’est une machine, est-il plausible qu’elle juge la photo d’un communiqué “graphique”, mais non celles d’Asia Bibi égorgée par un terroriste, et de Geert Wilders le visage transpercé par un tournevis, publiées sur le même réseau français, dans la même ville de Paris, un an plus tôt, mais non bloquées par les modérateurs marocains de Facebook?
Après la fermeture de mon compte Facebook, j’ai partagé le lien de l’article Daesh en Algérie à partir de cette page.
Suite à cette republication du même article, le modérateur m’envoie un nouvel avertissement, toujours sans m’expliquer ce dont il est question ou me dire dans quelle colonne je serai informée:
Je ne touche à rien, puisqu’à ce moment, je ne sais pas encore au juste de quoi je suis accusée.
Un an plus tôt, un étudiant pakistanais, Ali Hassan Rajput, avait assassiné son professeur à Courbevoie, à coups de couteau et en criant: “Allahou Akbar!” Il affirma l’avoir tué pour une caricature de Mahomet. Mais la procureure de Nanterre prétendit que l’étudiant était stressé et qu’il n’avait nullement commis un crime semblable à celui contre Charlie Hebdo. Quelqu’un dut être choqué, et il informa des journalistes de l’adresse Facebook du tueur. Ils la publièrent, avec des captures d’écran prouvant que l’homme était totalement radicalisé. Nous avons dû être des centaines à éplucher ce compte. Et en le faisant, je réalisais combien le meurtre de ce professeur ressemblait à celui de Sarah Halimi par l’acharnement de la justice à alléger la responsabilité d’un tueur musulman issu de l’immigration, et à minimiser l’importance de son crime.
Les ordinateurs de Facebook ont des programmes de reconnaissance faciale ultra perfectionnés. Ils peuvent détecter un tout petit visage sur une photo floue. Un jour, un jeune inconnu a publié une photo de mon livre “Quand les Anglais livraient le Levant à l’Etat islamique” montrant le 1er et 4e de couverture avec la tranche. Facebook m’a aussitôt demandé si je voulais être taguée sur la photo. Leur moteur de recherche m’avait reconnue dans une minuscule photo déformée en diagonale et subissant un reflet! Ce même moteur de recherche ne peut pas ne pas avoir reconnu Asia Bibi égorgée. Ou le visage ensanglanté du député néerlandais Geert Wilders, “graphique”, mais non celles d’Asia Bibi égorgée (ici). Ou le visage du député neerlandais Geert Wilders transpercé par un énorme tournevis, Pourtant, le compte d’Ali Hassan Rajput a été toléré. Il est même resté ouvert durant deux ans, jusqu’à ce que la police le ferme. Et moi, parce que je combats Daesh, je suis traitée de terroriste pour avoir publié une analyse de la stratégie de Daesh!
La vérité, c’est que c’est apparemment ma guerre à l’islamisme et mon audience, qui dérangent. Quand j’ai voulu ouvrir un nouveau compte, je l’ai fait sous mon nom, avec ma date de naissance. Le compte n’a gêné Facebook que lorsque j’ai posté un article sur Sarah Halimi qui a eu une grande audience. En voici la capture d’écran: comme la page est gelée, il n’est presque pas vu et n’a pas de réactions. Mais sur le compte, il a eu des centaines de partages et des milliers de réactions.
Alors Facebook me remarque de nouveau, et le nouveau compte “Lina Murr Nehmé” est fermé. Sarah Halimi gêne encore!
Et quel est le prétexte invoqué par FB cette fois? FB déclare que j’usurpe l’identité de quelqu’un d’autre… Lina Murr Nehmé usurpe l’identité de Lina Murr Nehmé! FB qui autorise la même personne à avoir dix comptes sous le même nom, a fermé mon second compte en prétendant que j’usurpais ma propre identité! Ils ne m’ont pas demandé de prouver mon identité. Ils m’ont fermé mon compte en prétendant que je l’usurpais, et en exigeant une pièce d’identité pour accepter de répondre. (Ainsi ont-ils une copie de vos papiers.) Comme j’avais déjà envoyé mes papiers et que je savais que c’était moi qu’ils voulaient faire taire, je n’ai pas pris la peine cette fois de faire appel.
Voyant ce compte fermé, j’ai voulu avertir ceux qui avaient écrit à la page, que je n’étais plus sur FB. Mais la page a été bloquée sous mes yeux, et il a été impossible de joindre quiconque.
Avant de trouver la notification avec la photo du post incriminé, je citais les accusations de FB, mais je n’y croyais pas vraiment, tant elles me semblaient farfelues. Je le faisais en rigolant. Il a fallu que j’aie la certitude que FB m’accusait réellement de soutenir Daesh et de menacer l’Europe, pour que je commence à réfléchir aux conséquences.
Je ne suis qu’une voix. J’ai dédié le plus clair de ma vie — plus de quarante ans — à un travail ingrat qui ne m’a quasiment pas laissé de loisirs, me privant des sorties amicales naturelles pour une jeune femme, et usant mon corps, mes yeux et ma santé dans des veilles et des séances interminables de travail, parce que je voulais arrêter des massacres et en empêcher d’autres. Je marchais contre le vent et je plongeais les mains dans les ronces pour trouver quelques fruits. Et en résultat, on m’accuse de terrorisme pour pouvoir m’arracher un moyen de communication.
Certes, les accusations de Facebook ne détruisent pas ma crédibilité aux yeux de mes lecteurs qui me connaissent et rient de ces accusations. Mais Facebook n’est pas étanche. Celui qui peut ainsi accuser quelqu’un de terrorisme l’a peut-être condamné à l’enlèvement, à la prison ou à la mort.
Facebook est en effet accusé de vendre les informations privées. Pour se protéger sur ce plan par avance, Mark Zuckerberg vous a informés, en 2014, que toutes les données entrées dans Facebook appartiennent à Facebook et qu’il peut les utiliser sans vous payer de droits d’auteur, et sans limite dans le temps. Il a subi pour cela des procès en Europe, et il a légèrement modifié ses clauses. Mais il vend toujours vos informations à Google. Et à qui encore? Et que fait-il de celles qu’il collecte sur Whatsapp? Que vous l’utilisiez ou que vous ne l’utilisiez pas, cette application parle de vous. Les gens parlent de vous ou transmettent vos histoires, vos photos, vos vidéos. Et là, aucune censure. Whatsapp a été créé pour pouvoir fonctionner sans censure et collecter encore plus d’informations que Facebook.
Jusque-là, je n’y attachais pas d’importance, car je sais que nous sommes tous fichés, partout, qu’en Chine ou au Japon, on peut entendre les mots qu’un homme et une femme se disent sur l’oreiller en France ou en Italie. On n’a jamais vécu autant sous le règne de Big Brother.
Le serveur auquel vous vous connectez possède une copie de tout ce que vous y mettez. Surtout depuis que le président Hollande a instauré l’Etat d’urgence, en 2015. En un sens, cela nous a protégés, puisque cela a permis de déjouer quelques attentats. Mais en même temps, des gens comme Mickaël Harpon ont eu accès à nos données les plus privées. Et eux, personne ne les a déjoués. Car les vrais terroristes n’emploient pas Internet. Ils se donnent des rendez-vous et parlent oralement, sans avoir leurs téléphones portables près d’eux.
Mickaël Harpon était-il la seule cellule dormante dans les préfectures de police? Y en a-t-il d’autres qui attendent leur heure?
Sous l’occupation syrienne (1990-2005), et notamment sous le gouvernement de Rafic Hariri, la terreur régnait au Liban, et vraiment, j’attendais d’être en France pour faire les recherches que je voulais. Quand je posais des questions au sujet de l’espionnage par le biais de mon ordinateur ou de mon portable, on me disait: “C’est la police française.” Je répondais: “La police française? Ça me va. C’est des terroristes que j’ai peur.”
Comme je ne fais rien de mal, je pensais n’avoir rien à craindre de l’espionnage des modérateurs de FB. Mais depuis que je sais que je suis accusée par eux de soutenir une organisation terroriste, je commence à me demander ce qui m’arrivera quand je serai dans l’aéroport de telle ou telle ville. Quand un modérateur FB vous a repéré et accusé de terrorisme, quand il a obtenu de vous la photo de votre passeport, sachez que vous pouvez être fiché dans des endroits auxquels vous ne penseriez pas. Surtout si le modérateur, pauvre et très mal payé, vit au Maroc, où la corruption gangrène la société, les employés, les fonctionnaires. On recrute des modérateurs au Maroc parce que c’est bon marché, sans s’inquiéter de leur compréhension du français, des Français, de leurs problèmes. Voici une publicité de recrutement pour un modérateur au Maroc pour la France:
De toute façon, les services secrets marocains, qui collaborent avec d’autres services secrets, ont accès à vos informations. Tout serveur peut servir à capter les données de ceux qui y sont connectés. Un officier des services de renseignement libanais a dit à un ami il y a quelques années: “Nous savons tout ce que vous écrivez sur Facebook, ou par email. Même si vous l’effacez, la copie reste chez nous.”
Il le disait en confidence. La même confidence a dû être dite tant et tant de fois, et dans tant d’autres pays.
Maintenant, donc, le fait d’être fichée “Daesh” dans les ordinateurs de FB signifie pour moi deux perspectives aussi désagréables l’une que l’autre:
1- Je peux être fichée terroriste dans n’importe quel service secret auquel l’agent modérateur de FB a accès, ou auquel FB vend ses informations, ou avec lesquel FB est obligé de collaborer.
2- Je peux intéresser les organisations terroristes elles-mêmes, qui sont à la recherche de sympathisants. Cela aussi pourrait me coûter la vie, car je ne collaborerai jamais.
En fait, je vous avoue que je n’ai envie ni d’être recrutée, ni d’être tuée. Et je sais que je ne suis pas la seule. Beaucoup d’entre vous ont eu leurs comptes fermés pour avoir subi la même accusation. Et n’importe lequel de ceux qui disent la vérité et partagent autre chose que des fleurs, des arbres ou des chats sur FB… pourra un jour se retrouver subissant le même traitement, sauf s’il se soumet à dame Anastasie avant publication. Les ciseaux de celle-ci sont prêts. Ils sont dans nos têtes.
Il est vrai que Daesh ment comme pas deux, mais voilà que l’Etat algérien lui-même reconnaît que l’Etat islamique, s’étant frayé un chemin sanglant depuis le Nigéria grâce à Boko Haram, se bat maintenant en territoire algérien.
Son but, comme je l’ai écrit il y a quelques mois, est de traverser la Méditerranée jusqu’en Italie, et de là, jusqu’au reste de l’Europe. Les manifestations qui ont lieu un peu partout peuvent faire plier un gouvernement, elles ne servent à rien face à Daesh. Et comme le FLN n’a nulle envie de quitter le pouvoir, les élections algériennes pourraient être truquées. Il y aurait alors un bras de fer dont les islamistes sortiraient nécessairement gagnants, comme ce fut le cas à l’issue de tous les Printemps Arabes, sans exception.
Dans ce communiqué, Daesh annonce que, le 24 rabih awwal 1441 (21 novembre 2019), il a tué huit soldats algériens, dont un officier, dans la région de Tamanrasset.
L’Algérie, de son côté, reconnaît être attaquée par Daesh, et avoir connu plusieurs accrochages en divers lieux (ce qui veut dire que Daesh gagne du terrain en Algérie). Mais l’Algérie n’a pas encore annoncé de martyrs. Je n’aurais cependant pas une confiance aveugle en la parole du FLN et de l’armée, qui n’ont pas intérêt, à la veille des élections, de diminuer leurs propres chances de victoire. Les islamistes algériens, au contraire, ont intérêt à propager ce communiqué pour démoraliser l’adversaire.
Remarquez que Daesh appelle les soldats algériens “apostats”. S’il y a vraiment eu huit martyrs algériens, c’est, probablement qu’elle a gagné la bataille et les a tués en tant que prisonniers. Vous rappelez-vous le “Pas de prisonniers!” du film “Lawrence d’Arabie”?
Souheil Hammoud, surnommé Abou Taou, était l’un des principaux artilleurs de l’opposition syrienne à Bachar el-Assad, et il tua beaucoup de soldats loyalistes. Il appartenait à l’armée djihadiste de l’ASL, mais il aimait fumer, et il décida de défier al-Qaïda/Nosra, qui se donne aujourd’hui le nom de Fatah-ech-Cham.
Il pensait que les services qu’il avait rendus à l’opposition, et sa propre réputation de tueur de soldats syriens, lui procureraient l’impunité. Il se fit ainsi photographier fumant devant un des panneaux placés par al-Nosra sur les routes: “Fumer est haram. Le narguilé est haram”, et signés “Vos frères moudjahidine”. Et il publia cette photo sur les réseaux sociaux.
Souheil Hammoud, de l’ASL, fume devant un panneau placé par al-Qaïda/Nosra, disant que fumer est haram.
Punition: il fut enlevé et traîné devant le tribunal selon la charia établi par al-Nosra, et qui était semblable à ceux de Daech. Ce tribunal le condamna à deux semaines de prison pour “manque de respect à l’islam”. Il publia ensuite sa photo avec un baillon devant un autre panneau. Je la publierai dans un autre article avec un commentaire spécifique.
Cette révolte personnelle contre la cigarette traduit la rivalité entre l’ASL et al-Nosra. La plupart des membres syriens de l’ASL ont été débauchés par al-Nosra qui, envoyée par Baghdadi former une branche syrienne de Daesh, proposa à ces djihadistes des paies plus importantes que celles qu’ils percevaient dans l’ASL. Al-Nosra fut ainsi formée au début, de ces dissidents de l’armée syrienne qui avaient accepté, au début de la révolution, de passer à al-Qaïda pour des soldes plus consistantes, payées par les pays du Golfe.
Souheil Hammoud faisait partie de ceux de l’ASL qui ne se sont pas laissés débaucher par al-Nosra durant toutes ces années. Il croyait que ses hauts faits militaires lui vaudraient l’impunité, pensant que l’opposition ne pouvait se passer de lui.
Dans l’affaire du tabac, al-Nosra a poursuivi la même politique que Daech qui, non seulement interdisit le tabac, mais assembla tout ce qu’elle avait pu confisquer dans les commerces et les maisons, et… le brûla dans un grand feu… infligeant aux gens de fumer une énorme quantité de tabac à la fois, et… malgré eux.
Attention. Ce n’est pas parce que le tabac est nocif pour la santé qu’al-Nosra, dans ce panneau, le juge haram: al-Qaïda, dont elle fait partie, ne donne pas un sou pour l’opinion des médecins mécréants.
Mais Ibn Abdel-Wahhab, le cofondateur du royaume saoudien et le père du wahhabisme, l’avait dit. Et il fouettait ou tuait les délinquants.
Soulier d’enfant ramassé sur le lieu du mariage, à Kaboul, où un attentat-suicide a fait aujourd’hui plus de 63 morts et 182 blessés.
Daesh a fièrement revendiqué l’attentat, disant qu’elle avait “tué et blessé 400 rafidah mécréants et forces de l’ordre afghanes apostates”. Daech désigne sous le nom de “rafidah”, les “hérétiques” comme les chiites, les ibadites et autres, dont il a décrété l’extermination. Ici, il s’agit de chiites.
Quelqu’un a dit : « l’Arabie Saoudite, c’est un Daesh qui a réussi ». De fait, si les États-Unis reconnaissaient Daech, sa situation serait comme celle des Saoudiens.
Le pouvoir saoudien a été fondé dans
un carnage horrible, jusqu’au moment où les Anglais l’ont reconnu dans
les années 1920. Et ce régime continue à effrayer ou à choquer
l’Occident, notamment quand il exécute des dizaines de prisonniers
politiques, condamnés pour leurs opinions. Pourtant, on lui vend des
missiles et des avions, tout comme les Vénitiens vendaient aux califes des canons et des navires de guerre.
Cela ne veut pas dire que la situation de guerre ne prévaut pas entre le régime saoudien et l’Occident. L’argent que l’Arabie Saoudite verse à des organisations comme l’OLP, al-Qaïda, Daech, al-Nosra, Boko Haram, pour qu’elles combattent les non-musulmans, est une série d’actes de guerre. Ils ont provoqué des guerres terribles, qui ont causé des millions de victimes. Entre autres, les occupants des tours du World Trade Center, et les victimes des guerres menées contre l’Afghanistan et contre l’Irak pour venger ces victimes. Et, bien sûr, les guerres de Daech qui en ont découlé.
Ce n’est pas la faute du régime saoudien si l’Occident ne veut pas voir tout cela.
L’armée turque annonce qu’elle a totalement encerclé Afrin, c’est-à-dire qu’elle a opéré la jonction avec le Hayat Tahrir Cham (al-Qaïda) pour couper cette localité syrienne du nord d’Alep, de son gouvernement.
Afrin est une petite ville de moins de 40 000 habitants, mais le district d’Afrin, qui est concerné, en compte 172 095. Il est surtout peuplé de Kurdes (alliés, comme toutes les minorités en Syrie, avec l’actuel gouvernement syrien). J’ai été frappée de voir que dans la littérature de Daech (al-Qaïda), les PKK, Peshmergas et autres, sont autant salis que le gouvernement syrien, et les statistiques où Daesh se vante de ses massacres, citent le PKK, les Peshmergas et Assad ensemble. Ce n’est pas du tout cela qu’on voit en Occident, où les PKK et Peshmergas sont montrés comme les “bons”, et Assad, comme le “mauvais”. Ils se battent pourtant côte à côte et pour la même cause. Mais il est vrai que les Kurdes, n’étant pas au pouvoir, ne sont pas responsable du fait qu’en matière de pétrole, Assad n’a pas accepté de privilégier l’Arabie Saoudite à l’Iran. L’alliance des minorités. Ainsi, la tragédie des Kurdes est bel et bien racontée, mais non des autres Syriens, alors qu’elle est strictement identique.
Or pour les sociétés pétrolières d’Occident, qui influent sur les gouvernements et sur les médias d’Occident, c’est essentiel, car la différence de prix que peut représenter le transport, peut se chiffrer par millions de dollars. Or la guerre contre Assad a pour but d’obtenir pour le gaz du Golfe, par la force, le passage à travers la Syrie qui lui a été refusé par la diplomatie. Le chaos en Syrie, ne l’oublions pas, est financé surtout par ces pays dont le pétrole et le gaz est concerné.
Al-Nosra est la fille de Daech et ambitionne de remplacer Daech. Mais est-ce possible ? En 2016, Lina Murr Nehmé faisait à ce sujet à Michel Kik des réponses qui demeurent actuelles et qui poussent à réfléchir.
Les Libanais, les Syriens, les Palestiniens donnent au palan son nom italien, palanco (prononcé balanco), qui vient du latin palanca.
Le palan est une des machines utilisées, dans l’Antiquité, à soulever les gros blocs de pierre. Le dessin ci-dessous montre un palan soulevant un bloc de pierre, tel que l’a décrit Vitruve.
On donne surtout ce nom au Liban à la machine à soulever les voitures. Cette machine, ou ce qui lui ressemble, est également utilisée comme instrument de torture, comme dans les deux photos ci-dessous.
« La victime est accrochée par les pieds ou les mains (ou plus souvent un seul pied ou une seule main), à un des palans avec lesquels on soulève les voitures. Dans cette position, elle est fouettée ou balancée contre le mur. Un médecin est parfois présent pour avertir les bourreaux du degré de torture que la victime peut encore supporter. (Reconstitutions réalisées avec l’aide d’anciens otages libanais détenus en Syrie.) « Il existe un supplice semblable au palanco, dit Elias Tanios, c’est celui de l’échelle. Le détenu est lié sur une échelle. Puis l’échelle est redressée, sa tête demeurant en bas. Dans cette position, le sang descend vers la tête, et au bout d’un certain temps, vous avez l’impression que vos yeux vont sortir de leurs orbites ».
(Lina Murr Nehmé, Les Otages Libanais dans les prisons syriennes, Aleph et Taw, Beyrouth 2008, p. 26.)
En fait, la torture au palan n’est pas une chose nouvelle. C’est une des plus anciennes méthodes de torture décrites dans les livres et les sculptures. Les Grecs et les Romains l’ont utilisée pour soulever les humains et les torturer. Le dessin ci-dessous montre des chrétiens que les Romains ont accrochés à un palan.
Un arbre peut jouer le même rôle, la souffrance de la victime sera la même. Ci-dessous, sculpture grecque représentant Marsyas, victime du dieu Apollon.
Parfois, les bras sont liés ou cloués en étant étendus horizontalement, pour augmenter la souffrance de la victime. Alexandre de Macédoine a ainsi crucifié des milliers de jeunes Phéniciens à Tyr (Liban), parce qu’ils lui avaient résisté.
Les Romains appliquaient la crucifixion aux esclaves et en exemptaient les citoyens romains. Ce supplice, pratiqué en public, était si horrible que l’art chrétien a évité, durant des siècles, de représenter le Christ en croix. Ci-dessous, la plus ancienne représentation de la crucifixion connue: celle du manuscrit oriental de Rabboula.
Les Byzantins, au contraire, avaient aboli la crucifixion et d’autres pratiques féroces, après la conversion de l’empire romain au christianisme. Pendant ce temps, les Perses et les Arabes continuaient à infliger ces tortures.
Quand les Arabes ont occupé le Levant, ils ont torturé à l’aide du palan les chrétiens (libanais, palestiniens et syriens) qui ne payaient pas la jizya, ou impôt de capitation, à temps. De Beyrouth, l’imam Ouzaï s’était élevé contre ces pratiques et avait défendu les innocents. (ci-dessous, page de Si Beyrouth parlait, par Lina Murr Nehmé.)
Les Turcs ont hérité des méthodes de torture arabes, dont le palanco et son dérivé, la crucifixion. Dans la page ci-dessus, on peut voir à ce sujet un fac-similé tiré d’un livre publié à la Renaissance.
Les régimes orientaux qui ont remplacé les Arabes et les Turcs en Syrie, au Liban, en Palestine, en Jordanie, en Irak et dans le reste du Moyen-Orient, ont hérité du palan comme moyen de supplice. En secret, ils emploient souvent aussi la crucifixion. Daesh (EIL) se vante d’appliquer les supplices coraniques, dont la crucifixion, qu’elle inflige en public (ci-dessous).
Daesh est le régime qui pratique le plus la torture aujourd’hui au Moyen-Orient, dans les cachots comme dans la rue.
Et ce, pour deux raisons.
La première est que l’Etat islamique règne sur la plus grande surface de terre habitée au Moyen-Orient, et qu’il s’étend très vite. Ses victimes sont nécessairement plus nombreuses, puisque c’est un temps de guerre.
La seconde est que Daesh n’est pas aimé. Comme tous les régimes impopulaires, il ne peut s’imposer que par la terreur: meurtre et torture intensive.