En 1973, alors que j’avais 18 ans, un pilote français en visite au Liban nous disait : « Les plus belles femmes du monde sont les Libanaises et les juives ».
Les islamistes ne sont pas de cet avis.
En 2014, en effet, des militants de Daesh ont mis sur les réseaux sociaux la photo qui me montrait brûlant le drapeau de Daesh, et ils se sont mis à me lapider à coups d’injures pour défendre l’État islamique qu’ils appelaient gentiment « L’État ».
L’un d’eux écrivit sur la page Facebook d’Ersal, le 31 août 2014 : « Comme tu es laide ! » Un autre répondit : « J’espère que Daesh arrivera jusqu’à toi, ô Seigneur ! et qu’ils te prendront comme captive de guerre. Mais le problème est qu’ils vendent la captive de guerre pour 1000$. Mais toi, tu ne vaux qu’une piastre libanaise. »
Une piastre en 2014, c’était très très peu : une livre fait cent piastres, et il fallait alors 1500 livres pour faire un dollar. C’est que pour eux, le cerveau de la femme n’a pas de valeur. Pour eux, la femme ne sert que physiquement : à servir, faire des enfants et être une esclave sexuelle. Ces gens en sont encore à peser les femmes pour voir à quel prix ils vont les payer avant de les épouser. Daesh publia en novembre 2014 une liste de prix de vente de chaque « esclave chrétienne/yazidie » selon son âge. Je mets juste une photo de petites dimensions, car cela crève vraiment le cœur de lire ces instructions en détail.
Un autre internaute islamiste, qui ne pensait visiblement pas que j’étais répugnante à ce point, écrit sentencieusement : « Tu deviendras l’esclave des moudjahidine. »
Visiblement, en matière de beauté féminine, les islamistes n’ont pas changé de goûts en l’espace de dix ans. Une militante du Hamas qui a un certain âge lance en effet cette semaine : « Les femmes juives sont trop laides pour être violées, sauf peut-être avec un préservatif ».
Que je sache, le préservatif ne se met pas devant les yeux pour prémunir contre la laideur d’une femme. Mais peut-être cette dame insultait-elle ainsi parce qu’elle-même n’était pas spécialement belle ?
Ainsi le renard de la fable accusait-il les beaux raisins d’être du verjus parce qu’ils étaient trop hauts pour qu’il puisse les atteindre.
Lina Murr Nehmé