Si vous croyez qu’en donnant le pouvoir au Hamas vous aurez résolu le problème palestinien, c’est que vous ne connaissez pas l’Histoire. Que vous ne connaissez pas ces organisations. Que vous ne savez pas comment elles travaillent : par le crime. Tout simplement parce que la partie des Palestiniens qui a quitté le pays en 1948, c’est la partie djihadiste, ou sympathisante des djihadistes, celle qui voulait tuer du juif et du Palestinien pro-juif (ou pas anti-juif), ou simplement, qui a accepté de répondre à l’appel des Arabes à partir dans cette guerre de 1948. Elle était en effet menée par des armées dont trois au moins étaient djihadistes : les Frères Musulmans, les Saoudiens et les Palestiniens du mufti. Les autres Palestiniens étaient restés dans le pays et y sont toujours.
Le djihad avait été proclamé par le mufti en 1936 dans la Palestine mandataire, et dans la guerre qui s’ensuivit, davantage de Palestiniens non-juifs furent tués que de Palestiniens juifs ou d’Anglais. Or cette guerre de djihad n’a jamais été révoquée. Elle a temporairement eu une coloration gauchiste dans les années 1970-1980, quand les Palestiniens se sont alliés à l’URSS et se sont dits de gauche. Mais quand ils attaquaient les quartiers chrétiens du Liban, ils lançaient tout de même le cri du djihad : “Allahou Akbar!”
Dans ces guerres, il y a beaucoup d’organisations et beaucoup de chefs. Et chacun d’eux a l’ambition de dominer les autres. Il y a donc des bagarres et des morts. Il y a donc tous les jours des morts entre ces organisations dans les camps palestiniens au Liban où vous trouvez de tout : le Fatah bien sûr, mais aussi, et surtout, le Hamas, le djihad islamique, les brigades des martyrs d’Aqsa, le Fatah al-Islam, al-Qaïda, al-Nusra, Daesh, et j’en passe.
Des morts entre organisations palestiniennes rivales, il y en a davantage encore en Palestine, même si on ne signale pas les soi-disant traîtres.
Ainsi, le Hamas a assassiné le 29 mai à Gaza, Mahmoud Nashabat, chef des “Brigades des Martyrs d’al-Aqsa” à Gaza. D’après l’annonce que lui consacre la page du Fatah sur X (Twitter), Nashabat fut responsable du bombardement de la première Merkava israélienne, toujours à Gaza.
Demain, ce sera au tour de l’Autorité palestinienne de tuer des gens du Hamas par représailles.
Et après-demain, encore d’autres tueront.
Ce sont là les chouchou du monde aujourd’hui. Comme ils l’étaient au temps où ils massacraient les Libanais et commettaient des génocides de civils comme à Damour, dont tous les habitants restés sur place ont été tués.
Dans une école du centre de l’Allemagne, à Neuss, les lycéens musulmans exigent le respect des règles islamiques les plus strictes. Ils se sont même institués « police de la charia », rejetant la démocratie et faisant pression sur leurs camarades de classe, jusqu’à en pousser quelques-uns à se convertir à l’islam.
Cela a commencé il y a environ un an. Sous l’égide d’un meneur de 19 ans, plusieurs élèves ont pris l’habitude de se rassembler aux heures dites, pour faire la prière dans l’enceinte de l’école.
Des jeunes gens du groupe quittaient même les cours le vendredi pour assister à la prière dans une mosquée, sans tenir compte du fait que « les enseignants leur ont clairement dit qu’ils n’étaient pas autorisés à faire cela », affirme un lycéen.
Des enseignants musulmans ont alors expliqué aux élèves qu’ils pouvaient reporter leurs prières du vendredi, et que leur religion le leur permettait. Sans effet.
Peu de temps après, ces lycéens ont réclamé une salle de prière, et se sont mis à faire pression sur leurs camarades pour les obliger à suivre la charia et ses règles. Le nombre de filles voilées et en tenue islamique s’est mis à augmenter. Plusieurs lycéens ont obéi, apparemment par peur. Certains étudiants non musulmans se sont même convertis à l’islam.
Le groupe a ensuite appelé à la séparation des sexes à l’école durant certains événements comme la natation. « Pendant les cours, on pouvait voir la disposition des sièges dans les classes changer », a déclaré un lycéen. « Les élèves sont assis en classe séparément selon leur sexe, les garçons devant et les filles au fond. Lorsque les enseignants leur parlent, les élèves ne les regardent plus en face. » Lorsque la direction de cette école polyvalente de Neuss a tenté de sévir, les membres du groupe islamiste ont rejeté le système juridique allemand.
Le quotidien allemand Bild, qui rapporte cela, ajoute que selon le magazine Focus, les jeunes auraient parlé de lapidation comme punition pour les violations de la charia, et que le gouvernement du district de Düsseldorf contredit cette affirmation.
Les autorités ont évidemment intérêt à éviter les polémiques qui pourraient provoquer des problèmes et étendre la contagion à d’autres lycées. En fait, il est logique que des lycéens islamistes qui font pression pour obliger leurs collègues à respecter la charia en ce qui concerne la prière, la prière et sermon du vendredi à la mosquée, ainsi que le voile et la séparation des sexes – et qui imitent même Mahomet en ne regardant pas les gens dans les yeux –, parlent de l’application des châtiments de la charia aussi.
La lapidation peut être infligée aux adultères des deux sexes s’ils sont mariés, ainsi qu’aux homosexuels et aux musulmans qui rejettent l’islam ou une seule partie de la charia.
En 1973, alors que j’avais 18 ans, un pilote français en visite au Liban nous disait : « Les plus belles femmes du monde sont les Libanaises et les juives ».
Les islamistes ne sont pas de cet avis.
En 2014, en effet, des militants de Daesh ont mis sur les réseaux sociaux la photo qui me montrait brûlant le drapeau de Daesh, et ils se sont mis à me lapider à coups d’injures pour défendre l’État islamique qu’ils appelaient gentiment « L’État ».
L’un d’eux écrivit sur la page Facebook d’Ersal, le 31 août 2014 : « Comme tu es laide ! » Un autre répondit : « J’espère que Daesh arrivera jusqu’à toi, ô Seigneur ! et qu’ils te prendront comme captive de guerre. Mais le problème est qu’ils vendent la captive de guerre pour 1000$. Mais toi, tu ne vaux qu’une piastre libanaise. »
Une piastre en 2014, c’était très très peu : une livre fait cent piastres, et il fallait alors 1500 livres pour faire un dollar. C’est que pour eux, le cerveau de la femme n’a pas de valeur. Pour eux, la femme ne sert que physiquement : à servir, faire des enfants et être une esclave sexuelle. Ces gens en sont encore à peser les femmes pour voir à quel prix ils vont les payer avant de les épouser. Daesh publia en novembre 2014 une liste de prix de vente de chaque « esclave chrétienne/yazidie » selon son âge. Je mets juste une photo de petites dimensions, car cela crève vraiment le cœur de lire ces instructions en détail.
Un autre internaute islamiste, qui ne pensait visiblement pas que j’étais répugnante à ce point, écrit sentencieusement : « Tu deviendras l’esclave des moudjahidine. »
Visiblement, en matière de beauté féminine, les islamistes n’ont pas changé de goûts en l’espace de dix ans. Une militante du Hamas qui a un certain âge lance en effet cette semaine : « Les femmes juives sont trop laides pour être violées, sauf peut-être avec un préservatif ».
Que je sache, le préservatif ne se met pas devant les yeux pour prémunir contre la laideur d’une femme. Mais peut-être cette dame insultait-elle ainsi parce qu’elle-même n’était pas spécialement belle ?
Ainsi le renard de la fable accusait-il les beaux raisins d’être du verjus parce qu’ils étaient trop hauts pour qu’il puisse les atteindre.
En cette fête de l’indépendance, je regarde la photo d’une fille qui était belle avant de se mutiler en faisant exploser son corps pour tuer des civils ennemis. Je songe à ce qui reste des corps de jeunes gens qui se sont décapités eux-mêmes dans un but similaire, et j’ai le cœur serré.
Je regrette qu’ils n’aient pas compris la vérité.
J’ai toujours pensé que la divinité qui aurait créé l’homme, ne pouvait pas ordonner la haine et le meurtre, puisque cela détruisait son œuvre. C’est pour cela, me disais-je, que le Dieu de la Bible a dit : « Tu ne tueras pas. »
Le meurtre est un crime, il n’est pas un martyre.
En voyant tous ces peuples se venger de façon plus ou moins terrible, je pense que personne n’a souffert autant que nous autres, Libanais, et souffert, surtout, parce que notre souffrance n’était pas prise en compte, et pas même racontée. On a fait de nous des bourreaux de nos bourreaux. Il n’y a pas plus horrible que de passer pour un bourreau quand on est une victime.
Malgré tout cela, nous n’avons jamais utilisé le terrorisme contre qui que ce soit. Malgré tous les malheurs qui ont frappé le Liban au cours des âges, il n’est jamais devenu violent. Il n’a jamais agressé personne. Au contraire, il a toujours eu pitié de ses ennemis, venant à leur secours quand ils souffrent.
L’armée libanaise préfère même risquer la vie de ses membres plutôt que de tuer des civils ennemis. Elle ne se contente pas de leur donner des avertissements avant les bombardements : elle assure le transport de chacun d’eux, et ne commence la bataille que lorsqu’ils ont tous été évacués.
Et ce travail humanitaire lui coûte du sang. À Nahr al-Bared, par exemple, elle a mis une semaine à évacuer les civils ennemis. Beaucoup de soldats ont été blessés et deux d’entre eux tués en sauvant les civils de l’ennemi qui venait d’égorger et d’éborgner 20 de leurs compagnons dans leur sommeil.
Vive l’armée libanaise,
Vive le Liban.
Vive les valeurs du Liban, de son armée et de son peuple.
Avec l’espérance de la résurrection du pays dont la noblesse, la magnanimité et la moralité ne meurent jamais. Et surtout, Liban, ne change pas de symbole, ne change pas de drapeau, et ne change pas d’hymne national.
Les Blancs au Soudan sont les descendants des Arabes venus d’Arabie, qui prenaient les Noirs en esclavage au VIIe siècle et ont donné leur nom de Soudan (Soud) au pays. Les voyageurs du XIXe siècle font des descriptions terribles du traitement que faisaient ces marchands d’esclaves, et les gravures d’époque ne font que les confirmer.
La lecture de ces textes produit une impression si dure qu’elle ne vous quitte pas de toute votre vie si, comme moi, vous avez passé des mois ou des années à les étudier, à les confronter avec d’autres textes anciens, et à les traduire.
A condition, bien sûr, de ne pas être un crocodile. Moi, en tout cas, ce travail ne m’a pas laissée indemne, et je ne comprends pas, mais vraiment pas, comment il est possible aux historiens de lire, d’étudier ces horreurs, sans en être écorchés pour la vie.
Car les historiens mainstream connaissent ces textes. Certains d’entre eux les citent. Froidement. Puis ils passent outre. Ils racontent ainsi que le fameux “baqt” (pactum?) imposé par les Arabes consistait, pour les Nubiens, à payer “en nature”, avec leurs enfants, la jizya qui leur donnait droit à continuer à pratiquer leur religion sans mourir, et qu’ils n’étaient pas assez riches pour payer avec de l’or.
Mais les Soudanais, les Nubiens et les Nord-Africains n’étaient ni les seuls, ni les premiers à subir ce genre de racket. Bien d’autres l’ont subi de la main des premiers djihadistes dont les djihadistes d’aujourd’hui se font la fierté d’imiter. Dès les premières années de l’islam. Les pays aujourd’hui appelés Azerbaidjan, Arménie, Daguestan, Afghanistan, Géorgie, Pakistan, Inde, etc., avaient résisté à l’islam, et s’étaient accrochés à leurs religions respectives. Mais ce genre de racket, plus des massacres de temps en temps, et tout finit par changer. Les ravisseurs djihadistes poussaient la cruauté jusqu’à exiger, par exemple, que les enfants livrés par ces nations aient “les sourcils noirs et les yeux noirs”, qu’ils soient beaux, et bien sûr, bien formés. Ce qui poussait certaines mères pour épargner le viol à leurs filles ou la honte à leurs fils, à les mutiler.
Le sous-continent indien (aujourd’hui l’Inde, le Pakistan, le Sri Lanka, le Bengladesh), a été particulièrement ensanglanté par ces méthodes. Il arrivait, si l’on en croit les chroniqueurs, que deux cents mille Indiens soient massacrés par les djihadistes pour avoir refusé de changer de religion. Après les batailles, ils prenaient les femmes et les enfants, leur arrachaient les vêtements et les envoyaient, nus jusqu’à la ceinture et sous les cuisses, marcher dans la neige des montagnes séparant le Pakistan et l’Afghanistan. Ils y mouraient de froid, en si grand nombre que ces montagnes furent appelées Hindou Kouch (mort des Hindous). Soit dit en passant, c’est là la raison pour laquelle ils ne tuaient pas les femmes et les enfants à la guerre: parce qu’ils étaient pour les djihadistes une marchandise qui rapportait.
Cette tragédie poursuit au #Soudan, et parfois en Afrique du Nord (#Libye, etc.) sous nos yeux, quand de pauvres Africains rêvant d’argent facile à Paris se retrouvent sous le fouet des esclavagistes en Libye ou en Algérie. N’oublions pas la Tchétchénie et le Levant sous Daesh, qu’une femme politicienne ose proposer d’acheter pour permettre au mari de coucher avec d’autres femmes sans être adultère selon la charia (Voir les textes que j’ai traduits sur l’esclavage d’après cette femme et la charia dans “L’Islamisme et les Femmes”.)
Oui, tuer, violer, vendre le Noir, le Jaune, le Brun ou le Blanc fait partie du #djihad, et se pratique aujourd’hui encore. Mais presque personne ne daigne en parler. Car si Daesh a repris ce racket humain au Levant pour un temps, on voit d’innombrables d’organisations djihadistes enlever des Noirs pour la vente. Les pays du Golfe ont toujours été de gros acheteurs, mais chut ! il ne faut, paraît-il, pas le dire.
Oui, tout se fait dans le silence pour ne pas gêner les acheteurs de contrats d’armes et les vendeurs de pétrole, d’or, de diamants et autres matières premières indispensables à fabriquer les batteries, les téléphones et les ordinateurs portables, et j’en passe.
De temps en temps, il y a un reportage; mais combien le voient? Combien s’en souviennent ? Qui agit? Pas les chefs d’Etat qui veulent être réélus, car le pétrole et les matières premières sont de l’autre côté de la balance.
Honte à l’humanité.
Écrit à Beyrouth par Lina Murr Nehmé, le 7 novembre 2023
Il paraît que l’offensive terrestre approche à Gaza, et j’avoue que je suis terrifiée pour tout ce qui peut arriver, non au Liban – qui en a vu d’autres – mais aux deux belligérants qui, tous deux, l’ont combattu et ruiné.
Les Israéliens, en effet, ne réalisent pas que leur situation est bien plus compliquée que lors de la précédente guerre de Kippour (1973). Ils étaient alors plus motivés, ils étaient plus unis, ils croyaient en eux-mêmes, et les Américains étaient une grande puissance capable de les aider avec un pont aérien. Elle avait l’argent et les armes. Ce n’est plus le cas.
Malgré cette aide, les Israéliens n’ont alors gagné que de justesse. Or cette seconde guerre de Kippour se passe sur leur territoire; et les Palestiniens sont tellement plus forts parce que djihadistes et épaulés par l’Iran et les milices qu’il a entraînées au Liban, en Irak et au Yémen; et les Américains sont au bord de la crise financière (qui, quand elle éclatera, sera mille fois pire que celle du Liban); et ils ont vidé leur arsenal en faveur de l’Ukraine et n’en ont plus guère; et les Israéliens sont au bord de la guerre civile.
Ils ont réussi le prodige d’unir les sunnites et les chiites contre eux. Songez que l’Iran et le Hezbollah défendent le Hamas qui soumet les Palestiniens à une dictature impitoyable et s’approprie les dons qui devraient leur revenir. Et qui, il y a quelques années seulement, trahissait le régime syrien et le Hezbollah et prenait le parti de Daesh contre eux !
Et une fois que le Hamas aura gagné grâce au Hezbollah, croyez-vous qu’il ne se retournera pas contre ce dernier et contre les alaouites syriens, et ultimement, contre l’Iran?
Bien sûr qu’il le fera. L’ouléma médiéval Ibn Taymiyya est le mentor des Frères Musulmans dont le Hamas est la principale branche palestinienne. Or Ibn Taymiyya a décrété le génocide des chiites et des alaouites, bien plus que des juifs.
Il y a deux commandements de Moïse qui sont peu connus chez les chrétiens, et même chez les juifs. Les voici: “Aime ton prochain comme toi-même”, et “Aime l’étranger comme toi-même”.
Et c’est dommage, car ils sont la clé du bonheur. En effet, on est heureux quand l’autre nous traite aussi bien que lui-même. Et il est heureux si nous le traitons de même.
Je ne pense pas que cette loi universelle puisse avoir moins de valeur à l’échelle des nations, qu’à l’échelle individuelle.
Même durant la guerre.
Il est inévitable qu’une armée se défende quand elle a été attaquée. En 2007, l’armée libanaise a eu face à elle des terroristes islamistes palestiniens du genre du Hamas et des Brigades al-Qassam: le Fatah el-Islam, issu du Fatah el-Intifada, lui-même issu du Fatah d’Arafat.
Et la bataille a eu lieu à cause de l’égorgement, dans leur sommeil, de 20 soldats de l’armée libanaise.
Certes, l’armée libanaise a, dans cette bataille, utilisé ce qu’elle possédait en matière d’artillerie. Elle a frappé dur, et fort. Mais auparavant, elle avait mis une semaine à évacuer les civils de l’ennemi qui n’avaient pas pu – ou voulu – sortir. Toute la journée, durant une semaine, les camions de l’armée libanaise ont fait la navette pour évacuer les civils. Jusqu’aux femmes de Chaker el-Absi, chef du Fatah el-Islam, portées en piaillant par les soldats libanais qui refusaient de commencer la bataille tant qu’ils ne les avaient pas mises à l’abri.
Cette évacuation des civils de l’ennemi a coûté à l’armée libanaise deux martyrs et plusieurs blessés, ces opérations l’ayant mise durant une semaine en position de vulnérabilité, les islamistes tirant sur elle comme sur les civils palestiniens.
C’est parce qu’elle s’est faite après l’évacuation des civils que la bataille de Nahr el-Bared a été une victoire libanaise non seulement sur le plan militaire, comme sur le plan éthique et moral.
L’armée qui n’épargne pas les civils de l’ennemi est tôt ou tard condamnée par ses propres compatriotes et par sa conscience. Et une fois que le moral est perdu, la guerre est perdue, même quand elle a été gagnée sur le terrain.
On ne peut pas défendre le carnage. On ne peut pas le justifier au nom de ses propres intérêts, car en écrasant l’ennemi, en lui tuant beaucoup de civils qu’on aurait pu épargner parce qu’on veut avoir le moins de pertes possible, on en arrive à se haïr soi-même.
Ceci, quand on est humain. Et il y a toujours, dans un recoin de nos cœurs les plus endurcis, quelque part, quelque chose qui nous pousse à haïr le meurtre.
Le Hamas a appelé à une solidarité internationale et à un djihad le 13 octobre 2013. Le 13 donc, à Arras (nord-ouest de la France), un islamiste ingouche est entré dans son ancien lycée, et il a poignardé un professeur d’histoire, Dominique Bernard, et égorgé un professeur de sport, David Verhaeghe.
Le professeur Bernard est mort en tentant de protéger des lycéens. Le professeur Verhaeghe a été égorgé en tentant aussi de protéger des lycéens, mais il a heureusement survécu.
Suite à ces attentats, et à plusieurs alertes à la bombe qui ont abouti à l’évacuation du Louvre et de Versailles, un internaute a commis le commentaire ci-dessus concernant le Liban.
Je lui ai fait la réponse suivante:
“Monsieur, on ne sert pas la France en insultant le Liban. Et renseignez-vous avant de parler.
1-Il n’y a pas de tels attentats au Liban. Il y en avait sous l’occupation des Syriens et des Palestiniens, parce que ce sont eux qui les commettaient. Eux et ceux qu’ils payaient. Vous n’étiez pas renseignés, c’est vrai. Car depuis Giscard, la politique de la France au Levant est islamiste par crainte d’un nouveau choc pétrolier, et parce que lui et ses successeurs ont fait de la France un pays marchand d’armes. Et comme les Arabes ne donnent rien pour rien, ils achètent ces contrats avec des clauses sous la table, qui impliquent le soutien à leur politique au Moyen-Orient. En d’autres termes, le silence quand ceux qu’ils financent tuent. D’où la fable que la guerre au Liban était civile et religieuse.
En 1989, au nom de cette même politique arabe, la France a accepté de livrer le Liban à la Syrie en reconnaissant une constitution faite en Arabie Saoudite et achetée avec l’argent saoudien, à des députés élus par la génération précédente en 1972. Cette constitution était refusée par la majorité absolue au Liban, toutes communautés confondues, entre autres, parce qu’elle légalise l’occupation syrienne du Liban. Et prive les chrétiens de leur droit à gouverner en tant que majorité. (Car ils sont encore majoritaires, puisque la Constitution ne prive pas les Libanais non résidents de leur nationalité.) Elle les prive en fait de leur droit de participer au gouvernement du pays.
En quoi tout ceci ressemble à la situation en France?
2-Le Liban n’a pas fait entrer les 2 millions de migrants syriens volontairement, et il ne les a pas encouragés à venir. Ainsi, il ne leur donne pas la nationalité libanaise, il ne la donne pas à leurs enfants, il ne leur donne pas de protection inaliénable s’ils sont entrés petits dans son territoire, et il ne les favorise pas par des allocations. Comme il n’y a pas de droit du sol au Liban, les migrants syriens partiront comme ils sont venus, dès que le flux de cet argent européen et américain cessera.
Mais vous, pouvez-vous dire la même chose de ceux auxquels vous avez donné la nationalité française?
3-Les gouvernements américains et européens violent la souveraineté libanaise en payant les migrants syriens au Liban avec des dollars, alors qu’ils ne les paient pas s’ils rentrent en Syrie. N’est-ce pas injuste envers les autres Syriens, de payer ceux qui les ont quittés pour les empêcher de revenir les aider ? Vous trouvez bon que ces migrants soient dans des camps alors qu’ils ont chez eux des maisons en dur, des champs et des amis? Vous ne pensez pas que leur pays a besoin d’eux pour se reconstruire? Vous ne pensez pas que leur armée a besoin d’eux pour pouvoir résister au terrorisme islamique qui est présent en Syrie et qui, en cas de succès, ne manquera pas de frapper la France?
Si vous connaissiez l’Histoire, vous n’attaqueriez pas le Liban. Car il est formé des restes résistants de tous les pays chrétiens de la région. Ces pays qui vous ont donné votre religion, car ils étaient chrétiens bien avant la France. C’est bien parce qu’il est composé de ces ilots de fidélité que le Liban est encore debout. Si cela ne se voit pas, c’est que sous les coups, le Liban est mort. Mais historiquement, il ressuscite toujours très vite, et les signes montrent que ce sera bientôt.
D’ailleurs, oubliez la démographie: au Liban, on est fier d’être chrétien, et les musulmans nous respectent. Dans ce climat, beaucoup de musulmans au Liban se convertissent. Dans la Békaa, un seul prêtre en a baptisé plusieurs centaines.
Est-ce qu’on est fier d’être chrétien en France? Est-ce qu’on y est respecté par la majorité des musulmans?
Il est hypocrite — et dangereux — de dissocier l’ensemble de la personnalité de quelqu’un, de ses écrits. C’est ainsi, pourtant, que les modérateurs de Facebook reçoivent l’ordre de supprimer un post ou un article comme soutenant une organisation terroriste.
Si c’est vrai, leur devoir est de dénoncer le délinquant à la police. Car personne ne peut mettre un post prouvant qu’il soutient une organisation terroriste, s’il ne soutient pas lui-même une organisation terroriste. Les écrits, les publications sur les réseaux sociaux, ne sont en effet pas séparables du reste des publications. Ce n’est pas l’article ou la photo qui soutient Daesh, c’est la personne qui les a mis. Inversement, si la personne combat Daesh, on ne peut pas prétendre qu’elle soutient Daesh sous prétexte qu’elle a utilisé une capture d’écran d’un communiqué ou d’un poster de Daesh. C’est de la diffamation, et cela meyt sa vie en danger.
Facebook a recruté des dizaines de milliers de modérateurs qu’il paie très peu. Mais apparemment, il les prend pour des supermen capables de lire et de comprendre une analyse de la stratégie de Daesh qui fait plus d’une page, en une minute et demie, et d’y déceler “les contenus qui vont être viralisés et qui vont avoir un impact important dans la haine et la diffusion de cette haine”.
Ce serait très beau si c’était vrai. En réalité, ils fichent des gens terroristes, tout en laissant courir les vrais terroristes comme l’étudiant pakistanais Ali Hassan Rajput (pseudonyme “C’est la Rana” qui rua à coups de couteau son professeur en décembre 2018, en criant: “Allahou Akbar!” Mais visiblement, Ali Hassan Rajput bénéficiait des faveurs des modérateurs de Facebook, car voici ce qu’on pouvait voir sur sa page, après qu’une fuite ait permis de connaître son pseudonyme:
Ali Hassan Rajput avait, si je me souviens bien, un peu plus de deux cents amis Facebook. Parmi eux, il devait bien y avoir des Pakistanais vivant en France, et qu’il pouvait rencontrer à la mosquée ou au Pôle universitaire Léonard de Vinci à Nanterre, où il faisait des études de management. Il avait en tout cas des contacts islamistes palestiniens dont il partageait souvent les posts. Lui et ses contacts s’encourageaient mutuellement à la haine des juifs, postant des photos d’Hitler, niant le génocide des juifs, ou au contraire, appelant à le recommencer. En partageant le photomontage ci-dessus, il écrit: “Tuer les juifs comme Hitler. Ils ne peuvent pas vivre comme des êtres humains parce qu’ils sont des cafards”.
Dans un autre poster, il assimile Israël à un rat parmi les nations (ici). Allusion à ce qu’on lui a enseigné, à savoir que les rats auraient été autrefois des juifs:
Ali Hassan Rajput appelait aussi au génocide des chrétiens. Il vit une vidéo vantant les massacres commis par les califes, et intitulée “Pourquoi les musulmans ont menacé les Arabes pour qu’ils se convertissent à l’islam”. Il la partagea le 21 novembre 2018, avec le commentaire suivant : “Les musulmans ont le droit d’élever la voix de la Vérité, de Prêcher et même de Tuer les non-croyants qui sont contre l’ ‘ISLAM’ et courent après la ‘Religion Chrétienne’.” (Capture d’écran ci-dessous)
Elever la voix et tuer les adeptes de la religion chrétienne? C’est Asia Bibi, ou encore, Geert Wilders, le politicien néerlandais qui a lancé un concours de caricatures de Mahomet. En postant un photomontage horrible (ici), il appela à “pendre le maloon (maudit) Geert Wilders”, et promit, si cela n’arrivait pas, “beaucoup de meurtres d’humains” dans toute l’Europe. Car, écrit-il, Geert Wilders a “provoqué les émotions des musulmans en ‘célébrant’ le concours de caricatures de notre Saint Prophète Hazrat [le seigneur] Mahomet, ce qui amènera beaucoup de meurtres d’humains dans toute l’Europe. “L’Italie, l’Espagne, la France, la Hollande, l’Amérique et Israël participent au crime, et se soutiennent mutuellement.”
Le concours de caricatures de Geert Wilders n’eut finalement pas lieu, car le député l’annula. En revanche, Rajput affirme que son ex-professeur d’anglais, John Dowling, avait fait une caricature de Mahomet et l’avait montrée en classe. Dans son Pakistan natal, chacun de ces deux crimes mérite la mort.
Il décida d’appliquer la loi pakistanaise en France, en exécutant lui-même son professeur, appliquant une partie de la menace qu’il avait écrite dans le post de Geert Wilders.
Le mercredi 5 décembre 2018, il acheta un couteau de cuisine dans un supermarché et alla attendre John Dowling au campus de l’université vers midi. Quand celui-ci sortit, il demanda à lui parler en privé. Ils échangèrent quelques mots, et soudain, Rajput se jeta sur le professeur et le larda de plus de vingt coups en criant: “Allahou Akbar!“.
Dans cette scène de furie, Ali Hassan Rajput dut perdre tout contact avec la réalité. Il fut maîtrisé et désarmé par des étudiants, dont le premier ne se souvient pas de ce qu’il a fait sur le moment, tant l’émotion était forte.
Mais il était trop tard: le professeur était mort. Ali Hassan Rajput se laissa menotter. Sa furie était partie: il était calme ne disait plus rien. Il pensait probablement qu’il aurait la même gloire que les tueurs des journalistes de Charlie Hebdo dans les milieux islamistes. La même gloire, surtout, que Mumtaz Qadri qui, au Pakistan, avait tué le gouverneur du Pendjab parce qu’il avait dit que la loi anti-blasphème était une “loi noire”. Ce crime avait fait de Qadri l’homme le plus admiré du pays, surtout depuis sa mort. Pour le libérer, Khadim Rizvi, que Rajput soutenait, avait mis le pays à feu et à sang.
Encore eût-il fallu que l’État français reconnaisse que le meurtre du Pôle Léonard de Vinci était identique à celui de Charlie-Hebdo, du moins sur le plan du mobile. Alors, oui, Khadim Rizvi aurait pu faire d’Ali Hassan Rajput une victime de l’Etat français.
Mais la procureure Catherine Denis refusa de croire à cette histoire de caricature de Mahomet. Elle déclara à la presse qu’Ali Hassan Rajput n’avait pas d’antécédents de radicalisation, et qu’il était en fait dépité parce qu’il avait été renvoyé de l’université. En d’autres termes, il mentait.
Le portable d’Ali Hassan Rajput fut confisqué, et sa page Facebook épluchée par la police judiciaire. Il y eut des fuites. Un journaliste fit part des préoccupations des policiers face au contenu de cette page. Un article donna l’alerte et publia le pseudonyme FB du tueur et de très nombreuses captures d’écran, le 8 décembre 2018. Cela me permit de trouver l’adresse FB d’Ali Hassan Rajput et de commencer à éplucher sa page, comme firent d’ailleurs beaucoup d’autres internautes.
Le lendemain, les mêmes captures ou photos, et d’autres plus violentes, furent publiées sur ce site et sur Twitter.
Nous avons été des milliers à avoir consulté ces trois pages, et à être allés consulter la page Facebook du tueur — restée ouverte durant quelques jours. Ainsi avons-nous tous vérifié la véracité des captures d’écran qu’elles avaient publiées. Ceci, ajouté au fait que la police judiciaire possède ses propres captures d’écran prises pour les besoins de l’enquête.
En ce qui me concerne, je suis même allée plus loin que la moyenne des internautes français, puisque je peux me débrouiller un peu en ourdou: j’ai visionné les vidéos et exploré les pages des correspondants d’Ali Hassan Rajput, qui m’ont beaucoup appris en matière d’islamisme, tant palestinien que pakistanais. Malheureusement, le sujet, qui aurait dû causer un scandale national, a peu intéressé le monde politico-médiatique de l’époque, comme il en a été de l’assassinat de Sarah Halimi, un an plus tôt, et probablement pour les mêmes raisons. Contrairement au tueur de cette dernière, cependant, Ali Hassan Rajput prouvait sa radicalisation par ses publications.
Dans un poster où il montre la secte barelvie comme un géant terrassant un lion, il écrit: “Les anges peuvent prêcher et défier leur pays, vivant sur la Vérité, là où le but sacré devient le JIHAD, “combat pour la stabilité de la paix [le dar es-silm]”, combattant contre des Démons comme Israël, l’Amérique, la France et les hypocrites de La Mecque qui sont parmi nous.”
Dans un autre poster, un jeune homme, portant un tee-shirt de l’organisation djihadiste barelvie Pakistan Sunni Tehreek, a égorgé Asia Bibi dont la gorge et les yeux ruissèlent de sang (ici).
Si Facebook avait dénoncé cet homme, on aurait pu sauver la vie de son professeur. Il avait justement partagé, le 22 novembre 2018, un appel à “la destruction totale du règne de l’homme blanc”, avec la photo de Mumtaz Qadri en colère. Celui-ci avait trahi le gouverneur du Pendjab dont il avait la garde, et il l’avait tué parce que celui-ci avait défendu Asia Bibi et parlé de modifier la loi anti-blasphème :
Pour en revenir au poster de Geert Wilders (ici), on remarque qu’à part sa bouche et sa pommette déformée par le tournevis, rien de l’ossature, de la plantation des cheveux et de la forme du crâne, des oreilles — bref, tous ces détails auxquels se reconnaît un visage — n’ont été modifiés. Si les algorithmes de Facebook qui reconnaissent un morceau de visage dans un portrait de groupe de 20 personnes — ne se sont pas mis en branle, et n’ont pas signalé le visage de Geert Wilders ainsi transpercé à l’époque où pleuvaient les menaces de mort sur ce politicien néerlandais… c’est qu’ils ont dû être mis en sourdine concernant la page d’Ali Hassan Rajput et de ses amis… vu le nombre d’autres posts violents qu’elle contenait: photos d’Hitler humiliant les juifs présentés comme un démon (ici), mépris du génocide des juifs (ici), appels au massacres, appels au djihad, etc.
En même temps, mon article mettant en garde contre ce genre de documents a été interdit par Facebook, alors même que circulaient, sur le même réseau parisien, les posts d’Ali Hassan Rajput appelant au crime.
Je ne puis conclure qu’une chose: Ali Hassan Rajput plaisait aux modérateurs marocains de Facebook, et moi qui mets en garde contre Daesh, je leur déplaisais.
A supposer qu’Ali Hassan Rajput ait inventé cette histoire de caricature de Mahomet montrée en classe, le problème reste le même. Car ce qui est grave n’est pas que cette caricature ait, ou n’ait pas été faite et montrée par le professeur d’anglais (la loi française ne le lui interdit pas en France), mais le fait qu’en France, on ait pu invoquer une caricature pour justifier un meurtre, et que la justice ait nié au lieu de relever un tel argument.
Pourquoi le gouvernement français, qui a épluché le compte d’Ali Hassan Rajput, n’a-t-il pas fait son devoir et demandé des comptes à Facebook au nom de la victime, John Dowling? C’était son devoir de le faire. Dans ce cas, Zuckerberg aurait été obligé de faire le nettoyage parmi ses modérateurs, pour voir lequel était le criminel qui avait bloqué les algorithmes quand il s’agissait d’appels au meurtre comme ceux d’Ali Hassan Rajput, ou censurait les lanceurs d’alerte. Car nous sommes en face de djihadistes cachés dans le noir, les uns pour lancer ces appels avec assez d’habileté pour pouvoir être défendus… les autres pour les laisser passer et bloquer ceux des lanceurs d’alerte. Et si Facebook, pour une fois, punissait un de ses modérateurs daéchiens, les autres apprendraient la leçon, et nous aurions moins de censure stupide du genre “fermer une page en une minute et demi”, dont se vante le DG de Facebook France, Laurent Solly:
Ce n’est pas sa faute, c’est la faute de son patron qui a décidé de mettre entre la main d’ignares, les données personnelles des gens, et de leur donner le droit de laisser parler des criminels, tout en faisant taire des lanceurs d’alerte. C’est évident qu’on trouvera davantage de pro-Daesh au Maroc qu’en Suisse, et que si on décide de payer les modérateurs au minimum, on va obligatoirement sous-traiter la modération des réseaux sociaux français, dans les pays où Daesh a réussi à se faire de la popularité.
Combien de fois on a trouvé sur Facebook des posts criminels? J’en ai cité plus haut concernant Ali Hassan Rajput, mais il y en a d’innombrables encore aujourd’hui, et la haine qu’ils suscitent explique qu’un Petitjean, jeune homme altruiste, soit devenu l’assassin d’un autre altruiste, l’abbé Hamel, parce que ce dernier était chrétien.
Est-il possible de se taire encore et de faire mourir, par notre silence, des personnes plus vulnérables que nous à cause de leur religion, de leur isolement, de leur âge ou de leurs manières?
La France est un État puissant. Puisqu’on a découvert dans le Facebook d’Ali Hassan Rajput des posts appelant à la haine, et facilement décelables par les intelligences artificielles, elle a la possibilité et le devoir de causer un scandale d’échelle internationale, obligeant Facebook à payer des réparations assez élevées pour être dissuasives. Des réparations dont une partie irait à la famille de la victime, et le reste, au contre-terrorisme.
Mark Zuckerberg possède, d’après Forbes, 62,3 milliards de dollars, tout cela gagné par le biais des publicités qu’il impose à ses utilisateurs, sans compter la vente d’informations à Google et à d’autres. Facebook n’est pas gratuit: nous payons son utilisation en subissant ses publicités, ou parfois, en les payant. Nous avons donc droit à ce que le patron de Facebook soit un peu moins pingre avec le paiement des modérateurs… et avec leur choix. Or ce qui arrive, c’est qu’il est en train de s’enrichir de façon démesurée, si l’on tient compte des salaires qu’il paie aux modérateurs. Comment peut-on faire modérer des Français par des gens d’un autre pays, qui ont appris parfois à penser exactement le contraire de ce qu’ils pensent?
Est-ce que Zuckerberg lui-même gagne à posséder une quantité d’argent qu’il n’aura jamais le temps de dépenser dans sa vie? Non, bien sûr. Alors pourquoi est-il tellement pingre avec les petits modérateurs qu’il paie un ou deux euros l’heure et recrute dans des pays où c’est possible, pour contrôler les données privées des gens? Et comme il ne fait pas surveiller ces modérateurs, il s’en trouve parmi eux des djihadistes qui aident certaines pages Facebook à transmettre le crime en les autorisant à publier des horreurs… tout en censurant les lanceurs d’alerte qui les empêcheraient de tuer? Pire: ils les traitent de soutiens d’organisations terroristes pour pouvoir justifier leur blocage.
Si la France exigeait de telles réparations à Zuckerberg chaque fois que le Facebook d’un tueur révèle des appels à la haine qui n’ont pas été supprimés et dénoncés à la police française, il consacrerait à la modération une somme proportionelle à celle qu’il tire des publicités et des ventes d’informations, et Facebook serait, comme il dit, “un endroit sûr”.
C’est pour cela que je me bats. Car franchement, je suis tellement mieux sans Facebook. Mais le travail que j’y faisais, mes analyses quasi quotidiennes auraient pu sauver des vies. C’est pourquoi on les a supprimées. Dans les pays totalitaires où Facebook recrute ses modérateurs, la censure ne frappe pas les vauriens.
Lina Murr Nehmé, le 23 février 2020. Modifié le 12 mars.
Le chef de la Ligue Islamique Mondiale, Mohammed al-Issa, est pris d’une telle frénésie d’amour pour les chrétiens de France, qu’il est presque venu fêter Noël sur la tombe de l’abbé Jacques Hamel, victime de l’islamisme. Et le diocèse de Rennes s’en vante!
Al-Issa a même reçu avec un air contemplatif se voulant béat, la flamme venue de la grotte de la Nativité à Bethléhem. Mgr Lebrun la lui a passée, et il a eu un petit sourire indulgent, assis et tenant la lanterne du boit des doigts.
Franchement, Mohammed al-Issa, vous n’aviez pas besoin d’en faire autant: Bethlehem est bien plus près quand on y va directement, sans passer par Rennes.
Vous pouvez vous moquer des gens simples, monsieur al-Issa. Pas de moi. J’ai lu votre thèse de doctorat. D’après vous, il est possible de différer le djihad si les mécréants sont en position de force. Mais le djihad contre eux doit être fait un jour ou l’autre.
Avez-vous dit cela à l’évêque de Rennes quand il vous a tendu la flamme venue de Bethlehem, et que vous l’avez transportée ensemble avec les honneurs? Lui avez-vous dit que vous veniez un peu en explorateur, avec l’idée de revenir un jour en conquérant? Vous avez dû le penser si vous étiez conséquent avec vous-même, puisque vous n’avez jamais renié votre livre sur les possibilités de retarder une obligation de la charia. Retarder la prière, retarder le djihad, ou retarder… l’exécution du musulman apostat.
Vous n’avez pas non plus renié vos assassinats commis contre des mécréants quand vous étiez ministre saoudien de la Justice. Si vous n’acceptiez pas ces crimes contre la liberté d’opinion, comme vous le claironnez presque quotidiennement, monsieur al-Issa, pourquoi n’avez-pas démissionné de votre poste pour vous désolidariser des crimes qu’on vous faisait commettre? Vous n’avez pas démissionné, vos mains sont pleines de sang. Les prélats, les rabbins, pourtant, et le président de la Fondation de France, M. Ghaleb Bencheikh, vous ont serré la main droite, celle avec laquelle vous avez signé tant d’arrêts de mort.
Vous cherchez à nous convaincre que votre visite sur la tombe de l’abbé Jacques Hamel, et celle que vous vous proposez de faire à Auchwitz, ne sont pas de la pure hypocrisie. Mais les paroles ne servent à rien. Il nous faut des actes. Vos actes, en tant que ministre de la Justice, ce sont plus de 500 morts et des centaines de personnes fouettées. Vos actes, en tant que chef de la Ligue Islamique Mondiale, c’est le financement du terrorisme … “à titre de djihad”.
Vous ne pouvez démentir ces actes, qu’avec des actes contraires. Puisque vous êtes si fort auprès des dirigeants de votre pays, que vous puissiez leur faire payer le voyage et le séjour de “1200 muftis et savants de la Oumma venus des 139 pays”, pour signer votre “Charte de La Mecque”, c’est que vous pouvez obtenir que la Ligue Islamique mondiale finance un peu moins de mosquées à l’étranger et un peu plus d’églises et de synagogues en Arabie Saoudite. Il faudrait le faire, rien que pour ne pas ridiculiser votre Charte de La Mecque: vous y appelez à “œuvrer à équilibrer la vie commune entre toutes les composantes religieuses, ethniques et culturelles de la planète ; appeler les dirigeants du monde, les organisations internationales à ne pas faire de différence en ce qui concerne l’aide politique, économique ou humanitaire, tout comme ce qui a trait au secours, à la protection ou au développement, et ce pour quelque raison que ce soit, la religion, l’ethnie ou autre” (art. 21).
Il serait urgent, monsieur al-Issa, de commencer par convaincre votre propre pays d’appliquer cette charte. Qu’il cesse de financer des organisations terroristes et consacre l’argent ainsi économisé à réparer tout le tort qu’il a fait dans d’innombrables pays, soit en y finançant le terrorisme, soit en y finançant la littérature qui fabrique les terroristes. Supprimez les organisations terroristes de la Ligue Islamique Mondiale, notamment la International Islamic Relief Organization (IIHO). Ouvrez des églises et des mosquées en Arabie Saoudite. Ouvrez-en autant que vous avez ouvert de mosquées dans les pays chrétiens ou animistes. Vous pourrez les visiter, ce sera bien plus près de chez vous.
Et réhabilitez vos propres victimes. Allez sur leurs tombes au lieu d’aller sur celle des victimes des autres. Car ce sont les livres que vous distribuez qui ont transformé Petitjean, jeune homme bon et altruiste, en assassin, et il a tué l’abbé Hamel. Il a fait le djihad qu’il est, d’après votre livre, obligatoire à un musulman de faire contre les mécréants, même si, comme l’abbé Hamel, ils n’ont fait que du bien aux musulmans.
Charité bien ordonnée commence par soi-même. Lancez vos paroles aimables à vos compatriotes avant de venir les lancer aux Français et autres Européens. Si vous respectez vraiment la liberté d’expression, libérez Raif Badawi, que vous avez fait emprisonner et fouetter pour crime d’athéisme. Et demandez pardon aux familles des personnes que vous avez fait décapiter (500 au moins), le plus souvent pour cause de liberté morale. Et à toutes les victimes de votre fouet et de votre prison, si elles sont encore vivantes.
Tous ces châtiments, monsieur al-Issa, ont été infligés au nom de ce que vous avez écrit dans votre thèse de doctorat, selon laquelle il est possible de différer le djihad si les mécréants sont en position de force… Or c’est le cas des Français. Est-ce pour cela que vous cherchez à caresser leurs religieux dans le sens du poil, alors que vos compatriotes qui s’écartent de la voie d’Allah, vous les fouettez? Comment un évêque ou un rabbin peut-il trouver normal de vous serrer la main et de vous introduire dans des palais ou des lieux de culte français avant que vous ayez réparé le tort fait à vos victimes?
Vous pourriez me répondre que je devrais poser cette question aux homme de religion concernés. Et vous auriez raison: ce n’est pas votre faute s’ils vous croient.