Archives de catégorie : L’Islamisme et les femmes
Fascisme du deux poids, deux mesures
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Il est devenu routinier de se focaliser sur un seul attentat, taisant des centaines d’autres. Il y a quelques années, en France, ces tags sur un mur d’enceinte de mosquée à Toul (voir photo ci-dessus), ont davantage scandalisé que la lapidation, à deux cents mètres de là, d’un prêtre et de son église (appelés “caillassage” alors que des parpaings avaient été lancés dans l’appartement du prêtre pendant qu’il s’y trouvait), et le drapeau noir islamique hissé sur cette église. Une semaine après les tags, on parla à peine de l’assassinat d’un jeune Français Noir et chrétien qui avait accouru au secours d’un autre Français qui défendait son amie insultée. (Lire les trois histoires dans mon livre L’Islamisme et les femmes.)
Ce “deux
poids deux mesures” se fait soit selon l’identité du tueur ou du
délinquant, soit selon celle de la victime. Il y a quelque chose de
maladif dans cette sélection. C’est comme si l’on voulait priver une
personne de sa valeur humaine en fonction de sa religion, et interdire
de la comptabiliser parmi les victimes, si elle est attaquée ou tuée.
C’est là que se trouve le véritable fascisme de nos jours, car cette partialité dans l’information imite strictement ce qu’on faisait en Allemagne hitlérienne.
Lina Murr Nehmé, 24 mars 2019
Sarah Halimi : L’assassin et les textes
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Sarah Halimi, retraitée juive, a été assassinée en 2017 par son
voisin Kobili Traoré qui récitait le Coran et des «Allahou Akbar». Au
début, silence complet sur l’acte terroriste: l’assassin est prétendu
irresponsable au moment du crime.
Sarah Halimi était femme et
perçue comme étrangère par ses voisins musulmans, à cause de la
propagande qui se diffusait dans la mosquée voisine. 40 pages de mon
livre L’islamisme et les Femmes parlent de cette mosquée, de ses tenants, de son influence
sur le quartier, de Kobili Traoré, de ce qu’il avait appris dans cette
mosquée et dans les sermons et entretiens des tablighis qui la tenaient;
et enfin, décrivent le meurtre et expliquent le sens religieux des
paroles de Kobili Traoré au regard de l’enseignement qu’il avait reçu;
la croyance au djinn, à la roqya, opération violente d’expulsion du
djinn, etc., l’assassinat de Sarah Halimi ressemblant à une roqya. Et
enfin, comprendre ses paroles à la lumière des textes qu’il révérait,
notamment dans leurs passages concernant les juifs.
S’être donnée tant de mal, et apprendre, pour finir, que c’est pour
rien, et que Kobili Traoré pourrait être déclaré pénalement
irresponsable?
Non seulement c’est une injustice (car si Sarah
Halimi avait été une musulmane tuée par un juif au son de phrases du
Talmud, il n’y aurait pas eu ce silence), mais il y plus grave, bien
plus grave: le risque que cette déculpabilisation amène une répétition
de cette tragédie.
Car les candidats au meurtre religieux connaissent parfaitement les textes que j’ai épluchés dans L’islamisme et les Femmes, et que la justice française se refuse à prendre en considération.
En voyant la justice française, et ceux qui l’ont influencée, passer
outre ces textes pour faire de l’effet de la drogue une “circonstance
atténuante”, ils comprennent qu’il leur suffira de fumer du cannabis et
d’aller tuer des juives ou des chrétiennes pour qu’on puisse dire qu’ils
sont irresponsables.
Pour conclure, je cite Anne-Sophie Chazaud à
laquelle il “semblait pourtant que «assassin» venait de l’arabe
«Hashīshiyyīn», qui fume du haschisch… Et curieusement, d’habitude, la
prise de stupéfiants ou d’alcool, est précisément considérée comme une
circonstance aggravante du crime. Subitement, cela devient un quitus.
Elle est pas belle la vie ?” conclut-elle avec une ironie noire.
Non, elle n’est pas belle, la vie. Elle est de plus en plus horrible. On
va jusqu’à encourager la drogue en dépénalisant l’assassin de Sarah
Halimi sous prétexte qu’il était drogué.
Pourtant, la drogue n’abolit pas l’antisémitisme du meurtre de Sarah Halimi. (Cf le livre précité.) Les candidats au meurtre religieux savent parfaitement que l’assassinat de Sarah Halimi était antisémite. Et que la justice française n’a pu dire le contraire, sauf en passant outre l’existence de données sociologiques et religieuses de premier plan.
Lina Murr Nehmé, 21 mars 2019
Une rébellion en forme de soumission
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Drôle, cette phrase illustrée par une fille avec un gros rouge à
lèvres, des lèvres sortantes et grosses, des sourcils épilés, et des
yeux maquillés. En quoi change-t-on les règles si on se peint pour
suivre les règles de la mode ?
J’y vois au contraire le summum de la soumission: soumission aux règles concernant le maquillage, et soumission aux règles concernant le hijab. Et soumission aux règles de l’argent: elle fait de sa tête une pancarte publicitaire pour Nike. Sachant que dans sa langue, le mot نيك veut dire ce qu’il veut dire.
Lina Murr Nehmé, 4 mars 2019
De l’ingratitude
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Ingratitude
En décembre, on a beaucoup parlé de ces Afghans
auxiliaires de l’armée française (souvent, des interprètes), qui
demandaient à venir en France. Contrairement aux Afghans de Calais et de
La Chapelle-Pajol, ils sont menacés de mort à tout instant pour avoir
aidé la France contre les terroristes d’al-Qaïda et les Talibans, dont
on sait comment ils traitent une femme qui n’a pas mis le voile, ou un
homme qui s’est rasé le menton.
Il est tout de même scandaleux que l’on
passe tout ce temps à palabrer, et que l’on soit si frileux à leur
égard, alors qu’il suffirait de faire un transfert, et de leur donner la
place d’autres “migrants”, qu’on loge dans des hôtels. Or il a fallu
que l’affaire arrive jusqu’au Conseil d’Etat pour qu’un Afghan, déjà
blessé et recevant des menaces quotidiennes, obtienne un visa pour la
France.
Ce n’est pas le genre de la France, d’abandonner ses alliés.
Le pire est qu’en même temps, on n’a pas hésité à admettre sur le sol
français des centaines de milliers de migrants désignés par l’Union
Européenne, sachant que la plupart d’entre eux ne désirent pas vivre en
France, loin de là. Ils savent simplement qu’il y des allocations
familiales à gagner.
Ecoutez-les, ils vous le diront, s’ils se sentent en confiance. “Un Algérien en France, me disait l’un d’eux, c’est un puits de pétrole en Algérie.” Je lui ai demandé de m’expliquer ce que cela voulait dire. Et il m’a raconté tous les avantages financiers dont un Algérien bénéficiait en France, et la manne qu’il envoyait à sa famille. Heureusement, celui-là n’était pas ingrat à l’égard de la France. “Je ne comprends pas mes compatriotes, me dit-il, ils ne font que médire de la France. Si elle ne leur plaît pas, pourquoi ne retournent-ils pas au bled ?”
Lina Murr Nehmé, 2 mars 2019
Tariq Ramadan: le viol, les femmes et le Prophète (Causeur)
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Tariq Ramadan a été fortement affaibli par l’impact de ses affaires privées. En même temps, on a laissé son enseignement intact. N’importe lequel de ses bons élèves, pour peu qu’il ait un soutien financier et soit prudent dans sa vie personnelle, pourra le remplacer en enseignant la même chose.
Quiconque travaille en profondeur sur les livres de Tariq Ramadan, sait qu’on ne peut pas comprendre son message sans tenir compte de ce que disent les livres sacrés dont il parle, et auxquels il se réfère sans cesse. L’histoire que je vais raconter date de février 2009. Elle montre comment Tariq Ramadan, rien qu’en manipulant des mots, parvient à dire à chacun ce qu’il veut entendre, et à empêcher la discussion quand elle l’embarrasse.
Tariq Ramadan, le défilement permanent
En marge d’une conférence que Tariq Ramadan donnait avec l’islamologue Dominique Urvoy à l’Institut du Monde arabe (IMA) à Paris, je demandai la parole et dis :
— J’ai lu vos livres, Monsieur Ramadan. Vous dites qu’il faut suivre le Coran et la Sunna.
— C’est vrai.
— Eh bien, le Coran dit : « Couchez1 avec
autant de femmes que vous voudrez, deux, trois, quatre, et si vous
craignez de ne pas être équitables, alors, avec une seule ou avec ce que
possèdent vos mains droites », c’est-à-dire les esclaves. Et d’après le hadith, Mahomet a couché avec une petite fille, Aïcha, qui avait neuf ans.
— Votre question, Madame ?, dit le modérateur.
— Ma question est : faut-il faire ces choses ?
Tariq Ramadan se trouvait en France : il ne pouvait pas dire qu’il fallait épouser plusieurs femmes, coucher avec des petites filles, transformer les prisonnières de guerre en esclaves et les violer.
Il ne dit donc pas qu’il ne fallait pas faire ces actions. Il fit une réponse hors sujet :
— C’est vrai qu’il y avait des esclaves, mais autrefois, il y avait de l’esclavage partout. Mais les mœurs ont changé. Aujourd’hui, l’esclavage n’existe plus.
Tariq Ramadan s’abolit de l’esclavage
Tariq Ramadan ne disait pas la vérité. L’esclavage existait à cette époque, et l’homme qui le pratiquait de la façon la plus horrible était le dictateur soudanais Hassan Tourabi. Bien avant Boko Haram et Daech, Tourabi avait utilisé l’esclavagisme comme arme durant la guerre de religion qu’il avait menée contre les chrétiens et les animistes du Soudan.
Je démentis Tariq Ramadan, mais la foule s’insurgea contre moi, ce qui
lui permit de passer la question sous silence et de ne pas dire s’il fallait faire ce que disaient ces textes : pratiquer la polygamie, avoir des esclaves et coucher avec elles sans leur consentement.
Par ce silence, il contredisait à l’avance tout ce qu’il dirait, cinq ans plus tard, pour condamner Daech et l’esclavage sexuel.
« Le Prophète a, paraît-il, épousé une jeune femme (sic) de 9 ans »
Tariq
Ramadan traita de la même manière la seconde partie de ma question.
Quelques années plus tôt, il avait reconnu par écrit, dans un de ses
livres, qu’Aïcha avait six ans quand elle avait épousé Mahomet. Cette
fois, il prétendit que « le Prophète a, paraît-il, épousé une jeune femme (sic) de 9 ans ». Puis il dit que les musulmans sunnites s’appuyaient sur le hadith, « le Sahih Bokhari et le Sahih Moslem », précisa-t-il. Et que cet épisode ne pouvait pas être pris au sérieux car il venait de la Sira
(biographie) de Mahomet. C’était faux : le récit le plus connu de ce
mariage vient bien d’un hadith authentique du Sahih Bokhari. Cette
pirouette permit à Tariq Ramadan d’éviter de répondre à la question de
savoir s’il fallait coucher ou non avec des petites filles de cet âge.
Six ans plus tard, Tariq Ramadan n’a pas contesté le récit de l’intervention que j’ai faite dans un de mes livres (Fatwas et caricatures, la stratégie de l’islamisme, Salvator, 2015). En revanche, le compte-rendu de l’IMA que j’y citais a rapidement disparu. Mais j’en ai une copie, et son existence est attestée par un huissier.
Les « textes clairs » du Coran
En réalité, Tariq Ramadan n’a pas véritablement trompé son lecteur. Disciple du Frère musulman Qaradawi et du mentor de Qaradawi, Hassan al-Banna, il a annoncé la couleur dès le début. Ainsi, il affirme que son grand-père Hassan al-Banna est un réformateur. Or Hassan al-Banna défend les châtiments corporels comme la lapidation, la flagellation, l’amputation. Ce que Tariq Ramadan appelle « réforme » est donc le concept frériste de retour aux textes et d’application littérale de ces textes. Aussi, sa demande de moratoire – annoncée sur son site internet et reformulée devant Nicolas Sarkozy lors de leur débat télévisé – n’a aucun sens, puisqu’elle contredit des « textes clairs » du Hadith.
Tariq Ramadan, en effet, dit qu’il est interdit aux humains de contredire une donnée contenue dans « des textes clairs » du Coran ou de l’un des deux recueils de hadiths authentiques (Bokhari et Moslem). Une fois qu’il a posé ce postulat, il est évident qu’il ne pourra pas interdire à son public de pratiquer l’esclavagisme, la polygamie, la pédophilie et le viol des captives, puisque tout cela se trouve énoncé dans « des textes clairs », tel celui que j’avais cité pendant notre échange.
Les viols de la place Tahrir
En 2017, j’ai travaillé sur les viols de la place Tahrir du Caire lors de la révolution égyptienne. J’ai lu et entendu dire dans des vidéos que le viol était endémique en Égypte. Certains disaient carrément que les Égyptiens étaient un peuple de violeurs. Mais ceux qui se souviennent de l’Égypte d’autrefois savent que c’est faux. Alors pourquoi cette épidémie de viols sur la place Tahrir, allant jusqu’à une centaine de viols déclarés en un seul jour ?
Une partie de la raison est assez simple : pendant des années, les
Egyptiens ont subi la diffusion massive de vidéos de sermons ou d’appels
encourageant à rétablir l’esclavagisme pour résoudre les problèmes
financiers du pays, ou pour permettre à l’homme de satisfaire ses
instincts sexuels sur des femmes qui n’étaient pas les siennes « sans pécher » et sans « aller en enfer ».4
Considérer les femmes des autres religions comme des esclaves, ou les
musulmanes non voilées et non cloîtrées comme des dévergondées qui
peuvent être violées, entraîne l’homme à estimer qu’il a le droit de
leur infliger le « viol punitif » voire à les tuer.
Ce que doit entendre Décathlon
Dans ces conditions, croit-on que ce soit innocemment que ceux qui s’opposent au hijab de running de Décathlon ont été victimes d’un tel tollé ? Savez-vous ce qui arrive aux femmes non voilées dans certains quartiers ?
Par une coïncidence tragique, l’actualité nous présente l’affaire du hijab de running, puis la plainte portée par Tariq Ramadan contre des femmes qui disent avoir été violées par lui, la veille du 25e anniversaire de l’assassinat de Katia Bengana. Cette jeune fille de 17 ans a été tuée par des islamistes en Algérie, le 28 février 1994, parce qu’elle refusait de porter le voile.
Ce qu’on ne raconte pas en France, c’est qu’en Algérie toujours, « des imams sont la cible d’agressions quotidiennes de la part d’éléments salafistes cherchant à prendre le contrôle de ces lieux de culte dans plusieurs wilayas du pays »5 : des éléments qui veillent et rêvent de reprendre la main à la manière de Mohamed Morsi.
Lina Murr Nehmé
Katia Bengana, assassinée pour avoir refusé le voile
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En 1994, en Algérie, les islamistes, désireux d’imposer à l’Algérie l’Etat islamique, avaient imposé aux étudiantes et aux lycéennes le port du voile.
Katia Bengana refusa et déclara ce qu’elle pensait. Traitée de dévergondée par certains camarades pour avoir refusé ce symbole de “pudeur”, elle fut plusieurs fois menacée de mort, et apparemment dénoncée, puisque, le 28 février 1994, alors qu’elle marchait dans la rue avec une amie, un homme armé fit signe à l’amie de partir, et tira sur Katia. Cela se passait en plein jour, dans une rue de sa ville natale de Meftah, à Blida.
Katia était une enfant: elle avait 17 ans seulement.
Une pensée pour sa mémoire: elle est morte il y a 25 ans, jour pour jour.
Lina Murr Nehmé, 27 février 2019
Voici la lettre posthume que lui écrivit son père, publiée dans Le Matin d’Algérie en 2010 :
Le 28 février 1994 – le 28 février 2010, voilà déjà 16 ans depuis ton assassinat par l’intégrisme religieux pour avoir refusé de porter le voile… Et depuis cette date, ta mère n’a pas cessé de te pleurer chaque jour que Dieu fait. Aujourd’hui ma chère Katia, je tiens à t’annoncer que ta mère est venue te rejoindre pour de bon dans sa dernière demeure en cette date du 23.01.2008 vers 23 heures environ.
Prends soin de ta mère, ma chère Katia. Fasse Dieu qu’elle ne manque de rien avec toi. Rassure-la que de notre côté tout va bien, et qu’elle n’a pas à se faire de soucis surtout pour Celia, la dernière de la famille. Car ici-bas, tu lui as beaucoup manqué, Katia. Elle a manqué de tout à cause de cette politique favorable à l’intégrisme religieux de la part de ceux qui sont censés nous protéger et nous rendre justice. Ta perte cruelle, son chagrin, son désespoir, ses souffrances, ton deuxième assassinat à travers cette réconciliation nationale ont fait que ta mère et moi-même n’avons pas pu tenir le coup. La non-prise en charge de notre situation dramatique par l’Etat, les difficultés matérielles et sociales suite à ta disparition ont fait que ta mère n’a pas pu résister à sa maladie qui n’a pas été prise en charge afin de la sauver d’une mort prématurée par manque de moyens et de désespoir.
Aussi, j’accuse le pouvoir algérien de nous avoir abandonnés à notre sort. J’accuse ceux qui ont relâché et pardonné à ces sanguinaires aux mains tachées de sang. J’accuse le pouvoir algérien pour ses sympathies avec les bourreaux de nos parents. J’accuse cette réconciliation pour la paix qui a glorifié et amnistié ces monstres assassins de plus de deux cent mille civils innocents et autres corporations confondues. J’accuse tous ceux qui ont voté pour ce référendum de la honte. J’accuse cette réconciliation qui a consacré l’impunité et qui a ignoré la justice. J’accuse tous ceux qui ont été indifférents à notre douleur. J’accuse tous ceux qui ont été favorables à cette mascarade de vente concomitante d’êtres humains, de civils et autres pour simplement plaire aux maîtres et par la même occasion obtenir quelques miettes en contrepartie de leur soumission et servitude. J’accuse cette réconciliation qui nous a assassinés une deuxième fois à travers cette idéologie arabo-baâthiste pour faire de nous des Arabes par la force et malgré nous. J’accuse tous ceux qui instrumentalisent la religion pour se maintenir au pouvoir en sacrifiant des civils et autres. J’accuse tous ceux qui utilisent la religion pour y accéder en assassinant des innocents. J’accuse tous ceux qui utilisent la religion pour nous détourner de nos racines, de nos coutumes, de nos traditions et de notre langue historique et ancestrale (…)
M. Bengana
Khaybar, Khaybar, ya yahoud
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Suite à cette frénésie d’antisémitisme, et pour remettre les pendules à l’heure et rappeler ce qu’il en est vraiment, si l’on compare les manifestations à Paris même, j’ai fait cette vidéo. Cette fois, je passe devant la caméra, chose dont j’ai horreur, mais il fallait faire vite, car par sa violence, ce genre de vagues d’accusations cause des haines et des méfiances, et cela peut finir dans des coups et blessures, dont certaines peuvent être mortelles.
Le slogan qu’on va entendre : « Khaybar, Khaybar, ya yahoud, jaych Mhammad sa (ou saoufa) yaaoud », veut dire : « Khaybar, Khaybar, ô juifs, l’armée de Mahomet va revenir ». On l’entend lors de cette manifestation, qui a eu lieu à Paris, place de la République, le 9 décembre 2017.
Il faut savoir ce qui s’est passé
à la bataille de Khaybar (VIIème siècle). Khaybar est une oasis et une
fortification naturelle qui se trouve sur la route des caravanes, en Arabie saoudite
actuelle. Quand les armées de l’islam l’ont attaquée, c’était non pour des
raisons politiques, mais uniquement pour une raison religieuse, et ceux qui
changeaient de religion étaient épargnés. Au début, les juifs ont résisté, ils
ont perdu la bataille, et tous ont été massacrés, tous les hommes et les
garçons à partir de 12 ans inclus.
Les femmes et les enfants ont été
réservées pour l’esclavage, la vente et le service, et pour le viol. Voyant cela,
les juifs de Khaybar qui n’avaient pas combattu (il y avait plusieurs fortifications)
a demandé la paix. Elle a obtenu la paix avec le statut de dhimmi, et a été en
métayage sur ses propres terres.
On se demande alors comment un
slogan pareil peut être lancé à Londres, à New York, à Paris ou en Belgique.
Pourquoi enseigne-t-on ce slogan aux enfants en Orient ? Pourquoi fait-on des
séries télévisées sur Khaybar ? Quand on parle de Khaybar, quand on
prononce ce slogan, on se réfère à une attaque qui n’a pas été menée pour des
raisons politiques ou militaires. Le hadith est bien clair : les juifs de
Khaybar n’avaient rien fait. Ils ont été tués pour ne s’être pas convertis.
Donc, quand on emploie ce slogan
aujourd’hui, ce n’est pas du tout dans un but « antisioniste », mais
dans un but antijuif. Et quand on parle de massacre de Khaybar, on parle d’un massacre
de juifs perpétré pour des raisons religieuses ou ethniques. Voilà ce qui, aujourd’hui,
fait peur.
Lina Murr Nehmé, 19 février 2019
G. BENCHEIKH et Le VOILE
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Ghaleb Bencheikh a dit : «Cette affaire du voilement des filles a été réglée au lendemain du recouvrement des indépendances de quasiment tous les pays musulmans, ça n’a jamais été un problème».
Que veut-il vraiment dire? En Algérie et au Maroc, on ne se voilait pas avant l’indépendance.
Comme je sais qu’ils considèrent faussement le Liban comme un pays arabe et musulman, il se trouve qu’en 1973 j’étais dans une école dans le quartier musulman de Beyrouth, et je peux donc parler de cela. J’étais l’exception qui confirmait la règle: les autres élèves venaient du quartier, et la moitié d’entre eux au moins étaient de confession musulmane (les autres étaient orthodoxes).
Voici notre photo de promo, prise en 1973. A cette époque, oui, le voile et la mini-jupe ne posaient pas de problèmes aux musulmanes, et c’était 30 ans après l’indépendance, n’en déplaise.
Dans cette école comme dans les six autres écoles où j’ai été avant mon bac 2e partie, nous nous levions quand le professeur entrait en classe. Au Liban, on ne me croit pas quand je raconte que des professeurs, en France, sont parfois frappés en classe ou à l’école, ou encore tabassés par des parents d’élèves.
Lina Murr Nehmé, 9 février 2019
Tunisie : une jeune fille internée pour soupçon d’athéisme
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En Tunisie, une jeune fille, fille d’imam, internée dans un hôpital psychiatrique car jugée “athée” par son père.
Un médecin la juge anormale parce qu’elle fait du camping avec ses amis et que cela ne correspond pas aux normes sociales tunisiennes.
Je me demande si ce médecin ne serait pas en même temps un spécialiste de la roqya. Car ces gens, qui voient des djinns partout, prétendent que le fait de ne pas prier ou d’avoir un comportement qui ne correspond pas aux normes, prouve l’existence d’un djinn qu’il faut expulser ou convertir à l’islam avec des coups. (Voir au sujet de la roqya le livre L’Islamisme et les femmes.)
Heureusement que cette jeune fille n’a écopé que de l’hôpital psychiatrique. Car elle aurait pu y laisser sa peau, si son père l’avait livrée aux mains d’un imam pour une roqya, comme c’est arrivé à Louisa, à Roubaix, qui en est morte.
Lina Murr Nehmé, 8 février 2019