Dans cette vidéo diffusée par Daesh (voir en fin d’article), des djihadistes français brûlent leur passeport devant la caméra et appellent les musulmans de France à renier la nationalité française et à rejoindre l’Etat islamique en Syrie… pour combattre les Syriens, les Libanais, et plus tard, les Israéliens. Ils appellent à commettre des attentats en France. (C’était en 2014, un ou deux mois avant les attentats de Charlie Hebdo et de l’Hypercasher en janvier 2015, comme par hasard.)
L’un des djihadistes français a été reconnu comme ayant participé au massacre de 18 Syriens et d’un Américain (Analyse Euronews).
Parmi eux se trouve Quentin Le Brun, originaire de la région d’Albi :
“[Il] apparaît dans une vidéo de sept minutes diffusée par le forum djihadiste Al-Hayat en novembre 2014, en compagnie de deux autres Français, Kevin Chassin (mort dans un attentat-suicide à Mossoul en 2015) et Romain Garnier (prisonnier des forces kurdes depuis décembre 2017). Romain Garnier appelait les musulmans français à venir rejoindre l’Etat islamique ou bien à tuer les Français « par les armes, les voitures, le poison ».”
(Paris Match, 01/02/2019)
Malgré tout, la Syrie, et notamment les parties kurdes de ce pays, ont reçu des menaces diplomatiques très claires: ils ne doivent pas toucher aux citoyens français. C’est pourquoi ils n’y touchent pas en effet, mais évidemment, ils ne diront pas ce qui s’est passé dans les coulisses, qui les a poussés à préserver leurs assassins et à vouloir leur procurer les douceurs françaises.
Il est bien étrange d’interdire ainsi aux Kurdes et aux Syriens de juger ceux qui ont commis des crimes chez eux. D’après le droit international, un criminel est jugé d’après les lois du pays dans lequel il a tué. C’est pourquoi quand la France met la main sur un assassin syrien, elle le juge selon ses propres lois, elle ne l’extrade pas vers la Syrie. Si elle exige l’extradition de ces djihadistes, c’est au nom de la loi du plus fort. La France ayant déclaré que ces djihadistes étaient des citoyens français, ils lui sont à ce titre plus précieux que les citoyens syriens qu’ils ont assassinés.
Mais sont-ils français? Un djihadiste est citoyen de l’Etat islamique qui, comme son nom l’indique, est un Etat. Et la double nationalité ne peut être cumulée, puisque cet Etat, le califat, est l’ennemi de la France. Le gouvernement français l’a d’ailleurs signalé après les massacres en 2015: il y a “une guerre” entre la France et Daech, et ce n’est pas la France qui a déclaré cette guerre à Daech. Dans ce cas, comment concevoir que des citoyens français, ayant renié leur citoyenneté pour adopter celle de l’ennemi, puissent être considérés comme des citoyens français? Ils ont quitté la France pour aller en Irak ou en Syrie aider le califat à envahir le monde. L’idée était de faire flotter le drapeau noir sur l’Elysée, Matignon, Downing Street, Windsor et… surtout, Saint-Pierre de Rome. L’un de ces djihadistes occidentaux, Emwazi, dit “Jihadi John”, l’a dit dans la vidéo de l’assassinat des coptes.
Si le gouvernement français l’a oublié, il n’en est pas de même des djihadistes concernés. Ils savent qu’en cas d’amnésie, leurs compagnons, citoyens du califat, les tueraient.
Fin de l’affaire Asia Bibi, j’espère. On croit rêver. Le juge dit à l’accusateur d’Asia Bibi, Qari Sallam:
“Vous nous faites des reproches et vous demandez quel genre de personnes nous sommes [pour avoir acquitté Asia Bibi] … Toi-même, regarde-toi, quel genre d’accusation as-tu porté?”
“Nous avons tenu compte de la délicatesse de l’affaire, sinon nous aurions mis les témoins en prison pour leurs faux-témoignages.
“Sommes-nous censés être assassinés maintenant que nous avons exécuté la justice? Est-ce là l’islam?”
La photo montre les mesures de sécurité prises devant la Cour Suprême pendant que Qari Sallam faisait “réviser” le procès. Il faut signaler qu’au Pakistan, les pressions de la rue sont terribles durant les jugements des cas de blasphème, vrais ou faux. Dans la rue, on crie “Pendez-le” ou “Pendez-la”, selon le cas. Des mollahs se permettent d’interrompre le juge, les avocats, avec des cris comme “Allahou Akbar!” ou “Subhanullah” (Loué soit Allah) ou “Astaghfiroullah” (Je demande le pardon d’Allah), expressions lancée habituellement quand on est scandalisé de ce qu’on entend.
Les policiers sont deux fois plus nombreux que les autres citoyens à se suicider en France. Ce sont les résultats de la médiatisation systématique et avant vérification, de toute accusation que lance n’importe quel truand contre eux.
Plus tard, les preuves démentent la version des accusateurs de la police, mais c’est trop tard: le mal est fait. Ainsi, quelqu’un s’est-il demandé ce qu’a pu ressentir le policier accusé par Théo de viol, et ce qu’a pu ressentir sa famille? un calvaire qui a duré un an, jusqu’à ce que la vidéo prouve que Théo était un menteur. Et pourquoi les pouvoirs publics ont-ils caché cette vidéo durant un an? Car ils avaient véritablement caché son contenu, laissant accuser un innocent, et laissant le blâme rejaillir sur toute la profession, sur tous ses membres.
Se souvient-on de l’indifférence avec laquelle on a vu brûler un policier français, en mai 2017, à cause de ce mensonge répandu par Théo? Comparer avec la passion avec laquelle on a vu brûler un pilote jordanien incendié par Daech.
Le mensonge de Théo — et donc l’accusation injuste — a reçu le crédit de MM. Hollande et Macron eux-mêmes. Ils ne se sont jamais rétractés, contrairement à Patrice Quarteron qui, lui, a au moins eu le courage de s’excuser.
Cette affaire devrait faire réfléchir les médias et les politiciens sur la portée de leurs accusations “avant vérification”, et de la gravité de la généralisation qui frappe tous les policiers dès que l’un d’eux commet un crime, ou même une bavure.
Un suicide est une chose terrible, et quand un policier se suicide, personne ne se rend compte ou ne réagit ! Est-ce possible? Est-ce humain? Un policier se suicide tous les trois ou quatre jours ! En une semaine de novembre 2017, il y a eu 8 suicides de policiers, soit un par jour !
Et croyez-vous que ce soit bon pour les élements les plus faibles de la société? C’est exactement l’inverse. C’est pourquoi ce sont les personnes âgées et vivant seules qui refusent de “hurler avec les loups”, comme a dit Patrice Quarteron dans sa vidéo.
Oui pour qu’un policier soit jugé comme tout le monde. Non pour qu’il soit considéré comme un criminel sans preuves, sur la simple accusation d’un truand, comme si les truands ne mentaient jamais.
Un policier est un citoyen comme les autres, il doit bénéficier des mêmes droits constitutionnels que les autres. La loi interdit d’accuser une personne en public avant qu’elle ait été prouvée coupable. La présomption d’innocence qui vaut pour un bandit vaut aussi pour un policier.
Au Pakistan, les islamistes deviennent fous parce qu’une femme, Asia Bibi, n’a pas été tuée alors qu’on l’accuse d’avoir attaqué l’islam (et réciproquement, on avait attaqué le Christ devant elle, mais c’est permis au Pakistan apparemment). Et en Europe, au contraire, on tend à punir de simples citations.
Ainsi, Georges Bensoussan a été traîné en justice pour avoir simplement cité un auteur maghrébin parlant d’antisémitisme au Maghreb; Facebook censure des pages qui en disent cent fois moins que les pages islamistes qui sont autorisées en arabe (et je lis les deux).
En Autriche, et aussi à la Cour européenne des droits de l’homme, on tire dans le même sens exactement, pénalisant ce que l’islam appelle blasphème, et non ce à quoi le christianisme ou le judaïsme donnent ce nom.
On assiste à une sorte de passation de pouvoirs. Au Pakistan, quand les Anglais régnaient, et même après que les Pakistanais eurent pris le pouvoir (et cela dura jusqu’au temps de la dictature dans les années 1980), on ne tuait pas une femme pour avoir répondu à une autre, même si l’échange concernait les religions.
Maintenant, en Autriche, on punit une femme d’avoir simplement traité un concept religieux pakistanais avec des critères légaux autrichiens. L’affaire, présentée à la Cour Européenne des droits de l’Homme, eut le même jugement.
Dans les trois cas, en Autriche comme au Pakistan, ou devant la Cour européenne des droits de l’homme, on en arrive au même jugement, à la même conclusion, qui est aussi la même qu’en Arabie Saoudite, qui est aussi la même que chez Daech: une seule religion au monde est reine, elle est sacrée, elle l’est sous tous les cieux, même là où elle est minoritaire. Au nom du respect des sentiments d’autrui, il est interdit, non seulement de la caricaturer, mais même de la citer en rapport avec les standards européens. Quant aux autres, au nom de la liberté d’expression, elles peuvent être insultées ou caricaturées, même là où elles sont majoritaires.
Le rêve du cheikh Qaradawi, d’une invasion calme et douce de l’Europe, du style euthanasie, une invasion différente de la précédente… se réalise peu à peu. Le cheikh Qaradawi avait promis une invasion de Rome. Il fallait le voir en parler sur la télévision al-Jazeera, et de quel un air rêveur. C’est bien lui qui a légalisé les attentats-suicides, à condition qu’ils visent certaines catégories de population: les juifs ou les alaouites, par exemple. C’est lui qui, d’un seul cri, orchestra les manifestations violentes dans le monde entier, contre les chrétiens à cause des caricatures de Mahomet de 2005, manifestations-émeutes qui aboutirent à des pogroms avec incendies de maisons et d’églises, coups et blessures et assassinats au Pakistan, et surtout au Nigéria, où plus de cent personnes furent tuées pour des caricatures dont elles ne savaient rien.
Ne voyez-vous pas, dirait le Frère Qaradawi s’il nous lisait, ne voyez-vous pas le Vatican devenir une mosquée, Notre-Dame de Paris et Notre-Dame de Chartres devenir des mosquées, et la cour européenne de justice, une cour régie par la charia?
Je ne comprends pas comment mon père a pu, après la Deuxième Guerre mondiale, dénigrer l’héritage que leur avait laissé la génération précédente. Un jour qu’il énumérait à mon grand-père tous les maux que sa génération avait créés, guerres et autres, mon grand-père lui dit: “Ecoute, mon fils, j’ai été condamné à mort deux fois, et banni une fois. Je ne pouvais pas faire plus.”
Du moins n’a-t-il été condamné à mort par contumace que par les Jeunes Turcs en 1916 et par les nazis en 1944, puis banni par les Libanais en 1948. De nos jours, les condamnations des régimes criminels (Daech, al-Qaïda, Nosra, etc.) par contumace se font au grand jour, par le biais des réseaux sociaux.
J’en ai trop vu, et je ne m’accroche à la vie que pour servir, avec le désespoir de l’enfant qui bouchait les trous du barrage avec ses doigts, et qui, à la fin, n’avait plus assez de doigts pour pallier à toutes les fissures. Mon temps finira, j’espère, avant que le drapeau de Daech ne flotte sur Beyrouth ou sur l’Europe, car voir cela, pour moi, serait bien pire que de mourir.
C’est là la différence entre moi, et le cheikh Qaradawi. Vous remarquerez que j’ai mis mon nom avant. C’est exprès, parce que je suis femme et parce qu’il est lui.
Par principe, quand on n’a pas la même religion, c’est qu’on n’est pas d’accord. Cela ne devrait pas être punissable, surtout dans la communauté indienne dont est issu le Pakistan, et qui a été chrétienne bien avant la venue de l’islam. Les Indes, en effet, ont été évangélisées par saint Thomas l’Apôtre, et son tombeau se trouve là-bas.
Malheureusement, au Pakistan et en Inde, il y a des fanatiques criminels. Lors de l’affaire des caricatures danoises, des chrétiens ont été assassinés au Pakistan.
S’ils tuent des chrétiens de leur pays parce que des Danois ont fait des dessins, a fortiori les tueront-ils s’ils ont eux-mêmes dit quelque chose.
Donc, comme par sadisme, Asia Bibi est traînée en prison et va de procès en procès depuis très, très longtemps pour cause de “blasphème”. Est-il normal, est-il humain, est-il acceptable de faire traîner ce procès durant tant d’années, faisant vivre cette fille dans l’angoisse parce qu’elle est chrétienne, faisant vivre ses parents dans l’angoisse, et pour finir, annoncer qu’on la tuera?
Maintenant, elle est entre la mort et la vie. Certes, la mort n’est pas une fin, mais on préfère qu’elle vive le plus longtemps possible.
Toutes nos sympathies et nos affections à une jeune fille courageuse. En espérant qu’à la dernière minute, comme pour Dostoïevski, les choses pourraient se retourner et qu’elle soit sauvée.
Mais pas elle seule. Tous ceux qui, comme elle, croupissent dans les geôles de l’injustice dans le monde entier.
Beyrouth, durant les premiers siècles de l’occupation romaine, était une ville d’étudiants. Dans son École de Droit, les étudiants affluaient de tout l’Orient. Dans les rues de Beyrouth, les étudiants discutaient beaucoup de métaphysique en-dehors des cours. Un texte datant d’avant la destruction de cette école, montre que l’ambiance dans cette ville était très pro-chrétienne, puisqu’une affaire de paganisme (et donc de sacrifices d’innocents) fut arrêtée par un mouvement populaire. En même temps, un étudiant pouvait, avec des discussions, en faire changer un autre d’avis.
Cette école devait avoir déjà son renom avant l’occupation romaine. Sinon Beyrouth, qui avait le meilleur port du Levant et aurait plutôt eu vocation à être une ville commerçante, n’aurait pas été choisie par les Romains pour être dépositaire de leurs lois pour tout l’Orient. D’où son surnom de « mère des lois ».
L’importance de l’École de Droit de Beyrouth a considérablement augmenté quand l’empire romain s’est transporté en Orient. Peu à peu, elle est devenue la plus importante école de Droit du monde.
C’est en effet à cette École que l’empereur Justinien demanda de réformer les lois et édits de ses prédécesseurs, dont beaucoup n’étaient plus à jour.
Il demanda plus spécifiquement à dix de ses professeurs de faire ce tri et d’opérer la compilation. C’est donc à Beyrouth que fut écrit le Code Justinien, qui devait, après le premier millénaire, devenir la base de tous les codes de lois en Occident.
La plus grande partie de ce Code est fondé sur les travaux d’Ulpien de Tyr, donc un Phénicien.
À l’idée raciste de la supériorité romaine, Ulpien opposait celle des droits innés que possède tout homme à la naissance, et de l’égalité de tous les hommes devant la loi. C’était alors révolutionnaire si l’on se rappelle que la plupart des codes de lois — dont le grec — donnaient la supériorité à une race ou à une caste.
Ainsi, quand Ulpien parle de l’esclavage, il écrit que l’institution est contraire à la nature, et issue de l’asservissement de nations par d’autres :
« Quant au droit naturel, tous sont égaux. Par le droit naturel, tous les hommes naissent libres. »
C’est la plus ancienne formulation de droits humains que nous possédions, en l’état actuel de nos connaissances.
Ulpien a aussi une vision un peu spéciale du statut de juriste, qui ne semble pas lui avoir survécu. Selon lui, la justice ne doit pas seulement punir, elle doit aussi récompenser celui qui fait le bien, et contribuer ainsi à l’amélioration de la société.
Un rêve pieux, qui demeura un rêve : nous ne connaissons de la justice que son côté pénal. Mais au temps où cette École était encore en activité, elle devait enseigner ce côté de la loi. Nonnos, Égyptien d’expression grecque, écrit en effet :
« La discorde, qui ravage les États, ne cessera de troubler la paix que lorsque Berite [Beyrouth], protectrice des lois, jugera la terre et les mers, fortifiera les villes de l’indestructible boulevard des lois, enfin, lorsque cette ville régira toutes les cités du monde. »
Il est vrai que nous sommes dans un monde de loups, que les vestiges de l’École de Droit ont été rasés et jetés dans la mer, et beaucoup d’autres précieux vestiges aussi. Mais il est tout aussi vrai que nous sommes une nation captive, et que l’Histoire du Liban en a vu bien d’autres. À moyen terme, nous pourrions voir un bouleversement dans le sens de la vie, tel que nous en avons si souvent vu dans l’Histoire.
Attendons-le.
Lina Murr Nehmé
Page de manuscrit médiéval du Code de Justinien (Librije, Zutphen).
Aujourd’hui, sur ma page, un monsieur m’expliquait qu’un maire des Yvelines était obligé de donner un permis de construire une mosquée car, dit-il, la France est un Etat de droit, contrairement à l’Arabie Saoudite et à la démocratie libanaise, qui n’en serait pas une. J’avais en effet demandé si un maire était jamais inquiété en Arabie Saoudite pour avoir refusé de donner le permis de construire une église.
J’imagine que certains ignorent que le droit saoudien interdit la construction des églises, et que c’était appliquer ce droit que de refuser le permis de construire des églises. Et je ne vois pas ce que vient faire le Liban quand on parle de l’Arabie Saoudite. Mais bon. Acceptons que le Liban, comme le Christ, soit compté parmi les assassins.
Mais un Etat qui met des visières et ne traite pas les citoyens à égalité mais les distingue selon leur religion n’est pas un Etat de droit.
Ainsi, la loi sur les fake news est-elle du droit ? Laisser les médias puissants, appartenant aux riches, libres de diffuser les informations qu’ils veulent sans contrôle, et forger une loi sur les seuls réseaux sociaux, est-ce du droit ? Quand Libération met une immense photo du candidat Emmanuel Macron la veille du second tour de l’élection présidentielle, violant la loi qui interdit la pub électorale, et que la justice n’arrête pas le journal, c’est encore du droit ?
En même temps, on arrête la chaîne Youtube du petit TV Libertés sous prétexte qu’il a violé la loi sur le copyright en faisant une citation. Combien de chaînes Youtube violent cette loi en reproduisant des films entiers, des émissions télévisées entières ?
Quand on poursuit François Fillon la veille des élections, pour un crime que François Bayrou a commis sur une plus grande échelle et que ce dernier n’est pas poursuivi parce qu’il peut apporter des voix aux élections, c’est un Etat de droit ? Et si l’affaire Fillon est si grave, comment se fait-il qu’on n’en parle plus depuis les élections?
Quand on traîne Georges Bensoussan devant la justice pour une citation qui vient d’un auteur maghrébin et non de lui-même, alors qu’on n’inquiète pas ceux qui crient sur la Place de la République à Paris en arabe: “Khaybar, Khaybar, ya yahoud, Jaych Mhammad sa yaoud”, c’est un Etat de droit ?
Quand on autorise la tenue de Salons islamiques comme le Salon de la Femme de Pontoise où on appelle à battre les femmes (gentiment, histoire de les humilier seulement et pas de leur briser les membres, ce qui les rendrait inutilisables), c’est un Etat de droit ? Et si on ne le fait pas ouvertement dans ces Salons, on le fait en recommandant les livres où c’est écrit en toutes lettres (Cf. mon livre L’Islamisme et les femmes). Est-il admissible qu’une conseillère municipale, Céline Pina, ne réussisse pas à faire empêcher ce Salon, et qu’elle démissionne, et que cela ne fasse pas plus de remous que cela ?
Et c’est dans un Etat de droit qu’un ex-Frère Musulman, Mohamed Louizi, est victime de six procès en quelques années parce qu’il a dénoncé un projet d’islamisation pourtant écrit en toutes lettres dans la littérature de ce mouvement ! Louizi a parlé de l’islamisation de la France, mais il s’agit d’une étape sur la voie de l’islamisation mondiale dont a parlé le fondateur Hassan el-Banna (voir les textes cités dans Fatwas et caricatures).
Et c’est dans un Etat de droit qu’ Alain Finkielkraut — qu’on l’aime ou non — est qualifié d'”israélite blanc” dans une vidéo mise en ligne en 2016 et reprise à de nombreux exemplaires dont chacun affiche des centaines de milliers de vues, les auteurs du titre et des commentaires n’étant pas inquiétés alors qu’ils tombent sous le coup de la loi sur le racisme, sur base à la fois ethnique et religieuse, et sous le coup de la loi sur le non respect des droits d’auteur ?
La Baule + : Vous prenez beaucoup de précautions, car vos écrits sont très sensibles, vous accordez fort peu d’entretiens et vous me fixez ce rendez-vous dans un lieu confidentiel, car, depuis que vous avez brûlé un drapeau de Daech, votre vie est en danger…
Lina Murr-Nehmé : Oui, mais les gens ont bien aimé ma démarche ! La presse internationale en a beaucoup parlé, mais non la presse locale. Certaines personnes ne me parlent plus depuis…
Dans votre dernier livre, vous abordez la question des femmes, notamment à travers le Coran, et l’on observe qu’elles y sont vraiment considérées comme des êtres à part. Votre livre s’appelle « L’islamisme et les femmes » alors que vous auriez pu l’intituler « L’islam et les femmes » car, en France, quand on parle de l’islamisme, c’est toujours considéré comme quelque chose d’extrême par rapport à l’islam puisque l’on nous répète que l’islamisme ce n’est pas l’islam… Mais quand vous citez le Coran, il s’agit bel et bien de l’islam…
Je ne veux pas me prononcer sur ce sujet, je laisse les gens qui en parlent se prononcer. Je cite simplement les textes. Je connais des musulmans qui, dans le Coran, préfèrent choisir tel morceau mais pas tel autre. C’est pour cette raison que je parle de l’ « islamisme ». Car beaucoup de musulmans ont décidé de choisir les versets parlant d’amour, et c’est très bien. Mais les textes sont là : ils existent, et cela a des conséquences.
Les femmes sont traitées comme des esclaves et vous semblez aussi penser que la plupart d’entre elles sont victimes de leur mari, mais vous savez aussi qu’il y a de nombreuses Françaises, dites de souche, qui se convertissent et qui acceptent de vivre dans ces conditions…
Certainement, elles acceptent cela, elles le revendiquent même, parce qu’on les a convaincues que c’était la parole divine. Je pense que Dieu ne peut pas faire de différence entre les humains. Il y a une différence sur le plan physique, puisque les corps ont des fonctions différentes. Mais il ne peut y avoir de différence sur le plan de la valeur humaine des êtres que Dieu a créés. Je reconnais les religions à leurs commandements et à la façon dont elles traitent les femmes. Ce traitement est une chose très importante pour définir une personne ou une religion. Si des Françaises acceptent d’être victimes, tant pis pour elles. Mais je connais de nombreuses musulmanes qui rejettent tout cela. Je me souviens d’une musulmane qui m’a téléphoné en me disant que son mari décrochait régulièrement le téléphone pour la fouetter avec le bout du fil. Elle pleurait en me le disant. Je lui ai conseillé de photographier ses blessures et de porter plainte.
Vous consacrez un premier chapitre à la situation en Arabie Saoudite où les femmes sont toujours esclaves au XXIe siècle, puisqu’elles doivent demander l’autorisation à leur mari pour pratiquement tout…
C’est exact et c’est l’une des raisons pour lesquelles un groupe de femmes et d’hommes vient d’être arrêté en Arabie Saoudite, parce qu’ils revendiquent justement le changement. Je raconte l’histoire des princesses, filles du roi Abdallah, qui défendaient les droits humains, et qui ont été enfermées sur demande de leur tuteur, le roi. Il les a enfermées dans une villa, un domaine dont personne ne s’occupait, et ces filles ont lancé un appel au secours au monde, grâce à leur mère qui a alerté les médias le jour de l’arrivée de Barack Obama en Arabie Saoudite. Elle a donné des interviews à la BBC et à Channel 4. L’histoire a fait le tour du monde, mais malgré cela, personne ne s’en est occupé. Et dès le moment où les princesses ont révélé ce qui leur arrivait au public, on leur a coupé les vivres. Elles n’ont plus eu le droit d’aller faire des courses deux fois par mois comme avant. On ne sait plus rien d’elles. Elles ont disparu depuis l’accession du nouveau roi.
Dans tout cela, il y a quand même une note d’humour, puisque vous expliquez les vraies raisons de la récente décision autorisant les femmes à conduire en Arabie Saoudite. En Occident, on interprète cela comme un signe de liberté et de modernisation du régime. Or, en réalité, les femmes n’avaient pas le droit de conduire, elles étaient seules avec leur chauffeur, la voiture était le seul moment où de nombreuses femmes saoudiennes se retrouvaient dans un espace clos avec un homme et finalement les enfants de ces femmes ressemblaient très souvent au chauffeur…
C’est un secret ! Il ne faut pas raconter cela ! Quand mon père travaillait en Arabie Saoudite, il était associé avec un émir. L’émir lui a un jour demandé de trouver un chauffeur pour sa femme. Mon père lui a proposé de recruter un très beau Pakistanais. L’émir lui a répondu : « Surtout pas, parce que la moitié de nos enfants sont des Philippins ! » Tout cela n’a pas beaucoup changé aujourd’hui. En ce moment, tout le monde dit que le fait d’autoriser les femmes à conduire est formidable, que c’est une libéralisation, une ouverture du régime envers les femmes. Mais le régime qui a donné aux femmes l’autorisation de conduire est justement le régime qui a fait disparaître les princesses ! Maintenant, avec l’autorisation donnée aux femmes de conduire, cela permettra aux Saoudiens d’être certains que leurs enfants sont bien d’eux…
Revenons en France : il y a quelques décennies, les musulmanes n’étaient pas voilées et ce mouvement s’est déclenché petit à petit. Or, vous révélez que c’est le fruit de l’influence de l’Arabie Saoudite en rappelant que, lors des conquêtes arabes, le conquérant arabe imposait au peuple conquis de porter un signe vestimentaire distinctif. Et, comme ils ne peuvent pas imposer un signe vestimentaire distinctif en France, ce sont finalement eux qui marquent leur différence ainsi…
Dans le temps, le signe distinctif imposé par les califes aux chrétiens et aux juifs, c’était une ceinture en laine, laide et pénible à porter. La robe longue est très confortable, mais elle l’est beaucoup moins avec une ceinture. Les ceintures étaient imposées aux juifs et aux chrétiens dhimmis, ou soumis. (Les autres étaient tués.) Les dhimmis n’avaient pas le droit de porter un turban comme les musulmans. Ils devaient porter un signe vestimentaire distinctif. À l’époque de la destruction du Saint-Sépulcre, le calife Hakem, basé au Caire, imposait aux dhimmis des objets à porter autour du cou. Les juifs devaient ainsi porter une étoile de David pesant plusieurs kilos, et les chrétiens une croix de plusieurs kilos aussi. Cela les obligeait à marcher la tête baissée. Hitler a tiré la leçon des signes vestimentaires distinctifs imposés par les califes aux chrétiens et aux juifs. C’est de là que vient l’idée de l’étoile jaune cousue sur les vêtements des juifs. En Europe aujourd’hui, les islamistes tiennent toujours à ce que les musulmans se distinguent des autres. Comme ils n’ont pas la possibilité d’obliger les chrétiens et les juifs qui vivent en Europe de porter ce signe, ce sont les musulmans qu’ils poussent à s’habiller autrement de façon à être reconnus dans la rue. Le voile est présenté comme le signe qui distingue la musulmane, et la musulmane non voilée subit souvent un véritable harcèlement dans les quartiers soumis aux islamistes. Beaucoup se voilent seulement pour avoir la paix.
Parallèlement, l’Arabie Saoudite a mené une stratégie de conquête pour changer la présence de l’islam en Occident…
Absolument. L’argent est un moyen de conquête, parce qu’il agit sur les cerveaux. Finalement, quand une personne est vaincue par des arguments, il n’y a plus besoin de guerre. Le summum de la victoire est de pouvoir gagner la guerre sans avoir eu à livrer un combat. Les Saoudiens se vantent de payer très cher une propagande imprimée et orale. Cette propagande consiste aussi à envahir le paysage par la construction de mosquées avec minaret, par la multiplication des voiles, des librairies islamiques, des boucheries halal. Pourquoi un pays étranger paie-t-il pour que des femmes se voilent en France ? Il faut savoir que beaucoup de femmes pauvres sont payées pour se mettre à porter le voile. Il y a un tarif pour le voile et un tarif beaucoup plus élevé pour le niqab. La loi française interdit le voile intégral. Qu’à cela ne tienne : de prétendus « bienfaiteurs » financés par on ne sait qui, paient les amendes. Ils profitent de la liberté que leur octroie loi française pour faire violer la loi française de la façon la plus voyante. C’est une façon de mener la guerre, effectivement !
Beaucoup de Français ne comprennent pas cela et soutiennent que l’on ne peut rien faire. Que leur dites-vous ?
Qu’ils passent l’histoire des autres peuples en revue pour voir s’ils n’y peuvent rien, car ce n’est pas vrai. S’ils pensent que ce qui arrive n’est pas grave, qu’ils aillent voir les résultats qu’il y a eu ailleurs. Regardez l’exemple de l’Afrique du Nord. Elle est le pays de Saint-Augustin. L’Égypte est celui de très grands saints, comme Antoine, Apolline ou Catherine. C’était des pays chrétiens avant l’arrivée des Arabes. Les historiens arabes expliquent les moyens utilisés pour islamiser les populations. Le pire était l’esclavagisme. Ils infligeaient aux populations un impôt religieux annuel appelé jizya. Cette jizya était si élevée que les Maghrébins ne pouvaient pas la payer. Alors ils leur disaient de payer avec leurs enfants. Concrètement, chaque région devait donner un enfant chaque jour de l’année lunaire pour qu’il soit vendu par les Arabes sur le marché aux esclaves. Et si cette jizya n’était pas payée, le peuple était attaqué ; tous les hommes étaient tués s’ils refusaient l’islam, et les femmes et enfants étaient vendus en esclavage. C’est de cette manière que les pays d’Afrique du Nord sont devenus musulmans.
On se sert de l’occupation française comme outil contre la France. Je ne veux pas défendre les Français dans ce qu’ils ont fait de mal. Mais il faut comparer ce qui est comparable. Les exactions françaises n’ont jamais privé les Algériens de leur liberté de pensée. Elles n’ont jamais opéré de lavage de cerveaux. Les Nord-Africains n’ont pas été convertis de force au christianisme ou à l’athéisme. Mais les Arabes, eux, ont commis des exactions d’une ampleur telle, que les populations se sont converties à l’islam. Les Nord-Africains ont dû devenir musulmans pour continuer à exister. Seuls ceux qui s’étaient réfugiés dans les montagnes ont gardé leur religion, leur droit coutumier, leur costume, leur culture berbères.
Vous revenez sur l’obligation de conversion au moment du mariage. L’homme chrétien a l’obligation de se convertir quand il épouse une musulmane, alors que la femme chrétienne n’a pas l’obligation de se convertir quand elle se marie avec un musulman, puisque les enfants suivent la religion de l’homme. La France, qui est une république laïque, ferme les yeux sur les mariages mixtes tout en sachant qu’il y a cette obligation de conversion puisque le mariage ne sera pas validé si l’homme ne se convertit pas. Par exemple, on voit régulièrement dans la presse people un article sur une personnalité ou un chef d’entreprise qui se marie avec une Marocaine, c’est donc qu’il s’est converti à l’islam, sinon le mariage n’aurait pas été valide…
La République française ne reconnaît aucun culte. C’est dans la Constitution. Et à partir du moment où vous ne reconnaissez aucun culte, il ne faut pas faire d’exceptions. Or il y a des textes de la Constitution qui sont acceptés ou refusés en fonction de la religion. Mais la République française n’est pas censée reconnaître des textes religieux. Alors, pourquoi continue-t-elle de respecter ces textes qui disent qu’il faut mépriser le chrétien ou le juif, qu’il faut tuer le mécréant, tuer le musulman qui ne fait pas ses prières, tuer le musulman qui refuse le djihad ou d’autres piliers de l’Islam, tuer le musulman qui refuse certains versets du Coran ? La République française autorise la diffusion de versets du Coran, alors que la loi interdit, de façon formelle, la diffusion de textes poussant au racisme, à l’esclavagisme ou à n’importe quelle violation des droits humains. Pourquoi la loi française qui ne reconnaît aucun culte, n’est-elle pas respectée dans ce cas sous prétexte que ces textes sont religieux ?
Vous avez analysé ce qui se dit dans les mosquées et les livres qui circulent… C’est édifiant alors que l’on nous explique depuis des décennies que la police surveille ce qui se dit dans les mosquées. Or, on continue de tenir des propos où l’on traite les chrétiens de porcs et les juifs de singes…
C’est évident, ils lisent le Coran dans les mosquées une fois par mois, c’est une obligation. Or il y a des versets qui disent qu’Allah a transformé en singes les juifs contre lesquels il était en colère ; dans un autre passage, il dit qu’une partie des juifs et des chrétiens ont été transformés en singes et en cochons. Ces textes existent et ils sont lus tous les mois dans toutes les mosquées. Le gouvernement parle de la modération des discours des imams. Mais ces discours sont ce qui va vraiment influencer les gens. Ce qui va les influencer, c’est la parole attribuée à Dieu.
Vous revenez sur des grandes affaires, comme celle de Sarah Halimi, et l’on s’aperçoit que le meurtrier était vraiment influencé par les islamistes…
Oui, ceux de la mosquée Omar qui ont islamisé la rue Jean-Pierre Timbaud à Paris. Il y a douze librairies islamiques dans un tronçon de cette rue, entre cette mosquée et le boulevard de Belleville.
Les pouvoirs publics étaient presque gênés de découvrir l’idéologie islamiste la plus radicale…L
Bien sûr qu’ils sont gênés ! En plus, le meurtre de Sarah Halimi a eu lieu dans une période d’élections, et tous flirtaient avec les islamistes pour qu’ils donnent des consignes de vote en leur faveur. Il ne faut pas oublier que François Hollande n’aurait pas été élu si les musulmans avaient voté contre lui. Ce n’est pas le cas d’Emmanuel Macron, qui a pourtant bien courtisé les islamistes pour avoir des voix… Dans « L’Islamisme et les Femmes », j’ai publié des photos de tracts envoyés pendant les élections aux islamistes qui montrent bien la servilité des politiciens envers ces gens.
La plupart des politiques sont totalement incultes sur cette question et ils n’ont jamais lu le Coran. Comment analysez-vous tout cela depuis Beyrouth ?
Ils projettent sur l’islam ce qu’ils ont entendu. Ils ont entendu des versets rassurants. L’un d’eux dit que celui qui tue un homme, c’est comme s’il avait tué tous les hommes… Mais on ne leur dit pas que ce verset précise qu’il s’agit de ne pas tuer « un homme qui n’a rien fait ». Or la liberté religieuse est considérée comme un délit. Ce verset ne concerne donc pas les mécréants ou les apostats, puisque le Coran dit de tuer les mécréants, et le Hadith dit de « tuer celui qui change de religion ». C’est pour cette raison que sous l’Empire ottoman on tuait les juifs qui devenaient chrétiens ou les orthodoxes qui devenaient catholiques. C’est cela qui a poussé toute la communauté catholique arménienne à quitter l’Arménie pour émigrer au Liban. C’est ainsi que doivent être traités également les musulmans contestataires. Et ils sont nombreux. Que faire dans ce cas ?
Dans votre précédent livre, vous commentez les propos de Tariq Ramadan, Tareq Oubrou et Dalil Boubakeur en analysant « ce qu’ils cachent ». Mais Dalil Boubakeur est un personnage bien sympathique dans la vie médiatique française…
Il est sympathique, il ne pose pas de problème dans sa vie sociale. Ce qui pose problème, c’est quand il explique que la sourate Al-Fatiha est l’équivalent du Notre Père chez les musulmans, alors que d’après l’explication officielle, cette sourate dit qu’Allah est en colère contre les juifs et que les chrétiens se sont égarés ! Et cette explication se fonde sur les versets coraniques qui disent qu’Allah est en colère contre les juifs, et que les chrétiens ont erré. Toute personne qui connaît bien le Coran comprend aussitôt l’allusion.
Mais l’homme politique moyen ou le Français moyen est totalement incapable de déchiffrer tout cela…
Tout comme le musulman moyen. Le Coran est très difficile à lire en arabe et la plupart des musulmans en France lisent le Coran en français.
Quid de Tareq Oubrou ?
C’est une autre affaire, parce qu’un jour il dit une chose, et le lendemain il dit son contraire. En 2015, après l’assassinat de journalistes de Charlie Hebdo, d’un policier musulman, d’une policière et des clients d’un Hyper Casher tous les oulémas ont protesté en disant que ce n’était pas l’islam. Tareq Oubrou a protesté aussi. Or la même année, il a donné une conférence dans laquelle il parlait des différentes espèces de djihad. Il parlait notamment d’un « djihad physique » contre les kouffars ou kafirs. Et il se mit à bafouiller en disant que c’était compliqué. Puis il dit que les kouffars ou mécréants étaient ceux qui « ne s’étaient séparés [de Mahomet] qu’après avoir eu la preuve décisive ». Il citait ainsi, partiellement, un verset du Coran, en omettant de citer la partie de ce verset qui désignait les chrétiens et les juifs ! Mais ceux qui viennent à ses conférences connaissent ce verset et comprennent que Tareq Oubrou leur dit de faire le djihad physique contre les chrétiens et les juifs !
On entend le mot kouffars assez fréquemment dans les banlieues…
Tariq Ramadan traduit ce mot par « les négateurs », mais ce n’est pas vrai : sur le plan du sens, c’est l’équivalent du mot français « mécréants ». En tout cas, Tareq Oubrou avait dit dans les années 90, toujours dans une conférence enregistrée, qu’il fallait rétablir le califat ou État islamique et que le musulman qui ne combat pas dans ce but est un pécheur.
Combattre ne signifie pas forcément physiquement, cela peut aussi être intellectuellement et politiquement…
Il y a les deux. Tareq Oubrou a parlé d’un djihad physique tout en précisant qu’il pouvait ne pas être physique aussi, car cela dépend des circonstances. Si vous êtes en état de faiblesse, il ne faut pas faire le djihad physique, notamment si vous êtes en minorité dans une communauté. Car vous ne réussirez pas. Le djihad de Tareq Oubrou consiste donc à convaincre les mécréants qu’ils ne doivent pas avoir peur… C’est de la propagande et c’est fondé sur un verset du Coran que cite Oubrou et qui dit de « faire le djihad contre eux à l’aide du Coran ». C’est donc d’un véritable harcèlement qu’il est question. Et finalement, cela aboutit, vu le nombre de conversions à l’islam que nous constatons en France.
Vous nous expliquez que nous avons une communauté musulmane importante en France et une communauté islamiste qui gagne du terrain au sein de cette communauté musulmane, aussi, lorsque les islamistes seront suffisamment importants, leur visage sera totalement différent…
C’est quelque chose que certains d’entre eux ne cachent pas. Anjem Choudary dit bien dans ses interviews télévisées que le but est de prendre l’Occident et de l’islamiser ! Il parle même du drapeau de l’islam flottant sur Downing Street…
Dès que quelqu’un arrive quelque part, il a envie de s’imposer culturellement… La responsabilité n’incombe-t-elle pas à la naïveté des politiques ?
Oui, mais les politiciens gagnent à tout cela, sinon ils ne seraient pas au pouvoir. Aucun parti politique n’est suffisamment puissant pour vaincre l’autre en se passant de l’aide des islamistes. Regardez l’élection de François Hollande. Les musulmans ont généralement suivi les consignes de vote données par les islamistes en sa faveur. Or sans l’apport de voix qu’il leur doit, François Hollande n’aurait pas gagné l’élection présidentielle…
On connaît tous des musulmans qui pratiquent leur religion tranquillement et qui sont à l’opposé de l’idéologie islamiste. Que leur dites-vous ?
J’ai des amis qui font le ramadan, qui ne mangent pas de porc, qui boivent ou ne boivent pas d’alcool, mais en tout cas, ce sont des gens qui respectent réellement l’être humain. J’ai de très bons amis qui font le bien et qui sont des musulmans. Ces gens pratiquent en donnant l’aumône ou en ne traitant pas un être humain de façon inférieure. Il y a certains chrétiens qui ne sont pas aussi bons… Les islamistes sont les pires ennemis de ces musulmans qui font le bien. D’ailleurs, les islamistes ont appelé à tuer les musulmans de l’armée libanaise avant les autres et, si Daech a été chassé du Liban, c’est grâce à l’armée libanaise. C’est le seul pays qui ait chassé Daech sans l’aide d’un pays étranger ! L’armée libanaise a beaucoup de déontologie. Avant de commencer une bataille, elle évacue les civils de l’ennemi, et elle le paie parfois par des morts et des blessés. L’armée libanaise gagne toutes les batailles parce qu’elle est soudée et parce qu’elle est aimée, car elle défend vraiment les civils. Les musulmans de l’armée libanaise sont les plus détestés par Al-Qaïda, qui a commencé par égorger des musulmans avant d’égorger des chrétiens. Daech en a plus contre ces musulmans qui n’obéissent pas aux islamistes, que contre les chrétiens.
Donc Kobili Traoré, après un service de réhabilitation dans un département de psychiatrie, sera remis en liberté, et ni prison ni procès. À ce moment, les Français auront oublié la tragédie de Sarah Halimi, une fois de plus. On pourra alors s’attendre à voir passer inapercue cette mise en liberté d’un individu qui, psychologiquement responsable ou non, pourrait récidiver.
À ce moment, Kobili sera-t-il surveillé de façon à ne pas récidiver? Dans L’islamisme et les Femmes, j’ai expliqué, et prouvé que le principal problème de Kobili Traoré n’était pas psychique, il était beaucoup plus grave que cela. Faute d’avoir fait le bon diagnostic, on ne pourra pas le guérir de façon définitive. On le débarrassera des symptômes, non de la maladie. Ensuite se posera la question de savoir si les services débordés seront vraiment en mesure de le surveiller d’assez près pour découvrir le moment où le problème réapparaîtra.
Et c’est là la tragédie. Car nous avons vu 19 fichés “S” («sûreté de l’Etat») passer à l’acte. Les plus célèbres : Mohamed Merah à Toulouse et Montauban en 2012, les frères Kouachi à Paris en janvier 2015, Ayoub El Khazzani qui a attaqué un train Thalys en août 2015, Adel Kermiche qui a égorgé le Père Hamel en juillet 2016, Sarah Hervouët et Inès Madani qui avaient rempli une Peugeot 607 de six bonbonnes de gaz et de deux bidons de pétrole en septembre 2016 non loin de la cathédrale Notre-Dame de Paris, et y avaient mis le feu pour faire tout exploser. En réalisant que le feu n’avait pas pris, elles étaient revenues vers la voiture pour reprendre l’allumage. C’est alors que, croyant voir des policiers en civil, elles avaient pris la fuite. Vainement recherchées par la police, elles avaient été retrouvées après avoir, quatre jours plus tard, attaqué des policiers au poignard. Récemment, Redouane Lakdim, lui aussi fiché « S », a commis les attentats de mars 2018 à Caarcassonne et à Trèbes, égorgeant le lieutenant-colonel Beltrame en criant « Allahou Akbar ».
Certes, Kobili Traoré n’était pas radicalisé comme tout ce monde, mais il n’était pas dans un état meilleur. J’ai décrit dans mon dernier livre, L’islamisme et les Femmes, dans quel état de harcèlement on l’avait mis, et j’ai expliqué, pas à pas, les raisons pour lesquels une telle situation peut exister en France.
Je pensais que mon livre aiderait la vérité à se faire au sujet de l’affaire Sarah Halimi, mais mon livre a été enfoncé dans le silence, tout comme la tragédie de Sarah Halimi elle-même. Et, je pense, pour les mêmes raisons. Car c’est l’occultation des informations que fournit l’enquête dans mon livre qui a permis à la juge de prétendre que Kobili Traoré était irresponsable. Si ces informations avaient été mises à la portée du grand public, cela n’aurait pu se faire.
Nous vivons dans une spirale suicidaire dans laquelle le signal douloureux ne parvient plus à destination parce qu’il est désagréable. Mais sans la douleur, comment saurait-on qu’il y a une blessure, un danger de mort? Si la douleur n’était pas désagréable, comment éviterait-on la mort? Je vois notre société comme un malade si gravement atteint qu’il n’a plus la notion de la douleur quand il est frappé par une arme ou par un mur. Le mal a rongé si profondément ses chairs que sa sensibilité est partie: les médias font tout oublier en parlant de football et de défilés de mode, et la société accepte cela.
Seulement, voilà. Cette lâcheté, ce refus de juger Kobili Traoré par peur de dévoiler les véritables raisons de son mal, multiplient le risque que la tragédie de Sarah Halimi se répète. Car il y a bien des femmes appartenant à des minorités religieuses qui vivent seules en France. Il y a bien des jeunes qui, comme Kobili, se croient possédés d’un djinn et se sentent désespérés à l’idée d’aller en enfer parce qu’ils n’ont pas fait la prière aux heures. Et il y a bien des moyens pour eux de pénétrer chez ces femmes pour accomplir le djihad qui, leur a-t-on dit, leur permettra de troquer les djinns de la terre contre les houris du paradis. Un djihad de vengeance. Cela existe. C’est là la pauvre histoire de Kobili, que j’explique en 40 pages denses et de grand format dans L’islamisme et les Femmes. Un petit livre, quoi, précédé de chapitres qui permettent de comprendre comment et pourquoi la France a changé.
Et si vous me dites : « À qui profitait le silence qui a entouré le meurtre de Sarah Halimi? A qui profite le silence qui entoure votre livre? » je répondrai : « Ce silence profite à ceux qui ont opéré cette transformation de la France. » Ce sont eux qui ont causé le malheur de Sarah Halimi, et avant elle, celui de Kobili Traoré.