Archives de catégorie : Désinformation

Les massacreurs magnifiques

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“Le siècle magnifique” : un feuilleton qui présente l’histoire comme on aimerait la voir, avec le sultan massacreur montré comme un homme juste, qui prêche la morale de la justice, qui parle même d’égalité et de fraternité, qui couchait toujours seul, sauf parfois une de deux esclaves (et encore, pas en même temps), alors que le personnage historique en a eu des centaines au cours des ans.

Un harem avec des esclaves toutes appelées “sitt” ou “hanem” (“madame”, titre qu’on ne donnait alors qu’aux dames les plus importantes de la société). Et toutes sont vêtues de pied en cap avec des robes de luxe à traînes, au palais, dans le jardin, etc. Merveilleusement, ces traînes ne se salissent jamais. Et ces esclaves qui font le gros ménage dans un palais gigantesque, sont toujours sur leur trente-et-un. Elles reçoivent régulièrement des cadeaux, des pièces d’or, des soieries venues de Chine, extra coûteuses (avec quel argent ont-elles été payées) ?

En réalité, le costume était la nudité forcée. (Voir les explications dans Fatwas et caricatures). Mais dans ce film, c’est tout juste si ces esclaves montrent le haut, assez pour détourner l’attention du spectateur de leur visage. On n’entend jamais le mot de flagellation, c’est tabou ! Pourtant, c’était encore appliqué avant Atatürk. Et on ne voit quasiment jamais de décapitations. Comment se fait-il donc que tout ce monde baisse toujours la tête? Cela, on le sait, ne peut être obtenu que par une peur permanente due à la connaissance d’actes de violence. Ainsi, M. Macron ne pourrait pas voir tous les gardes de l’Elysée garder la tête baissée, car il n’a jamais procédé à une flagellation, ni à une décapitation pour un mot mal placé ou parce qu’une esclave s’est retrouvée enceinte. Et aussi, parce qu’il n’a jamais donné l’ordre que les gardes aient toujours la nuque baissée. Mais ces pauvres gardes n’attrapent-ils pas un disque ?

Et ni les dames libres ni les esclaves affranchies ne se montrent en niqab ou burqa, au contraire: elles affichent des décolletés.

Et le sultan recommande à son fils de bien traiter ses frères lors de son accession au pouvoir. Encore un gros mensonge: le sultan Mahomet II avait institué une loi stipulant que tout nouveau sultan doit tuer ses frères pour éviter les guerres de succession. Lui-même avait fait égorger son frère, un bébé d’un an et demi, dans son bain.

Le même feuilleton ne montre jamais comment sont venus tous ces esclaves. Il ne signale pas qu’Ibrahim pacha, l’assassin du père de Fakhreddine et de milliers de druzes libanais, était un janissaire recruté dans le cadre du devchirmé dont j’ai déjà parlé.

Et l’article ci-dessous prétend que c’est dans sa vérité que l’Empire ottoman est montré !

Concernant ce feuilleton, je suis totalement d’accord avec M. Erdogan, même si nos opinions divergent sur le plan du jugement de valeur.

C’est vrai: le sultan Suleiman ne passait pas son temps à sa table en train de fabriquer des bijoux pour ses femmes, ou à faire des entretiens amoureux avec Roxelane sur sa terrasse, ou à parler des amours des autres et des disputes entre ses exclaves. Il les passait plutôt à se battre, et ensuite, à massacrer les hommes des villes qui avaient été vaincues par les armes, à enlever leurs femmes et enfants pour en faire ces esclaves qui peuplaient le harem, et ces janissaires, dont Ibrahim pacha.

A propos, dans la version arabe, j’ai eu beaucoup de mal à comprendre que “Char Kan”, c’était “Charles Quint”.

Enfin, ce feuilleton fait de la publicité à la conquête islamique, il médit des chrétiens et présente leur défaite, notamment celle des Hongrois et des Autrichiens, comme un bienfait pour l’humanité.

Lina Murr Nehmé, 7 octobre 2018
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Lien de l’article AFP et extraits:

teleobs.nouvelobs.com/…/le-siecle-magnifique-la-serie-qui-d…

“Le siècle magnifique” : la série qui défrise le gouvernement turc
Où Soliman le Magnifique apparaît comme un buveur et un coureur de jupons.
Par TéléObs
Publié le 28 novembre 2012 à 15h45
“C’est l’une des séries les plus populaires de la télé turque mais elle n’a pas échappé aux foudres du Premier ministre. Réputé pour ses sorties tonitruantes, Recep Tayyip Erdogan s’en est pris cette fois à un feuilleton qui décrit les turpitudes de Soliman le Magnifique, le jugeant contraire à l’Histoire et aux bonnes moeurs musulmanes.
“L’objet de l’ire du chef du gouvernement s’appelle “Le siècle magnifique”. Depuis maintenant un an, cette série dépeint sans fard le règne du plus fameux sultan de l’empire ottoman (1520-1566), entre conquêtes militaires, intrigues de palais et rivalités de harem. Des millions de téléspectateurs s’en régalent chaque semaine, en Turquie comme dans les pays du Maghreb ou d’Europe de l’Est où elle a été vendue.
“Mais apparemment, cette chronique romancée et décadente, qui montre Soliman un verre d’alcool à la main ou en plein ébats avec ses promises, n’est pas du goût du chef du gouvernement turc, qui l’a fait savoir dimanche au détour d’une pique adressée à ceux qui critiquent sa politique étrangère. “Ils demandent pourquoi nous nous occupons de ce qui se passe en Irak, en Syrie ou à Gaza. Mais nous nous intéressons à tout ce qui est lié à nos ancêtres. Ils ne connaissent nos pères et nos ancêtres que par ‘Le siècle magnifique’ mais ce n’est pas le Soliman que nous connaissons”, s’est exclamé Recep Tayyip Erdogan
“ ‘Il a passé trente ans de sa vie à dos de cheval et non dans des palais comme on nous le montre à la télé’, a-t-il poursuivi. “Je maudis et condamne les réalisateurs de ces séries et les propriétaires de cette chaîne de télévision”, a menacé Erdogan avant d’ajouter : “ceux qui jouent avec les valeurs du peuple doivent recevoir une leçon”. Le chef du gouvernement n’est pas le premier à critiquer “Le siècle magnifique”. Dès ses premiers épisodes, la fiction a créé de nombreux remous, dans les milieux religieux mais également politiques – parfois très liés entre eux.
“La semaine dernière encore, un des vice-Premiers ministres du gouvernement islamo-conservateur est monté au créneau lors du débat parlementaire consacré au budget de l’audiovisuel. “Ceux qui veulent humilier nos ancêtres et nos valeurs sur les écrans de télévision doivent d’une manière ou d’une autre être punis”, s’est emporté Bülent Arinç. Dès le début de l’année, l’organisme de supervision de l’audiovisuel a adressé un avertissement à Star TV pour “atteinte à la vie privée du Sultan” sur la base de dizaines de milliers de plaintes de simples citoyens.
“Les producteurs de la série se sont défendus en soulignant que leur fiction décrivait “l’une des facettes d’un sultan et la grandeur qu’il incarne”. Et ils ont rappelé que le goût de Soliman pour le vin était historiquement avéré. Sans surprise, les critiques du Premier ministre ne sont pas passées inaperçues dans les rangs de l’opposition, qui y a vu un nouveau coup de canif contre l’héritage laïc du fondateur de la République turque, Mustafa Kemal Atatürk. “Nous ne savions pas que le Premier ministre comptait dans ses fonctions la supervision des émissions de télé”, a raillé le vice-président du principal parti d’opposition (CHP), Umut Oran. (AFP/TéléObs, 28 novembre 2012)


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Le silence autour de la tragédie du Bataclan

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En écrivant le livre qui a été publié il y a un an (1), j’ai travaillé sur les atrocités qui ont eu lieu au BATACLAN, le 13 novembre 2015, égorgements, éviscérations et autres.

Ces atrocités ont été très peu répercutées par la presse, parce que c’était gênant et que ce n’était pas politiquement correct. Il y a pourtant eu assez de témoignages cités tout de même, pour que je puisse reconstituer la vérité dans ce livre. Et le pire se trouve dans le rapport parlementaire. Quand j’ai donné le manuscrit à mon éditeur, j’ai cru qu’il me dirait comme tout le monde: “Ce n’est pas vrai”, et qu’il insisterait pour que j’enlève le passage, qui pourtant était très important.

Au contraire, il a abondé dans mon sens et il m’a dit que c’était arrivé au fils de quelqu’un qu’il connaissait. Ce jeune avait été tellement mutilé et éviscéré, qu’on n’a pas pu montrer le cadavre à son père. Quand j’ai demandé à l’interviewer, mon éditeur a refusé de nous mettre en relation, disant que le sujet était “extrêmement sensible” et qu’il en avait beaucoup souffert. Je comprends cela, et je n’ai pas insisté.

Oui pour respecter la douleur des familles. Non pour diminuer l’horreur de ce qui est arrivé, et donc, diminuer la peur de voir cela se répéter. Car vous remarquez bien que tout est oublié maintenant, au point que Médine ait pu, non seulement exiger de chanter là-bas (et ses désirs sont des ordres vu l’argent qu’il apporte) et passer pour une victime.

Je ne parle pas d’un repliement égoïste sur soi. Je l’ai toujours dit et je ne change pas de langage: seul l’amour peut résoudre les problèmes. Ils nous haïssent. Si nous les haïssons en retour, nous leur aurons donné une victoire double. Car ils cherchent à nous pousser à devenir comme eux, et notre salut ne se trouvera que dans un comportement totalement opposé au leur.

Je voudrais entendre un seul de ces politiciens dire cette vérité qui peut être impopulaire à cause de la surenchère. Je voudrais entendre un seul prêtre (ou disons, beaucoup de prêtres) dire qu’on ne peut pas aimer ses ennemis si on leur passe n’importe quoi, et que si nous sommes exigeants envers nous-mêmes, nous devons aussi être exigeants envers ceux qui n’ont pas la même religion, la même nationalité, la même couleur. Nous le devons par respect pour l’être humain qui est en eux et qui doit être notre égal.

La justice n’est pas censée châtier pour venger, mais simplement, parce que le crime est contagieux et que le devoir de la société est de protéger l’être humain contre ses propres instincts. La loi et ses châtiments sont des barrières qu’on dresse entre l’être humain (qui peut être nous-mêmes quand nous sommes dans la même situation) et le fleuve de la tentation.

Finissons avec ce verbiage moralisateur qu’on entend d’église en église. On n’aime pas celui que l’on méprise au point de refuser de le tenir pour responsable et de haïr ses victimes parce qu’elles souffrent. La tuerie du Bataclan a été connue et a donné de la jouissance, au moral sinon au physique, à un certain nombre de personnes en France, parce qu’on leur a appris que c’était quelque chose de saint. C’est là la racine de la tragédie. Car avant d’être la tragédie de ceux qui sont tués et éviscérés au couteau, elle est la tragédie de ceux qu’on a convaincus que s’ils faisaient cela, ils iraient coucher avec de belles femmes, à l’instant même où ils mourraient.

Et je rappelle que les victimes, ce ne sont pas seulement ceux qui sont morts au Bataclan (ou ailleurs), ce sont surtout leurs familles qui vivent avec le souvenir. Au lieu d’en vouloir à celles-ci parce qu’elles n’arrivent pas à oublier ou pardonner, il serait bon de ne pas les pousser dans leurs retranchements en les traitant de nazis, comme si le premier nazi n’était pas celui qui tue sur la base de la race, ou de la religion.

1 Le livre dont je parle est L’islamisme et les Femmes. Je n’ai pas voulu mettre son nom en tête de l’article pour ne pas me faire de publicité sur le dos des victimes.

Lina Murr Nehmé

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Ci-dessous extrait tiré d’un article du “Monde” dont on parle beaucoup en ce moment, sur le père d’une des victimes du Bataclan

“Ce vendredi soir-là, il regardait le match de football France-Allemagne chez lui, à Lille, lorsque ont résonné les premières détonations des attentats parisiens. Il sait alors que son aînée, Nathalie, régisseuse lumière, assiste à un concert au Bataclan avec des amis. Il appelle. Rien. Prend sa voiture, avale en trombe les 200 kilomètres d’autoroute qui le séparent de la capitale. Il n’apprendra que quarante-huit heures plus tard que sa fille est morte, mais ne pourra la voir qu’à travers la vitre de l’Institut médico-légal de Paris. Sans même pouvoir « lui faire un bisou ».
“Depuis, Patrick Jardin ne peut plus suivre un match sans appréhension, lui le passionné de foot, un temps arbitre de haut niveau amateur. Il ne quitte plus la région lilloise sans faire un détour par le cimetière. Ne passe plus par Paris sans se recueillir devant « la toute petite plaque » d’hommage aux victimes, installée dans le square situé en face du Bataclan. Même lorsqu’il évoque des souvenirs heureux, comme le récent mariage de son fils, c’est pour insister, avant tout, sur l’absence de Nathalie. Trois ans après les attentats, il paie d’ailleurs toujours le forfait téléphonique de la jeune femme, pour pouvoir l’appeler quand il ressent le besoin d’entendre sa voix sur le répondeur. Il est allé jusqu’à récupérer les photographies prises par les médecins légistes lors des constatations judiciaires. « Là. Vous voyez ? » Il lui arrive de les sortir de son téléphone, sans prévenir, puis de souligner avec son doigt ce qu’il pense être les stigmates d’un égorgement. « Je ne dis pas qu’elle a été égorgée, mais je ne pourrai jamais être sûr. On nous cache tellement de choses », avance-t-il. Est-ce qu’il les observe souvent, ces photos ? « Ça m’arrive », murmure-t-il.
“La quête du moindre détail sur la mort de sa fille est devenue son obsession. « Je passe ma vie à ça », confie-t-il d’une voix ferme. Refaire l’enquête, coûte que coûte, malgré les évidences. D’après le rapport d’autopsie, le corps de Nathalie était criblé d’éclats de balle. Un élément presque oublié par son père, qui retient surtout qu’elle a succombé à un « traumatisme thoracique », ce que les experts désignent par le terme « pneumothorax », un décollement du poumon. Un choc bien connu de la médecine militaire, qui a conduit Patrick Jardin à se persuader que Nathalie aurait pu être sauvée si les secours étaient intervenus plus tôt…
Mais n’allez pas lui coller « une étiquette de facho dans le dos », comme il dit. Il refuse d’être qualifié de « raciste ». Lui préfère se dire « gaulliste », « nationaliste » et « patriote », comme toute la mouvance d’ultradroite. D’ailleurs, s’il a voté Marine Le Pen à la présidentielle, c’était surtout « par dépit » et parce que « surtout pas Macron » : « Il va laisser entrer encore plus de migrants en France, il faut mettre le holà. » Etait-il déjà si radical, avant les attentats ? Il a bien « un petit antécédent », une histoire de foot dans laquelle il avait « traité quelqu’un de sale Nègre », qui lui a valu six matchs de suspension et trois mois de prison avec sursis. Il raconte aussi les vols de voitures et de pièces d’outillage à répétition, dans son ancienne concession automobile de Tourcoing (Nord), et l’impuissance du commissariat voisin à coincer les coupables. C’est de là, à l’entendre, que daterait son sentiment grandissant d’un Etat bien trop faible.”

(par Elise Vincent et Lucie Soullier)

Lina Murr Nehmé, 29 septembre 2018

Source : https://www.lemonde.fr/long-format/article/2018/09/28/apres-le-bataclan-un-pere-sur-le-chemin-de-la-haine_5361248_5345421.html

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Le général Aoun et l’histoire du Liban

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Photo : Denis ALLARD/AFP

Je ne suis pas d’accord avec tout ce que dit le général Aoun. Mais il est indiscutable que lorsqu’il met Daech et Nosra sur la balance, comme il a fait dans l’interview du Figaro (23/09/2018), il montre le vrai fond du problème.

Dans la même interview, il signale qu’il a changé le haut-commandement de l’armée libanaise. Le lecteur occidental peut ne pas réaliser ce que cela signifie : c’est en effet la première fois depuis l’occupation syrienne (1990) que le haut-commandement de l’armée libanaise n’est pas nommé par les puissances étrangères. Dans un entretien avec les enquêteurs internationaux dont l’enregistrement a été publié par la chaîne de télévision NTV, le ministre de la Défense Elias Murr, ignorant qu’il y aurait des fuites, s’était laissé aller jusqu’à dire au sujet de Michel Sleimane: “Vous croyez qu’ils l’ont choisi parce qu’il était le meilleur choix pour l’armée? Non, ils l’ont choisi parce qu’il était le pire.”

Après lui, Kahwaji, espérant devenir Président parce que maronite, et n’ayant pas la puissance populaire qui lui permettrait de le devenir par “ses propres muscles” comme on dit au Liban, a littéralement livré les soldats libanais à Daech en 2014, en acceptant de retirer l’armée libanaise d’Ersal et de laisser les terroristes partir “avec” les dizaines d’otages de l’armée libanaise et des forces de sécurité intérieure qu’ils détenaient.

D’où l’égorgement du soldat sunnite Ali Sayyed, dont l’horrible martyre, diffusé par vidéo, a poussé des jeunes à brûler le drapeau de Daech sur une place de Beyrouth. Suite à quoi le ministre islamiste Achraf Rifi a demandé pour eux “la prison et les peines les plus sévères”. Ce qui m’a poussée ce jour-là à brûler le drapeau de Daech par défi envers cette décision de Rifi: qu’il me mette en prison avec les jeunes ou qu’il les laisse tranquilles. L’opinion publique libanaise était tellement dégoûtée que mon geste était attendu et a provoqué une vague mondiale de brûlage du drapeau de Daech. Les musulmans m’ayant défendue (sauf les islamistes, bien sûr), je suis restée en vie, je ne suis pas allée en prison, les jeunes non plus, et c’est Achraf Rifi qui n’a plus eu d’existence politique à l’échelle nationale. Et il n’en aura qu’en cas d’invasion du Liban.

C’est en connaissant ce climat et en sachant comment les soldats libanais ont été trahis qu’il faut voir l’importance du changement du haut-commandement militaire au Liban. Car aussitôt Aoun arrivé au pouvoir et le commandant en chef changé, l’opération contre Daech a pu être faite et menée très rapidement à bout.

Le gouvernement libanais refusant de parler avec le gouvernement syrien, le Hezbollah avait été l’intermédiaire entre les deux afin d’obtenir le retour des otages… qui étaient morts: ce sont des cercueils qui sont revenus.

Voyant le Hezbollah s’attaquer à Nosra qui tenait Ersal et ses environs, l’armée libanaise stationnée sur place avertit son commandement qu’elle ne pouvait honnêtement pas rester laisser une milice libérer le pays et verser son sang pour lui. Pour la première fois depuis le début de l’occupation, le haut-commandement donna aux troupes stationnées là-bas, le droit de libérer le territoire. Ce fut l’opération Fajr el-Jouroud, où l’armée libanaise s’attaqua à un ennemi en position de force, au sommet de hauteurs occupées par l’ennemi le plus coriace, le plus cruel du monde, et qui ne pouvaient être atteintes qu’en grimpant sur une pente presque verticale par endroits.

J’ai donc tenu à mettre ce post pour signaler que les choses ne sont pas aussi simples que le présente à peu près tout le monde. Surtout quand un habitant du Liban sur trois est un réfugié sunnite, syrien ou palestinien, et que les grandes puissances cherchent depuis 1973 à faire éclater le Liban pour pouvoir résoudre le problème palestinien en leur donnant un Etat aux dépens du seul pays qui n’est pas “intéressant” pour l’Occident, je me demande bien pourquoi: moi, je trouve la formule libanaise très intéressante dans son essence et non dans le soi-disant “pacte” de 1943 qui est anticonstitutionnel. Qu’il se soit trouvé une majorité de musulmans au Liban pour défendre une femme seule qui a brûlé le drapeau de Daech alors que Daech se trouve à quelques dizaines de kilomètres seulement, et à faire que cette femme soit encore en vie trois ans plus tard, prouve le succès et la viabilité de l’entité libanaise. Et l’Occident peut se féliciter de ce que nous existons encore et que nous refusons de mourir en tant qu’entité multiconfessionnelle. Car c’est sur notre cadavre que passeront les islamistes sur leur route pour envahir l’Occident.

Rappel: Quand François Hollande est venu au Liban pour la première fois, il a dit qu’il venait pour visiter un camp de réfugiés syriens et voir comment faire pour que les réfugiés syriens y restent…

Face à ce genre de politique que subit le Liban depuis 1973 (cf. mes deux livres Le Liban assassiné et Du règne de la Pègre au réveil du Lion, nous sommes encore debout, nous ne haïssons personne, et nous ne voulons de mal à personne. C’est peut-être en cela que nous sommes debout.


Et un message à MM. Zemmour et autres. S’il vous plaît, cessez d’utiliser le mot “libanisation” dans le sens où vous l’entendez, car c’est faux. Il n’y a pas un endroit au Liban où il n’y ait pas des chrétiens et des musulmans qui vivent ensemble, qui s’aiment. Et on ne sait pas toujours qui est chrétien et qui est musulman.

Si les Libanais étaient le genre à être en guerre civile, ils n’auraient pas pu vivre un siècle sans émeutes et sans guerre ou massacres (entre 1861 et 1958). Et le Liban était le seul pays du Moyen-Orient à avoir cette stabilité.

Cela a changé à partir de 1958, non parce que les Libanais seraient soudain devenus des fous furieux, mais parce que l’or étranger a commencé (ou recommencé) à acheter les traîtres. Heureusement, il y a eu bien des révélations à ce sujet. Il y en a au sujet de toutes les guerres prétendues civiles au Liban. Ce sera le thème d’une partie de mon prochain livre.

Lina Murr Nehmé, 24 septembre 2018

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Nation française et nation islamique (oumma)

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“Aujourd’hui, les définitions positives de la nation restent très contestables. Michael Walzer propose l’une des plus acceptables : “une communauté historique, liée à un lieu symbolique, instituant et révisant un mode de vie, en vue d’une autodétermination politique et culturelle”.”

(Gil Delannoi, La Nation contre le nationalisme, PUF, 2018, p. 27, citation relevée par Jérôme Maucourant).

 

Parlez de la France comme d’une nation liée à une même histoire et à une même culture, et on vous traitera de “nazi”, même si votre peau est d’un noir d’ébène. Faites le même discours en employant le mot arabe “oumma”, et on ne vous traitera pas de nazi.

Or “oumma” veut littéralement dire “nation”. L’appartenance à la oumma est un concept national à l’échelle mondiale qui est spécifiquement basé sur une culture commune, la culture islamique charriée à travers une langue commune, l’arabe. Et sur une histoire commune: celle que racontent les hadiths, la Sira, Tabari et Baladhori. Et aussi, celle des califats successifs, qui sont à la oumma ce que sont les rois à la France.

Le concept de “oumma” n’est pas géographique, mais uniquement historique et culturel (religieux). Les islamistes affirment qu’on appartient de facto à la oumma quelle que soit sa nationalité, à condition qu’on partage une même culture religieuse et une même histoire. Ils disent aussi que si on appartient à la “oumma“, il est impossible d’appartenir à une autre nation. Selon eux, le patriotisme est un crime (passible de mort).

D’après le concept islamique de oumma, tel qu’il est présenté dans le monde entier y compris en France, il est caduc, pour un Maghrébin né en France, de se dire français sur la base de sa naissance. Car l’appartenance nationale est culturelle ou historique et non géographique.

Il y a donc quelque chose de faux dans le jeu de ceux qui exigent qu’on les considère comme des Français quand il s’agit d’implémenter des éléments de charia (loi de la oumma) comme le voile en France, et non quand il s’agit d’accepter la culture et la façon de s’habiller françaises, puisqu’en arabe, “nation” est obligatoirement la communauté historique et culturelle qui inclut le vêtement, la nourriture halal, la séparation des sexes, le meurtre de l’apostat, etc.

Est-ce que par le plus grand des hasards il n’y aurait pas une toute goutte de racisme dans ce “deux poids deux mesures” ?

Lina Murr Nehmé, 19 septembre 2018

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Hommage à Patrice Quarteron

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Champion mondial de boxe peut-être, il est tout de même champion dans un domaine bien plus important à mes yeux: le courage de la vérité.

Il est en effet la seule célébrité à avoir eu le courage, après avoir vu la vidéo montrant les faits dans l’affaire Théo, de s’excuser auprès des policiers injustement accusés de viol, disant :
“J’ai hurlé avec les loups.”

www.facebook.com/1711540449065336/videos/2082429795309731/

Il avait fait une vidéo pour les accuser ? Il a utilisé le même média pour s’excuser.

A quand le tour de MM. Macron, Hollande et autres ?

Lina Murr Nehmé, 16 septembre 2018

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Liban : un charnier découvert ?

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N.B. : Cet article a été publié sur Libnanews le 24 juillet 2011. Lien vers l’archive.

Lina Murr Nehmé, 24 juillet 2011, Beyrouth – On a découvert une fosse commune dans un terrain appartenant à un couvent à Chebaniyeh. Puis on nous a dit que ce ne sont que des os animaux jetés par un boucher. 

D’abord, les os animaux ne sont pas jetés (les bouchers les donnent ou les vendent pour la soupe et le bouillon).

Quelle que soit la nature de ces ossements, il est inacceptable qu’une partie de la presse n’ait pas le droit de les approcher pour les examiner.

Et de toute façon, il est inadmissible que quiconque se mêle d’affaires de ce genre avant le procureur et les ministères concernés, le premier étant le ministère de la Justice. Où est le ministère de la Justice en ce moment?

Et le témoin a parlé de 27 sacs d’ossements. Or 26 n’ont pas été trouvés. Où sont-ils?

Ceci nous rappelle la tragédie de la fosse commune de Halate. On nous avait dit qu’il n’y avait pas d’ossements, car ceux qui avaient creusé la terre avaient refusé de tenir compte des indications des témoins, et ils avaient creusé là où il était impossible de trouver quelque chose.

En 2000, lors de l’enquête faite par l’Etat libanais, Joumblatt et Berri ont reconnu qu’ils avaient tué tous les otages qu’ils avaient enlevés. Dans ce cas, ils doivent être dans une (ou des) fosses communes. Si la fosse comune de Chebaniyeh n’est pas un endroit où sont enterrés des hommes, où sont les fosses communes contenant les cadavres des Libanais tués par Joumblatt, Geagea ou Berri durant la guerre?

La légèreté et la vitesse, le manque de professionnalisme avec lesquels l’affaire est menée, sont inquiétants pour le futur. Car le jour où il y aura une vraie fosse commune d’ossements humains, il y aura de fortes chances pour qu’on la bouche avant que le ministère de la Justice s’en soit mêlé.

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Baby-Loup et la charia : la France doit défier l’ONU (Causeur)

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Article paru dans Causeur :

 

https://www.causeur.fr/baby-loup-onu-voile-ccif-macron-154380

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Blanquer et l’enseignement de l’arabe : Cœur d’amour épris

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Cœur d’amour épris.

Le ministre de l’Education en France parle de mettre l’accent sur l’arabe à l’école. Parallèlement, on ne signale pas que le grec et le latin ne seront presque plus enseignés à l’école, puisqu’on a supprimé le Capes de Lettres classiques et que les latinistes et hellénistes sont de plus en plus rares au lycée. Donc il n’y aura plus de profs de grec et de latin. Donc, il n’y aura plus, à plus ou moins court terme, de cours de grec et de latin en France. La pénurie de professeurs se ressent déjà. Au lycée, certains sont obligés, pour faire du latin, de prendre une option “CultureS de la Méditerranée”, qui inclut évidemment des cours d’arabe.

Comme chacun sait, l’Arabie est une île de la Méditerranée. Et des linguistes médiatiques nous expliquent que l’arabe fait partie du patrimoine linguistique français.

Car, bien sûr, on a supposé que les Français d’origine maghrébine ne pouvaient apprendre que l’arabe, comme s’ils n’avaient pas de cervelle. Racisme et injustice. Tous les enfants peuvent apprendre et être capables d’apprécier les chefs-d’œuvre du grec et du latin, et comprendre les racines de tant de mots français.

Or l’arabe est une langue morte comme le grec et le latin. On supprime des langues européennes sous prétexte qu’elles sont mortes, pour les remplacer par une autre langue morte qui se trouve être, comme par hasard, celle dont les islamistes exigent l’apprentissage pour que leurs prêches soient accessibles aux jeunes et poussent ceux-ci à devenir djihadistes.

Mais pas ceux-ci seulement: bien des Français sont les cibles des islamistes. Faute de comprendre les tragédies grecques et Cicéron, ils comprendront au moins ce que disent ceux qui font les prières de rue.

(En plus, vous savez que Blanquer est censé être l’anti-Najat Vallaud-Belkacem.)

Lina Murr Nehmé, 10 septembre 2018

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Silence occidental sur le massacre et l’esclavage des chrétiens d’Orient

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© Lina Murr Nehmé, L’Islamisme et les femmes, Salvator, 2017

En Orient, Daech a commis ses massacres et ses viols en plein jour, tuant tantôt des chiites ou des sunnites (et en diffusant les vidéos), tantôt des alaouites, tantôt des chrétiens et des yazidis.

litiqueur une raison ou pour une autre, l’Occident n’a pas entendu parler de toutes ces catégories humaines massacrées. Il n’a entendu parler que des yazidis. Et quand Irbil était encerclé, puis ravagé, personne n’a raconté, en Occident, qu’il y avait des villages chrétiens et pas seulement des villages yazidis ou musulmans. Seuls le savaient ceux qui étaient en contact avec ces villages.

Et les femmes et les enfants des victimes, tant chrétiennes que yazidies, ont été vendus ou prostituées.

Mais il y a un racisme dans l’information à destination du public occidental, information qui doit avoir aussi ses raisons politiques, car cela dure depuis le début de la guerre du Liban. Est-ce que les chrétiens sont d’une race inférieure, qu’on ne les mentionne pas quand ce sont eux qui sont victimes ?

Ainsi, l’Occident politique et médiatique n’a parlé que des yazidis, ignorant de façon presque systématiquement les massacres et l’esclavage qui frappaient les chrétiens.

Il faut revenir à la propagande de Daech et à sa liste des prix minimum auquel un moudjahid a droit de vendre une esclave “chrétienne” ou “yazidi” (voir photo supra) pour savoir que les chrétiens étaient également massacrés en cas de résistance — car eux aussi résistaient, ils n’étaient pas des fuyards — et que leurs femmes étaient également violées et vendues.

Lina Murr Nehmé, 7 septembre 2018

 

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Liban : une vraie nation n’a pas besoin du “vivre-ensemble”

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En France, le voile pose problème — et me pose problème — parce qu’il s’est imposé comme une forme de rejet, de haine, pour des raisons politiques, et comme une forme de propagande religieuse. Alors qu’au Liban, où de toute façon chacun a sa religion et accepte que l’autre pense différemment, il n’y a pas de ce genre de prosélytisme: on peut avoir deux sœurs dont l’une est voilée et l’autre a ôté son voile sans que sa famille dise quoi que ce soit.

Voici Mme Hayat Shour (photo ci-dessus) qui était si ostentatoire avec son bonnet et l’énorme drapeau libanais qu’elle brandissait à bouts de bras, quand je l’ai remarquée au milieu de la foule et que j’ai couru prendre d’elle plusieurs photos.

Il faut signaler que cette manif était une protestation pour faire libérer des officier et soldats emprisonnés à la demande des islamistes.

Si je me souviens bien, c’est parce qu’ils avaient tiré sur des terroristes islamistes et tué un cheikh réputé pour sa violence verbale et ses connexions terroristes. Le climat était extrêmement tendu: une dizaine de membres (musulmans) d’un parti politique avaient été lynchés par les islamistes dans cette région. L’armée libanaise avait dressé ce barrage sur la route, à l’occasion d’une commémoration faite par ce même parti politique, pour empêcher un nouveau lynchage. Ce cheikh avait refusé de faire stopper sa voiture au barrage, et un de ses hommes avait même tiré sur les soldats. L’officier et les soldats n’avaient fait que leur devoir en tirant, et leur emprisonnement était injuste. Le fait que le coffre la voiture du cheikh se soit révélé bourrée d’armes et d’explosifs alors qu’elle prenait la route qui menait vers la manifestation politique, prouve qu’il y avait eu de quoi s’inquiéter.

Hommage, donc, à tous les musulmans de l’armée libanaise, tant ceux qui ont été égorgés par Daech parce qu’ils ont combattu Daech, que ceux qui, aux côtés des chrétiens, ont vaincu Daech, faisant de la minuscule armée libanaise, la seule armée à avoir vaincu Daech et à l’avoir chassé de son pays toute seule, sans aide russe ou occidentale. Et je rappelle que sans l’armée libanaise, Daech aurait pris son essor en 2007, à partir de Nahr-el-Bared au Liban, au lieu de le prendre en 2014 à partir de l’Irak.

Hommage à tous les musulmans auxquels le Liban doit son existence en tant que pays de la liberté de pensée, pays de la liberté d’expression, pays de la liberté tout court, pays où on est capable de défendre la justice. Car, je le montrerai dans le prochain livre que je publierai à Paris — et qui devra son existence à un juif libanais — tout ce qui a été appelé guerre civile au Liban au XXe siècle, c’était en fait des guerres d’occupation déguisées. J’ai déjà prouvé cela quand aux massacres de 1860, dans mon livre “Quand les Anglais livraient le Levant à l’Etat islamique”.

C’est à des musulmans ou à des druzes que l’Etat libanais doit d’exister, car sans eux, nous, chrétiens, nous n’aurions pas pu prouver que nous étions innocents des accusations que lançaient contre nous les islamistes et les Etats qui convoitaient notre terre. Notamment aux heures les plus critiques: au XVIIIe siècle, où le druze Fakhreddine a fait de notre pays un Etat fort, et celle où Nasser a voulu faire un Anschluss, en 1958, quand l’ONU et les grandes puissances prétendaient qu’il y avait une guerre civile au Liban, parce qu’ils croyaient avoir plus intérêt à plaire à Nasser qu’à ses victimes.

Dans ce second cas, le Premier ministre Sami Solh est resté debout à son poste et non à genoux devant l’argent (et dans mon livre je donnerai les noms et les sommes reçues par les soi-disant insurgés). Sami Solh a déclaré que les musulmans n’avaient rien contre les chrétiens et que le conflit était une guerre étrangère et non une guerre civile. Il a été combattu comme le sont les gens debout quand les autres sont à plat ventre. Il y a perdu son poste et ses biens, mais il y a gagné l’existence du Liban, ce qui est le plus beau des mécénats.

Et pour tous les musulmans, druzes et juifs qui, avec nous, ont été les soldats inconnus, non pas de ce stupide, hypocrite et détestable “vivre-ensemble”, mais du “s’aimer mutuellement en se respectant mutuellement” qui, seul, fait une nation.

Lina Murr Nehmé, 3 septembre 2018

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