Il est vrai que Daesh ment comme pas deux, mais voilà que l’Etat algérien lui-même reconnaît que l’Etat islamique, s’étant frayé un chemin sanglant depuis le Nigéria grâce à Boko Haram, se bat maintenant en territoire algérien.
Son but, comme je l’ai écrit il y a quelques mois, est de traverser la Méditerranée jusqu’en Italie, et de là, jusqu’au reste de l’Europe. Les manifestations qui ont lieu un peu partout peuvent faire plier un gouvernement, elles ne servent à rien face à Daesh. Et comme le FLN n’a nulle envie de quitter le pouvoir, les élections algériennes pourraient être truquées. Il y aurait alors un bras de fer dont les islamistes sortiraient nécessairement gagnants, comme ce fut le cas à l’issue de tous les Printemps Arabes, sans exception.
Dans ce communiqué, Daesh annonce que, le 24 rabih awwal 1441 (21 novembre 2019), il a tué huit soldats algériens, dont un officier, dans la région de Tamanrasset.
L’Algérie, de son côté, reconnaît être attaquée par Daesh, et avoir connu plusieurs accrochages en divers lieux (ce qui veut dire que Daesh gagne du terrain en Algérie). Mais l’Algérie n’a pas encore annoncé de martyrs. Je n’aurais cependant pas une confiance aveugle en la parole du FLN et de l’armée, qui n’ont pas intérêt, à la veille des élections, de diminuer leurs propres chances de victoire. Les islamistes algériens, au contraire, ont intérêt à propager ce communiqué pour démoraliser l’adversaire.
Remarquez que Daesh appelle les soldats algériens “apostats”. S’il y a vraiment eu huit martyrs algériens, c’est, probablement qu’elle a gagné la bataille et les a tués en tant que prisonniers. Vous rappelez-vous le “Pas de prisonniers!” du film “Lawrence d’Arabie”?
Quel que soit le nom du vainqueur de cette élection, nous devons tous lui demander des comptes. Car en France, la liberté religieuse est garantie. Mais la France peut-elle autoriser, sous prétexte de liberté religieuse, qu’on impose aux musulmans de France des textes qui, contrairement à la loi, visent à implanter dans les cerveaux le sexisme, le racisme, l’antisémitisme, et à convaincre les hommes que leur devoir est de battre les femmes si elles ne se voilent pas, ou si elles sortent sans la permission de leur mari? Ou si, simplement, elles “le prennent de haut”?
Il faudra exiger du candidat sortant:
1- qu’il applique la loi qui interdit cette littérature. 2- qu’il demande des comptes à l’Algérie concernant la fermeture des églises, alors que la France a autorisé la construction de centaines de mosquées maghrébines en quelques années — sans compter celles construites par les autres.
Identité de traitement, réciprocité. Nous ne pouvons pas fortifier des régimes qui persécutent des gens pour leurs idées.
Le 15 février 2017, Emmanuel Macron crut bon d’appuyer sa candidature à la Présidence de la République française, en allant déclarer, en Algérie, que la colonisation française était un crime contre l’humanité.
Comme je venais, le même mois, de sortir “Tariq Ramadan, Tareq Oubrou, Dalil Boubakeur: ce qu’ils cachent”, j’étais encore plongée, et dans l’histoire de l’Algérie, et dans les crimes contre l’humanité qui y ont été commis. J’ai donc écrit cette lettre à M. Macron qui, ayant l’âge de mon fils, pouvait être excusé de ne pas connaître les réalités historiques.
Un ami l’a alors réalisée en vidéo (lien ci-dessous). Mais la campagne électorale est devenue si sale, et on a tellement parlé de la colonisation française dans un but électoral totalement éloigné de la réalité, que j’ai décidé de me retirer du débat, et de mettre la vidéo au tiroir. Temporairement. Car je savais que je ressortirais cette vidéo, convaincue que j’étais qu’on ne cesserait pas de parler de la colonisation, et qu’il faudrait clarifier ce terme (et ce qu’il cache) une fois les passions de la campagne électorale calmées, et avant que ne se déchaînent de nouvelles passions à l’occasion d’une autre campagne électorale.
D’autre part, l’Algérie a été soumise depuis l’indépendance à des pressions islamistes pour des raisons financières: l’Etat qui donne de l’argent, est aussi celui qui donne des ordres. J’avais parlé de cette islamisation et de ses résultats dans “Tariq Ramadan, Tareq Oubrou, Dalil Boubakeur: ce qu’ils cachent”. Ce que j’ignorais, c’est le degré de refus d’une grande partie des Algériens, notamment jeunes, face à la désinformation dont ils ont été victimes à l’école et dans les manuels scolaires.
C’est pour eux que je publie la vidéo aujourd’hui, pour eux qui osent reparler de leur passé pour faire éclater la vérité au grand jour. Il est temps de rappeler les crimes contre l’humanité au Maghreb et à l’Ifriqiya entre les VIIe et XVIIIe siècles. Ceux qui les ont commis se moquaient bien de la politique française qui se ferait, treize siècles plus tard, et ils se moquaient certainement de nous tous, mécréants, et des élections qui mettraient Emmanuel Macron et Marine Le Pen face à face en 2017.
Il s’agissait d’un génocide culturel total, auquel ont survécu ceux qui, retranchés dans leurs montagnes-forteresses, se sont accrochés à leurs traditions et à leur droit communal.
Les Berbères, dans leur doit coutumier, respectaient beaucoup la femme, par exemple. Ce n’est pas ce que nous avons vu pratiquer en Algérie depuis le départ des Français, de la part du gouvernement qui a tenté d’écraser la culture ancestrale berbère au profit de l’arabisme.
Je ressors donc cette vidéo. Nous la dédions aux Algériens qui, durant les années 1990, ont revécu une partie du cauchemar qu’ont connu leurs ancêtres, du VIIIe siècle au XVIIIe inclus.
Texte de la lettre ouverte écrite à Emmanuel Macron en février 2017 :
Je comprends, monsieur Macron, que vous alliez accabler la France à l’étranger. Quand on ne dispose pas d’assez de voix pour les prochaines élections, il faut bien mendier le vote de ceux qui veulent rester étrangers en France. C’est pourquoi vous avez calomnié la France en disant que sa colonisation de l’Algérie était un crime contre l’humanité.
On voit que vous ne savez pas de quoi
vous parlez. Je ne puis raconter ici les faits, ma lettre serait trop longue et
vous ne la liriez pas. Je vous renvoie donc à mon livre Tariq Ramadan, Tareq
Oubrou, Dalil Boubakeur : ce qu’ils cachent[1]. Sachez seulement
que dès le début de la colonisation française, c’est une guerre de djihad qui a
été déclarée à Oran et non une résistance. Les djihadistes coupaient les têtes
des Français et des Algériens qui ne se soumettaient pas à eux. Ils les
accrochaient aux arçons des selles de leurs chevaux et ils caracolaient avec
ces trophées sanglants qu’ils exposaient sur des piques à l’entrée de leur
camp.
Vous me direz que ces djihadistes
défendaient leur pays, tout comme vous avez dit que les djihadistes de Syrie
défendaient le leur, alors que vous saviez qu’ils opprimaient les populations.
Comme eux, les djihadistes algériens se vantaient d’être des Arabes et ils
méprisaient la majorité algérienne qui était kabyle. Ils avaient livré
l’Algérie au sultan du Maroc parce qu’il était arabe lui aussi. Et en son nom,
ils avaient entrepris de transformer l’Algérie en État islamique.
Beaucoup d’Algériens subissaient ces
djihadistes, et ils les combattaient quand ils le pouvaient. Ils refusaient
qu’on leur impose l’identité arabe à la place de l’identité de leurs pères, la
langue arabe à la place du berbère, et la charia à la place de leur droit
coutumier qui respecte la femme. Et quels qu’aient été les torts de certains
Français, l’actif est si important que les Algériens qui aimaient les Français
ont toujours représenté une grande partie de la population, malgré toutes les
pressions : propagande, bakchich, menaces… Sans cela, les Français
auraient été vaincus depuis longtemps vu leur petit nombre et l’immensité de ce
pays montagneux. Mais il y a un parti pris dans la manière dont les harkis et
les pied-noir sont perçus. On dit du mal d’eux pour justifier le mal qu’on leur
fait.
Le Maghreb avait autrefois une
civilisation florissante, une civilisation multimillénaire. C’est la
colonisation arabe qui l’a détruite. Les Arabes ont tué les hommes, violé les
femmes, vandalisé les monuments, les peintures, les sculptures, les
bibliothèques et les églises de Libye, d’Algérie, du Maroc, de Tunisie. Cela,
ce n’est pas moi qui le dis, ce sont leurs chroniqueurs. Lisez leurs textes
traduits dans mon livre. Ils nous montrent des monstres face auxquels les
djihadistes modernes ressemblent à des enfants de chœur.
Ces colonisateurs arabes avaient imposé
aux Maghrébins qui refusaient de changer de religion, une amende religieuse
appelée jizya. Cette jizya était si forte qu’ils ne pouvaient la payer. Les
Arabes leur avaient alors dit de payer en nature : 360 enfants par an et
par région. Les années arabes sont lunaires : 355 jours. Chaque région devait
donc payer plus d’un de ses enfants par jour pour prix de sa religion. Et vous
imaginez les cris des mères auxquelles on arrachait leurs enfants, et les massacres
qui s’ensuivaient, car les pères défendaient les enfants…
C’est cette méthode qui a changé la
religion de l’Afrique du Nord et du Moyen-Orient. C’est cette méthode qui a
moralement fait des Maghrébins des esclaves en les obligeant à abandonner leur
foi pour adopter celle de leurs ennemis.
C’est cette méthode que la France n’a
utilisée ni en Algérie, ni ailleurs. Il est vrai qu’elle a commis des crimes
bien plus grands que vous devez absolument dénoncer : elle a financé en
Algérie des hôpitaux, des écoles, des routes, des ponts, des installations
pétrolières. C’est vrai, monsieur Macron, construire des hôpitaux est considéré
comme un crime très grave, un crime contre l’humanité. Plus grave encore :
la France avait respecté la religion des Algériens au point de financer des
écoles coraniques en Algérie, et d’interdire aux missionnaires chrétiens de
critiquer l’islam. C’est cela qui pour vous est un crime contre l’humanité,
j’imagine.
Mais comment parler d’hôpitaux, de
routes et d’écoles, quand la pensée des enfants et des adolescents maghrébins
arrachés à leurs parents par les Arabes, hante et torture, quand leurs cris
résonnent aux oreilles, lancinants et terribles ? La souffrance des
centaines de milliers de petites filles maghrébines violées pour que l’islam puisse
coloniser le Maghreb vous glace-t-elle le sang, monsieur Macron ? Que
diriez-vous, que feriez-vous si on vous réclamait vos enfants pour en faire des
esclaves parce que vous auriez refusé de devenir musulman ? Que
feriez-vous si on faisait de votre fille une bonne gratuite le jour, et une
prostituée gratuite la nuit ?
Mais si vous disiez la vérité, vous ne gagneriez pas les voix de
l’électorat qui, en France, se réclame des colonisateurs arabes… et vous
n’auriez aucune chance de gagner les élections. C’est pourquoi je ne pense pas
que vous réparerez vos torts envers notre pays. Vous y perdriez beaucoup trop
de voix et vous seriez privé du plaisir de voir flotter, pour célébrer votre
élection sur la place de la Bastille, les drapeaux algérien et turc. Avec, en
bonus, ceux des djihadistes du Jaych el-Horr syrien, dont les hommes
égorgeaient des policiers dans la rue dès le début de la guerre de Syrie, et
plus tard, mangeaient des cœurs humains devant la caméra.
Pierre Liscia, élu LR du XVIIIème arrondissement de Paris, qui se
plaint notamment de la situation à la Chapelle (trafic et consommation
de crack, insécurité), est copieusement insulté pour avoir dit à Rachid
Nekkaz qu’il était un “islamiste bon teint”. Depuis 2 jours, il est la
cible de réseaux “organisés” qui lui en veulent d’avoir dit ce qui
semble bel et bien correspondre à la réalité.
Rachid Nekkaz a renoncé, paraît-il, à la nationalité française, après avoir fait fortune
dans l’immobilier. Il affiche son soutien à Tariq Ramadan, s’est fait
connaître en payant les amendes des femmes en niqab sur le territoire
français, ce qui est une manière d’insulter la loi française et de se
rendre sympathique aux islamistes. Tout cela, faute de réussir
électoralement en France.
Fin novembre 2015, deux semaines après les attentats du Bataclan, il
avait instrumentalisé la fermeture de la mosquée de Gennevilliers,
cherchant à communiquer contre l’état d’urgence – “Hollande va-t-il
fermer les 2500 mosquées de France au nom de l’état d’urgence?” (sic).
Tant de mauvaise foi en si peu de mots, est-ce possible ? On ne
construit rien de bon en lâchant des phrases mensongères et en flattant
les bas instincts. Mais on sème une discorde sur laquelle les réseaux
islamistes savent tabler depuis longtemps, sous prétexte de ressentiment
social.
La violence et la quantité d’insultes reçues par Pierre Liscia est révélatrice et inquiétante: les “nik ta mere”, les photos de Hitler sur fond de tour Eiffel, les insultes en tout genre montrent hélas qu’une certaine jeunesse, qui se dit algérienne et patriote, n’arrive pas à trouver de modèles politiques et moraux autres que ceux qui étalent leur goût de l’argent et de la notoriété facile. Qu’a fait Rachid Nekkaz de valable pour ses compatriotes algériens ? Il ne leur reste que des arguments revanchards, le mépris de la loi et l’insulte. Comme dit Kamel Daoud, il serait bien triste de passer d’un cadavre à un clown.
Dominique Handelsman écrit : “Sur la 5, Kamel Daoud traite le Pen de charognarde parce qu’elle a dit qu’elle souhaite qu’on suspende l’attribution de visas d’Algérie vers la France, arguant que Sifaoui a dit qu’il pourrait y avoir jusqu’à 10 millions de réfugiés.”
Je voudrais poser la question suivante à Kamel Daoud, que j’estime par ailleurs : vu la situation actuelle, serait-il humain, bon et utile que la France reçoive 10 millions de réfugiés algériens (sous réserve, évidemment, que ce chiffre avancé par Mohamed Sifaoui soit réaliste) ? Serait-ce bon pour ces Algériens ?
Nous avons connu cela au Liban, quand, réfugiés palestiniens plus réfugiés syriens, nous nous sommes retrouvés avec une population aux deux tiers libanaise seulement.
Personnellement, chaque fois que
j’ai eu le choix, j’ai préféré me rendre là où il y avait la guerre,
que de fuir. C’est pourquoi, et alors que ma famille était domiciliée à
l’étranger, je me suis trouvée au Liban la plupart des périodes où il y
avait la guerre, et j’ai affronté le feu des miliciens les mains nues,
j’ai affronté Daech en brûlant son drapeau à cent kilomètres d’elle,
j’ai même affronté l’armée libanaise en refusant de me retirer au cours
d’une manifestation, au risque de me faire écraser par la troupe qui
marchait sur nous.
Je comprendrais que cent, ou que mille Algériens fuient. Mais je ne comprendrais pas que 10 millions d’Algériens fuient leur pays au lieu de le servir, alors qu’ils pourraient briser n’importe quel régime, rien qu’en descendant tous ensemble dans la rue.
En décembre, on a beaucoup parlé de ces Afghans
auxiliaires de l’armée française (souvent, des interprètes), qui
demandaient à venir en France. Contrairement aux Afghans de Calais et de
La Chapelle-Pajol, ils sont menacés de mort à tout instant pour avoir
aidé la France contre les terroristes d’al-Qaïda et les Talibans, dont
on sait comment ils traitent une femme qui n’a pas mis le voile, ou un
homme qui s’est rasé le menton.
Il est tout de même scandaleux que l’on
passe tout ce temps à palabrer, et que l’on soit si frileux à leur
égard, alors qu’il suffirait de faire un transfert, et de leur donner la
place d’autres “migrants”, qu’on loge dans des hôtels. Or il a fallu
que l’affaire arrive jusqu’au Conseil d’Etat pour qu’un Afghan, déjà
blessé et recevant des menaces quotidiennes, obtienne un visa pour la
France.
Ce n’est pas le genre de la France, d’abandonner ses alliés.
Le pire est qu’en même temps, on n’a pas hésité à admettre sur le sol
français des centaines de milliers de migrants désignés par l’Union
Européenne, sachant que la plupart d’entre eux ne désirent pas vivre en
France, loin de là. Ils savent simplement qu’il y des allocations
familiales à gagner.
Ecoutez-les, ils vous le diront, s’ils se sentent en confiance. “Un Algérien en France, me disait l’un d’eux, c’est un puits de pétrole en Algérie.” Je lui ai demandé de m’expliquer ce que cela voulait dire. Et il m’a raconté tous les avantages financiers dont un Algérien bénéficiait en France, et la manne qu’il envoyait à sa famille. Heureusement, celui-là n’était pas ingrat à l’égard de la France. “Je ne comprends pas mes compatriotes, me dit-il, ils ne font que médire de la France. Si elle ne leur plaît pas, pourquoi ne retournent-ils pas au bled ?”
En 1994, en Algérie, les islamistes, désireux d’imposer à l’Algérie l’Etat islamique, avaient imposé aux étudiantes et aux lycéennes le port du voile.
Katia Bengana refusa et déclara ce qu’elle pensait. Traitée de dévergondée par certains camarades pour avoir refusé ce symbole de “pudeur”, elle fut plusieurs fois menacée de mort, et apparemment dénoncée, puisque, le 28 février 1994, alors qu’elle marchait dans la rue avec une amie, un homme armé fit signe à l’amie de partir, et tira sur Katia. Cela se passait en plein jour, dans une rue de sa ville natale de Meftah, à Blida.
Katia était une enfant: elle avait 17 ans seulement.
Une pensée pour sa mémoire: elle est morte il y a 25 ans, jour pour jour.
Lina Murr Nehmé, 27 février 2019
Voici la lettre posthume que lui écrivit son père, publiée dans Le Matin d’Algérie en 2010 :
Le 28 février 1994 – le 28 février 2010, voilà déjà 16 ans depuis ton assassinat par l’intégrisme religieux pour avoir refusé de porter le voile… Et depuis cette date, ta mère n’a pas cessé de te pleurer chaque jour que Dieu fait. Aujourd’hui ma chère Katia, je tiens à t’annoncer que ta mère est venue te rejoindre pour de bon dans sa dernière demeure en cette date du 23.01.2008 vers 23 heures environ.
Prends soin de ta mère, ma chère Katia. Fasse Dieu qu’elle ne manque de rien avec toi. Rassure-la que de notre côté tout va bien, et qu’elle n’a pas à se faire de soucis surtout pour Celia, la dernière de la famille. Car ici-bas, tu lui as beaucoup manqué, Katia. Elle a manqué de tout à cause de cette politique favorable à l’intégrisme religieux de la part de ceux qui sont censés nous protéger et nous rendre justice. Ta perte cruelle, son chagrin, son désespoir, ses souffrances, ton deuxième assassinat à travers cette réconciliation nationale ont fait que ta mère et moi-même n’avons pas pu tenir le coup. La non-prise en charge de notre situation dramatique par l’Etat, les difficultés matérielles et sociales suite à ta disparition ont fait que ta mère n’a pas pu résister à sa maladie qui n’a pas été prise en charge afin de la sauver d’une mort prématurée par manque de moyens et de désespoir.
Aussi, j’accuse le pouvoir algérien de nous avoir abandonnés à notre sort. J’accuse ceux qui ont relâché et pardonné à ces sanguinaires aux mains tachées de sang. J’accuse le pouvoir algérien pour ses sympathies avec les bourreaux de nos parents. J’accuse cette réconciliation pour la paix qui a glorifié et amnistié ces monstres assassins de plus de deux cent mille civils innocents et autres corporations confondues. J’accuse tous ceux qui ont voté pour ce référendum de la honte. J’accuse cette réconciliation qui a consacré l’impunité et qui a ignoré la justice. J’accuse tous ceux qui ont été indifférents à notre douleur. J’accuse tous ceux qui ont été favorables à cette mascarade de vente concomitante d’êtres humains, de civils et autres pour simplement plaire aux maîtres et par la même occasion obtenir quelques miettes en contrepartie de leur soumission et servitude. J’accuse cette réconciliation qui nous a assassinés une deuxième fois à travers cette idéologie arabo-baâthiste pour faire de nous des Arabes par la force et malgré nous. J’accuse tous ceux qui instrumentalisent la religion pour se maintenir au pouvoir en sacrifiant des civils et autres. J’accuse tous ceux qui utilisent la religion pour y accéder en assassinant des innocents. J’accuse tous ceux qui utilisent la religion pour nous détourner de nos racines, de nos coutumes, de nos traditions et de notre langue historique et ancestrale (…)
Je crois qu’il y a un seul homme parmi les ministres qui forment le gouvernement algérien. Cet homme, c’est Nouria Benghabrit, la ministre de l’Education nationale.
Elle l’a prouvé dans l’affaire de la fille, élève de l’Ecole algérienne à Paris, a voulu faire l’intéressante. Mercredi dernier (6 février), cette fille est sortie de classe pour aller faire la prière de façon ostentatoire, dans une cour entourée d’immeubles. La directrice de l’école à Paris a interdit les prières, et la ministre algérienne a dit que que la « directrice de l’école n’a fait que son travail ». « En ce qui concerne l’école internationale de Paris, les élèves y vont pour étudier, pour apprendre ». « Quand on envoie son enfant à l’école c’est pourquoi ? La prière doit se faire à la maison… »
Voyant cela, les islamistes en Algérie, qui n’ont jamais admis d’avoir des femmes au-dessus de leur tête, semblent avoir entamé un bras de fer avec la ministre. Ils ont prescrit d’imposer des prières aux enfants en classe.
La ministre Nouria a répondu en réitérant l’interdiction, en Algérie comme à Paris.
Il en faut, du courage, pour tenir à la fois tête aux islamistes à Paris et en Algérie, et aux ministres algériens désireux de procurer un nouveau mandat à leur Président Bouteflika, qui leur renverrait l’ascenseur. Résultat: personne n’a soutenu Nouria quand elle a couru au secours de la laïcité en France.
Khadidja Benhamou, originaire du sud de l’Algérie, a été élue Miss Algérie 2019. C’est la première femme noire à recevoir ce prix. Certains en sont choqués: pour eux, une Noire ne devrait pas représenter les Algériens. Alors qui voudraient-ils faire élire? Houria Bouteldja, sur le visage blanc de laquelle un rictus de haine bande pour un oui ou pour un non?
Malheureusement, mademoiselle Benhamou soutient la polygamie:
«Allah permet à l’homme d’épouser quatre femmes. Si mon futur mari désire épouser d’autres femmes, je n’aurais aucun problème à cela»
Khadidja Benhamou serait-elle amoureuse d’un homme déjà marié? Quoi qu’il en soit, ceux qui l’ont défendue au début sont devenus ses détracteurs. Dommage pour elle.
Les Algériens sont les premières victimes de la violence mentale ou physique imposées par les islamistes. Dont beaucoup sont des imams fonctionnaires payés par le gouvernement algérien pour islamiser la France.
Ils sont des centaines en France, et on les paie très cher, avec un argent volé au peuple algérien qui a faim. N’est-ce pas injuste? J’ai raconté cela avec des preuves dans mon livre “Tariq Ramadan, Tareq Oubrou, Dalil Boubakeur: Ce qu’ils cachent”. Je croyais que ce livre scandaleux changerait tout, mais j’ai l’impression que l’administration française est trop fossilisée, trop morte pour réagir.
Mais mettons de côté les imams et autres islamistes dont j’ai soupé en écrivant trois de mes quatre derniers livres. J’ai envie ce soir de les oublier et de penser aux autres Algériens, ceux dont on ne parle pas.
Il y a beaucoup d’Algériens et d’Algériennes en France qui sont des délices à fréquenter. Mais on ne leur fait pas de publicité. Ils sont mal vus. Parfois, on les frappe dans leurs quartiers. Il est tabou d’être un opposant algérien, et il est tabou d’aimer la France. Je ne sais pourquoi. Ou plutôt si, je le sais: il y a l’argent. Eux ne sont pas riches. Ils ne peuvent pas payer de bakchichs aux politiciens, ni donner de mots d’ordres à coups de fatwas comme fait l’UOIF. Ils ne font pas gagner des élections.
A eux, à elles, aux Algériens qui exercent leur droit d’êtres humains à penser librement — soit qu’ils soient devenus athées, soit qu’ils fassent partie des centaines de milliers qui ont été secrètement convertis au christianisme, ou qu’ils soient simplement laïques — je veux dire: “Vous n’êtes pas seuls. Nous vous aimons”.
Je copie cette lettre ouverte écrite par un certain nombre d’Algériennes. Combien? Je ne sais pas, mais je sais que leurs mots retentissent dans le cœur de beaucoup de Maghrébins qui souffrent en silence, en France et au Maghreb.
Lina Murr Nehmé, 23 janvier 2019
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LETTRE OUVERTE DES ALGÉRIENNES A LA PRESSE FRANÇAISE
La page Facebook les Algériennes dont nous sommes les administrateurs,femmes et hommes vivants en Algérie, militons contre l’obscurantisme religieux qui ostracise les femmes, pour la laïcité, pour l’égalité entre les hommes et les femmes, pour que la société Algérienne puisse avoir son siècle des lumières, qu’elle puisse un jour vivre libre de ses pensées et de ses croyances. Nous ne sommes pas une page féministe, nous souhaitons que vivent en harmonie les hommes et les femmes, que chacun avance avec l’autre et construise un futur apaisé pour nos enfants afin qu’ils puissent un jour être fiers de leur algérianité. Nous ne sommes pas arabes, nous sommes citoyens Algériens, notre identité est Algérienne, notre culture est Algérienne et non arabe. Il ne s’agit point ici de revendications racistes, mais d’un refus d’assimilation à une culture qui n’est pas la notre, au refus de voir disparaître notre patrimoine culturelle, au refus de voir dissoudre notre identité. SI les Français refusent d’être sarrasins, souffrez que nous ayons la même volonté.
Nous sommes apostrophés chaque jour par ce discours islamiste mou dans la société française, qui lui seul semble avoir une tribune permanente dans la presse. Nous avons été profondément heurtés dans nos consciences lorsque nous avons pu lire au matin qu’une ancienne Ministre de la République Française, laïque et démocratique, finissait de victimiser une jeune fille voilée et exclue d’une émission de radio crochet pour des propos islamistes. Oui, ses propos sont des propos issus de l’islam radical dont nous subissons les conséquences chaque jour dans nos chaires et nos consciences. Madame Taubira qui par le passé n’a pas hésité à enterrer les ravages de la traite arabo-musulmane en Afrique noire, n’hésite pas aujourd’hui à flatter les islamistes qui aujourd’hui vont avoir un outil marketing incomparable, puisque la jeune fille en question va produire un album dont la promotion s’appuiera sur l’islamophobie. Nous sommes de religion musulmane, nous sommes contre l’islamisme, serons-nous aussi traités d’islamophobe ? Nous rejetons immédiatement le discours hypocrite du c’est pas ça l’islam. Si l’islam prôné par les salafistes c’est aussi l’islam, c’est un islam qu’il faut bannir, châtier, anéantir. Ceux qui parlent d’islamophobie sont en premier lieu les islamistes, racistes, xénophobes, qui n’ont que pour conscience la haine de l’autre, l’animalisation de la femme, objet sexuel doté de la plus grande lubricité, qui faut voiler, faire taire, violer, humilier.
Chaque jour nous recevons des messages de détresse, de femmes battues toute la nuit, qui vont au commissariat, qui les renvoie avec leur détresse au tribunal qui tranchera en faveur de l’homme. Nous recevons régulièrement des messages de jeunes femmes dont certaines parlent de se suicider parce qu’elles ont perdu leur hymen hors mariage. Des femmes se font insulter parce qu’elles ne portent pas le voile, certaines sont menacées de mort par leur propre famille si elles ne portent pas le voile, d’autres sont violées parce qu’elles ne portent pas le voile. Les femmes violées sont obligées de se marier avec leur bourreau, des mineurs sont mariées de force. Les athées sont pourchassés, les dissidents de la pensée radicale sont inquiétés par la police. Ceci est la réalité de la vie quotidienne des Algériens, et de tout ceci vous n’en faite jamais état, non vous victimisez les porteurs de messages islamistes, vous leur offrez de larges tribunes.
Comment le pays des droits de l’homme peut-il traiter Tariq Ramadan d’intellectuel ? Est-ce à dire que vous asseyez Tariq Ramandan aux côtés de Rousseau, Bergson, Arendt. Non, ceci ne peut être supportable, Tariq Ramadan est un frère musulman, il prône un islam radical, il fait de la femme un animal, des autres croyances des animaux qu’il faut égorger, il est notre bourreau, et votre souhait est que nous adoubions notre bourreau, que nous le considérions comme un intellectuel sans malices qui porte la bonne parole. Kamel Daoud EST un intellectuel, nous sommes Kaméliens dans l’âme, nous refusons cette arabité que l’on nous fait subir, nous refusons cet intégrisme religieux qui nous opprime, nous tue, nous viole nos consciences et nos corps. Nous qui avons subi la décennies noire, qui avons vu nos frères se faire massacrer par les islamistes, nous ne pouvons supporter de voir nos bourreaux d’hier se pavaner et glouglouter sans cesse dans la presse sans qu’il n’y ait un débat contradictoire.
Notre page qui comptait plus 500 000 vues, 60 000 abonnés a été supprimée par Facebook sous la pression répétée des islamistes. D’autres pages créées par des femmes ont connu le même sort. Qui a évoqué un jour cette censure ? Personne. Que l’on censure des gens qui prône la laïcité, le respect, qui se positionne contre les islamistes n’intéresse personne. Mais tout le monde s’insurge que l’on exclue d’une émission une jeune femme qui porte un discours radical.
Si il existe des musulmans laïques, qui prônent une pratique de la religion qui doit rester dans l’intime. Si il y a des Algériens profondément laïques, des athées, des chrétiens, des juifs, des agnostiques qui veulent vivre ensemble et en paix, et laisser le fait religieux à l’entrée de leur demeure. Si il y a des croyants qui respectent les femmes, qui sont contre le voile, pour l’égalité entre les hommes et les femmes, qui sont respectueux des autres, profondément pacifistes, qui ne passe pas leur temps à regarder en arrière, qui sont choqués et bouleversés qu’un pays détruise des écoles pour construire des mosquées. Nous voulons aussi que ces voix soit portées, nous souhaitons aussi qu’ils aient leur tribune, nous souhaitons aussi qu’ils apparaissent dans les débats publics. En leur donnant la parole, en leur laissant la possibilité d’exprimer leur pensées, leurs souhaits, vous verrez que vous couperez les arguments des extrémistes politiques, car oui, des algériens sont intégrés dans d’autres pays, et sont profondément meurtris dans leur âme quand ils voient les bourreaux qu’ils ont fuit hier, passer de média en média pour répandre leur haine.