Ruse et mensonge selon Tareq Oubrou


Mohamed Louizi fait remarquer que, dans son dernier livre, Tareq Oubrou fait l’apologie du mensonge, et de la ruse qui permet de remporter la victoire sans livrer bataille. Les deux autorités employées sont Mahomet, et Sun Tzu.

Mais pour faire accepter son idée, Oubrou s’abrite derrière la pratique “médiévale” du mensonge décrite par… saint Thomas d’Aquin. Cette façon de citer un auteur chrétien ou juif pour relativiser une opinion dérangeante ou une pratique islamique choquante pour un occidental est typique des islamistes. Oubrou écrit : “Avec lui, il y a possibilité dans le christianisme pour un “mensonge pieux”” car “parfois, mentir, c’est commettre un moindre mal”.

Admirez la formule “il y a possibilité” : “possibilité” ne veut pas dire “permission” ! Et même si tel était le cas, la ruse et donc le mensonge que défend Tareq Oubrou n’ont pas grand chose à voir avec le “pieux mensonge”. Car c’est une ruse en vue de la “victoire”, dans le cadre d’une guerre.
Que dit vraiment Thomas d’Aquin ? Dit-il, comme le suggère Tareq Oubrou, que la fin justifie les moyens ?

On trouve dans la “Somme théologique” un examen du “mensonge officieux”, mensonge qui permet de sauver son argent, sa vie ou sa vertu. Puis celui du du mensonge par plaisanterie et du mensonge dans l’intérêt du prochain, qui ne sont pas des péchés mortels (contre la charité), mais des péchés tout de même.

Dans les “Solutions”, le théologien cite Abraham, Jacob et Judith, dont aucun n’a été loué ou béni pour son mensonge ou sa tromperie, mais pour ses sentiments: sa fidélité à Dieu ou son patriotisme.

A fortiori, le théologien chrétien condamne fermement le mensonge consistant à tromper pour vaincre autrui, ou le mensonge par ruse. Dans la conclusion, il écrit à la suite de saint Augustin: “Tout mensonge est donc un péché” (“Unde omne mendacium est peccatum”) parce que “le désordre lui est essentiel”. Le seul acte approchant autorisé est la “dissimulation prudente de la vérité”, pour échapper à un mal plus grand.

On est bien loin de ce que Tareq Oubrou affirme par la suite : la “ruse”, essentielle à la guerre pour Mahomet, a pour but “d’obtenir la victoire et la paix”, écrit-il. Autrement dit : laissez-nous ruser pour que nous gagnions et instaurions la paix islamique sans faire trop de morts. C’est un moindre mal, n’est-ce pas ?

Précisons que le terme “ruse” est choisi par Oubrou pour ne pas choquer. Car “khidaa” veut dire “tromperie”. Le verbe khadaahou signifie : “il l’a pris par derrière”, “il l’a trompé”.

On peut lui conseiller de lire la section suivante de la Somme théologique : “De la simulation et de l’hypocrisie.”

(J’aurais quelque chose à ajouter pour montrer que même dans ceci, Oubrou ment. Je le ferai dans une vidéo pour pouvoir montrer les textes en question.)

Lina Murr Nehmé, 4 novembre 2019