Une chaîne de télévision française a diffusé une série télévisée montrant les Libanais repentants. Je ne l’ai pas vue, j’ai trop de travail à faire, mais une amie m’a appelée hier la nuit, toute émue, pour m’en parler.
Je lui ai rappelé que la guerre du Liban a été décidée par les grandes puissances, et que cela, elle le savait depuis le début pour avoir été au Liban au début de la guerre. Les grandes puissances qui voulaient plaire à l’Arabie Saoudite pour cause de pétrole. Elle a reconnu que oui, c’était vrai, et que dans la série cela n’avait pas été mentionné.
Je lui ai rappelé que ces grandes puissances ont acheté les puissances locales (OLP, Syrie), en leur promettant des petits bouts de Liban. Cela aussi, elle le savait: tout le monde l’a su à un moment ou à un autre de la guerre. Il suffisait de suivre l’actualité (voir Lina Murr Nehmé, Le Liban assassiné et Du Règne de la pègre au réveil du Lion, Aleph et Taw, 2009 / 2011).
Ensuite, ces petites puissances ont acheté les petits ambitieux libanais qui, n’étant pas populaires de façon naturelle, avaient besoin d’argent pour s’acheter des partisans et leur rendre les services sociaux que l’Etat ne leur rendait pas: Joumblatt, Berri, Geagea…
Tant qu’aucun de tous ceux-là, qui sont les plus connus, n’a été mentionné, dites-vous qu’il y a mensonge par omission, et que ce mensonge fausse tout, car il donne l’impression que les miliciens se sont rués les uns sur les autres de leur propre volonté. C’est comme si on vous montrait un spectacle de marionnettes et qu’on vous disait de croire qu’elles agissent toutes seules et que personne n’en tire les ficelles par-derrière.
Ou comme si on vous montrait des quatrièmes violons de la pègre sicilienne ou newyorkaise pleurant leurs crimes, sans vous dire qu’ils ont été payés par quelqu’un qui ne pleurait nullement et qui était payé par un parrain qui payait et décidait de tout, et qui, lui, se marrait.
Lina Murr Nehmé, 28 août 2018