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Il y a général et général…

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Les commandants en chef de l’armée libanaise espèrent souvent, en favorisant les agresseurs de la légalité libanaise, que les Arabes feront pression pour les faire élire Présidents de la République.

Il y a eu ce cas en 1958, et Fouad Chehab est devenu Président parce qu’il n’avait pas accepté de faire intervenir l’armée pour défendre la légalité. Si le Premier ministre musulman Sami Solh n’avait pas agi en sens contraire au risque de sa vie, de son portefeuille et de son avenir politique, il n’y aurait plus de Liban.

L’injustice de ce monde a donné le pouvoir à l’homme qui avait prétendu que le Liban était en état de guerre civile. Et comme Fouad Chehab savait qu’il n’en était rien, il fit le nécessaire, une fois Président, pour renforcer les services secrets de façon tentaculaire.

Le général Michel Aoun, ayant refusé d’admettre que ce conflit était une guerre civile et dit qu’il “ne prenait pas parti”, fut écarté et exilé en 1990-1991, par la volonté internationale, alors que la majorité libanaise était avec lui.

Le général Kahwaji connaissait ces précédents, et il préférait, comme Fouad Chehab, ne pas trop résister aux puissances qui soutenaient l’ennemi. Quand Daech et Nosra occupèrent une partie du territoire libanais à Ersal, il envoya naturellement l’armée libanaise se battre contre eux. Elle fut victorieuse, mais eut beaucoup de martyrs, dont certains furent tués avec l’approbation du maire d’Ersal (photo).

Mais l’échéance présidentielle approchait. Tout changea donc à Ersal quand Kahwaji rencontra Hariri, qui revenait d’Arabie Saoudite, pays dont il est citoyen. Après cette rencontre, Kahwaji ordonna à l’armée d’arrêter les opérations alors qu’elle était victorieuse. Puis il lui ordonna de laisser les djihadistes partir. Et dans sa précipitation, il omit d’exiger la libération des otages libanais que détenaient les djihadistes de Daech et Nosra. C’est à ce sujet que je lui ai adressé ce message, qui scandalisa beaucoup de monde, parce que toute personne attachée au Liban défend l’armée libanaise, seule institution restée laïque, et servant tout le monde sans distinction de religion. En pleine guerre, ils ne concevaient donc pas que je puisse en critiquer le commandant en chef.


Je ne crois pas que mon post choque encore, cinq ans après. Car, quelques jours avant le départ des terroristes avec leurs otages, Daech et Nosra annoncèrent qu’elles égorgeraient les otages un à un, si le Liban ne libérait pas les terroristes islamistes détenus dans ses prisons.

Pour commencer, le soldat sunnite Ali Sayyed fut égorgé par Daech. Les djihadistes avait d’abord pris soin, comme ils firent plus tard avec les otages occidentaux, de lui extorquer un reniement filmé, de façon à le tuer aussi dans sa réputation. La vidéo de sa décapitation circula, et l’armée n’annonça pas sa mort, considérant qu’il était un déserteur passé à Daech. Ceci révolta le pays, qui considérait que Daech ne pouvait tuer un soldat libanais déserteur.

Des jeunes brûlèrent les drapeaux de Daech et Nosra, de façon quasi anonyme, et les firent circuler sur les réseaux sociaux. Mais le 30 août, le ministre de la justice, Achraf Rifi, un ami des djihadistes de Tripoli, et notamment de Omar Bakri Fustok, réclama pour eux la prison “et les peines les plus sévères”.

Personne n’osa réagir ou manifester, alors que tout le pays était électrifié. Deux personnes seulement réagirent, toutes deux sur les réseaux sociaux: Charbel Khalil et moi. Lui écrivit sur son compte Twitter: “Bon, ce drapeau, on ne peut pas le brûler, mais est-ce qu’on peut se torcher avec?” Et moi, je me fis photographier brûlant ce drapeau et je mis ma photo sur les réseaux sociaux.

Lina Murr Nehmé, le 17 août 2018

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Benoît Hamon et Wadih al-Asmar

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En juin 2018, Wadih al Asmar est devenu le président d’EuroMed-Droits, qui rassemble plus de 80 organisations de droits de l’homme des deux côtés de la Méditerranée. Quelques jours plus tard, il est ingénieur informaticien en chef de Malomatia Qatar, et il réside au Qatar. Il traîne le Liban dans la boue, mais il ne critique pas le Qatar.

Cela veut dire qu’à ses yeux, le Qatar respecte les droits de l’homme quand il coupe les têtes, fouette les homosexuels et les musulmans qui ont bu une goutte de vin, condamne les apostats à mort, emprisonne à vie les poètes qui ont osé critiquer le régime, fouette les gens qui ont eu des relations sexuelles extra maritales, et interdit aux chrétiens de sonner les cloches, d’avoir des croix, des images saintes ou tout autre signe chrétien à l’extérieur de leur église.

Eglise catholique Sainte-Marie de Doha: tout ce qui peut faire penser à une église (clocher, croix, icônes, statues de saints) est interdit: la charia règne au Qatar. Photo Wikipedia

Le Liban en revanche, ne respecte pas les droits de l’homme aux yeux de Wadih el Asmar, parce qu’il a un problème d’ordures, et parce que les gens de Byblos se sont plaints d’une soirée musicale.

Lina Murr Nehmé, 17 août 2018

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Un soulier d’enfant…

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Soulier d’enfant ramassé sur le lieu du mariage, à Kaboul, où un attentat-suicide a fait aujourd’hui plus de 63 morts et 182 blessés.

Daesh a fièrement revendiqué l’attentat, disant qu’elle avait “tué et blessé 400 rafidah mécréants et forces de l’ordre afghanes apostates”. Daech désigne sous le nom de “rafidah”, les “hérétiques” comme les chiites, les ibadites et autres, dont il a décrété l’extermination. Ici, il s’agit de chiites.

Lina Murr Nehmé​, le 18 août 2018

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Les questions des années 1982

Dans les années 1982, un médecin m’a dit qu’à Strasbourg, on faisait des expériences pour s’assurer que le sperme de l’homme était fertile avant de procéder à une fécondation in vitro. On fécondait des guenons avec du sperme humain.

Au début des années 1980, un médecin m’a dit qu’à Strasbourg, on faisait des expériences pour s’assurer que le sperme de l’homme était fertile avant de procéder à une fécondation in vitro. On fécondait des guenons avec du sperme humain.

Je me suis toujours posé la question de ce qu’il advenait de ces ovules de guenon fécondés avec du sperme humain — puisque, visiblement, ils existaient. Je pense qu’on devait les tuer, car on n’en a jamais entendu parler. C’est encore un côté Frankenstein et horrible de la science moderne.

Les années suivantes, on nous a dit que le sida venait des relations sexuelles de l’homme avec le singe, en Afrique. Visiblement, cela ne se faisait pas dans des éprouvettes.

Maintenant, on évoque toujours le singe et l’Afrique, mais non les relations sexuelles. Je suppose qu’un jour, je saurai toutes les réponses à ces questions que j’éludais à cette époque par pudeur, et que je pose pour la première fois.

Lina Murr Nehmé, 5 août 2019


La bataille de Belgrade, 6 août 1456

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Siège de Belgrade d’après une miniature ottomane

Le sultan ottoman Mahomet II vainquit Constantinople en 1453, et avança ensuite en Europe avec une vitesse foudroyante. Il croyait pouvoir prendre Rome et, pour encourager ses soldats qu’il envoyait par centaines de milliers à l’assaut des villes d’Europe Centrale, il leur faisait crier: “Roma! Roma!”

Ci-dessous, extrait de mon livre “1453: Mahomet II impose le schisme orthodoxe”, qui raconte la bataille de Belgrade, dont on commémore la victoire, le 6 août:

“En juillet 1456, il [Mahomet II] commença à assiéger et pilonner Belgrade. Mais Hunyadi, un vieillard de près de 70 ans, avait prévu cette guerre et constitué une flotte avec 40 petits bateaux et un grand. C’était dérisoire, face aux centaines de galères turques dont des dizaines étaient très grandes, et qui, reliées l’une à l’autre par une chaîne, formaient un rempart fluvial autour de Belgrade. Le 14 juillet à l’aube, pourtant, Hunyadi attaqua la flotte turque et la vainquit. 

Siège de Belgrade

Dans le combat au corps à corps qui suivit, les chrétiens tuèrent 500 Turcs, brisèrent la chaîne et entrèrent dans Belgrade, où ils s’enfermèrent.
Les soldats de l’armée de Mahomet furent démoralisés d’avoir été vaincus par une troupe si petite, et armée de façon si ridicule. Mais un discours du sultan les encouragea, et les bombardements reprirent, féroces. Trois larges brèches s’étant ouvertes dans les murs de Belgrade, ils foncèrent et entrèrent, le 22 juillet, en criant “La Ilaha IllAllah !”, dans la ville qui semblait vide de ses habitants.
Les janissaires commencèrent à pénétrer par milliers dans les maisons pour la traditionnelle curée.  Mais soudain, une trompette sonna.  Des centaines de chrétiens en armes les attaquèrent et les combattirent au corps à corps. Les chrétiens eurent 60 morts, et la plupart des Turcs moururent : “D’innombrables guerriers turcs, écrit Saadeddine, goûtèrent le miel pur de la mort des martyrs et furent pris alors dans les bras des houris du paradis”.

Weapons and Warfare

Mais ils n’avaient pas vu le pire… Le 6 août, 100 000 Turcs virent 8 000 de ces pèlerins [guidés par Jean de Capistran] émaciés par les jeûnes et les mortifications, mal vêtus, et presque désarmés, fondre sur leur camp et s’emparer de la plupart de leurs canons. Ils furent tellement terrifiés par leur audace qu’ils les laissèrent faire, et que les janissaires eux-mêmes refusèrent de se battre. En vain le sultan cria et tempêta. Il finit par tuer sa garde de sa propre main.
Après cette cuisante défaite, il quitta Belgrade la tête basse.
Hunyadi et Capistran moururent quelques jours plus tard. Leurs succès, là où cela paraissait impossible, relevèrent tellement le moral européen que le pape Callixte III décida que le 6 août, date de la victoire de Belgrade, on célébrerait désormais la Transfiguration — et c’est encore le cas aujourd’hui.”


Lina Murr Nehmé, 6 août 2019
extrait de “1453: Mahomet II impose le schisme orthodoxe”. (Epuisé, réédition prochaine)

Lina Murr Nehmé
1453: Mahomet II impose le schisme orthodoxe”, publié à Beyrouth en 2001, réédité par F.X. de Guibert en 2003, et en 2006. Egalement publié en arabe et en anglais, il sera bientôt réédité.
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Qui critique Greta?

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J’ai récemment écrit, répondant à Greta Thunberg, que la guerre était un bien plus grand facteur de pollution que les machines civiles. Comme j’ai eu le malheur de mentionner son autisme, on s’est focalisé sur cela pour oublier le reste de ce que je dis, et pour me reprocher de “critiquer Greta Thunberg”.

Ce n’est pas la critiquer que de critiquer ce qu’elle dit. Si son infirmité n’affecte pas ses capacités intellectuelles, elle a droit à ce qu’on la prenne au sérieux. Ce qui implique qu’on puisse critiquer ses paroles et ses idées, puisqu’elles prétendent influer sur les politiciens qui décident de notre sort.

Dans le débat démocratique, on donne des idées, elles sont reçues ou critiquées avec des arguments. Greta est libre de penser, libre de parler, et je respecte cela. Mais je ne respecte pas ceux qui l’exploitent.

Car il y a bien eu des gens qui ont introduit cette terreur dans la tête de Greta et l’ont exploitée. Vous trouvez humain qu’on terrorise une fille à ce point, puis qu’on lui vole sa jeunesse en la promenant de forum en parlement et de parlement en résidence présidentielle? Car n’en doutez pas, il y a exploitation, puisqu’il y a médiatisation à outrance (et donc argent versé). Et on n’est pas invité à faire des conférences devant ce genre d’assistances si on ne la sert pas politiquement…

Si la mère de Greta avait voulu le bien de sa fille, elle l’aurait envoyée à l’école. Elle lui en aurait rendu l’idée agréable. Imaginez que Greta soit votre fille. Qu’est-ce qui vaut mieux pour elle? Aller à l’école? Ou aller se faire flatter par les politiciens et les gens de la finance, soit le milieu le plus corrompu qui soit?

Une fois finies toutes ces conférences, une fois qu’on aura fini d’exploiter Greta et qu’elle ne servira plus, que fera-t-on d’elle, après l’avoir habituée à ces idées de grandeur? Ce sera une nouvelle dépression nerveuse: demandez aux anciennes vedettes, ce qu’elles ressentent quand les chefs d’Etat, le public et les journalistes ne sont plus là pour les adulter.

L’idéal pour Greta serait alors de retourner à l’école. Mais après un si long arrêt passé à assener des leçons aux grands de ce monde, supportera-t-elle d’apprendre?

On m’a répondu que Greta n’aurait pas fait ce qu’elle a fait si elle ne l’a pas voulu, car on ne peut pas pousser un autiste à faire ce qu’il ne veut pas. Une mère aimant Greta n’en aurait pas profité pour lui ouvrir son carnet de relations publiques, relations qui l’utilisent pour servir des fins pas toujours louables. Sa mère lui a fourni les moyens de perdre son adolescence en voyages transatlantiques et en conférences devant des VIP, au lieu d’aller à l’école.

Ne croyez pas que si un autiste tient à faire ce qu’il veut, on ne peut pas l’influencer. Il y a mille manière de présenter les choses à quelqu’un de manière à l’obliger à penser comme on veut qu’il pense — et en lui cachant le reste. C’est ce que font nos gouvernements et leurs médias. Et vous voulez qu’une fille seule, victime d’une dépression nerveuse, ne puisse pas être influencée par la manière dont on lui présente les choses, et qu’elle se sorte de sa dépression toute seule par le miracle d’avoir décidé de parler à tout le monde du climat?

J’imagine très bien les terreurs nocturnes de cette enfant qui imagine la banquise fondant, et les océans la noyant et noyant l’humanité. Les adultes sont très forts à inculquer ce genre de terreurs en faisant une seule description. Chacun de nous n’a qu’à se rappeler ce qu’il ressentait, enfant, quand on lui parlait de cataclysmes ou de guerres.

Aucun enfant n’a la science infuse des histoires de réchauffement climatique, de pollution, d’océans, etc. Et si Greta l’avait eue, elle aurait su que la plus grande source de pollution, aujourd’hui, est la guerre.

Non pas la guerre à venir, mais la guerre récente, la guerre présente. On voit à l’école, à la télévision, dans les encyclopédies les images de guerre, le feu des avions bombardiers et des bombes à Hiroshima, Nagazaki, au Vietnam, des bombardements en Irak, toutes ces guerres, et ces avions bombardiers qui, non seulement brûlent de l’essence comme l’aviation civile que condamne Greta, mais produisent des explosions, des incendies.

Elle aurait acquis toute seule toute cette science en matière d’écologie, mais n’aurait pas remarqué qu’une bombe pollue plus qu’un grand nombre d’aérosols?

Greta peut avoir ses idées personnelles, elle peut y tenir, elle semble y croire en tout cas. Bien lui en fasse, si cela l’a sorti de sa dépression. Mais en quoi cela nous regarde-t-il, nous? Pourquoi nous imposer cela par le biais de nos politiciens?

Et encore une fois, je parle indépendamment de son handicap: je dirais cela de n’importe quelle personne menant une action politique ayant une telle envergure, avec la complicité, l’aide des politiciens. Ce n’est pas Greta qui est le problème. Elle ne serait rien si on ne lui avait ouvert les salles où se fait la politique du monde. Ce n’est pas elle qui est à blâmer — elle n’a jamais été à blâmer: elle parlait, elle était libre de parler. Ce sont ceux qui l’ont mise sur un podium qu’il faut blâmer.

Ensuite, n’est-il pas criminel d’avoir mis dans la tête de cette fille ces terreurs, au point qu’elle vive dans cette hantise que dans des années, les océans envahiront la terre et l’engloutiront? Est-ce humain? Et est-ce logique?

D’abord, l’Europe n’est pas seule au monde. Si elle subit des changements climatiques dans le sens du discours de Greta, dans d’autres pays, c’est le contraire. Au Liban, tout petit pays situé au nord d’Israël, et où la chaleur est censée s’installer dès le printemps, il y a eu un hiver exceptionnellement froid, dont 20m de neige tombée au printemps, et qui n’a pas encore totalement fondu.

Liban (Ouyoun Simon), mai 2019


Au moins en deux fois et en deux régions différentes au Liban cette année, il a plu des grêlons gros comme un poing d’homme — et parfois davantage — qui ont causé de très gros dégâts aux arbres et aux automobiles. Vous parlez d’un réchauffement climatique !

Et si en Europe, il y a eu ces canicules cet été, au Liban, on avait dix degrés de moins. Quand on avait 32 ou 34 degrés, on disait: “Ouf! comme il fait chaud!” alors qu’à Paris, il faisait 45 degrés.

Est-ce que quelqu’un ne pourrait pas dire tout cela à Greta pour calmer ses peurs? Ce serait un acte de charité envers elle et envers les populations qui la regardent à la télévision, transies de terreur. Car tôt ou tard, il va bien falloir que les chefs d’Etat nous parlent de l’Etat islamique. Si seulement ils se réveillaient maintenant de leur torpeur, on pourrait éviter cette troisième guerre du Golfe qui donnerait à Daech les moyens de procéder à l’invasion mondiale de ses rêves.

Lina Murr Nehmé, 31 juillet 2019

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L’Etat islamique avance vers la Méditerranée

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Cette carte montre l’état des combats en Libye il y a six ou sept mois. L’Etat islamique a bien avancé depuis.

www.francesoir.fr/en-coop-matteo-puxton/en-libye-letat-islamique-profite-de-loffensive-du-marechal-haftar-sur-tripoli

La Libye, par mer, est plus proche de l’Europe que le nord de la France ne l’est de son sud. L’Etat islamique avance vers le nord, avec pour but de traverser la Méditerranée, de débarquer en Italie, de marcher sur Rome et de la prendre pour transformer la basilique Saint-Pierre en mosquée. C’est le rêve des califes depuis des siècles, car un hadith de Mahomet annonce que les musulmans prendront Rome et Constantinople. Interrogé, il avait dit qu’ils prendraient d’abord Constantinople. Daech l’a souvent annoncé dans sa propagande, dans laquelle il a également dit qu’il prendrait Paris et Londres.

Théoriquement, il y a loin de la coupe aux lèvres. Le rêve de Daesh de revenir au Moyen-Orient et de déborder sur le continent européen ne peut se réaliser qui si les minorités armées qui résistent aux islamistes sunnites au Moyen-Orient, sont brisées: les Kurdes, les alaouites, les chiites.

Dans l’état actuel des choses, Daech ne peut pas revenir, car les armées iranienne, syrienne, kurde, irakienne, avec le Hezbollah, s’y opposeraient. Ici, il ne faut pas compter avec l’armée libanaise, car par principe, le Liban est le seul pays de la région qui ne fait pas de guerre offensive: il ne combat pas à l’extérieur de ses frontières, il se bat de l’intérieur, s’il est attaqué. Quant à la Turquie, son comportement dépendrait de la situation.

Les Américains semblent décidés à provoquer une guerre. Et, étrangement, cela se passe à la même période de l’année que la Première Guerre mondiale, et que la Guerre du Golfe en 1990. Durant le mois de juillet, chacun prend ses positions, il y a des escarmouches, les buts réels ne sont pas ceux proclamés. Et la guerre éclate en août.

Mais cette guerre est une folie, plus que toutes celles qui l’ont précédées. Le prétexte est, depuis des années, l’uranium enrichi qui pourrait permettre à l’Iran d’avoir la bombe atomique, alors que l’Iran ne parvient pas à amasser l’uranium à un rythme suffisamment important pour pouvoir avoir des armes nucléaires avant très longtemps. C’est pourquoi les Américains, il y a quelques années, ont abandonné leurs projets de guerre contre l’Iran.

L’hypocrisie a consisté, en même temps, à autoriser l’Arabie Saoudite à avoir son programme nucléaire, et à l’aider à le réaliser. Il est de très loin plus avancé que celui de l’Iran. En 2009, les Etats-Unis auraient autorisé l’Arabie Saoudite à avoir, non seulement un programme nucléaire à but civil, mais aussi un programme nucléaire militaire: des têtes nucléaires, et des sites de production de missiles balistiques.

Eliminer l’Iran, seul obstacle capable de résister à l’Arabie Saoudite et aux autres régimes islamistes sunnites du Golfe, affaiblira irrémédiablement les chiites irakiens, qui ont le pouvoir en Irak. Cela impliquera, pour les sunnites irakiens, la possibilité de reconstituer la force de Daech.

L’armée de Daech n’était pas vraiment islamiste. Car avant 2001, la milice islamiste de Zarqawi avait de modestes proportions, et Ben Laden la dédaignait, malgré les 200.000 dollars qu’il avait payés pour lui offrir un camp d’entraînement à Hérat, en Afghanistan.

Mais les Américains, pour briser Saddam et justifier une guerre, ont fait de Zarqawi l’ennemi numéro Un, prétendant qu’il représentait Ben Laden. Alors celui-ci a cessé de le dédaigner. Il l’a autorisé à appeler sa milice al-Qaïda en Irak, et à dater de ce moment, c’est au nom d’al-Qaïda que Zarqawi s’est mis à recruter. Ceci, sachant que Saddam avait fait le nécessaire, jusque-là, pour qu’al-Qaïda n’existe pas en Irak. Ben Laden lui avait proposé une coopération, et il avait refusé.

Caricature gouvernementale datant du temps de Saddam Hussein. Le gouvernement irakien — et le parti Baas irakien — combattaient alors al-Qaïda. Elle montre Zarqawi dans une cage tenue par le gouvernement, avec, écrit: “Ton futur, ô Zarqawi”.

Quand les Américains, en 2003, ont vaincu Saddam, ils ont dissous l’armée irakienne et interdit le parti Baas. 300.000 soldats ont été jetés à la rue, sans recevoir leurs salaires, sans compensation, sans pension, amers et ayant des familles à nourrir. Al-Qaïda en Irak a profité de leur misère pour recruter des soldats professionnels, aguerris, et des officiers supérieurs de haute qualité militaire.

Manifestations quotidiennes de soldats irakiens, demandant du travail ou leur salaire, après leur renvoi par les Américains sans compensation.

Quand Zarqawi mourut, en 2006, Baghdadi prit sa place et força les milices sunnites du pays à s’allier à lui. L’organisation fut appelée Etat-Islamique-Irak, et plus tard, Etat Islamique en Irak et au Levant (Daech).

Les soldats, les officiers de Daech ont été vaincus, mais les 300.000 militaires licenciés en 2003 ne sont pas tous morts. La plupart d’entre eux vivent encore; et les morts ont des frères ou des enfants qui souffrent, se sentent opprimés, et ne songent qu’à la vengeance, après tout ce que ce pays a souffert depuis 1990. Ils pourraient flamber s’ils sentaient les chiites imposés par les Américains, soudain en position de faiblesse.

Car les massacres de chiites opérés par Zarqawi, sa propagande islamiste contre eux, la souffrance causée par la guerre de 1990, puis par le blocus des années suivantes, puis l’invasion américaine en 2003, l’alliance des Américains avec les chiites contre les sunnites, ont divisé le peuple irakien, que la laïcité avait uni autrefois. Daech faisait sauter les mosquées chiites avec les fidèles chiites dedans, tuant parfois jusqu’à 25 d’entre eux à la fois. Il tuait jusqu’à 1300 chiites à la fois. Il est vrai qu’en une seule journée, il lui est aussi arrivé de tuer 2000 sunnites dont certains avaient 15 ans, parce qu’ils n’avaient pas combattu l’Etat syrien.

Connaissant les tragédies des deux guerres américaines du Golfe et l’amertume qu’ont les militaires sunnites irakiens et leurs familles contre les chiites, on peut savoir que la chute ou l’affaiblissement de l’Iran, qui amènera l’affaiblissement des chiites irakiens, fortifiera immanquablement les régimes islamistes sunnites de là-bas — l’Arabie Saoudite, le Qatar, les Emirats, etc. — en brisant leur ennemi héréditaire. Et permettra avec leur aide, aux islamistes sunnites en Irak, de prendre leur revanche sur les chiites. Ici, on peut se demander si les baassistes de Saddam s’allieront avec al-Qaïda/Daesh comme avant, ou s’ils se combattront. Cela dépendra du rapport des forces sur le terrain. Car al-Qaïda/Daesh, après avoir combattu le Baas, est devenu l’allié objectif du vieux parti de Saddam, en recrutant ses chômeurs et en leur permettant d’assouvir leur vengeance contre les Américains. Ce sont les cadres de l’armée irakienne qui ont aidé Zarqawi à acquérir sa puissance militaire, et cela s’est poursuivi sous Baghdadi, quand l’organisation est devenue Daech, puis l’Etat islamique.

Si l’Iran est brisé, les chiites au pouvoir en Irak seront affaiblis, et les sunnites irakiens fortifiés. Daech a ses régions amies en Irak, ses cellules dormantes sur place, il a de l’argent pillé en Afrique et en Asie, et il recrutera des chômeurs mourant de faim, comme il l’a fait quand les Américains ont licencié les 300.000 soldats et officiers de l’armée irakienne. La plupart d’entre eux caressent ce rêve. Ils ont faim. Il veulent nourrir leurs enfants. Ce sera pour eux une aubaine: de l’argent et des armes, et la possibilité de renverser la situation en leur faveur.

Pendant son exil du Moyen-Orient, Daech a gagné beaucoup de positions en Afrique et en Asie. Son but est de venir d’Orient en Occident et d’Afrique en Europe, prenant les villes en tenailles: cette conquête-là serait plus facile que l’autre. Car si les Américains brisent leurs ennemis chiites, les laissant seuls sur la scène, comme ils ont fait quand ils ont brisé leur ennemi Saddam en 2003, Daech aura trois points forts à la fois: l’Extrême-Orient, l’Afrique et l’Irak, ainsi qu’une partie de la Syrie.

Alors Daech aura des chances, s’il vient d’Orient et d’Afrique, de prendre certaines armées en tenailles, tenant compte des très nombreuses cellules dormantes qu’il possède, et de la facilité qu’il y a à recruter une armée, très vite, rien qu’avec de l’argent. C’est ce qu’avait fait Daech autrefois en Syrie, pour former al-Nosra (al-Qaïda au Levant).

Cette fois, et étant donné la force de Daech en Afrique, et les terres immenses qu’il s’est procuré directement ou par vassaux interposés (comme Boko Haram par exemple), le scénario annoncé dans la vidéo du martyre des chrétiens coptes, pourrait matériellement se réaliser si Daech devenait maître de la côte libyenne, et surtout s’il s’agrandissait aux dépens des pays voisins de la Libye — sachant qu’il se trouve déjà au Sinaï, en Egypte, et qu’il a déjà frappé en Tunisie.

Car en envahissant un pays, il s’approprie ses ressources militaires et sa flotte. Jusqu’à présent, il n’avait pas réussi à prendre un pays tout entier, avec ses ports et ses aéroports. Mais les victoires en Afrique pourraient rendre cela possible. Je ne pousse pas plus loin le scénario de ce qui pourrait arriver au Levant, c’est trop effrayant.

Je ne sais pas si les Français réalisent qu’une fois que les Daesh seraient maîtres de la côte libyenne, il leur suffirait d’un jour de bateau pour arriver en Italie continentale. Et à partir de là, vous le savez, il y a de très bonnes routes jusqu’à Paris.

C’est d’ailleurs comme ça que les migrants africains, ces migrants de Calais et de Stalingrad, sont arrivés en France. Certes, l’armée italienne se dresserait face à eux. Il y aurait des batailles. Mais le sud du pays est très souvent plein de touristes, et les civils sont un point faible en cas de guerre.

Et pendant que Daech avance lentement mais sûrement, en direction de la mer Méditerranée, les Américains sont assez fous pour déclencher une guerre contre l’Iran.

Lina Murr Nehmé​, 31 juillet 2019

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Débat sur l’antisémitisme

De tout cœur j’espère que les bonnes intentions annoncées évitent les
malheurs que promettent Qaradawi et ses semblables. De tout cœur, je
désire que se dissipent les effrayants nuages noirs qui couvrent le ciel
et qui s’amassent au-dessus du Golfe. De tout cœur, j’espère qu’aucun
peuple ne sera massacré, de tout cœur, de tout cœur je souhaite, je
désire, je prie pour que les musulmans de bonne foi ne paient pas de
leur vie leur bonté, et les chrétiens et les juifs non plus, moi compris (encore que je ne me fasse guère d’illusions en ce qui me concerne).

Je lance chacun de ces cris avec angoisse — je sais que ce qui est
écrit ne traduit pas le centième de ce que l’on ressent vraiment — mais
c’est d’un cœur brûlant et les larmes aux yeux que j’écris ces mots.
Vous comprendrez pourquoi en regardant ce débat sur l’antisémitisme
islamique entre M. Ghaleb Bencheikh et moi, et en voyant le genre de
sujets que nous avons abordés.

Le débat présidé par Mme Elise Fajgeles, a eu lieu à l’Assemblée Nationale, le 20 juin 2019. Il a été organisé par la Licra au nom des droits de l’Homme, notamment par Mmes Martine Benayoun et Caroline Yadan. Je les remercie autant pour leur invitation que pour pour leur organisation remarquable.

Les conférences dont parle Mme Fajgeles dans la vidéo peuvent être vues en suivant ce lien: www.lecercledelalicra.org/…/lantisemitisme-sous-toutes-ses…/

Lina Murr Nehmé
——
www.youtube.com/watch?v=5i6pZeXbLnk

Passion vraie?

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Je vois de plus en plus les gens réagir par passion et non par raison. Ou est-ce que je me trompe? Il me semblait, quand j’étais jeune, que les gens réfléchissaient davantage.

Il faut de la passion par les temps qui courent, car tout devient si horrible, et les gens se révèlent bien décevants. Mais de la passion pour une cause, pas de la passion pour des mots écrits dans un commentaire ou un chat. On n’a plus le droit d’avoir une opinion!

Malheureusement, nous allons nous cogner durement à une guerre terrible. Dans ce cas, continuera-t-on à aider une cause si la personne qui la sert nous est sympathique? Car parmi les personnes sympathiques, beaucoup passeront à l’ennemi, quand les islamistes occuperont les pays qu’ils veulent — ce n’est plus pour très longtemps. Et ils utiliseront les réseaux sociaux pour les servir.

Je me désole de voir cette génération brisée. Autrefois, on faisait des excuses, et il y a une grande noblesse à reconnaître ses torts, même si ce ne sont pas des torts, même si c’est dû à de l’incompréhension. J’ai pris pour meilleure amie une collègue musulmane parce qu’elle avait téléphoné pour s’exuser alors qu’elle n’y était pas obligée: il y avait eu un malentendu. Elle avait d’autant moins de raison de le faire que nous ne nous connaissions pas. J’ai trouvé ce comportement tellement noble, me disant: “Les étudiants ne s’excusent plus, et voilà un professeur qui s’excuse!”
chez ou à accepter que par son comportement, on ait qui cherche . Maintenant, on préfère rompre que de faire des excuses. C’est pourquoi les relations ne durent plus.

Et le pire est que sur les réseaux sociaux et les messageries, on croit dialoguer, alors qu’en fait, c’est un monologue qui se fait à tâtons. On ignore le ton, l’expression, on ignore tout, et en plus, on écrit vite et on avale les mots, et on lit des mots écrits vite et avalés.

Il fut un temps où parler signifiait voir la personne, la regarder, deviner ses sentiments à son expression, à une intonation de voix. Il n’y a plus rien de cela. Civilisation de robots.

Lina Murr Nehmé, 5 juillet 2019

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Fatiha Boudjahlat: “Ne pas être voilée ne signifie pas être dénudée”

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“Ne pas être voilée ne signifie pas être dénudée” fait remarquer Fatiha Boudjahlat. Malheureusement, dans les manuels sur le voile tant propagés par les Frères Musulmans (dont fait partie l’UOIF, renommée “Musulmans de France”, qui a appelé à voter Macron), il est bien spécifié que “tout le corps de la femme est nudité [awra] sauf son visage et ses mains”.

On se rappelle que quelqu’un avait dénoncé Henda Ayari à Facebook sans son voile, comme étant “nue” !

Lina Murr Nehmé, 19 mai 2019

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