D’après une étude citée par Xavier Raufer, la pauvreté n’est pas dans les banlieues mais dans la France rurale, là où on ne vole pas de voitures, où on n’en brûle pas non plus, où il n’y a pas de violences, ou très peu. Donc la violence des banlieues, notamment en 2005, ne s’explique pas par la pauvreté, contrairement à ce que prétendent ses défenseurs.
Je l’ai d’ailleurs expliqué dans Fatwas et Caricatures en citant les textes d’al-Qaïda qui appelle à nuire aux “mécréants” en brûlant leurs voitures comme un genre de djihad (ci-dessous, fac-similé d’une page de Fatwas et Caricatures).
Xavier Raufer ajoute que les cinq département les plus pauvres de France, ceux où les gens ont des maisons qui croûlent, où les prestations sociales ne sont pas reçues parce qu’elles sont inconnues, sont des départements de la France rurale comme le Cantal.
Il en conclut que la justification que fait Victor Hugo de la violence dans “Les Misérables”, en l’expliquant par la pauvreté, n’est pas vraie.
C’est déjà ce qu’avait prouvé René Girard dans “Mensonge romantique et vérité romanesque”: Hugo et les romantiques sont de grands menteurs, contrairement à Dostoïevski, Shakespeare et même Flaubert, qui dissèquent les tréfonds de l’âme humaine, et montrent ce que l’homme a de moins beau.
Je sais que bien des mouvements sociaux justifient leur violence à la Victor Hugo, par la pauvreté, ou par leur prétention à jouer les Robin des Bois. C’est bien à ce titre qu’al-Qaïda et les caïds des quartiers appellent à frapper, à casser, à tuer du Blanc. Mais ce n’est pas vrai. La pauvreté n’a rien à voir avec le crime, comme le montre le fait que la violence, chez les enfants d’une même famille, ne soit jamais justifiée par la nécessité, mais par la jalousie. Il en est de même à l’école: c’est la jalousie ou le mépris — et non la différence de richesse — qui pousse des enfants à être agressifs. Il y a aussi l’idée qu’en étant violent, on sera grand et admiré. Et c’est vrai que les plus violents sont souvent les caïds de la classe. C’est cet instinct sur lequel cherche à jouer al-Qaïda quand elle appelle à frapper les mécréants, et qu’elle fait une publicité glorieuse aux assassins.
Mais cela n’est nullement justifié par la pauvreté. Les victimes de Daech et d’al-Qaïda n’ont pas été triées en fonction de leur richesse. Elles sont toujours plus pauvres que leurs bourreaux. C’est notamment le cas avec les coptes tués au bord de la mer: des ouvriers tués par des gens plus riches qu’eux, souvent instruits et venus d’Occident, comme l’Anglais Emwazi. En Orient, ce sont les riches qui sont instruits. Les familles d’ouvriers, en Egypte, n’ont généralement pas de quoi instruire leurs enfants.
De même, Oussama Ben Laden et la plupart des terroristes du 11 septembre étaient des riches, souvent instruits. Et s’ils ne sont pas nés riches, les terroristes le deviennent en s’appropriant les biens de leurs victimes. Les veuves et les orphelins de leurs victimes, qu’ils vendent comme esclaves, contribuent à cette richesse. En tout cas, ils sont nettement plus riches que leurs victimes. Ce ne sont que des brigands: les prétextes sociaux n’ont rien à voir avec le véritable mobile de leurs crimes. C’est pourquoi al-Qaïda recrute surtout dans les prisons.
De même, les victimes françaises de la haine des islamistes ne sont pas les riches “bobos” qui les font travailler — et qui d’ailleurs leur obtiennent tous ces avantages sociaux dont sont dépourvus les Français de la France profonde. Ceux que les islamistes accusent sont plutôt les pauvres, si pauvres qu’ils ne peuvent pas déménager de quartiers d’où les autres non-musulmans sont partis.
Et quand les islamistes haïssent les Français moyens, ne s’agit-il pas de ces Français qui vivent à la campagne et n’ont pas accès aux transports en commun dont sont pourvus les immigrés des banlieues? (Les transports en commun sont un grand facteur de richesse, quand vous calculez ce que cela coûte de se déplacer, surtout quand il n’y a pas de commerce à proximité.)
Ces pauvres de la France profonde n’ont même pas accès aux prestations sociales réservées aux plus démunis, car l’Etat n’a pas pris la peine de les informer de leur existence… alors que dans les quartiers, les islamistes se chargent d’informer les leurs.
Lina Murr Nehmé
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