Un article de magazine circule en ce moment, affirmant qu’en Iran, un père pourra épouser sa fille adoptive dès qu’elle a 13 ans. Dès le début, pourtant, nous sommes avertis que le titre est faux, et que l’homme n’est, et ne peut pas être le père de la fille. Et même, que cette nouveauté existait déjà en Iran du temps du chah: “ Avec le temps, comme le nombre d’orphelins augmentait, une loi adoptée dans les années 1970 a permis à un tribunal de désigner un adulte comme tuteur légal de l’enfant. Ce texte a permis aux parents de prendre la charge de l’enfant et de lui donner leur nom. Mais cet enfant n’était pas considéré comme légitime au sens religieux du terme, et ses tuteurs n’étaient donc pas ses parents adoptifs.” (Karim Lahidji, président de la FIDH)
Il n’y a aucune légalité à l’adoption en Iran, car aucun texte légal ne peut, dans une République islamique, contredire le Coran. Or dans le Coran, l’adoption est totalement interdite depuis que Mahomet est tombé amoureux de sa belle-fille adoptive, Zeinab bent Jahch. Des versets du Coran sont alors descendus sur lui, interdisant l’adoption[1], annulant donc les adoptions, y compris celle de Zayd ben Haritha, fils adoptif de Mahomet. La même sourate 33 ordonne à Zayd de répudier Zeinab[2], et ordonne à Mahomet d’épouser cette dernière, disant que c’est Allah qui les a mariés.
Et Mahomet, dans un hadith, affirme qu’Allah maudit celui qui se donne un nom autre que celui de son père selon la chair. Donc le tuteur en Iran ou en Arabie Saoudite n’est pas un père pour l’orpheline et ne peut pas le devenir. S’il donne son nom à l’enfant, ce sera de la même manière que le caïd, à Jérusalem, donnait son nom aux gens qui se réclamaient de lui. Là-bas, en effet, les gens qui suivent un caïd portent le nom de sa famille. Beaucoup sont ainsi appelés Husseini sans avoir de liens de parenté avec les Husseini, mais uniquement parce qu’ils les servent et se réclament d’eux. C’est le cas de Yasser Arafat, dont un des noms était Husseini en référence au plus puissant des clans de Jérusalem, la famille du mufti de Jérusalem, Hajj Amine Husseini.
Quant à la possibilité, pour un tuteur, d’épouser sa pupille, les cours iraniennes ne peuvent pas non plus apporter de changement à ce sujet, car c’est stipulé dans le Coran et le Hadith. Le mariage est possible, à condition qu’il n’y ait pas de parenté proche, et à condition que le tuteur donne assez d’argent à l’orpheline en guise de mahr[3]. Le Coran recommande ainsi au tuteur pauvre la polygamie afin de ne pas léser les orphelines riches:
« Et si vous craignez de ne pas être justes envers les orphelines, couchez [avec contrat de mariage] avec autant de femmes que vous voudrez, deux, trois, quatre, et si vous craignez de ne pas être équitables, alors, avec une seule ou avec ce que vos mains droites possèdent [les esclaves, avec lesquelles on peut coucher sans contrat de mariage]. »
Le Hadith explique ce verset coranique en disant qu’il s’agit des orphelines que leur tuteur pourrait léser s’il les épousait en leur payant un mahr insuffisant. Allah autorise donc ces hommes ne pouvant maîtriser leur passion pour l’orpheline plus riche qu’eux, à se soulager en épousant deux, trois ou quatre femmes beaucoup plus pauvres qu’elles, ou en couchant avec les esclaves.
Ce verset est tellement incompris que le mot “orphelines” est souvent traduit par “orphelins”, parce que les traducteurs n’ont pas lu le hadith qui en parle, ou s’ils l’ont lu, l’ont oublié et n’en ont pas tenu compte[4].
Quant à l’âge de la consommation du mariage de la fille d’après la charia, il est de neuf ans, parce que Mahomet a consommé son mariage avec Aïcha quand elle avait neuf ans. C’est en tout cas ce qu’on enseigne, même en France, dans les madrassas et dans les écoles d’imams. Une femme me l’a dit à l’Institut du Monde Arabe à Paris devant une dizaine de personnes, dont des Européennes, disant même que la fille pouvait être mariée plus jeune encore, si elle avait ses règles[5].
En Iran, l’âge minimal de la consommation du mariage, pour la fille, est de 13 ans, que son futur soit son cousin, son tuteur, ou un étranger. Bien plus choquant est le fait qu’en Arabie Saoudite ou au Qatar, la fille puisse se marier avec les mêmes… et subir la consommation de son mariage alors qu’elle a 9 ans.
Pourquoi ne le dit-on pas? Parce que l’Iran est étranglé par le blocus et ne peut pas redorer son image de marque en France, alors que l’argent saoudien, qatari et autre, continue à se déverser à flots?
Eh! bien, je vais vous dire bien pire. La charia, selon une des quatre écoles sunnites, celle de Chaféi, autorise un homme à épouser (et à consommer le mariage avec) sa fille adultérine. Sa fille, née de sa chair! Car lui et sa mère ne sont pas mariés légalement. On peut voir à ce sujet dans la vidéo ci-dessous, des discussions d’oulémas, dont la célèbre professeure à al-Azhar, Suad Saleh (à gauche) qui répète: “C’est dans Chaféi, mais nous n’avons pas besoin de le dire!”
Lina Murr Nehmé
26 septembre 2019
[1] Le Coran, sourate 33, verset 3-4.
[2] Le Coran, sourate 33, verset 37.
[3] Somme d’argent convenue entre les parents avant le mariage. En cas de divorce, la femme ne peut la garder que si le mariage a été totalement consommé avec pénétration.
[4] Pour les hadiths et les versets coraniques en question, voir Lina Murr Nehmé, L’islamisme et les Femmes, p. 114-115
[5] Voir l’ensemble de la conversation dans : Lina Murr Nehmé Fatwas et Caricatures, Salvator 2015, p. 138.
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