Liban : un charnier découvert ?

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N.B. : Cet article a été publié sur Libnanews le 24 juillet 2011. Lien vers l’archive.

Lina Murr Nehmé, 24 juillet 2011, Beyrouth – On a découvert une fosse commune dans un terrain appartenant à un couvent à Chebaniyeh. Puis on nous a dit que ce ne sont que des os animaux jetés par un boucher. 

D’abord, les os animaux ne sont pas jetés (les bouchers les donnent ou les vendent pour la soupe et le bouillon).

Quelle que soit la nature de ces ossements, il est inacceptable qu’une partie de la presse n’ait pas le droit de les approcher pour les examiner.

Et de toute façon, il est inadmissible que quiconque se mêle d’affaires de ce genre avant le procureur et les ministères concernés, le premier étant le ministère de la Justice. Où est le ministère de la Justice en ce moment?

Et le témoin a parlé de 27 sacs d’ossements. Or 26 n’ont pas été trouvés. Où sont-ils?

Ceci nous rappelle la tragédie de la fosse commune de Halate. On nous avait dit qu’il n’y avait pas d’ossements, car ceux qui avaient creusé la terre avaient refusé de tenir compte des indications des témoins, et ils avaient creusé là où il était impossible de trouver quelque chose.

En 2000, lors de l’enquête faite par l’Etat libanais, Joumblatt et Berri ont reconnu qu’ils avaient tué tous les otages qu’ils avaient enlevés. Dans ce cas, ils doivent être dans une (ou des) fosses communes. Si la fosse comune de Chebaniyeh n’est pas un endroit où sont enterrés des hommes, où sont les fosses communes contenant les cadavres des Libanais tués par Joumblatt, Geagea ou Berri durant la guerre?

La légèreté et la vitesse, le manque de professionnalisme avec lesquels l’affaire est menée, sont inquiétants pour le futur. Car le jour où il y aura une vraie fosse commune d’ossements humains, il y aura de fortes chances pour qu’on la bouche avant que le ministère de la Justice s’en soit mêlé.

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Le panislamisme génère la guerre civile

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“Faites attention que vos livres n’inspirent pas la haine”, me disait un curé parisien après avoir jugé (mais non lu) mon livre Fatwas et Caricatures.

Je pense que je me suis fait haïr pour avoir écrit ces quelques lignes, mais non des gens qui les ont lues:

« C’est la majorité des musulmans qui paie quand un fossé se creuse entre eux et la société dans laquelle ils vivent, et à laquelle ils cherchent à s’adapter. Privés de l’amitié de leurs compatriotes, que leur restera-t-il, sinon de désespérer ou de tomber dans les bras des islamistes ?
En séparant les musulmans de leurs concitoyens, le panislamisme génère la guerre civile. Car si un citoyen européen doit obéir aux oulémas et à leurs fatwas plutôt qu’à la loi européenne, il devient légitime pour lui de tuer Théo Van Gogh et les journalistes de Charlie Hebdo. Ou même, les civils innocents tués dans les deux tours jumelles de New York, le 11 septembre 2001. »

 

Lina Murr Nehmé, 11 septembre 2018

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Baby-Loup et la charia : la France doit défier l’ONU (Causeur)

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Article paru dans Causeur :

 

Baby-Loup et la charia: la France doit défier l’ONU

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Blanquer et l’enseignement de l’arabe : Cœur d’amour épris

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Cœur d’amour épris.

Le ministre de l’Education en France parle de mettre l’accent sur l’arabe à l’école. Parallèlement, on ne signale pas que le grec et le latin ne seront presque plus enseignés à l’école, puisqu’on a supprimé le Capes de Lettres classiques et que les latinistes et hellénistes sont de plus en plus rares au lycée. Donc il n’y aura plus de profs de grec et de latin. Donc, il n’y aura plus, à plus ou moins court terme, de cours de grec et de latin en France. La pénurie de professeurs se ressent déjà. Au lycée, certains sont obligés, pour faire du latin, de prendre une option “CultureS de la Méditerranée”, qui inclut évidemment des cours d’arabe.

Comme chacun sait, l’Arabie est une île de la Méditerranée. Et des linguistes médiatiques nous expliquent que l’arabe fait partie du patrimoine linguistique français.

Car, bien sûr, on a supposé que les Français d’origine maghrébine ne pouvaient apprendre que l’arabe, comme s’ils n’avaient pas de cervelle. Racisme et injustice. Tous les enfants peuvent apprendre et être capables d’apprécier les chefs-d’œuvre du grec et du latin, et comprendre les racines de tant de mots français.

Or l’arabe est une langue morte comme le grec et le latin. On supprime des langues européennes sous prétexte qu’elles sont mortes, pour les remplacer par une autre langue morte qui se trouve être, comme par hasard, celle dont les islamistes exigent l’apprentissage pour que leurs prêches soient accessibles aux jeunes et poussent ceux-ci à devenir djihadistes.

Mais pas ceux-ci seulement: bien des Français sont les cibles des islamistes. Faute de comprendre les tragédies grecques et Cicéron, ils comprendront au moins ce que disent ceux qui font les prières de rue.

(En plus, vous savez que Blanquer est censé être l’anti-Najat Vallaud-Belkacem.)

Lina Murr Nehmé, 10 septembre 2018

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Silence occidental sur le massacre et l’esclavage des chrétiens d’Orient

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© Lina Murr Nehmé, L’Islamisme et les femmes, Salvator, 2017

En Orient, Daech a commis ses massacres et ses viols en plein jour, tuant tantôt des chiites ou des sunnites (et en diffusant les vidéos), tantôt des alaouites, tantôt des chrétiens et des yazidis.

litiqueur une raison ou pour une autre, l’Occident n’a pas entendu parler de toutes ces catégories humaines massacrées. Il n’a entendu parler que des yazidis. Et quand Irbil était encerclé, puis ravagé, personne n’a raconté, en Occident, qu’il y avait des villages chrétiens et pas seulement des villages yazidis ou musulmans. Seuls le savaient ceux qui étaient en contact avec ces villages.

Et les femmes et les enfants des victimes, tant chrétiennes que yazidies, ont été vendus ou prostituées.

Mais il y a un racisme dans l’information à destination du public occidental, information qui doit avoir aussi ses raisons politiques, car cela dure depuis le début de la guerre du Liban. Est-ce que les chrétiens sont d’une race inférieure, qu’on ne les mentionne pas quand ce sont eux qui sont victimes ?

Ainsi, l’Occident politique et médiatique n’a parlé que des yazidis, ignorant de façon presque systématiquement les massacres et l’esclavage qui frappaient les chrétiens.

Il faut revenir à la propagande de Daech et à sa liste des prix minimum auquel un moudjahid a droit de vendre une esclave “chrétienne” ou “yazidi” (voir photo supra) pour savoir que les chrétiens étaient également massacrés en cas de résistance — car eux aussi résistaient, ils n’étaient pas des fuyards — et que leurs femmes étaient également violées et vendues.

Lina Murr Nehmé, 7 septembre 2018

 

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Le Jourdain prend sa source au Liban

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Le Jourdain s’appelle au Liban “Hasbani” car il jaillit des sources près du village de Hasbaya. Et il s’appelle “Jourdain” quand il passe la frontière.

La deuxième source du Jourdan, le Dan ou Ledden, était au Liban d’après la carte de 1862. (Photo tirée de mon livre Quand les Anglais livraient le Levant à l’Etat islamique, où on peut lire, dans les encadrés, les noms des localités et l’emplacement des sources concernées.)

Les Anglais avaient exigé d’avoir le Dan, parce que cela faisait partie de la Déclaration Balfour: “De Dan à Bersabée.” Mais cela impliquait tout le Liban-Sud depuis Tyr. Ils l’ont donc réclamé aux Français, qui ont refusé de le leur donner.

Ils ont fini par s’entendre pour leur donner un doigt rentrant dans les terres libanaise de Marjeyoun (nom signifiant “la prairie des sources”, car elle est remplies de sources se jetant dans les affluents du Jourdain).

Cette bande de terre rentrant dans Marjeyoun est ce qu’on appelle “le doigt de Galilée”. Elle contient la ville antique de Dan (aujourd’hui appelé Tell el-Qadi” ou la colline du Juge, traduction littérale de “Dan”), et le fleuve Ledden ou Dan, affluent du Jourdain.

Lina Murr Nehmé, 6 septembre 2018

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Liban : une vraie nation n’a pas besoin du “vivre-ensemble”

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En France, le voile pose problème — et me pose problème — parce qu’il s’est imposé comme une forme de rejet, de haine, pour des raisons politiques, et comme une forme de propagande religieuse. Alors qu’au Liban, où de toute façon chacun a sa religion et accepte que l’autre pense différemment, il n’y a pas de ce genre de prosélytisme: on peut avoir deux sœurs dont l’une est voilée et l’autre a ôté son voile sans que sa famille dise quoi que ce soit.

Voici Mme Hayat Shour (photo ci-dessus) qui était si ostentatoire avec son bonnet et l’énorme drapeau libanais qu’elle brandissait à bouts de bras, quand je l’ai remarquée au milieu de la foule et que j’ai couru prendre d’elle plusieurs photos.

Il faut signaler que cette manif était une protestation pour faire libérer des officier et soldats emprisonnés à la demande des islamistes.

Si je me souviens bien, c’est parce qu’ils avaient tiré sur des terroristes islamistes et tué un cheikh réputé pour sa violence verbale et ses connexions terroristes. Le climat était extrêmement tendu: une dizaine de membres (musulmans) d’un parti politique avaient été lynchés par les islamistes dans cette région. L’armée libanaise avait dressé ce barrage sur la route, à l’occasion d’une commémoration faite par ce même parti politique, pour empêcher un nouveau lynchage. Ce cheikh avait refusé de faire stopper sa voiture au barrage, et un de ses hommes avait même tiré sur les soldats. L’officier et les soldats n’avaient fait que leur devoir en tirant, et leur emprisonnement était injuste. Le fait que le coffre la voiture du cheikh se soit révélé bourrée d’armes et d’explosifs alors qu’elle prenait la route qui menait vers la manifestation politique, prouve qu’il y avait eu de quoi s’inquiéter.

Hommage, donc, à tous les musulmans de l’armée libanaise, tant ceux qui ont été égorgés par Daech parce qu’ils ont combattu Daech, que ceux qui, aux côtés des chrétiens, ont vaincu Daech, faisant de la minuscule armée libanaise, la seule armée à avoir vaincu Daech et à l’avoir chassé de son pays toute seule, sans aide russe ou occidentale. Et je rappelle que sans l’armée libanaise, Daech aurait pris son essor en 2007, à partir de Nahr-el-Bared au Liban, au lieu de le prendre en 2014 à partir de l’Irak.

Hommage à tous les musulmans auxquels le Liban doit son existence en tant que pays de la liberté de pensée, pays de la liberté d’expression, pays de la liberté tout court, pays où on est capable de défendre la justice. Car, je le montrerai dans le prochain livre que je publierai à Paris — et qui devra son existence à un juif libanais — tout ce qui a été appelé guerre civile au Liban au XXe siècle, c’était en fait des guerres d’occupation déguisées. J’ai déjà prouvé cela quand aux massacres de 1860, dans mon livre “Quand les Anglais livraient le Levant à l’Etat islamique”.

C’est à des musulmans ou à des druzes que l’Etat libanais doit d’exister, car sans eux, nous, chrétiens, nous n’aurions pas pu prouver que nous étions innocents des accusations que lançaient contre nous les islamistes et les Etats qui convoitaient notre terre. Notamment aux heures les plus critiques: au XVIIIe siècle, où le druze Fakhreddine a fait de notre pays un Etat fort, et celle où Nasser a voulu faire un Anschluss, en 1958, quand l’ONU et les grandes puissances prétendaient qu’il y avait une guerre civile au Liban, parce qu’ils croyaient avoir plus intérêt à plaire à Nasser qu’à ses victimes.

Dans ce second cas, le Premier ministre Sami Solh est resté debout à son poste et non à genoux devant l’argent (et dans mon livre je donnerai les noms et les sommes reçues par les soi-disant insurgés). Sami Solh a déclaré que les musulmans n’avaient rien contre les chrétiens et que le conflit était une guerre étrangère et non une guerre civile. Il a été combattu comme le sont les gens debout quand les autres sont à plat ventre. Il y a perdu son poste et ses biens, mais il y a gagné l’existence du Liban, ce qui est le plus beau des mécénats.

Et pour tous les musulmans, druzes et juifs qui, avec nous, ont été les soldats inconnus, non pas de ce stupide, hypocrite et détestable “vivre-ensemble”, mais du “s’aimer mutuellement en se respectant mutuellement” qui, seul, fait une nation.

Lina Murr Nehmé, 3 septembre 2018

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